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Le chanteur Pierre Perret sort un nouvel album à bientôt 89 ans. Autant dire que la retraite à 62 ou 64 ans, il ne connaît pas ! « Ma vieille carcasse » est son 29e album. Il avait envie d'aborder à nouveau des sujets qu'ils dénoncent depuis plusieurs décennies mais qui sont d'actualité aujourd'hui, comme l'écologie.

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Transcription
00:00 -Pierre Perret, bonjour. -Bonjour.
00:02 -Vous étiez déjà venu à Télémathas.
00:05 Vous connaissez bien l'émission.
00:08 Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:10 Aujourd'hui, on va parler de votre nouvel album,
00:14 "Ma vieille carcasse".
00:15 La première question, c'est la retraite à 62 ou 64 ans.
00:19 Ca ne vous intéresse pas ?
00:21 -C'est le seul mot que j'ai jamais trouvé dans mon dictionnaire.
00:24 Je ne sais pas ce que ça veut dire.
00:27 -Aucune envie de vous arrêter.
00:29 -Peut-être qu'il y en a qui ont envie que je m'arrête.
00:32 -En tout cas, 29e album.
00:34 Qu'est-ce que vous aviez envie de raconter dans celui-là ?
00:38 -Ben, j'ai abordé des tas de choses
00:41 qui nous concernent au quotidien,
00:44 à savoir que... Mais c'est pas nouveau.
00:46 L'environnement, et j'en parle abondamment.
00:49 J'avais écrit, à 50 ans,
00:52 "Donnez-nous des jardins ou verres de colère", par exemple,
00:55 que personne n'a pris en compte à l'époque.
00:58 Quand on disait "je suis verre de colère"
01:00 contre ces salopards qui ont bousillé la terre,
01:04 on disait "de quoi tu parles ?"
01:06 Aujourd'hui, on le sait.
01:08 Mais il y a pas que ça. Il y a des tas de thèmes abordés,
01:12 dont une chanson qui s'appelle "Les larmes des pauvres".
01:15 Aujourd'hui, on sait ce que ça veut dire.
01:18 -Il y a toujours ce regard social et sociétal chez vous.
01:21 Vous racontez quelque chose, vous prenez position.
01:24 -Je me suis un peu toujours battu
01:26 contre les moulins à vent, c'est vrai.
01:29 C'est mon côté Don Quichotte, mais je peux pas m'empêcher.
01:32 -Et cette vieille carcasse, Pierre Perret, c'est qui ?
01:35 -C'est moi. -Non, c'est vous, la vieille carcasse.
01:38 On va l'écouter, d'abord. On va essayer de comprendre.
01:41 -Si vous voulez prendre ce risque.
01:44 Musique douce
01:46 -Tous les matins, c'est le toxin
01:49 Quand je me décolle du traversin
01:53 De mon pieu à l'armoire à glace
01:58 Je me déplace comme une limace
02:02 Je me dis devant les yeux cernés
02:05 Qui viennent embraser mon proné
02:09 Que même le trou de balle d'une vieille chèvre
02:14 Est moins ridé que mes vieilles lèvres
02:18 -Dites-moi, elle vous stresse, la vieillesse ?
02:21 -Non, pas du tout. -C'est un naufrage ?
02:24 -Un constat douloureux. -Vous pensez que c'est un naufrage ?
02:27 -Pas pour moi. Pour ceux qui parlent de naufrage, peut-être.
02:32 -Vous le vivez pas du tout comme ça ?
02:34 -Non, pas du tout.
02:35 Vous savez, tant que vous avez envie.
02:38 Moi, je chante dans les concerts, j'écris mes chansons,
02:42 j'arrête jamais une seconde,
02:44 je me sens pas trop ramollou encore,
02:47 mais le jour où je vais l'être, ils vont me le dire dans la salle,
02:51 je vais le voir.
02:52 -Vous serez le 28 avril à Annecy, vous serez à Rennes le 8 octobre,
02:56 vous serez le 17 octobre à Bordeaux.
02:58 Qui sont vos spectateurs ?
02:59 On a tous nos parents, nous, nos enfants.
03:02 -4 générations. -Ils sont tous dans la salle ?
03:05 -Il y a 4 générations, mais vraiment.
03:07 -C'est génial, ça. -Oui.
03:09 Il y a, un des derniers concerts,
03:11 un monsieur, un vieux monsieur de 30 ans...
03:15 -Un vieillard.
03:16 -35 ans, qui m'a amené son... -Son enfant.
03:20 -Son enfant, qui avait 6 ou 7 ans,
03:22 il m'a dit "je l'emmène, parce que, quand j'avais son âge,
03:25 "mon père m'a amené pour voir..."
03:28 -Ca vous touche, ça ? C'est dingue.
03:30 -Qu'est-ce que vous voulez ? Qui peut rêver mieux que ça ?
03:33 De retrouver les générations d'une à l'autre comme ça,
03:37 c'est fabuleux.
03:38 -Il y a aussi une chanson qui a beaucoup fait parler,
03:41 qui est sortie sur Paris, les travaux, les embouteillages.
03:44 -Vous croyez qu'il y a des travaux à Paris ?
03:47 -C'est "Paris saccagé". Regardez un extrait du clip,
03:50 qui est aussi une sorte de tract.
03:52 -Pauvre Paris, Paris, on l'est dit
03:56 Dans quel état ils t'ont mis
03:59 Ils avaient promis Nirvana
04:02 Baisser la Bérezina
04:06 Où es-tu, Paris, lumière des cités
04:10 Qui était de la France la bergère
04:13 Quand les crétins frappaient de ses cités
04:17 -Père Thierry, ce clip a été visionné
04:20 plus d'un million et demi de fois.
04:22 Qu'est-ce qui vous a inspiré comme ça ?
04:26 Vous parlez des embouteillages, de la saleté à Paris.
04:29 Vous dites que c'est pas tant que ça.
04:31 Vous êtes plutôt à la campagne. -Je connais bien Paris.
04:34 -Ca s'est beaucoup dégradé ? Pourquoi vous êtes attaqué ?
04:37 -Parce que j'ai connu Paris beau, respectable, bien entretenu.
04:42 Et bon, c'est pas le Paris d'aujourd'hui.
04:45 Et là, c'est un "laissez aller" tel que...
04:49 -Ca vous énerve ou ça vous peine ?
04:51 C'est quoi, le sentiment ? -Les deux, mon capitaine.
04:54 -Certains disent que Pierre Péret a toujours eu du tempérament.
04:58 Il hurle avec les loups.
04:59 Un cycliste parisien, Althys Pley, a refait tout votre clip
05:02 et est allé voir pourquoi à tel endroit c'était ça.
05:05 Il y a eu la grève des éboueurs,
05:07 pourquoi à tel endroit il y avait des travaux.
05:10 Est-ce que vous avez pas eu une petite envie secrète
05:13 de parler comme parlerait Pierre Péret ?
05:15 -Non, pas du tout.
05:16 Non, non, pas du tout.
05:18 Je la connais, en plus, j'ai rien contre elle.
05:20 -Ca a été très récupéré politiquement.
05:23 -Oui, ben, qu'est-ce que vous voulez ?
05:25 Tout est récupéré aujourd'hui politiquement, ça m'est égal.
05:28 Mais c'est un constat douloureux
05:31 et je pense qu'elle n'est pas seule à sa mairie
05:35 et qu'elle est tributaire aussi de tas de gens
05:38 qui décident pour elle aussi,
05:41 et malheureusement, parce que...
05:43 Vous savez, cette chanson, je l'ai écrite, moi,
05:46 il y a deux ans et demi, à peu près.
05:48 -Ah, d'accord.
05:49 -Donc j'ai attendu pour faire le clip, le sortir,
05:52 le moment d'avoir fini toutes mes chansons,
05:55 puisqu'il y a une dizaine de chansons nouvelles
05:57 dans cet album,
05:59 et j'ai dit, quand l'album sortira,
06:02 je la rajouterai dans l'album,
06:04 et donc je l'ai sorti au dernier moment, deux ans après.
06:07 Et on m'a dit...
06:10 C'est dégueulasse d'avoir sorti ça avec des poubelles dans tout Paris.
06:14 -Et en fait, t'étais totalement fortifié.
06:16 J'ai appris quelque chose en lisant votre bio,
06:19 c'est que vous avez fait la première partie des Rolling Stones.
06:22 -Oui. -En 64.
06:24 C'était de salles, des ambiances. Comment ça s'est passé ?
06:27 -C'était fabuleux.
06:29 -C'était une satisfaction ou pas ?
06:31 -Joli.
06:32 C'était une vraie satisfaction,
06:34 mais à l'époque,
06:35 c'était pas courant de pouvoir tenir
06:39 dans un spectacle avec les Stones.
06:41 Et la salle, il y avait le feu pour moi aussi.
06:44 -Oui. -Et ça, c'était assez exceptionnel.
06:46 -Ce qui n'était pas le cas pour tout le monde.
06:49 -Tout le monde s'est fait virer.
06:51 -Les Stones, Mick Jagger doit dire qu'on a fait la deuxième partie
06:54 de Pierre Perret. -C'était à peu près ça.
06:57 -C'est ce qu'il doit dire. -Il a dit,
06:59 "C'est quoi, ce rocker français ?"
07:01 C'est extraordinaire. -Oui.
07:03 -Vous sentez l'âme d'un rocker ?
07:05 Vous êtes venu avec un cuir, mais vous sentez l'âme d'un rocker ?
07:09 -Bon, merci. -Est-ce qu'on peut se faire plaisir ?
07:11 Vous voulez bien ? -Oui, bien sûr.
07:13 Vous avez raison.
07:15 -Je voudrais qu'on écoute, avant de partir en pub,
07:18 "Ma petite Julia", qui était sur l'album "Le Zizi",
07:21 et que mes parents m'ont offert quand j'étais petite.
07:24 -Vous êtes confirmée. -C'était une chevrette
07:26 de 18 mois. Vous l'aviez écrite pour moi, Pierre Perret.

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