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Damien Thévenot reçoit Katherine Pancol dont le dernier roman "La mariée portait des bottes jaunes" est disponible depuis le 12 avril 2023 aux éditions Albin Michel. Elle nous révèle ses secrets d'écriture, dans une bonne humeur communicative. 

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Transcription
00:00 Bonjour Catherine Poncol.
00:01 Bonjour Damien.
00:02 Bienvenue chez nous.
00:03 Merci de me recevoir.
00:04 Avec grand plaisir.
00:05 Votre dernier bébé, 750 pages, la mariée portait des bottes jaunes chez Albin Michel
00:10 avec ce titre, avec un titre.
00:11 C'est vrai que moi j'adore vos titres.
00:13 Regardez, on a fait un petit montage de vos précédents romans.
00:15 On se souvient des yeux jaunes des crocodiles.
00:17 Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi parce que les pauvres, il y a moins
00:21 de visiteurs qui leur donnent à manger.
00:23 Et évidemment la valse lente des tortues.
00:26 Avant d'expliquer un petit peu ce livre, c'est une saga absolument passionnante dans
00:30 le bordelais, le choix du titre, il vient avant l'histoire ou en cours ?
00:35 Ça dépend.
00:36 Là en l'occurrence pour la mariée portait des bottes jaunes ?
00:38 En cours.
00:39 En cours.
00:40 Oui, j'avais commencé à y jouer, je devais bien être à la page 450 comme vous là en
00:44 ce moment.
00:45 Oui, c'est vrai que j'ai presque fini mais il y a 700 pages et je disais à Catherine
00:48 en coulisse que je n'aime pas aller trop vite parce que j'aime bien le déguster le
00:50 livre.
00:51 J'en suis à 450 pages et évidemment qu'on est happé dès les premières pages.
00:55 Ça aussi votre force Catherine, c'est de raconter des histoires dans lesquelles on
00:59 entre immédiatement.
01:00 Si je vous dis que votre livre m'a un peu fait penser à l'ambiance de Downton Abbey,
01:06 est-ce que ça vous parle ? Est-ce que vous êtes d'accord avec cette comparaison ?
01:08 Oui, parce que je suis beaucoup allée dans les châteaux du bordelais pour faire des
01:13 promotions.
01:14 J'étais invitée par la librairie Mola.
01:15 M. Mola m'a à chaque fois me logé dans un château et j'ai découvert un univers
01:21 à la Downton Abbey et dont on parlait peu en France quand même.
01:24 Donc on va dire une aristocratie bordelaise.
01:28 Il y a Alienor, c'est une dame qui règne sur un domaine vinicole.
01:34 On va raconter que le début du livre.
01:36 Il y a deux gamins de 8 et 10 ans qui sont déposés par, on peut dire le lien de parenté,
01:41 leur mère, devant les grilles de ce château.
01:44 Et elle s'en va.
01:45 Et elle s'en va, elle dépose ses deux gamins.
01:47 Et c'est parti pour 750 pages de trahison, secret de famille.
01:52 La vie d'une famille normale.
01:54 A ce point-là, c'est gratiné quand même, non ?
01:56 Non, ce n'est pas vraiment gratiné.
01:59 Je pense que dans toutes les familles, il y a des secrets, des choses qu'on ne dit
02:02 pas, qu'on devrait dire d'ailleurs parce que ça ne se répéterait pas comme ça se
02:07 répète souvent.
02:08 Et les deux enfants vont arriver innocents et naïfs.
02:11 Ils ont 8 ans et demi et 10 ans.
02:16 Et ils vont poser des questions et malgré eux, ils vont faire exploser cette apparence
02:22 où les enfants voient leurs parents.
02:25 En fait, il y a comme une chape de plomb sur ce château.
02:29 Il peut y avoir des infidélités, mais on n'en parle pas.
02:33 Il y a une espèce de code de mauvaise conduite presque, j'ai envie de dire au niveau de la morale.
02:38 Il y a un code de bonne conduite que personne n'observe.
02:40 Oui, c'est ça en fait.
02:41 Oui, c'est ça, il y a des principes.
02:42 Alors, évidemment on se dit, mais comment elle fait Catherine Pancol ?
02:46 Parce que comment vous faites pour arriver à chaque fois à nous captiver ?
02:50 J'ai vu sur votre Instagram, vous avez mis des petits conseils.
02:53 Je trouve ça intéressant, regardez.
02:56 En gros, vous dites, ne dites jamais, mais montrez.
02:59 C'est-à-dire qu'il faut montrer et pas dire.
03:00 Ça c'est la base de tous les gens qui veulent écrire.
03:05 C'est qu'il ne faut pas dire, il faut montrer.
03:07 Ne dites pas "elle est triste", montrez comment elle est triste.
03:10 Parce qu'en montrant comment elle est triste, vous allez frapper l'imagination du lecteur.
03:13 Si vous dites "elle est triste", c'est général, on ne sait pas.
03:16 Il y a des gens qui sont tristes en éclatant de rire.
03:18 Bien sûr, alors qu'on est en empathie dans ce cas-là.
03:20 Parmi les autres conseils, il y a le 4.
03:22 Tendre le récit en attrapant le lecteur à la gorge comme avec un hameçon.
03:26 Elle y est dedans, on voit la métaphore, mais c'est ça.
03:29 Oui, oui.
03:31 Du coup, c'est un peu une mécanique, une technique ?
03:34 C'est comme dans les romans policiers, vous laissez tomber des indices.
03:37 Sauf que dans les romans, souvent ce sont des indices psychologiques.
03:40 Mais vous les placez au bon endroit, ce qui fait que,
03:42 "Ah, qu'est-ce qui se passe là ?"
03:44 Mais juste, vous en avez placé un petit.
03:46 Et alors, le lecteur attend que ça se résolve ou pas.
03:50 Mais quand vous démarrez votre livre, Catherine,
03:53 est-ce que vous savez où vos personnages vont vous emmener ?
03:55 Oui.
03:56 Donc en fait, vous vous laissez surprendre ?
03:58 Absolument. Je vis avec eux, je découvre l'histoire avec eux.
04:01 Ah non, c'est bien, comme ça, moi, j'en sais pas plus que le lecteur.
04:05 J'apprends des choses au fur et à mesure.
04:06 C'est les personnages qui font l'action.
04:08 Moi, je construis les personnages dans ma tête,
04:10 après je les jette dans l'histoire, et c'est eux qui font l'action,
04:13 et moi, je les suis.
04:14 Et quelquefois, je suis dépassée, d'ailleurs.
04:16 Ils vous précèdent ?
04:17 Oui, ils me précèdent.
04:18 Il faut quelque chose que je n'attendais pas, alors je me dis,
04:20 "Merde, comment je vais faire pour rattraper mon fil d'action ?"
04:23 Et quand vous avez plusieurs personnages, vous avez plusieurs actions.
04:26 Bien sûr. Et Dieu sait si dans vos romans, il y a beaucoup de personnages.
04:29 Oui.
04:30 Vous avez écrit ce livre, je crois, en Normandie, on peut le dire ?
04:33 Oui.
04:34 Donc, du côté de la côte d'Albâtre, on va avoir quelques images,
04:39 évidemment, j'imagine, propices à l'évasion, au fait de faire parcourir votre...
04:43 Voilà, les falaises.
04:44 Imagination.
04:45 Mais on est d'accord qu'il y a quelques années, vous habitez à New York.
04:48 Vous aviez probablement écrit un de vos précédents romans.
04:51 Oui, j'ai beaucoup écrit à New York.
04:52 Donc ça veut dire que vous pouvez écrire partout, Catherine Pancol ?
04:54 Oui, je peux écrire partout, il faut que j'ai mon ordinateur,
04:57 j'ai des dictionnaires, j'aime beaucoup les dictionnaires.
05:00 Synonyme ?
05:01 Synonyme, j'ai le Thésaurus qui est un outil formidable,
05:06 parce que vous cherchez "pluie" et il vous donne tous les mots relatifs à la pluie.
05:11 Voilà, et ça c'est bien quand on est en panne de synonyme.
05:15 Et puis j'ai mon thé, ma théière.
05:18 Et horaire fixe ?
05:19 Horaire fixe, de 2h à 7h tous les jours, quoi qu'il arrive.
05:22 L'après-midi, 14h.
05:23 Ah oui, l'après-midi, pas le matin.
05:25 Il y en a certains qui écrivent la nuit.
05:26 Oui, c'est vrai, oui, oui.
05:27 Oui, je sais qu'il y en a qui écrivent le matin.
05:28 Moi, je ne peux pas le matin.
05:29 Mais voilà, et puis je me mets un bruit de fond qui est souvent la radio
05:34 que j'écoutais quand j'habitais New York, qui est une radio de musique classique,
05:38 et j'aime bien ce qui passe, et ils ne parlent pas.
05:41 Et ça me fait comme… parce qu'on est tout seul quand on écrit,
05:44 on est tout seul tout le temps, tout le temps, tout le temps.
05:46 Et donc ça me fait comme une compagnie.
05:48 J'ai mon chien, j'ai un chien qui est là tout le temps.
05:51 Qui est là, qui ne nous quitte pas.
05:52 Vous êtes traduite en combien de langues ?
05:53 Je suis traduite en 31 pays, 34 pays.
05:56 Waouh !
05:57 On a fait un petit montage, regardez, on a donc traduction en allemand,
06:02 il y a en espagnol, en chinois, il y a du polonais, il y a de l'anglais.
06:07 Du kurde ?
06:08 Du coup, le livre il sort tel quel, traduit, quel que soit le pays,
06:13 il n'y a pas pour tel pays, des changements un petit peu ?
06:16 Si, pour l'Amérique, on a un peu coupé.
06:19 Il ne faut pas que ce soit trop long.
06:21 Oui, d'accord.
06:22 Mais c'est tout, sinon c'est la même version.
06:26 Vous êtes étonnante, et je pensais connaître plein de choses de vous.
06:30 On va voir une petite archive de Sheila, chantant la chanson "Mélancolie".
06:34 Et vous avez co-écrit les paroles de cette chanson.
06:37 Écoutez.
06:38 Vous la racontez dans deux mots, c'est vous.
06:42 Oui, j'avais 20 ans, je venais d'arriver à Paris Matchs,
06:45 comme enquêtrice, comme stagiaire, ils m'ont envoyé interviewer Sheila,
06:49 et elle avait un producteur qui s'appelait Carrère.
06:51 Claude Carrère.
06:52 Claude Carrère, et moi j'étais stagiaire, donc j'étais à l'essai, je ne gagnais rien du tout.
06:56 Et Carrère me dit "Est-ce que vous voulez gagner de l'argent ?"
06:59 Je dis "Oui, je n'ai pas rien du tout, je ne suis pas ronde".
07:02 Et il y a un moment qui m'a donné une cassette à l'époque,
07:05 avec "Tati, tati, tata, tati, tati, tata",
07:08 et j'ai écrit les paroles, comme ça.
07:11 Et là-dessus le match, je m'envoyais à Genève faire une enquête sur un truc international.
07:17 Je suis partie, quand je suis revenue 10 jours plus tard, dans le taxi,
07:21 il y avait entré au hit parade du disque de Sheila "Mélancolie".
07:24 Et moi j'étais comme une folle sur la banquette arrière.
07:27 C'est moi qui ai écrit les paroles.
07:29 Et quand je suis retournée, il m'a dit "Mais non, c'est Sheila".
07:32 Je dis "Mais moi j'ai écrit les paroles".

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