Permis internet pour les enfants : dix ans après, la situation est toujours préoccupante

  • l’année dernière

Chaque jour, Romain Desarbres et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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Transcript
00:00 Europe 1 Midi, on est en direct avec Eric Le Maire, président d'AXA Prévention. Bonjour Eric Le Maire.
00:05 - Bonjour Romain Desarbre. - Merci beaucoup d'être avec nous sur Europe 1, dans Europe 1 Midi, parce qu'on
00:11 fait un anniversaire avec vous, on fait les dix ans du permis internet. C'est vous qui l'avez
00:16 inventé ce permis internet. Trois millions de jeunes en dix ans ont été formés à internet.
00:22 Il n'a jamais eu autant de sens ce permis internet. Déjà expliquez-nous ce que c'est exactement.
00:29 - Ce permis internet a effectivement été créé il y a dix ans, au tout départ grâce au concours
00:36 actif de la gendarmerie nationale, et puis c'est venu évidemment ensuite la police nationale,
00:43 la préfecture de police, les polices municipales, parce qu'il y avait un vrai sujet. Le sujet c'est que vous aviez
00:49 un certain nombre d'enfants de 9 à 11 ans qui allaient sur internet tous les jours.
00:55 Ils étaient une trentaine de pourcents, ils sont beaucoup plus aujourd'hui, mais ils ne connaissaient pas les risques d'internet.
01:01 Il y a dix ans les risques d'internet c'était encore plus compliqué aujourd'hui, et pour leurs parents
01:07 c'était le seul risque qu'ils n'avaient pas connu dans leur jeunesse. Donc il fallait absolument agir en cas de prévention.
01:13 - Et les risques quand on est assureur,
01:16 c'est votre métier. Alors le permis internet sur le principe du permis de conduire, c'est ça l'idée.
01:24 C'est un petit clin d'oeil au permis de conduire.
01:26 - C'est exactement ça en fait. Vous avez par exemple la gendarmerie ou la police qui vont dans des établissements scolaires privés
01:34 et qui interviennent plusieurs fois avec les enseignants en classe de CM2.
01:39 Et au bout de quatre ou cinq sessions les jeunes passent le permis internet avec tous les sujets de cyberharcèlement,
01:46 de violence, d'exposition à des images, tout ce qu'on voit malheureusement aujourd'hui dans les médias
01:53 trop souvent
01:54 dramatiquement traités parce que c'est comme ça, et ils passent ce permis. Et là ils sont quand même plus armés
02:01 pour essayer de se défendre, de comprendre ce qui se passe aujourd'hui
02:05 sur internet qui est une source d'informations évidemment exceptionnelle, mais qui à côté de ça est une source de danger
02:11 que l'on a tous en tête. - Oui c'est ça, mais après on peut pas revenir en arrière, faut faire avec, faut juste savoir
02:18 comment ça fonctionne et c'est le rôle du
02:20 de ce permis internet. Alors Eric Le Maire, président d'AXA Prévention, vous publiez un sondage
02:26 CS1, plusieurs enseignements dans ce sondage. Un enfant de 9 à 11 ans sur 2,
02:33 donc la moitié des 9-11 ans, un peu plus même, va sur internet tous les jours ou presque, plus 15 points
02:40 en 10 ans. C'est dire l'importance de, alors il y a ce permis internet, mais en tout cas d'en parler en famille
02:46 et de donner des clés aux enfants quoi, pour leur expliquer comment ça fonctionne.
02:51 - C'est exactement ça, c'est de plus en plus facile d'aller sur internet, il y a de plus en plus de
02:56 réseaux sociaux, vous avez d'ailleurs 22% des enfants
03:00 inscrits de cet âge, vous avez 9 à 11 ans, qui sont inscrits sur plusieurs réseaux sociaux, alors que c'est interdit
03:06 avant l'âge de 13 ans. - Alors ça c'est un vrai sujet. - Mais surtout, ce qui nous a interpellé très fortement,
03:11 c'est que 38% de ces enfants ne connaissent pas les dangers d'internet.
03:16 Et en fait, ils connaissent assez bien le cyber harcèlement, parce qu'on en parle beaucoup, beaucoup dans les médias,
03:22 mais ils ne savent pas quoi faire pour un sur deux lorsqu'ils sont confrontés à cette situation.
03:28 Donc pour nous, c'est vraiment majeur aujourd'hui, avec les forces de l'ordre tout entière, avec les associations, les maires, les polices municipales,
03:35 d'aller dans les classes, et peut-être qu'il faudra aller dans les classes
03:39 peut-être même plus jeunes, peut-être en CM1, pour commencer à leur dire "attention,
03:44 sur internet, il y a des risques, et des risques parfois malheureusement, qui sont très très graves". - Alors Eric Lemer, vous l'avez
03:51 dit, mais j'aimerais vous entendre sur ce point.
03:54 Quand on a entre 9 et 11 ans, on n'a pas le droit de s'inscrire sur les réseaux sociaux.
04:00 Mais 22% des 9-11 ans sont sur les réseaux sociaux, alors que c'est interdit. Ça veut dire que les réseaux sociaux
04:05 ne jouent pas le jeu, les Facebook, les TikTok, les j'en oublie, Twitter, on ne va pas, je ne pense pas qu'on aille beaucoup sur Twitter
04:12 entre 9 et 11 ans, mais les Instagram et tout ça, ça c'est un sujet.
04:17 - Alors il y a un sujet certainement que certains ne jouent pas le jeu, mais aussi le sujet qu'on se parle à la récré,
04:23 qu'on change de nom, qu'on donne un âge qui n'est pas le bon, etc.
04:28 Finalement on joue un petit peu avec internet, et aujourd'hui la complexité,
04:33 mais là j'ai envie de dire presque des réseaux
04:38 est tellement important que vous arrivez à être piégé assez rapidement, vous avez des cookies partout qui vous traquent.
04:45 Il y a des jeunes qui témoignent de notre enquête en disant "mais moi je voulais pas
04:48 aller là-dessus, je voulais pas", et en fait je m'y retrouve parce que c'est comme ça. Donc si vous voulez aujourd'hui il y a quand même
04:54 une très grande complexité, mais aussi une très grande facilité d'arriver sur ces réseaux sociaux,
05:00 et il faudrait aussi que, très sincèrement je vous le dis Romain Dezable, que les parents
05:05 jouent leur rôle, parce qu'ils essayent de le faire, très sincèrement on le voit dans l'enquête,
05:10 mais ils n'y arrivent pas.
05:12 Ils sont inquiets,
05:14 mais ils n'arrivent pas parce que ça crée des conflits, parce que avant il y a dix ans quand on a lancé le permis, c'était
05:20 l'ordinateur, on mettait au milieu de la salle à manger si vous voulez.
05:23 - Oui là c'est plus ça.
05:24 - On essayait de donner son code, mais c'est terminé, on a son smartphone, on fait ce qu'on veut,
05:27 et les parents n'arrivent pas aujourd'hui à essayer de contrôler la situation.
05:31 Alors justement, tiens Eric Le Maire, Caroline nous appelle de Nantes. Bonjour Caroline.
05:35 - Bonjour.
05:37 - Merci beaucoup d'être en direct avec nous, vous avez quatre enfants,
05:39 11 ans, 9 ans, alors vous êtes pile dans l'étude AXA prévention, 11 ans, 9 ans,
05:44 alors 5 ans et 18 mois. Alors 18 mois, j'imagine qu'il n'y a pas beaucoup d'écrans
05:49 à 18 mois, quoique on lit que...
05:52 - Oui, ils sont un peu attirés quand même par les écrans de loin.
05:55 - Alors j'ai cru comprendre en lisant votre fiche et ce que vous avez déclaré au
06:00 standard à Alexandre Alves et Elise Bessette, que vous n'étiez pas très écran dans la famille.
06:06 - Pas du tout en fait.
06:08 Moi en tout cas, en tant que maman, pour moi personnellement, pour mon utilisation personnelle, je vais l'utiliser,
06:15 mais tout ce qui est réseaux sociaux, Instagram, Twitter, alors déjà j'y vais quasiment jamais,
06:20 parce que ça ne m'intéresse pas en fait, je n'ai pas de temps à perdre dans ces choses-là.
06:24 Et puis surtout pour les enfants en fait, les enfants,
06:27 ils ont autre chose à faire aussi, déjà il y a l'école la semaine, ils ont des activités extrascolaires,
06:32 le sport, voilà, et puis le peu de temps qu'on a, parce que ça passe vite le temps,
06:37 voilà, je préfère qu'ils soient avec moi en famille,
06:40 parler, lire, voilà, moi franchement,
06:44 quand j'entends réseaux sociaux 11 ans, 10 ans,
06:47 moi je trouve ça catastrophique.
06:52 - Oui, alors j'allais dire oui, oui, oui, mais il y a la réalité,
06:56 les petits copains et les petites copines de vos enfants, comment ça se passe ?
07:00 - Alors au début, oui, alors par exemple, on va dire,
07:04 j'entendais en fait tout à l'heure le monsieur qui disait qu'il fallait faire une prévention,
07:09 - Eric Le Maire qui est président d'AXA Prévention.
07:11 - Exactement, qu'il fallait commencer en CMA,
07:14 moi je pense que CE2, on peut commencer aussi, parce que c'est très très tôt, même au CP, parfois
07:20 ils jouent à des jeux, enfin c'est mes fils qui me disent,
07:24 "maman, ils jouent à ce jeu là et tout, c'est grave", mais maintenant, eux prennent conscience en fait des choses,
07:30 des jeux
07:32 auxquels ils ne doivent pas jouer à certains âges, parce que j'aurais beaucoup parlé, j'aurais expliqué les choses,
07:38 mais c'est vrai que
07:41 quand ils avaient entre 7 ans et 8 ans, ils ne comprenaient pas forcément pourquoi je disais non,
07:44 pourquoi ses copains avaient le droit et eux pas le droit, mais bon, c'est mon rôle de mère, c'est comme ça,
07:49 c'est l'éducation et puis c'est sûr que ça demande beaucoup plus de travail
07:53 en tant que parent de dire non que de dire oui.
07:56 - Ah ça oui, c'est vrai dans beaucoup d'autres domaines, mais notamment dans la famille également.
08:02 Eric Le Maire, vous entendez Caroline qui dit qu'il faudrait faire de la prévention, en tout cas de la formation,
08:10 vous parliez du CMA, elle vous dit peut-être même le CE2, qu'est-ce que vous en pensez ?
08:18 - Moi je suis tout à fait d'accord avec cette maman responsable,
08:22 je l'applaudis parce qu'il y a un sujet très simple, c'est quel est l'engagement des parents aujourd'hui ?
08:28 Dans notre étude, on voit qu'ils sont inquiets,
08:31 à 51% + 20 points par rapport à 2013, mais que même s'ils essaient de faire des choses,
08:38 son 1 sur 2 a finalement décroché, et ça c'est très grave.
08:43 Et nous par contre, notre engagement avec les forces de police,
08:48 ça va être justement, et avec les associations avec lesquelles on travaille beaucoup,
08:52 d'essayer d'avoir un continuum éducatif qui soit beaucoup plus large,
08:57 et elle a raison de dire le CE2, nous on pense au CMA pour l'instant, mais il sera peut-être le CE2 effectivement,
09:02 mais ça doit aussi aller au collège, parce qu'on ne doit pas lâcher la communication,
09:07 vous le savez bien Romain, c'est la répétition, la pédagogie c'est ça aussi,
09:11 il faut qu'il y ait un vrai continuum éducatif, parce qu'internet bouge tous les jours,
09:15 et on doit être responsable tous les jours face à ces enfants qui sont parfois complètement perdus.
09:20 - Oui, alors là on a entendu Caroline Denand que je remercie, merci de nous avoir appelé,
09:25 il y a beaucoup d'appels, au 01 80 20 39 21, il y a également Sylvie qui nous a appelé pour dire
09:31 "j'ai deux filles et je vois la différence entre mes petits-enfants,
09:34 au niveau des écrans, une est complètement contre les écrans,
09:38 ces enfants n'ont pas de téléphone, et l'autre est moins..."
09:43 Dans chaque famille c'est un peu différent, mais c'est vrai que Caroline, quand elle est en ligne,
09:49 avait des règles très strictes, dans les familles, quelle est la règle la plus courante sur le temps d'écran ?
09:55 Vous avez questionné ça dans votre sondage CSA, Éric Le Maire ?
10:00 - Oui, on a essayé de regarder quelles étaient les règles, effectivement,
10:04 la règle principale c'est la limite concernant le temps d'écran,
10:09 93% des parents disent imposer ce temps d'écran.
10:13 Mais alors juste après, vous avez les problèmes qui arrivent,
10:15 parce qu'ensuite, quelles sont les règles d'utilisation d'Internet ?
10:20 Est-ce que je stoppe, je mets des contrôles parentaux ?
10:24 Comment je les contrôle réellement ?
10:27 Et puis évidemment à 73% les parents vous avouent que ça crée des conflits,
10:32 est-ce qu'on a besoin de ces conflits supplémentaires ?
10:34 Et puis après vous avez en fait 51% des parents qui disent "mais en fait on n'arrive pas à contrôler".
10:39 Et ça c'est plus 16 points par rapport à il y a 10 ans,
10:42 donc c'est-à-dire que ça se développe de plus en plus,
10:44 mais malheureusement vous arrivez à contrôler de moins en moins.
10:46 Et je vais vous donner ce dernier chiffre qui moi m'effraie tout simplement,
10:51 c'est que enfants sous aucune surveillance aujourd'hui, 20%,
10:56 vous vous rendez compte que vous avez 20% de ces petits enfants de 9 ans à 11 ans
11:01 qui sont seuls, laissés sur Internet à leur libre arbitre, sans aucune surveillance.
11:07 Donc je crois qu'il est vraiment temps aujourd'hui de continuer cet effort
11:11 avec les forces de l'ordre, avec les associations, avec les parents surtout,
11:15 pour essayer d'aller plus loin.
11:16 Vous savez que dans le permis Internet il y a une charte
11:18 que les parents doivent signer aussi pour s'engager.
11:21 Merci beaucoup Éric Le Maire d'avoir été en direct avec nous, président d'AXA Prévention.

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