Ludovic Vigogne : «Ça a dégénéré entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe»

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Ludovic Vigogne, journaliste à L’Opinion et auteur de "Les sans jours, Macron : les secrets d'un passage à vide" chez Bouquins editions, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de l'impopularité du président de la République après la contestation contre la réforme des retraites et de son second quinquennat.

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Transcription
00:00 - 8h13, votre invité ce matin, Sonia Mauvreau, qui est journaliste au journal "L'Opinion".
00:04 - Et auteur du livre "Les 100 jours" aux éditions "Bouquins".
00:08 Bonjour à vous Ludovic Wigand. - Bonjour Sonia.
00:10 - Et bienvenue sur Europe 1. Alors des huées, des sifflets, des casseroles.
00:14 La visite d'Emmanuel Macron hier en Alsace a été chahutée.
00:18 Le même scénario se profile probablement aujourd'hui dans "L'Héros".
00:21 Et pour éclairer Ludovic Wigand la période politique actuelle,
00:25 il faut remonter au début raté, il faut bien le dire, du second mandat d'Emmanuel Macron.
00:29 C'est ce que vous écrivez. Est-ce que ces débuts, ces 100 jours, S-A-N-S,
00:34 qui suivent sa réélection, expliquent selon vous ce que l'on vit actuellement ?
00:37 - Oui, je le crois. C'est parce que ce quinquennat est mal né
00:40 qu'Emmanuel Macron est aujourd'hui dans une situation si compliquée.
00:44 - Et pourquoi selon vous ces premiers jours sont ratés ?
00:47 Est-ce en grande partie aussi de sa faute ? Il n'a pas fait de campagne,
00:50 mais il faut reconnaître que cela a été vampirisé par la guerre en Ukraine.
00:53 - Oui, bien sûr. C'est sûr qu'il n'a pas fait vraiment campagne présidentielle.
00:57 Il s'est livré au minimum d'exercices obligatoires.
01:02 Il a fait un programme extrêmement minimal, très peu de meetings, on s'en souvient.
01:08 Mais malgré tout, cette absence de campagne a généré une absence d'élan,
01:12 mais malgré tout, dès le lendemain de sa réélection, il ne met pas plus de souffle.
01:16 Il choisit de prendre son temps, il a un comportement en retrait qui désarçonne un peu.
01:21 Il y a une sorte de flottement, une sorte de passage à vide humain, politique,
01:25 assez étonnant, qui aura de très lourdes conséquences,
01:28 puisque cela explique, on l'a dit, la nasse dans laquelle il est aujourd'hui.
01:32 - Alors vous le dites, pas d'élan, pas de souffle, encore moins d'état de grâce.
01:36 Dans quel état d'esprit vous parlez à la fois de psychologie et de politique ?
01:40 Vous suivez, Ludovic Wigand, je le dis à nos auditeurs,
01:42 depuis très longtemps la vie politique française.
01:45 Comment vous décririez ce moment ? Parce que vous écrivez, c'est assez édifiant,
01:49 qu'Emmanuel Macron déroute même les plus proches, son premier cercle.
01:53 - Oui, c'est un moment tout à fait étonnant. Je crois qu'il y a plusieurs choses qui jouent.
01:57 D'abord, il n'a rien anticipé. Emmanuel Macron, durant son premier quinquennat,
02:01 a pensé chaque jour à sa réélection, c'était une obsession.
02:04 En revanche, à ce qu'il ferait le lendemain de celle-ci, il n'y a pas du tout songé.
02:09 C'est vrai que, vous le rappeliez, les derniers mois de son premier mandat
02:13 ont été complètement occupés. Il y a eu la présidence française de l'Union européenne,
02:16 il y a eu évidemment la guerre en Ukraine, il y a eu un peu de campagne électorale.
02:20 Donc, il n'a pas du tout pensé à ce qu'il ferait. C'est un premier point.
02:23 Deuxièmement, il y a un peu de fastide physique qui joue, parce que même s'il est très jeune,
02:27 qu'il a 44 ans quand il est réélu, être président en première ligne pendant 5 ans, ça use.
02:32 Et ça se ressent. Troisièmement, je crois qu'il n'est pas tout à fait passionné par ce qu'il fait.
02:37 - Mais c'est incroyable ! Il faut reconnaître que c'est une prouesse, malgré ce que vous avez réuni.
02:41 - C'est un exploit. Pourquoi ? Parce qu'il avait les pleins pouvoirs,
02:44 il n'était pas en cohabitation, contrairement à Mitterrand en 88 ou Chirac en 2002.
02:48 Lui était vraiment avec une majorité sortante, et donc être réélu dans ces conditions,
02:53 réussir ce que Giscard en 81 ou Nicolas Sarkozy en 2012 n'ont pas réussi, c'est un vrai exploit.
02:59 Malgré tout, il n'y a pas tout à fait de passion absolue, parce qu'il refait ce qu'il a déjà fait.
03:05 Nommer un gouvernement, nommer un premier ministre, ce ne sont pas des exercices qui le passionnent.
03:11 - Mais pour ceux qui nous écoutent, Ludovic Wigand, on a du mal à comprendre,
03:14 et c'est ça ce qui est important et différent dans votre livre, comment on peut être blasé au sommet du pouvoir,
03:21 après avoir réussi malgré tout et malgré toutes les critiques, on va en parler à l'égard d'Emmanuel Macron,
03:26 une prouesse, vous le dites, et bien non.
03:28 Vous décrivez un homme avec une sorte de vide, des jours sans, qui se traduisent très concrètement,
03:33 les proches le ressentent, tout le monde est dérouté par son attitude et son comportement.
03:37 - Oui, Jean-Pierre Raffarin parle, pour qualifier ce moment-là, de succès blues, comme il y a un baby blues.
03:44 Oui, il y a quelque chose de cet ordre-là, il y a un passage à vide, un trou.
03:48 Édouard Philippe dit qu'il a "déjoué" comme un joueur de tennis qui répéterait chaque jour les mêmes gestes,
03:53 mais qui cette fois-ci mettrait à chaque fois la balle en dehors du cours.
03:57 Il y a un flottement humain, ça arrive en politique, on l'a vu déjà,
04:04 et là c'est ce qu'Emmanuel Macron a vécu, je ne parlerai pas de dépression, je n'irai pas jusque-là,
04:09 mais il y a une fatigue, il y a une absence de souffle, une absence d'élan,
04:13 peut-être un petit désarroi sur ce qu'il doit faire, et puis très vite aussi, il est contrarié.
04:19 Il y a un épisode fameux que je raconte, qui est la nomination de Catherine Vautran.
04:23 - Alors on va en parler, si vous voulez bien, Ludovic Wigand, je vais reprendre le fil,
04:26 si vous voulez, la galerie des portraits de ces premiers ministres,
04:29 et les relations sont très intéressantes, elles disent beaucoup aussi d'Emmanuel Macron.
04:33 Jean Castex, ça fonctionne plutôt bien, il ne fait pas d'ombre au président, on peut le dire.
04:37 - Non, non, pas du tout, c'est vraiment un duo qui a parfaitement fonctionné.
04:40 Emmanuel Macron était complètement satisfait de Jean Castex, c'était vraiment sa trouvaille,
04:44 il avait un posé à ses proches qui n'en voulait pas forcément,
04:47 pendant deux ans ça s'est magnifiquement passé,
04:50 Jean Castex n'a jamais essayé de lui prendre la lumière,
04:54 et on sait très bien que c'est ce qu'avait reproché Emmanuel Macron à Édouard Philippe à la fin de son bail à Matignon.
04:59 - Je ne veux pas être désobligeante, mais l'aurait-il voulu Jean Castex ?
05:02 Il y a des personnalités moins flamboyantes peut-être, c'est pour ça qu'Emmanuel Macron l'a choisi.
05:08 - Tout à fait, et puis d'un autre côté, Jean Castex a toujours trouvé
05:11 qu'Emmanuel Macron faisait œuvre de délicatesse humaine à son égard.
05:16 Ce qui explique que dans un premier temps,
05:18 Emmanuel Macron songe à le garder quelques jours jusqu'au lendemain des législatives
05:23 pour se donner le temps de choisir sa nouvelle première ministre,
05:26 mais Jean Castex, lui, n'a pas du tout envie de rester.
05:29 - Je vais tourner la page, peut-être connaît-il aussi ce vide, en tous les cas cette grande fatigue,
05:32 c'est ce que vous écrivez dans "Les 100 jours".
05:35 On va continuer cette galerie des portraits, Ludovic Wigand sur Europe 1.
05:38 Alors, Emmanuel Macron et Édouard Philippe, là c'est une autre affaire.
05:41 Et si vous deviez choisir ce matin un mot pour résumer ce qui caractérise leur relation, que diriez-vous ?
05:46 - Il y a une véritable détestation aujourd'hui entre eux.
05:49 - Ah détestation ? - Oui, vraiment.
05:50 Elle a commencé à la fin de Matignon, où Emmanuel Macron a très mal vécu la lumière,
05:57 car à un moment donné concentré lors de la première crise sanitaire,
06:01 Édouard Philippe ne le supportait plus, tout simplement.
06:04 Et les mois qui ont suivi, ça a complètement dégénéré,
06:08 puisque Emmanuel Macron a mal pris la volonté d'indépendance de son ancien Premier ministre.
06:13 Il estime que le maire du Havre lui devait tout,
06:16 et il a mal accepté son expression de "loyal mais libre".
06:20 Et donc, entre eux, ça a complètement dégénéré.
06:23 Emmanuel Macron a tout fait pour empêcher le développement du parti d'Édouard Philippe-Horizon.
06:28 Il n'a pas du tout associé... - Avec des bâtons dans les roues pour ostraciser Édouard Philippe ?
06:33 - Oui, il y avait une pression sur les élus qui voulaient rejoindre Édouard Philippe
06:37 pour qu'il ne le fasse pas.
06:38 On leur expliquait que s'il le faisait, il ne serait pas ministre.
06:41 - Mais quand vous dites "on sait qui", c'est-à-dire on imagine Emmanuel Macron qui dit à certaines personnes "allez-y" ?
06:45 - Oui, on le sait, on sait que Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Thierry Solaire,
06:50 qui était à l'époque conseiller politique d'Emmanuel Macron, ont fait cette pression,
06:53 même s'ils avaient de bonnes relations avec Édouard Philippe,
06:56 ont fait cette pression pour empêcher des élus de rejoindre Horizon.
06:59 - Cette phrase qu'a prononcée Édouard Philippe et que vous l'écrivez dans votre livre "Les 100 jours",
07:04 "Ludovic Wiggum", elle est importante. "Je suis loyal mais libre", "Docteur loyal mais libre".
07:09 Emmanuel Macron n'a pas du tout apprécié, d'autant plus, vous le dites,
07:13 qu'il estime qu'Édouard Philippe est un peu responsable aussi des contraintes,
07:17 des critiques autour de la gestion de la crise du Covid,
07:21 et que c'est finalement lui, le président, qui reçoit tout, les critiques et tout ce qui ne va pas.
07:24 - Oui, bien sûr, parce que ce sont des décisions qui ont été prises à deux,
07:28 les bonnes comme les mauvaises.
07:30 Or, il y en a un qui a l'impression de payer le prix de toutes les mauvaises,
07:34 et Emmanuel Macron a l'impression que c'est à Édouard Philippe qu'on attribue toutes les bonnes.
07:39 Donc il le vit de manière extrêmement injuste.
07:41 - Une forme d'injustice, effectivement. Et puis, il y a...
07:43 - Non, non, pardon. Normalement, c'est le Premier ministre qui est le fusible.
07:46 - Ah ! - Ça s'est passé dans un sens contraire.
07:48 - Et puis, la relation, alors là, c'est assez incroyable,
07:51 avec une première ministre qui n'a pas été nommée, Catherine Vautrin.
07:54 Racontez-nous quand même, c'est assez incroyable, ce qui se prépare.
07:57 Elle se prépare malgré tout pendant quatre jours à intégrer Matignon.
08:00 Elle s'y voit déjà ?
08:02 - Oui, Catherine Vautrin, c'est le premier choix d'Emmanuel Macron pour Matignon.
08:07 Il la reçoit dix jours après sa réélection pour un tête-à-tête à l'Élysée, dans son bureau.
08:12 Ils se connaissent très peu. Catherine Vautrin, elle a fait toute sa carrière à droite.
08:16 Elle a été membre des Républicains jusqu'à la fin de l'année 2021.
08:19 Elle a rejoint Emmanuel Macron en février, lors du début de sa campagne de réélection.
08:26 Ils se sont très peu croisés, une ou deux fois, durant le précédent quinquennat.
08:29 Et Emmanuel Macron la reçoit pour faire connaissance, pour lui dire qu'il songe à elle,
08:34 pour Matignon, parce qu'elle est femme, parce qu'elle est élue locale, parce qu'elle vient de la droite.
08:38 Et il cherche à peu près quelqu'un qui réunit ces critères-là.
08:41 Il lui explique que ça pourrait être elle.
08:45 Il lui demande de réfléchir à une architecture gouvernementale.
08:48 Et ils vont se revoir une semaine plus tard, pendant trois heures, un déjeuner,
08:54 dans le Jardin de l'Élysée, où là Emmanuel Macron va dire à la présidente de la communauté urbaine du Grand Rhin,
09:00 "C'est vous, c'est vous que je vais nommer à Matignon la semaine prochaine."
09:04 C'est signé, si je puis dire, entre les deux, et c'est lé.
09:06 Pendant trois heures, ils discutent de la composition du gouvernement, de leur manière de travailler.
09:12 Brigitte Macron arrive à la fin du déjeuner, et Emmanuel Macron lui dit,
09:16 "Je te présente ma nouvelle première ministre."
09:19 Emmanuel Macron demande à Catherine Vautrin de voir Jean Castex les jours qui suivent,
09:24 pour qu'il y ait une prépassation de pouvoir, off, avant celle qui doit être officielle quelques jours plus tard.
09:30 Et puis finalement, patatra, on le sait tous, ce n'est pas Catherine Vautrin qui sera finalement nommée à Matignon.
09:35 - Sous la pression, peut-on dire, de l'aile gauche de la majorité ?
09:39 - Oui, on peut le dire.
09:40 - Vraiment ? Mais une pression qui vient à bout quand même d'un choix et de tout ce que vous racontez.
09:44 - Oui, c'est tout à fait spectaculaire.
09:46 Dès que le nom de Catherine Vautrin fuite, une véritable contre-offensive se met en place,
09:51 qui vient du cœur du cœur de la Macronie.
09:54 Vous le disiez d'abord, l'aile gauche, Richard Ferrand, qui est à l'époque président de l'Assemblée nationale,
09:59 qui estime que ce n'est pas possible de donner Matignon pour la troisième fois à une personne qui vient des Républicains,
10:05 qui estime que cette fois-ci, c'est quelqu'un qui a accompagné Emmanuel Macron
10:10 durant tout son premier quinquennat qui doit être récompensé.
10:12 C'est François Bayrou aussi qui y fait barrage, qui estime que Catherine Vautrin n'est pas apte à un tel poste,
10:18 qui voit derrière elle l'ombre de Jean-Louis Borloo dont elle est proche et qu'il ne peut pas supporter.
10:23 Et puis c'est aussi la technostructure, c'est Alexis Colère, le secrétaire général de l'Elysée,
10:28 si puissant, qui estime que Catherine Vautrin n'a pas fait les grandes écoles quand Elisabeth Borne est politique.
10:36 - Choix contraint, donc, Elisabeth Borne.
10:39 - Je précise quelque chose qui me semble complètement stupéfiant,
10:43 c'est qu'il n'y aura eu, entre la réélection d'Emmanuel Macron et la nomination d'Elisabeth Borne,
10:49 entre le 24 avril et le 16 mai, aucun tête-à-tête entre le chef de l'État et Elisabeth Borne
10:55 pour préparer ce qu'ils vont faire, pour discuter de leur manière de travailler, de la composition du gouvernement.
11:00 Elisabeth Borne sera nommée à la dernière minute, ce fameux lundi 16 mai,
11:05 le matin, elle apprendra qu'elle va l'après-midi, quelques heures plus tard, à Matignon.
11:09 - Alors on va poursuivre cette galerie des portraits, mais au-delà des premiers ministres,
11:12 il y a un homme, un responsable politique, un ancien président qui compte, Nicolas Sarkozy,
11:17 qui expliquera d'ailleurs à Emmanuel Macron qu'il a fait peut-être une erreur,
11:21 en choisissant Elisabeth Borne, qui va lui coûter sa majorité.
11:24 Alors c'est une autre relation, évidemment, entre Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy.
11:27 Comment la qualifier là encore ? Est-ce qu'on peut parler de considération politique et personnelle ?
11:32 - Oui, je pense humaine, oui, bien sûr. Je pense que les deux s'apprécient.
11:36 On connaît Nicolas Sarkozy, on sait très bien qu'il a le goût des vies romanesques, des exploits,
11:44 et en la matière, Emmanuel Macron coche ses deux cases.
11:48 Et puis d'un autre côté, pour Emmanuel Macron, c'est très utile de pouvoir s'entretenir avec quelqu'un qui a fait le job,
11:55 qui a pu être confronté à des mêmes types de questions, de situations.
12:00 Et en plus, on sait que Nicolas Sarkozy n'est jamais avare de conseils,
12:04 donc il ne se prête pas à donner à Emmanuel Macron.
12:06 - Est-ce qu'Emmanuel Macron les écoute ?
12:07 - Non, ça c'est d'ailleurs ce qui agace régulièrement Nicolas Sarkozy.
12:11 Nicolas Sarkozy a l'habitude de dire qu'Emmanuel Macron a deux défauts.
12:16 C'est qu'un, il change beaucoup d'avis, et deuxièmement, il procrastine énormément.
12:20 Et ça, ça l'agace beaucoup. Mais malgré tout, ils ont une relation, je crois qu'on peut dire, de complicité.
12:25 - Vous décrivez aussi dans les 100 jours, Ludovic Wigon, un autre personnage rôle clé,
12:30 évidemment collaborateur historique d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler, avec un duo au pouvoir.
12:36 Et maintenant, après les 100 jours, alors S-A-N-S, voici les 100 jours, véritablement,
12:41 pour apaiser, en tous les cas, remettre à zéro les compteurs.
12:45 On a vu hier ces scènes, ces huées, ces casseroles, ces sifflets.
12:50 Certains disent niveau de détestation, véritablement, de haine à l'égard d'Emmanuel Macron.
12:55 Vous couvrez la politique française depuis très longtemps.
12:57 Est-ce que vous avez déjà connu un tel sentiment à l'égard d'un président ? Récemment ?
13:01 - Oui, je pense par exemple que lors du mariage pour tous, pour François Hollande,
13:06 j'ai le souvenir d'images où on le voyait effectivement conspuer par la foule,
13:10 et devoir rapidement rejoindre sa voiture.
13:13 Et puis, Emmanuel Macron l'a déjà connu lors de son premier quinquennat,
13:16 on se souvient tous de la crise des Gilets jaunes.
13:19 C'est déjà quelque chose qu'on a vu, et on va le revoir ces prochains jours, ça c'est sûr.
13:23 - Et pour écrire ce livre et refaire le film de ces premiers jours,
13:26 il faut faire parler l'entourage du président, et donc là c'est la question des coulisses que l'on vous pose.
13:31 Est-ce qu'il se confie facilement ? Est-ce que l'entourage du président,
13:35 est-ce qu'on parle facilement d'Emmanuel Macron en off, comme on dit, qui n'existe plus ?
13:39 - Moi, j'ai trouvé qu'on en parlait assez facilement, parce que je pense que ça intéressait beaucoup,
13:43 y compris l'entourage, d'essayer de comprendre pourquoi le train avait déraillé ainsi.
13:48 Qu'est-ce qui s'était passé dans la tête du président ?
13:50 Pourquoi ce quinquennat était-il si mal en manché ?
13:53 Et donc, j'ai trouvé plutôt des interlocuteurs loquaces,
13:58 et puis je pense qu'aussi chacun voulait remettre à sa place sa part de responsabilité.
14:04 C'est-à-dire, on attribue parfois des non-nominations à certains,
14:08 et je crois que chacun voulait bien montrer quel rôle il avait joué durant cette période tout à fait désarçonnante.
14:14 - La grande question à venir, c'est lorsqu'un train déraille, peut-il retrouver le droit chemin ?
14:19 Ça, c'est la question à venir. On note quand même le titre de votre ouvrage aux éditions au bouquin, "Les 100 jours".
14:25 Alors, on vous pose la question, le choix des 100 jours d'Emmanuel Macron, c'est un incroyable coup de plus.
14:31 - On dit quoi, hasard ? - Vous y croyez ?
14:33 - Je pense qu'il n'y a pas de hasard, je veux aussi garder les pieds sur terre.
14:37 Je ne pense pas que la formule d'Emmanuel Macron, lundi soir, soit une réponse à ce livre.
14:42 Malgré tout, je sais qu'on a lu le livre à l'Elysée, je sais que certains passages ont déplu au président.
14:49 Je sais qu'il n'a pas beaucoup aimé qu'on raconte, que je raconte par le détail, avec mes curiosités,
14:54 l'aller-retour au sujet de Catherine Vautrin, je pense que ça lui a déplu.
14:58 Donc, je pense que ça a joué inconsciemment, et puis psychologiquement, c'est quand même très intéressant.
15:04 Les 100 jours, c'est la manière dont on dénomme la période qui suit la réélection d'un président.
15:13 Normalement, à l'élection d'un président, à ce moment-là, c'est état de grâce, le président marche sur l'eau.
15:20 Ce n'est pas du tout ce qu'il a connu, on a l'impression qu'il y a un côté reset.
15:23 - Merci Ludovic Vigon. Les 100 jours, donc, aux éditions bouquins Macron, les secrets d'un passage à vide,
15:29 qui explique beaucoup, peut-être, de la situation actuelle.

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