La bataille contre les bas salaires, contrefeu pour éteindre la contestation sur la réforme des retraites?
Sur fond d'inflation et en plein contexte de réforme des retraites, les bas-salaires sont devenus la problématiques pour les travailleurs les plus précaires.
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00:00 se passer après le conflit des retraites ? À l'Elysée comme à Matignon, on aimerait bien clore la
00:05 séquence des retraites et passer à un autre sujet, la question des bas salaires. Benoît Galreth, sur
00:11 fonds d'inflation au corps, la question de la pauvreté au travail devient problématique.
00:16 Sachez que chaque secteur, chaque branche professionnelle négocie un salaire minimum
00:21 la concernant et qu'en ce moment selon les syndicats, près de deux tiers de ces sommes
00:25 planchers sont en dessous du SMIC. Alors comment est-ce qu'on peut se retrouver sous un minimum ?
00:30 Ben parce que le SMIC lui est indexé sur l'inflation, corrigé régulièrement, +7,3%
00:35 sur un an, ce qui est une bonne nouvelle pour ceux qui le touchent, surtout en ce moment,
00:39 mais tous les salaires juste au-dessus, eux, ils n'évoluent pas aussi vite, ils se font donc
00:44 rattraper. Autre facteur aggravant, ces bas salaires bénéficient d'exonération de charges
00:50 qui échappent à votre entreprise si elle vous augmente. Alors d'aucuns appellent ça effet de
00:55 trappe, d'autres le décrivent comme un aimant qui tire toutes les rémunérations vers ce minimum
00:59 de 1353 euros par mois actuellement. Ce qui est certain, c'est comme l'a dit le président de la
01:05 République le 22 mars en cherchant à lancer, vous l'avez dit, ce nouveau débat et là-dessus les
01:09 syndicats sont d'accord, c'est que le travail devrait payer, ce qui n'est pas forcément le cas pour
01:14 l'instant. Un syndicat qui dénonce un contre-faux destiné à faire oublier les retraites mais de la
01:20 CFDT à la CGT en passant par Réfo, sans doute aussi solidaire, tous alertent sur ce problème des
01:25 salariés pauvres qui ne parviennent plus à boucler leur fin de mois. Le phénomène n'est malheureusement
01:31 pas récent mais en effet certains emplois ne permettent plus de couvrir le minimum loyer,
01:35 chauffage et pattes dans certaines filières du cinéma, par exemple celle des jouets ou encore
01:40 celle de la propriété des aéroports, tout ce qui est service à la personne aussi. Les négoces,
01:45 je vous le disais, sont en dessous du SMIC alors bien sûr c'est ce SMIC qui s'applique en dernier
01:48 recours mais les horaires fractionnés ou le temps partiel font que certains se retrouvent en dessous
01:53 quand même. Ce qui est sûr c'est que tout est nivelé par le bas, nous sommes en train de créer
01:57 une société de SMICAR, là je carrément le secrétaire général de la CFDT, on observe aussi
02:04 que ça plombe les carrières dans la durée, pourquoi ? Il y a très peu d'augmentation,
02:08 branche caoutchouc par exemple, je lisais ça, entre le plus bas en début de carrière et le
02:12 plus haut ensuite, il y a un écart de seulement 60 euros, ça laisse peu d'espoir d'évolution au
02:18 cours des années. Alors pourquoi le patronat ne revalorise-t-il pas ? Car les autres coûts
02:22 d'exploitation, l'énergie par exemple, explosent. Prenons les transports en commun toulousain,
02:28 les chauffeurs sont en grève aujourd'hui à Toulouse car leur employeur, l'entreprise
02:31 Tisseo vient de leur annoncer que leur salaire ne serait plus indexé sur l'inflation, comme c'était
02:37 le cas, 7% ils ne peuvent plus suivre. Réaction. "Tous les salariés sont très attachés à cette
02:43 clause de sauvegarde, c'est un acquis social bien sûr et en plus on se dit que si nous la suppriment
02:47 cette année on ne l'aura plus jamais et si nous suppriment cette année la clause de sauvegarde,
02:51 l'année prochaine ça va être le 13e mois puis après la preuve de vacances où c'est combat."
02:55 Mais là on parle d'entreprises privées qui font ce qu'elles veulent en termes de salaire,
03:00 quels sont les leviers d'action pour le gouvernement ? Alors le premier déjà c'est de donner l'exemple,
03:05 Pepe Ndiaye vient d'annoncer ce matin une augmentation pour les enseignants, exemple
03:10 typique d'une profession qui a énormément perdu en pouvoir d'achat ces dernières années. Alors
03:15 cette revalorisation il l'attendait depuis longtemps, elle avait été promise pour janvier,
03:19 ce sera finalement pour septembre. "Nous allons faire les annonces la semaine prochaine,
03:24 c'est une revalorisation extrêmement substantielle, 2 milliards d'euros pour cela et puis un milliard
03:31 d'euros supplémentaires pour les enseignants qui s'engageront dans de nouvelles tâches."
03:36 "Quand vous étiez venu en septembre dernier vous aviez dit pas moins de 2000 euros pour
03:40 un enseignant en début de carrière, vous étiez engagé, ce sera le cas là ?"
03:43 "Je confirme, ce sera le cas."
03:44 "Ce sera le cas, augmenter les fonctionnaires c'est donc faisable. Attention quand même,
03:49 vous avez entendu, pour ceux qui acceptent des missions complémentaires, surveiller tout ça.
03:54 Pour le secteur privé alors, c'est le retour de Bruno Demande, c'est devenu un gag sur les réseaux,
03:59 il y a même une carte invocation spéciale, vous la voyez, et même un compte dédié à toutes les
04:04 fois où le ministre de l'économie supplie, exige, demande, voudrait, hausse le ton parfois,
04:09 il y a tout le champ sémantique de la prière qui y passe, mais comme on le voit sur les réseaux,
04:14 sans remettre à la bonne volonté des entreprises pour mieux partager les richesses, ça ne fonctionne
04:19 rarement, voire jamais. Le gouvernement a pourtant les moyens légaux de contraindre les patrons
04:24 depuis la loi pouvoir d'achat votée l'été dernier, il peut même fusionner des branches
04:28 professionnelles si ces dernières renâclent à négocier, une arme atomique, admettent les syndicats,
04:33 mais sera-t-elle utilisée ? Pour l'instant, je vous le dis, vous le voyez, c'est Bruno Demande."