La situation au CHU Grenoble Alpes de plus en plus tendue... Un homme de 91 ans est décédé aux urgences après 3 jours d’attente pour un lit en gériatrie. Le 3ème décès en quelques mois. Les syndicats ont déposé un signalement au procureur pour mise en danger de la vie d’autrui... Sommes-nous désormais dans une démocratie policière ? C’est en tout cas l’analyse de Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS, prof à Sciences Po Grenoble et auteur d’un livre sur les relations entre la jeunesse et la police. Il est l’invité du JT... Et puis pour un sujet un peu plus léger, on prendra les bulles pour monter à l’Alpe d’Huez, la station qui accueillait le week-end dernier son 16ème festival de bandes dessinées, avec comme invité d’honneur Alexis Nesme qui a appris aux enfants à dessiner Mickey et Donald...
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00:09 La situation au CHU Grenoble-Alpes reste très tendue.
00:13 Un homme de 91 ans est décédé aux urgences après 3 jours d'attente pour un lit en gériatrie.
00:18 Le 3ème décès en quelques mois.
00:20 Les syndicats ont déposé un signalement au procureur pour mise en danger de la vie d'autrui.
00:25 Répression violente des manifestations, sommes-nous désormais dans une démocratie policière ?
00:30 C'est en tout cas l'analyse de Sébastien Rocher, directeur de recherche au CNRS, prof à sciences pour Grenoble et auteur d'un livre sur les relations entre la jeunesse et la police.
00:38 Il est l'invité du JT.
00:40 Et puis pour un sujet un peu plus léger, on prendra les bulles pour monter à l'Alpe d'Huez,
00:44 la station qui accueillait le week-end dernier son 16ème festival de bons dessinés,
00:48 avec comme invité d'honneur Alexis NEM, qui a appris aux enfants à dessiner Mickey et Donald.
00:55 Bonsoir à tous, ravi de vous retrouver dans ce JT du mercredi 19 avril 2023.
01:00 Du lundi au vendredi, à partir de 18h, l'essentiel de l'actualité du Grand Grenoble.
01:06 Il y a tout juste une semaine, un homme de 91 ans est décédé aux urgences du CHU de Grenoble,
01:12 alors qu'il attendait depuis trois jours un lit en gériatrie.
01:15 Pourtant, son pronostic vital ne semblait pas engagé.
01:18 Sa famille n'était pas présente, puisque les proches ne sont pas admis aux urgences depuis le Covid.
01:23 Depuis cette crise, l'organisation des urgences est en grande souffrance.
01:27 Quelques jours avant le décès du vieil homme, les syndicats avaient déposé un signalement
01:32 pour mise en danger de la vie d'autrui.
01:34 Le parquet de Grenoble a annoncé ce midi qu'il n'ouvrirait pas d'enquête
01:38 et classait l'affaire sans suite, en absence d'infraction pénale.
01:42 Mais le malaise reste bien présent.
01:44 Nous sommes depuis des mois alertés, que ce soit les personnels comme les syndicats,
01:48 sur la situation que les urgences vivent depuis plusieurs mois, voire maintenant des années.
01:54 Nous avons fait un signalement ces derniers jours, le 5 avril, pour mise en danger de la vie d'autrui.
02:00 Malheureusement, il y a eu un décès ces derniers jours, mais ce n'est pas le seul.
02:04 On attire l'attention sur trois décès de morts inattendues, qu'on appelle,
02:10 et qui sont arrivés depuis le mois de décembre.
02:15 Les patients qui sont décédés, attendaient depuis plusieurs jours en ligne d'hospitalisation.
02:20 La capacité maximale des urgences est de 55 patients en même temps.
02:25 Ces derniers mois, la moyenne est plutôt de 4 ans, avec des pics à 100-110,
02:32 avec une diminution du personnel, surtout médical,
02:35 et donc ça fait que la surveillance des patients reste très compliquée.
02:39 La seule demande des personnels et des syndicats, c'est de nous redonner les moyens
02:43 pour pouvoir prendre soin des patients.
02:46 Dans un communiqué, la direction du CHU de Grenoble explique que 50% des postes d'urgentistes
02:51 sont vacants depuis un an et demi, et que plus de 200 lits sont fermés, faute de candidats médecins.
02:57 Elle espère pouvoir recruter des soignants dès les sorties d'école en septembre.
03:02 Ils ne sont plus que deux, et à la fin, il n'en restera plus qu'un.
03:05 Les salariés de Gosport devront encore patienter un peu,
03:08 avant de connaître le nom du repreneur de leur entreprise.
03:11 Le tribunal de commerce de Grenoble rendra sa décision le 28 avril,
03:15 en proposant de garder 1631 postes sur les 2200 actuels, contre 1613 pour le groupe anglais Fraser's.
03:22 InterSport a la faveur des salariés.
03:25 Lundi, la Holding, détenue par Michel Oaillon, avait renoncé à proposer un plan de continuation.
03:31 Le groupe Gosport est pour l'instant en cessation de paiement.
03:35 Les violences policières, mythes ou réalité,
03:38 participent à une manifestation et se prend le risque de se faire taper dessus.
03:42 La démocratie perd-elle le fil ?
03:44 On en parle à présent avec mon invité Sébastien Rocher.
03:47 Bonsoir.
03:48 Vous êtes directeur de recherche au CNRS, enseignant à Sciences Po Grenoble,
03:52 spécialiste des questions de police et de sécurité.
03:55 Vous avez récemment publié aux éditions, grâce à un livre intitulé "La Nation inachevée".
04:00 On y reviendra.
04:01 On a l'impression que ces derniers temps, après les gilets jaunes,
04:05 depuis les manifestations contre les réformes des retraites et même lors d'autres rassemblements,
04:10 certains représentants des forces de l'ordre se montrent peut-être plus violents.
04:14 Est-ce qu'on assiste à une brutalisation des opérations de maintien de l'ordre ?
04:18 Si on regarde les choses globalement, je dirais dans la séquence 2018 jusqu'à aujourd'hui, sur cinq années,
04:25 oui, c'est très clair.
04:28 Il y a un usage de la force, ce sont les termes juridiques.
04:31 Dans la réalité, c'est le corps à corps, c'est la violence,
04:34 qui s'est considérablement élevée en France.
04:38 Pour autant, on n'est pas dans une situation comparable, évidemment, à celle du Brésil ou à celle de la Russie.
04:45 C'est-à-dire qu'il y a toujours une ligne rouge en France qui est zéro mort.
04:48 Mais à côté de ce zéro mort, il y a une utilisation notamment des grenades et LBD
04:54 qui provoquent des mutilations, plus de quatre depuis le début d'année, plus de 30 pendant les gilets jaunes.
04:59 Un total qui est inconnu dans les autres démocraties européennes.
05:04 On l'a vu avec cette fameuse brigade, la Brave M, avec une scène qui a été filmée sur les réseaux sociaux
05:11 qui témoigne de la violence de certaines confrontations.
05:15 Ça aussi, c'est nouveau, cette espèce d'impunité.
05:19 On sait bien qu'on peut être filmé partout, tout le temps, et puis pourtant, on y va quand même.
05:23 Oui, d'abord, les comportements illégaux ou violents, les tirs qui ne respectent pas la distance au LBD, par exemple,
05:33 les nasses, les gazages, les arrestations préventives, ça, ça répond à des instructions.
05:40 C'est-à-dire qu'on ne demande pas aux policiers de faire des fausses,
05:43 mais on leur demande d'agir d'une manière qui les pousse à la faute.
05:47 Quand Darmanin dit "je ne veux pas de ZAD, ni dans Paris, ni ailleurs",
05:51 ça, c'est une instruction qui dit aux gendarmes et aux policiers "soyez une unité de choc, allez à la confrontation".
06:00 Et forcément, de la confrontation, vont sortir des blessés, d'ailleurs, dans les deux côtés.
06:08 Donc, en fait, c'est une instruction, ce n'est pas parce que les forces de l'ordre sont fatiguées, comme le dit le ministre de l'Intérieur.
06:14 Alors, la fatigue n'est jamais une bonne chose.
06:18 Si les agents sont fatigués, c'est que leur employeur ne prend pas suffisamment soin d'eux.
06:22 Donc, il y a une responsabilité de l'employeur.
06:25 Mais non, si on compare les policiers français aux policiers allemands et aux policiers britanniques,
06:30 ce qu'on voit, c'est que les policiers français reçoivent des instructions et sont équipés pour aller à cet affrontement.
06:37 Les LBD sont inconnus en maintien de l'ordre en Allemagne,
06:41 ils sont inconnus au Royaume-Uni, inconnus au Dalmark, inconnus en Finlande.
06:45 Les équipements de protection que portent les policiers, vous ne les voyez pas non plus dans les autres pays européens.
06:50 Donc, on a une police qui se prépare à l'affrontement, qui ne lâche pas ses coups non plus n'importe comment.
06:56 Pour une fois, on n'est pas dans une dictature, mais on a une police qui, aujourd'hui, est envoyée à l'affrontement
07:02 contre des manifestants, y compris des manifestants pacifiques.
07:06 D'ailleurs, on va le voir, à Sainte-Sauline, des familles avec enfants ont reçu des gaz lacrymogènes, a priori.
07:12 Ils n'étaient pas forcément destinés à eux. Il y a eu une erreur aussi sur des groupes qui étaient plus ciblés que d'autres, mais quand même.
07:20 Oui, alors ça, c'est un principe important du droit européen auquel la France a souscrit.
07:26 Ça s'appelle la différenciation, c'est-à-dire que dans les manifestations,
07:30 vous avez des gens qui vont, comme vous et moi, exprimer leur mécontentement, leur colère,
07:36 puis vous avez d'autres groupes qui sont beaucoup plus agressifs, y compris qui peuvent jeter des projectiles sur les policiers.
07:43 L'instruction générale qui est donnée, c'est de différencier.
07:47 Vous ne gazez pas les gens qui ne font rien et vous réservez l'usage de la force par rapport à ceux qui sont une menace ou un danger.
07:55 Mais malheureusement, cette instruction est bonne, mais elle n'est pas appliquée en France.
07:59 On a donc une indifférenciation. Les tirs de LBD, de grenades, les gazages ont concerné aussi, par exemple,
08:06 les journalistes étrangers qui, dans toute l'Europe, écrivent des reportages sur ce qu'est le maintien de l'ordre en France.
08:13 Vous dites, la nouvelle démocratie policière française se résume à une formule, l'État contre la nation. On en est là ?
08:20 Je crois que le président de la République a fait le choix de ne pas rechercher de compromis politiques
08:27 et la police est ensuite envoyée dans ce défaut de compromis politique.
08:31 Ce n'est pas la police qui crée le désaccord entre les Français et la présidence de la République,
08:37 mais ce désaccord engendre le fait qu'on emploie la police.
08:40 Et quand on n'a pas d'autorité, quand on a perdu son autorité, on tend à employer plus de contraintes, plus de coercition.
08:48 Et je crois que c'est ce qui est en train de se passer.
08:50 Alors, on peut le dire aussi à Grenoble, qui est une plus petite ville, ce qui s'est passé à Paris avec l'Ebrahim.
08:56 C'est aussi à déplorer, bien sûr. Mais à Grenoble, les manifestations ont été réprimées plutôt de façon pacifiste et calme.
09:06 Ça dépend aussi un petit peu de... Même s'il y a un ministre qui donne des ordres, ça dépend aussi un peu en local du chef de la police locale.
09:13 En fait, il y a beaucoup de facteurs qui jouent. Je crois que tout le monde cherche à les réduire à un seul, mais il y en a beaucoup.
09:18 Les instructions politiques d'aller, comme on dit, au contact, c'est-à-dire au corps à corps, vont avoir un effet.
09:24 Mais l'interprétation ensuite des instructions qui ne disent pas ça noir sur blanc, qui disent en général, il faut disperser la manifestation,
09:33 mais il faut veiller à la sécurité des personnes. Donc cet équilibre entre les différentes instructions, ça, c'est le fait d'un chef de police.
09:40 Et il y a quantité de chefs de police en France qui ne sont pas dans la recherche de la confrontation, mais qui sont placés dans cette difficulté.
09:48 – Vous avez donc récemment publié un ouvrage "La Nation inachevée", sous-titré "La jeunesse face à l'école et la police".
09:54 Ce que vous dites, c'est qu'il ne faut pas faire entrer le style policier dans l'éducation et que les actions de la police peuvent aussi avoir des conséquences
10:01 sur le développement éducatif de certaines populations.
10:04 – C'est ce que maintenant les travaux français et aussi américains montrent. L'expérience de la police, le fait par exemple d'être rudoyé, brutalisé,
10:13 de recevoir un coup de matraque, ça, c'est le fondement des émotions qui soutiennent notre adhésion à la nation, à la République.
10:20 Vous n'avez jamais rencontré la nation, personne ne peut jamais rencontrer la nation.
10:25 Appartenir à une nation, c'est une croyance collective. Les coups qu'on reçoit, le fait d'être maltraité, brutalisé, détruisent cette idée d'être en commun,
10:34 d'avoir quelque chose à partager. Et c'est ce qu'on voit à partir de ces études dans "La Nation inachevée", là, qui ont été faites à Grenoble et à Lyon,
10:40 d'ailleurs, pour une grande partie, on voit ces processus, on peut les mesurer avec des outils statistiques.
10:46 – On pourra en parler pendant très longtemps, je vous conseille donc, si vous êtes intéressé par la question de lire,
10:51 "La Nation inachevée" publiée aux éditions Grasset. Merci beaucoup Sébastien Rocher.
10:55 – Merci.
10:56 – Pour s'évader un peu de notre quotidien, chaque année, l'île au soleil se transforme en fin de saison, en île aux bulles.
11:02 L'Alpe d'Huez a accueilli le week-end dernier sa 16e édition du festival de bande dessinée,
11:07 un festival co-organisé par Gléna, l'éditeur grenoblois qui détient notamment la licence Disney
11:12 et fait appel à des auteurs reconnus pour illustrer les nouvelles aventures de Mickey,
11:16 comme Alexis Nem, invité d'honneur, qui est venu donner quelques conseils.
11:21 Apprendre à dessiner Mickey, c'était l'activité proposée à une vingtaine d'enfants lors du festival de la BD de l'Alpe d'Huez.
11:28 – On a tous un lien avec Mickey, on a tous un lien différent.
11:31 En en parlant avec les auteurs qui sont dans la collection, je me suis rendu compte que chacun avait un attachement
11:34 qui est lié soit à un magazine, soit à des lectures de jeunesse.
11:39 C'est effectivement un personnage qui a traversé un peu nos vies.
11:42 – Dans cette salle de classe, les stylos et livres de cours laissent place aux crayons et carnets à dessin.
11:47 Les jeunes dessinateurs se sont concentrés pour donner vie à cet emblème presque centenaire
11:51 grâce au conseil du dessinateur Alex Sinem.
11:54 – Oui, alors c'est assez marrant parce que même avec des tranchées d'âge assez proches,
11:58 on voit qu'il y a différents, déjà au niveau de dessin, et puis différentes approches.
12:02 Ceux qui n'ont pas du tout au niveau de dessin ont des approches qui peuvent être très graphiques
12:05 et on a des résultats qui sont assez rigolos, qui peuvent être très design.
12:08 Il y a beaucoup d'enfants qui font des têtes géantes, du coup on a aussi dans l'univers un peu kawaii
12:14 qui est un peu à la mode en ce moment.
12:16 Donc ça fait toutes sortes de dessins assez rigolos et c'est très amusant.
12:20 – Pas facile de reproduire les traits de ce personnage emblématique,
12:23 mais chacun donne donc son interprétation de la célèbre souris lui donnant une nouvelle vie,
12:28 un élément clé de la longévité de Mickey.
12:31 – Il y a des auteurs qui l'ont travaillé de manière assez rigide,
12:35 avec des proportions très calibrées, très carrées, et puis d'autres un peu moins.
12:39 Et moi, donc il y a un peu d'attitude quand même de mouvement pour le faire vivre.
12:43 C'est pas si rigide que certains personnages qu'on connaît.
12:47 – Mickey Mouse fait encore rire et rêver les jeunes générations,
12:50 lui assurant un bel avenir pour encore des années.
12:52 – C'est marrant, c'est une grosse tête, super classe.
12:58 – Bonjour monsieur.
13:00 – C'est un peu, effectivement, de chaque génération.
13:03 C'est-à-dire que c'est un personnage qui peut être à la mode pendant un certain temps,
13:07 être visible en animation, puis plus du tout, puis être visible en magazine.
13:11 Le magazine marche pas mal en ce moment, donc les enfants le connaissent bien.
13:14 – En 2022, la bande dessinée est le livre qui s'est le plus vendu en France.
13:19 L'autre festival de l'Alpe d'Huez, c'est celui du film de comédie,
13:23 dont si on parlait, Lucille Dailly reçoit Fanny la Croix-mère de Châtel-Entrièvre,
13:26 qui a inspiré une réalisatrice pour le personnage principal de sa comédie,
13:30 Les Petites Victoires, qui a remporté deux prix à l'Alpe,
13:33 avec ou sans victoire, sa passion du ski sera toujours là pour Coralie Frasse-Sombey,
13:38 jeune retraitée de l'équipe de France, qui construit désormais son nouvel avenir.
13:41 Et avant le salon du modèle réduit de Noyaré, l'organisateur Franck Bosy
13:46 nous raconte sa passion de la miniature, qui nourrit un imaginaire infini.
13:50 Également dans l'agenda, Lord Bétrave, qui se produira à partir de jeudi
13:54 et pour trois soirs à la Basse-Cour, le café-théâtre grenoblois,
13:57 débarquer de sa Suisse natale avec un pouvoir d'achat indécent et un pseudo plus que douteux,
14:02 l'humoriste s'engage avec force pour une neutralité lâche,
14:06 un spectacle corrosif, déglingué et jouissif, dans lequel Lord Bétrave
14:10 prend au sérieux l'absurdité de notre quotidien pour mieux rire de sujets sérieux ou l'inverse.
14:16 Retour de l'actu dans une heure et en replay sur telegrenoble.net.
14:20 Je vous souhaite à tous une très belle soirée.
14:22 ...