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Télématin reçoit Fabrice Luchini pour parler de son spectacle "Fabrice Luchini lit Victor Hugo", prolongé en 2025 au Théâtre de la Porte-Saint-Martin et aux Bouffes Parisiens.
Télématin reçoit Fabrice Luchini pour parler de son spectacle "Fabrice Luchini lit Victor Hugo", prolongé en 2025 au Théâtre de la Porte-Saint-Martin et aux Bouffes Parisiens.
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00:00C'est l'heure d'accueillir notre invité, on est super heureux de vous recevoir, bonjour Fabrice Luchini.
00:04Bonjour.
00:05Il y a quelques jours vous m'avez écrit, je me prépare au lever de mardi, ça va, c'est pas trop difficile ?
00:10Oui, je voulais dramatiser un peu l'événement.
00:13Mais vous avez une tendance effectivement à dramatiser.
00:18Vous savez, il y en a d'autres qui savent le faire très bien, il y a Victor Hugo,
00:22un des plus grands poètes qui s'appelle Claude Roy a dit que le génie absolu d'Hugo
00:28c'est de provoquer le lyrisme de l'incantation.
00:33Donc j'aimerais bien avoir ça, mais dramatiser, c'est mon métier.
00:37Mais vous vous en inspirez aussi de Victor Hugo là, aujourd'hui,
00:40parce que vous venez de nous parler de ce super spectacle, c'est au théâtre de l'atelier.
00:46Luchini lit Victor Hugo, vous jouez les prolongations en début d'année 2025
00:50au théâtre de la Porte Saint-Martin puis au Bouffre parisien et c'est canon, j'ai adoré.
00:54Et on va évidemment beaucoup parler de Victor Hugo et de ce spectacle,
00:57mais on a voulu vous présenter une petite surprise.
01:00Juste avant de s'intéresser de plus près à Victor Hugo,
01:03c'est une petite surprise à notre façon de regarder ce petit message.
01:06Ah yo Fabrice Luchini, fraté, j'espère que tu vas bien.
01:10Dis-moi, apparemment, tu adores les Marseillais.
01:12Alors j'avais une question,
01:14quand est-ce qu'on peut compter sur toi pour une saison des Marseillais ?
01:18Avec les fratés.
01:19Gros bisous et y en a assez.
01:21Parce qu'il paraît que vous êtes fan des Marseillais, c'est vrai ou pas ?
01:23J'aime les Marseillaises.
01:24Les Marseillais, le programme.
01:26Oui, j'avais été assez impressionné par la composante sociologique
01:32et métaphysique de cette émission.
01:35Vous avez un candidat qui vous attend dans le tournage des Marseillais,
01:38vous êtes déjà venu.
01:38Je joue avec Saint-Provence au mois de décembre, Victor Hugo.
01:42Au théâtre du Jeu de Paume.
01:43Ça vous intéresse premier degré ou il y a un peu d'humour derrière ça ?
01:49Écoutez, une femme qui répond à un homme,
01:57c'est comme une illumination de ce qui est devenu le langage.
02:02Quand tout d'un coup un gars boit un café en se levant,
02:04on le voit se lever, il y a une femme qui le reçoit et elle lui dit
02:08« mais je n'ai pas envie de te voir habillée comme ça moi,
02:11je n'ai pas envie de voir ton cul » et tout ça.
02:13Et elle se met à hurler « je m'en bats les couilles de ta gueule ».
02:17Tu te dis, un événement s'est passé depuis Victor Hugo,
02:20un événement intéressant.
02:22C'est une dégradation de la langue, mais moi j'adore l'argot parallèlement.
02:26Alors c'est vrai que nous aussi on préfère Victor Hugo
02:28et quand Fabrice Lucchini lit justement du Victor Hugo,
02:31il se plonge tout entier dans le personnage
02:34et ça a donné une idée à votre voisine Camille Daron.
02:37Oui, j'avais envie d'entendre Fabrice Lucchini,
02:40mais dans la tête de Victor Hugo.
02:42Regardez, on a fait un petit montage, est-ce que ça vous plaît ?
02:45Oh la vache, c'est pas mal.
02:48Il est pas mal ?
02:48Formidable.
02:49Alors attendez, il faut s'y mettre dans l'ambiance.
02:51On est en 1862, vous venez de publier « Les Misérables »
02:55et là on est en entretien pour en savoir un petit peu plus sur votre vie.
02:58Cher Victor, êtes-vous aussi romantique qu'on le dit ?
03:03Il devait répondre à deux niveaux.
03:05Oui, romantique puisqu'il en est l'incarnation,
03:09concret sexuellement, évidemment aussi, beaucoup.
03:12Vous savez que c'était un homme qui est au-delà des capacités habituelles.
03:18Sa sexualité est tellement immense que sa femme Adèle,
03:22au bout de la première nuit,
03:24dont on dit en gros que ça s'est passé neuf à dix fois,
03:29ce qui est beaucoup pour l'époque et même pour aujourd'hui.
03:32Regarde, ça le laisserait vœu.
03:35Les femmes ça les déprime et lui ça le laisserait vœu.
03:38Alors ce qui est bizarre, alors allez-y, allez-y.
03:40Est-ce que vous pourriez être rappeur en 2024, Victor ?
03:43Rapper ? Il est l'incarnation du rap.
03:46Je suis l'incarnation du rap.
03:47J'aimerais bien que vous vous mettiez vraiment dans la peau de Victor.
03:50Victor Hugo, il est l'inventeur du rap.
03:53Pourquoi ?
03:54Parce que, je ne sais pas, qu'est-ce qui pourrait me venir ?
04:03La respiration de...
04:05C'est marrant, il y a une bonne ambiance
04:06qui est très différente de tout ce que je fais comme plateau.
04:09D'habitude, je suis invité par Barthez,
04:11éventuellement par Lemoyne et là, ce n'est pas du tout pareil.
04:14Là, on est dans du punch.
04:16Là, on est de la vitalité, il est 9h15,
04:18on est tous accablés de fatigue.
04:20Et alors, chère madame Dahan,
04:23la respiration de Beauce se mêlait aux bruits sourds
04:27des ruisseaux sur la mousse.
04:28On était dans le mois où la nature est douce.
04:32Vous savez, Hugo, c'est un des plus grands poètes, immense.
04:37Alors, je vous laisse poser vos questions après le soir.
04:40Parce qu'à un moment, je vais parler de mon spectacle, quand même.
04:44On rigole, c'est le matin, mais on va parler de mon spectacle.
04:47Bien sûr, bien sûr.
04:48Alors, juste, Victor-Hugo,
04:49est-ce que vous avez des points avec Fabrice Luchini, des points communs ?
04:53Si c'est Victor-Hugo qui répond ?
04:55Non, aucun. Non, non, non.
04:57Il a une vitalité sexuelle que je n'ai pas.
05:00Il n'a pas la vitalité...
05:02Je suis Hugo, hein.
05:03Il n'a pas la vitalité sexuelle que j'ai.
05:05Il n'est pas aussi progressiste que moi.
05:09Il n'est pas aussi...
05:11Vous savez, il est extraordinaire, Hugo,
05:13parce qu'effectivement, il aimait beaucoup les femmes,
05:16mais il ne lâchait jamais la responsabilité de son acte.
05:20Il accompagnait les conséquences de ce qu'il faisait.
05:22Il n'était pas du tout moderne dans le sens d'une inconséquence.
05:26Il ne couchait pas avec des femmes,
05:28et puis le lendemain, il se barrait quand il couchait avec une femme.
05:30Les conséquences, que ce soit les enfants, les problèmes,
05:33il était totalement là.
05:35Alors, votre spectacle, Fabrice Luchini,
05:37vous avez choisi d'entrer dans cette oeuvre, évidemment immense,
05:40par le biais de la mélancolie, un petit peu,
05:43par les poèmes où il exprime notamment son désespoir
05:45d'avoir perdu sa fille Léopoldine à 19 ans.
05:47Pourquoi ce choix ?
05:49Parce que c'est une montagne immense et qu'il fallait prendre un axe.
05:52Et je ne sais pas pourquoi, mais c'est passé par ce trou de souris
05:56qui est la catastrophe.
05:58Hugo, qui est habituellement totalement optimiste,
06:01là, il y a la mort de Léopoldine qui crée le plus beau poème
06:05qui a été écrit, vous savez quand.
06:07Et d'ailleurs, il a mis 12 ans pour écrire ce poème.
06:09Parce que quand il arrive de Rochefort,
06:12elle, elle est morte le 4 septembre.
06:14Elle se noie avec son mari.
06:16Ils se sont mariés il y a quelques semaines.
06:18Elle se noie, il ne sait rien.
06:20Lui, il est avec sa maîtresse, Juliette Drouet.
06:22Il remonte de Rochefort.
06:24On leur dit qu'il faut attendre la diligence.
06:26Cette diligence, elle ne part que dans quatre heures.
06:28Juliette Drouet dit, tiens, on va aller boire un café.
06:31Il rentre dans un café, il ouvre un journal
06:35et il y a marqué la fille du plus grand poète français
06:38vient de mourir.
06:40Et là, comme dit Juliette Drouet, il la regarde
06:44et il dit ces quatre mots, voilà qui est horrible.
06:49Et à partir de là, il ne va plus être le même homme.
06:52Il va se mettre à détester Juliette Drouet.
06:54C'est évident, culpabilité, la maîtresse, etc.
06:57Et puis, il va remonter.
06:58J'ai encore 30 secondes.
07:00Il va remonter.
07:02Il va arriver plein d'événements, des immenses événements.
07:05Il va tomber amoureux pour se sortir de la dépression épouvantable.
07:09Il va monter, il va monter.
07:11Il va, après avoir les événements politiques,
07:13il va être renvoyé de la France.
07:15Il va se retrouver à Jersey, après à Guernesey.
07:17Et à Guernesey, 13 ans après, 12 ans après,
07:21il va écrire le plus grand chef d'œuvre.
07:23Et vous étiez au théâtre, il n'y a pas à baratiner.
07:26D'abord, j'ai eu une chance énorme.
07:27Il y a 600 et quelques personnes tous les soirs.
07:30Au mois de janvier, il y en aura 1 000.
07:32Au mois de février, il y en aura 1 000 et quelques.
07:34C'est plein.
07:36Donc, je viens là, il y a quelque chose d'ahubissant de venir.
07:38Mais oui, parce qu'on n'en avait pas besoin.
07:40Non, je n'en ai absolument pas besoin.
07:41Et ça, je vais ouvrir les bouffes parisiens en marche.
07:45Et je suis content parce qu'elles commencent à se remplir.
07:48Mais il dit cette phrase extraordinaire, 12 ans après.
07:51Il dit, oh, je fus comme fou dans le premier moment.
07:54Hélas, et je pleurais trois jours amèrement.
07:58Vous tous à qui Dieu prit votre chère espérance.
08:01Père, mère, dont l'âme a souffert ma souffrance.
08:03Tout ce que j'éprouvais, l'avez-vous éprouvé ?
08:06Je voulais me briser le front sur le pavé.
08:09Puis je me révoltais et par moments terribles,
08:11je fixais mes regards sur cette chose horrible.
08:14Et je n'y croyais pas.
08:15Et je m'y criais.
08:16Non, est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom ?
08:18Tu vois, elle me coupe.
08:19Ça ne m'est jamais arrivé.
08:20Dans aucune télé, même un peu branchée.
08:23On m'a coupé dans un poème.
08:24Et la télé matin, qui devait être sympa.
08:26Ouais, on est matin, on est matin.
08:28Et on me coupe dans un poème qui est un chef de...
08:30Non, je me termine.
08:32S'il te plaît.
08:33Oh, je fus comme...
08:33Non, donc...
08:36Où j'en étais ?
08:37Quel mot ?
08:39Vite, vite.
08:40On va être obligés de lancer...
08:41Vas-y, non, non, non, je termine le poème.
08:43Non, je ne me lève pas tôt pour ne pas fermer le poème.
08:45On va regarder un extrait et vous terminez juste après.
08:47Alors ferme le poème.
08:48Vas-y, dit le poème.
08:50Hop, on regarde un extrait tout de suite du spectacle.
08:53Qui est là ?
08:54Shakespeare.
08:58Es-tu une âme heureuse ?
09:00Oui.
09:02Écoutez bien.
09:03Charles est fatigué.
09:04Peux-tu revenir mercredi à 9h ?
09:11Oui, tu dis !
09:14Est-ce que tu peux prier André Chénier de venir à nous ?
09:18Oui.
09:19Dans l'autre vie, toi, si méconnue, si oubliée,
09:23entends-tu le bruit de ta gloire et est-ce que tu en jouis ?
09:26Oui.
09:28Silence.
09:30Y a-t-il quelqu'un là ?
09:32Oui.
09:33Shakespeare ?
09:34Non.
09:35Qui es-tu ?
09:36Luther.
09:40As-tu une communication en fait ?
09:43Non.