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Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.

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00:00:00 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes, bienvenue dans Punchline sur CNews.
00:00:03 La colère ne retombe pas après la prise de parole d'Emmanuel Macron hier à la télévision.
00:00:07 Une allocution pour rien, en tout cas des violences ont éclaté dans plusieurs villes,
00:00:11 que ce soit à Lyon, à Bordeaux, il y avait aussi Nantes, Rennes, Caen, Agen, Strasbourg, Saint-Etienne.
00:00:18 Ce soir c'est à Saint-Denis où le président doit se rendre en visite, que les manifestants convergent.
00:00:23 On va y revenir dans un instant, le quinquennat est-il encalminé ? Ce sera au menu de nos débats.
00:00:29 Hier le président a quand même évoqué parmi certains sujets la lutte contre la fraude sociale qu'il compte mettre à l'ordre du jour.
00:00:36 Comment ? Quelles sont les pistes évoquées ? On va vous expliquer ça dans un instant.
00:00:40 Et puis on parlera aussi de la violence des rodéos urbains.
00:00:43 À Brest, un habitant du quartier Bellevue a été attaqué après avoir demandé à des jeunes de stopper leurs rodéos.
00:00:48 On entendra son témoignage. Voilà pour le menu de l'actualité ce soir.
00:00:52 Tout de suite, c'est Le Flash avec Adrien Spiteré sur CNews.
00:00:55 Les patrons appellent à renouer le dialogue malgré la crise sur les retraites.
00:01:04 Les organisations patronales ont été reçues à l'Elysée à 11h par le chef de l'État.
00:01:10 Les syndicats ont décliné l'invitation.
00:01:12 Emmanuel Macron a notamment demandé aux partenaires sociaux de bâtir un pacte de la vie au travail avant la fin de l'année.
00:01:20 Michel-Edouard Leclerc, optimiste pour la rentrée prochaine concernant l'inflation.
00:01:24 Pour le président des magasins Leclerc, la hausse des prix pourrait atteindre un pic en juin ou juillet avant de retomber.
00:01:31 Il était l'invité de CNews ce matin.
00:01:33 En mars, les prix à la consommation ont augmenté de 5,6% sur un an en France.
00:01:39 Et puis, une nouvelle fusillade à Marseille.
00:01:42 Vers 2h du matin, des détonations ont été entendues dans les quartiers Nord.
00:01:46 Quatre blessés par balle ont été retrouvés devant un local associatif situé près d'un point de deal.
00:01:52 Trois ont un pronostic vital engagé.
00:01:55 Au total, 19 douilles ont été découvertes sur place.
00:01:59 Merci beaucoup Adrien Spiteri pour ce rappel des titres de l'actualité.
00:02:02 On est en plateau avec Louis de Ragnel, chef du service politique d'Europe.
00:02:05 Bonsoir Louis.
00:02:05 Bonsoir Laurence.
00:02:06 En pleine forme.
00:02:06 En excellente forme.
00:02:07 Très bien. François Pomponi, ancien député.
00:02:09 Bonsoir.
00:02:10 Avec pareil l'air d'être revenu de Corse.
00:02:12 Tout à fait.
00:02:13 Et bien très bien, vous avez raison.
00:02:14 Marc Twaty, bonjour.
00:02:15 Bonsoir Laurence.
00:02:15 Économiste et bonsoir plutôt.
00:02:16 Ravi de vous retrouver.
00:02:17 Et effectivement, vous étiez partis un peu trop longtemps.
00:02:19 Éric Revelle, bonsoir.
00:02:21 Éric qui va bientôt partir en vacances.
00:02:22 Ravi d'être avec vous ce soir.
00:02:24 Bon, je profite de votre présence à tous pour être très très heureuse de vous réunir.
00:02:29 Alors on va commencer, je vous ai évoqué le menu et notamment le discours d'Emmanuel Macron.
00:02:34 On va commencer d'abord par une séquence qui est assez surprenante.
00:02:37 Ça s'est passé hier dans les rues de Paris.
00:02:38 Emmanuel Macron, après son allocution, s'est rendu dans une rue du 6e arrondissement de Paris où là,
00:02:44 il a été interpellé par un groupe de jeunes garçons qui l'ont fait chanter,
00:02:51 mais chanter au sens propre du terme.
00:02:52 Regardez cette séquence, puis on va la décrypter ensuite avec Gautier Lebret.
00:02:56 Qu'est-ce que vous chantez ?
00:02:57 "Cadets startés"
00:02:58 C'est vrai ?
00:03:00 Comment vous connaissez cette chanson-là ?
00:03:02 Bah oui, on la connaît.
00:03:03 Vous voulez qu'on la fasse une chanson ?
00:03:05 On la chante avec vous, on apprend avec vous.
00:03:07 Vous allez bien ?
00:03:07 Qu'est-ce qu'on chante ?
00:03:08 "Le refuge", on reprend "Le refuge".
00:03:10 Allez "Le refuge", c'est parti.
00:03:12 Allez, faites-moi un couplet du "Le refuge".
00:03:16 Ouvert aux quatre coins, aux montagnes perdues, dans le bruit et dans les jeux,
00:03:32 comme un vent de salut, qui fait beau endormir, au refuge de l'homme.
00:03:45 Alors, voilà pour ce chant qui a été entonné hier par le président de la République,
00:03:51 un chant pérenné, il est allé assez décontracté.
00:03:54 Gautier Lebret, vous étiez avec nous, expliquez-nous cette séquence, qu'est-ce qui se passe en fait là ?
00:03:57 Alors, c'est peu après l'allocution du chef de l'État.
00:04:00 Je rappelle que cette allocution était enregistrée.
00:04:02 On n'a pas pour le moment l'heure précise, croyez-moi qu'on la cherche,
00:04:06 à laquelle cette vidéo a été tournée et ce chant entonné.
00:04:10 Ce groupe de jeunes de Manguedon, qu'on vient de voir sur la vidéo au président d'Antonet,
00:04:14 "Le refuge", ce chant paillard des Pyrénées avec le groupe,
00:04:18 ce chant, le président l'avait déjà chanté lors d'un déplacement justement dans les Pyrénées,
00:04:22 où il avait mis un béret pour l'occasion.
00:04:25 Et ces jeunes et le président vont utiliser une application.
00:04:27 Alors ça, évidemment, le président ne pouvait pas connaître l'application avant ce moment-là.
00:04:30 C'est d'ailleurs ce qu'a déjà dit l'Élysée et qui a réagi auprès de plusieurs médias.
00:04:34 Et cette application, elle s'appelle "Canto".
00:04:36 C'est une application "Canto".
00:04:37 L'application "Canto", c'est une application avec un recueil de chansons paillard, patriotique,
00:04:42 certains diront nationaliste.
00:04:44 Et à l'époque, Libération avait accusé l'application "Canto"
00:04:48 d'héberger également des chants du Troisième Reich.
00:04:50 Et ces jeunes auxquels on essaye d'avoir accès, pour le moment,
00:04:53 ils se cachent un petit peu, parce qu'ils voient évidemment l'ampleur que ça prend.
00:04:56 Beaucoup de médias essayent de les inviter.
00:04:58 Et donc, il n'y a pas de réponse.
00:04:59 Eh bien moi, j'ai réussi à avoir accès à ces jeunes à travers la Zemmourie.
00:05:03 Parce que j'ai suivi la campagne d'Éric Zemmour.
00:05:05 Pour vous dire que ces jeunes, idéologiquement, sont proches,
00:05:08 notamment de Stanislas Rigaud, pour ne citer que lui,
00:05:11 président de génération Z, génération Zemmour.
00:05:13 Donc voilà avec qui le président de la République,
00:05:16 évidemment, il ne savait pas avec qui il chantait à ce moment-là,
00:05:19 mais a chanté hier "Le Refuge" après son allocution.
00:05:22 Et c'est un pur hasard, Gauthier.
00:05:24 Il est tombé sur ces jeunes par hasard dans la rue, on est d'accord.
00:05:27 J'ai même envie de dire, c'est ces jeunes qui sont tombés sur lui par hasard également.
00:05:30 On ne sait pas ce que faisait le président hier,
00:05:33 s'il s'est simplement promené avec son épouse Brigitte Macron,
00:05:35 qui était également sur place,
00:05:36 ou s'il a pourquoi pas dîné au restaurant.
00:05:38 Mais effectivement, c'est un pur hasard.
00:05:40 Ces jeunes qui se connaissent, notamment grâce à cette application Canto
00:05:44 et à leur amour des chants patriotiques et paillards,
00:05:47 ont vu le président, ils se sont dit "Bon, ben c'est trop beau".
00:05:49 Et ils ont fait cette vidéo avec lui.
00:05:51 Et à ce moment-là, l'Élysée dit qu'Emmanuel Macron
00:05:53 ignorait évidemment qui étaient ces jeunes.
00:05:55 Merci beaucoup pour ces explications, Gauthier Lebret.
00:05:56 Cette séquence est assez hallucinante.
00:05:58 Louis de Ragnel, est-ce que vous avez d'autres informations
00:06:00 pour complémenter celles qui sont déjà excellentes de Gauthier Lebret ?
00:06:03 Non mais Gauthier Lebret, c'est difficile de passer après Gauthier Lebret.
00:06:06 J'imagine.
00:06:07 Non, simplement, les petits détails sur ce qui s'est passé.
00:06:11 Il y avait quand même un important dispositif de sécurité,
00:06:13 puisqu'il y avait le président et la Première Dame.
00:06:16 Ça intervient dans un contexte d'allocution présidentielle.
00:06:19 Il y a eu beaucoup de manifestations, de dégradations aussi dans Paris.
00:06:21 Je sais qu'on en parlera tout à l'heure.
00:06:23 Et donc, voilà, ça intervient dans ce contexte-là.
00:06:25 Et simplement, peut-être une petite précision,
00:06:27 c'est plutôt des champs traditionnels que des...
00:06:30 Parce que l'objectif de cette application canto
00:06:33 est de faire revivre dans toutes les régions françaises
00:06:36 des champs qui étaient un peu tombés en désuétude
00:06:39 dans des régions avec de fortes identités en Bretagne, Pays Basque, Corse.
00:06:44 N'oubliez pas la Corse, sinon vous allez passer un mauvais quart d'heure.
00:06:47 Je veux surtout rester en vie jusqu'à la fin du plateau,
00:06:51 même si j'aime beaucoup François Pupponi.
00:06:53 Mais voilà, donc...
00:06:55 Et réellement, de ce qu'on a pu recueillir,
00:06:57 c'est que tout ça s'est fait de manière...
00:06:59 - C'était un hasard. Le président, après son allocution de télé,
00:07:00 est allé passer du temps avec sa femme dans Paris, c'est ça ?
00:07:04 - Absolument. Mais ça, c'est quelque chose qu'il fait assez souvent.
00:07:06 Et souvent le soir, d'ailleurs, au retour de déplacement,
00:07:10 souvent il passe, d'ailleurs, devant les locaux d'Europe 1.
00:07:13 Et ensuite, il aime bien terminer à pied pour rentrer à l'Elysée.
00:07:16 Donc là, c'était un hasard.
00:07:19 - C'est pas un truc monté,
00:07:20 parce que ça a l'air un peu bizarre.
00:07:22 - Ce qui me paraîtrait un peu étrange,
00:07:24 c'est quand on voit le profil quand même politique
00:07:26 de certaines personnes qui chantent.
00:07:29 Je présume de rien, mais de ce que j'ai compris,
00:07:32 ce ne sont pas forcément des gens qui sont forcément des soutiens
00:07:35 du président de la République.
00:07:35 - Oui, mais c'est pour ça que la séquence est surprenante.
00:07:37 - Ce que je trouve sympathique,
00:07:38 c'est qu'on peut se réunir autour du champ en France.
00:07:41 - On peut voir ça comme ça.
00:07:42 On peut voir aussi qu'on est dans un moment
00:07:44 d'une forte forme de tension.
00:07:47 Et que se dire que chanter sous les téléphones portables...
00:07:49 - Parce qu'on sait que tout est filmé.
00:07:52 Bon, c'est un peu décalé par rapport à ce qu'on se voit dans le pays.
00:07:54 - Il y avait des proches du gouvernement qui disaient
00:07:56 qu'En fait, Emmanuel Macron donne l'impression
00:07:57 qu'il s'en fiche un peu de ce qui se passe.
00:07:59 - Le programme public, il est comme ça.
00:08:01 Il est spontané.
00:08:02 Il passe dans la rue, on l'interpelle, il y va.
00:08:05 Et parfois, il ne prend pas forcément le recul.
00:08:06 Il n'a pas forcément réfléchi au moment.
00:08:09 Moi, pour avoir géré quelques déplacements avec lui,
00:08:11 pour les services de sécurité,
00:08:13 c'est extrêmement difficile parce qu'il y va.
00:08:16 Parfois, on dit non, mais il ne faut pas que tu y ailles.
00:08:17 Oui, mais j'y vais quand même.
00:08:19 Après, il est comme ça.
00:08:21 Alors après, il faut le prendre comme il est.
00:08:22 Effectivement, tout le monde peut dire mais c'est scandaleux.
00:08:24 Il y avait des gens dans la rue qui manifestaient,
00:08:26 qui tapaient sur leur casserole et lui, il chantait.
00:08:27 Oui, mais d'accord, il a rencontré les jeunes qui l'ont invité à chanter.
00:08:30 Il a chanté.
00:08:31 C'est sa manière d'être aussi.
00:08:33 - Ça vous surprend, Eric Ravel, Marc Tocny ?
00:08:34 - Oui, ça me surprend.
00:08:35 Moi, je trouve ça plutôt sympathique de chanter,
00:08:37 même si le climat est tendu.
00:08:39 La musique adoucit les moeurs, la chanson aussi.
00:08:42 Mais en réalité, ce qui est assez fort,
00:08:44 moi, je ne vais pas du tout dire que tout ça est monté
00:08:46 puisqu'on vient d'écouter les explications de nos spécialistes.
00:08:49 Mais ce que je trouve assez fort, c'est qu'il démontre là,
00:08:51 finalement, qu'il peut sortir sans être...
00:08:55 - En étant incognito, oui.
00:08:56 - Oui, non, mais d'accord.
00:08:57 Mais là, il y a quand même des gens qui, a priori,
00:08:59 ne sont pas tout à fait de son bord politique.
00:09:00 Or, la réaction des gens, c'est de le faire chanter.
00:09:03 Ce n'est pas de venir en contact pour dénoncer sa politique.
00:09:05 Donc, en fait, cette vidéo prouve que le président de la République
00:09:09 peut continuer à aller...
00:09:11 - Eh bien, on verra ce soir, puisqu'il doit aller à Saint-Denis.
00:09:13 - Eh bien, on verra quand il va se rendre dans le département de l'Hérault.
00:09:15 Mais c'est ça que ça prouve.
00:09:17 Alors maintenant, je ne mets pas du tout en doute le fait que ce soit spontané,
00:09:20 mais c'est quand même assez hallucinant.
00:09:21 C'est quand même assez hallucinant.
00:09:23 - Marc Twaty.
00:09:23 - Oui, ça fait un peu téléphoner.
00:09:24 Moi, je trouve qu'on est quand même dans l'ère du marketing.
00:09:27 C'est-à-dire, on perd du temps sur ça, etc.
00:09:29 Bon, c'est bien beau, mais moi, je pense qu'il y a quand même des...
00:09:32 Justement, il y a des vrais enjeux.
00:09:33 Demain, est-ce que c'était le moment de sortir comme ça, aller discuter ?
00:09:35 C'est très bizarre.
00:09:36 D'un côté, c'est vrai que là, on voit la sympathie, la bonhomie.
00:09:39 Puis de l'autre côté, on voit qu'il y a parfois même jusqu'à la haine
00:09:41 de certains jeunes ou autres, peut-être les mêmes qui chantaient là, on ne sait pas trop.
00:09:45 Donc, c'est vrai que c'est assez déroutant.
00:09:47 Enfin, moi, je trouve que ça fait quand même très marketing.
00:09:49 Donc, bon, je pense qu'il faut passer à autre chose.
00:09:52 Mais bon...
00:09:52 - Passer à autre chose que les chants ?
00:09:54 - Oui, non, c'est-à-dire que...
00:09:56 Enfin, je ne pense pas que...
00:09:58 Regagner en popularité uniquement avec des chants,
00:10:00 bon, à mon avis, ça me paraît peu probable, mais bon...
00:10:02 En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il y a eu pas mal de réactions
00:10:04 hier après son allocution télévisée.
00:10:07 Certains ont dit que c'était une allocution pour rien.
00:10:10 Il y a eu pas mal de manifestations, environ 24 000 personnes selon Gérald Darmanin,
00:10:15 qui ont manifesté un peu partout en France, soixantaines d'interpellations.
00:10:19 Manif à Bordeaux, Lyon, Nantes, Rennes...
00:10:21 On va voir un exemple à Lyon, justement, avec Olivier Madiné
00:10:24 sur ce qui s'est passé hier soir.
00:10:27 - Cette nouvelle soirée de violence a fait de nombreux dégâts à Lyon
00:10:30 après l'allocution d'Emmanuel Macron.
00:10:32 Plusieurs centaines de personnes se sont dirigées
00:10:35 vers la mairie du premier arrondissement.
00:10:37 Ils ont réussi à en ouvrir une porte pour jeter une poubelle enflammée
00:10:42 dans les couloirs et dans les bureaux.
00:10:44 Un peu plus tard, c'est le poste de police municipale voisin
00:10:48 qui a été la cible des casseurs.
00:10:51 Plus tard dans la soirée, le cortège a pris la direction
00:10:54 du très chic sixième arrondissement.
00:10:57 Et là, toujours les mêmes scènes, des vitrines brisées ou taguées,
00:11:01 une voiture incendiée et des abribus détruits.
00:11:05 Aujourd'hui, les services de la métropole de Lyon évaluent
00:11:09 à près d'un million d'euros les dégâts ici à Lyon
00:11:13 depuis les débuts des manifestations.
00:11:16 - Est-ce que ça peut passer, la colère, François Pépounier ?
00:11:18 On a le sentiment que ça ne va pas s'arrêter en réalité.
00:11:20 - Non, ça ne va pas s'arrêter parce qu'il y a une partie,
00:11:22 une infime partie de la population qui a basculé dans cette violence.
00:11:25 Il y aura le 1er mai et à chaque fois qu'il y aura une manifestation
00:11:27 ou une occasion diverse, ils basculeront dans la violence.
00:11:30 Maintenant, c'est ultra minoritaire.
00:11:32 Mais malheureusement, on va devoir vivre avec...
00:11:35 C'était déjà le cas avant la réforme de la retraite.
00:11:37 Ça s'est accentué avec la réforme de la retraite.
00:11:39 Il faut s'habituer, malheureusement, c'est inadmissible,
00:11:42 mais vivre avec cette violence-là parce que certains ont basculé
00:11:45 et ont envie de faire durer cette violence,
00:11:47 pensant qu'ils vont arriver à renverser le système.
00:11:49 - D'accord. Marc Otati ?
00:11:50 - Moi, je suis vraiment estomaqué à ne voir ça.
00:11:52 J'étais un peu à l'étranger ces derniers jours.
00:11:53 C'est vrai que quand on voit ça, on nous pose des questions.
00:11:55 J'ai des clients qui m'appellent des États-Unis extérieurs
00:11:57 et me demandent "Qu'est-ce qui se passe en France ?"
00:11:58 C'est vrai que c'est... C'est-à-dire que, bien sûr,
00:12:00 c'est "épisodique", c'est-à-dire que ce n'est pas heureusement généralisé,
00:12:04 mais tout de même, on voit ces images qui circulent un peu partout.
00:12:06 On se dit "Mais est-ce que la France est gouvernée, finalement ?
00:12:09 Est-ce que c'est tenu ?"
00:12:10 Et moi, ce qui m'inquiète, c'est que vous évoquiez à l'instant,
00:12:12 c'est que c'est en train de se généraliser.
00:12:14 C'est-à-dire que... Et puis on est en train de s'habituer.
00:12:16 Moi, j'arrive pas à s'habituer à ça.
00:12:18 C'est quand même... C'est incroyable.
00:12:19 Alors, j'entends dire, je sais pas, j'ai pas pu vérifier,
00:12:21 mais il y a pas la tête d'air qu'il y aurait même
00:12:23 des personnes qui s'étaient rentrées dans des maisons privées,
00:12:25 a priori, la semaine dernière.
00:12:26 Ça, c'est vraiment... C'est incroyable.
00:12:28 Donc, c'est... Et puis, c'est une violence.
00:12:30 C'est-à-dire, pourquoi fait-on ça ?
00:12:32 Alors, est-ce que c'est le riche qu'on veut atteindre ?
00:12:34 Souvent, c'est pas forcément des vrais riches,
00:12:35 mais cette haine, j'ai envie de dire, finalement, de la réussite,
00:12:39 ça, c'est extrêmement dangereux pour l'image également de la France.
00:12:41 Donc, moi, il faut vite que ça s'arrête.
00:12:43 Et je vois pas comment. C'est ça le problème.
00:12:45 - Mais il faut qu'on le voit pas. - Je vois pas comment.
00:12:46 - Parce que là, on a...
00:12:46 Dans le discours d'hier soir du président, honnêtement...
00:12:48 - Mais non, mais c'est... C'est à prévenir ce...
00:12:49 - Il y a beau y avoir 15 millions de personnes qui l'ont regardée à la télé...
00:12:51 - Mais c'est ça qui est incroyable. - Aujourd'hui, ça change rien.
00:12:53 - Je l'ai encore revue, là, avant de venir.
00:12:54 Et c'est vrai que...
00:12:55 J'arrivais même pas à le regarder, c'est-à-dire à rester sur l'image.
00:12:58 C'est-à-dire qu'il arrive pas à fédérer.
00:13:01 C'est assez incroyable, si vous voulez.
00:13:02 Et donc, peut-être que les mots ne sont pas là.
00:13:04 Puis après, quand on le voit chanter, on se dit "finalement, il est sympa".
00:13:07 Donc, c'est ça. Il arrive pas dans son posture de président
00:13:11 à être proche des gens, à être affable.
00:13:13 Et donc, évidemment, ça colle pas.
00:13:15 Et moi, ce qui m'inquiète, c'est que ça peut faire tâche d'huile.
00:13:17 Et ça peut se généraliser.
00:13:19 - C'est en train de se faire prevenir.
00:13:20 - Et avec une tension sociétale qui va devenir incontrôlable.
00:13:23 - Eric Rebel, un petit mot ?
00:13:24 - Bah oui, l'inquiétude...
00:13:25 - Dans plusieurs villes, on parle pas que de lui.
00:13:27 - Non mais l'inquiétude, moi je la ressens comme ça,
00:13:29 c'est que dès l'instant où les syndicats ne sont plus ou ne sont pas des interlocuteurs,
00:13:35 que les mobilisations se font en dehors des syndicats,
00:13:38 avec des manifs spontanés de casseurs,
00:13:41 moi, le risque que je vois, c'est qu'on va voir se multiplier ce genre de choses.
00:13:45 Le danger du pourrissement, finalement, sur cette réforme des retraites,
00:13:49 c'est celui d'une augmentation de la violence,
00:13:50 avec des petits groupes, il n'en faut pas beaucoup,
00:13:53 quelques centaines par-ci, quelques centaines par-là,
00:13:55 mais ça peut être absolument désastreux sur l'image pour le pays,
00:13:58 sur la vie quotidienne des gens qui habitent dans ces villes,
00:14:01 et moi c'est ce risque-là qui m'interpelle.
00:14:04 Est-ce qu'on ne va pas assister à des petits mouvements de guérilla par-ci, par-là,
00:14:07 de gens qui vont basculer totalement dans la violence ?
00:14:11 - Oui, c'est possible. Avec un président qui va tenter de montrer
00:14:14 qu'il peut aller sur le terrain en permanence,
00:14:15 il va se rendre mercredi en Alsace pour tenter de renouer avec les Français,
00:14:19 et puis, si il va à Saint-Denis, c'est aussi le message d'aller,
00:14:21 je vais là où sont mes opposants.
00:14:24 Parce que Saint-Denis, c'est quand même le symbole de la France insoumise.
00:14:27 - Il ne va pas se promener dans les rues de Saint-Denis,
00:14:29 il va à la Légion d'honneur à l'école.
00:14:33 - Il choisit des villes en disant, voilà,
00:14:35 et je pense que sa volonté à lui, c'est maintenant d'occuper le terrain et d'y aller.
00:14:39 Pour lui, il a terminé une séquence,
00:14:42 et il décide de repartir au combat,
00:14:45 et il va aller affronter ses opposants, parce qu'il dit,
00:14:48 il aime ça, il aime la castagne, il adore ça.
00:14:51 - C'est sa manière de présider.
00:14:53 - J'aimerais juste qu'on revienne sur quelque chose,
00:14:54 qu'il a fait tilt quand je l'ai entendu hier,
00:14:56 à propos de la fraude sociale,
00:14:57 parce qu'il a parlé assez peu de pouvoir d'achat,
00:14:59 ça a été bazardé, il n'a même pas prononcé le mot.
00:15:02 En revanche, sur la fraude sociale, on s'est dit,
00:15:04 il a remis ça sur le devant du tapis.
00:15:06 On va écouter les explications de Marine Sabourin,
00:15:09 puis vous allez nous expliquer,
00:15:10 et on va essayer de comprendre pourquoi il met ce sujet-là,
00:15:12 évidemment, sur l'eau de la pile.
00:15:15 - Accélérer la lutte contre la fraude fiscale et sociale,
00:15:19 c'est le cap annoncé par l'exécutif.
00:15:21 Un plan d'action doit être annoncé dans les prochaines semaines
00:15:24 par le gouvernement, mais le ministre délégué
00:15:27 au compte public, Gabriel Attal, avance déjà quelques mesures
00:15:30 chez nos confrères de France Inter.
00:15:31 - Je souhaite doubler les effectifs du service d'enquête judiciaire
00:15:34 des finances, qui a notamment réalisé une perquisition importante
00:15:38 il y a quelques jours, qui a été beaucoup commentée
00:15:40 par la presse sur des banques.
00:15:42 Je souhaite renforcer les moyens, mais il y aura d'autres mesures fortes
00:15:45 que j'annoncerai dans les prochaines semaines.
00:15:47 - Le gouvernement veut également supprimer les versements
00:15:49 des allocations sur des comptes à l'étranger,
00:15:52 et souhaite travailler avec des compagnies aériennes
00:15:54 pour traquer les personnes bénéficiantes d'allocations
00:15:56 et qui vivent plus souvent à l'étranger qu'en France.
00:15:59 Une mesure nécessaire selon le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.
00:16:03 - Nos compatriotes en ont ras-le-bol de la fraude.
00:16:05 Ils en ont ras-le-bol de voir des personnes
00:16:07 qui peuvent toucher des aides qu'ils payent eux-mêmes.
00:16:09 Le contribuable n'a aucune envie de voir que des personnes
00:16:12 peuvent en bénéficier, leur renvoyer au Maghreb ou ailleurs,
00:16:15 alors qu'ils n'y ont pas le droit.
00:16:17 Ce n'est pas fait pour ça le modèle social.
00:16:19 - La lutte contre la fraude fiscale et sociale a enregistré
00:16:22 des chiffres records en 2022 selon le ministère du Budget,
00:16:25 qui affirme être plus efficace que jamais.
00:16:28 - Alors là, vraiment, il faut prendre le temps de bien écouter
00:16:30 ce qu'a dit Bruno Le Maire.
00:16:31 Dire que les Français en ont ras-le-bol de la fraude sociale
00:16:34 et qu'il faut arrêter de renvoyer de l'argent au Maghreb ou ailleurs,
00:16:37 ça serait dans la bouche de Marine Le Pen, on dirait.
00:16:39 C'est son discours.
00:16:40 Mais là, c'est Bruno Le Maire, ministre de l'Economie.
00:16:42 - Ça, c'est incroyable.
00:16:42 C'est des gages qu'on donne d'un côté à l'extrême droite,
00:16:44 à l'extrême gauche, finalement.
00:16:46 C'est-à-dire sur la fraude fiscale et sociale.
00:16:49 Après, il faut regarder les chiffres.
00:16:50 C'est-à-dire qu'encore une fois...
00:16:52 - Ça représente quoi, la fraude sociale ?
00:16:53 - C'est pas énorme.
00:16:54 Alors, je sais qu'il y a des chiffrages énormes qui se circulent, etc.
00:16:57 La fraude sociale, c'est autour des 15 milliards d'euros,
00:16:59 à peu près, peut-être 20 maximum.
00:17:01 Et pareil, la fraude fiscale,
00:17:03 ça serait autour des 30-50 milliards maximum.
00:17:06 Je rappelle que le déficit budgétaire annuel,
00:17:09 c'est 165 milliards d'euros,
00:17:11 que la dette publique française, c'est quasiment 3000 milliards d'euros.
00:17:14 Donc, c'est...
00:17:15 Alors, bien sûr qu'il faut le faire.
00:17:16 Je dis pas qu'il faut pas le faire, attention.
00:17:17 C'est très important de lutter contre tout cela.
00:17:20 Mais, vous savez, des fois, c'est l'État lui-même
00:17:23 qui donne le bâton pour qu'on lui tape dessus.
00:17:24 Je vous rappelle la fraude au CO2.
00:17:27 Vous savez, cette arnaque au CO2, vous avez entendu ?
00:17:29 Bon, c'est à peu près 5 milliards.
00:17:30 C'est pas énorme, mais c'est quand même pas rien.
00:17:32 Sauf que qui a créé cet organisme, finalement,
00:17:35 où on pouvait...
00:17:37 - Le déficit des dépôts.
00:17:38 - Exactement, la caisse des dépôts, justement, c'est l'État.
00:17:41 Et j'ai posé une fois la question à celui,
00:17:43 parce que je le connaissais un petit peu,
00:17:43 qui a créé ce marché du CO2.
00:17:47 Je lui ai dit "Mais vous vous êtes pas rendu compte
00:17:49 qu'effectivement, il y avait plein de sociétés qui se créent, etc.,
00:17:51 qui avaient anguilles sous roche ?"
00:17:53 Il m'a répondu en me disant "Ah non, au contraire,
00:17:54 on était très contents, on se dit "Ah bah, ça marche !"
00:17:56 Alors que, c'est ça qui est fou, c'est qu'on crée des choses,
00:17:58 mais on se rend pas compte des impacts.
00:18:00 - Non, on est sur quelque chose de très très politique,
00:18:03 Marc Twaty, attention.
00:18:04 - C'est beaucoup aussi aux députés de la majorité. Pourquoi ?
00:18:08 - Ceux de renaissance, donc.
00:18:09 - Oui, pendant tout le débat sur les retraites,
00:18:12 les gens leur disaient "Vous nous demandez à nous
00:18:14 de travailler deux ans de plus,
00:18:16 vous nous demandez à nous qui travaillons de payer
00:18:18 deux ans de plus, d'être solidaires,
00:18:20 oui, mais attendez, nous on en a marre d'avoir des voisins
00:18:22 qui travaillent pas, qu'on paye et qui bénéficient,
00:18:24 et ça c'est plus possible."
00:18:25 Et donc, c'est remonté beaucoup du terrain, ça.
00:18:28 Et les députés ont dit "Ça, faut faire quelque chose."
00:18:30 Et donc, la réponse qui est apportée aussi par l'exécutif,
00:18:32 c'est de dire "OK, on a entendu,
00:18:33 oui, on demande aux Français un effort supplémentaire de deux ans,
00:18:36 mais ceux qui bénéficient du système, c'est terminé."
00:18:39 Alors, après, faut y arriver,
00:18:40 parce qu'effectivement, c'est pas des sommes bien rebolantes,
00:18:43 mais il faut arriver à les traquer.
00:18:44 - Que le ministre de l'Économie dise.
00:18:45 - Eh si.
00:18:46 - Il y en a marre d'envoyer de l'argent à la grève.
00:18:47 Franchement, là, on a passé un cap.
00:18:49 - Absolument. Il y a des choses qui sont pas exactes.
00:18:51 C'est-à-dire que ce n'est pas de la fraude
00:18:54 de toucher de l'argent en France
00:18:56 et de la transférer dans un pays étranger.
00:18:58 Ça, vous avez le droit de le faire.
00:18:59 Vous avez le droit, vous, de faire un virement
00:19:00 à votre cousine ou à votre mère qui habite dans un autre pays.
00:19:03 - Vous pouvez pas résider à l'étranger et toucher la caisse ?
00:19:05 - Voilà, en revanche, ça, pour le coup, oui, c'est de la fraude.
00:19:08 Ce qu'on peut dire simplement, c'est que c'est très politique.
00:19:11 Et pourquoi est-ce qu'on parle à la fois de fraude sociale et de fraude fiscale ?
00:19:14 Ça, c'est vraiment quelque chose qui a été beaucoup travaillé
00:19:16 par Gabriel Attal, le ministre du Budget et des Comptes Publics.
00:19:20 La fraude sociale, globalement, souvent,
00:19:22 c'est la droite qui en parle, la lutte contre la fraude sociale
00:19:24 et la lutte contre la fraude fiscale,
00:19:26 les cols blancs, la délinquance en cols blancs.
00:19:28 Globalement, c'est plutôt la gauche qui mène ces combats-là.
00:19:30 Et donc, là, l'idée, c'est de mener les deux combats de front en même temps.
00:19:34 Ensuite, pour compléter un tout petit peu ce que disait Mark Twatty tout à l'heure,
00:19:38 le montant total des prestations sociales qui sont des livres français,
00:19:41 c'est 470 milliards d'euros par an.
00:19:44 Donc, c'est quand même un montant qui est très important.
00:19:47 Et donc, aujourd'hui, autant la fraude fiscale,
00:19:49 on arrive à peu près à la quantifier, la fraude sociale, c'est très compliqué.
00:19:53 Ce qu'on sait, en revanche, il y a des certitudes,
00:19:55 c'est sur les redressements qui ont été faits.
00:19:57 Les fraudes concernent principalement le RSA, la prime d'activité,
00:20:01 les APL, les aides au logement.
00:20:04 Et aujourd'hui, il y a un seul rapport qui existe,
00:20:06 qui est officiel, si vous voulez, et qui chiffre la fraude sociale
00:20:11 aujourd'hui à 2,8 milliards d'euros.
00:20:13 Sauf qu'en fait, il y a des nuances qui sont apportées immédiatement dans ce rapport-là.
00:20:16 La Cour des comptes, d'ailleurs, n'a pas été en mesure de chiffrer la fraude sociale.
00:20:20 Et il y a des estimations qui vont jusqu'à 20, 25, 30 milliards d'euros de fraude par an.
00:20:25 Donc c'est quand même des montants.
00:20:27 Déjà si on savait combien de personnes ont une carte vitale dans notre pays, ce serait pas mal.
00:20:29 Mais c'est considérable. Alors sur les cartes vitales,
00:20:30 il y a un travail qui a été fait depuis quelques années,
00:20:33 parce qu'il y avait le scandale de ce qu'on appelait les cartes vitales surnuméraires.
00:20:36 Ça peut paraître ubuesque pour les Français,
00:20:38 c'est-à-dire qu'il y avait en dotation par la Sécurité sociale
00:20:42 plus de cartes vitales que la France ne compte d'habitants.
00:20:44 Il y avait un delta de 6 à 7 millions de cartes vitales surnuméraires.
00:20:48 Donc il y a un travail qui a été fait depuis plusieurs années.
00:20:50 Et selon nos informations, il n'y avait plus qu'une centaine de cartes vitales surnuméraires
00:20:56 qui étaient notamment distribuées ou qui bénéficiaient des ressortissants algériens,
00:21:02 parce que c'était le pays globalement le plus ciblé,
00:21:04 parce que c'était le pays dans lequel il y avait le plus de bénéficiaires de fraude.
00:21:08 Donc il y a quand même un travail qui a été fait.
00:21:10 Mais ce qui est intéressant, c'est qu'il y a une charge politique
00:21:14 qui est menée par le gouvernement.
00:21:16 Parce que c'est dans la logique de Gabriel Attal d'essayer de dire
00:21:20 "on demande beaucoup aux Français".
00:21:21 Il y a aussi toute cette France qui ne dit jamais rien,
00:21:23 qui serre les dents et qui paye des impôts et avec qui on demande toujours plus.
00:21:27 Ils ont le droit de donner du sens et de considérer qu'il faut que cet argent soit bien géré.
00:21:33 Éric Revelle, un petit mot sur la fraude sociale.
00:21:35 Oui, non, fraude sociale, fraude fiscale.
00:21:38 Mais je trouve qu'on mord à l'hameçon comme c'est pas possible.
00:21:42 En réalité, qu'est ce qui se passe ?
00:21:43 Replaçons le contexte.
00:21:44 Vous avez un président de la République qui prend la parole, qui dit pas grand chose.
00:21:48 Vous avez eu deux catégories ce matin de membres du gouvernement qui sont montés au créneau.
00:21:51 Deux catégories, je les ai bien identifiées.
00:21:53 Il y a la catégorie, on a trouvé l'intervention du président de la République excellente
00:21:57 et des ministres l'ont défendu.
00:21:59 Et puis l'autre catégorie, le Attal et le Le Maire.
00:22:02 Le Attal et le Le Maire qui montent en même temps dans des matinades.
00:22:05 Sur le même sujet.
00:22:06 Sur le même sujet, l'un évoquant évidemment ce que la gauche dénonce,
00:22:10 un autre évoquant ce que la droite dénonce.
00:22:12 En fait, c'est une politique de communication très huilée.
00:22:15 Parce qu'à chaque fois, ce qu'il faut se poser comme question, chers amis,
00:22:18 c'est au-delà des effets d'annonce.
00:22:20 Attal dit "je vais doubler les effectifs".
00:22:22 Mais en fait, ça va sans doute être du rediplôment.
00:22:24 De la folie judiciaire fiscale.
00:22:25 C'est quelques dizaines d'agents.
00:22:26 On mord à l'hameçon et on permet finalement au chef de l'État de passer à autre chose.
00:22:30 En en parlant et en ne parlant plus de la réforme des retraites.
00:22:33 On va continuer à en parler.
00:22:34 Oui, on continue à en parler.
00:22:35 On ne nous oubliera pas.
00:22:36 Et donc, on est en plein dans le "en même temps" classique qu'on nous sert depuis des années.
00:22:40 C'est-à-dire un coup à gauche, un coup à droite.
00:22:43 Fraude fiscale, fraude sociale.
00:22:46 Et finalement, tout ça est parfaitement huilé par Matignon qui fait monter.
00:22:50 Très bon raisonnement d'Éric Rebelle.
00:22:51 Ça fait des années qu'ils ont évolué.
00:22:53 Le sujet n'est pas nouveau.
00:22:54 Parce que c'est votre sujet, là.
00:22:55 Attendez, attendez.
00:22:56 Je voudrais juste qu'on écoute Michel-Édouard Leclerc,
00:22:58 parce que c'est important ce qu'il a dit ce matin.
00:22:59 Et je vous passe la parole ensuite.
00:23:00 Mais sur l'inflation, ce qu'il nous annonce, Michel-Édouard Leclerc,
00:23:02 c'est très, très loin de ce que nous annonce le gouvernement.
00:23:04 Là, il nous annonce une inflation sur l'alimentation à 25 % au jour.
00:23:07 Écoutez-le.
00:23:09 Il y a eu des négociations jusqu'à fin mars.
00:23:11 Avec les industriels.
00:23:12 Avec les industriels.
00:23:13 Ça rajoute 10 % pour l'année 2023 au 10 %.
00:23:19 25 % ?
00:23:20 C'est énorme.
00:23:21 Je n'ai jamais vu ça aussi rapidement.
00:23:24 Et alors, autant l'année dernière, c'était en quatre fois.
00:23:27 Autant là, maintenant, c'est un mur d'inflation qui arrive.
00:23:29 Un peu importe les mots.
00:23:30 On m'a reproché le mot "tsunami".
00:23:33 En tout cas, c'est une vague scélérate.
00:23:34 Il y aura un pic d'inflation à peu près en juin, juillet.
00:23:37 C'est absolument terrible, Marc Twaty.
00:23:39 25 % ?
00:23:41 Ah oui, malheureusement.
00:23:41 Comment vont faire les...
00:23:42 Encore une fois, le drame, c'est que cette inflation, on sait comment ça se termine.
00:23:46 C'est-à-dire que malheureusement, aujourd'hui, on le voit,
00:23:47 il y a des Français qui ne peuvent plus faire tous leurs repas par jour,
00:23:50 qui sont obligés de réduire leurs dépenses alimentaires.
00:23:53 C'est ça, le vrai enjeu.
00:23:54 Et donc, quand on a une terre d'inflation, qu'est-ce qui se passe ?
00:23:56 Eh bien, vous avez une consommation qui s'effondre.
00:23:58 Énormément de Français qui ne peuvent plus consommer.
00:24:01 Et c'est là où on revient sur la fiscalité,
00:24:03 parce que malgré les fraudes fiscales qu'on évoquait tout à l'heure,
00:24:05 malgré tout cela, la France est quand même numéro un du monde
00:24:09 en termes de poids des prélèvements obligatoires,
00:24:11 donc de la fiscalité, par rapport au PIB.
00:24:13 Nous sommes numéro un du monde, malgré la fraude fiscale.
00:24:15 Si on récupérait toute cette fraude, entre guillemets,
00:24:18 on serait encore plus numéro un, si vous voulez.
00:24:19 Mais ce que je veux dire par là, c'est que nous n'oublions pas que l'État est surpuissant.
00:24:23 Et par contre, c'est vrai que sur cette inflation, juste pour conclure,
00:24:26 on a un vrai danger sur le pouvoir d'achat, bien sûr.
00:24:30 Et je pense que ça peut, par contre, alimenter les rancœurs,
00:24:33 les tensions sociales et sociétales qui sont en train de s'installer.
00:24:36 C'est ça le problème.
00:24:37 C'est le carburant de la contestation sociale.
00:24:38 Et puis surtout, regardez, par exemple,
00:24:40 en arrivant, regardez les prix à la pompe à Paris.
00:24:42 On est encore à 2 euros le litre, le samplon en 1995.
00:24:44 C'est quand même assez incroyable.
00:24:45 Alors que le prix du béret l'a baissé et que l'euro a remonté.
00:24:48 Quand l'euro serait réapprisé, il devrait baisser les prix du pétrole
00:24:51 qui sont libélés en dollars.
00:24:52 Pas du tout.
00:24:53 Donc on a quand même un petit problème.
00:24:54 Eric, un tout petit mot avant la pause.
00:24:55 J'ai vu un petit raisonnement économique lié à l'histoire.
00:24:58 C'est que moi, j'ai toujours loué la transparence de Michel-Édouard Leclerc.
00:25:01 Ça a été l'un des premiers à dénoncer la spéculation.
00:25:03 Mais attention, quand vous annoncez des taux d'inflation gigantesques, 25 %,
00:25:08 en fait, vous encouragez les spéculateurs,
00:25:10 vous encouragez les spéculateurs à conserver leur marchandise
00:25:14 et à la vendre plus tard, puisqu'ils savent qu'ils la vendent en plus cher.
00:25:17 Donc, je dis attention quand même, attention quand même.
00:25:19 On a eu des comportements de spéculation sur des marchés extrêmement restreints.
00:25:23 L'histoire l'a montré.
00:25:24 Et je me pose la question de savoir si un certain nombre d'entre eux
00:25:27 n'attendent pas que les prix augmentent pour,
00:25:28 en ayant acheté moins cher avant, pour vendre.
00:25:31 Non, mais c'est une question...
00:25:31 On y reviendra.
00:25:32 Merci, Eric, on fait une petite pause.
00:25:33 On se retrouve dans un instant.
00:25:34 On va parler des rodeos.
00:25:35 C'est un véritable fléau, ça, on le sait.
00:25:37 On a eu l'exemple à Grenoble, où ils étaient carrément dans un centre commercial.
00:25:41 Là, on a le témoignage d'un habitant à Brest qui s'est fait tabasser,
00:25:44 coup de couteau également,
00:25:45 parce qu'il avait juste demandé à des jeunes d'arrêter leur rodeo.
00:25:47 On en parle dans un instant.
00:25:48 On se retrouve dans Punchline sur CNews, à tout de suite.
00:25:53 Il est 17h31, le rappel des titres de l'actualité,
00:25:55 tout de suite sur CNews avec Adrien Spiteri.
00:25:58 L'exécutif veut accélérer les réformes et sortir de la crise.
00:26:07 Objectif son jour pour agir au service de la France.
00:26:11 La feuille de route a été présentée en Conseil des ministres,
00:26:14 aujourd'hui par Elisabeth Borne.
00:26:15 Trois chantiers principaux ressortent, comme le travail, l'immigration,
00:26:19 mais aussi la santé et l'éducation.
00:26:22 La vitesse maximale autorisée sur le périphérique parisien va-t-elle bientôt diminuer ?
00:26:28 Elle pourrait passer de 70 à 50 km/h dès la fin 2024,
00:26:33 en cause de la possible mise en place de la voie dédiée au covoiturage
00:26:36 et au transport collectif.
00:26:38 À Paris, la vitesse a déjà été baissée par la mairie.
00:26:41 La majorité des rues sont désormais limitées à 30 km/h.
00:26:46 Et puis Vladimir Poutinet, Volodymyr Zelensky sur le front dans le Donbass.
00:26:50 Le chef du Kremlin s'est rendu dans les régions de Karsonne et Lougansk,
00:26:54 dans des zones occupées par la Russie.
00:26:56 Il a notamment salué des militaires présents sur place.
00:27:00 De son côté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky,
00:27:02 s'est rendu ce mardi dans la ville d'Evdivka, dans l'est de l'Ukraine.
00:27:07 Merci beaucoup Adrien Spiteri.
00:27:09 On se retrouve sur le plateau de Punchline.
00:27:10 On accueille avec plaisir Linda Kebab.
00:27:12 Bonsoir déléguée nationale unité SGP.
00:27:14 On va parler de sécurité bien sûr avec vous.
00:27:17 On évoquera le sondage du Figaro, très intéressant sur les Français et la sécurité.
00:27:21 J'aimerais qu'on reparle des rodéos urbains.
00:27:23 On a eu un exemple absolument stupéfiant de la rodéo urbain
00:27:26 dans un centre commercial à Grenoble il y a quelques jours, avec des images.
00:27:30 D'abord, on se demande comment il n'y a pas eu de blessés dans ce centre commercial.
00:27:34 Mais là, on va voir un exemple à Brest où un habitant du quartier Bellevue
00:27:37 a été roué de coups, même plus.
00:27:38 Il a pris un coup de couteau parce qu'il demandait juste à des jeunes d'arrêter leur rodéo.
00:27:42 On fait le point avec Jean-Michel Decaze et on en débat ensuite.
00:27:47 Dimanche après-midi, Sylvain était chez lui au rez-de-chaussée
00:27:51 de l'un des immeubles du quartier Bellevue à Brest.
00:27:54 Vers 14h30, un rodéo commence.
00:27:57 Des jeunes de 14 à 16 ans.
00:27:58 Les jeunes ont rasé les terrains de jeu là où il y avait des enfants.
00:28:06 Je suis sorti, je leur ai demandé d'arrêter.
00:28:09 Ça ne leur a pas plu.
00:28:10 Ils m'ont dit il n'y a pas de souci, on revient.
00:28:12 Ils sont revenus avec 20 jeunes, une batte de baseball, une lacrymo et un couteau.
00:28:18 Ils m'ont roué de coups juste devant chez moi.
00:28:22 Ça a duré une minute ou deux et puis ils sont repartis dans la foulée.
00:28:27 Arrivé sur place, les forces de l'ordre sont visées à leur tour.
00:28:31 Les collègues sont retrouvés devant 40 individus qui leur ont fait front,
00:28:34 qui ont caillassé la voiture avec barres de fer.
00:28:37 Donc des collègues ont dû rebrousser le chemin.
00:28:39 Je n'ai pas peur, c'est des jeunes.
00:28:42 Il ne faut pas avoir peur de ces gens-là.
00:28:44 Depuis quelques temps, les rodéos se reproduisent
00:28:47 entre deux et quatre fois par semaine entre les tours de Bellevue,
00:28:50 dans un autre quartier brestois.
00:28:53 Quelques heures plus tard, six coups de feu ont éclaté lors d'un autre rodéo.
00:28:58 L'Inde à Kebab, ça ne va jamais s'arrêter en fait ces rodéos urbains.
00:29:01 On ne va pas réussir à endiguer ce fléau.
00:29:04 Vous savez, je suis presque gênée de venir en parler
00:29:06 parce que tous les ans, tous les six mois,
00:29:08 et dès qu'il fait beau, on vient en parler.
00:29:10 Je pense qu'il va falloir changer de tenue
00:29:12 pour qu'on distingue bien d'une année à l'autre qu'on n'a pas réglé le problème
00:29:15 et que les gens n'ont pas le sentiment de revoir à chaque fois
00:29:17 le même épisode et la même émission.
00:29:19 Donc oui, il y a quelques mois, je le disais sur votre plateau,
00:29:22 ça reviendra, attendez l'été, attendez les vacances scolaires.
00:29:25 Et puis là, c'est le début des vacances scolaires.
00:29:27 Et puis il y a évidemment cette violence qui dégénère,
00:29:30 mais qui pour nous n'est malheureusement pas étonnante.
00:29:33 Il faut savoir qu'au moment des faits,
00:29:34 il y avait deux patrouilles sur Brest pour 140 000 habitants,
00:29:39 une ville qui demande une grande présence policière.
00:29:41 Il faut savoir qu'au moment où les collègues sont intervenus pour ce monsieur,
00:29:45 ils n'ont pas pu intervenir pour d'autres missions.
00:29:48 C'est-à-dire qu'il y a huit missions de police secours ce jour-là
00:29:51 qui n'ont pas eu de réponse policière.
00:29:53 Huit missions pendant lesquelles des gens ont été agressés,
00:29:56 violentés, peut-être cambriolés ou autre chose,
00:29:58 pour lesquelles les collègues n'ont pas pu intervenir.
00:30:00 C'est dire à quel point, en fait,
00:30:01 il y a une vraie problématique localement,
00:30:03 mais qui se retrouve sur l'ensemble du territoire national.
00:30:05 Mais François Pupponni, on se dit que ça n'arrête pas.
00:30:07 Là, on parle de Brest, on va revoir les images de Grenoble.
00:30:11 Pareil, surréaliste les images de Grenoble.
00:30:13 C'est partout, c'est le sport national maintenant.
00:30:16 En fait, les jeunes volent les motos,
00:30:19 les préparent l'hiver et dès qu'il fait beau, sortent.
00:30:22 Il y en a qui se tuent.
00:30:24 On a eu des exemples où malheureusement,
00:30:25 des jeunes se tuent en moto en faisant des rodéos.
00:30:27 Le lendemain, leurs copains recommencent.
00:30:29 C'est-à-dire qu'il n'y a aucune logique.
00:30:30 C'est une espèce de frénésie où ils sont complètement désinhibés.
00:30:34 Ils passent à l'acte.
00:30:35 Alors, ce que fait la police, c'est d'intervenir souvent le soir
00:30:38 dans les caves pour récupérer les motos ou enlever.
00:30:41 Mais on en enlève trois, ils en reprennent dix.
00:30:43 Donc, c'est une course un peu sans fin.
00:30:45 Et puis, effectivement, comme ça a été dit,
00:30:46 il faut des forces de police en nombre suffisant.
00:30:50 Il faut que les bailleurs jouent le jeu aussi,
00:30:51 parce qu'il faut aller les chercher dans les caves,
00:30:53 savoir où elles sont.
00:30:53 Donc, il y a tout un travail aussi d'enquête.
00:30:55 Ce qui est sûr, c'est que depuis Villiers-le-Bel,
00:30:57 on essaie, enfin la police, elle n'est pas à intervenir.
00:30:59 Elle est au contact pendant le rodeo.
00:31:01 - On a le sentiment quand même, Ligne d'Akaba,
00:31:02 en voyant ces images-là du centre commercial,
00:31:04 les images après où il y a énormément de monde,
00:31:07 qui franchissent des caves.
00:31:08 À chaque fois, ils cherchent la limite supérieure.
00:31:10 On est d'accord.
00:31:11 - En fait, ces images, elles illustrent quelque chose
00:31:12 que nous, on connaît bien.
00:31:14 À peu près dans le même temps, il y a la Vallée des Marcs,
00:31:16 il y a Villefontaine, dans le même département.
00:31:18 Donc, il y a également le centre commercial des Chirolles
00:31:20 et il y a Villefontaine.
00:31:21 Donc, il y a deux lieux sur le même département.
00:31:23 Moi, j'étais en police secours autour des années 2010.
00:31:25 On a une base de loisirs à Créteil avec des enfants,
00:31:27 des familles qui pique-niquaient
00:31:28 et des scooters qui se l'allumaient entre les familles.
00:31:30 Les familles en avaient marre, finissaient par ne plus nous appeler
00:31:33 parce qu'on était pieds et poings liés.
00:31:35 Comme vous le disiez, on ne pouvait pas intervenir.
00:31:37 On n'avait même pas le droit d'aller au contact.
00:31:38 Je ne parle pas de les toucher, mais juste d'aller au contact,
00:31:40 c'est-à-dire de leur demander d'arrêter de faire des rodeos
00:31:42 parce qu'on sentait qu'en fait, ça les excitait plus qu'autre chose.
00:31:45 Et finalement, les personnes désertent les lieux.
00:31:47 Et donc, oui, ce n'est pas une hausse, en fait.
00:31:50 C'est juste que la situation est de plus en plus connue
00:31:52 parce qu'il y a aussi les réseaux sociaux.
00:31:54 C'est surtout qu'en fait, on n'a pas réussi à endiguer le problème.
00:31:56 C'est ça qui est gravissime, c'est que ça fait 15-20 ans qu'on le dit
00:31:59 et ça fait 15-20 ans qu'on n'a pas endigué le problème.
00:32:01 Mais comment on l'a dans un centre commercial ?
00:32:02 On ne l'a jamais vu.
00:32:03 Vous l'aviez vu déjà dans un centre commercial ?
00:32:04 Dans un centre commercial, non.
00:32:05 En revanche, je vous l'ai dit, moi, je l'ai vu sur une base de loisirs
00:32:08 au milieu des nappes de familles, de pique-niques de familles.
00:32:10 Donc oui, évidemment, il y a cette...
00:32:12 Vous l'avez vu sur les salles pendant les matchs officiels.
00:32:14 Il y a une forme d'adrénaline, de défiance.
00:32:17 Il y a des maires dans certaines communes qui ont tenté de mettre à disposition
00:32:20 des pistes pour être hors public.
00:32:23 Ils n'y vont pas, ça ne les excite pas.
00:32:24 Eux, ce qui les excite, c'est de mettre en danger les autres,
00:32:27 peut-être tamponner des enfants et des personnes âgées
00:32:29 avant de faire un délit de fuite et puis surtout de défier la police.
00:32:32 C'est vrai, il y a une nouvelle dragonnelle,
00:32:33 compte à déchets sur toute la ligne,
00:32:34 mais pas pour les portes de l'or, mais parce que l'État est impuissant.
00:32:37 Bien sûr, non, mais en fait, ce sujet est une illustration
00:32:40 de tout ce qui ne va pas en matière de sécurité aussi.
00:32:43 Mais ce que je trouve, en fait, on pourrait avoir la tentation de se dire
00:32:46 bon, il faut beaucoup plus de policiers et tout.
00:32:47 Et en fait, je pense que la réponse n'est pas que policier.
00:32:50 Je ne suis pas du tout anti présence de la police sur la voie publique,
00:32:53 mais en fait, on doit aussi se poser des questions.
00:32:55 C'est-à-dire que même un État policier n'arriverait pas,
00:32:57 100% policier n'arriverait pas à lutter contre ça
00:32:59 s'il n'y a pas de réponse pénale et s'il n'y a pas les questions d'éducation
00:33:03 qui sont réglées.
00:33:04 Parce que le problème, en fait, avant toute chose,
00:33:06 la police, si vous voulez, quand vous l'appelez,
00:33:07 sauf quand elle est vraiment saturée, comme vous venez de l'expliquer,
00:33:10 elle intervient, elle interpelle.
00:33:12 Il n'y a pas de problème par rapport à ça, à quelques exceptions près.
00:33:15 En revanche, le problème, c'est que ce sont des jeunes
00:33:17 qui sont complètement décérébrés.
00:33:19 Et donc, en fait, il y a des vraies carences d'éducation, vraiment,
00:33:22 parce que des parents ont parfois...
00:33:24 - C'est décérébré, mais entraîné à faire des années par les autres.
00:33:27 - Et puis, il y a des parents, surtout, qui ne veulent pas, en fait,
00:33:29 assurer la mission d'éducation de leurs enfants et qui confient tout à l'école.
00:33:31 Sauf que l'école n'a pas pour mission de tout faire avec les enfants.
00:33:35 Et ensuite, le deuxième volet, on en parle très souvent,
00:33:37 c'est la question des réponses pénales.
00:33:39 Et tant qu'il n'y a pas de réponse beaucoup plus ferme,
00:33:41 tant qu'en fait, les peines appliquées,
00:33:42 les peines prononcées ne sont pas appliquées
00:33:44 et qu'il n'y a pas plus de places de prison,
00:33:46 eh bien, la dissuasion ne fonctionne pas.
00:33:49 Je trouve qu'en fait, on aurait tort de uniquement traiter cet aspect,
00:33:53 ce problème avec un regard uniquement policier.
00:33:56 Parce qu'en fait, ça fait des années qu'on entend
00:33:58 il faut toujours plus de bleus, toujours plus de bleus.
00:34:01 100 fois oui, mais en fait, on ne peut pas aussi...
00:34:03 - Le bleu, c'est les policiers. - Pardon, oui, les policiers.
00:34:06 Mais on a cette exigence même vis-à-vis de ne pas renégler,
00:34:10 vis-à-vis de la population,
00:34:11 de se dire qu'on doit réfléchir aussi aux causes
00:34:13 qui provoquent ce type de problème.
00:34:15 Un tout petit mot peut-être Marc et Eric ?
00:34:16 C'est affligeant, moi, comme vous le savez, je viens du CTHL Mdorly,
00:34:18 donc de 0 à 25 ans, j'y habitais, donc de 1970 à 1995.
00:34:24 Il y avait des endroits effectivement extrêmement dangereux,
00:34:26 on les connaissait, des cités.
00:34:27 Mais là, j'avoue que c'est partout.
00:34:28 C'est-à-dire qu'il y avait des cités où il ne fallait pas y aller,
00:34:31 on savait que dès qu'il faisait nuit, il ne fallait pas y aller,
00:34:33 pour ne pas avoir de problème.
00:34:34 Mais là aujourd'hui, c'est quand même...
00:34:35 Puis c'est une cité HLM, encore une fois, c'était bon,
00:34:37 il y avait une tension,
00:34:38 mais il y avait quand même, je pense, effectivement,
00:34:40 un certain respect de l'école, des enseignants, de la police, etc.
00:34:45 Avoir une crainte.
00:34:46 Là, aujourd'hui, il n'y a plus rien du tout.
00:34:47 Donc c'est ça, moi, qui m'inquiète,
00:34:48 c'est que voilà, dans des villes comme Brest ou autres,
00:34:50 qui a priori avaient l'air plus ou moins tranquilles, etc.
00:34:53 C'est en train de se généraliser et de déraper.
00:34:56 Et alors voilà, on ne sait pas,
00:34:57 il ne faut peut-être pas plus de police ou il en faut moins.
00:34:59 Il y a un problème de l'éducation certainement,
00:35:01 parce que malheureusement, l'école n'a pas joué son rôle
00:35:04 ou alors les parents non plus ne jouent pas leur rôle.
00:35:06 Donc c'est un problème sociétal global.
00:35:08 Je me dis, mais comment on en est arrivé là ?
00:35:10 Parce que comme on l'évoquait, ce n'est pas nouveau.
00:35:11 Ça ne vient pas d'arriver.
00:35:12 Ça fait des décennies et à chaque fois, on dit non, mais ça va.
00:35:14 Alors quand on en parle, on s'en offusque.
00:35:16 Et puis après, bon, mais ça se fout le tapis et puis on avance.
00:35:18 Il y a eu des années d'inversion des valeurs
00:35:20 où on expliquait qu'on avait le droit de cracher sur un policier,
00:35:22 que le policier était systématiquement
00:35:24 le responsable de tous les maux de la société.
00:35:27 Aujourd'hui, heureusement, il y a une inversion avec une prise de conscience
00:35:29 et de l'importance de rappeler toutes les échelles d'autorité dans la société.
00:35:34 Et sur les villes de l'Ouest, Nantes, Raide, Brest,
00:35:37 il ne faut pas oublier qu'il y a des élus
00:35:39 qui, il y a encore quelques jours, étaient en train de taper les policiers,
00:35:42 les gendarmes en disant c'est scandaleux parce qu'on veut faire des vaccins.
00:35:45 Donc quand ils ne veulent pas de protection,
00:35:47 ils veulent pas de protection.
00:35:48 Les élus sont eux-mêmes en train de mettre en cause des institutions.
00:35:50 Vous ne pouvez pas s'étonner qu'un homme de jeune ne respecte pas.
00:35:52 Éric, un tout petit mot parce que j'aimerais qu'on parle un peu du Trigaron.
00:35:54 À chaque fois, vous avez raison, on pourrait faire la même mission dans un an,
00:35:57 peut-être avec la gravité en plus.
00:36:00 Mais bon, réponse pénale insuffisante, OK, effectif, pas suffisant.
00:36:03 Mais maintenant, il y a deux hypothèses devant l'impuissance.
00:36:07 Puisqu'on constate que ces rodéos vont dans des endroits
00:36:11 où la mise en danger des gens qui viennent tranquillement est vacréchendo.
00:36:16 Il y a deux hypothèses.
00:36:17 Ou bien on laissera le terrain libre à ces abrutis.
00:36:21 Ou bien, ce qu'on a vu à Brest,
00:36:24 les gens prendront le problème eux-mêmes en main.
00:36:27 Et dans les deux cas de figure, c'est extrêmement dangereux.
00:36:31 Parce qu'en réalité, le type qui a été roué de coup, vous avez vu la fin du sujet,
00:36:34 il dit "même pas peur".
00:36:36 Mais en fait, on voit bien qu'il est choqué.
00:36:38 On voit bien qu'il a été amoché,
00:36:40 qu'il a été amoché mentalement et physiquement.
00:36:42 Puis c'est un militaire, il sait se battre.
00:36:45 Devant cette réaction-là, ou bien on laissera ces abrutis continuer
00:36:49 et prendre de plus en plus de risques pour nos vies quotidiennes.
00:36:51 Ou bien il y aura une réponse, on peut le regretter,
00:36:55 mais il y aura une réponse des gens qui vont eux-mêmes faire ce qu'il faut
00:36:59 pour ne pas attendre que la police arrive.
00:37:01 Sauf que dans ces...
00:37:02 Non mais attendez, je ne sais pas...
00:37:03 Sauf que dans les quartiers des gens...
00:37:04 Enfin, on pourrait y vivre encore,
00:37:06 dans les quartiers des gens capables d'aller se reposer à eux,
00:37:08 il n'y en a plus beaucoup.
00:37:09 En plus.
00:37:10 Parce qu'il faut avoir le courage.
00:37:11 C'est-à-dire qu'on va laisser, on ne va pas...
00:37:12 Pas seulement pour soi-même, mais pour sa famille.
00:37:13 Le far west va devenir généralisé.
00:37:15 Très bien.
00:37:16 Non, mais ce n'est pas ce qu'on veut dire.
00:37:17 Non, mais vous voyez ce que je veux dire.
00:37:19 Au bout d'un moment, mais vous êtes confronté à cette situation.
00:37:21 C'est une vérité que les gens en fassent justice eux-mêmes.
00:37:24 Il faut en fait qu'il y ait une réponse,
00:37:25 et qu'en fait ces faits ne se reproduisent pas.
00:37:27 Parce que sinon, en fait, tout est pris dans le mauvais sens.
00:37:30 Allez, j'aimerais juste qu'on parle de l'étude du Figaro,
00:37:32 parce qu'elle est vraiment édifiante,
00:37:33 sur la façon dont les Français perçoivent la lutte contre l'insécurité
00:37:37 et la hausse de la violence dans notre pays.
00:37:40 Explication de Somaïa Labidi,
00:37:41 et puis je vous passe la parole Linda Kebab.
00:37:45 Passons vers une généralisation de la violence dans les manifestations.
00:37:49 Pour près de 900 des sur 10,
00:37:51 la casse et les heurts vont devenir systématiques.
00:37:55 D'ailleurs, 62% d'entre eux pensent que l'exécutif n'a pas été à la hauteur.
00:38:01 Et même si le ministère de l'Intérieur a renforcé les effectifs des forces de l'ordre
00:38:05 lors des 12 journées de mobilisation contre la réforme des retraites,
00:38:09 50% estiment que ce n'est toujours pas suffisant.
00:38:13 Enfin, seuls 25% des personnes interrogées font confiance au gouvernement
00:38:18 en matière de sécurité du quotidien,
00:38:20 contre 38% pour la lutte contre le terrorisme.
00:38:24 Voilà, donc pour le sujet de Somaïa Labidi, Linda Kebab,
00:38:29 25% seulement des Français ont confiance dans le gouvernement
00:38:32 pour la sécurité du quotidien.
00:38:34 C'est pas confiance dans les policiers,
00:38:35 c'est confiance dans le gouvernement.
00:38:37 Ça en dit long quand même.
00:38:38 Oui, parce que la réponse, c'est une réponse globale.
00:38:41 Je veux juste préciser quelque chose, je profite d'être sur votre plateau pour le dire.
00:38:44 Il ne faut pas confondre manifestants et casseurs.
00:38:47 Moi, je suis sur les manifestations, je suis représentante du personnel
00:38:49 contre la réforme des retraites.
00:38:50 Depuis le 19 janvier, on a fait toutes les manifestations Unité AGP/Police FO.
00:38:53 En tant que manifestante, je précise.
00:38:56 Dans le cortège des manifestants classiques, c'est-à-dire pour ceux qui n'ont jamais manifesté,
00:39:00 il y a un cortège de têtes.
00:39:02 Généralement, c'est les secrétaires généraux des confédérations,
00:39:04 en l'occurrence, ce sont des confédérations qui déclarent la manif.
00:39:07 Et puis, il y a tous les manifestants derrière, de toutes les confédérations,
00:39:10 de toutes les branches professionnelles.
00:39:11 Et là où je veux arriver, c'est que devant ce cortège,
00:39:15 plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de mètres devant,
00:39:18 il y a des cortèges qui, eux, ne sont pas déclarés.
00:39:21 Ce sont des cortèges qui refusent même d'être associés à l'intersyndical.
00:39:24 Il y a notamment le syndicat CNT, qui est un syndicat plus ou moins anarchiste,
00:39:27 qui refuse d'être dans l'intersyndical.
00:39:29 Et au sein de ce cortège, il y a les casseurs,
00:39:32 qui souvent d'ailleurs nous ralentissent, les manifestants.
00:39:35 On a toute cette expérience d'être ralentis tout au long du parcours.
00:39:38 Donc c'est juste pour préciser auprès des gens,
00:39:40 que quand on voit des actions de police qui chargent,
00:39:43 ce ne sont jamais des manifestants classiques.
00:39:45 C'est toujours ce cortège de casseurs qui, en amont, à d'abord caillassé, brûle.
00:39:49 Il faut juste le préciser parce que les gens, souvent malheureusement,
00:39:52 sont victimes aussi de la tentative de manipulation d'opinion
00:39:54 par certains militants associatifs.
00:39:55 Mais là, il y a un constat qui est fait par les Français.
00:39:57 Et là, il y a un constat qui est fait parce que, tout simplement, c'est redondant.
00:40:00 Et c'est redondant pourquoi ? Je suis désolée, je vais encore en parler.
00:40:03 Mais quand vous avez des magistrats, et notamment le syndicat de la magistrature,
00:40:07 qui dit clairement dans son communiqué de presse,
00:40:09 on ne donnera pas de suite aux interpellations.
00:40:11 Quand vous avez des membres associatifs, je pense à la Ligue des droits de l'homme et à d'autres,
00:40:14 qui disent que de toute façon, les interpellations des policiers sont abusives, arbitraires,
00:40:17 parce que, évidemment, la casse, c'est les policiers,
00:40:19 le feu, c'est les policiers qui l'ont fait.
00:40:22 Et puis les policiers blessés, puisqu'on a presque 2 000 policiers et gendarmes blessés
00:40:26 depuis le début des manifs, évidemment, ils se blessent tous seuls.
00:40:29 Et quand vous avez un syndicat de la magistrature qui dit qu'il n'y aura pas de suite,
00:40:32 ça veut dire que ces casseurs reviennent.
00:40:34 C'est redondant, c'est permanent.
00:40:36 Je vais juste vous faire une petite anecdote pour vous expliquer à quel point c'est allé.
00:40:40 Quand il y avait des observateurs de la Ligue des droits de l'homme
00:40:42 sur la dernière manifestation, la semaine dernière,
00:40:44 ils n'étaient pas dans le cortège des manifestants classiques,
00:40:46 ils savaient très bien que ça se passerait bien, ça ne les intéresse pas.
00:40:48 Ils étaient dans le cortège des black blocs, ceux qu'ils appellent eux des manifestants,
00:40:51 qui ne sont pas des manifestants, encore une fois.
00:40:53 Tout au long de ce cortège, ils n'ont pas eu un mot pour la retraite.
00:40:56 Ils étaient d'ailleurs dans le même cortège où se trouvaient des députés LFI,
00:40:59 qui font croire, encore une fois, que les casseurs sont des manifestants.
00:41:01 Parmi les observateurs de la Ligue des droits de l'homme,
00:41:03 je le sais, j'ai les images, elles m'ont été envoyées,
00:41:05 il y en a un, donc ils avaient des dossards ou des scratchs,
00:41:09 avec le signe de la Ligue des droits de l'homme,
00:41:11 et bien parmi eux, il y en a un qui arrivait au niveau de la place de Bastille,
00:41:15 s'en est pris à des CRS, et a même arraché le scratch,
00:41:17 vous savez les CRS ont un scratch dans le dos qui signifie leur section d'appartenance,
00:41:21 et qui l'a mis sur lui et qui a nargué les CRS.
00:41:24 Et après derrière, si on a une charge des CRS, qu'est-ce qu'on va dire ?
00:41:27 Ah ben ils ont chargé des observateurs de la Ligue des droits de l'homme.
00:41:29 J'ai ces images, la Ligue des droits de l'homme ne peut pas nier.
00:41:31 Ah oui, donnez-les-nous, on les diffusera sur internet.
00:41:35 On voit dans un extrait, il faut savoir que la personne qui filme cet extrait,
00:41:38 assiste à la scène, filme au moment où la personne passe,
00:41:41 avec son scratch de la Ligue des droits de l'homme,
00:41:43 et celui de CRS sur le ventre, pour bien montrer que c'est un totem, un butin de guerre.
00:41:47 Et dans la foulée, il a voulu filmer le reste de la scène,
00:41:50 il a été pris à partie par des black blocs.
00:41:52 Voilà, comme quoi la roussard a arrosé.
00:41:54 Mais après, sur la défiance des Français, et Louis Dragnel, c'est peut-être ça aussi,
00:41:57 la défiance des Français vis-à-vis du gouvernement.
00:41:59 25% des Français, c'est en baisse de 4 points,
00:42:01 seulement font confiance au gouvernement pour la sécurité du quotidien.
00:42:04 Ça, c'est très grave.
00:42:06 Bien sûr, et c'est très dur.
00:42:08 C'est-à-dire qu'en plus, c'est des sondages qui étaient beaucoup plus élevés,
00:42:11 il y a quelques mois encore, il y a quelques semaines même,
00:42:14 c'était 10 points supérieurs.
00:42:16 Donc ça veut dire qu'il y a vraiment une chute,
00:42:18 et donc les Français, effectivement, font beaucoup moins confiance au gouvernement.
00:42:21 En fait, je pense qu'il y a deux éléments.
00:42:23 Le premier élément, c'est que les Français s'habituent à voir ces images
00:42:26 systématiquement après les manifestations.
00:42:28 Et donc, cette banalisation fait que vous avez plus de 80% des Français
00:42:32 qui disent qu'ils ne sont pas étonnés de voir de la casse et des violences
00:42:34 contre les policiers.
00:42:36 Ils ne sont pas étonnés, ils s'attendent à ça, les Français.
00:42:38 C'est quand même quelque chose d'assez inquiétant.
00:42:40 Et effectivement, le deuxième élément,
00:42:42 pointe la responsabilité du gouvernement.
00:42:44 Mais en fait, je pense que la responsabilité n'est pas celle de l'utilisation de la police.
00:42:48 C'est le fait que ça ne cesse pas.
00:42:50 C'est le fait qu'il n'y a pas de résultat.
00:42:52 Parce que la police est déployée, est mobilisée.
00:42:54 Les escadrons de gendarmes mobiles et les CRS, principalement,
00:42:58 font le boulot et le font très bien avec beaucoup de professionnalisme.
00:43:00 Moi, je suis impressionné qu'il y ait une telle maîtrise,
00:43:02 même par rapport à...
00:43:04 Ils sont quand même fatigués, ils se prennent des trucs sur la tête quasiment toutes les semaines.
00:43:08 Donc, il y a un moment où, humainement, on peut comprendre
00:43:10 que ça commence à bouillir un peu, à bouillonner un peu sous la carapace.
00:43:14 Mais du coup, ça rejoint le sujet de tout à l'heure.
00:43:16 Je pense qu'il faut s'intéresser maintenant aux vraies causes,
00:43:18 c'est-à-dire pourquoi est-ce que vous avez des jeunes qui se disent
00:43:20 "Aujourd'hui, on fait ça"
00:43:22 et aux conséquences, et donc on en revient toujours,
00:43:24 et c'est ce que vous évoquiez tout à l'heure,
00:43:26 aux réponses pénales, tant qu'il n'y a pas de dissuasion.
00:43:28 Et je trouve que c'est, encore une fois,
00:43:30 et je termine par là, c'est un faux débat de se dire
00:43:32 qu'il n'y a pas assez de policiers, qu'il faut que les policiers aillent plus loin.
00:43:34 Non, mais les Français le pensent quand même.
00:43:36 50% pensent qu'il n'y a pas assez de force de l'ordre.
00:43:38 Ça reste dans leur tête.
00:43:40 Oui, mais en fait, le problème n'est pas l'utilisation des policiers.
00:43:42 Ils interpellent, ils extraient, on les voit pendant les manifestations.
00:43:44 Le problème, c'est que vous avez un taux de libération après,
00:43:46 un taux de classement sans suite qui est considérable.
00:43:48 François Puponi.
00:43:50 Les Français, ils vivent ce qu'ils voient tous les jours
00:43:52 dans leurs rues, dans leurs quartiers,
00:43:54 dans leurs villes, c'est-à-dire qu'une espèce d'impunité.
00:43:56 Donc, ils ont le sentiment, effectivement,
00:43:58 que la police essaie de faire ce qu'elle peut,
00:44:00 mais que là, pour le coup, ils mettent en cause le gouvernement.
00:44:02 Je pense que si on fait le même sondage sur la justice,
00:44:04 on aura à peu près le même résultat,
00:44:06 la justice par rapport à la délinquance du quotidien.
00:44:08 Et donc, les gens ont le sentiment,
00:44:10 les citoyens ont le sentiment d'être abandonnés.
00:44:12 Nos autorités, nos institutions ne sont plus capables de nous protéger.
00:44:16 Alors, il y a ceux qui ne disent rien parce qu'ils ont peur,
00:44:18 il y a ceux qui ne disent rien parce qu'ils disent OK,
00:44:20 et puis qui un jour voteront, et voteront à l'extrême droite,
00:44:22 parce qu'on voit bien comment le score monte.
00:44:24 Et c'est une des causes, parce qu'ils disent,
00:44:26 on n'est pas protégé, on a tout essayé,
00:44:28 la droite, la gauche, Macron,
00:44:30 on va voir avec Marine Le Pen si ça peut marcher.
00:44:32 Parce que ce sentiment d'abandon par les institutions,
00:44:36 il est insupportable pour le citoyen,
00:44:38 et on va à la catastrophe.
00:44:40 Parce que de tels sondages,
00:44:42 c'est extrêmement inquiétant pour les institutions générales.
00:44:44 Ce n'est pas la police qui est en cause,
00:44:46 c'est l'incapacité des gouvernants de protéger le citoyen.
00:44:50 Même pour les policiers, ça doit être interpellant,
00:44:52 ce genre de discours.
00:44:54 Les Français ne font pas confiance à l'État.
00:44:56 C'est lassant, c'est usant pour les collègues,
00:44:58 on les pousse à bout.
00:45:00 Je ne vous parle pas des journées à rallonge,
00:45:02 sous le feu, sous la violence,
00:45:04 avec des collègues, je vais être très trivial,
00:45:06 qui n'en peuvent plus, qui pètent un câble.
00:45:08 Et qui nous disent, à la fin de leur semaine,
00:45:10 notamment quand il y a eu des grosses mobilisations,
00:45:12 j'ai le sentiment d'être un robot.
00:45:14 Avec le sentiment aussi, parce que les Français
00:45:16 disent qu'ils ne sont pas protégés,
00:45:18 mais les collègues aussi.
00:45:20 Un policier qui fait une erreur,
00:45:22 on ne lui fera pas de cadeau,
00:45:24 puisque le fait d'être un policier quand on commet une faute,
00:45:26 c'est une circonstance aggravante.
00:45:28 Aujourd'hui, être policier quand on est victime,
00:45:30 ce n'est plus une circonstance aggravante pour l'auteur.
00:45:32 C'est-à-dire qu'on n'est plus protégé en tant que policier.
00:45:34 Et vous avez des collègues qui nous disent
00:45:36 que la Constitution derrière nous, notre administration,
00:45:38 nous découpe dès qu'elle le peut.
00:45:40 La justice n'est pas à la hauteur.
00:45:42 Dès lors qu'on interpelle, on voit les personnes
00:45:44 qui sont libérées et qui recommencent.
00:45:46 Là, vous parlez de la redondance des violences dans les manifestations,
00:45:48 mais c'est la redondance des violences de manière générale,
00:45:50 même dans la sécurité du quotidien.
00:45:52 Parce que c'est toujours les mêmes individus.
00:45:54 C'est-à-dire qu'il y a un petit groupe de personnes
00:45:56 dans la société qui commet l'écrasante majorité
00:45:58 des actes de délinquance et criminels.
00:46:00 Et donc, du coup, ils disent, à la fin,
00:46:02 on a le sentiment que les gens vont se faire justice,
00:46:04 et alors par contre, un policier qui va avoir
00:46:06 un mot malheureux à l'égard d'un casseur
00:46:08 qui le provoque, oui, alors là, ça va faire la une des JT.
00:46:10 On va le voir dans les unes de rédac',
00:46:12 et notamment celles qui sont très militantes.
00:46:14 Mais en revanche, j'allais parler...
00:46:16 - Pas partout. - Oui, bien sûr, pas partout.
00:46:18 Je parle des rédactions militantes,
00:46:20 et de celles qui n'ont pas l'audace de la vérité.
00:46:22 Mais au final, les policiers, là-dessus,
00:46:24 ils sont exactement dans la même situation
00:46:26 que le reste des Français.
00:46:28 - On est d'accord. Un tout petit mot, Marc, toi, sur ce sondage.
00:46:30 - Moi, je me suis assez quand même stupéfait
00:46:32 de voir les 20% qui étaient mécontents du gouvernement,
00:46:34 25% qui font confiance sur, effectivement, la sécurité.
00:46:36 Finalement, pareil, si on voit l'indice
00:46:38 de confiance des ménages au sens large
00:46:40 sur des plus bas historiques,
00:46:42 et malgré cela, comment on répond à cela ?
00:46:44 Ah bah tiens, on va faire... Il y a trois nouveaux chantiers,
00:46:46 on va voir, on va se donner 100 jours, etc.
00:46:48 C'est pas la réponse qu'il faut, je pense.
00:46:50 Là, il faut être beaucoup plus "motivant".
00:46:52 Et, encore une fois,
00:46:54 c'est ça qui me surprend.
00:46:56 C'est qu'on a l'impression
00:46:58 qu'il n'y a pas de direction.
00:47:00 Où veut-on aller ? Parce que ça empierre en permanence.
00:47:02 - Le pays n'est pas tenu.
00:47:04 C'est ce que nous disent beaucoup les gens.
00:47:06 - Mais c'est ça qui est dangereux.
00:47:08 Et donc, derrière, il y a la tentation des extrêmes.
00:47:10 Et sauf que, ensuite, qu'est-ce qui va devenir de la France ?
00:47:12 Je rappelle, pour notre crédibilité, pour notre stabilité,
00:47:14 moi, c'est ça qui, aujourd'hui, m'inquiète.
00:47:16 Je n'aurais jamais cru que ça arriverait aussi vite.
00:47:18 - Allez, une petite pause. On se retrouve dans un instant
00:47:20 dans "Punchline", sur CNews et sur Europe 1.
00:47:22 On revient sur ces violences qui ont suivi l'allocution d'Emmanuel Macron.
00:47:24 Et puis, on parlera aussi
00:47:26 de ce qui se passe, ce soir,
00:47:28 à Saint-Denis, où le président est attendu.
00:47:30 À tout de suite.
00:47:32 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes.
00:47:36 Bienvenue dans "Punchline", ce soir, sur CNews et sur Europe 1.
00:47:38 Les manifestations se poursuivent.
00:47:40 Au lendemain de l'allocation d'Emmanuel Macron à la télévision,
00:47:42 hier, des heurts se sont produits à Paris,
00:47:44 Bordeaux, Lyon, Nantes,
00:47:46 ou encore Rennes. Et ce soir, c'est à Saint-Denis,
00:47:48 où le président doit se rendre en visite,
00:47:50 que des manifestants sont réunis
00:47:52 pour réclamer le retrait de la réforme des retraites.
00:47:54 Deux ministres sont restés bloqués,
00:47:56 cet après-midi, par d'autres manifestants
00:47:58 dans une caisse d'allocations familiales à Paris,
00:48:00 symbole d'un pouvoir empêché,
00:48:02 et qui tentent de se débunkeriser. Ils ont dû sortir
00:48:04 sous escorte policière. On sera à Saint-Denis
00:48:06 dans un instant. Et puis, on entendra aussi
00:48:08 tout à l'heure, vers 18h30,
00:48:10 le témoignage très fort d'un père endeuillé
00:48:12 qui se bat pour faire bouger le monde du rugby,
00:48:14 après la mort de son fils de 18 ans. C'était en
00:48:16 2009, sur un terrain,
00:48:18 après un double plaquage ultra-violent. Face à lui,
00:48:20 un milieu où règne l'OMERTA,
00:48:22 où les règles n'évoluent pas assez vite,
00:48:24 pour éviter la mort de jeunes sportifs. Rendez-vous tout à l'heure
00:48:26 pour le témoignage de Philippe Chauvin.
00:48:28 Voilà pour les grandes lignes de l'actualité. Tout de suite, le rappel
00:48:30 des titres du journal de 18h.
00:48:32 18h, bienvenue,
00:48:46 si vous nous rejoignez sur Europe 1 et sur CNews.
00:48:48 Emmanuel Macron a reçu aujourd'hui le MEDEF,
00:48:50 l'ACPME et l'Union des entreprises
00:48:52 à l'Elysée. Des leaders
00:48:54 de trois organisations patronales
00:48:56 pour échanger pendant près de deux heures. Écoutez,
00:48:58 Geoffroy Roux de Bézieux, le président du MEDEF.
00:49:00 La chaise vide,
00:49:02 je pense que ce n'est pas une politique de long terme
00:49:04 parce qu'il y a des sujets. Mais d'ailleurs,
00:49:06 j'ai écouté avec attention
00:49:08 le leader de l'ACFDT hier, qui disait,
00:49:10 je ne sais plus, il parlait de l'entreprise
00:49:12 en disant "quand il y a un patron avec lequel on n'est pas d'accord,
00:49:14 au bout d'un moment, on revient discuter".
00:49:16 Il y a un temps à trouver, j'espère qu'on pourra
00:49:18 dans le courant du mois de mai, refaire des réunions.
00:49:20 En tout cas, nous, notre intention,
00:49:22 MEDEF, c'est d'aller au contact des organisations syndicales.
00:49:25 Une nouvelle nuit de violence
00:49:27 hier à Lyon. Après l'élocution d'Emmanuel Macron,
00:49:29 des individus sont entrés par effraction
00:49:31 dans la mairie du premier arrondissement.
00:49:33 Un poste de police municipale a également
00:49:35 été incendié, de policiers blessés.
00:49:37 Des violences que condamnent l'adjoint
00:49:39 au maire de Lyon, tout en pointant
00:49:41 la responsabilité d'Emmanuel Macron.
00:49:43 Il y a une lutte qui est légitime
00:49:45 contre cette réforme des retraites,
00:49:47 qui est une réforme injuste.
00:49:49 Aujourd'hui, il y a une grande responsabilité
00:49:51 sur ces violences de la part du Président
00:49:53 de la République et du gouvernement.
00:49:55 Il faut continuer à lutter,
00:49:57 à lutter pacifiquement,
00:49:59 et moi, j'en appelle à la désobéissance
00:50:01 et surtout pas à la violence.
00:50:03 Voilà, la désobéissance
00:50:05 par un élu de la République.
00:50:07 Et encore une fusillade à Marseille la nuit dernière.
00:50:09 Des détonations ont été entendues dans les quartiers
00:50:11 nord de la ville vers 2h du matin, 4 blessés par balle.
00:50:13 Ont été retrouvés près d'un point de dîle,
00:50:15 selon une source policière,
00:50:17 le pronostic vital de 3 d'entre eux est engagé.
00:50:19 Un sondage,
00:50:21 d'Oxa pour Fiducial et Le Figaro,
00:50:23 sur la question de la sécurité.
00:50:25 Les Français ne sont pas tendres envers le gouvernement.
00:50:27 62% d'entre eux estiment que l'exécutif
00:50:29 n'est pas à la hauteur.
00:50:31 50% pensent que les forces de l'ordre
00:50:33 ne sont pas assez nombreuses.
00:50:35 L'inflation. Michel-Edouard Leclerc
00:50:37 était l'invité de CNews ce matin.
00:50:39 Le président des magasins Leclerc a assuré
00:50:41 que l'inflation allait s'intensifier
00:50:43 avant de baisser pour la rentrée.
00:50:45 Écoutez-le.
00:50:47 Pour la rentrée, je serai quand même
00:50:49 prophète de meilleures nouvelles.
00:50:51 Nous avons, tous les distributeurs,
00:50:53 mais je parle à travers les chiffres de Leclerc,
00:50:55 nous avons acheté déjà les produits
00:50:57 de rentrée des classes.
00:50:59 Les produits de rentrée des classes sont en très faible inflation.
00:51:01 C'est inférieur à 3%.
00:51:03 Voilà pour le rappel des titres de l'actualité.
00:51:05 Il est 18h02. Sur le plateau de Punstein,
00:51:07 nous sommes avec Louis de Ragnel, chef du service politique d'Europe 1.
00:51:09 Bonsoir Louis. Bonsoir Laurence.
00:51:11 Linda Kebab, policière déléguée nationale
00:51:13 Unité SEP. Bonsoir Madame Kebab.
00:51:15 Avec Julien Dray. Bonsoir Julien.
00:51:17 Ravie de vous retrouver sur le plateau. Ça faisait longtemps.
00:51:19 Et Franck Louvrier. Bonsoir. Maire Les Républicains
00:51:21 de La Paule. Bonsoir à tous les deux.
00:51:23 On va commencer par ce qui s'est passé après
00:51:25 l'allocution d'Emmanuel Macron hier.
00:51:27 Des tensions, je vous le disais, dans plusieurs villes de France
00:51:29 avec plusieurs milliers de personnes qui se sont rassemblées
00:51:31 pour des concerts de casserole
00:51:33 qui, pour des violences, malheureusement...
00:51:35 Écoutez ce reportage de Marine Sabourin.
00:51:39 Une nouvelle fois, des cortèges sauvages
00:51:41 ont dégénéré partout en France.
00:51:43 Des poubelles brûlées
00:51:45 et des affrontements avec les forces de l'ordre.
00:51:47 A Lyon, un groupe violent est entré par effraction
00:51:51 dans la mairie du premier arrondissement
00:51:53 après avoir incendié le poste de police
00:51:55 municipal situé à proximité.
00:51:57 Des sapeurs-pompiers
00:51:59 ont été la cible de nombreux jets de projectiles
00:52:01 et des dizaines de poubelles
00:52:03 ont été brûlées par ces individus.
00:52:05 Depuis 20h, de nombreux manifestants
00:52:07 se sont rassemblés
00:52:09 et ont partagé souvent le même avis.
00:52:11 Il ne veut pas nous entendre,
00:52:13 il ne veut pas nous écouter.
00:52:15 Nous non plus, on ne veut pas l'écouter.
00:52:17 Et donc on sera là pour couvrir sa voix
00:52:19 par un concert de casserole.
00:52:21 Je ne peux plus le supporter.
00:52:23 Je ne veux plus l'entendre, je ne veux plus le voir.
00:52:25 Je vous le dis sincèrement, je vous le dis dégueulasse.
00:52:27 Lors de son allocution, Emmanuel Macron a déclaré
00:52:29 ne pas vouloir rester sourd
00:52:31 à la revendication de justice sociale.
00:52:33 Le président de la République a réaffirmé
00:52:35 l'implication de la réforme des retraites
00:52:37 dès cet automne.
00:52:39 Franck Louvrier, on a l'impression
00:52:41 que les violences ne vont jamais s'arrêter, que la colère ne retombe pas.
00:52:43 J'espère pas. Qu'est-ce qu'on veut ?
00:52:45 On veut mettre le pays à feu et à sang ?
00:52:47 C'est quoi l'objectif ?
00:52:49 Quand vous dites "on", c'est qui ?
00:52:51 Les gens qui manifestent, ils veulent aller jusqu'où ?
00:52:53 Je comprends leur désarroi.
00:52:55 Je comprends que le processus
00:52:57 est allé jusqu'à sa fin.
00:52:59 Mais qu'à un moment donné, il faut prendre ses responsabilités.
00:53:01 Le processus n'est pas à juridique.
00:53:03 Il est à respecter,
00:53:05 bien évidemment, notre Constitution.
00:53:07 Maintenant,
00:53:09 la recherche et le message
00:53:11 d'hier soir du président de la République
00:53:13 vers un apaisement supplémentaire
00:53:15 est indispensable.
00:53:17 On peut se remettre autour de la table,
00:53:19 se remettre à discuter.
00:53:21 C'est quoi l'alternative à tout ça ?
00:53:23 C'est la révolte, la révolution, le chaos complet ?
00:53:25 On cherche pas ça. Il y a 4 ans,
00:53:27 avec le président de la République, j'entends des gens qui disent
00:53:29 qu'il doit partir. Mais non, c'est pas comme ça que ça se passe dans nos institutions.
00:53:31 On est élu
00:53:33 pour un mandat de 5 ans.
00:53:35 Donc à partir de ce moment-là, il a été élu
00:53:37 fraîchement en plus, parce que c'était il n'y a qu'un an.
00:53:39 Donc il faut se remettre
00:53:41 dans une situation où
00:53:43 on traite les choses avec
00:53:45 à la fois détermination,
00:53:47 je pense que c'était un peu le message d'hier,
00:53:49 mais aussi avec couverture à l'endroit
00:53:51 des sujets qui sont indispensables.
00:53:53 C'est vrai que peut-être que lors de lancement
00:53:55 des sujets n'étaient pas le bon.
00:53:57 On peut pleurer sur l'air
00:53:59 et converser, mais maintenant c'est le cas.
00:54:01 La situation, elle est là.
00:54:03 Il faut plutôt apaiser
00:54:05 les choses, plutôt qu'essayer de mettre de l'huile sur le feu.
00:54:07 - Julien Dray, vous n'êtes pas d'accord avec ça ?
00:54:09 La colère, elle retombe pas ?
00:54:11 - Je pense que cette réforme est légitime au sens des institutions.
00:54:13 Mais son injustice,
00:54:15 elle reste, elle demeure. Et ce qui est la base
00:54:17 de la colère des gens, c'est cette injustice.
00:54:19 C'est ces gens qui, dès le mois de septembre,
00:54:21 vont être amenés à travailler. Et c'est pas les plus
00:54:23 favorisés dans le travail, qui vont être amenés
00:54:25 à travailler 2 ans de plus. Et c'est lourd 2 ans de plus
00:54:27 pour tous ces gens
00:54:29 qui ont déjà travaillé 35
00:54:31 ou 40 ans.
00:54:33 L'injustice, elle est là.
00:54:35 Elle est insupportable pour
00:54:37 beaucoup de nos concitoyens. Et alors,
00:54:39 il y a quelque chose qui se rajoute, qui est quelque chose de nouveau,
00:54:41 que je disais à Franck, qui sait ce que c'est
00:54:43 que la popularité, puisqu'il l'a mesurée
00:54:45 à une autre période.
00:54:47 Je n'ai jamais vu ça.
00:54:49 Dans mon expérience de politique,
00:54:51 je n'ai jamais vu un président de la République
00:54:53 autant décrié.
00:54:55 - Détesté. - Détesté. Vous savez,
00:54:57 la dame que vous avez vue, là, qui dit
00:54:59 "je ne le supporte plus, j'entends ça maintenant de plus en plus
00:55:01 autour de moi". Il y a des gens même qui ont voté
00:55:03 pour lui, qui me disent "je me suis fait avoir 2 fois,
00:55:05 4 fois, plus jamais je me ferai avoir".
00:55:07 Et vous voyez, il y a un signe qui ne trompe pas.
00:55:09 J'avais entendu l'histoire des casseroles.
00:55:11 Je me disais "bon, ça va être un peu rigolo,
00:55:13 mais dans mon quartier,
00:55:15 ça n'a pas..."
00:55:17 Ma grande surprise, à 20h, j'étais obligé
00:55:19 de ne pas regarder le président, d'aller voir, parce qu'il y avait
00:55:21 les casseroles partout. Donc,
00:55:23 Franck, je pense, je m'excuse,
00:55:25 mais que par rapport à tout ce que vous avez connu,
00:55:27 ce que moi aussi j'ai connu, à d'autres moments,
00:55:29 on a atteint un point maximum.
00:55:31 Alors, excusez-moi, mais on a un président,
00:55:33 on a une équipe, avec autour du président,
00:55:35 j'ai rarement vu des incompétents pareils.
00:55:37 - Ça c'est encore un autre sujet. - Ça c'est autre chose.
00:55:39 - Franck Goubet, après l'Union d'Akébab. - Le président de la République,
00:55:41 dans nos institutions, c'est le premier responsable.
00:55:44 Il n'y a pas de débat là-dessus, il est utilisé au suffrage universel direct.
00:55:47 Il n'y a même plus... Vous voyez,
00:55:49 c'était intéressant l'image de tout à l'heure, parce qu'on voyait le président de la République
00:55:51 avec le premier ministre. Ça faisait longtemps que je ne les avais pas vus ensemble
00:55:53 autour d'une table. - Oui, parce qu'il y a donné 100 jours de plus.
00:55:55 - Non, mais c'est tout à fait intéressant, c'est que l'expression
00:55:57 "couple exécutif" qu'on a connue
00:55:59 dans une autre période n'existe plus.
00:56:01 Plus les commentateurs
00:56:03 utilisent le terme "couple exécutif".
00:56:05 Donc, ça prouve bien qu'aujourd'hui,
00:56:07 il y a bien évidemment un abcès de fixation
00:56:09 qui est le président de la République
00:56:11 d'une façon ou d'une autre. Mais, je veux dire,
00:56:13 on est aussi en responsable.
00:56:15 Qu'est-ce qu'on fait après tout ça ?
00:56:17 On veut quoi ? On veut quoi faire dans notre pays ?
00:56:19 Et à un moment donné, il faut se remettre
00:56:21 autour de la table.
00:56:23 Les images, alors c'est vrai qu'il manque ça de connecteur.
00:56:25 - Il y a un personnage, vous le connaissez,
00:56:27 qui s'appelait M. De Villepin.
00:56:29 À un moment donné, je crois, il a compris que le CPE,
00:56:31 ça ne passait pas, malgré qu'il n'a pas promulgué.
00:56:33 - Et bien, dans nos institutions...
00:56:35 - Surtout le président de la République.
00:56:37 - Dans nos institutions de 58,
00:56:39 il y a des outils, il y a le référendum,
00:56:41 il y a plein de choses. - Mais il s'est débrouillé pour qu'on n'ait pas de référendum.
00:56:43 - À lui de prendre les décisions,
00:56:45 et les décisions politiques, les plus à même,
00:56:47 j'ai compris, pendant 100 jours.
00:56:49 Donc on a 100 jours de réflexion.
00:56:51 - Après, il y a Waterloo pour les autres jours.
00:56:53 - Ça dépend pour qui. - Linda Kébab,
00:56:55 quand on voit, évidemment, que les violences ne s'arrêtent pas,
00:56:57 qu'il y a des cortèges sauvages à peu près
00:56:59 dans de très nombreuses villes,
00:57:01 24 000 personnes étaient hier en manifestation,
00:57:03 selon le ministère de l'Intérieur, il y a une soixantaine d'interpellations,
00:57:05 les policiers vont avoir
00:57:07 à affronter ces scènes-là
00:57:09 pendant des semaines, peut-être ?
00:57:11 Pendant des semaines, peut-être pendant des mois,
00:57:13 et encore une fois, on fait peser,
00:57:15 ça a été exactement la même chose pour les Gilets jaunes,
00:57:17 on fait peser sur les épaules des policiers
00:57:19 la responsabilité d'une politique sociale
00:57:21 et économique. Cette réforme des retraites,
00:57:23 moi je vous le dis en tant que représentant du personnel,
00:57:25 elle est injuste. On vient de remplacer
00:57:27 les deux meilleures années de retraite des gens,
00:57:29 et notamment des plus précaires, par les deux pires années de travail.
00:57:31 Celle où l'espérance de vie
00:57:33 en bonne santé, peut-être, sera la moins bonne.
00:57:35 Parce qu'on nous parle tout le temps, et on nous bassine avec l'espérance de vie
00:57:37 en France, mais on ne nous parle pas de l'espérance de vie
00:57:39 en bonne santé. Et moi, quand je vois, notamment,
00:57:41 des éboueurs, des personnes qui sont dans la précarité,
00:57:43 alors on ne parle pas des seniors, dont un sur deux
00:57:45 est au chômage, mais aujourd'hui,
00:57:47 à qui on va demander de travailler deux ans de plus,
00:57:49 et lorsqu'il y a de la colère qui est légitime,
00:57:51 la colère est légitime, mais la violence qui ne l'est pas,
00:57:53 eh bien on va dire aux policiers,
00:57:55 "Bon, prenez des cours, et puis surtout,
00:57:57 vous ne serez pas de toute manière soutenus,
00:57:59 ni par vos administrations, ni par le politique."
00:58:01 Donc oui, en fait, c'est une situation
00:58:03 qui est inextricable, parce qu'on a des policiers
00:58:05 aujourd'hui qui sont contre la réforme des retraites,
00:58:07 qui ont clairement cette réforme régressive,
00:58:09 et qui, en même temps, doivent faire leur travail,
00:58:11 parce qu'ils sont républicains, parce qu'ils sont respectueux
00:58:13 des institutions, et parce qu'ils sont courageux,
00:58:15 et qui vont sur le terrain, et qui vont lutter contre les violences.
00:58:17 En étant blessés, je rappelle, presque 2 000 policiers
00:58:19 blessés depuis le début des mobilisations.
00:58:21 - J'y viendrai. Absolument.
00:58:23 - Dans les décisions du Conseil constitutionnel,
00:58:25 les républicains avaient obtenu que la pénibilité,
00:58:27 les conditions de travail des policiers soient prises
00:58:29 en considération dans leur départ à la retraite,
00:58:31 et cyniquement, d'ailleurs, le gouvernement le savait,
00:58:33 ça a été annulé par le Conseil constitutionnel.
00:58:35 - Oui, enfin... - Les promesses t'engagent
00:58:37 que ceux qui les croient.
00:58:39 - Ces scènes de guérilla qu'on a tous les soirs,
00:58:41 dans certaines villes, Louis Dragonel, on se demande
00:58:43 quand ça va s'arrêter, effectivement.
00:58:45 - Alors, bien malin est celui qui sait quand ça va s'arrêter.
00:58:47 Moi, ce que je constate, quand même, c'est deux choses
00:58:49 par rapport à ce que disait Julien Dray.
00:58:51 Quand vous citiez des gens qui disaient "on n'en peut plus
00:58:53 du président", c'est des choses, effectivement,
00:58:55 qu'on entend de plus en plus dans le pays.
00:58:57 Premier élément, la difficulté,
00:58:59 ce qui est reproché à Emmanuel Macron
00:59:01 derrière ces mots-là, c'est qu'en fait,
00:59:03 il est très autoritaire,
00:59:05 et en fait, un pouvoir fort, souvent,
00:59:07 exerce une autorité qui est plutôt naturelle
00:59:09 et acceptée par tous, et un pouvoir faible
00:59:11 doit exercer l'autorité,
00:59:13 et donc, passe pour un autoritaire
00:59:15 puisqu'il n'est pas soutenu.
00:59:17 Et c'est ce qui s'est passé, en fait, même dans le processus
00:59:19 de validation de la loi,
00:59:21 où on voyait qu'Emmanuel Macron a utilisé
00:59:23 tous les artifices constitutionnels
00:59:25 et légaux pour essayer de passer en force,
00:59:27 et c'est ça qui a déplu fortement.
00:59:29 Le deuxième élément, c'est qu'on voit bien
00:59:31 qu'Emmanuel Macron ne veut pas partager le pouvoir.
00:59:33 Et une des réponses politiques
00:59:35 aurait été, par exemple,
00:59:37 je parle à Franck Clouvrier,
00:59:39 qui vient des Républicains, peut-être de tendre la main
00:59:41 un peu plus aux Républicains.
00:59:43 Il vous dit "Venez avec moi", mais lui ne fait pas
00:59:45 de pas ni de gestes vers vous, et idem,
00:59:47 en direction du Parti Socialiste,
00:59:49 et donc, dès lors qu'il ne veut pas partager le pouvoir,
00:59:51 on a du mal à voir comment la déconfliction,
00:59:53 comment est-ce que ça peut retomber.
00:59:55 Il ne veut pas partager le pouvoir, mais il veut bien chanter.
00:59:57 On va voir dans un instant qu'il s'est prêté
00:59:59 au jeu avec des jeunes dans la rue,
01:00:01 hier soir, après l'allocution télévisée.
01:00:03 Il est allé se décontracter un peu
01:00:05 avec son épouse dans les rues de Paris, et il a chanté
01:00:07 des chants pyrénéens. A tout de suite dans "Bonne Joueur".
01:00:09 18h16, on se retrouve en direct sur Europe 1
01:00:15 et sur CNews. On va évoquer
01:00:17 cette séquence assez surprenante.
01:00:19 Le président Macron, après son allocution d'hier,
01:00:21 qui a été suivie par 15 millions de téléspectateurs
01:00:23 et auditeurs, s'est promené dans les rues
01:00:25 de Paris avec son épouse,
01:00:27 il a rencontré des jeunes dans le 6e arrondissement
01:00:29 qui, visiblement,
01:00:31 lui ont proposé de chanter avec eux des chants
01:00:33 pyrénéens. On va écouter cette séquence
01:00:35 qui est un peu surprenante, je vous le disais,
01:00:37 puis on va essayer de la décrypter ensuite avec Gautier Lebret.
01:00:39 D'abord, la chanson pyrénéenne du président Macron.
01:00:41 Aux quatre coins, aux montagnes perdues,
01:00:49 Dans la brume et dans les jeux,
01:00:55 Comme un vent de salut,
01:01:01 Qui fait beau t'endormir,
01:01:07 Sans refus de le soir.
01:01:12 Voilà donc pour cette séquence surprenante,
01:01:15 Emmanuel Macron, qui a le cœur à chanter
01:01:17 après son allocution,
01:01:19 alors qu'il y a des manifestations dans tout le pays encore.
01:01:21 Gautier Lebret, vous êtes avec nous
01:01:23 du service politique de CNews.
01:01:25 Qu'est-ce qui s'est passé lors de cette séquence ?
01:01:27 Expliquez-nous les circonstances.
01:01:29 Alors, il est aux alentours de 22h15
01:01:31 quand un groupe de jeunes
01:01:33 s'approche du président de la République.
01:01:35 Il lui demande d'entonner ce chant
01:01:37 des Pyrénées avec lui.
01:01:39 Il faut savoir que ce groupe de jeunes
01:01:41 a créé une application
01:01:43 qui s'appelle "Canto".
01:01:45 Cette application regroupe des chansons paillardes,
01:01:47 des chansons régionales,
01:01:49 patriotiques, nationalistes,
01:01:51 diront certains.
01:01:53 Libération avait accusé Canto
01:01:55 d'héberger également des chansons
01:01:57 du Troisième Reich.
01:01:59 C'est très difficile de rentrer en contact
01:02:01 avec ces jeunes.
01:02:03 Tous les médias les cherchent,
01:02:05 souhaitent les inviter.
01:02:07 Pour le moment, ils se cachent un petit peu
01:02:09 parce qu'ils sont surpris par les faits
01:02:11 que tout cela prend.
01:02:13 Mais pour les situer politiquement,
01:02:15 j'ai réussi à accéder à eux
01:02:17 grâce à mes contacts chez Ereczemour
01:02:19 parce qu'ils sont proches
01:02:21 des idées d'Ereczemour.
01:02:23 C'est pour les marquer un petit peu idéologiquement.
01:02:25 L'Elysée a réagi en disant
01:02:27 évidemment que le président
01:02:29 ignorait qui étaient ces jeunes
01:02:31 et qu'il a accepté
01:02:33 de chantonner avec eux
01:02:35 aux alentours de 22h.
01:02:37 Evidemment, ça dénote un petit peu
01:02:39 par rapport au contexte global
01:02:41 qu'il y avait aussi dans les rues de Paris
01:02:43 à ce moment-là, avec des démobilisations
01:02:45 contre l'allocution du chef de l'État hier.
01:02:47 Merci pour ces explications, Gauthier Lebret.
01:02:49 Franck Louvrier, est-ce que cette séquence
01:02:51 vous paraît appropriée ?
01:02:53 Quand on choisit de faire une allocution
01:02:55 présidentielle
01:02:57 solennelle,
01:02:59 il faut mieux rester
01:03:01 à l'Elysée et pas sortir.
01:03:03 Je comprends la volonté.
01:03:05 La volonté du président, c'est de dire
01:03:07 "je vais respirer un peu,
01:03:09 je vais montrer que je suis toujours en contact avec la population, etc."
01:03:11 Là, je ne pense pas que ce soit
01:03:13 circonstancier.
01:03:15 C'est un avis personnel.
01:03:17 C'est la diplomatie de dire ça.
01:03:19 Il aurait fallu rester à l'Elysée.
01:03:21 C'est beaucoup mieux parce que d'abord,
01:03:23 il y a tellement de gaz dans l'air que tout ce que vous faites
01:03:25 à l'extérieur devient compliqué.
01:03:27 Là, en plus, vous tombez dans des sortes de pièges
01:03:29 en fin de compte médiatique. Parce que c'est un piège
01:03:31 médiatique d'une façon ou d'une autre.
01:03:33 Tendu par le hasard, mais c'est le cas.
01:03:35 Et donc, vous vous mettez encore en plus en danger.
01:03:37 Mais bien évidemment, c'est en
01:03:39 totale contradiction avec la
01:03:41 solennisation de son intervention quelques minutes
01:03:43 avant. Vous ne pouvez pas dire à la fois
01:03:45 "je regarde les Français droit dans les yeux
01:03:47 et après je vais chanter avec eux des chansons
01:03:49 même si elles peuvent être
01:03:51 agréables pour certains
01:03:53 de nos régions françaises."
01:03:55 C'est vraiment...
01:03:57 J'ai le sentiment
01:03:59 que c'est une erreur d'appréciation
01:04:01 en tout cas à postériori.
01:04:03 - Julien Dray, sur ce champ pyrénéen.
01:04:05 - Il y a une formule qui caractérise
01:04:07 maintenant désormais
01:04:09 Emmanuel Macron. C'est cette
01:04:11 formule qu'il a tenue au moment de l'affaire Benalla.
01:04:13 "Venez me chercher." Il est en permanence
01:04:15 dans le défi. Il cherche le défi.
01:04:17 J'ai l'impression même qu'il existe par ce biais-là.
01:04:19 Donc il veut montrer qu'il est fort
01:04:21 parce que lui, il n'a pas peur.
01:04:23 Il est là, dans la rue, il va se chanter, etc.
01:04:25 Bon alors, j'aurais pu
01:04:27 lui présenter d'autres jeunes qui avaient d'autres chants
01:04:29 pour lui faire chanter. - Là, il est tombé sur eux
01:04:31 dans la rue. - Des gens en connaissaient
01:04:33 d'autres qui chantaient des chants qui le concernaient d'ailleurs.
01:04:35 - Alors oui, des concerts de casserole.
01:04:37 Il y avait eu ça à ce moment-là.
01:04:39 - C'est assez embêtant
01:04:41 parce que à l'issue de cette
01:04:43 allocution, même si on savait
01:04:45 tous plus ou moins que
01:04:47 ça allait être beaucoup de creux
01:04:49 et beaucoup de com' mine de rien ça reste quand même un coup de massue
01:04:51 supplémentaire sur la tête des Français
01:04:53 particulièrement ceux qui sont opposés à cette réforme des retraites.
01:04:55 C'est derrière, on sait,
01:04:57 on a conscience d'une radicalisation encore du mouvement
01:04:59 et de la colère des Français. Et donc du coup,
01:05:01 des coups à prendre pour ceux qui sont chargés
01:05:03 comme on le disait depuis le début de l'émission
01:05:05 de gérer cette violence.
01:05:07 Et puis du coup, oui,
01:05:09 ça dénote parce que
01:05:11 pendant que nous, sur la voie publique, on essaie de calmer
01:05:13 les gens, et bien lui, il chante.
01:05:15 - D'accord. Louis Draynel,
01:05:17 une explication. Il était
01:05:19 en train de dîner, c'est ça ? Et il est sorti ensuite
01:05:21 dans la rue ? - Oui, il se promenait avec
01:05:23 son épouse. On sait qu'il
01:05:25 fait ça souvent le soir quand il est un peu fatigué
01:05:27 ou qu'il a besoin de se vider la tête.
01:05:29 Moi je trouve que si ça n'intervenait pas
01:05:31 dans ce contexte-là, on va pas reprocher
01:05:33 au président, on peut lui reprocher tout ce qu'on veut,
01:05:35 mais une espèce de
01:05:37 légèreté, une forme de spontanéité,
01:05:39 chanter des chants régionaux,
01:05:41 c'est pas un crime en soi. Mais après, effectivement,
01:05:43 tout le problème, c'est que ça donne
01:05:45 l'impression qu'Emmanuel Macron n'en a rien
01:05:47 à faire de la gravité du moment.
01:05:49 Et effectivement, il y avait des manifestations
01:05:51 non déclarées qui se passaient très mal
01:05:53 à Paris, à Lyon et dans plusieurs villes
01:05:55 de France. Donc c'est vrai que c'est
01:05:57 quelque chose qui interpelle un peu tout le monde.
01:05:59 - En ce moment même, il arrive à Saint-Denis,
01:06:01 il doit aller, vous nous l'avez dit, à l'école
01:06:03 de la Légion de l'air. - Absolument. - Il y a un dispositif
01:06:05 de policier massif. - Très important.
01:06:07 - Le président va se rendre à Lille, en Alsace,
01:06:09 je veux dire, la semaine prochaine. - Demain.
01:06:11 - Mercredi, effectivement.
01:06:13 - Et après-demain, il sera dans l'Hérault,
01:06:15 normalement. - Il veut montrer qu'il peut aller au contact
01:06:17 des Français, qu'il n'est pas empêché, qu'il n'est pas
01:06:19 bunkerisé, alors que certains
01:06:21 de ses ministres se font vraiment
01:06:23 chahuter. Là, il y en a deux qui sont restés bloqués
01:06:25 pendant plus d'une heure et demie dans une CAF,
01:06:27 une caisse d'allocations familiale à Paris. Ils ont dû ressortir
01:06:29 sous escorte policière. C'est une stratégie
01:06:31 du président ? - Alors, c'est une stratégie, mais ça c'est son
01:06:33 intention. - D'aller au contact, c'est ce que vous disiez, Julien. - Lui, ce qu'il veut,
01:06:35 d'ailleurs, c'est ce que l'Elysée raconte et scénarie,
01:06:37 c'est l'acte II, on va tourner la page.
01:06:39 La difficulté, c'est qu'il ne peut pas tourner la page
01:06:41 tout seul. Vous savez, c'est comme quand
01:06:43 on danse au tango, on ne peut pas danser tout seul, on danse à
01:06:45 deux. Et donc, l'autre personne,
01:06:47 ce sont les Français. Et si les Français
01:06:49 refusent, ne lui permettent pas de tourner
01:06:51 la page ou ne lui permettent pas
01:06:53 de passer à l'acte II, c'est là où ça
01:06:55 va devenir très compliqué. Et j'ajoute
01:06:57 un dernier élément, c'est qu'Emmanuel
01:06:59 Macron, même s'il a l'intention de passer
01:07:01 autre chose, peut-être qu'il y aura un
01:07:03 essoufflement, que les Français, dans leur tête, voudront aussi
01:07:05 à un moment donné changer de sujet.
01:07:07 Il y a une difficulté qui
01:07:09 demeure et qui est immuable, c'est qu'il
01:07:11 n'a pas gagné un seul député, il n'a toujours
01:07:13 pas la majorité absolue.
01:07:15 Et donc, en fait, sa capacité
01:07:17 à gouverner est
01:07:19 complètement entravée encore aujourd'hui.
01:07:21 Et ça, pour le coup, tant qu'il n'y a pas d'évolution
01:07:23 politique au sein de sa majorité,
01:07:25 il ne peut quasiment rien faire.
01:07:27 Linda Kebab, là-dessus ?
01:07:29 Je suis en train de me dire,
01:07:31 dans cette situation-là, où on est en train de parler d'un champ,
01:07:33 vous le disiez, en effet, c'est pas une mauvaise
01:07:35 chose qu'un président de la République sorte
01:07:37 de l'Elysée pour aller
01:07:39 à la rencontre des Français, au contraire, c'est même très bien.
01:07:41 J'étais en train
01:07:43 de lire à l'instant, et en même temps que vous parliez,
01:07:45 je suis désolée,
01:07:47 un événement qui est arrivé hier devant la préfecture
01:07:49 de région à Marseille,
01:07:51 dans le sud, et en fait,
01:07:53 il y a des militants, enfin, pardon,
01:07:55 des membres de la CGT, Enedis,
01:07:57 qui ont déversé des dizaines
01:07:59 de compteurs de gaz devant la préfecture de région.
01:08:01 Le policier qui est chargé de garder
01:08:03 la préfecture, qui est là en statique, qui a rien demandé
01:08:05 à personne, s'est approché,
01:08:07 il y a un compteur qui a explosé,
01:08:09 et qui a touché la mâchoire de mon collègue,
01:08:11 le blessant. Moi, je pense qu'hier soir,
01:08:13 il aurait aimé chanter aussi, et une fois encore,
01:08:15 je suis en train de dire qu'on est dans une situation qui est plutôt
01:08:17 gravissime, on a un pays qui est à feu et à sang,
01:08:19 je suis désolée, c'est vraiment pas le moment.
01:08:21 C'est vraiment pas le moment.
01:08:23 Julien Dray, des ministres qui sont
01:08:25 hués, conspulés, bloqués,
01:08:27 ça va être mal en pie ?
01:08:29 J'ai peut-être une divergence
01:08:31 d'appréciation de la situation, je pense qu'ils sont...
01:08:33 C'est la pire des situations. Parce que je pense
01:08:35 que ça ne s'arrêtera pas. L'idée que
01:08:37 les gens vont se fatiguer,
01:08:39 qu'ils vont passer à autre chose, etc.,
01:08:41 ils se trompent. Je vous le dis franchement,
01:08:43 j'ai jamais vu ça. Dans l'état d'esprit des gens,
01:08:45 c'est très profond, c'est ancré,
01:08:47 les gens ont fait des sacrifices dans ces
01:08:49 semaines qui viennent de s'écouler,
01:08:51 etc. Donc, il a pas changé
01:08:53 le gouvernement, parce qu'il s'est gardé la
01:08:55 cartouche pour dans 100 jours, si j'ai bien compris.
01:08:57 Il n'arrive pas à renouer le dialogue
01:08:59 avec les syndicats, et la journée
01:09:01 d'aujourd'hui est révélatrice,
01:09:03 il ne parle qu'avec les syndicats patronaux. Il a misé
01:09:05 jusqu'au bout, son entourage a misé
01:09:07 jusqu'au bout sur le fait qu'ils arriveraient
01:09:09 à faire revenir la CFDT dans le Girond.
01:09:11 Ils ont réussi à faire
01:09:13 de M.Berger le premier opposant
01:09:15 d'Emmanuel Macron, et je peux vous dire qu'il est en colère.
01:09:17 M.Berger, je ne l'ai rarement vu comme ça,
01:09:19 il est déterminé, parce qu'il a été humilié
01:09:21 par ses comportements. Donc, je pense qu'il est
01:09:23 dans une impasse. Et donc, l'impasse,
01:09:25 elle la constate dans les jours et les semaines
01:09:27 qui viennent. C'est-à-dire, dès qu'un ministre va sortir,
01:09:29 il sera interpellé. Sans que
01:09:31 ça soit préparé, organisé. Vous avez vu, quand elle va
01:09:33 dans un supermarché, tout de suite, il y a quelqu'un
01:09:35 qui lui crie 49.3, ça sera
01:09:37 sans arrêt. - Franck Louvrier,
01:09:39 le président qui va se rendre
01:09:41 en région dès demain,
01:09:43 va avoir du mal ? Ou alors, il y aura
01:09:45 un dispositif de sécurité tellement dingue qu'on ne pourra pas l'approcher ?
01:09:47 - Je pense que la décision de vouloir faire
01:09:49 de façon réactive
01:09:51 des déplacements immédiatement
01:09:53 après l'intervention n'est pas une bonne décision.
01:09:55 Parce qu'il va être dans des déplacements potemkin.
01:09:57 Parce que c'est comme ça.
01:09:59 Parce que les préfets vont avoir peur.
01:10:01 Parce que les services de sécurité, à juste titre,
01:10:03 vont vouloir protéger le président de la République.
01:10:05 Et donc, du même coup, on va l'isoler
01:10:07 intrinsèquement dans ses déplacements.
01:10:09 Donc, je pense qu'on est dans une période
01:10:11 où il faut laisser les choses
01:10:13 se caler, laisser les choses
01:10:15 redescendre.
01:10:17 Essayer de traiter
01:10:19 une période d'apaisement. Mais,
01:10:21 le simple déplacement va exciter
01:10:23 bien évidemment toutes les minorités
01:10:25 de la zone géographique dans laquelle il va aller.
01:10:27 Donc, ça va ne faire... Avec les médias
01:10:29 en plus et la médiatisation d'aujourd'hui,
01:10:31 ça va ne faire que ça.
01:10:33 Donc, ça ne sert à rien. - Donc, l'apaisement, c'est de rester
01:10:35 à l'Élysée, on est d'accord ? - L'apaisement,
01:10:37 c'est de rester à l'Élysée, c'est de travailler
01:10:39 peut-être à une organisation politique différente,
01:10:41 c'est d'essayer de trouver des solutions.
01:10:43 Je ne pense pas que
01:10:45 on attend que le chef de l'État
01:10:47 aille serrer les mains
01:10:49 des légionnaires
01:10:51 de la Légion d'honneur
01:10:53 à Saint-Denis, pour cocher
01:10:55 la cage Saint-Denis, il y a d'autres endroits à aller et qui ne peuvent pas
01:10:57 être accessibles pour le président de la République aujourd'hui.
01:10:59 - Ils vont en Albace demain. - Et c'est ça
01:11:01 la difficulté, il ne faut pas se précipiter.
01:11:03 Je rappelle,
01:11:05 ce qui compte autant en politique,
01:11:07 que l'action, c'est le calendrier.
01:11:09 Il a 4 ans.
01:11:11 - Il a modifié le calendrier.
01:11:13 - Oui, mais d'accord. - C'est très étonnant.
01:11:15 - C'est maintenant qu'il doit jouer l'apaisement.
01:11:17 - Moi, j'ai été très surpris
01:11:19 quand il a donné les 100 jours.
01:11:21 Sans compter que dans l'histoire de France... - Symboliquement,
01:11:23 ce n'est pas la meilleure idée.
01:11:25 - Mais il avait besoin, par contre, ce qui était une bonne idée,
01:11:27 c'est d'avoir une clause de revoyure.
01:11:29 C'est de se dire, en gros, laissez-moi jusqu'au 14 juillet,
01:11:31 je vais essayer de gérer les choses différemment.
01:11:33 Mais surtout pas remettre de l'huile
01:11:35 sur le feu, maintenant. - Mais non, parce que ça veut dire
01:11:37 qu'il donne à tous ceux
01:11:39 qui sont en colère un calendrier, il leur dit
01:11:41 vous avez 100 jours pour faire monter encore la colère.
01:11:43 - Non, parce qu'il y avait aussi
01:11:45 le calendrier du 1er mai sur lequel il fallait faire un viaduc
01:11:47 ou un pont. C'est-à-dire qu'il n'était pas question
01:11:49 qu'il ait rendez-vous le 1er mai.
01:11:51 Et qu'il était obligé de parler hier
01:11:53 pour la simple raison que vous ne pouvez pas parler,
01:11:55 ne rien dire, entre la fin du processus
01:11:57 législatif, avec l'édition
01:11:59 du Conseil constitutionnel, et le 1er mai.
01:12:01 Donc voilà, il était dans un calendrier où il était obligé
01:12:03 de parler. Donc il est parlé, mais maintenant,
01:12:05 je pense qu'il faut un peu de retrait.
01:12:07 - Mais c'est lui qui se met, d'abord, parce qu'il précipite
01:12:09 la promulgation, deuxièmement, il précipite
01:12:11 son allocution, il ne laisse pas les choses...
01:12:13 - Oui, il ne va pas faire attendre
01:12:15 la promulgation, je pense qu'il a intérêt.
01:12:17 - Non, non, mais c'est tout le plaisir de vous le dire.
01:12:19 - Je pense qu'il a eu raison de
01:12:21 promulguer, mais il a été...
01:12:23 - Il a peut-être une possibilité. - Tous ces ministres-là sont
01:12:25 mal vécus par des gens qui sont en colère.
01:12:27 - Ils sont mal vécus par des gens qui ne veulent pas la loi.
01:12:29 - Ils sont 89% maintenant.
01:12:31 - Il y a une chose sur la question de la loi.
01:12:33 - Mais ces gens-là, ils sont représentés à l'Assemblée nationale.
01:12:35 Et malheureusement pour eux, ils sont mal représentés.
01:12:37 - L'Assemblée, on ne l'a pas laissé travailler.
01:12:39 Alors excusez-moi. - Le problème, moi, je trouve,
01:12:41 c'est que les Français ont trop vu Emmanuel Macron.
01:12:43 Ils ne l'ont trop entendu. D'ailleurs, hier,
01:12:45 le premier effet qu'on sentait,
01:12:47 c'était des mots qu'on avait déjà beaucoup,
01:12:49 beaucoup entendus. Et donc, la lassitude
01:12:51 et l'énervement et la colère de certaines personnes viennent là.
01:12:53 Et c'est là où je rejoins ce que vous disiez tout à l'heure,
01:12:55 Franck Louvrier. Moi, je pense qu'il faut
01:12:57 qu'il disparaisse un tout petit peu
01:12:59 pendant au moins quelques semaines.
01:13:01 - Là, il chante dans les rues.
01:13:03 - On ne veut pas partir à Baden-Badel.
01:13:05 Mais honnêtement, un peu de recul est quand même intéressant.
01:13:07 - Je trouve aussi.
01:13:09 - Bon, mais ce n'est pas ce qu'il a décidé de faire.
01:13:11 Là, il a décidé de multiplier les déplacements.
01:13:13 - Je voudrais vous dire, vous sous-estimez
01:13:15 l'état de la crise.
01:13:17 Je pense qu'il a compris
01:13:19 que sa tête est sur le bio. Excusez-moi l'expression.
01:13:21 - Moi, je ne crois pas du tout.
01:13:23 Je donne sa perception que l'association n'est pas grave.
01:13:25 - Les gilets jaunes...
01:13:27 - Il y a plusieurs proches du président qui le sent.
01:13:29 - Les gilets jaunes, il a eu le Covid-19.
01:13:31 Et il a eu le Covid-19.
01:13:33 Et après, il avait réussi à faire ce qu'il ne peut pas refaire maintenant.
01:13:35 C'est-à-dire le grand débat.
01:13:37 Parce qu'il aurait pu, s'il n'avait pas usé cette cartouche-là,
01:13:39 il aurait pu dire "j'ai entendu, donc je vais faire".
01:13:41 Il ne peut pas maintenant. Les gens disent "mon pote,
01:13:43 ça fait 7 ans que tu es là, tu ne vas pas nous la faire".
01:13:45 - Il a des outils institutionnels, éventuellement
01:13:47 des référendums.
01:13:49 Je pense que dans le panel aussi de la Conscience 58,
01:13:51 il a eu, nous en avons utilisé certains, 49.3,
01:13:53 etc., il a aussi d'autres outils.
01:13:55 Mais c'est à lui de les mettre dans une perspective politique.
01:13:57 Et c'est pour ça que je pense
01:13:59 que ce soit les 100 jours, en tout cas,
01:14:01 avant l'été, il faut qu'il y ait des annonces
01:14:03 ou en tout cas des opérations
01:14:05 qui puissent être lues politiquement.
01:14:07 Et ça, pour l'instant, c'est à lui d'appuyer sur le bouton.
01:14:09 - Un tout dernier mot, Louis de Rugy, vous m'avez dit
01:14:11 "à l'Elysée, on pense que ce n'est pas grave".
01:14:13 - Il y a certaines personnes
01:14:15 qui ont participé aux dernières réunions
01:14:17 autour du président et qui
01:14:19 sont sorties un peu étonnées. Moi, j'ai rencontré
01:14:21 plusieurs de ces personnes et qui m'ont dit
01:14:23 "nous, on essayait de dire au président
01:14:25 que vraiment, le pays allait très mal,
01:14:27 que la colère était extrême".
01:14:29 Et le président, manifestement, ne mesurait pas
01:14:31 à quel point la colère était extrême.
01:14:33 Et il se disait que c'était
01:14:35 un mauvais moment à passer,
01:14:37 mais que globalement, ça va repartir.
01:14:39 Et en fait, c'est lié à son histoire personnelle
01:14:41 et politique. À chaque fois, soit
01:14:43 il y a une crise, malheureusement,
01:14:45 qui lui a permis de sortir de sa
01:14:47 crise politique, soit
01:14:49 à chaque fois, il s'est passé quelque chose.
01:14:51 Et donc, même le pari des 100 jours,
01:14:53 il y avait un ministre qui me disait ça tout à l'heure,
01:14:55 au fond de lui, Emmanuel Macron, c'est absolument pas vrai.
01:14:57 Donc, il s'auto-octroie un sursis supplémentaire.
01:14:59 Mais il faut aussi peut-être le pari
01:15:01 que d'ici
01:15:03 au 14 juillet, il y aura peut-être d'autres crises.
01:15:05 Et donc, en fait, lui incarnera
01:15:07 la position, je ne sais pas ce que je pense,
01:15:09 c'est ce qu'on me dit, incarnera la position
01:15:11 du sauveur. Il peut se passer n'importe
01:15:13 quoi en Géorgie, avec
01:15:15 la crise en Ukraine, avec Taïwan.
01:15:17 Et ce qui permettra
01:15:19 de chasser la période
01:15:21 actuelle, en tout cas selon Emmanuel Macron,
01:15:23 et de faire oublier...
01:15:25 Est-ce que, Franck Louvrier, on peut gouverner en faisant des paris ?
01:15:27 Ainsi ?
01:15:29 Non, mais moi, je pense qu'on ne peut pas gouverner tant qu'il n'y a pas de clivage.
01:15:31 Et en fin de compte, il est victime
01:15:33 de ce qui lui a fait gagner.
01:15:35 C'est-à-dire qu'à force de vouloir expliquer
01:15:37 qu'il n'y avait pas de gauche et de droite,
01:15:39 c'est que maintenant, il n'est pas si bien
01:15:41 exclu par la gauche que par la droite. Donc, il ne reste plus beaucoup
01:15:43 d'oxygène dans la salle. Et qu'il faut
01:15:45 qu'il reclive sur des sujets.
01:15:47 Pour justement refaire des débats
01:15:49 dans notre pays.
01:15:51 Et la difficulté de l'exercice aujourd'hui,
01:15:53 c'est que, est-ce qu'il est capable
01:15:55 de le faire ? Est-ce qu'il le souhaite le faire ?
01:15:57 Et je pense que c'est ça l'enjeu majeur.
01:15:59 Il ne peut pas partager le pouvoir avec vous ?
01:16:01 Non, mais ce n'est pas un problème de partage. C'est un problème, c'est qu'il faut
01:16:03 prendre des décisions. C'est très simple.
01:16:05 La France, elle est entre la droite et l'extrême droite.
01:16:07 Aucune personne autoritaire
01:16:09 peut dire l'inverse. Les positions,
01:16:11 non, il ne faut pas explorer. Majoritairement,
01:16:13 on est entre la droite et l'extrême droite.
01:16:15 Après,
01:16:17 quelle mesure...
01:16:19 Je ne sais pas ce qu'ils y réalisaient, mais en tout cas, moi, je regarde
01:16:21 les résultats des élections.
01:16:23 Allez-y, Franck Levoquier,
01:16:25 on part à Samedi.
01:16:27 À un moment donné, il faut sans doute
01:16:29 faire une opération, des opérations
01:16:31 et des actions politiques à l'endroit
01:16:33 de cet électorat pour, justement,
01:16:35 peut-être, c'est l'objectif aussi,
01:16:37 c'est d'éviter que le Rassemblement National, dans 4 ans,
01:16:39 arrive au pouvoir. Donc,
01:16:41 s'il ne met pas
01:16:43 toute son énergie là-dessus,
01:16:45 je crains que ce flottement, il existe
01:16:47 jusqu'à la fin. Et là, ça peut mal tourner.
01:16:49 Et là, ça peut mal tourner. Alors, on a notre
01:16:51 envoyée spéciale, Vincent Flandes, avec Fabrice Helsner,
01:16:53 qui sont à Saint-Denis. Bonsoir à tous les deux.
01:16:55 Le président est attendu
01:16:57 ou arrive, peut-être, vous allez nous le confirmer,
01:16:59 pour une visite. Et il y a déjà beaucoup de monde sur place, c'est ça ?
01:17:01 [Bruits de foule]
01:17:03 Alors, difficile à dire
01:17:05 si Emmanuel Macron est déjà arrivé ou si
01:17:07 il est en approche, ici,
01:17:09 à Saint-Denis. Toujours est-il qu'effectivement, il y a ce
01:17:11 comité d'accueil. Il y a plusieurs dizaines de personnes
01:17:13 ici, devant la mairie
01:17:15 de Saint-Denis.
01:17:17 Allez, on va faire une estimation. 200
01:17:19 à 300 personnes, ici, sur le parvis
01:17:21 de cette place. Il y a une manifestante
01:17:23 qu'on a pu rencontrer, à l'instant, qui nous
01:17:25 a dit qu'elle était là depuis 16h, qui attendait
01:17:27 avec impatience, eh bien, d'accueillir,
01:17:29 justement, le président
01:17:31 Macron, ici. Et c'est un petit
01:17:33 peu à l'image de ce qu'on a vu, hier soir,
01:17:35 lors du concert de casserole.
01:17:37 Eh bien, ici, les gens
01:17:39 sont venus, alors, pour certains,
01:17:41 du moins, avec des ustensiles
01:17:43 qu'ils ont trouvés chez eux, pour faire le plus
01:17:45 de bruit possible. Autre fait intéressant
01:17:47 à noter, ici,
01:17:49 ce soir, c'est qu'on voit
01:17:51 beaucoup de drapeaux, de syndicats, de la CGT,
01:17:53 de la FSU, ou encore,
01:17:55 de Solidaires.
01:17:57 Et la catégorie, les personnes qui sont
01:17:59 là, également, globalement
01:18:01 plus âgées que ce
01:18:03 qu'on voit dans les manifestations
01:18:05 dites sauvages, en plein Paris, qui dégénèrent
01:18:07 depuis, maintenant, plusieurs soirs.
01:18:09 Donc, voilà, un petit peu, pour l'ambiance,
01:18:11 ici, pour le moment, assez
01:18:13 bon enfant, sur le parvis de la mairie
01:18:15 de Saint-Denis. – Mais, Vincent, on est d'accord,
01:18:17 ils veulent quoi ? Ils demandent le retrait de la réforme ?
01:18:19 Qu'est-ce qu'ils réclament, ces manifestants ?
01:18:21 – On lâche rien !
01:18:23 Voilà, encore une fois,
01:18:25 c'est Charles-Laurence, c'est
01:18:27 leur mot d'ordre, on lâche rien. Ils ont, d'ailleurs,
01:18:29 chanté cette chanson, quand on est
01:18:31 arrivés sur le parvis de la
01:18:33 mairie de Saint-Denis, ils demandent, toujours,
01:18:35 tout simplement, le retrait de cette réforme
01:18:37 des retraites. Ils iront
01:18:39 jusqu'au bout, et c'est le même son de cloche
01:18:41 depuis l'adoption et la validation
01:18:43 par le Conseil constitutionnel. Les manifestants
01:18:45 qu'on rencontre nous disent la même chose,
01:18:47 on descendra, on continuera à descendre dans la rue,
01:18:49 faire des actions coup de poing, à se mobiliser
01:18:51 contre cette réforme des retraites. – Merci beaucoup,
01:18:53 Vincent Ferrandez, Fabrice Selzner,
01:18:55 Julien Drey, ces
01:18:57 manifestants ne veulent pas lâcher. – Moi, je pense
01:18:59 non seulement qu'ils ne vont pas lâcher, et qu'ils
01:19:01 ont raison, je le dis, pour monsieur Louis
01:19:03 de Ragnel, pour qu'ils m'en resituent bien,
01:19:05 premier aspect des choses,
01:19:07 deuxièmement, je pense qu'il y a maintenant un rendez-vous,
01:19:09 et que, au lendemain du rendez-vous,
01:19:11 les choses se liront de manière
01:19:13 différente, parce que le rendez-vous du 1er mai
01:19:15 devient maintenant le rendez-vous de tout le monde.
01:19:17 Tout le monde est en train de s'organiser,
01:19:19 je vois autour de moi des tas de gens qui n'ont
01:19:21 pas l'habitude d'aller à des manifestations, m'envoyer
01:19:23 des SMS, "est-ce que tu y vas ? Est-ce que je peux aller avec toi ?
01:19:25 Est-ce qu'on peut venir avec les enfants ?"
01:19:27 Et je pense qu'on va avoir un 1er mai énorme,
01:19:29 et je le souhaite.
01:19:31 Et je pense qu'au lendemain du 1er mai,
01:19:33 la décision va être très difficile
01:19:35 pour le Conseil constitutionnel, alors il peut,
01:19:37 juridiquement, ne dire pas de référendum encore,
01:19:39 mais ça sera très mal vécu pour la population.
01:19:41 - Ce sera la chienlit, Franck Lauvrier, pour terminer.
01:19:43 - On ne peut pas l'espérer, d'abord,
01:19:45 quand on aime son pays, on ne veut pas que ce soit la chienlit.
01:19:47 - Moi je ne vois pas la chienlit.
01:19:49 - Je répondais à la question de Laurence Ferrari.
01:19:51 Mais au-delà de ça, j'ai le sentiment
01:19:53 que, d'abord, c'est sûr
01:19:55 que ce sera un 1er mai très mobilisateur,
01:19:57 pour la simple et bonne raison, c'est que
01:19:59 la décision
01:20:01 qui a été prise, et
01:20:03 les mobilisations vont être un point
01:20:05 de convergence.
01:20:07 Maintenant, il y aura un lendemain,
01:20:09 il y aura un 2 mai, il y aura un 3 mai, il y aura un 4 mai.
01:20:11 Il faut aussi
01:20:13 pouvoir se projeter sur les semaines à venir.
01:20:15 C'est ça l'enjeu, il ne faut pas
01:20:17 se leurrer. Le président de la République, il est là pour gérer
01:20:19 le moyen et le long terme, pas uniquement le court terme.
01:20:21 - On va suivre évidemment
01:20:23 Sainte-Anne-en-Chine sur CNews et sur Europe.
01:20:25 Une petite pause, on se retrouve. On entendra
01:20:27 le témoignage de Philippe Chauvin,
01:20:29 ce père endeuillé qui veut se battre
01:20:31 pour que la mort de son fils de 18 ans, qui était un rugbyman
01:20:33 professionnel, ne soit pas une mort
01:20:35 pour rien. Il se bat pour que les règles
01:20:37 du rugby évoluent et il se heurte
01:20:39 à une omerta extrêmement puissante dans ce milieu.
01:20:41 A tout de suite dans Punchline.
01:20:43 18h42, on se retrouve
01:20:47 en direct sur Europe 1 et sur CNews pour
01:20:49 Punchline et on accueille Philippe Chauvin.
01:20:51 Bonsoir M. Chauvin. Vous écrivez ce
01:20:53 livre qui s'appelle "Rugby, mourir
01:20:55 fait partie du jeu, le combat d'un père
01:20:57 endeuillé". Vous livrez ce soir un témoignage
01:20:59 extrêmement fort sur ce qui s'est passé dans votre famille,
01:21:01 sur la mort de votre fils
01:21:03 Nicolas, qui avait 18 ans, c'était en 2018.
01:21:05 Et puis il y a un combat que vous menez
01:21:07 après et qu'on va retracer ce soir,
01:21:09 qui vous fait vous heurter au monde
01:21:11 du rugby, finalement, et l'omerta
01:21:13 qui y règne et les règles
01:21:15 qu'on ne veut pas changer
01:21:17 parce que ça dérange un certain nombre.
01:21:19 On va commencer si vous voulez bien par ce qui s'est passé
01:21:21 ce jour de décembre 2018
01:21:23 quand vous amenez votre garçon
01:21:25 de 18 ans à la gare, qui est très
01:21:27 heureux parce qu'il va jouer un match
01:21:29 professionnel, il va
01:21:31 porter les couleurs du stade français
01:21:33 et là vous vous dites évidemment "à aucun moment
01:21:35 c'est la dernière fois que je vais voir mon fils".
01:21:37 Effectivement, c'était pour lui
01:21:39 première titularisation,
01:21:41 il avait rejoint le stade français depuis 6 mois
01:21:43 et il était tout excité
01:21:45 à l'idée d'aller jouer à Bordeaux
01:21:47 son premier match, en espoir,
01:21:49 mais ce qui est l'anti-champ des professionnels
01:21:51 et voilà, c'était une
01:21:53 joie. On ne l'a pas suivi
01:21:55 cette fois-ci exceptionnellement
01:21:57 parce que c'était l'anniversaire de son frère aîné la veille
01:21:59 et puis je voulais que ce soit son
01:22:01 moment, qu'il n'y ait pas de pression, pas de stress,
01:22:03 qu'il soit détendu. Je lui ai dit
01:22:05 "de toute façon on enverra d'autres des matchs à la maison ou ailleurs
01:22:07 donc t'inquiète pas, prends du plaisir,
01:22:09 profite du moment".
01:22:11 - Et vous, vous aimez le rugby,
01:22:13 vous lui donnez des conseils
01:22:15 beaucoup à l'époque. - Oui, parce que
01:22:17 j'ai joué pendant 25 ans,
01:22:19 j'ai été dirigeant et
01:22:21 j'ai transmis cette passion
01:22:23 à mes enfants, à des amis autour de moi.
01:22:25 - Le coup de massue tombe quand
01:22:27 un appel arrive sur votre téléphone portable,
01:22:29 on vous dit que votre fils a été transporté dans un état
01:22:31 grave à l'hôpital. Qu'est-ce qui s'est
01:22:33 passé sur le terrain ? Est-ce que vous le savez tout de suite
01:22:35 quand le coup de fil arrive ou pas ?
01:22:37 - Ce qu'on me dit c'est "il y a une situation bizarre,
01:22:39 il y a un double plaquage, on pense
01:22:41 qu'il n'a pas vu arriver un joueur"
01:22:43 et puis voilà.
01:22:45 Où ça devient très surprenant
01:22:47 c'est quand vous dites "c'est un arrachement de la seconde
01:22:49 vertèbre cervicale" et là, moi en tant
01:22:51 qu'ancien Robyman, je n'ai jamais vu un truc
01:22:53 pareil. Je me dis "non mais là
01:22:55 il s'est passé quoi ?" - C'est ultra violent.
01:22:57 - C'est d'une intensité,
01:22:59 c'est comme vous preniez
01:23:01 deux objets de 120 kg
01:23:03 à 20 km/h et d'un
01:23:05 au niveau de la tête, et les deux en même temps.
01:23:07 - Donc votre fils
01:23:09 était sur le terrain, il avait le ballon dans les mains, il était
01:23:11 à l'arrêt et il a pris deux joueurs du club adverse
01:23:13 qui l'ont fracassé.
01:23:15 - Voilà. En fait, vous avez une situation de jeu
01:23:17 où vous essayez de sortir
01:23:19 le jeu, le ballon d'un regroupement,
01:23:21 il est évacué vers mon fils,
01:23:23 mon fils est en attente,
01:23:25 il est suspendu, puis au moment où il a le ballon, il a 300
01:23:27 millisecondes, puisque moi j'ai eu le temps de mesurer,
01:23:29 puisque j'ai vu la vidéo, revue et revue,
01:23:31 analysée image par image,
01:23:33 300 millisecondes pour faire face à
01:23:35 deux joueurs qui sont lancés depuis 5 mètres,
01:23:37 qui ont choisi la technique, comment ils allaient
01:23:39 le plaquer et qui l'ont donné.
01:23:41 - J'imagine que revisionner
01:23:43 ces images a dû être éprouvant pour vous et votre famille.
01:23:45 - Moi, j'ai
01:23:47 pris soin de les regarder seuls,
01:23:49 ma femme les a vus une fois et ça suffit largement,
01:23:51 mais moi j'ai dû les revoir
01:23:53 beaucoup de fois, parce que vous ne pouvez
01:23:55 pas adresser ce genre de sujet, si vous êtes dans
01:23:57 le moment et dans la
01:23:59 passion, effectivement, vous allez
01:24:01 dire n'importe quoi, donc il vaut mieux bien découper
01:24:03 les choses, les mettre à plat
01:24:05 et comprendre ce qui s'est passé et
01:24:07 comment les règles ont été appliquées ou pas. Et justement,
01:24:09 en fait, on s'aperçoit qu'on a
01:24:11 un corpus de règlement qui est largement suffisant.
01:24:13 Encore faut-il l'appliquer.
01:24:15 Et lorsqu'il n'est pas appliqué, eh bien il faut
01:24:17 sanctionner. Il faut dissuader
01:24:19 les tricheurs de faire
01:24:21 des gestes dangereux. - Et là, pendant ce
01:24:23 match, ces règles n'ont pas été appliquées.
01:24:25 Votre fils a été foudroyé, alors
01:24:27 que ça n'aurait jamais dû arriver.
01:24:29 - C'est ça. Vous avez un placage
01:24:31 qui est excessivement haut.
01:24:33 Moi, je n'appelle pas ça un placage, je appelle ça une collision
01:24:35 qui n'aurait pas dû être faite.
01:24:39 Un double placage, c'est un geste très
01:24:41 technique, puisqu'il y en a un en bas,
01:24:43 un en haut. Là, en l'occurrence,
01:24:45 celui qui est arrivé en premier a
01:24:47 essayé de saisir mon fils, ce qui l'a
01:24:49 fait reculer un petit peu, remonter.
01:24:51 Et le second est arrivé en orientant son épaule
01:24:53 au niveau de sa tête, et puis il a
01:24:55 plongé. Une ultime
01:24:57 impulsion, et
01:24:59 a heurté la tête de mon fils.
01:25:01 - À l'hôpital, on vous
01:25:03 dit que son état est désespéré très très vite.
01:25:05 Et vous devez prendre la décision de débrancher
01:25:07 les machines. Vous le faites avec toute votre famille.
01:25:09 - Alors, oui, parce que
01:25:11 l'hôpital Pellegrain
01:25:13 a été très dans
01:25:15 l'accompagnement très bienveillant.
01:25:17 C'est-à-dire que ça s'est fait en trois jours
01:25:19 pour nous faire comprendre la gravité
01:25:21 de la situation, et surtout pour qu'ils
01:25:23 mesurent bien notre compréhension de la situation.
01:25:25 Et c'est à ce moment-là, effectivement, qu'on
01:25:27 a conclu, avec un collège
01:25:29 d'ETSPER, que la vie de Nicolas
01:25:31 n'avait pas de sens, puisqu'elle était simplement maintenue
01:25:33 par des machines. Il était dans un coma
01:25:35 profond, son cerveau n'avait pas été irrigué
01:25:37 probablement pendant 20 minutes.
01:25:39 Donc, on avait peu de chance
01:25:41 de le voir revenir, et il était en état de
01:25:43 plégie, avec des poumons d'acier,
01:25:45 c'est-à-dire que s'il n'avait pas de respirateur,
01:25:47 il ne vivait pas.
01:25:49 Donc, son diagnostic, s'il voulait, il était
01:25:51 toujours dans le coma, il n'y avait plus
01:25:53 aucun pronostic possible. - Et vous
01:25:55 avez pris cette décision en accord avec votre épouse
01:25:57 et vos deux autres fils ? - Oui.
01:25:59 Oui, on a dû se poser la question.
01:26:01 Moi, je ne voulais pas que mes enfants reviennent
01:26:03 sur Bordeaux pour voir leurs frères
01:26:05 allongés, intubés
01:26:07 et sous-respirateurs, et
01:26:09 j'aurais peut-être
01:26:11 maladroitement, maintenant
01:26:13 on fait comme on peut, à ces moments-là.
01:26:15 - Ces moments de sidération. - Voilà,
01:26:17 j'aurais demandé comment ils voyaient la
01:26:19 suite pour leurs frères, et
01:26:21 on a tous été unanimes. Nicolas, c'était la vie,
01:26:23 c'était la joie, c'était la bonne
01:26:25 humeur. Il a occupé
01:26:27 l'espace entre ses deux frères très largement,
01:26:29 donc
01:26:31 il n'imaginait pas simplement
01:26:33 inertalité et peut-être végétatif.
01:26:35 - Pour que nos téléspectateurs
01:26:37 et auditeurs comprennent bien, c'est qu'on ne se dit pas
01:26:39 quand on envoie son fils à un match de rugby
01:26:41 qu'il peut mourir.
01:26:43 Quand vous avez commencé à comprendre que les règles
01:26:45 n'avaient pas été appliquées, il y a des gestes d'une brutalité
01:26:47 qui sont condamnables. Vous êtes allé
01:26:49 voir les instances de rugby. Comment est-ce que vous avez été
01:26:51 reçus, M. Chauvin ? - Avec beaucoup de courtoisie
01:26:53 au départ. C'est quand je suis revenu
01:26:55 plusieurs fois qu'ils ont commencé à être un peu agacés.
01:26:57 C'est-à-dire qu'en fait,
01:26:59 je pense qu'ils ont été surpris par la technicité du dossier
01:27:01 que j'ai ramené, puisque je suis le seul
01:27:03 a priori à avoir fait un dossier, suite
01:27:05 à la mort de mon fils.
01:27:07 La seule analyse, image par image,
01:27:09 avec l'application des règles qui a été
01:27:11 faite, c'est celui que j'ai fait. Moi, je n'en ai pas vu d'autres
01:27:13 aujourd'hui, ni au ministère des Sports,
01:27:15 ni auprès de la Fédération française de rugby.
01:27:17 Aujourd'hui, on me dit qu'on en a discuté,
01:27:19 on me dit qu'il n'y a pas de faute. Je me dis "mais attendez, vous n'êtes pas sérieux ?"
01:27:21 Et quand j'ai vu Bernard Laporte à Jeanboin,
01:27:23 je lui ai montré mon dossier, et là, son discours a changé.
01:27:25 Il m'a dit "mais bien sûr, c'est quoi ça ?
01:27:27 C'est pas possible, c'est pas possible."
01:27:29 Il était retourné. Après, est-ce que c'était
01:27:31 simulé ? Est-ce que c'était sincère ? Je pense qu'il y a eu
01:27:33 une forme de sincérité.
01:27:35 Mais, après, pourquoi on ne va pas plus loin ?
01:27:37 Je ne sais pas le dire. Est-ce qu'on
01:27:39 se dit "il est mort, bon, et alors ? C'est pas grave,
01:27:41 on a un quota."
01:27:43 - On a un quota ? - Non.
01:27:45 - C'est imagétérique. - C'est comme ça que je le pense.
01:27:47 - Parce que la même année, il y a eu quatre jeunes
01:27:49 qui sont morts dans les mêmes circonstances sur les
01:27:51 terrains, c'est ça. - Il y a eu quatre décès,
01:27:53 pas forcément dans les mêmes circonstances, mais il y a
01:27:55 quatre morts sur des terrains de rugby,
01:27:57 entre 17 et
01:27:59 20 ans, et c'est juste insupportable.
01:28:01 On a juste un problème.
01:28:03 Quand j'ai rencontré
01:28:05 Serge Chimont à Jambouin pendant la commémoration
01:28:07 et qu'il me parle de statistiques,
01:28:09 trois jours après la mort
01:28:11 de mon fils, il oublie juste qu'il a eu le père
01:28:13 d'une occurrence statistique en face de lui.
01:28:15 Comment peut-on dire à un père
01:28:17 "vous savez, on est un des sports les plus
01:28:19 purs du monde,
01:28:21 mais mon fils est dans le lot,
01:28:23 donc bien évidemment, je ne suis pas resté avec ce monsieur
01:28:25 parce que ce n'était pas intéressant,
01:28:27 mais ça interroge quand même sur le regard
01:28:29 de ces gens-là. Ils ne voient pas
01:28:31 les choses avec
01:28:33 l'humanité d'une famille.
01:28:35 Ils les voient avec
01:28:37 celle d'un dirigeant
01:28:39 avec un business économique
01:28:41 et un modèle économique.
01:28:43 - Et qui compte des statistiques.
01:28:45 - Et ils comptent des statistiques.
01:28:47 - Ce que vous racontez dans ce livre, c'est ce
01:28:49 combat que vous portez pour que la mort
01:28:51 de votre fils ne soit pas
01:28:53 mort pour rien. Vous voulez que
01:28:55 ça ne se reproduise pas, et on le comprend.
01:28:57 Est-ce que depuis, les choses changent ?
01:28:59 Est-ce que vous avez porté plainte ? Est-ce que la justice
01:29:01 s'est saisie de l'affaire ou pas ?
01:29:03 - On a porté plainte dès le départ.
01:29:05 Notre volonté,
01:29:07 avec mon épouse Caroline, c'était de dire
01:29:09 "il faut responsabiliser les joueurs".
01:29:11 Parce que les premiers responsables,
01:29:13 effectivement, ce sont ceux qui sont sur le terrain.
01:29:15 Après, ça ne sert à rien d'incriminer les
01:29:17 arbitres, les règles, et ainsi de suite.
01:29:19 Si déjà les instituteurs principaux ne sont pas conscients
01:29:21 de leur responsabilité, on n'arrivera
01:29:23 à rien. Donc c'est pour ça qu'on a déposé une
01:29:25 plainte. On a posé une plainte contre X,
01:29:27 homicide involontaire, parce que là, notre fils est mort.
01:29:29 On se doute que ce n'était pas volontaire.
01:29:31 Mais on a fait cette démarche, et
01:29:33 heureusement, puisque
01:29:35 si on ne l'avait pas faite,
01:29:37 comme la Fédération Française de Rugby n'a
01:29:39 engagé aucun dossier disciplinaire,
01:29:41 n'a déclaré aucune
01:29:43 faute, ça veut dire que mon fils serait mort
01:29:45 dans des conditions normales, ça voudrait dire que
01:29:47 il est mort, et ça fait partie du jeu.
01:29:49 Et c'est bien là
01:29:51 que le sujet est insupportable
01:29:53 pour tout amoureux du rugby. On ne considère pas,
01:29:55 comme vous le disiez tout à l'heure, que nos enfants,
01:29:57 on les conduit, et qu'un jour,
01:29:59 on ne les ramènera peut-être pas.
01:30:01 Est-ce que les choses ont bougé,
01:30:03 depuis que vous dites les choses publiquement,
01:30:05 depuis que ce livre a été publié ?
01:30:07 Non. Aujourd'hui, il y a deux actes
01:30:09 sur lesquels j'essaie de faire avancer les choses. Le premier,
01:30:11 c'est effectivement avoir un rapport
01:30:13 des circonstances dans lesquelles,
01:30:15 établi officiellement par des experts, parce qu'il me semble...
01:30:17 Vous ne l'avez toujours pas ? Non, jamais. On est cinq ans après
01:30:19 Oui, mais on va
01:30:21 accueillir la Coupe du monde du rugby 2023,
01:30:23 on n'a pas trouvé un arbitre
01:30:25 qui était capable, aujourd'hui, officiellement, pour l'FFR,
01:30:27 de me faire une analyse circonstanciée,
01:30:29 qui puisse peut-être dire l'inverse
01:30:31 de ce que j'ai dit, mais
01:30:33 écrivez-le ! Mais c'est très embarrassant
01:30:35 pour eux, parce que si on écrit que c'est normal,
01:30:37 comment est-ce que vous allez recruter
01:30:39 dans les écoles de rugby, les enfants
01:30:41 et ainsi de suite ? C'est très embarrassant comme situation.
01:30:43 Mais elle est là, il faut la traiter, c'est ce que j'aurais demandé.
01:30:45 Et le deuxième acte, c'est, on a
01:30:47 un règlement, la règle 9, alinéa 11,
01:30:49 qui dit qu'on ne doit rien attenter, qu'il soit
01:30:51 dangereux ou imprudent
01:30:53 pour un adversaire. Je veux dire,
01:30:55 tout est dans la phrase. Ça fait partie du règlement
01:30:57 du rugby. On n'en parle jamais.
01:30:59 On peut se rentrer dedans,
01:31:01 on peut faire des choses complètement absurdes,
01:31:03 complètement violentes, et on dit
01:31:05 c'est du sport, c'est du rugby, et alors ?
01:31:07 Vous parlez de business, aussi.
01:31:09 Ça dérange, le business, en fait,
01:31:11 ce que vous dites, le fait que les règles ne soient
01:31:13 pas respectées, qu'on mette la vie
01:31:15 en danger de ces jeunes joueurs. - Je pense qu'on est,
01:31:17 vous êtes spécialiste
01:31:19 des médias aussi, donc vous savez qu'on
01:31:21 va vers le spectaculaire.
01:31:23 Maintenant, est-ce que
01:31:25 les éléments de langage
01:31:27 ont changé, quand même, depuis 10 ans
01:31:29 dans le domaine du sport, et particulièrement dans le manuel rugby ?
01:31:31 On va vous parler de combat, on va vous parler
01:31:33 de férocité, on va vous parler
01:31:35 d'intensité, pour ceux qui voudront
01:31:37 édulcorer un petit peu, mais en fait,
01:31:39 on veut rendre le sport
01:31:41 plus, je ne vais pas dire plus sanglant,
01:31:43 mais plus spectaculaire.
01:31:45 Et donc, la question, et c'est là où je dis
01:31:47 aussi qu'on a tous un rôle, c'est, nous, spectateurs,
01:31:49 nous, parents, on a aussi le droit de s'opposer
01:31:51 à ces choses-là en disant "on n'est pas venus voir les jeux
01:31:53 du cirque, et on ne veut pas voir des morts,
01:31:55 on ne veut pas voir des blessés, on veut voir des personnes
01:31:57 qui jouent loyalement à un sport
01:31:59 qui est un sport qui est plein de valeur".
01:32:01 Mais, aujourd'hui, moi, ce que je dis,
01:32:03 quand vous ne respectez pas les règles, sortez
01:32:05 les tricheurs. Alors qu'aujourd'hui, on est dans
01:32:07 le phénomène inverse. Je dois
01:32:09 m'expliquer, je dois expliquer,
01:32:11 je dois essayer de faire comprendre à tout le monde
01:32:13 que quand on n'applique pas les règles, c'est dangereux.
01:32:15 Et c'est ça qui est incroyable.
01:32:17 Donc, vous êtes quasiment à la place
01:32:19 de l'accusé qui doit s'expliquer.
01:32:21 Moi, je dois expliquer pourquoi il ne faut pas respecter les règles.
01:32:23 Moi, je prends témoignage, j'ai perdu un fils
01:32:25 dans des circonstances abominables.
01:32:27 Donc, en fait, on écoute,
01:32:29 mais c'est quand même... Il faut qu'on se pose tous
01:32:31 la question, à un moment donné, comment est-ce qu'on en arrive là
01:32:33 à se dire que quand les règles ne sont pas appliquées,
01:32:35 il faille encore essayer d'être
01:32:37 convaincu qu'il fallait les appliquer.
01:32:39 C'est absurde. - On est à quelques semaines, vous le disiez,
01:32:41 de ces mondiaux.
01:32:43 Rien ne va bouger ?
01:32:45 - Moi, en tout cas, je lutte
01:32:47 ardemment pour que le 8 septembre, avant le 8 septembre,
01:32:49 j'espère que le ministère des Sports
01:32:51 tiendra son engagement.
01:32:53 Je fais confiance à la ministre
01:32:55 qui est très engagée et qui a regardé
01:32:57 le rubis féminin et qui le trouve formidable.
01:32:59 Et d'ailleurs, moi aussi... - Madame Oudéa Castérat.
01:33:01 - Voilà. - Qui est plus humaine que sa
01:33:03 précédente écesserice, d'après ce que vous racontez dans le livre.
01:33:05 - En tout cas, je ne l'ai pas rencontrée,
01:33:07 mais elle me le semble. Mais en tout cas,
01:33:09 ce qu'elle a dit sur le rubis féminin dimanche,
01:33:11 suite à la victoire de la France contre l'Écosse,
01:33:13 c'est qu'elle avait trouvé ce pétale formidable, ainsi de suite.
01:33:15 Eh bien, ce sont les mêmes règles.
01:33:17 Et pourquoi, dans ces cas-là, les femmes
01:33:19 arrivent à pratiquer un rubis de vitesse,
01:33:21 d'évitement, d'intelligence ?
01:33:23 Et pourquoi est-ce qu'on résoudrait les hommes
01:33:25 à un rubis de combat,
01:33:27 de brutalité, de bêtialité ? L'équipe de France
01:33:29 masculine, depuis deux ans, ne fait pas ce sport,
01:33:31 ce rubis brutal.
01:33:33 Et elle gagne. Donc,
01:33:35 continuons comme ça et faisons appliquer
01:33:37 la règle 9 alignée à 11.
01:33:39 Inscrivons-la partout. Moi, je demande
01:33:41 à ce que les adhérents les recopient
01:33:43 sur leur licence. Comme ça, ils en auront conscience.
01:33:45 - Est-ce que vous êtes en colère, aujourd'hui ?
01:33:47 - Non. - Comment va votre famille, déjà ?
01:33:49 - Non, je ne peux pas être en colère, parce que
01:33:51 si j'étais en colère, je pense que je perdrais
01:33:53 toute crédibilité. Je perdrais
01:33:55 aussi le sens de l'analyse.
01:33:57 Et je pourrais rompre
01:33:59 le dialogue. Moi, aujourd'hui, ce qui m'intéresse,
01:34:01 c'est que le rubis sorte par le haut.
01:34:03 Comme je l'avais dit à Bernard Laporte, au mois de janvier
01:34:05 2019, je ne devais pas
01:34:07 passer dans les médias, je ne devais pas écrire de livres.
01:34:09 Je leur faisais confiance.
01:34:11 Je leur ai dit,
01:34:13 c'est un vrai problème, d'accord, mais
01:34:15 vous avez la possibilité d'en sortir par le haut
01:34:17 en faisant vous-même
01:34:19 l'établissement des responsabilités et en apportant
01:34:21 les actions correctives qui se sont passées sur
01:34:23 ce jour-là. Ils n'ont rien fait.
01:34:25 - Cette, évidemment, attitude
01:34:27 et votre dignité vous font honneur.
01:34:29 Merci beaucoup d'être venu livrer votre témoignage.
01:34:31 Philippe Chauvin, "Rubis, mourir,
01:34:33 fait partir du jeu le combat d'un père en deuil".
01:34:35 Et c'est aux éditions du Rocher.
01:34:37 Merci beaucoup à vous d'être venu ce soir sur nos
01:34:39 antennes. Voilà, dans un instant, c'est
01:34:41 Europe 1 soir sur Europe 1 et Christine Kelly pour
01:34:43 Face 1 Info sur CNews. Bonne soirée à vous sur nos
01:34:45 deux anges.
01:34:47 !

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