SMART IMPACT - Le débat du jeudi 20 avril 2023

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Jeudi 20 avril 2023, SMART IMPACT reçoit Stéphane Toutin (Directeur général, Urb-It) et Karim Tarzaïm (président, Célérifère)

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00:00 Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
00:04 C'est le symbole de la mobilité douce, il s'impose de plus en plus dans nos villes.
00:17 On parle du développement du vélo avec Stéphane Toutain. Bonjour.
00:20 Bonjour Thomas.
00:21 Vous êtes le directeur général d'Earth It. En visioconférence avec nous, Karim Tarzahim. Bonjour.
00:28 Bonjour.
00:29 Président de Cellerifer. Earth It, c'est une entreprise suédoise créée en 2014 qui a basculé vers la cyclologistique.
00:38 C'est le terme qu'on emploie en 2019. C'est quoi ? C'est une alternative à la livraison classique ?
00:44 Alors de manière assez générale, oui. La cyclologistique, c'est tous les modes de transport pour lesquels on va utiliser le vélo comme outil de mobilité.
00:51 D'accord.
00:52 Vos enjeux deviennent de plus en plus importants parce que le e-commerce prend une place plus importante dans nos villes.
01:00 Si on cherche à évaluer l'impact des différents secteurs de notre économie.
01:04 Absolument. Globalement, le transport représente environ 30% des émissions de gaz à effet de serre.
01:09 Vous l'avez dit très justement, une augmentation de l'activité du e-commerce.
01:13 C'est environ 1,6 milliard de colis qui sont livrés et exportés en France chaque année.
01:18 Le vélo apparaît comme une alternative pertinente pour imaginer des mobilités plus douces et un peu plus responsables.
01:27 2019, c'est le virage pour Europe Heat. La croissance est importante depuis combien de temps ?
01:36 La croissance a été très forte depuis 2020. On continue à observer une accélération qui est réconditionnée par deux facteurs.
01:42 Le premier, c'est une demande qui est en constante augmentation, même si on peut constater un petit tassement aujourd'hui.
01:47 Et aujourd'hui, une volonté à la fois des entreprises et des consommateurs d'aller vers des modes un peu plus responsables.
01:54 Je me tourne vers vous Karim Tarzahim. C'est l'hérifère. C'est une marque vendéenne.
01:59 Vous nous aidez à changer nos habitudes de déplacement. C'est ça l'idée ?
02:03 Oui, c'est ça. On est une marque vendéenne qui a l'occasion de proposer de la mobilité plus écoresponsable aux entreprises,
02:11 notamment celles qui ont lancé une démarche RSE au travers d'un bilan carbone.
02:17 Et souvent, dans 90% des cas, c'est le déplacement qui revient en premier lieu pour décarboner sa mobilité.
02:24 Puisque comme l'a dit mon collègue, la mobilité, c'est environ 30% d'impact carbone.
02:30 Et le domicile de travail, notamment l'auto-service, c'est le principal poste de carbone lorsqu'on fait son bilan global.
02:38 Et donc on a vu, pendant que vous nous parliez, apparaître une photo de l'un de vos vélos.
02:41 Vous reconditionnez nos bécanes, nos vieux vélos. C'est ça l'idée ?
02:46 Oui, l'idée c'est qu'on a fait un constat. Exactement comme notre scooter électrique, on part de déchets pour la constituer.
02:52 Et là, la plupart des pièces de vélo, et surtout les cadres de vélo qui sont quand même le socle global du vélo,
02:58 sont tous faits pour la plupart en Asie. Il y a bien sûr quelques fabrications qui sont extrêmement chères.
03:03 Et plutôt que de se dire les cadres sont remplis de vélos, l'idée c'est de récupérer ces vélos, ces cadres qui sont déjà certifiés.
03:09 Et puis c'est en fait leur donner une seconde vie. Moi j'ai travaillé longtemps chez Valeo.
03:13 On achetait des démarrages et des alternateurs dans les casques.
03:16 Et on leur donne une deuxième vie, c'est ce qu'on appelle des pièces adaptables.
03:19 Et l'idée c'est d'appliquer cette méthode industrielle qui est vieille depuis plusieurs dizaines d'années au vélo.
03:24 Et donc récupérer des vélos, les démonter, sabler les cadres, les repeindre, et puis les remonter entièrement
03:30 avec ce qu'on appelle l'upcycling, donc faire du neuf avec du vieux en modernisant avec des batteries connectées et des moteurs électriques intégrés.
03:38 On parlera dans un instant de votre usine implantée à Montaigu. Vous êtes en Vendée, je le disais Stéphane Toutain, je reviens vers vous.
03:45 Si on parle de cycle logistique, jusqu'à quelle taille de colis on peut livrer à vélo ?
03:51 C'est une très bonne question. En fait on sait faire beaucoup de choses.
03:53 On sait faire jusqu'à des déménagements en vélo. On peut déplacer des canapés, des machines à laver.
03:57 Le véritable enjeu c'est la mesure économique. C'est-à-dire que bien évidemment le surcoût pour aller déplacer un canapé en vélo est forcément plus élevé
04:04 puisqu'il y a une question de massification. Le vélo est à mon sens particulièrement adapté pour les activités de livraison de colis,
04:10 aux consommateurs particuliers, mais ça marche également pour les boutiques, où l'enjeu de densité va nous permettre d'avoir des coûts de production plus faibles
04:17 et donc d'avoir un recours un peu plus massif au vélo comme outil de livraison.
04:21 Si on fait le match entre un livreur à vélo et un livreur en voiture, lequel est le plus rapide dans une grande ville ?
04:26 C'est une très bonne question. Je vais prendre les statistiques parisiennes.
04:29 Le déplacement d'une voiture dans Paris c'est 13 km/h en moyenne. Le déplacement d'un vélo en moyenne dans Paris c'est 16 km/h.
04:35 On se déplace plus rapidement en vélo qu'en voiture, très largement. On peut parler également des conditions de stationnement.
04:41 Toute chose égale par ailleurs, c'est quand même un petit peu plus simple de stationner un vélo à proximité du consommateur.
04:45 Même un vélo cargo, un vélo de livraison ?
04:47 Même un vélo cargo. L'emprise au sol est toujours beaucoup plus faible qu'un véhicule traditionnel.
04:51 La victoire pour le vélo, je dirais. L'enjeu étant la quantité de colis qu'on va pouvoir transporter, qui est clairement avec le temps un avantage pour le vélo.
05:02 Je voudrais qu'on parle quand même du métier de livreur, parce que c'est devenu un peu le symbole du nouveau lumpenproletariat,
05:08 de l'ubérisation négative, parce qu'elle n'est pas que négative, mais de l'ubérisation négative de notre économie.
05:14 Comment vous répondez à ce défi ?
05:16 On y répond de manière très simple. On a fait l'enjeu de la professionnalisation.
05:20 L'intégralité de nos livreurs aujourd'hui sont salariés CDI.
05:24 On a fait le choix de la formation, de la déprécarisation, de l'accès à des besoins fondamentaux que sont le logement, la santé typiquement.
05:31 Et on est aujourd'hui en mesure de démontrer que c'est un modèle qui fonctionne, avec un petit peu plus de challenge.
05:37 Mais pour avoir une solution qui soit pérenne et qui répond aux besoins des grands industriels, chargeurs et consommateurs dans la durée,
05:44 on peut difficilement limiter l'ARSE à l'environnement.
05:47 Donc on a fait vraiment le choix de l'environnement et de la société pour offrir un combo plutôt gagnant.
05:52 Ce que j'entends, c'est que c'est aussi une demande de vos clients, ou de certains de vos clients,
05:56 quand vous dites qu'il y a eu des challenges à relever, les freins ou les défis, c'était quoi ?
06:00 Le fond du défi, ça reste le recrutement, ça reste le turnover, qui est un métier qui est compliqué et difficile malgré tout.
06:06 Donc quand on est dans une logique de CDI, de formation, etc., cette dimension-là, elle compte.
06:12 Exactement. Mais on propose également à nos collaborateurs de rejoindre un projet,
06:16 un projet avec une vision sur le long terme d'impact pour la société au sens très large.
06:22 Karim Tarzain, votre usine est implantée à Montaigu, elle existe depuis combien de temps ?
06:29 Quel choix vous avez fait ? Parce que quand on crée une usine, là aussi, on se pose la question de l'impact.
06:36 C'est tout récent, par rapport à son arrivée. On a eu le bâtiment au premier arrivée, puisqu'on était un peu limité en termes de place.
06:44 Donc on a dû augmenter forcément notre taille pour pouvoir placer ces activités,
06:49 puisque ne se passe que stocker notre matière première qui sont les vélos, ça prend un petit peu de place.
06:53 Donc là, on vient de l'installer dans un bâtiment de 250 m2.
06:56 C'est une activité qu'on a lancée au début d'année, on arrive à le faire dans notre ancien bâtiment.
07:00 Et là, pour l'organiser en matière industrielle, on est obligé de passer sur du nouveau, forcément.
07:05 Après, nous, on n'est pas très consommateurs d'énergie, puisque pour démonter un vélo, il faut un pied et puis surtout de l'être humain.
07:11 Donc nous, notre vision des choses, c'est principalement pour le moment, démarrer calmement,
07:16 avec plutôt un savoir-faire technicien-cycle, et puis des gens qui veulent savoir démonter un vélo et après le remonter à neuf.
07:24 C'est surtout ça, en fait, notre métier à l'heure actuelle.
07:27 Et alors, la question qui va avec, c'est la question de la filière, la filière locale de reconditionnement des vélos.
07:35 Est-ce que cette filière, elle existe ? Est-ce que vous avez dû la créer ?
07:39 Et puis, ça fait trois questions en une, mais est-ce que vous êtes en concurrence avec d'autres réutilisateurs de vélos, en quelque sorte ?
07:48 C'est un marché qui est quand même naissant, puisque la plupart du temps, on a l'habitude d'acheter neuf et puis après de jeter.
07:56 C'est une culture qu'on a acquis au fil des dernières décennies.
08:00 C'est le Kinex contre la mouchoir à lavable.
08:03 Donc l'idée, c'est qu'on ne voit pas vraiment de concurrence à l'heure actuelle, surtout dans ce qu'on fait nous,
08:09 où on applique ce modèle automobile sur lequel je me suis basé.
08:13 Par contre, on voit bien des vélos reconfinés qui sont en fait des vélos réparés.
08:16 On voit des grands constructeurs de mobiles qui changent de marque, mais en fait, ils font juste de la voiture d'occasion.
08:21 Après, il y a une grande couche de marketing, ce que j'appelle du greenwashing marketing,
08:26 où on met une belle couche pour dire qu'on fait des trucs reconditionnés, mais en fait, c'est juste qu'on a réparé un vélo.
08:31 Là, l'idée, c'est vraiment de faire ce qu'on appelle de l'upcycling.
08:34 C'est vraiment faire une analyse du vélo, remettre ce qu'on peut déjà utiliser, le remettre dessus.
08:39 Et ce qui n'est pas utilisable ou ce qui est sécuritaire, le repasser à neuf et donc de passer d'un mécanique à un électrique,
08:45 puisque l'électrique permet d'augmenter le range d'utilisation pour la plupart des gens.
08:50 Oui, on en a fait un. Il y a quelqu'un qui devait faire un 30 km d'allée le matin et un 30 km le soir.
08:56 Il y a des moments où il est bien content d'avoir un moteur électrique pour l'aider.
09:00 Il y a des moments où il le coûte pour pouvoir faire du sport.
09:02 Donc, je dirais que tout est possible. On est sur un paramétrage assez personnalisé pour les entreprises, les collectivités et un petit peu pour les parties.
09:09 – D'accord. Et alors, je repose la question sur, vous dites, c'est quand même un business ou un phénomène naissant,
09:16 ça veut dire que des vélos à récupérer, il y en a plein, c'est facile quand on est comme ça dans une logique de localisation, de circuit court ?
09:25 – Oui, alors, c'est vrai que nous on démarre, donc on n'a pas de difficultés.
09:28 Oui, on a trouvé 300 vélos assez facilement.
09:30 Après, moi, dans mes investisseurs, il y a des gens qui s'occupent d'éco-recyclerie.
09:34 Donc, il y a plein de gens qui viennent déposer leurs vélos gratuitement pour s'en débarrasser plutôt que de les jeter à la casse.
09:38 Et donc, c'est toute cette filière-là, en fait, qu'on est en train de constituer.
09:42 Parce que c'est simple, il y a plein de gens qui… On a des vélos qui arrivent dans des casses et ils ont une chaîne cassée.
09:47 Donc, en fait, il n'y a qu'à changer la chaîne et c'est reparti.
09:50 Donc, c'est juste qu'on n'a pas forcément l'habitude de réparer et on a plutôt l'habitude de jeter.
09:54 Donc, à l'heure actuelle, on n'a pas ce problème.
09:56 Mais à terme, effectivement, il faudra que l'on pose la question de la récolte de cette filière.
10:00 Mais pour le moment, j'avoue, à notre niveau, parce que ce n'est pas non plus des quantités astronomiques,
10:04 on n'est pas dans un mode industriel, on est dans un mode semi-industriel, artisanal, et on veut passer vers le semi-industriel.
10:09 On n'a pas ce problème-là. Mais des vélos, je vous garantis qu'il y en a énormément dans les casses.
10:14 Donc, on a des associations qui nous donnent des vélos. On en rachète aussi quand c'est des vélos un petit peu premium.
10:19 Donc, voilà, il y a des choses à construire, mais ça se fait plutôt bien.
10:22 Stéphane Toutain, vous vous êtes installé à Paris dans un quartier qui est appelé Lilo Fertile. Pourquoi ce choix ?
10:29 C'est un choix là encore de valeur quelque part, au-delà de l'opportunité opérationnelle.
10:34 C'est-à-dire que le foncier est plutôt extrêmement contraint en zone urbaine.
10:37 Et d'aller trouver des entrepôts pour nos besoins opérationnels, c'est plutôt rare.
10:41 Et adapter, c'est encore plus rare. Et là, on a la chance d'avoir un projet, je dirais parfait, quelque part,
10:46 avec une opération qui est au niveau du sol. Donc, on n'a pas de question de monte-charge ou de rampe.
10:51 On est dans un quartier qui a une volonté zéro carbone avec une vraie vision de mixité.
10:57 Et là encore, c'est quelque chose qui correspond parfaitement à nos valeurs.
11:00 Et vous inscrivez dans... Vous travaillez avec la Fédération de Cycle Logistique, c'est ça ? C'est quoi la Fédération de Cycle Logistique ?
11:05 Absolument. Donc, la Fédération de Cycle Logistique, c'est une jeune fédération professionnelle,
11:09 comme Fédération Professionnelle des Transporteurs Routiers, qui a été fondée en fin d'année dernière
11:14 et qui a pour ambition d'essayer de professionnaliser un petit peu cette filière.
11:19 Je suis au comité de direction de la fédération en question.
11:22 Et l'enjeu, c'est vraiment aujourd'hui de devenir un acteur à la fois professionnel, sérieux et responsable
11:28 vis-à-vis de nos interlocuteurs classiques et traditionnels du transport.
11:32 Dernier mot Karim Tarzani sur la batterie.
11:37 Le fait que, puisque on l'a compris, vous vendez ces vélos reconditionnés, mais aussi des trottinettes électriques.
11:44 La même batterie peut être utilisée dans les différents produits que vous proposez, c'est ça ?
11:49 Oui, c'est ça. Sur la première version, le principe, c'est de simplifier la vie des entreprises.
11:55 L'idée, c'est plutôt d'avoir une espèce de sèche d'énergie à disposition, à l'accueil, dans des zones dédiées pour les entreprises.
12:01 Et on choisit le véhicule en fonction de l'usage qu'on va en faire.
12:04 Parce que l'avenir, ce n'est pas d'avoir un véhicule qui fait tout.
12:07 Mais c'est bien d'avoir des plus petits véhicules qui, en fonction, si on fait du multimodal, la trottinette est plus adaptée.
12:11 Si on fait du point A, point B, sans rentrer le vélo dans un autre véhicule, c'est plus adapté.
12:17 Et donc, avec une batterie, l'idée, c'est d'arriver à utiliser trois véhicules.
12:21 Donc, une trottinette électrique avec porte de charge légère, une trottinette plutôt pour le multimodal.
12:25 Et un vélo reconditionné plutôt pour la distance point A, point B, sans forcément le mettre dans un autre véhicule.
12:30 Merci beaucoup. Merci à tous les deux. À bientôt sur Bsmart.
12:34 On passe à notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables.

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