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Face à l'augmentation des impôts de 0,1% en Norvège, 30 milliardaires ont décidé de quitter le pays. Nicolas Bouzou fait le point sur une question d'actualité économique.

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Transcription
00:00 - Bonjour Nicolas Bouzou. - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04 - Vous avez vraiment des drôles de passions. Ce matin, vous nous parlez de la fiscalité norvégienne.
00:08 - Vous vous souvenez de ce disque des Rolling Stones qui s'appelait "Exile on Main Street".
00:12 Il avait été écrit dans la ville franche-sur-mer, dans le sud de la France, dans la ville de la Nelcôte.
00:16 C'était en 1971 et en fait, ça racontait en quelque sorte l'exil fiscal des Rolling Stones.
00:22 Exil du Royaume-Uni vers la France. C'était le temps du travaillisme anglais qui ne jurait que par les augmentations d'impôts.
00:28 Alors la Norvège est aujourd'hui frappée du même symptôme, mais avec des taux d'imposition qui sont plus faibles.
00:33 En novembre dernier, la tranche marginale de l'impôt sur le patrimoine est passée de 1 à 1,1%.
00:39 Ça concerne les patrimoines supérieurs à 20 millions de couronnes, ça représente à peu près 1,7 million d'euros pour un individu.
00:45 C'est le double pour un couple. D'après la presse norvégienne, ça a déjà fait fuir 30 milliardaires en 2022.
00:52 C'est plus que la fuite des fortunes depuis une dizaine d'années.
00:55 Et il semblerait que les départs de milliardaires continuent en 2023.
00:59 - Alors, ils partent ces milliardaires pour une hausse d'impôts aussi faible ?
01:03 - Alors l'un d'eux, Kjell Ingeröcke, qui dirige et contrôle un groupe dans la construction navale,
01:09 vient de publier une lettre ouverte à ses actionnaires pour expliquer pourquoi il part.
01:13 Alors, en l'occurrence, il va en Suisse, à Lugano, dans la partie italiophone de la Suisse.
01:17 Alors il explique qu'il a commencé comme pêcheur, il s'est fait tout seul.
01:21 Sous-entendu, il est méritant et libre. Il explique que la Suisse est un endroit merveilleux.
01:27 Et surtout, depuis le Covid, il a appris à diriger à distance.
01:30 Et oui, le télétravail accroît aussi la mobilité des grandes fortunes.
01:34 Télétravail, fiscalité, qualité de vie, voilà ce qui place aussi les pays aujourd'hui en compétition.
01:40 Et d'ailleurs, si c'est un sujet pour la Norvège, il n'y a pas de raison que ce ne soit pas un sujet pour la France.
01:44 - Est-ce que ça n'est pas immoral, malgré toute cette décision de partir pour 0 impôts et 1 augmentation fiscale ?
01:48 - Évidemment, votre remarque est absolument légitime.
01:51 Mais j'aurais tendance à vous dire que la philosophie ne fait pas l'analyse économique.
01:56 C'est comme ça, et je peux vous dire que la presse norvégienne regrette que ces grandes fortunes quittent le pays
02:02 pour des raisons pratiques.
02:04 Ça fait perdre de l'argent à l'État norvégien.
02:06 Roque, dont je viens de parler, était le premier contribuable du pays.
02:10 Il payait à peu près 15 millions d'euros d'impôts par an, que la Norvège ne percevra plus.
02:14 Alors vous allez me dire que 15 millions d'euros à l'échelle d'un État, c'est très peu.
02:17 Vous avez raison, mais ça montre que la hausse de la fiscalité est un réflexe qui ne fonctionne pas toujours.
02:21 Et je vais vous laisser méditer sur cette analogie animalière, souvent citée en matière fiscale.
02:27 Quand on tire un coup de fusil sur un canard, il meurt ou il s'envole.
02:31 - Signature Europe 1, Nicolas Bouzeau. Merci beaucoup Nicolas, à demain.

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