• il y a 3 mois
Mardi 10 septembre 2024, SMART BOURSE reçoit Hervé Guez (Directeur de la gestion actions et taux, Mirova) , Alice Albizzati (Associée et cofondatrice, Revaia) , Nuno Teixeira (Membre du comité d’investissement « Cross Asset », Natixis IM International) et Evelyn Herrmann (Économiste Europe, Bank of America Global Research)

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00:00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne pour rester à l'écoute des
00:00:11marchés chaque jour sur Bsmart4Change à 17h si vous nous suivez en direct sur vos
00:00:16box à la télévision, émission que vous retrouvez en replay chaque soir sur bsmart.fr
00:00:21ou encore à l'heure qu'il vous plaira en podcast sur l'ensemble de vos plateformes
00:00:25préférées.
00:00:26Le marché qui est en phase d'attente avant les grands rendez-vous de la semaine sur le
00:00:31plan macroéconomique et des politiques monétaires, les investisseurs attendent demain la publication
00:00:37du dernier rapport sur l'inflation aux Etats-Unis pour le mois d'août et le surlendemain jeudi
00:00:42bien sûr, la deuxième baisse de taux consécutive de la Banque Centrale Européenne, c'est
00:00:48surtout le discours, la capacité de la Banque Centrale Européenne à se projeter au-delà
00:00:55de cette deuxième baisse de taux qui sera un point d'attention important pour les investisseurs.
00:01:00En attendant, les marchés tentent de préserver les grands équilibres du moment après une
00:01:05semaine compliquée, la semaine passée qui a vu un retour de stress assez généralisé
00:01:10et notamment sur les marchés actions.
00:01:12Pour l'instant, les indices restent à peu près dans les niveaux qu'on connaît ces
00:01:16derniers jours avec un CAC 40 certes en baisse, mais qui se tient autour des 7400 points actuellement.
00:01:24Vous aurez le détail de la séance en cours et des faits marquants de cette séance dans
00:01:27un instant avec Pauline Grattel et puis les investisseurs qui vibrent également au rythme
00:01:32de la politique, et pas seulement française, de la politique américaine bien sûr avec
00:01:38le débat attendu ce soir de 90 minutes entre Donald Trump et Kamala Harris, on verra si
00:01:43ce débat fait avancer les pronostics sur le résultat de l'élection américaine début
00:01:50novembre.
00:01:51Voilà pour les sujets du moment, discussion à suivre avec nos invités de Planète Marché
00:01:54et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, nous nous intéresserons aux stratégies
00:01:58dites « crossover » dans le monde de l'equity, des stratégies qui nous amènent à la frontière
00:02:03entre le non-coté et le coté, c'est une des expertises de Revaya, nous serons avec
00:02:09l'une des cofondatrices de Revaya, Alice Albizati, qui sera en plateau avec nous à
00:02:13partir de 17h45 pour reprendre la mesure de ce que représentent aujourd'hui ces stratégies
00:02:19« crossover » dans le financement des entreprises innovantes.
00:02:24Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, nous retrouvons Pauline Grattel
00:02:37qui nous apporte les infos clés du jour sur les marchés.
00:02:40Bonsoir Pauline.
00:02:41Bonsoir.
00:02:42Bon d'un point de vue assez global, on note que les marchés d'action en Europe notamment
00:02:46sont plutôt attentistes et même dans le rouge on peut le dire en cette fin de séance
00:02:50avant le premier grand rendez-vous de la semaine demain et la publication de l'inflation
00:02:54américaine.
00:02:55Oui et le CAC 40 évolue sans réelle tendance non plus aujourd'hui et est en baisse en
00:02:59fin de séance.
00:03:00Sur le marché obligataire, les taux restent stables avec un disant américain autour de
00:03:053,70%, sous les 2,20% pour le disant allemand, le disant français lui tourne toujours autour
00:03:12des 2,90%.
00:03:14A noter que le pétrole a toujours du mal à rebondir avec un baril de Brent sous les
00:03:1970 dollars.
00:03:20Bon, le secteur automobile qui a été un temps la vedette du marché, je parle du début
00:03:25de l'année 2024 notamment, c'est complètement retourné depuis plusieurs mois et les mauvaises
00:03:31nouvelles du jour viennent à nouveau de ce secteur qui reste un point d'attention majeur
00:03:36pour les investisseurs aujourd'hui.
00:03:37Oui, la mauvaise nouvelle du jour vient de BMW qui réduit ses prévisions de marge pour
00:03:42l'exercice 2024 à cause de la faible demande sur le marché chinois mais aussi à cause
00:03:47de problèmes techniques qui ont empêché certaines livraisons.
00:03:50L'ensemble du secteur automobile est plombé en Europe après ces annonces, l'indice européen
00:03:55lâche plus de 3%.
00:03:57En France, Renault et Stellantis n'y échappent pas non plus et reculent respectivement de
00:04:015 et 4%.
00:04:02Dans le secteur des logiciels, Oracle aux Etats-Unis a publié ses comptes trimestriels
00:04:07du premier trimestre de son exercice hier soir à Wall Street.
00:04:11Oui, après la clôture de Wall Street, les résultats ont été salués par le marché,
00:04:15le titre ouvre en hausse de 15%, la société fait état d'un bénéfice net en hausse de
00:04:20plus de 20%, c'est supérieur aux attentes.
00:04:23Dans le sillage de ces résultats, Capgemini signe la plus forte hausse du CAC 40 jusqu'à
00:04:29plus de 7% au cours de la séance.
00:04:31Et puis on peut dire depuis quelques années que les keynotes d'Apple n'étaient plus forcément
00:04:34les événements qu'elles avaient pu être dans un temps plus ancien encore mais il y
00:04:39avait quand même beaucoup d'attentes sur la keynote d'hier soir d'Apple autour de l'IA
00:04:43et pourtant, l'événement s'est révélé être un non-event pour si.
00:04:47Oui, pourtant c'était à la une hier, la keynote d'Apple n'aura donc pas vraiment fait
00:04:52bouger le cours de l'action, contrairement à la décision de la Commission européenne.
00:04:56Apple avait été condamnée à rembourser 13 milliards d'euros d'impôts impayés en Irlande
00:05:01en 2016.
00:05:02La Cour de justice de l'Union européenne a définitivement validé cette décision.
00:05:07Apple ouvre un repli de 2% à Wall Street.
00:05:11Enfin, sur le marché français, la rumeur du jour concerne SCORE.
00:05:14Des publications spécialisées indiquent que Covea aurait repris contact avec SCORE
00:05:19en vue d'un rapprochement après l'échec retentissant de 2018.
00:05:22Le titre SCORE est en hausse de 7% parmi les leaders du jour au sein du SBF 120.
00:05:28Et puis sur le plan macro, les choses sérieuses commencent ou recommencent demain ?
00:05:32Oui, les investisseurs attendent l'inflation américaine pour le mois d'août.
00:05:35Le mois dernier, elle était ressortie à 0,2% sur un mois.
00:05:39Le consensus table sur une augmentation similaire à celle de juillet.
00:05:42Enfin, ce soir aura lieu le premier face-à-face entre Donald Trump et Kamala Harris.
00:05:47Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smartbourse.
00:05:50Les infos clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel.
00:06:03Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:06:06Evelyne Herrmann est avec nous, elle est économiste Europe chez Bank of America Global Research.
00:06:10Bonsoir Evelyne, merci d'être là.
00:06:13A vos côtés, Nuno Teixeira. Bonsoir Nuno.
00:06:15Bonsoir Grégoire.
00:06:16Membre du comité d'investissement Cross Asset de Natix 6e International.
00:06:20Et Hervé Guèze nous accompagne également ce soir. Bonsoir Hervé.
00:06:22Bonsoir Grégoire.
00:06:23Ravi de vous retrouver. Vous êtes directeur de gestion de Mirova.
00:06:26Parlons de l'Europe, parlons de la situation économique en Europe
00:06:29et de la décision attendue cette semaine de la Banque Centrale Européenne.
00:06:32Alors j'ai mis jamais 203 Evelyne.
00:06:36Je prends un peu d'avance peut-être sur l'idée que la BCE va pouvoir continuer quand même sans doute
00:06:43de baisser ses taux après les deux premières, la deuxième arrivant donc ce jeudi.
00:06:48Où est-ce que vous placez les enjeux aujourd'hui en matière de politique monétaire
00:06:52pour la Banque Centrale Européenne, en zone euro ?
00:06:54Quel est votre scénario central ?
00:06:56Et quelles sont les conséquences qu'on peut attendre des décisions de la BCE
00:07:00sur la conjoncture européenne à ce stade ?
00:07:03Oui, vous avez raison, on partage le jeudi, c'est probablement plus une question.
00:07:08Donc pour nous, l'enjeu pour la BCE, c'est vraiment de normaliser les taux
00:07:17à la même vitesse que l'inflation se normalise en zone euro
00:07:20parce que ça se fait très rapidement en ce moment.
00:07:22Donc du coup, on s'attend effectivement à une autre baisse au mois de décembre,
00:07:26encore une en mars 2025.
00:07:28Mais à partir de ce moment-là, pour nous, l'inflation est déjà de retour à 2%.
00:07:32Donc ça sera effectivement le moment où la BCE va devoir constater,
00:07:36ben, on est en retard, là, il faut vraiment accélérer.
00:07:40Et donc du coup, on attend après trois baisses consécutives à chaque réunion
00:07:44jusqu'à ce qu'on soit de retour à un taux de dépôt de 2%, donc au T3.
00:07:49Aujourd'hui, les risques que cette accélération du cycle de baisse
00:07:53se matérialise un peu plus tôt nous semblent plus prononcés.
00:07:57Donc octobre semble quand même très tôt pour la BCE, mais pourquoi pas
00:08:01changer à un rythme une fois par réunion à partir du mois de décembre.
00:08:07Aujourd'hui, on considère que c'est peut-être le risque le plus important par rapport à notre prévision.
00:08:12Au-delà de ça, est-ce que 2%, ça sera la fin pour les taux de dépôt en zone euro ?
00:08:17On dira que non.
00:08:18Notre scénario de base est pour 1,5% en 2026.
00:08:23C'est vraiment sous l'hypothèse que déjà en termes structurels,
00:08:27cette zone euro, elle ressemble beaucoup à la zone euro qu'on avait en 2019.
00:08:32C'est une question qui ne se pose pas trop pour nous.
00:08:35Pourquoi on devrait avoir des taux neutres supérieurs ?
00:08:37Ou c'est une question qui se pose et on ne trouve pas trop la raison de pourquoi.
00:08:41La croissance potentielle de la zone euro ne s'est pas élevée ces dernières années ?
00:08:46Non, et l'inflation sous-jacente ou les anticipations d'inflation, probablement non plus.
00:08:51Donc du coup, si on regarde les estimations de la BCE pour les taux neutres réels dans leur revue stratégique,
00:08:57ça s'arrête avant COVID, mais c'était entre moins 1 et moins 2% en taux réels.
00:09:03La cible d'inflation de la BCE n'a pas changé.
00:09:07Elle reste à 2%.
00:09:08Si on la croit crédible, ben voilà, on est à des taux nominaux de disons 1%.
00:09:13Et les facteurs structurels, donc du coup, l'excédent extérieur qui est quand même très conséquent dans l'euro,
00:09:22de retour à des niveaux de pré-crise énergie, la démographie, la trajectoire de productivité,
00:09:29comme vous l'avez dit de CapEx, rien n'a vraiment changé par rapport à ce moment-là.
00:09:34Donc du coup, pourquoi les taux neutres auraient changé ?
00:09:37Donc on n'a pas forcément une estimation en niveau actualisé,
00:09:41mais en relatif par rapport à cette période-là, on ne voit pas pourquoi en zone euro, on aurait augmenté.
00:09:47Donc de conséquence, on a vraiment, oui, une reprise très molle de l'économie réelle en zone euro,
00:09:53insuffisante pour combler l'écart de production négatif.
00:09:56Donc du coup, un retour à un taux d'inflation en dessous de 2%, une BCE qui va devoir aller.
00:10:02Comment est-ce que la BCE va prendre conscience de ce que vous décrivez ?
00:10:05Parce qu'à écouter encore certains membres influents, je pense à Isabelle Schnabel notamment,
00:10:10membre du directoire allemande, on sent quand même beaucoup plus de prudence.
00:10:15C'est la parole d'une banquière centrale, et c'est sans doute aussi son job.
00:10:19Mais on sent que pour Isabelle Schnabel, le risque n'est pas totalement équilibré.
00:10:24Ou en tout cas, dans son discours, elle se focalise uniquement sur le risque d'une persistance de l'inflation dans les services,
00:10:32d'un coût du travail unitaire qui resterait trop élevé pour être compatible avec le retour à 2%.
00:10:38Enfin, tout son discours et son argumentaire est fondé sur ce risque-là aujourd'hui.
00:10:42Comment est-ce que les obstacles vont se lever ?
00:10:44Comment est-ce que vous voyez les résistances qui existent au sein de la BCE se lever au fur et à mesure ?
00:10:49Déjà, le risque à la hausse sur l'inflation diminue avec chaque donnée qu'on a de la part de la zone euro.
00:10:57Chaque chiffre d'inflation.
00:10:58C'est vrai qu'en glissement annuel, l'inflation en services reste élevée.
00:11:03Mais quand on regarde les composantes individuelles, quand on ignore le tourisme, par exemple, pendant les saisons d'été,
00:11:10il y a quand même une désinflation assez prononcée.
00:11:13Quand on regarde les salaires, oui, en glissement annuel, la croissance reste élevée.
00:11:19Mais quand on regarde les nouvelles négociations salariales, il y a quand même une désinflation assez prononcée,
00:11:25surtout quand on regarde la suite de ce qui va se passer en 2025.
00:11:29Quand on regarde les marges de profit des entreprises, également, il y a de la désinflation.
00:11:34Donc, sur les trois composantes, on désinflate.
00:11:37En termes de croissance, on n'accélère pas de façon significative.
00:11:41Donc, du coup, les risques, ce bilan de risque de la BCE, il peut rester en vigueur,
00:11:46mais il faut aussi, au fur et à mesure, probablement constater, et la BCE ne va pas pouvoir éviter ça non plus,
00:11:52que ce risque à la hausse sur l'inflation, des facteurs liés à la structure du mécanisme de prix en zone euro,
00:12:00il diminue, diminue, diminue, diminue.
00:12:02Et pour nous, au moment que l'inflation est vraiment de retour à la cible, ou très proche de la cible,
00:12:07y compris dans le sous-jacent, parce qu'en headline, au total, on y est déjà presque,
00:12:12ça, c'est le moment, le plus tard, où il va falloir reconnaître que là, il faut normaliser haute neutre, au minimum.
00:12:17On a eu, par exemple, pour l'Allemagne, la deuxième estimation d'inflation publiée aujourd'hui.
00:12:21Voilà, c'est le 2%, parfait pour l'inflation globale, sur un an, dans un pays comme l'Allemagne, aujourd'hui.
00:12:26Et dans d'autres pays, c'est parfois déjà inférieur à 2%.
00:12:30Comment, après cet exposé, comment vous envisagez la situation de votre côté, chez Natix, ICM, Nouno,
00:12:36la capacité de la BCE à baisser ses taux aussi vite que l'inflation baisse, pour reprendre les mots d'Evelyne,
00:12:44et plus globalement, comment est-ce que vous voyez un peu le cycle de baisse de taux,
00:12:48puisque la Fed va également entrer dans le jeu, pas cette semaine, mais la semaine prochaine ?
00:12:53Oui, les deux cycles vont être très liés, parce qu'effectivement, la BCE ne peut pas se déconnecter complètement de la Fed.
00:13:01Nous, on est plutôt plus prudent que le marché, en termes d'ampleur des baisses des taux.
00:13:06On voit deux baisses de taux pour la Fed et pour la BCE, avant la fin de l'année,
00:13:10tout simplement parce qu'on ne partage pas le scénario d'une récession imminente ou probable dans les trimestres à venir.
00:13:20Il nous semble que, d'abord, le marché du travail aux États-Unis reste finalement assez résilient,
00:13:26c'est-à-dire qu'il y a moins de recrutement, mais on n'est pas du tout encore dans les licenciements nets que certains imaginent.
00:13:35En fait, on est en plein emploi aux États-Unis, et donc c'est normal qu'il y ait moins de recrutement,
00:13:40parce que les sociétés ne peuvent pas vraiment recruter beaucoup plus.
00:13:44Il y a notamment une catégorie de salariés qu'on dit « prime age », qui sont ceux entre 25 et 54 ans.
00:13:51Là, c'est au max.
00:13:51On est au maximum.
00:13:52C'est au max.
00:13:53C'est là où les sociétés vont, en général, recruter.
00:13:56Elles ne peuvent pas vraiment aller plus loin.
00:13:58Elles pourraient aller à la marche sur les deux extrêmes, mais c'est beaucoup plus compliqué.
00:14:02Donc, il y a de la productivité.
00:14:04En plus, aux États-Unis, il y a des gains de productivité assez importants.
00:14:07Donc, pourquoi les recruter beaucoup ?
00:14:08Donc, s'inquiéter de ce type de statistiques nous semble un petit peu compliqué.
00:14:13Et puis, du côté des indicateurs avancés, on voit que les services tiennent bien.
00:14:20C'est vrai que le manufacturier est un peu plus en berne, mais c'est une économie à 80 % de services.
00:14:25– Ça fait deux ans qu'il est en berne, le manufacturier.
00:14:28Les enquêtes de manufactureurs piquent du nez depuis au moins deux ans.
00:14:30– Voilà, donc la BCE ne pourra pas non plus accélérer beaucoup le mouvement par rapport à la Fed.
00:14:38– Donc, le frein pour la BCE, vous le voyez plutôt…
00:14:41La Fed va être un frein pour la Banque Centrale Européenne.
00:14:44– Oui, parce que sinon, on risque d'avoir à nouveau un euro qui sera fermi.
00:14:49On a quand même profité aussi, je dirais, d'un renchérissement du dollar pendant pas mal de temps.
00:14:57Là, on voit que ça se rééquilibre un petit peu.
00:15:00Il ne faudrait pas non plus que l'euro vienne en plus handicaper la croissance en zone euro.
00:15:05On est quand même déjà dans une croissance…
00:15:07Alors, c'est vrai qu'on n'est pas si loin du potentiel,
00:15:09mais il y a des pays qui souffrent, l'Allemagne en particulier.
00:15:12Et puis, il y a quand même aussi des problèmes d'endettement qu'il faut…
00:15:16Je ne sais pas si c'est une des dimensions que la BCE surveille,
00:15:20mais c'est vrai qu'il faut financer à la fois la transition énergétique.
00:15:24On a maintenant le rapport de M. Trudy, l'ampleur des investissements qu'il faudrait
00:15:29pour remettre à niveau, en termes de compétitivité, l'industrie européenne.
00:15:36Tout ça plaide quand même pour un scénario de baisse des taux,
00:15:41mais relativement graduel, qui accompagnerait tout simplement cette baisse de l'inflation.
00:15:46On a aussi la chance d'avoir des matières premières qui sont calmées,
00:15:51donc des prix de l'énergie, de l'électricité, etc., qui vont dans le bon sens.
00:15:56Il reste des services, mais c'est vrai que les services,
00:16:01ils sont un peu plus contraints, aussi par le niveau d'emploi qui est plutôt encore solide.
00:16:07Et puis, ils n'ont pas la contrainte extérieure, effectivement, en termes de compétitivité.
00:16:12Comment vous regardez ce cycle de baisse de taux, Hervé, chez Mirova ?
00:16:16Et puis, on le disait un peu en rigolant,
00:16:18mais c'est vrai qu'il y a les bonnes et les mauvaises baisses de taux pour les investisseurs et pour les marchés.
00:16:21C'est-à-dire qu'il y a des baisses de taux qui permettent d'imaginer qu'on prolonge le cycle,
00:16:26qu'on accompagne la baisse de l'inflation, etc.
00:16:29Et puis, il y a des baisses de taux qui sont parfois délivrées un peu plus dans l'urgence
00:16:33et dans la nécessité de venir au chevet d'une économie qui serait un peu trop fragilisée.
00:16:39Est-ce que vous êtes dans un camp plutôt que dans un autre, à ce stade ?
00:16:43Non, non. Après, je pense qu'aujourd'hui, c'est...
00:16:46Enfin, nous, je n'ai rien d'original à dire par rapport à ce qui a été dit sur le court terme.
00:16:50Enfin, je pense que c'est... D'ailleurs, c'est assez consensuel et attendu, maintenant, sur les marchés,
00:16:55ce cycle de baisses de taux. Et effectivement, je pense que les paroles dures à droite ou à gauche,
00:17:00c'est un peu des jeux de rôle, mais que, fondamentalement, c'est quasiment acté sur la partie de baisses de taux.
00:17:05La question, c'est l'ampleur, disons.
00:17:06C'est l'ampleur, et c'est effectivement la question que vous avez sur le côté plutôt à long terme.
00:17:11L'arrivée, le point d'arrivée.
00:17:12Le point d'arrivée, etc. Et c'est là où peut-être...
00:17:15Alors, clairement, je n'ai pas de boule de cristal, mais en tout cas, j'ai des inquiétudes.
00:17:20C'est-à-dire que la situation ressemble, mais elle n'est pas exactement la même quand même,
00:17:24puisque, au global, on a maintenant, au niveau européen, un modèle allemand très exportateur
00:17:31qui arrive à bout de souffle, et je pense pour des raisons structurelles assez fortes.
00:17:36Et donc ça, c'est un élément nouveau.
00:17:38Et c'était l'élément dans la configuration de décision politique européenne
00:17:46qui était un élément bloquant sur les mesures protectionnistes par ailleurs.
00:17:52Puisque quand on a la plus grosse économie européenne qui a un modèle exportateur,
00:17:56on peut imaginer qu'ils ne sont pas très chauds pour mettre des barrières douanières, etc.
00:18:01Et d'ailleurs, on a vu l'Europe annoncer 30% de protection tarifaire sur les véhicules électriques chinois.
00:18:08Je crois que c'était 3-4 jours après, le Canada a mis 100%.
00:18:11Or, au-delà des débats politiques, je pense que...
00:18:16Il y a eu, en tout cas pour moi, une hypothèse qui est qu'à moyen-long terme,
00:18:19on rentre sur un cycle où on va abandonner en grande partie les effets bénéfiques
00:18:24qu'a pu avoir l'Europe sur le modèle exportateur allemand très fort.
00:18:27Et qu'on a un mouvement qui est...
00:18:29Je n'aime pas le terme démondialisation, parce qu'on a l'impression qu'on va tout défaire.
00:18:32Mais en tout cas, où on fera moins.
00:18:35C'est-à-dire qu'à la fois pour des raisons environnementales, sociales, de commerce,
00:18:39on est plutôt sur une phase où les zones vont chercher à relocaliser un maximum d'emplois
00:18:45et d'industries, et de bas salaires.
00:18:47Et donc qu'on a peut-être quand même l'effet allemand d'une inflation de long terme un peu plus élevée
00:18:53que celle du cycle d'avant, mais pas...
00:18:56Oui, oui, une mondialisation moins débridée, c'est ça.
00:18:59Démondialisée, c'est encore une autre étape, visiblement.
00:19:03Non, non, bien sûr, bien sûr, mais en tout cas,
00:19:05tu auras une phase de relocalisation de certaines industries,
00:19:08de besoin aussi de relocaliser, pour des questions environnementales,
00:19:12certaines productions.
00:19:14Et donc que ça, en soi, ça peut être un peu plus inflationniste que ça l'a été
00:19:19par rapport à la période où justement on a fait l'inverse,
00:19:22c'est-à-dire qu'on a plutôt désindustrialisé pour faire venir à bas coût des produits à l'autre bout du monde.
00:19:27Et donc que ce mouvement-là,
00:19:29pense un minima, il est fini, voire il pourrait avoir un peu de retour.
00:19:33Voilà, donc sans être inquiet sur le niveau d'inflation de long terme,
00:19:38qu'on soit plutôt que d'être entre 0 et 1,5,
00:19:42il n'est pas exclu qu'on soit plutôt entre 1,5 et 3,
00:19:45ce qui n'empêche pas que les taux courts doivent baisser.
00:19:50Voilà, par contre, ce qui peut questionner sur le chemin sur les taux longs,
00:19:54qui lui, me semble-t-il, commence à être pas mal fait.
00:19:58Donc voilà un petit peu peut-être ce que j'allais dire là-dessus.
00:20:03À court terme, qu'est-ce que ça change pour l'investisseur
00:20:05de passer d'une séquence de hausse de taux assez dure, assez synchronisée dans le monde,
00:20:11à un cycle de réglage des politiques monétaires ?
00:20:15Qu'est-ce que ça implique pour des grands marchés, pour des grandes classes d'actifs, aujourd'hui ?
00:20:19En tout cas, pour la partie action,
00:20:24il y a des phénomènes de court terme, et tu l'as dit Grégoire,
00:20:27ce n'est pas la même chose de baisser ses taux parce qu'on rentre sur un cycle de normalisation de l'inflation,
00:20:31ou on baisse ses taux parce qu'il y a une récession, il faut faire face à une récession.
00:20:35La récession, il y a la baisse des profits, donc les marchés d'action ne vont pas aimer.
00:20:38On rentre sur une phase de baisse des taux,
00:20:41si à l'heure donnée, il n'y a pas de récession, qu'on est sur une économie qui va bien,
00:20:45c'est très positif pour les actifs risqués,
00:20:49ça sera bienvenu.
00:20:52Le débat, il est un petit peu là, c'est-à-dire qu'il y a un an,
00:20:55on n'aura pas d'atterrissage, l'économie en surchauffe, après, inquiétude sur le hard landing,
00:21:00maintenant, est-ce qu'on est revenu sur un risque de récession ?
00:21:05Nous, on a été très ennuyeux, on a toujours plaidé plutôt pour une normalisation politique-économique,
00:21:10et donc on est plutôt serein là-dessus,
00:21:13mais on voit bien qu'il y a effectivement beaucoup de nervosité et de volatilité,
00:21:15puisque chaque chiffre est un peu guetté pour savoir dans quel scénario on va atterrir
00:21:19sur l'économie américaine, puisque c'est quand même l'économie américaine qui donne le la sur ces sujets.
00:21:25Donc c'est plutôt, effectivement, les chiffres qui vont venir sur le fait que l'économie américaine,
00:21:32tout en ralentissant un peu, se tient bien,
00:21:35qui va être important, plutôt que est-ce que la Fed et la BCE vont baisser de 25 ou 50 BP à très court terme.
00:21:41C'est vraiment le sens qui compte.
00:21:43Pour les taux, je pense que ça, encore une fois, c'est acheter le fait que les taux bas vont baisser,
00:21:48et vont baisser significativement.
00:21:50Sur les taux longs, je pense qu'une partie, enfin nous, on était à la baisse,
00:21:55des anticipations de baisse sur la partie longue des taux,
00:21:58on commence à arriver sur des niveaux qui nous...
00:22:00Moins agressifs aujourd'hui.
00:22:023,70 sur du 10 ans américain, ce n'est pas value, quoi.
00:22:05Il y a un petit peu de potentiel, mais on ne sera pas...
00:22:09D'accord, oui, oui, ok.
00:22:10Qu'est-ce que ça change pour vous ?
00:22:11Alors, je ne sais pas, je reprends les grandes équipes,
00:22:13on voit la courbe américaine revenir à zéro entre le 2 ans et le 10 ans,
00:22:17qu'on n'a pas vu depuis longtemps.
00:22:19Est-ce que ça crée des perturbations aussi sur les marchés ?
00:22:21Il y a eu l'épisode Cary Trade Yen de début août,
00:22:25et on a vu dans la foulée des grands indices type Nasdaq, type thématique IA,
00:22:30qui ont beaucoup profité et qui ont pu souffrir aussi dans ces moments-là.
00:22:36On voit aussi la vole passer un peu des marchés obligataires vers les marchés actions.
00:22:40Ça aussi, c'est nouveau.
00:22:41On a une volatilité à 20 sur les marchés actions désormais.
00:22:46Qu'est-ce qui vous intéresse dans ces changements,
00:22:48et la profondeur des changements peut-être dans le régime de marché aujourd'hui, Nuno ?
00:22:53Alors, c'est vrai qu'on a eu un peu de volatilité cet été,
00:22:57pas forcément pour de bonnes raisons,
00:22:58comme je l'évoquais sur le marché de l'emploi en particulier.
00:23:01Il y a eu le Cary Trade qui est arrivé au même moment,
00:23:04donc ça a causé des perturbations.
00:23:06Oui, je rappelle, la Banque du Japon a monté les taux.
00:23:08Oui, oui, tout à fait.
00:23:09Combien ?
00:23:10Je ne sais pas, pour les mettre 0,15, 0,10, je ne sais même pas encore.
00:23:14Gros choc.
00:23:15C'est surtout la communication qui n'a pas été forcément très...
00:23:19Gros choc.
00:23:19Quand on a empilé du levier pendant des années sur des positions de Cary,
00:23:23oui, ça peut créer des petits chocs, on l'a vu.
00:23:26Tout à fait.
00:23:28Moi, je trouve que ce qui se passe sur le marché est finalement plutôt sain,
00:23:30parce qu'on s'inquiétait quand même, au premier semestre,
00:23:33de la concentration extrême de la hausse du marché américain sur quelques valeurs.
00:23:38Et on a vu, pendant l'été, un rattrapage assez sensible
00:23:43de la composante, on va dire, value, au sens large,
00:23:45avec des secteurs aussi défensifs,
00:23:48qui finalement a fait toute la hausse des deux mois d'été,
00:23:52alors que les valeurs de croissance ont fait 0.
00:23:55Donc, qu'il y ait un peu de rééquilibrage...
00:23:57Ça, c'est une bonne nouvelle.
00:23:58S'il faut trouver une bonne nouvelle dans ce qui s'est passé sur les marchés cet été,
00:24:02le fait qu'on ait cet élargissement,
00:24:03que le marché soit moins monomaniaque, moins obsessionnel,
00:24:06sur cette valeur, c'est une bonne nouvelle.
00:24:08Oui, on projetait beaucoup de rêves sur les valeurs liées à l'IA.
00:24:13Il y a toujours des bonnes choses, on l'a vu aujourd'hui avec Oracle.
00:24:16Mais disons qu'il faut peut-être s'attendre à ce que ça soit moins moteur
00:24:21et que le marché s'élargisse un petit peu,
00:24:24ce qui est plutôt favorable de notre point de vue.
00:24:27Dans les années d'élection, on a quand même traditionnellement,
00:24:31je dirais, des mois de septembre-octobre qui sont un petit peu compliqués,
00:24:37ce qui est logique, un peu d'incertitude.
00:24:39Et d'ailleurs, la performance est plutôt un peu moins bonne
00:24:42dans les années d'élection sur le S&P 500 que sur les autres années.
00:24:46Sur ces mois spécifiques ?
00:24:47Voilà. Mais en revanche, le dernier trimestre de l'année,
00:24:50en particulier à partir du résultat de l'élection,
00:24:53c'est plutôt bon.
00:24:54C'est plutôt du 10% sur les cinq dernières années,
00:24:57donc ce n'est pas mal.
00:24:58La dernière fois qu'on avait eu un dernier trimestre défavorable,
00:25:01c'était en 2018.
00:25:03Mais finalement, on n'est pas dans une mauvaise configuration
00:25:07pour avoir une performance satisfaisante sur les actions.
00:25:11Pour autant, on a neutralisé notre position actions un peu tôt, début août.
00:25:17On était surpondérés jusque-là.
00:25:19Mais le mois de septembre nous donne un petit peu raison.
00:25:22En revanche, pendant tout l'été,
00:25:24alors là, on se distingue un petit peu de nos amis de Mirova,
00:25:27on a plutôt continué à allonger la censille sur nos portefeuilles obligataires.
00:25:32Et on pense qu'il y a encore du potentiel,
00:25:35tout simplement parce que le couple espérance-risque,
00:25:39espérance de rendement par rapport au risque,
00:25:41nous semble, pour les mois qui viennent,
00:25:43plutôt assez favorable encore sur l'obligataire par rapport aux actions.
00:25:47Donc neutralité actions et un peu plus de conviction
00:25:50sur l'obligataire pour les mois qui viennent.
00:25:52Évelyne, quand vous dites ce qu'il y a, vous êtes économique.
00:25:54Surtout si, je dirais, évidemment,
00:25:56si on a des mauvais chiffres qui font peur au fonds de marché,
00:26:01là, clairement, l'obligataire en profite beaucoup plus.
00:26:02C'est une bonne couverture.
00:26:04Si le marché jouait à se faire peur avec l'idée d'une récession,
00:26:07pourquoi pas, ce serait une bonne couverture
00:26:09d'avoir de la duration sur l'obligataire.
00:26:12Traditionnellement, l'obligataire, disons,
00:26:15se décorrèle des actions quand on passe en dessous de 2% d'inflation.
00:26:18Donc, on tente...
00:26:19On a vu d'ailleurs cet été des portefeuilles diversifiés
00:26:21qui avaient énormément souffert en 2022.
00:26:24Dans le petit choc de l'été,
00:26:25on a vu justement que l'obligataire retrouvait
00:26:29cette valeur d'amortisseur
00:26:31par rapport à la baisse des marchés actions.
00:26:33Quand vous échangez avec vos équipes
00:26:36chez BOFA Global Research, les équipes américaines,
00:26:38sur le scénario macro-US,
00:26:40en tant qu'économiste Europe,
00:26:42quelle est la nature des échanges que vous avez justement aujourd'hui, Évelyne ?
00:26:47Nous, on est complètement jalouse quand on voit...
00:26:51C'est une situation envieuse, c'est ça ?
00:26:53L'estimation courante pour le T3,
00:26:56il y a encore 2,3% en annualisé sur la variation trimestrielle.
00:27:01On se dit, si seulement on avait une année comme ça en Europe,
00:27:04ce serait bien.
00:27:05Ceci dit, effectivement, mais c'est bien de le rappeler.
00:27:09Pour notre équipe US,
00:27:13ils restent assez optimistes sur l'économie américaine.
00:27:16Comme vous avez évoqué, ce n'est pas une économie
00:27:18qui semble sur le point de s'écouler.
00:27:20Trois, six mois, le risque de récession est...
00:27:23Il semble relativement limité dans les chiffres qu'on voit aujourd'hui.
00:27:26Encore, pour le T3, actuellement,
00:27:28les chiffres suggèrent un taux de croissance annualisé.
00:27:31Attention, ce n'est pas la même façon de mesurer,
00:27:33mais au-dessus de 2% pour l'économie américaine.
00:27:36Les chiffres du marché d'emploi ont certes ralenti
00:27:39ou suggèrent un ralentissement,
00:27:41mais comme vous avez vite évoqué...
00:27:42Sur la tech, notamment, c'est la tech qui a tendance à différencier.
00:27:45C'est de la façon de laquelle nous, on dirait,
00:27:47on expliquerait ça en ce moment,
00:27:49c'est plus une côté offre.
00:27:50Donc, du coup, il y a une normalisation dans les embauches.
00:27:53On ne voit pas ce licenciement en masse aux Etats-Unis,
00:27:59ou même pas en masse, mais juste un abus
00:28:01qui est suggéré qu'il y a vraiment quelque chose qui est en train de se déstructurer.
00:28:04Avec l'histoire de la productivité,
00:28:06la question de la pénurie sur le marché du travail,
00:28:09les entreprises américaines ne sont pas en train de se dire
00:28:11il faut absolument que je licencie,
00:28:13que j'allège ma structure de coûts, etc.
00:28:15Non, il paraît que non.
00:28:16Après, pour la productivité, si on a de la productivité,
00:28:19on peut vivre avec les croissances salariales un peu plus sud.
00:28:234% de croissance des salaires, oui !
00:28:26Productivité, une hausse de productivité,
00:28:28c'est plutôt désinflationniste, on va dire.
00:28:30Donc là, ce que disent nos collègues,
00:28:32ils ont changé leur anticipation de la Fed.
00:28:34C'est une banque centrale qui n'est pas têtue.
00:28:37Quand il y a un changement du rythme dans l'économie,
00:28:40ils changent aussi rapidement.
00:28:42Je trouve ça plutôt très crédible, comme c'est leur but, finalement.
00:28:47Du coup, eux, ils ont changé leur prévision pour la Fed.
00:28:49Ils s'attendent maintenant à 5 baisses de taux consécutives,
00:28:52de 25 points de base,
00:28:54vraiment dans l'idée qu'on peut réduire
00:28:58le niveau de resserrement...
00:29:01De restriction ?
00:29:02Oui, le niveau de restriction.
00:29:03Donc du coup, on atteindrait un taux directeur aux États-Unis de 4%
00:29:10d'ici début printemps 2025,
00:29:13ce qui va réduire significativement.
00:29:15Or, quand vous regardez les estimations type règle Taylor,
00:29:19ça a toutes ses limites,
00:29:22mais ça suggère quand même que la Fed peut se permettre
00:29:25maintenant de baisser.
00:29:26Ce n'est pas pour arriver à un point neutre,
00:29:29ce n'est pas pour arriver à un point stimulatoire,
00:29:32loin de ça,
00:29:33mais c'est juste une réduction parce qu'on sait aux États-Unis,
00:29:36d'ailleurs on sait la même chose,
00:29:37mais les banques centrales opèrent de façon différente,
00:29:39on sait la même chose en zone euro,
00:29:41on n'a plus besoin de ce niveau de restriction
00:29:44qui semblait encore adéquat il y a un an.
00:29:47Dans les sujets du moment aussi,
00:29:49il y a la Chine,
00:29:49je ne sais pas comment vous regardez d'ailleurs la question chinoise
00:29:52sans être sur place,
00:29:53Hervé par exemple,
00:29:54vous évoquiez tout à l'heure la question structurelle,
00:29:57d'une mondialisation moins fluide, plus frictionnelle,
00:30:01moins débridée, etc.,
00:30:03on citait le cas de l'Allemagne.
00:30:06Quand je regarde un peu de loin les publications des entreprises
00:30:08qu'on a pu avoir à l'issue du deuxième trimestre,
00:30:10toutes les entreprises,
00:30:12quel que soit leur secteur,
00:30:13qui sont exposées dans leurs activités au marché chinois,
00:30:17que ce soit la consommation, l'industrie, l'auto, etc.,
00:30:21elles reportent toutes quand même des mauvaises nouvelles
00:30:23sur cette partie chinoise aujourd'hui.
00:30:25– Oui, alors après pas avec la même ampleur.
00:30:27– Alors c'est ma question.
00:30:28– Ce qui se passe sur l'automobile est très particulier,
00:30:32il y a des conséquences extrêmement fortes,
00:30:34compte tenu aussi du poids.
00:30:35– Qui se répercute sur le marché, enfin je veux dire…
00:30:37– On va parler de l'Allemagne,
00:30:38une part importante de ce qui se passe
00:30:40vient du malaise de l'industrie automobile,
00:30:42et ça, c'est toujours problème,
00:30:44c'est que les marchés, on veut tout faire tout de suite,
00:30:47on écrit les scénarios,
00:30:48et le monde de l'industrie, la vraie vie,
00:30:50ça prend un peu plus de temps.
00:30:52Mais ce qui est en train de se passer sur l'automobile,
00:30:55sans vraiment être pédant,
00:30:57et on n'était pas le seul à le dire,
00:30:58quelque part c'était un petit peu écrit,
00:31:00c'est-à-dire le fait qu'on passe du véhicule thermique
00:31:04au véhicule électrique,
00:31:07était forcément une mauvaise nouvelle
00:31:10pour les gros acteurs automobiles
00:31:12qui ont construit une grosse partie de leur valeur ajoutée,
00:31:16leur positionnement sur cette technologie du véhicule thermique,
00:31:21et ça ouvrait, ça rebattait les cartes
00:31:24du champ concurrentiel de l'industrie automobile,
00:31:26que ce soit avec des Chinois ou des Américains,
00:31:27donc il y a eu l'histoire Tesla,
00:31:29mais on voit aussi Lucie Larivière,
00:31:31enfin il y a d'autres types de constructeurs sur le véhicule électrique,
00:31:33il y a eu le véhicule chinois,
00:31:34et donc ce qui s'était installé,
00:31:37c'est-à-dire une industrie allemande,
00:31:39que ce soit le positionnement premium
00:31:43des constructeurs que tout le monde connaît,
00:31:45ou des positionnements plus marqués du DAS auto que d'autres connaissent,
00:31:51ça est fortement attaqué,
00:31:54et évidemment à partir du moment où les technologies changent,
00:31:57évoluent et des constructeurs se créent,
00:31:59ce marché qui était devenu un des premiers marchés de ces constructeurs,
00:32:03ils sont face à une situation extrêmement...
00:32:05Moi c'est la vitesse à laquelle ça va en fait qui me frappe,
00:32:07c'est-à-dire qu'il y a encore 5-6 ans,
00:32:10même si on avait ces perspectives de transition,
00:32:15je veux dire, l'épargne-marché des constructeurs occidentaux et donc allemands en Chine,
00:32:18c'était deux tiers du marché,
00:32:20là c'est déjà divisé par deux !
00:32:22Oui, mais le point d'arrivée était connu,
00:32:24ce qui est compliqué,
00:32:25c'est de se dire est-ce que ça va se faire vite, pas vite, quel est le moment ?
00:32:28Et puis effectivement quand il y a un point de bascule et il y a une inflexion,
00:32:30ça peut venir assez vite.
00:32:31Donc on est dans ce moment-là,
00:32:33et je pense que ça c'est un moment un peu structurel,
00:32:35ce qui ne veut pas dire que ces marques vont disparaître, etc.
00:32:38Mais en tout cas ça va remettre en cause un avantage compétitif,
00:32:41un marché, une potentielle d'exportation de façon structurelle.
00:32:46Sur la partie consommation, luxe, marques,
00:32:52il y a un ralentissement, il y a des inquiétudes, la Chine ralentit,
00:32:56il y a un petit peu de vent contraire,
00:32:58je suis moins inquiet sur ce positionnement-là
00:33:00que sur le positionnement exportateur industriel.
00:33:03– L'émergence de nouvelles marques chinoises sur fond,
00:33:07d'un nationalisme retrouvé du consommateur,
00:33:10dans le domaine de la beauté,
00:33:12vous dites que ça ne peut pas prendre la même ampleur
00:33:14que ce qu'on voit sur l'automobile.
00:33:15– Je n'ai pas dit que ça n'aura pas d'impact,
00:33:18oui, mais pas la même ampleur.
00:33:19– Pas la même ampleur, d'accord.
00:33:21– Pas la même ampleur, je pense que ce n'est pas un sujet,
00:33:23d'abord politiquement, économiquement et de façon symbolique,
00:33:27c'est quand même pas la même chose en termes de montant de dépenses
00:33:29que vous faites, en termes d'emploi, d'industrie,
00:33:32quand vous êtes sur l'industrie automobile,
00:33:34un achat avec les véhicules électriques à 50 000 ou 100 000 euros,
00:33:38et quand vous achetez un bien,
00:33:42même si c'est un carré d'une marque très connue et qui est chère,
00:33:46on n'est pas sur les mêmes...
00:33:47– On n'est pas stigmatisés de la même manière,
00:33:48parce qu'il y a eu aussi à un moment donné,
00:33:51une forme de stigmatisation par le parti communiste chinois,
00:33:55des signes extérieurs de richesse,
00:33:58notamment sur les véhicules effectivement étrangers,
00:34:01et puis il y a une montée en gamme aussi de l'industrie automobile chinoise,
00:34:06enfin on voit des véhicules qui,
00:34:09peut-être qu'à l'usage c'est moins brillant qu'une Mercedes ou une Audi,
00:34:12mais qui semblent quand même offrir déjà
00:34:15un certain niveau de qualité apparente en tout cas,
00:34:18et donc je partage tout à fait l'avis d'Hervé,
00:34:23là il y a du souci à se faire,
00:34:24et il y a du souci à se faire aussi dans l'autre sens,
00:34:27parce que même avec du 30% de droits de douane en Europe...
00:34:31– Ça reste compétitif, l'automobile chinoise reste compétitive.
00:34:34– Oui, sur un certain nombre de modèles électriques,
00:34:38effectivement, double peine.
00:34:40– À ce sujet Evelyne, à propos de compétitivité,
00:34:43j'ai noté la semaine dernière dans l'actualité,
00:34:46en une journée,
00:34:47deux phrases,
00:34:48deux discours portés par des grands patrons allemands,
00:34:51on a eu le PDG de Volkswagen,
00:34:52alors dans une situation historiquement inédite pour Volkswagen,
00:34:56puisque l'entreprise va sans doute fermer une ou deux usines en Allemagne
00:35:00pour la première fois de son histoire,
00:35:01et trahir le pacte avec les salariés de Volkswagen de ce point de vue-là,
00:35:07non mais pour montrer un peu l'écho que ça peut avoir en Allemagne j'imagine,
00:35:11donc le PDG de Volkswagen nous dit
00:35:12« nous ne sommes plus compétitifs, nous ne sommes plus compétitifs, c'est fini ».
00:35:16Et le lendemain, le patron de Deutsche Bank,
00:35:18là aussi grande institution emblématique du secteur bancaire allemand,
00:35:22en l'occurrence,
00:35:22les Allemands ne travaillent pas assez,
00:35:24nous ne travaillons plus assez en Allemagne,
00:35:26il va falloir à nouveau retravailler plus.
00:35:29Alors il cite des chiffres d'ailleurs,
00:35:31je crois qu'il dit la moyenne du temps de travail hebdomadaire en Europe,
00:35:34c'est autour de 34 heures par semaine,
00:35:37et les Allemands visiblement sont très en dessous aujourd'hui
00:35:39en termes de durée hebdomadaire du travail, j'entends.
00:35:42Bref, toujours la même question,
00:35:44mais comme le disait Hervé,
00:35:45il y a un modèle là qui s'est fait désinguer quoi.
00:35:50Oui, il y a plusieurs points que je ferai là-dedans,
00:35:52déjà c'est intéressant,
00:35:53donc je suis macro-économiste,
00:35:55les entreprises individuelles,
00:35:57je ne commenterai pas,
00:35:58mais ce qui est intéressant,
00:35:59donc dans ces...
00:36:01Il parle macro là.
00:36:02Oui, ce qui est intéressant dans le fait
00:36:05qu'il y a une très grande entreprise
00:36:06qui considère fermer de la capacité en Allemagne,
00:36:09ça veut dire qu'il y a de la capacité en excédent,
00:36:13ce qui veut dire qu'on a des capacités non utilisées aujourd'hui,
00:36:16ce qui veut dire que ce qu'on voit en termes d'inflation,
00:36:18ce n'est pas de l'inflation faite à la maison,
00:36:20parce que si on avait tellement d'inflation faite à la maison,
00:36:23on n'aurait pas de capacité qu'on n'utilise pas.
00:36:25De surcapacité.
00:36:26Oui, bien sûr.
00:36:26Voilà, donc du coup,
00:36:27ça c'est le premier point que je ferai là-dedans.
00:36:29Il y a des experts qui estiment
00:36:30qu'il y a une trentaine d'usines automobiles en Europe
00:36:32qui tournent sans être rentables aujourd'hui.
00:36:35Ça, c'est la première chose que je ferai,
00:36:36donc le premier point que je constaterai,
00:36:39ça marche très bien avec l'idée
00:36:40qu'on fait face à une désinflation
00:36:42qui est peut-être plus prononcée
00:36:44que ce qu'on voit aujourd'hui encore dans les négociations,
00:36:47parce qu'on est encore en train de rattraper
00:36:49un niveau de salaire réel,
00:36:51où on a vu une perte quand même assez conséquente
00:36:53depuis les dernières deux, trois ans.
00:36:55Premier constat.
00:36:56Deuxième constat,
00:36:57c'est également par rapport à
00:36:59qu'est-ce que ça veut impliquer de moyens long terme.
00:37:01Donc, du coup,
00:37:03oui, l'Allemagne a un modèle d'exportation très prononcé,
00:37:07mais la zone euro, au total,
00:37:08reste une zone qui crée un excédent commercial
00:37:11assez conséquent,
00:37:12y compris et surtout l'Allemagne.
00:37:15Donc, aujourd'hui,
00:37:16si on discute un retour à la mondialisation
00:37:19ou une recalibration de la mondialisation,
00:37:24s'il y a des marchés
00:37:26où si nous, on ferme l'Europe un peu plus
00:37:30pour les exportateurs de l'extérieur de l'Europe,
00:37:34ça va se faire probablement de la même manière.
00:37:36De la même chose, bien sûr.
00:37:37Si nous, on a un excédent commercial,
00:37:39l'équilibre général,
00:37:41pour embêter tout le monde avec des termes vraiment économiques,
00:37:44l'équilibre général n'est pas du tout évident.
00:37:46Donc, du coup, pour moi,
00:37:48pour une économie qui a déjà des surcapacités
00:37:50et qui perd, portativement,
00:37:52peut-être encore du marché à l'extérieur,
00:37:53c'est des inflationnistes.
00:37:55Donc, qu'est-ce qu'il faut faire ?
00:37:56Mais on a eu ce débat, je pense,
00:37:58à chaque fois qu'on est là.
00:37:59Et la prochaine fois aussi.
00:38:00C'est le moment pour repenser la politique budgétaire
00:38:03et j'aimerais vraiment avoir tort à ce sujet un jour.
00:38:07Mais pour l'instant, malheureusement,
00:38:10c'est ça la composante qui nous manque.
00:38:11On a aujourd'hui un modèle
00:38:14qui vient à maturité.
00:38:15Il faut repenser.
00:38:16Et de ce point de vue-là,
00:38:17il y a un rendez-vous politique à l'automne 2025
00:38:19en Allemagne d'importance.
00:38:20Il n'y a pas de raison d'imaginer
00:38:22qu'avant ce rendez-vous,
00:38:23les choses évoluent, si ce n'est à la marge,
00:38:25sur le plan de la stratégie budgétaire de l'Allemagne.
00:38:28Le rapport Draghi publié hier
00:38:30a plutôt renforcé encore l'Allemagne
00:38:33dans sa position.
00:38:35Céline ?
00:38:36Je respecte beaucoup le rapport.
00:38:38Il est très intéressant, ce rapport-là.
00:38:39Mais on sait qu'il faut faire des choses en Europe
00:38:42et on n'a pas réussi.
00:38:43La réponse de l'Allemagne, c'était « nein ».
00:38:45Voilà.
00:38:46Oui, un mot pour répondre à 400 pages.
00:38:48Pas bien plus, quoi.
00:38:49Et la réponse venait plus rapidement
00:38:51qu'on peut lire le rapport, probablement.
00:38:54Mais voilà, c'est un peu...
00:38:57Donc avant 2025, je pense que c'est dur.
00:38:59Il y a un débat qui est en train de se faire.
00:39:02Mais il faut vraiment attendre
00:39:04le résultat de ces élections-là,
00:39:06la composition du Parlement.
00:39:08Est-ce qu'on peut trouver des majoritaires
00:39:09qui sont quand même de deux tiers
00:39:12au Bundestag et au Bundesrat
00:39:14pour pouvoir changer la règle budgétaire ?
00:39:16Avec les règles budgétaires en place aujourd'hui,
00:39:20on n'a pas de marge de rénovation.
00:39:22Le temps politique en Allemagne est parfois long.
00:39:24Mais on apprend aussi en France
00:39:26à vivre avec un temps politique un peu différent.
00:39:28Ça vous inspire quoi ?
00:39:29Le rapport Draghi, moi, je ne sais pas.
00:39:31Est-ce que pour un investisseur, ça se regarde ?
00:39:34Est-ce qu'on se dit que c'est toujours la même histoire, l'Europe ?
00:39:37Le rapport des cinq présidents,
00:39:38ce n'était pas tout à fait il y a 10 ans.
00:39:39C'était il y a 9 ans, précisément.
00:39:40J'ai revu, bon, ça n'a pas été déjà écrit à l'époque.
00:39:42Moi, je suis d'accord avec tout ce qui vient d'être dit.
00:39:44En tout cas, en partie,
00:39:46avec la partie
00:39:48la règle d'or budgétaire allemande
00:39:52est un non-sens dans le moment qu'on vit.
00:39:55Donc ça, s'ils pouvaient relâcher
00:39:57la question budgétaire en Allemagne.
00:39:59Mais le problème, finalement, de fond
00:40:01de l'Europe auquel on tourne, c'est ce fameux « nous ».
00:40:03C'est-à-dire, on parle d'un « nous »
00:40:05qui n'existe que institutionnellement,
00:40:10mais peu, d'un point de vue économique,
00:40:14marché du travail, etc.
00:40:16Et donc, la vraie grosse difficulté,
00:40:19notamment pour la Banque centrale,
00:40:21c'est qu'on manie des pays qui ont des dynamiques,
00:40:25des structures différentes,
00:40:27et des dynamiques différentes.
00:40:29Et on l'a vu sur beaucoup de sujets.
00:40:31On l'a vu sur les prix de l'électricité,
00:40:33la politique énergétique,
00:40:35on le voit sur les politiques tarifaires, etc.
00:40:37Et donc, je pense qu'on est...
00:40:41De façon un peu provocatrice,
00:40:43on avait écrit un papier,
00:40:45il n'y a pas très longtemps,
00:40:47il y a quand même un an et demi, deux ans,
00:40:49on avait écrit, est-ce que
00:40:51l'Allemagne ne va pas être en train de redevenir
00:40:53l'homme malade de l'Europe ?
00:40:55Avec exactement ce positionnement,
00:40:57c'est-à-dire, ce modèle exportateur très fort,
00:40:59resserré budgétaire,
00:41:01il ne va pas être attaqué structurellement ?
00:41:03Mais je pense que,
00:41:05s'il y a une bonne chose là-dedans,
00:41:07c'est que ça pourrait remettre tout le monde dans le même bateau.
00:41:09Parce qu'aujourd'hui, on a des intérêts,
00:41:11mais totalement divergents
00:41:13sur la façon de regarder
00:41:15qu'est-ce que devrait être une politique
00:41:17monétaire, budgétaire, industrielle,
00:41:19parce qu'on est, encore une fois,
00:41:21dans une structure économique
00:41:23et des dynamiques budgétaires différentes.
00:41:25Et donc, je pense que c'est cette complexité-là
00:41:27auquel on tourne autour.
00:41:29Et donc,
00:41:31si on peut espérer quelque chose de l'Europe,
00:41:33pour revenir sur le rapport Draghi,
00:41:35c'est, oui, qu'elle cesse d'être
00:41:37le naïf de
00:41:39ce jeu qui se met en place de mondialisation
00:41:41entre les Etats-Unis
00:41:43et la Chine.
00:41:45Et cette naïveté est, selon moi, une fausse naïveté
00:41:47parce qu'effectivement, il y avait un cas
00:41:49particulier, qui était l'Allemagne,
00:41:51qui avait un intérêt évident
00:41:53à ne pas trop soulever le problème
00:41:55d'entre la Chine
00:41:57qui exporte fortement,
00:41:59les Etats-Unis qui en mettent des barrières douanières,
00:42:01on maintient le modèle tel qu'il est, on ne bouge pas.
00:42:03Je pense que l'Europe a forcément
00:42:05besoin de bouger, a besoin de réinvestir
00:42:07sur beaucoup de champs, sûrement pas sur l'exportation
00:42:09de véhicules allemands,
00:42:11ça c'est sûr, mais on a besoin
00:42:13de réindustrialiser, de
00:42:15reconsommer local, de façon beaucoup plus forte,
00:42:17de réinvestir sur les nouvelles technologies.
00:42:19L'Europe est quand même...
00:42:21On parle de...
00:42:23Regardez, dans un indice global,
00:42:25pour prendre un exemple, qu'est-ce qu'Europe
00:42:27aujourd'hui...
00:42:29Un peu avant l'été,
00:42:31c'est plus vrai maintenant,
00:42:33la capitalisation de NVIDIA avait dépassé
00:42:35la capitalisation totale du CAC 40.
00:42:37C'est pas seulement ça.
00:42:39On n'a pas été capables de créer
00:42:41effectivement des sociétés
00:42:43valant plus de 100 milliards,
00:42:45alors que les Etats-Unis,
00:42:47ex-Nilo, on en a quelques-unes
00:42:49qui valent beaucoup, mais qui sont des sociétés
00:42:51déjà assez anciennes, finalement.
00:42:53Le sujet des marchés de capitaux...
00:42:55Le jour où
00:42:57le jour où, effectivement, on aura
00:42:59un... pas un Nein, mais un
00:43:01oui allemand, en disant
00:43:03on a un sujet de réindustrialisation
00:43:05au global dans l'Europe, de s'attaquer
00:43:07un petit peu, s'il faut en passer
00:43:09par des mesures protoxynistes temporaires,
00:43:11le temps de redévelopper une industrie sur certains sujets,
00:43:13évidemment que c'est quelque chose qu'il faut faire.
00:43:15Est-ce que ça va être fait ?
00:43:17Oui.
00:43:19Pas entre nos mains. Oui, on espère, mais l'espoir
00:43:21n'est pas une stratégie, comme on dit.
00:43:23Une fois qu'on a fait la critique de l'Allemagne, Eveline,
00:43:25regardez la situation française.
00:43:27Sur le plan économique,
00:43:29le niveau d'urgence,
00:43:31la capacité
00:43:33des marchés et des partenaires
00:43:35européens à,
00:43:37comment dire,
00:43:39adoucir, accommoder un peu,
00:43:41peut-être, les défis budgétaires
00:43:43auxquels la France fait face aujourd'hui ?
00:43:45Oui. Alors,
00:43:47vous avez écrit ce papier sur l'Allemagne
00:43:49il y a un an et demi. Nous, on était
00:43:51dans le relatif France-Allemagne
00:43:53très en faveur de la France
00:43:55depuis, je crois, 2007.
00:43:57Donc, ça faisait très longtemps.
00:43:59Cette année, c'était pas une très bonne année.
00:44:01Cette année, c'était pas une très bonne année.
00:44:03Il y a beaucoup de points
00:44:05structurés qui ont l'air très bien en France,
00:44:07par rapport à l'Allemagne.
00:44:09En tout cas, il y a le mix énergétique,
00:44:11il y a justement cette histoire que ça soit pas
00:44:13l'automobile qui est le secteur principal de l'économie,
00:44:15que ça soit pas la Chine
00:44:17qui est le marché principal, on va dire,
00:44:19pour simplifier, pour la croissance
00:44:21de l'économie totale.
00:44:23Il y avait la démographie
00:44:25qui a l'air mieux et,
00:44:27de l'autre côté, il y avait cette
00:44:29faiblesse sur les finances publiques
00:44:31qui n'était pas super.
00:44:33Donc, du coup, là, c'était
00:44:35un changement un peu cette année.
00:44:37On a commencé avec, du coup, les chiffres de
00:44:392023 sur le budget qui étaient
00:44:41révisés à la baisse. C'est
00:44:43devenu un slippage qui
00:44:45se traduit dans une trajectoire
00:44:47carrément
00:44:49en changeant de niveau et c'était pas la dernière
00:44:51dans cette direction
00:44:53cette année. Et il s'y ajoute
00:44:55que cette perspective de tout va bien
00:44:57en France par rapport à l'Allemagne
00:44:59était un peu sous l'hypothèse
00:45:01que 2027, c'est encore très loin.
00:45:03Donc là, on a un peu tout
00:45:05rapatrié, disons que l'arbitrage
00:45:07entre les fondamentaux économiques qui ont l'air plus sains
00:45:09et la fragilité des finances publiques
00:45:11est moins aussi évident.
00:45:13Je comprends.
00:45:15Il n'est plus aussi évident qu'il ne l'était encore
00:45:17en 2023.
00:45:19Donc c'est de ce point de vue-là.
00:45:21À court terme, nos stratégistes sont plutôt optimistes.
00:45:23Donc du coup, si vraiment on arrive
00:45:25à avoir un budget 2025,
00:45:27très bien. Mais à moyen terme...
00:45:29Quelque chose s'est
00:45:31dégradé quand même dans la perspective de
00:45:33moyen terme pour la France
00:45:35aujourd'hui.
00:45:37Petit mot de conclusion, Nouno.
00:45:39Hervé, sur les marchés, quelle est
00:45:41l'attitude qui vous paraît pertinente
00:45:43dans la situation actuelle
00:45:45adoptée, Nouno ?
00:45:47Je pense qu'il faut rester constructif.
00:45:49On a encore de la croissance au niveau mondial.
00:45:513% ! On est quoi sur 3% de croissance mondiale ?
00:45:53On est bien développé.
00:45:55Il y a quand même effectivement, on en a parlé assez peu,
00:45:57mais l'hypothèque de la Chine
00:45:59qui a tendance à s'enfoncer quand même.
00:46:01Alors je ne sais pas
00:46:03si on peut parler de déflation, mais presque.
00:46:05On craint
00:46:07un scénario un petit peu à la japonaise, mais c'est
00:46:0920% de l'économie mondiale.
00:46:11C'est quand même important.
00:46:13Après,
00:46:15voilà, on rentre dans un cycle
00:46:17de normalisation des taux qui n'est pas
00:46:19défavorable à l'épargnant.
00:46:21Normalement, ça devrait aider
00:46:23et les poches obligataires et les poches actions.
00:46:25Donc il faut rester plutôt
00:46:27constructif.
00:46:29Peut-être un peu plus défensif, parce qu'on croit
00:46:31effectivement à un peu ce
00:46:33rééquilibrage vers des secteurs
00:46:35comme l'assurance,
00:46:37par exemple,
00:46:39comme un certain
00:46:41nombre de secteurs qui ont été
00:46:43un peu délaissés.
00:46:45La santé, on reparle de la santé.
00:46:47Pour l'Europe, je crois que c'est un peu
00:46:49ça qu'il faut essayer de jouer.
00:46:51Garder quand même,
00:46:53on ne peut pas éviter la diversification
00:46:55internationale, parce que
00:46:57le marché qui garde
00:46:59les moteurs de performance les plus importants à moyen et long terme,
00:47:01ça reste quand même les Etats-Unis.
00:47:03Et l'innovation. Un mot rapide
00:47:05spécifiquement chez Miroval. Qu'est-ce qui vous
00:47:07intéresse aujourd'hui sur les marchés, Hervé ?
00:47:09Le conseil restera toujours
00:47:11le même pour les épargnants. Ne cherchez pas
00:47:13à timer le marché.
00:47:15On est dans une période,
00:47:17on voit bien, environnement politique compliqué,
00:47:19élections qui arrivent, un peu de nervosité,
00:47:21de volatilité. Donc les marchés vont être
00:47:23un petit peu volatiles, ce qui vient de là.
00:47:25Après, le marché financier,
00:47:27c'est des indices. Ça progresse
00:47:29à long terme en fonction des
00:47:31multiples d'EPE.
00:47:33Il y a des opportunités. En plus,
00:47:35effectivement, c'est un moment qui est intéressant
00:47:37puisque les taux sont sur des niveaux de rendement
00:47:39qui ne sont pas trop mal.
00:47:41Dans les actions, on l'a dit, là-haut, c'est fait sur
00:47:43beaucoup de secteurs très spécifiques.
00:47:45Il y a beaucoup de valeurs. Donc il y a un champ qui se rouvre.
00:47:47D'accord. Je dis, ne mettez pas
00:47:49tout sur le rouge, mais en tout cas,
00:47:51ne mettez pas tout sur le noir non plus.
00:47:53Il faut rester investi.
00:47:55Et puis quand les marchés deviennent fous,
00:47:57et qu'il y a un moins 10%, être capable
00:47:59d'ajuster un petit peu
00:48:01dans ces situations-là, mais pas
00:48:03trop chercher à se dire, c'est le moment de tout
00:48:05vendre, d'être investi à 100%
00:48:07ou de désinvestir la totalité.
00:48:09Ça, c'est des stratégies qui marchent rarement.
00:48:11Oui. L'excès,
00:48:13pas bon conseiller, effectivement, quand on investit
00:48:15sur les marchés. Merci à vous trois d'avoir
00:48:17été les invités de Planète Marché ce soir.
00:48:19Eveline Herrmann, BOFA, Bank of America Global Research,
00:48:21Hervé Ghez, Mirova et Nono Teixeira,
00:48:23Natix ICM.
00:48:35Le dernier quart d'heure de Smart Bourges, chaque soir,
00:48:37c'est le quart d'heure thématique. Le thème, ce soir,
00:48:39nous amène aux frontières
00:48:41du monde non coté
00:48:43et du monde coté, avec un focus
00:48:45spécifique sur ce qu'on appelle les stratégies
00:48:47crossover. On en parle avec Alice Albizati,
00:48:49associée, cofondatrice de Revaya.
00:48:51Bonsoir, Alice. Merci beaucoup
00:48:53d'être là. Je dis effectivement, c'est stratégie crossover
00:48:55pour simplifier. C'est ce qui nous amène
00:48:57à la frontière entre le monde du non
00:48:59coté, que vous connaissez très bien,
00:49:01et le monde du coté, que vous connaissez aussi
00:49:03chez Revaya.
00:49:05De quoi on parle quand on parle de stratégie
00:49:07crossover ? Que représentent ces stratégies
00:49:09aujourd'hui ? A quoi ça sert ?
00:49:11Vous avez beaucoup travaillé,
00:49:13justement, sur ce sujet, dans l'analyse
00:49:15que vous faites des marchés. Vous vous êtes penchée spécifiquement
00:49:17sur ce monde du crossover, Alice.
00:49:19Qu'est-ce qui en ressort ? Oui, alors,
00:49:21tout d'abord, il faut définir l'investissement
00:49:23crossover. Donc, l'investissement crossover,
00:49:25c'est la capacité à accompagner
00:49:27des sociétés du non coté
00:49:29vers les marchés cotés.
00:49:31Donc, ces introductions en bourse
00:49:33et ce passage de
00:49:35typologies différentes d'investissement.
00:49:37Nous, on a essayé
00:49:39de le définir et de le
00:49:41quantifier, d'abord
00:49:43en publiant un premier rapport
00:49:45au pic de ce marché crossover, qui
00:49:47correspondait à peu près au moment du
00:49:49pic du marché de l'investissement
00:49:51dans la tech
00:49:53en Europe, donc,
00:49:55notamment 2021-2022,
00:49:57ces années Covid qui ont très fortement
00:49:59poussé les investissements vers les sociétés
00:50:01technologiques en Europe. Et ce qu'on a constaté,
00:50:03c'est qu'il y avait une petite
00:50:05partie des investisseurs, qu'on appelle
00:50:07ces investissements crossover, nous, dans notre
00:50:09rapport, on en a suivi 65,
00:50:11qui sont principalement des fonds internationaux
00:50:13de différentes typologies. Donc, ça peut être
00:50:15des hedge funds, ça peut être
00:50:17des fonds corporate
00:50:19comme Softbank, ça peut être
00:50:21des fonds publics, comme par exemple
00:50:23BPI France en France,
00:50:25qui est très actif sur ce marché-là,
00:50:27qui ont accompagné
00:50:29un certain nombre de sociétés
00:50:31avec du capital flexible,
00:50:33pouvant être nos côtés et
00:50:35cotés. Et ces entreprises,
00:50:37elles jouent un rôle
00:50:39très important dans l'écosystème
00:50:41parce qu'elles peuvent
00:50:43investir des tickets de taille significative
00:50:45et elles ont permis
00:50:47de tirer la croissance
00:50:49de ce marché à un moment
00:50:51de taux bas et à un moment où il y avait
00:50:53un afflux de capital. On avait fait le premier
00:50:55rapport. Forcément, le monde
00:50:57a énormément changé sur
00:50:59les 18 derniers mois
00:51:01et on a essayé de comprendre
00:51:03comment est-ce que cette typologie
00:51:05d'investisseurs avait traversé
00:51:07ces années-là. Exactement.
00:51:09Ce qu'on a constaté,
00:51:11c'est que l'investissement crossover
00:51:13a suivi les tendances
00:51:15de l'investissement
00:51:17tech. Donc, l'investissement
00:51:19tech a été contracté
00:51:21par deux en
00:51:232023 par rapport à son pic
00:51:25de 2022. Donc, c'est à peu près
00:51:2750-60 milliards d'euros qui ont été
00:51:29investis dans des sociétés technologiques
00:51:31et néanmoins,
00:51:33on est toujours sur des tendances de croissance
00:51:35si on fait un pas
00:51:37de recul par rapport à ces années record
00:51:39puisqu'on est toujours en croissance par rapport à 2019
00:51:41donc par rapport à les époques pré-Covid. J'entends.
00:51:43Dans ce contexte-là,
00:51:45les investisseurs
00:51:47crossover ont
00:51:49continué de jouer un rôle
00:51:51actif. Donc, ils ont été
00:51:53présents dans à peu près
00:51:5520% des transactions
00:51:57tech.
00:51:59Donc, c'est 11 milliards
00:52:01et quelques qui ont été investis
00:52:03dans ces tours de table par la présence
00:52:05des investisseurs crossover. C'est un peu
00:52:07moins que leur rôle prépondérant
00:52:09pendant le pic. Donc, c'était à peu près un tiers des transactions
00:52:11pendant le pic.
00:52:13Mais on ne revient pas à l'état
00:52:15antérieur, après 2019. C'est ça.
00:52:17C'est ça qui est important. C'est que c'est des investisseurs
00:52:19qui continuent d'être actifs
00:52:21qui ont un peu
00:52:23évolué leur manière,
00:52:25leur typologie de société préférée.
00:52:27Donc, ils sont toujours prépondérants
00:52:29sur le late stage. Donc, les tours
00:52:31de financement qui arrivent juste avant une introduction.
00:52:33On rentre le plus tard possible quand même, c'est ça ?
00:52:35En fait, ce qui s'est passé, c'est
00:52:37que là, en 2023, ils ont commencé
00:52:39à rentrer un peu plus tôt.
00:52:41Avant, c'était 10% des transactions
00:52:43qui étaient sur l'early stage et maintenant, c'est plutôt
00:52:45un quart de leurs transactions qui se font en early stage.
00:52:47Ça, c'est aussi une tendance
00:52:49du marché où, dans ce contexte
00:52:51où les introductions en bourse
00:52:53se sont... Les sorties sont compliquées.
00:52:55Donc, on essaye de remonter le plus haut possible
00:52:57dans la chaîne de création de valeur. Exactement.
00:52:59Pour avoir
00:53:01accès à des sociétés
00:53:03qui ont toujours beaucoup de potentiel,
00:53:05des valorisations qui sont
00:53:07un peu plus basses. Et donc, pour pouvoir
00:53:09bien gérer
00:53:11risques par rapport au rendement attendu.
00:53:13Quel est l'intérêt de ces stratégies
00:53:15à la fois du côté des investisseurs et des entreprises
00:53:17qui sont accompagnées par ces investisseurs ?
00:53:19C'est-à-dire, c'est bien pour une entreprise
00:53:21qui a vécu avec
00:53:23des actionnaires dans l'univers
00:53:25non coté, toutes ces phases de développement
00:53:27du début
00:53:29de l'aventure jusqu'à
00:53:31la porte des marchés cotés. C'est bien pour
00:53:33ces entreprises de garder des investisseurs
00:53:35y compris quand elles sont dans le monde public
00:53:37comme on dit, des marchés cotés ensuite
00:53:39à lisse. Et pour un
00:53:41investisseur aussi, je veux savoir ce que ça représente
00:53:43comme intérêt de se dire
00:53:45je vais pouvoir les accompagner sur toutes les étapes
00:53:47de leur développement, y compris quand elles seront
00:53:49dans le grand bain des marchés boursiers.
00:53:51Les intérêts sont multiples
00:53:53Grégoire, comme vous venez de le dire, pour
00:53:55les sociétés comme pour les investisseurs.
00:53:57Pour les sociétés, en fait
00:53:59avoir de la visibilité sur
00:54:01leur cap table,
00:54:03avoir le temps long avec leurs
00:54:05investisseurs, ça c'est précieux.
00:54:07Puisque, en tant que dirigeant,
00:54:09la priorité numéro
00:54:11un, c'est de faire croître
00:54:13une société et
00:54:15savoir que les investisseurs sont
00:54:17là et qu'on n'a pas besoin d'aller rechercher des capitaux
00:54:19en permanence. C'est quand même un confort
00:54:21qui permet de se concentrer
00:54:23sur les choses importantes.
00:54:25Par ailleurs, lors d'une introduction
00:54:27en bourse, le fait d'avoir
00:54:29un tour de table qui est déjà rempli
00:54:31par les investisseurs historiques,
00:54:33ça aussi c'est très précieux puisque ça envoie
00:54:35un signal positif aux nouveaux
00:54:37investisseurs. Ça c'est vrai dans le long côté
00:54:39comme dans le côté. Quand quelqu'un cherche
00:54:41à lever des fonds, le fait de dire que
00:54:43le tour est déjà pratiquement
00:54:45souscrit par les investisseurs historiques,
00:54:47c'est un message très fort.
00:54:49Donc ça, c'est
00:54:51des intérêts qui sont importants.
00:54:53Par ailleurs, le fait d'avoir des investisseurs
00:54:55qui connaissent ce qui se passe
00:54:57quand les sociétés sont cotées ou
00:54:59non cotées, c'est aussi l'accès
00:55:01à beaucoup d'informations.
00:55:03Donc nous, en tant qu'investisseurs,
00:55:05notre spécialité chez Rebaillat, c'est le non-coté
00:55:07mais c'est le non-coté avec
00:55:09une proximité très forte au marché coté.
00:55:11Et donc de pouvoir
00:55:13en permanence donner
00:55:15des infos de marché sur
00:55:17les concurrents de telle et telle société
00:55:19et forcément les concurrents de nos sociétés
00:55:21sont principalement des sociétés
00:55:23qui sont cotées en bourse.
00:55:25Les tendances qu'on regarde par exemple de façon
00:55:27très active, c'est l'intelligence artificielle.
00:55:29L'intelligence artificielle, on sait que
00:55:31une grande partie
00:55:33de ce segment de marché va être
00:55:35tirée en ce moment par
00:55:37les Magnificent Seven qui sont
00:55:39des sociétés comme Nvidia,
00:55:41comme Apple, comme Alphabet qui sont cotées en bourse.
00:55:43Et donc être très proche de ces sociétés
00:55:45plus matures qui investissent énormément
00:55:47de capitaux, de pouvoir connaître
00:55:49leur stratégie d'acquisition, leur stratégie
00:55:51d'investissement, leur stratégie de développement
00:55:53et donner ces informations de marché
00:55:55aux sociétés non cotées, c'est assez précieux.
00:55:57C'est une expertise complémentaire
00:55:59même indispensable vous dites
00:56:01au travail que vous faites avec
00:56:03les entreprises non cotées aujourd'hui.
00:56:05Forcément, les questions
00:56:07de développement, les questions de valorisation
00:56:09on ne peut pas
00:56:11les séparer entre le non coté
00:56:13et le coté. Il y a une continuité
00:56:15de la chaîne de financement et
00:56:17une continuité en termes de valorisation.
00:56:19Et donc comprendre les questions
00:56:21que se posent les investisseurs des marchés
00:56:23cotés, c'est indispensable
00:56:25pour bien valoriser
00:56:27au juste prix les sociétés non cotées.
00:56:29Une grande différence, et c'est une remarque
00:56:31qui m'avait été faite par quelqu'un
00:56:33venant du non coté et du monde du private equity
00:56:35c'est que
00:56:37quand on est investi dans une entreprise
00:56:39early stage ou au niveau vicier etc
00:56:41souvent on a beaucoup d'emprise
00:56:43on est actionnaire généralement de référence
00:56:45parfois majoritaire
00:56:47ou en tout cas avec des parts importantes
00:56:49du capital, donc on pèse.
00:56:51On pèse aussi sur la stratégie
00:56:53on l'a expliqué avec vous, il y a un échange
00:56:55ce n'est pas juste l'aspect financier qui compte
00:56:57mais c'est pouvoir être impliqué dans la conduite de la stratégie
00:56:59de l'entreprise à des moments où elle en a besoin
00:57:01quand l'entreprise est cotée
00:57:03vous avez des millions, voire des dizaines
00:57:05de millions d'actionnaires en fonction de la taille
00:57:07du capital disponible
00:57:09sur les marchés, et évidemment
00:57:11vous n'avez plus du tout le même poids
00:57:13c'est quand même deux manières d'être actionnaire très différentes
00:57:15bien sûr
00:57:17on est tout à fait en ligne avec ça
00:57:19néanmoins
00:57:21il y a certains éléments qui restent
00:57:23similaires, le premier élément
00:57:25c'est en tant qu'investisseur comment
00:57:27on se construit une conviction sur une société
00:57:29sur un marché, sur son potentiel
00:57:31et donc ça c'est le travail d'analyse
00:57:33fondamentale d'une société, et que cette société
00:57:35elle soit cotée ou non cotée
00:57:37c'est un travail qui est très similaire
00:57:39alors bien sûr quand la société va être cotée en bourse
00:57:41on va avoir accès à moins d'informations
00:57:43privilégiées
00:57:45que quand la société
00:57:47ne l'est pas, puisque en tant
00:57:49qu'investisseur actif à valeur ajoutée
00:57:51chez Réveillant on est présent dans la
00:57:53totalité des bords de nos sociétés
00:57:55donc ça, ça nous donne beaucoup plus
00:57:57d'accès de l'intérieur, mais le travail
00:57:59externe il reste très similaire
00:58:01et le fait de bien
00:58:03comprendre une société, ça nous
00:58:05permet en tant qu'actionnaire
00:58:07d'être pertinent pour
00:58:09l'accompagner, alors bien évidemment
00:58:11on ne va pas avoir les mêmes droits de gouvernance
00:58:13quand la société est cotée par rapport
00:58:15à quand elle ne l'est pas, néanmoins
00:58:17le fait de pouvoir
00:58:19interagir avec les dirigeants
00:58:21des sociétés et de pouvoir
00:58:23les questionner, réfléchir
00:58:25ensemble au bon choix
00:58:27pour l'avenir, ça c'est quelque chose
00:58:29qui peut avoir lieu, c'est précieux, ça a
00:58:31de la valeur, et ça peut avoir lieu
00:58:33même quand la société est cotée en bourse, même si
00:58:35c'est une manière d'interagir
00:58:37qui est différente, ça se repose
00:58:39sur un socle qui va être
00:58:41similaire, qui est comment est-ce que je
00:58:43construis une entreprise, comment est-ce que je construis la
00:58:45relation de qualité avec les dirigeants
00:58:47de cette entreprise pour les accompagner au mieux
00:58:49dans leur plan de développement, dans leur plan de croissance.
00:58:51Pour conclure, Alice,
00:58:53concrètement aujourd'hui, à travers ces stratégies
00:58:55crossover ou ce logiciel
00:58:57crossover, est-ce que vous êtes investie
00:58:59sur des entreprises cotées
00:59:01ou est-ce que ce n'est pas le bon moment
00:59:03aujourd'hui pour vous de l'être ?
00:59:05Notre positionnement c'est investisseurs
00:59:07de croissance, de sociétés technologiques
00:59:09avec des recherches de
00:59:11trajectoires ambitieuses
00:59:13et durables, donc
00:59:15parmi notre boîte à outils,
00:59:17la connexion avec les marchés cotés
00:59:19c'est un des leviers qu'on peut actionner
00:59:21et qu'on utilise pour
00:59:23analyser le potentiel des sociétés et également
00:59:25pour créer de la valeur. Néanmoins, ce n'est pas
00:59:27du tout la seule trajectoire qui nous
00:59:29intéresse. Nous, ce qui nous intéresse
00:59:31c'est faire les sorties qui sont
00:59:33les plus pertinentes à un moment donné. Comme vous
00:59:35venez de le dire, en ce moment,
00:59:37les introductions en bourse, ce n'est pas forcément
00:59:39ce qui est le plus attractif
00:59:41pour notre secteur.
00:59:43Par exemple, on voit que les
00:59:45rachats par les fonds private et coûtis sont beaucoup
00:59:47plus attractifs en ce moment. C'était à peu près un quart
00:59:49des sorties. Il y a d'autres options
00:59:51aujourd'hui qui prévalent. Ce qui est important
00:59:53pour nous, c'est d'être agile et
00:59:55de s'adapter au mieux au contexte de la société
00:59:57et au contexte de marché. En ce moment,
00:59:59ce n'est pas ce qui est le plus important
01:00:01mais c'est néanmoins nécessaire
01:00:03d'être toujours très connecté.
01:00:05Ce n'est pas parce qu'on ne prépare pas une introduction
01:00:07en bourse qu'il ne faut pas savoir ce qui se passe. Il faut lâcher
01:00:09cette partie-là de l'univers d'investissement
01:00:11et du marché. Merci beaucoup Alice. Merci
01:00:13d'être venue nous éclairer sur ces stratégies
01:00:15crossover, cette rencontre entre deux mondes
01:00:17parfois compliquée, le non-coté
01:00:19et le coté, mais il y en a qui
01:00:21sont à la frontière de ces deux mondes. Alice Albizati
01:00:23associée et co-fondatrice de Revaya
01:00:25avec nous, invitée de ce quart d'heure thématique de Smart Bourse.