Est-ce qu'il y a des projets de bassines comme à Saint Soline en Occitanie ? Quels sont les projets de retenues d'eau dans notre région pour affronter le réchauffement climatique. On en parle avec la directrice adjointe de l'Agence Adour-Garonne qui gère l'eau dans le grand Sud-Ouest.
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00:00 car c'est le moment de prendre votre téléphone pour nous appeler.
00:02 Faut-il plus de retenue d'eau dans la région ?
00:05 Contre la sécheresse 05 34 43 31 31.
00:08 - Parce que c'est le grand débat du moment,
00:10 alors comment que d'eau et qu'on s'attarde à souffrir encore cet été ?
00:13 On va essayer d'y voir plus clair ce matin avec notre invitée,
00:15 c'est la directrice adjointe de l'agence Adour Garone.
00:18 Bonjour Oddviten. - Bonjour.
00:20 - Alors c'est votre agence qui gère la ressource en eau sur le quart sud-ouest de la France.
00:24 Déjà qu'on comprenne bien, on veut y voir clair,
00:26 quelle est la différence entre bassine, méga bassine et retenue collinaire dont on parle beaucoup ?
00:31 - Alors le terme qu'on utilise nous, c'est plutôt le terme de retenue de substitution,
00:35 c'est-à-dire que ce sont des ouvrages qui permettent de capter l'eau en hiver quand elle est abondante
00:41 et donc de ne pas prélever dans les cours d'eau au moment où les débits sont faibles,
00:45 ce qu'on appelle la période d'étiage.
00:47 C'est pour ça qu'on substitue un prélèvement d'été,
00:50 on substitue un prélèvement d'été, un prélèvement hivernal.
00:53 - Alors quand on t'a parlé de méga bassine, ça veut dire quoi ?
00:55 C'est vraiment quelque chose de très gros, de très important comme projet ?
00:58 - Dans le terme de méga bassine, il y a l'idée aussi de ces surfaces imperméabilisées par des bâches de plastique,
01:05 il y a la question de la taille.
01:06 En Adour-Garonne, on a déjà stocké beaucoup d'eau,
01:11 on a des retenues qui sont beaucoup des retenues hydroélectriques,
01:16 on stocke déjà 2 milliards de mètres cubes d'eau.
01:18 - Dans les Pyrénées notamment ?
01:19 - Dans les Pyrénées, exactement.
01:20 Et il y a aussi, on en reparlera sans doute, un certain nombre de retenues de taille plus modestes
01:25 qui ont été construites dans les années 70 à 90 pour l'irrigation.
01:29 Ce sont aujourd'hui 40 000 plans d'eau, gravières ou petites retenues
01:33 que nous avons identifiées avec un travail d'étude à l'échelle du Grand bassin d'Adour-Garonne
01:37 et sur lequel on va le voir, il y a des gisements qui vont être utiles
01:40 pour la stratégie d'adaptation au changement climatique de ce Grand bassin.
01:43 - Alors on va y revenir, mais qu'on entend parler dans le débat public évidemment
01:46 des méga bassines, de Seine-Sauline, etc.
01:49 Est-ce qu'un tel projet comme Seine-Sauline, il y en a dans la région, en Occitanie,
01:52 dans le quart sud-ouest de la France, est-ce qu'il y en a ?
01:54 - Alors ce qu'on a en Adour-Garonne, c'est une stratégie d'adaptation, je vous le disais,
01:58 qui puise dans un mix de solutions.
02:00 L'idée c'est de se dire qu'il faut faire feu de tout bois
02:02 pour faire face à ce changement climatique qui est déjà à nos portes
02:06 et qui va être très important dans le bassin
02:08 puisque aujourd'hui on a déjà un déficit à l'été qui est de 250 millions de mètres cubes.
02:13 Ce que le comité de bassins, notre parlement de l'eau, a projeté,
02:17 c'est qu'en 2050, si rien n'est fait, ce déficit serait de 1,2 milliard de mètres cubes.
02:22 Et pour faire face à ça, il y a toute une stratégie, un peu comme un mix énergétique,
02:26 un mix de solutions pour l'eau.
02:28 D'abord des économies, de l'efficience bien sûr,
02:30 réutiliser plusieurs fois la même goutte d'eau,
02:32 et puis ralentir l'eau là où elle tombe et donc la stocker dans les sols,
02:36 pourquoi pas dans des retenues quand c'est nécessaire,
02:38 mais c'est une solution parmi tant d'autres.
02:40 - Alors qu'on se parle, on est le 17 avril aujourd'hui,
02:44 est-ce qu'on est forcément inquiet pour cet été ?
02:46 Avec ce qui est tombé comme eau, ou ce qui va manquer ?
02:49 - Alors oui, on est inquiet.
02:51 Le président du comité de bassins, Alain Rousset,
02:54 et le préfet coordonnateur de bassins, Pierre-André Durand,
02:57 ont réuni l'ensemble des têtes de réseaux régionales et départementales
03:01 à la fin du mois de mars, pour tirer la sonnette d'alarme
03:03 au regard de la situation hydrologique.
03:05 Le mois de février, vous le savez, a été extrêmement sec,
03:08 il n'est rien tombé, les pluies de mars ont un petit peu amélioré l'état des sols,
03:12 l'état d'humidité des sols, mais aujourd'hui nos réserves
03:15 qui permettent d'amortir le choc de litiage sont faiblement remplies.
03:18 - C'est-à-dire que même s'il pleuvait beaucoup, beaucoup, beaucoup,
03:20 la fin avril, mai, début juin, ça ne changerait rien ?
03:24 - Alors, s'il pleuvait beaucoup, beaucoup, beaucoup,
03:27 ce serait quand même une très bonne nouvelle, ne nous le ronds pas,
03:29 mais aujourd'hui la végétation a recommencé à capter de l'eau
03:32 pour sa croissance, et ça, ça empêche la bonne recharge des nappes.
03:36 Donc la recharge des nappes aujourd'hui nous inquiète,
03:39 on a 70% des nappes qui sont à des niveaux bas,
03:43 à très bas, en tout cas en dessous de la moyenne,
03:45 et ça c'est un indicateur qui est très inquiétant.
03:47 - Le grand débat sur les retenues collinaires,
03:49 c'est ce qu'on a entendu ce matin dans les journaux d'info sur France Bleu Occitanie,
03:53 c'est qu'effectivement il existe déjà des bassins,
03:55 des petits bassins sur toute la région,
03:57 mais on ne les utilise pas, on les utilise mal ces bassins ?
04:00 - Alors il y en a un certain nombre, et un nombre important,
04:02 puisqu'on a estimé ce chiffre à 50%,
04:05 il y a 50% des retenues qui ont été construites dans les années 70 à 90
04:09 qui ont été abandonnées, au gré des départs à la retraite,
04:12 des changements d'assolements,
04:14 ou bien elles ont été envasées, faute d'entretien.
04:18 Et donc il y a un vrai gisement autour de ça,
04:20 sur les 40 000 retenues existantes à l'échelle du Grand Bassin à Dourogarone,
04:25 il y en a donc 20 000 sur lesquelles on estime le gisement
04:28 à 30 à 40 millions de mètres cubes.
04:31 Ce qui est important, parce que dans la stratégie d'adaptation du comité de bassin,
04:35 les économies c'est 200 millions de mètres cubes.
04:37 Donc on voit bien qu'avec 40 millions de mètres cubes,
04:39 on fait déjà 20% de l'effort,
04:42 et donc c'est effectivement très important,
04:44 on va travailler là-dessus en Occitanie avec les champs d'agriculture.
04:47 - Alors on va travailler là-dessus, les pouvoirs publics ont conscience de ça,
04:50 qu'il faut bosser sur l'existant ?
04:51 - On y travaille déjà, oui, oui.
04:53 C'est déjà d'ailleurs dans les projets de territoire que vous évoquiez,
04:57 en fait on a aujourd'hui sur le bassin à Dourogarone,
05:00 55% du territoire sur lequel on voit qu'il y a un déficit,
05:03 et sur lequel on demande aux collectivités de travailler,
05:06 avec les agriculteurs, les industriels et les associations,
05:09 à des projets de territoire pour s'adapter à cette raréfaction de la ressource.
05:13 Et un territoire comme le Lamboulasse dans le Tarn-et-Garonne,
05:16 a identifié cette question de l'optimisation des retenues abandonnées
05:20 comme sa solution phare.
05:22 - Ça veut dire qu'un grand projet, comme on en a parlé dans la région il y a quelques années,
05:24 de charlasse dans le Cominge, un grand barrage, un grand bassin,
05:28 ça on laisse tomber, c'est plus dans l'air du temps tout ça ?
05:31 - Ce projet aujourd'hui il n'est pas porté,
05:34 ce n'est pas un projet qu'on connaît en tout cas en termes de projets d'actualité.
05:41 Nous ce qu'on regarde ce sont les projets qui sont portés
05:44 dans ces fameux projets de territoire pour la gestion de l'eau.
05:46 On en a plusieurs qui émergent en Occitanie,
05:49 on sait qu'on veut en faire émerger à partir d'une vingtaine aujourd'hui
05:52 dans le bassin à Dourogarone, un peu plus de 80 d'ici 5 ans.
05:56 Donc c'est autour de ces projets-là,
05:59 autour de la concertation avec l'ensemble des parties prenantes,
06:02 qu'on peut construire des solutions vraiment acceptées,
06:04 vraiment partagées et qui sont surtout construites dans la durée.
06:07 - Merci Olvitaine d'être venue au micro de France Bleu et de France 3 ce matin,
06:10 on y voit un peu plus clair.
06:11 Vous êtes la directrice adjointe de l'agence à Dourogarone.