Retraites : "Les Français ne veulent pas tourner la page des retraites."

  • l’année dernière
"Les Français ne veulent pas tourner la page des retraites. Il y a une deuxième proposition de RIP, des propositions de loi d’abrogation de la réforme. Bref, c’est loin d’être fini !" avertit le sénateur PS de Paris Rémi Féraud.

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Transcript
00:00 – Et on commence cette émission avec vous Rémi Féraud, bonjour.
00:02 – Bonjour.
00:02 – Vous êtes sénateur socialiste de Paris,
00:04 également président du groupe Paris en commun au Conseil de Paris,
00:07 c'est-à-dire la branche socialiste de la majorité municipale d'Anne Hidalgo.
00:11 Dans un instant on va parler de la visite hier d'Emmanuel Macron
00:14 dans le département de l'Hérault, mais d'abord un mot,
00:17 un regard sur cette semaine d'Emmanuel Macron
00:19 qui a essayé de tourner la page de la réforme des retraites
00:23 avec ce chantier des 100 jours, un retour au contact des Français.
00:27 Est-ce que vous avez été convaincu par cette semaine du président ?
00:29 – Non mais peu importe que j'ai été convaincu,
00:31 ce qui se voit c'est que les Français n'ont pas été convaincus.
00:35 Ça me donne le sentiment qu'Emmanuel Macron veut tourner la page des retraites,
00:40 recommencer comme avant, mais les Français,
00:43 ils ne l'ont pas tournée la page et ils ne veulent pas la tourner.
00:46 Et elle n'est pas tournée.
00:48 Il y a une deuxième proposition de référendum d'initiative partagée
00:53 que la gauche a déposée, sur lequel le Conseil constitutionnel
00:56 doit se prononcer la semaine prochaine, je crois même la semaine suivante.
01:00 Il y a des propositions de loi d'abrogation de la loi de la réforme des retraites
01:04 qui ont été déposées notamment à l'Assemblée nationale.
01:07 Bref, c'est loin d'être fini et il reste un message que nous portons,
01:11 mais surtout que l'immense majorité des Français porte,
01:14 c'est le président de la République,
01:16 renoncer à votre réforme des retraites avant qu'elle ne soit mise en œuvre.
01:19 Et ça c'est toujours possible,
01:21 même si Emmanuel Macron ne veut pas en entendre parler.
01:24 – Donc vous continuez le combat contre cette réforme.
01:26 – Oui.
01:27 – On va parler de la visite hier du président de la République
01:29 dans le département de l'Hérault.
01:31 On va retrouver nos partenaires du journal Le Midi Libre
01:34 avec Olivier Biscay, directeur de la rédaction du journal Le Midi Libre.
01:38 Bonjour Olivier.
01:39 – Bonjour Alexandre.
01:41 – Alors Emmanuel Macron était hier à Gange dans l'Hérault
01:43 pour un déplacement sur le thème de l'école.
01:45 Comment il a été accueilli ?
01:47 – Écoutez, deux salles, deux ambiances.
01:50 Parce que si vous étiez sur la place du marché de Gange,
01:52 petite commune de 4 000 habitants, c'était à la fois très agité, très bruyant.
01:57 Il y avait entre 2 000 et 3 000 manifestants
02:00 qui ont fait savoir leur opposition au chef de l'État.
02:04 Un concert de casseroles au tout début, quelques oeufs,
02:07 et puis beaucoup de chansons et de sifflets.
02:11 Et puis il y avait l'autre ambiance dans le collège Louise Michel,
02:14 une ambiance plus feutrée, vous l'imaginez bien,
02:17 plus sympathique dans ce collège qui accueillait le chef de l'État
02:20 avec des enfants, des enseignants et des parents
02:23 qui ont échangé avec lui pendant près de deux heures.
02:27 D'ailleurs le président de la République n'a pas croisé un seul des manifestants.
02:31 La commune de Gange était suffisamment structurée
02:35 pour éviter la moindre rencontre,
02:37 même s'il a évoqué au député Sébastien Romme
02:40 la possibilité de rencontrer des manifestants.
02:42 Mais très clairement hier, l'ambiance était trop survoltée
02:45 pour qu'il y ait le moindre échange posé et d'écoute.
02:50 – Et puis le président de la République vous a consacré une interview
02:53 qui est à lire aujourd'hui dans les pages du Média Libre.
02:55 – Oui en effet, au sortir de cet échange avec les collégiens et les parents,
03:01 il nous a accordé cette interview dans laquelle il revient sur les mesures
03:05 qu'il a précisé tout au long de sa journée,
03:09 considérant qu'il faisait ce qu'il avait annoncé pendant la campagne électorale.
03:13 On l'a interrogé sur la réforme des retraites,
03:15 il nous indique qu'il ne reviendra pas sur cette réforme des retraites,
03:18 il ne la retirera jamais, il vient de la promulguer, c'était un engagement.
03:22 Et par ailleurs, tout au long de cet entretien,
03:24 il a expliqué qu'il voulait maintenant se consacrer à l'essentiel,
03:28 c'est ce que disait le sénateur Ferrault tout à l'heure,
03:30 il veut tourner la page des retraites et se concentrer sur des sujets,
03:34 dit-il, du quotidien des Français.
03:36 La ruralité en faisait partie, l'éducation, l'emploi, la santé
03:39 ou encore la sécurité, et se concentrer sur l'avenir du pays.
03:43 Ce qui m'importe maintenant, c'est d'avancer pour le pays,
03:46 a-t-il dit dans cette interview.
03:48 Et puis Olivier, je crois que vous souhaitiez rebondir
03:50 sur une phrase de cette interview,
03:52 notamment sur le lien entre Emmanuel Macron et les Français.
03:55 Oui, parce qu'il a indiqué dans cette interview,
03:58 et c'est peut-être une question au sénateur Rémy Ferrault,
04:00 que lui, il allait sur le terrain,
04:03 il voulait conserver ce lien avec les Français
04:06 et que malgré les désaccords, il était dans son rôle,
04:10 finalement, d'être à portée de gifle, de claque,
04:14 mais d'être là aussi au contact des Français pour expliquer,
04:16 réexpliquer, faire de la pédagogie,
04:19 considérant qu'il avait sa part de responsabilité.
04:21 Est-ce que ça, Rémy Ferrault, c'est un élément qui permet,
04:24 non pas d'avoir une autre image du président de la République,
04:27 mais en tout cas de considérer qu'il y a un autre temps
04:30 qui est en train de s'installer entre les Français
04:32 et le président de la République ?
04:33 Ou est-ce que pour vous, c'est de la communication pure et simple ?
04:36 C'est de la communication pure et simple
04:38 et je pense que le président de la République
04:41 veut passer un autre temps
04:43 et il ne se rend pas compte de ce qui se passe
04:45 dans la réalité du pays,
04:47 qu'il est dans la brutalité, qu'il l'a été
04:49 pour faire passer sa réforme des retraites,
04:51 mais qu'il est aussi dans le déni.
04:53 L'intervention la plus forte de cette semaine,
04:55 c'est celle de Pierre Rose-Envallon,
04:57 quand il a expliqué la gravité de la crise démocratique
05:00 que nous traversons
05:02 et quand il a bien dit
05:04 que le président de la République
05:06 respectait la lettre des institutions,
05:08 la lettre de la Constitution,
05:10 mais pas l'esprit des institutions.
05:12 Et Emmanuel Macron l'a renvoyé
05:16 à un éventuel rôle de militant.
05:19 Vous voyez bien, quand on parle de Pierre Rose-Envallon,
05:21 ça ne tient pas la route.
05:23 Et vraiment, je crois qu'Emmanuel Macron
05:26 doit sortir de ce déni,
05:28 d'autant qu'il doit penser à la crise des Gilets jaunes.
05:30 Mais c'est très différent.
05:32 La crise des Gilets jaunes,
05:34 il a retiré un certain nombre de mesures
05:36 avant de revenir sur le terrain.
05:38 Là, il refuse de retirer une réforme des retraites
05:40 qui est extrêmement traumatisante pour le pays
05:43 et qui est vécue comme une humiliation par les Français.
05:46 Le président de la République dit
05:48 "ce sont les oppositions,
05:50 ils sont vexés de ne pas avoir gagné la présidentielle,
05:52 c'est moi qui préside".
05:54 Le problème, c'est que ça n'est pas entre Emmanuel Macron
05:56 et les oppositions, le sujet.
05:58 C'est entre Emmanuel Macron et les Français
06:00 et l'esprit de nos institutions et de la démocratie
06:04 dans cette période très particulière
06:06 où il a été largement élu par défaut
06:09 et où il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale,
06:12 de majorité claire.
06:14 Je pense qu'il devrait en tenir compte
06:16 et il n'est jamais trop tard pour retirer une réforme
06:19 qui n'est pas encore entrée en vigueur
06:21 puisqu'elle entre véritablement en vigueur au 1er septembre.
06:24 – Merci beaucoup Olivier pour votre intervention.
06:26 – Merci beaucoup. – Merci beaucoup.
06:28 – On va regarder la lune du Midi Libre aujourd'hui
06:30 qui est consacrée à cette visite d'Emmanuel Macron
06:32 au contact des gens hier dans le département de l'Hérault.
06:35 Rémi Féraud, hier Emmanuel Macron a quand même fait des annonces,
06:38 des précisions concernant une hausse
06:40 de la rémunération des enseignants.
06:42 Une hausse pour déjà tous les enseignants,
06:44 quelque soit leur niveau de carrière,
06:46 entre 100 et 230 euros par mois.
06:48 Vous saluez cette hausse de rémunération ?
06:51 – Ce sont des annonces un peu réchauffées
06:53 parce que je crois que Papendia avait fait ces mêmes annonces
06:57 il y a déjà quelques mois.
06:59 Et je ne sais pas d'ailleurs si les montants étaient exactement les mêmes.
07:03 – Les syndicats enseignants sont un peu déçus.
07:05 – Oui, on voit bien la volonté, ils prennent la réplique,
07:07 de retrouver un peu de popularité.
07:09 Il faudra regarder dans les chiffres.
07:13 En tout cas les chiffres sont loin d'être à la hauteur là aussi
07:16 du besoin de revalorisation de la condition enseignante.
07:19 On ne sait pas si ce sont des salaires ou des primes.
07:23 Il faut les mettre en rapport aussi avec l'inflation.
07:26 Bref, je me méfie beaucoup de ce genre d'annonces
07:30 qui sont faites comme ça pour essayer de tourner la page des retraites
07:36 et beaucoup plus que pour véritablement avoir une politique de l'école.
07:40 Donc voilà, je suis très sceptique.
07:43 – Il y a aussi un second volet de la hausse de rémunération des enseignants
07:46 qui prévoit une hausse et une prime pour les enseignants
07:51 qui accepteraient de faire de nouvelles missions
07:53 comme l'aide au devoir ou la conduite de projets pédagogiques.
07:57 C'est la bonne méthode, se travailler plus pour gagner plus pour l'école ?
08:00 – Non et surtout ce n'est pas la bonne méthode que de faire des annonces comme ça
08:04 sans aucun travail visiblement préparatoire avec les organisations syndicales.
08:09 Vraiment on est dans les effets d'annonce avec cette part-là
08:14 de travailler plus pour gagner plus,
08:16 ce qui est dit d'ailleurs par le président de la République,
08:20 c'était également dit par Jean-Michel Blanquer,
08:23 régulièrement sans que cela ne recouvre rien de réel.
08:27 Moi je pense que ce n'est vraiment pas la bonne méthode
08:30 pour aujourd'hui affronter les problèmes de l'école
08:33 et revaloriser les salaires des enseignants.
08:35 – Alors selon vous ces annonces ne tournent pas la page de la réforme des retraites,
08:38 vous continuez le combat, je reviens,
08:41 sur ces initiatives des parlementaires de gauche
08:44 pour essayer d'abroger ce texte avec des propositions de loi,
08:47 notamment des sénateurs socialistes et des sénateurs communistes.
08:51 Est-ce que vous savez quand est-ce que ça va être discuté au Sénat ?
08:55 – Alors au Sénat je n'en sais rien, non,
08:57 je crois que ce sont les sénateurs communistes qui ont déposé une proposition de loi,
09:00 je ne sais pas quand est-ce qu'ils ont une niche pour la discuter,
09:04 mais est-ce que c'est d'abord à l'Assemblée nationale que c'est essentiel ?
09:08 Parce qu'au Sénat, qu'on est la majorité sénatoriale,
09:11 elle a voté la réforme des retraites,
09:13 même si beaucoup de sénateurs de la majorité ne l'ont pas votée,
09:16 mais c'est vraiment à l'Assemblée nationale
09:18 qu'un vote peut être différent de celui sur la motion de censure,
09:24 parce que si la réforme des retraites avait été mise au vote de l'Assemblée nationale,
09:28 elle n'aurait probablement pas été votée,
09:30 sinon le gouvernement n'aurait pas déclenché le 49-3.
09:34 – Donc vous croyez à une future censure du gouvernement ?
09:36 – Censure du gouvernement, je ne sais pas, même si je l'espère,
09:39 en tout cas vote d'une proposition de loi d'abrogation de la loi de réforme des retraites,
09:45 je pense que c'est tout à fait envisageable.
09:48 Il y a la gauche, puis il y a aussi le groupe Lyot,
09:50 je crois, qui a déposé une proposition de loi à l'Assemblée nationale.
09:54 Oui, oui, je pense que c'est tout à fait possible,
09:56 et ce serait même une façon de sortir de la crise en retirant cette réforme.
10:00 – On va parler des finances publiques, Rémi Féraud,
10:02 puisque hier, Bruno Le Maire et Gabriel Attal ont présenté leur stratégie
10:06 de réduction du déficit de l'État et de la dette de la France,
10:10 et ils prévoient, je cite, "un refroidissement des dépenses publiques"
10:14 pour redresser nos comptes.
10:15 Est-ce que ce refroidissement ou cette baisse des dépenses publiques,
10:18 elle n'est pas inéluctable compte tenu de la situation économique,
10:21 de la situation financière de notre pays ?
10:23 – Non, elle n'est pas du tout inéluctable.
10:25 C'est un choix de politique fiscale, budgétaire, économique,
10:32 et je ne partage absolument pas les perspectives annoncées hier par Bruno Le Maire.
10:38 D'ailleurs, je vais vous dire, soit les chiffres annoncés par le gouvernement
10:42 ne tiennent pas la route, puisqu'on ne voit pas vraiment sur quoi ils reposent.
10:47 Vous voyez bien que parallèlement, il y a des annonces de dépenses supplémentaires
10:51 par le président de la République hier, mais la loi de programmation militaire aussi,
10:56 par exemple, dépense d'ailleurs tout à fait nécessaire.
10:59 Et puis d'un autre côté, soit ces chiffres ne tiennent pas la route,
11:02 soit il y a des économies cachées, qui ne sont pas des économies,
11:08 comme le dit le ministre des Finances, "les Français se serrent la ceinture,
11:13 donc l'État doit se serrer aussi la ceinture".
11:15 Ce sont à nouveau les Français qui devront se serrer la ceinture
11:18 sur ce qui concerne leur vie, c'est-à-dire le logement, les transports,
11:23 la solidarité, l'école, l'hôpital.
11:26 Ce sont ces domaines, les services publics, la transition écologique, la solidarité,
11:32 qui vont subir une cure d'austérité.
11:34 Et ça, ça n'a pas été dit par le ministre des Finances hier,
11:38 mais je crains que ce soit la perspective du gouvernement,
11:40 et il va falloir clarifier tout cela.
11:42 – Cette cure d'austérité financière, comme vous dites,
11:44 c'est un clin d'œil, notamment pour rallier les voix des Républicains ?
11:48 – Je pense que toute la communication du gouvernement
11:52 est un clin d'œil aux Républicains.
11:55 Le gouvernement dira "une main tendue".
11:57 Je n'ai pas l'impression que les Républicains aient envie
11:59 de saisir une main impopulaire.
12:01 Mais idéologiquement, sur le fond politique,
12:04 on est aujourd'hui dans une proximité,
12:08 il n'y a plus beaucoup de feuilles de papier à cigarette
12:11 entre les Républicains et la politique du gouvernement.
12:13 – Rémi Ferrand, on va évoquer une affaire qui préoccupe,
12:16 je le disais dans le début de cette émission,
12:18 les parlementaires de gauche, l'affaire du fonds Marianne.
12:21 Le fonds Marianne, c'est un fonds gouvernemental
12:23 qui a été créé pour lutter contre la radicalisation en ligne.
12:26 Il est suspecté d'avoir été utilisé à des fins politiques
12:29 contre les adversaires d'Emmanuel Macron à la dernière présidentielle.
12:32 On en parle avec notre journaliste parlementaire, Quentin Calmet.
12:36 [Générique]
12:43 – Bonjour Quentin. – Bonjour Alexandre.
12:44 – Bonjour Rémi Ferrand. – Bonjour.
12:46 – Alors la polémique se poursuit sur cette affaire du fonds Marianne
12:49 après les révélations de France Télévisions.
12:51 – Oui exactement, c'est l'affaire du moment avec son lot de révélations.
12:55 Et maintenant, le Parlement qui s'en empare progressivement.
12:59 Alors point de départ, avril 2021.
13:01 Marlène Schiappa est alors ministre déléguée à la Citoyenneté.
13:04 Six mois après l'assassinat de Samuel Paty,
13:07 elle annonce un fonds dédié à la lutte contre la radicalisation en ligne.
13:11 Doté de 2,5 millions d'euros, il vise à financer, je cite,
13:15 "des personnes et associations qui vont porter des discours
13:18 pour promouvoir les valeurs de la République
13:20 et lutter contre les discours séparatistes".
13:22 C'est ce que dit alors Marlène Schiappa sur BFM TV.
13:25 Patatras, il y a trois semaines, France Télévisions et le journal Marianne
13:28 font des révélations.
13:30 Parmi les associations qui ont bénéficié de ce fonds,
13:33 il y en a plusieurs qui interrogent.
13:35 Par exemple, celle qui s'appelle "L'Union des sociétés d'éducation physique
13:39 et de la préparation militaire".
13:41 Elle aurait utilisé le fonds Marianne pour un site internet,
13:44 mais aussi pour cette page YouTube,
13:46 avec d'ailleurs une efficacité assez peu probante,
13:49 quelques dizaines de vues et des publications
13:52 sur les réseaux sociaux très peu suivies.
13:55 Ce n'est pas tout.
13:56 Écoutez à ce propos la journaliste d'investigation Sophie Broye.
14:01 On l'a rencontrée cette semaine.
14:03 Notre équipe, notamment Mathias Arez, a pu lui parler.
14:06 C'est elle qui a travaillé sur le fonds Marianne pour France Télévisions.
14:09 Elle répondait à nos questions. Écoutez.
14:11 "Pour un budget aussi colossal, 355 000 euros,
14:15 qu'est-ce qu'il y a derrière ? Qu'est-ce qui a été produit ?
14:18 Et du coup, on creuse, on creuse, on creuse.
14:20 Et puis effectivement, on a pu récupérer des pièces
14:22 et essayer de comprendre aussi ce qui a été fait de ce budget.
14:25 Et on s'aperçoit, sur la base de documents bancaires,
14:28 qu'une très grande partie de cette subvention
14:32 a servi à rémunérer les deux dirigeants de cette association.
14:36 Et je rappelle bien que des dirigeants, administrateurs d'une association,
14:40 compte tenu des statuts, n'ont absolument pas le droit de se rémunérer.
14:43 C'est juste d'un point de vue légal, c'est imparable."
14:47 Une deuxième association serait également épinglée
14:50 pour avoir créé des contenus politiques
14:52 pendant les campagnes présidentielles et législatives,
14:54 avec des vidéos notamment qui ciblaient Annie Dalgo.
14:57 On va y revenir.
14:58 – Et puis cette affaire est devenue politique cette semaine
15:00 puisque le Parlement s'en est emparé.
15:02 – Voilà, on entendait les critiques monter à gauche,
15:04 surtout depuis que les révélations ont été publiées.
15:07 Et alors qu'au même moment, l'exécutif dénonçait l'action
15:11 de la Ligue des droits de l'Homme, il y a eu ce moment
15:13 qui s'est rencontré politiquement aussi.
15:15 La gauche aimerait que le Sénat tout entier s'empare du sujet
15:18 et crée une commission d'enquête sur la création, le fonctionnement,
15:21 l'utilisation des fonds et la modalité de sélection des structures financées,
15:25 ainsi que le contrôle par son autorité de tutelle du fonds Marianne.
15:28 C'est ce que veut le groupe socialiste.
15:30 On le voit, c'est la résolution qui est portée ici par le groupe
15:33 pour l'entièreté du Sénat.
15:35 Autre initiative, Claude Reynald, que vous voyez sur cette photo,
15:38 le président socialiste de la Commission des finances du Sénat,
15:41 a demandé à ce qu'on lui livre mercredi des documents liés à ce fonds.
15:46 Il les a reçus via une clé USB et ils sont analysés en ce moment
15:51 par les équipes de la Commission des affaires.
15:54 La Commission des finances, on aura le détail un peu plus tard
15:57 dans la journée, en début de semaine.
15:59 Rémi Féraud, est-ce que nous sommes au cœur d'une affaire d'État, selon vous ?
16:03 Je crois et le gouvernement essaye de banaliser, de ne pas répondre d'ailleurs
16:10 pour essayer qu'on n'en parle pas, mais enfin, le gouvernement a aussi sa casserole.
16:17 Donc je pense que c'est un scandale d'État à la fois pour le détournement
16:21 de fonds publics, la gabegie d'argent public et aussi évidemment
16:26 pour l'utilisation qui en aurait été faite dans le cadre des échéances électorales de 2022,
16:34 ce qui est très grave.
16:36 Il faut absolument à la fois que la justice soit saisie,
16:39 je crois que maintenant elle l'est par des plaintes,
16:41 mais on est vraiment aussi dans les responsabilités du contrôle
16:45 de l'action du gouvernement par le Parlement.
16:47 C'est pour ça que nous souhaitons une commission d'enquête parlementaire.
16:50 – Sur Paris, on peut évoquer effectivement Anne Hidalgo,
16:53 puisqu'elle a porté plainte contre X auprès de la procureure de la République de Paris
16:57 pour, je cite, "détournement de fonds publics et abus de confiance".
17:00 C'est ça, c'est qu'en fait certaines vidéos,
17:02 financées par le fonds Marianne, visaient véritablement la maire de Paris,
17:06 c'est ça que vous reprochez ?
17:07 – Bien sûr, et tous les Français doivent aussi avoir la certitude
17:14 que leur argent est bien utilisé aux fins pour lesquelles ils ont payé des impôts.
17:21 Et là, qu'il y ait un détournement de fonds publics, c'est grave.
17:25 Qu'il y ait un détournement de fonds publics
17:27 afin de décrédibiliser, de salir les adversaires d'Emmanuel Macron,
17:31 dont Anne Hidalgo, à l'élection présidentielle, c'est extrêmement grave.
17:35 – Vous pensez vraiment que ça va influer sur la campagne ?
17:37 – Je n'en sais rien.
17:39 Je n'en sais rien mais que des fonds publics soient venus alimenter
17:43 une campagne "ça cache Paris" pour être très clair,
17:46 qui n'a rien à voir avec la laïcité, la lutte contre la radicalisation,
17:50 pour dénigrer une candidature à l'élection présidentielle
17:54 et peut-être d'autres candidatures également, c'est extrêmement grave.
17:58 Et le fait que le gouvernement joue la politique du silence
18:02 en espérant que ça se tasse, ça doit plutôt inspirer de la méfiance qu'autre chose.
18:08 Et donc c'est pour ça que nous voulons que le Sénat se saisisse vraiment du sujet
18:12 sous forme de commission d'enquête parlementaire.
18:14 – Le gouvernement reste silencieux, est-ce que Marlène Schiappa,
18:16 qui était ministre en charge de ce fonds à l'époque,
18:18 a une responsabilité dans cette affaire selon vous ?
18:20 – Ça c'est… en quête de le démontrer, mais en tout cas,
18:24 les articles de Mediapart semblent conduire dans cette direction.
18:29 Quelle est sa part de responsabilité ? Je ne peux pas le dire à ce moment-là,
18:34 mais la volonté du gouvernement de ne répondre à aucune question des médias
18:38 après avoir déclenché une enquête administrative,
18:42 doit quand même nous inspirer d'abord de la méfiance et de la volonté de transparence.
18:46 – Marlène Schiappa, elle renvoie beaucoup vers le préfet Christian Gravel
18:50 qui d'ailleurs est le secrétaire général du comité interministériel
18:53 de prévention de la délinquance et de la radicalisation,
18:56 qui est ce comité qui aurait sélectionné les associations
18:59 pour être dotées ensuite de subventions du fonds Marianne.
19:01 Qu'est-ce que vous pensez de cela ?
19:03 Est-ce que d'ailleurs il faudrait entendre Christian Gravel très rapidement
19:06 sous serment au Sénat ?
19:08 – Si il y a une commission d'enquête, ce sera le cas,
19:10 c'est pour ça qu'il y a besoin d'une commission d'enquête d'ailleurs.
19:12 Mais la volonté de Marlène Schiappa de refiler la patate chaude,
19:16 les gens se renvoient à la responsabilité et ils refusent de s'exprimer,
19:22 de s'expliquer, en fait le gouvernement ne pourra pas en rester là.
19:27 Ce n'est pas possible et le fait que nous en parlions ce matin,
19:31 que la presse en parle, que les parlementaires s'en saisissent,
19:34 c'est absolument nécessaire.
19:35 – Et puis pour qu'il y ait une commission d'enquête du Sénat,
19:37 il faut qu'il y ait un vote favorable de la majorité du Sénat.
19:40 Est-ce que selon vous, les sénateurs de droite sont en coulisses favorables
19:44 à la création de cette commission d'enquête ?
19:46 – Je n'ai pas échangé avec les collègues des Républicains,
19:48 mais le Sénat a montré, toujours sa détermination ces dernières années
19:53 dans le contrôle du gouvernement.
19:55 On l'a vu au moment de l'affaire Benalla, on l'a vu sur les cabinets de conseil.
19:58 Moi je n'ai pas vraiment de doute de la volonté du Sénat
20:02 d'exercer cette mission de contrôle de l'action du gouvernement.
20:05 – Donc vous pensez qu'elle sera créée ?
20:07 – Moi je pense que oui.
20:08 – Merci beaucoup Quentin, on se retrouve dans le Club des Territoires
20:11 et on parlera de la notion de crise démocratique actuellement.
20:14 – Exactement, on va débattre là-dessus.
20:16 – Rémi Ferro, on va finir cet entretien par des questions politiques
20:19 et notamment on va aborder les prochaines élections sénatoriales en septembre.
20:23 Est-ce qu'à Paris, il y aura une liste d'union de la gauche
20:26 entre des socialistes, des communistes, voire des écologistes
20:29 comme le souhaite la maire de Paris, Anne Hidalgo ?
20:31 – Je ne sais pas encore si nous y parviendrons
20:33 mais en tout cas nous sommes vraiment ouverts,
20:36 je parle des socialistes, à une liste qui réunisse
20:40 l'ensemble de la majorité municipale de gauche.
20:43 Donc je crois que les communistes sont tout à fait partants
20:46 et c'est une bonne nouvelle.
20:48 Et la proposition elle s'adresse aussi aux écologistes, aux verts.
20:53 Donc si nous pouvons nous réunir sur une seule liste, ce sera parfait.
20:56 Mais ce n'est pas une injonction, ce n'est pas une obligation,
20:59 chaque parti politique la portera comme il le souhaite.
21:02 Mais en tout cas nous sommes ouverts à une liste
21:04 qui réunisse l'ensemble de la gauche municipale.
21:06 – Est-ce qu'il devrait y avoir sur cette liste,
21:09 notamment l'adjoint au logement de la maire de Paris, Anne Hidalgo,
21:12 Yann Brossat, qui est communiste ?
21:14 – C'est une possibilité, ce n'est pas à moi de répondre à la place des communistes
21:18 qui n'ont pas encore pris leur décision, je crois que c'est d'ici l'été.
21:22 Mais si c'est le cas, c'est en tout cas une très bonne nouvelle.
21:25 – Et puis est-ce qu'il y aura sur cette liste de gauche à Paris
21:29 la candidature de Laurence Rossignol, l'ancienne ministre de François Hollande
21:33 en charge de la famille des droits des femmes
21:35 et qui est actuelle sénatrice socialiste de l'Oise.
21:38 Le problème c'est qu'elle ne va pas avoir vraisemblablement
21:41 l'investiture au sénatorial dans l'Oise.
21:43 Est-ce que vous souhaitez qu'elle ait une place sur cette liste à Paris ?
21:46 – Je ne peux pas vous répondre à cette question
21:48 et je ne veux pas vous répondre à cette question comme cela.
21:50 Laurence Rossignol c'est une sénatrice remarquable,
21:53 son rôle politique, son engagement féministe sont extrêmement reconnus
21:58 et précieux pour le parti socialiste.
22:00 Elle est sénatrice sortante de l'Oise et souhaite se représenter.
22:04 Moi je souhaite que le parti socialiste prenne ses responsabilités
22:07 et propose, soutienne la candidature de Laurence Rossignol dans l'Oise.
22:15 Si ça n'était pas le cas, évidemment on peut discuter.
22:21 Mais je ne pense pas qu'on puisse commencer les choses comme cela.
22:25 Je pense que le parti socialiste doit prendre ses responsabilités
22:28 et soutenir la candidature de Laurence Rossignol
22:31 dans son département dans l'Oise.
22:33 Là aussi c'est tout à fait possible.
22:35 – Donc notamment c'est à Olivier Faure de maintenir Laurence Rossignol
22:38 sur une liste dans l'Oise alors que pour l'instant
22:40 c'est plutôt un candidat proche d'Olivier Faure qui est préféré.
22:43 – À Olivier Faure et à la direction du parti socialiste
22:46 ainsi qu'à la fédération de l'Oise, là aussi de prendre les responsabilités
22:49 et de voir quel est l'intérêt politique des socialistes.
22:53 Je crois que c'est que Laurence puisse être à nouveau candidate dans l'Oise.
22:57 – La place de président du groupe socialiste au Sénat sera également en jeu.
23:01 Alors qu'une partie des sénateurs socialistes soutiennent Olivier Faure à la tête du PS,
23:05 contrairement à Patrick Cannaire, l'actuel président du groupe socialiste au Sénat,
23:09 est-ce que vous craignez que Patrick Cannaire ne perde sa présidence de groupe ?
23:12 – Oui, on n'a pas encore… d'abord on va désigner les candidats,
23:16 s'il va y avoir les élections sénatoriales, ensuite sur du président de groupe,
23:20 je ne sais pas quels seront les candidats, ne brûlez pas les étapes comme cela,
23:25 mais je pense que Patrick Cannaire est un très bon président du groupe socialiste.
23:29 – Mais les divisions internes du PS vont forcément avoir un rôle à jouer dans le groupe au Sénat ?
23:34 – Un rôle à jouer, oui, mais il y a beaucoup d'autres dimensions qui jouent un rôle au Sénat,
23:38 ça n'est pas un décalque des différentes positions au sein du parti socialiste,
23:43 c'est plus compliqué que cela.
23:45 – Merci beaucoup pour cet entretien Rémi Féraud,
23:47 merci d'avoir été le sénateur du jour.
23:50 Dans 20 minutes, le Club des Territoires, nous reviendrons sur la semaine d'Emmanuel Macron
23:56 qui a tenté tant bien que mal de renouer le contact avec les Français
23:59 et de lancer certains chantiers pour essayer de tourner la page de la réforme des retraites,
24:03 on verra si c'est une opération réussie.
24:06 Et dans un instant, j'accueille mes invités pour parler bande dessinée et politique.

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