Education : la proposition de loi LR sur l’école

  • l’année dernière

Chaque jour, Romain Desarbres et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 Midi" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
Transcript
00:00 (Générique)
00:03 Merci d'être avec nous. Le Sénat examine aujourd'hui une proposition de loi LR sur l'école qui comporte de nombreuses mesures intéressantes.
00:11 Et cette proposition de loi est présentée par le sénateur Les Républicains Max Brisson. Bonjour M. le sénateur.
00:17 Bonjour.
00:18 Merci d'être avec nous, sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques.
00:21 J'aimerais qu'on parle un peu de ce que vous proposez aujourd'hui.
00:26 Je vais résumer et ensuite on va détailler. Vous proposez de conférer au directeur d'école une autorité hiérarchique sur les enseignants de leur école.
00:37 Aujourd'hui, pour bien comprendre, un professeur ne dépend pas de son directeur.
00:41 Pas comme supérieur hiérarchique, pour faire simple, son directeur, mais l'inspecteur d'académie.
00:46 Vous proposez que ce soit le directeur. Petit 1.
00:48 Petit 2. Interdiction du port de signes et tenues religieuses ostentatoires aux parents accompagnant les sorties scolaires.
00:56 On pense évidemment au voile islamique pour les mères d'élèves.
01:00 Et puis, vous proposez le port de l'uniforme.
01:03 Ça, c'est le serpent de mer pour les élèves des classes primaires, collèges et lycées, des établissements publics et sous contraint.
01:09 Bon, pourquoi faire toutes ces propositions ? Déjà, globalement, vous trouvez que l'école va mal ?
01:15 - Surtout, vous n'avez pas cité celle qui est pour moi la plus importante.
01:19 Nous proposons surtout que les écoles volontaires, que les collèges volontaires ou les lycées volontaires
01:24 deviennent des établissements publics autonomes.
01:27 C'est-à-dire que par contrat, ils puissent s'adapter aux réalités, parce qu'aucune école, aucun collège, aucun lycée ne se ressemble.
01:34 Aujourd'hui, on a un système très uniforme.
01:36 On a une fausse autonomie.
01:38 Les projets d'établissement se ressemblent tous, comme si les situations d'enseignement étaient les mêmes.
01:43 Donc ce que propose avant tout ce texte, c'est de redonner la main à l'établissement.
01:47 Toutes les réformes ont échoué, parce qu'elles se sont enlisées dans un système hyper centralisé.
01:51 Le seul droit au pas d'être centralisé.
01:53 Ce que je propose à travers cette proposition de loi, avec mes amis les républicains,
01:57 c'est de faire confiance aux professeurs, leur donner la main, un cadre simple, pas 50 circulaires, un contrat simple,
02:05 et après, que chacun s'adapte aux réalités du terrain.
02:08 C'est cela l'élément le plus important.
02:10 Le directeur d'école supérieur hiérarchique, c'est la conséquence de cela.
02:14 S'il faut piloter une équipe, faut-il encore qu'il y ait un supérieur hiérarchique.
02:18 Non pas pour caporaliser, comme je l'entends parfois,
02:21 mais simplement parce que le directeur d'école a de plus en plus de responsabilités,
02:25 à partir de matière de sécurité, et qu'en face, les parents ne savent pas, les mères ne savent pas,
02:32 que le directeur d'école auquel ils ont affaire n'a aucune autorité sur les professeurs.
02:36 Il y a de très grosses écoles, et de petits collèges. Dans les petits collèges, le principal a une supériorité,
02:42 et une autorité hiérarchique, alors que dans l'école, ce n'est pas le cas.
02:46 C'est simplement une mise aux normes de ce qui est la réalité, perçue par les parents.
02:51 – En fait, vous dites, on ne gère pas une école en centre-ville, dans un quartier difficile,
02:56 et à la campagne de la même manière.
02:58 Ce n'est pas exactement la même chose, ce ne sont pas les mêmes élèves, même si l'objectif est le même.
03:02 – Ça me semble le bon sens. Aujourd'hui, on a un système tellement centralisé,
03:07 qu'il est censé être identique partout. – Mais il est tout.
03:10 – Et vous savez, l'administration, si on pourra, dans le ministère précédent de Jean-Michel Blanquer,
03:15 il y a eu une profusion de circulaires, de vacuums, qui fait que l'autonomie qui est affichée officiellement,
03:22 tous les textes parlent de liberté pédagogique et d'autonomie,
03:25 mais la réalité, c'est les circulaires du ministère, doublés des circulaires du rectorat,
03:29 doublés des circulaires des inspecteurs d'académie,
03:32 bon, tout cela, ça rabourrit la liberté, et moi je pense en effet, qu'il faut laisser les professeurs
03:38 et les équipes pédagogiques autour du chef d'établissement s'adapter aux réalités.
03:42 Alors on nous dit, oui, mais c'est la fin de l'unité de l'école, avec un risque, c'est l'inégalité.
03:47 Mais le système actuel, hyper centralisé, est celui qui en Europe produit le plus d'inégalités,
03:53 le plus de reproduction sociale.
03:55 On met de plus en plus de moyens dans l'école, et on ne la réforme que par le haut.
04:00 Moi je dis, face à ces moyens que la nation met pour son école,
04:04 on est au-dessus des moyens des pays européens, il est grand temps de changer de logiciel,
04:08 et je propose seulement de partir de l'établissement.
04:10 – Monsieur le sénateur LR Max Brisson, on va écouter Margot. Bonjour Margot !
04:15 – Oui, bonjour monsieur.
04:17 – Bonjour Margot, merci d'être avec nous, vous êtes ancienne enseignante,
04:20 vous nous appelez d'Île-de-France, vous étiez professeur où ?
04:24 – Je ne peux pas vous le dire, je peux vous répondre à toutes vos questions,
04:29 j'étais dans la banlieue parisienne.
04:31 – Je ne voulais pas créer un souci. En banlieue parisienne, très bien.
04:35 Et vous enseigniez quoi ?
04:37 – Alors moi j'enseignais la littérature, en gros j'étais professeur de français.
04:42 – D'accord, professeur de français. – Collège et lycée.
04:45 – Collège et lycée, bon, très bien.
04:47 Alors vous avez entendu ce que propose le sénateur Max Brisson,
04:50 qui est encore avec nous bien sûr, monsieur le sénateur.
04:53 Qu'est-ce que vous en pensez ?
04:55 – Je vous salue. – Voilà, je vous salue madame.
04:57 – Je vous salue. – Que lui aussi vous salue.
04:59 Voilà, les salutations sont faites.
05:00 Qu'est-ce que vous pensez de ce que monsieur le sénateur propose ?
05:03 – Eh bien écoutez, je suis absolument contre, disons,
05:07 une telle mesure par expérience personnelle,
05:10 moi je viens juste d'être en retraite, sur 40 années d'expérience,
05:14 j'ai eu affaire à toutes sortes de directeurs,
05:17 j'ai eu affaire à des directeurs conciliants, aimables, participants et tout,
05:21 et j'ai eu affaire à des directeurs intransigeants, autoritaires, dictateurs,
05:26 qui n'assuraient pas du tout la protection de leurs enseignants,
05:30 s'ils avaient pu les mettre dehors.
05:32 Pour des professeurs, je dirais compétents,
05:34 c'est-à-dire que si vous autorisez le directeur
05:39 à être vraiment le directeur complet hiérarchique,
05:42 à ce moment-là, la protection des enseignants,
05:45 contre l'autorité des directeurs autoritaires et parfois malhonnêtes,
05:50 n'est pas du tout assurée.
05:52 Et je vous assure qu'il faut une uniformité,
05:55 parce que les établissements doivent avoir cette autonomie,
06:01 doivent avoir cette autonomie avec l'État.
06:05 Je dirais que l'État doit permettre...
06:07 - Non, cette dépendance, parce que l'autonomie, c'est ce que propose le sénateur.
06:10 - Non, non, non, je fais une erreur.
06:12 Ce que je veux dire par là, c'est que l'État, par les inspecteurs,
06:15 est le seul habilité...
06:18 Bon, il y a parfois des inspecteurs qui ne sont pas toujours compétents,
06:22 mais en gros, l'enseignant qui peut ne pas plaire à un directeur
06:28 est protégé d'une certaine façon.
06:31 - Bon, si je vous suis, Margot,
06:34 tout le monde...
06:36 Il y a un risque d'incompétence avec le directeur,
06:39 il y a un risque d'incompétence avec l'inspecteur.
06:41 Vous ne parlez pas des professeurs,
06:42 parce que là, il y a un problème avec les professeurs, parfois aussi.
06:45 - Oui, alors, vous me posez la question,
06:47 si les professeurs doivent avoir qu'un directeur hiérarchique, c'est ça ?
06:51 - Oui.
06:52 - Oui, alors, c'est non.
06:53 Pour moi, le directeur dans les écoles...
06:56 Enfin, moi, j'étais dans une école libre,
06:59 qu'on appelle sous contrat d'association.
07:01 Donc, le directeur gérait l'emploi du temps,
07:03 mais le directeur ne pouvait pas vous mettre à la porte.
07:06 Donc, s'il y avait une faute grave...
07:08 - Je veux rassurer Margot, si vous permettez.
07:11 Je veux la rassurer.
07:13 Pour ce qui concerne les professeurs,
07:15 ils resteront protégés par leur statut.
07:17 Ils seront à la fois fonctionnaires dans les écoles publiques,
07:21 et ils seront sous contrat d'association avec l'État,
07:24 et protégés par leur statut dans les écoles sous contrat d'association.
07:27 Mais dans les écoles où Margot a enseigné,
07:30 c'est-à-dire l'école sous contrat d'association,
07:32 le directeur a déjà une autorité hiérarchique.
07:36 Dans l'enseignement catholique, par exemple,
07:38 les directeurs ont déjà une autorité hiérarchique
07:40 qui n'ont pas l'école publique.
07:42 Par ailleurs, dans les collèges et les lycées,
07:44 les principaux et les proviseurs ont déjà une autorité hiérarchique.
07:47 Je ne vois pas beaucoup de différence entre l'école primaire et le collège.
07:50 Il y a des collèges de 120 ou 150 élèves,
07:53 et des écoles primaires de 350 ou 400 élèves.
07:55 Mais surtout, ce qui m'importe de dire,
07:58 c'est qu'aujourd'hui, les directeurs d'école,
08:00 je parle d'école primaire,
08:01 ont des responsabilités de plus en plus lourdes.
08:04 Il faut qu'en face, ils aient l'autorité en face de ces responsabilités.
08:07 Vous savez, quand on dit qu'il faut fermer la porte à 18h pour des zones de sécurité,
08:11 ça ne se discute pas comme un projet pédagogique.
08:14 Le projet pédagogique, c'est de l'animation, c'est du pilotage.
08:17 Par contre, il y a un certain nombre de consignes de sécurité
08:20 qui nécessitent qu'il y ait tout simplement une autorité.
08:22 Sinon, l'autorité, elle est exercée par qui ?
08:24 Par l'inspecteur de l'éducation nationale,
08:26 qui dans sa conscription, a 25, 30 ou 40 écoles,
08:30 selon qu'on soit en zone rurale ou en zone urbaine.
08:32 Et donc, vous pensez que c'est le genre de responsabilité
08:36 qui s'exerce aussi loin, à 30, 40 kilomètres ?
08:41 Non, moi je pense qu'il faut aujourd'hui que les maires en particulier,
08:45 face aux nombreuses responsabilités en termes de sécurité
08:48 qui pèsent aujourd'hui sur eux et sur les directeurs,
08:51 puissent avoir un interlocuteur qui a en face autorité et responsabilité.
08:56 Et c'est tout simplement le fait qu'aujourd'hui un directeur d'école,
08:59 bien sûr il fait de l'animation pédagogique,
09:01 mais il a aussi de lourdes responsabilités sur ses épaules.
09:04 S'il y a un accident d'ailleurs, le juge d'instruction
09:07 saurait chercher la responsabilité de chacun
09:09 et poserait la question de la responsabilité du directeur d'école.
09:12 C'est pour les protéger que ma profession de loi demande
09:16 que les directeurs d'école, à côté des lourdes responsabilités
09:19 qui sont les leurs, une autorité pour pouvoir justement
09:22 mettre en œuvre ces responsabilités qui sont les leurs.
09:25 Merci beaucoup monsieur le sénateur.
09:27 Et merci également à Margot de nous avoir appelé ancienne professeure de français.

Recommandée