• l’année dernière

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:11 WANTED TV, deuxième partie, on est toujours content d'être avec vous.
00:16 Bienvenue à tous ceux qui nous rejoignent depuis chez vous, mais aussi sur ce plateau.
00:21 J'accueille de nouveaux invités avec Myriam Insou. Bonjour Myriam.
00:25 Bonjour.
00:26 Ça va ?
00:27 Ça va et toi ?
00:28 Donc tu, c'est toi, tu es étudiante et salariée.
00:32 Voilà absolument, je suis commerciale dans le secteur de l'assurance et en parallèle je suis en Master 2, commerce international à distance.
00:39 D'accord et si tu es là c'est parce que tu as aussi participé au projet WANTED TV de cette année.
00:44 Absolument.
00:45 J'accueille également Abdel Agilili et vous êtes ingénieur du son et responsable au studio Xcape.
00:51 C'est comme ça qu'on dit ?
00:52 Bonjour oui, c'est ça.
00:53 Bonjour et bienvenue à vous.
00:54 Merci.
00:55 À côté Amine Benjamour. Bonjour Amine.
00:58 Je sais que tu m'aimes bien Kadhi mais c'est Amine Benjebourg.
01:01 Ah pardon, Amine Benjebourg, pardon.
01:03 En chair et en steak.
01:04 Donc Amine Benjebourg, vous êtes chroniqueur, musicien, comédien, on dirait un créatif hors pair.
01:10 Un peu de Suisse, mais pas très Suisse.
01:12 D'accord, ok, bon, tu es bien français.
01:14 Et avec nous enfin, Bestric, c'est bien comme ça qu'on dit ?
01:17 Exactement, Bestric, ça va.
01:18 Bienvenue, bonjour.
01:19 Merci d'invenir.
01:20 Alors vous êtes Didier, producteur de musique dans le style trap/bass.
01:24 C'est un mélange entre l'urbain et l'électro, est-ce que c'est ça ?
01:27 Exactement, c'est ça, c'est mélanger les codes du rap et de la musique électronique et faire un seul style avec.
01:33 D'accord, bon, on écoutera quelques petits extraits tout à l'heure sûrement.
01:36 Et juste avant la pub, avant que vous vous installiez sur le plateau, j'ai exposé une question à nos amis à la maison.
01:41 Je suis jeune et artiste, comment percer ?
01:44 C'est cette problématique qu'on a été posée aux acteurs de la culture urbaine à Tours.
01:50 Avant de voir le reportage, on va faire un petit jeu.
01:53 Je vais vous poser une question.
01:54 Selon vous, quelle attribut ou qualité essentielle doit avoir un artiste s'il veut réussir ?
02:01 Mais vous devez me donner un mot.
02:03 On approfondira plus tard, mais juste un mot.
02:05 Amine, un mot.
02:06 De l'amour.
02:07 De l'amour, ok.
02:08 Abdel, un mot.
02:09 Passion.
02:10 Bestric ?
02:11 La patience.
02:12 Et vous, Mya ?
02:13 J'irais ouverture d'esprit.
02:14 Elle a fait trois mots quand même, ouverture d'esprit.
02:16 J'ai pas pu résumer en un seul, désolé.
02:18 En plus, c'est un dictionnaire.
02:19 De toute façon, on va avoir des éléments de réponse en regardant ce reportage.
02:24 Je suis jeune et artiste, comment percer ?
02:26 On regarde et on en discutera un peu plus dans le détail quand même.
02:29 Un mot, c'est court.
02:30 Moi, je trouve que Tours, on abuse.
02:39 Pourquoi on abuse ?
02:40 Parce qu'en fait, on se plaint.
02:42 On se dit, on manque de visibilité, il n'y a pas de studio, il n'y a pas de truc.
02:46 Mais si on parle français, qui mérite réellement de percer à Tours ?
02:49 De ce que je connais, le plus, c'est la culture hip-hop.
02:57 Dans sa globalité.
02:59 C'est-à-dire les disciplines qui concernent la culture hip-hop et l'état d'esprit aussi.
03:04 Pour moi, c'est un mouvement qui est parti d'un petit coin de la Terre, qui est devenu universel.
03:09 Qui permet l'émancipation.
03:11 Ce qui est intéressant, c'est que c'est un mouvement qui est toujours en perpétuel renouvellement.
03:16 Et qui permet à tout le monde de s'éduquer, s'intégrer, de trouver un chemin.
03:21 Et c'est là où je trouve que c'est intéressant cette histoire de culture hip-hop.
03:25 Qu'est-ce que je pense des jeunes artistes orangeo ?
03:32 J'en pense beaucoup de choses.
03:34 Je pense qu'il y a beaucoup de créativité et de potentiel.
03:38 Mais on dirait qu'il y a un espèce de plafond de verre qui fait que les jeunes artistes
03:43 très peu arrivent à passer le cap professionnel.
03:46 Quand je prends l'exemple du rap et du hip-hop, à l'heure d'aujourd'hui, il n'y en a aucun qui a réussi à faire carrière.
03:53 La scène locale, non, c'est compliqué.
03:56 C'est plutôt en allant dans les médiathèques et en voyant des CD.
03:59 Je vais après regarder sur Internet, sur Deezer, YouTube et compagnie.
04:03 Ou Soundcloud, où je vais creuser et découvrir d'autres.
04:06 Mais ce n'est pas toujours évident de les découvrir.
04:09 Je n'ai pas de nom comme ça en tête d'une rappeure tourangeante que je connais.
04:13 En plus, qui est oral, mérite !
04:15 Tour, c'est grand quand même !
04:16 Elio, notre rappeur à nous, présentez-vous les gars !
04:18 Déjà, c'est une tasse, il y a Adem, Mudra.
04:21 Il est chaud, il est chaud.
04:22 Ses sons et tous, je partage.
04:24 C'est important, il vient de chez nous.
04:26 Aujourd'hui, tu écoutes le rap, il n'y a que tes Pablo Escobar.
04:34 Dans ce domaine-là, c'est soit tu le fais hyper bien, soit c'est mort.
04:38 C'est perdu d'avance.
04:39 Parce qu'aujourd'hui, ils disent tous la même chose.
04:41 Je ne sais même pas combien de home studios il y a à Tour.
04:48 Ça veut dire que chacun d'entre eux peut sortir autant de morceaux qu'il veut,
04:51 qu'il peut mettre sur n'importe quelle plateforme.
04:53 Il y a beaucoup d'événements aussi autour du rap à Tour.
04:56 Il y a les Open Mic lors de la ganguette.
04:58 Le Batoïd, ils programment plein de choses aussi.
05:03 On a monté ce bateau pour que tous les gens puissent s'approprier le bateau et en prendre soin.
05:08 Et venir y faire son activité artistique ou culturelle.
05:11 C'est un lieu qui est intermédiaire et indépendant.
05:14 Il est là pour faire place à la jeune création et à ce qu'on appelle l'émergence.
05:18 C'est-à-dire des gens qui commencent.
05:20 Il faut leur donner la possibilité de rencontrer un public.
05:22 C'est un appel à participation conscient et responsable.
05:25 Il faut qu'on prenne le temps aussi de traverser la passerelle.
05:28 On l'a fait quelques fois, on ne l'a pas fait assez.
05:31 Un artiste qui veut réussir dans la musique, il doit s'obliger à écrire, écouter des prods.
05:49 Peut-être aller à la rencontre de personnes pour se faire une équipe ou se faire des contacts.
05:54 Travailler ton image, travailler tes réseaux sociaux.
05:57 Un artiste aujourd'hui, c'est comme une petite entreprise.
06:01 Tu as différents compartiments, tu ne connais pas tout.
06:04 Mais il faut avoir une conscience de chaque partie qu'il faut réaliser et faire.
06:08 Pour moi, dans la musique, pour les rappeurs, il y a deux bails.
06:11 Soit tu écris pour les gens.
06:13 Et dans ce cas-là, ton calvaire de bosser ta musique, tu le fais encore plus.
06:17 Parce que ce n'est pas vraiment ce que tu aimes faire, tu le fais pour les gens.
06:19 Contrairement à ça, je l'ai toujours fait pour moi.
06:22 Même quand je me cassais le crâne, je kiffais.
06:25 Pour un rêve qu'on a, chaque rappeur a, c'est de faire une carrière dans la longévité.
06:32 Et pouvoir en vivre, etc.
06:34 Kiffer en fait.
06:35 Et les autres avaient l'impression de taffer.
06:37 Parce que eux, taffer, c'est que tu t'enfermes dans ta chambre et tu écris un texte.
06:40 Et tu le fais écouter à personne.
06:42 Ils ne l'ont pas fait écouter à des oreilles.
06:44 Des gens qui peuvent te faire un retour constructif, qui peuvent t'aider.
06:47 Il y en a, ils ne ressentent même pas le fait d'avoir une discipline.
06:50 C'est juste qu'ils font leur passion.
06:52 Mais au bout d'un moment, il faut se structurer, il faut se cadrer.
06:54 Par rapport aux médias, on essaie vraiment d'écouter tout ce qu'on nous envoie.
06:58 Tout le monde n'est pas conscient.
07:00 Après, il ne faut pas obliger que les gens rappent leur vie.
07:02 Ils rappent ce qu'ils vivent.
07:03 Ce n'est pas forcément tout, ce n'est pas des exemples à suivre.
07:05 Mais c'est une forme d'honnêteté, de réalité artistique.
07:09 Tout le monde sait, tous les gens qui me connaissent,
07:15 je n'ai jamais menti dans un texte.
07:17 Tout ce que je dis, c'est réel.
07:19 Donc si demain, il m'arrive une galère, je le dis dans le son.
07:22 Si ça va de mieux en mieux, on le dira dans le son.
07:24 Moi, c'est ma ville, je l'aime.
07:38 Mais des fois, il faut remettre les pendules à l'heure.
07:41 Il faut dire les choses.
07:42 Moi, je trouve qu'on se plaint beaucoup.
07:43 Si il y a à trouver une personne qui a pété, c'est que personne ne méritait de péter pour l'instant.
07:46 Moi, je te le dis cash.
07:47 Il y a des mecs, gros, miro, ils viennent d'où ? Ils viennent de Poitiers.
07:50 Le mec qui va péter, c'est le mec qui méritait.
07:52 On a pris conscience que l'avenir de certains d'entre eux dépend même de ce qu'on va leur dire.
08:01 La culture hip-hop, sans transmission, il n'y a pas de culture hip-hop.
08:04 C'est qu'une culture hip-hop avec beaucoup d'additifs dedans.
08:07 Je suis dans une situation où c'est un peu complexe parce que j'ai ma dernière année de lycée,
08:12 donc je suis en bac pro.
08:13 Et en fait, comme par hasard, cette année-là, c'est les plus grosses opportunités que j'ai musicalement.
08:17 Je mise beaucoup sur la musique, même si je sais que c'est éphémère.
08:19 Mais je préfère quand même essayer de réaliser mon rêve que, tu vois, ça, quand je vais dire à mes profs,
08:25 ils ne sont pas contents.
08:26 Parce que si je ne peux pas gérer, je l'assume.
08:29 C'est dur.
08:30 Le rap a toujours été comme ça.
08:31 Le début du rappeur, c'est pour être un peu plus précis.
08:34 Pour qu'il puisse émerger ou qu'il puisse en vivre, ils sont obligés de passer par la scène.
08:38 Parce que la scène, déjà, permet l'expérience.
08:42 La scène te permet plus tard d'avoir des cachets.
08:45 Sur scène, tu ne peux pas tricher.
08:46 Si tu viens sur scène, respecte ton public.
08:50 Et donc, ton public te respectera.
08:53 Et du coup, il te portera.
08:54 Et ça sera à toi d'alimenter cette rencontre et cet échange pour que quelque chose se fasse.
08:59 Je vais donner ma réussite à moi, c'est tout simplement atteindre ses objectifs.
09:14 C'est un max faire des scènes où tu as des cent mille personnes.
09:16 Tu n'as même pas besoin de chanter, les gens chantent à ta place.
09:18 Et toi, tu les regardes comme ça, tu ne sais pas quoi dire.
09:20 Au limite, tu pleures.
09:21 Tu verses une larme tellement tu es ému.
09:23 Ça, c'est la réussite musicale en elle-même.
09:25 Plus personnel, c'est mettre ma mère à l'abri.
09:27 Mais je pense qu'il faut encore un peu de maturité.
09:30 Il faut voir autre chose.
09:31 Si tu écoutes ce qui résonne en toi, si tu essaies d'en être conscient,
09:37 tu vas trouver l'énergie, la vraie, celle que tu as.
09:40 Ce que je conseille au long, c'est d'être en phase avec sa trajectoire de vie,
09:44 en phase avec son identité.
09:46 C'est qui mon papa ? C'est qui ma maman ?
09:48 Ça commence par là.
09:49 C'est qui mon frère, ma sœur ?
09:51 Qui c'est que je reconnais l'un de pas ?
09:53 Dans le côté identitaire, il y a un premier facteur, c'est le facteur de fierté.
09:56 Souvent, on n'est pas fier de venir d'où on vient, de venir de Tours, etc.
10:00 Certes, les gens, ils consomment du rap.
10:02 Ils consomment du rap sur les médias nationaux, et que c'est la plus vendue, etc.
10:06 Pourquoi ils ne consommeraient pas nos artistes ?
10:08 Le rap de province, il existe.
10:10 Tu as une scène urbaine qui est un peu éparpillée,
10:12 et du coup, cette TV vient juste concentrer tout ça.
10:15 Vous montrez aux gens, aux auditeurs, voilà ce qui se passe chez vous.
10:18 Que ce soit par la danse, par le graffiti, par le DJing, ou par le rap,
10:26 il faut essayer de regarder autour de soi.
10:30 Parce que si vous ne regardez que vous,
10:32 vous ne pouvez pas voir ce qu'il y a devant vous,
10:34 ou à côté, ou derrière, ou en haut, ou en bas.
10:37 Tout ce qui peut faire développer cette culture,
10:39 et qui peut permettre aux jeunes de s'émanciper, il faut le faire.
10:42 Je fais ce qu'on a fait pour moi, c'est-à-dire le rouvrir les portes.
10:46 Moi, j'ai envie de dire aux jeunes créateurs qui sont rappeurs ou qui sont danseurs,
10:50 j'ai envie de leur dire, venez au bateau, simplement, venez nous rencontrer.
10:54 Les masques, par contre.
10:55 Venez avec ce que vous êtes, avec ce que vous avez dans les tripes, dans le partage.
11:00 Des fois, c'est juste une petite proposition.
11:02 Tu viens, nous, on t'accompagnera.
11:04 Parlons pour nous, parlons pour Tourangeau, parlons pour Habitant du 37.
11:07 Déjà, d'être fiers de chez nous, d'être fiers de qui on est.
11:09 Ça ne bouge pas, tour sur la carte.
11:11 Ça doit être le soutien, le partage, tout ça.
11:13 Évidemment, en tant qu'artiste, de se faire une place, j'imagine.
11:16 Mais persévérer avec Internet, il y a moyen de se faire connaître aussi.
11:20 Les petits jeunes qui regardent, croyez en vous.
11:22 Faites ce que vous voulez, faites le bien, ne le faites pas pour les gens.
11:25 N'arrêtez pas à cause des gens qui vous disent "c'est nul", etc.
11:28 Prenez les critiques constructives, les critiques positives, améliorez-vous, taffez.
11:32 Ne vous mettez pas de bâton dans les roues solo en vous disant "ça ne va pas marcher".
11:35 Essayez. Si on n'essaye pas, on ne sait pas.
11:37 À bientôt sur Rotet TV, on s'attrape.
11:39 Alors, si l'on en croit ce qu'il nous est dit dans ce reportage,
11:55 il n'y aurait pas d'artistes urbains originaires de Tours assez influents en France.
11:59 Avant d'en parler dans le détail, je me tourne vers vous, Myriam,
12:02 puisque vous avez réalisé en partie le reportage que l'on vient de voir.
12:05 Qu'est-ce qui a déclenché vos réflexions ? D'où vient cette rumeur ?
12:09 En réalité, ça vient d'un constat, celui qu'il y a assez peu de visibilité
12:13 de la culture urbaine à Tours, particulièrement du rap.
12:17 Et c'est pour cette raison qu'on a réalisé ce reportage.
12:20 On voulait aussi donner des outils aux jeunes qui nous regardent
12:23 pour savoir où s'orienter et à qui parler quand on a envie de développer son art
12:28 et peut-être, je l'espère en tout cas pour ces jeunes, d'en vivre.
12:32 D'accord. Juste à côté de vous, on a Bestric, qui est artiste,
12:36 un Didier producteur de trap bass.
12:38 Vous nous rappelez rapidement ce que c'est que le trap bass ?
12:41 En gros, moi, je fais un mélange de musique électronique et de rap.
12:44 Donc en fait, c'est genre à la ligne entre les deux.
12:48 D'accord. Donc vous êtes urbain aussi.
12:50 Voilà, je remplis la case émotion, on va dire un petit peu.
12:53 D'accord. On sait que certains de vos mix sont distribués et écoutés à l'international.
12:57 Vous faites de la scène aussi. Est-ce qu'on peut considérer que vous avez réussi ?
13:01 En tout cas, est-ce que vous, vous considérez que vous avez réussi ?
13:03 Peut-être que je suis sur le chemin de la réussite, mais je n'ai pas réussi.
13:06 La finalité, elle n'est pas là encore.
13:08 C'est un chemin qui, je pense, c'est de longue haleine, de temps.
13:13 Et je pense que ça se voit sur la fin de carrière.
13:17 D'accord. Les points qu'on a pu faire, où est-ce qu'on est parti,
13:20 comment on a fait les choses et où est-ce qu'on en est aujourd'hui.
13:22 Je pense que de faire le constat aujourd'hui, ce serait trop tôt.
13:24 Et il me reste plein de choses à faire.
13:27 Déjà, bravo pour tout ce que vous avez réalisé.
13:30 Ce n'est pas évident.
13:31 Parce que la question, c'est de savoir, et c'est ce que pose le reportage,
13:34 à quel niveau on peut considérer qu'on a percé, en tout cas dans la musique.
13:38 Je me tourne vers Abdel, puisque vous, dans votre studio,
13:41 vous recevez beaucoup d'artistes, vous les voyez évoluer.
13:44 Selon vous, qu'est-ce qui les anime ?
13:47 Qu'est-ce qui fait qu'ils ont envie d'aller au bout ?
13:52 Le rêve, je ne sais pas.
13:54 Leur faire croire qu'ils peuvent y arriver très vite,
14:00 en diffusant une chanson sur les réseaux et que ça peut marcher.
14:04 Pour moi, c'est du rêve.
14:08 On leur vend du rêve à ces jeunes-là.
14:10 Parce que la réalité, c'est qu'il faut être passionné,
14:14 il faut travailler, il faut être patient.
14:16 Et puis, il y a des gens qui arrivent à en vivre très vite,
14:19 parce qu'ils ont beaucoup de talent,
14:21 et d'autres qui ont beaucoup moins de talent,
14:24 qui travaillent et qui ne lâchent pas, et qui arrivent à réussir aussi.
14:27 Ce n'est pas que le talent, de toute façon.
14:29 C'est un ensemble.
14:30 C'est bien connu que ce n'est pas que le talent.
14:32 Qu'est-ce que vous en pensez, Amine, qui me regarde passionnément,
14:35 en se disant "elle a du talent, elle" ?
14:37 Elle a du talent, je crois.
14:39 Moi, je pense que je préfère avoir le talent de travailler
14:42 que de travailler mon talent.
14:44 Je pense que quand on aime ce qu'on fait,
14:48 déjà, c'est une chance.
14:50 Et dans le monde artistique, en France, en tout cas,
14:52 c'est une vraie chance.
14:53 Il faut en avoir conscience.
14:55 J'estime que, d'un côté, le fait, parce que je suis comédien,
15:00 le fait de pouvoir être comédien et faire mes spectacles,
15:04 et que je sois rémunéré pour,
15:06 pour moi, c'est la première des plus belles des réussites.
15:08 Même si on n'en vit pas, finalement.
15:10 Même si on n'en vit pas.
15:12 Après, je pense que ça dépend des projets de vie de chacun.
15:16 Et puis, mais quand on veut, je pense qu'on peut.
15:20 Et avec du réseau, des moyens, aujourd'hui, on a Internet,
15:24 tout le monde peut faire à la maison son petit truc,
15:26 et puis après le proposer ailleurs.
15:28 Moi, je pars du principe que c'est aussi un enrichissement personnel
15:32 avec les autres, et il faut être généreux.
15:35 - Et comment je me tourne vers Bastruk,
15:37 qui, pour moi, a réussi, en tout cas,
15:39 et après, chacun a sa définition de la réussite,
15:41 lui ne fait pas le bilan aujourd'hui.
15:43 Mais comment est-ce que vous êtes arrivés à ces différents steps,
15:45 ou en tout cas à vivre, je crois, de votre musique aujourd'hui ?
15:48 - En fait, déjà, je tenais à souligner un truc,
15:50 c'est que là, dans le reportage, on parle beaucoup du rap,
15:52 mais en fait, c'est aussi valable pour la musique électronique,
15:54 parce que moi, je suis producteur, et j'ai commencé,
15:56 et je n'ai pas commencé à faire, entre guillemets,
15:58 ce que je fais aujourd'hui, Global Street Music,
16:00 j'ai commencé à faire de la musique électronique pure et dure,
16:02 et c'était autant la même galère qu'être un rappeur,
16:04 parce que pour x ou y raison, c'est plus compliqué.
16:08 Donc, comment faire ? C'est juste...
16:10 Je pense qu'il faut utiliser les réseaux,
16:13 aller parler à du monde, faire du networking,
16:15 faire des contacts, d'abord.
16:17 - Réellement, c'est ce que vous avez constaté.
16:19 - C'est important, en fait. C'est quelque chose que j'ai négligé au début,
16:21 et je me rends compte aujourd'hui, à leur accueil,
16:23 qu'il est beaucoup important, c'est qu'il faut travailler la musique,
16:25 mais si on veut en faire une carrière et en vivre,
16:27 en fait, il n'y a pas que l'aspect artistique,
16:29 il y a l'aspect se vendre, il y a l'aspect
16:31 comment parler avec les gens, comment communiquer.
16:33 En fait, c'est tout un...
16:35 C'est comme une... Oui, c'est une industrie, en fait.
16:37 - Une entreprise, donc finalement, on parle même d'entreprendre.
16:39 - Oui, c'est ça, c'est clairement ça.
16:41 Il y a la musique, c'est le produit qu'on vend.
16:43 Maintenant, derrière, comment on le vend, à qui on le vend,
16:45 comment on fait, comment on se met sur tel et tel plateau,
16:47 comment on va sur telle radio, comment on fait parler nous,
16:49 et ça, ça, c'est... On ne peut pas faire ça tout seul.
16:51 - Et vous, vous travaillez... Juste, moi, ce que j'allais dire,
16:53 vous ne travaillez pas tout seul. - Non, moi, j'ai une équipe,
16:55 du coup, j'ai mon booker qui se charge de gérer
16:57 tout ce qui est la partie show, événementiel,
16:59 on pourrait dire, festival, tout ça,
17:01 j'ai un manager qui s'occupe du reste, en fait, donc ce soir, pour...
17:03 - Et ça, c'est aujourd'hui, mais au début, c'était...
17:05 - J'étais tout seul. - Vous vous êtes dévoué tout seul.
17:07 - Moi, j'ai commencé, j'étais dans ma chambre d'ado,
17:09 j'avais 15 ans, je me suis dit, tiens, je vais faire de la musique.
17:11 Donc, mon oncle, à l'époque, m'avait offert un clavier-maître,
17:13 et en gros, je me suis mis à faire de la musique comme ça, quoi.
17:15 Internet, Facebook, etc., etc., quoi.
17:17 J'ai posté mes sons sur SoundCloud,
17:19 et voilà, juste,
17:21 je prouvais que j'avais faim
17:23 à certaines personnes, je pense.
17:25 - "J'avais faim", j'aime bien cette expression.
17:27 C'est un peu ce que nous disait le rappeur prouvé qu'on est là,
17:29 et avec beaucoup de sincérité,
17:31 il nous dit, s'il y a personne aujourd'hui
17:33 qui ressort, en tout cas,
17:35 en termes d'artiste-rappeur à tour,
17:37 c'est que personne ne le mérite.
17:39 - Moi, je suis d'accord là-dessus.
17:41 - Il est très tranché.
17:43 - Et puis, il y a un truc aussi qu'il faut...
17:45 On connaît tous l'expression qui dit que
17:47 ce grand a mis les lumières sur Carice,
17:49 enfin, l'inverse, mais c'est pas l'inverse qui se passe.
17:51 On est trop attachés à se dire,
17:53 ici, dans le 37,
17:55 "On est dans le 37, donc il faut trouver un rappeur."
17:57 Non. - Pas forcément.
17:59 - S'il y a un bon rappeur dans le 37, on va venir l'écouter,
18:01 et ça mettra la lumière sur la ville.
18:03 Non, à l'heure actuelle, il n'y a pas de rappeur
18:05 réellement qui a fait le travail
18:07 jusqu'au bout et qui a mis justement
18:09 la lumière sur notre ville.
18:11 Je pense qu'il faut arrêter de s'attacher sur le fait
18:13 de "On est du 37, donc il faut trouver un truc."
18:15 Non, c'est "S'il y a un truc dans le 37, ça viendra."
18:17 - Absolument. - Cette espèce de patriotisme,
18:19 "Le 37, le 37." - C'est ça.
18:21 - Il y a plein de rappeurs dans le 92, dans le 91,
18:23 et on n'est pas attachés à ça. On est attachés parce que le gars,
18:25 c'est un bon rappeur et qu'il véhicule un truc qui nous parle.
18:27 Et tant mieux qu'il vienne du 91 ou du 92,
18:29 mais s'il venait du... Je sais pas, il y en a plein.
18:31 - Du Mars, par exemple. - Oui, mais Gradur, par exemple,
18:33 qui vient pas de Paris, pourtant, il fait du rap
18:35 qui est lourd, quoi. Donc je me dis, en vrai,
18:37 il faut pas trop s'attacher à ça.
18:39 Et tant mieux, après, si c'est une fierté de représenter nos couleurs
18:41 et de représenter la région du 37, une fois qu'on a réussi,
18:43 à 100 %. - À 100 %.
18:45 - Je vous en profite un mini "yayem", du coup.
18:47 - Oui, en fait, on s'est focalisés sur le rap,
18:49 mais en réalité, ça vaut bien évidemment
18:51 pour tous les genres musicaux.
18:53 Il y a énormément de facteurs, je pense,
18:55 qui font qu'un jeune puisse développer son art et en vivre.
18:59 Déjà, bien évidemment, je pense qu'il y a le talent.
19:01 Il faut être honnête, comme il le disait,
19:03 il faut pas être obsédé à l'idée de chercher un bon rappeur.
19:05 S'il y a un bon rappeur,
19:07 forcément, il aura, au bout d'un moment, la lumière.
19:09 Il y a aussi, bien évidemment, le travail,
19:11 ça va de soi. Développer son réseau,
19:13 être actif sur les réseaux sociaux
19:15 de façon intelligente.
19:17 Et je pense que c'est une constellation,
19:19 on va dire, qui fait que tout ça peut éclore.
19:21 Mais voilà, je suis d'accord avec lui,
19:23 c'est pas uniquement le rap, bien évidemment,
19:25 c'est pour toutes les musiques, en réalité,
19:27 et l'art de façon générale.
19:29 - Oui, l'art de façon générale, parce que j'ai l'impression
19:31 qu'on oscille entre emprunter la voix classique
19:33 ou alors suivre son instinct, sa passion.
19:35 Je sais pas si vous êtes d'accord.
19:37 - Je pense que ça passe aussi par sa propre aventure.
19:41 Il y a quelque chose dont je voulais rebondir
19:43 à un moment donné, c'était, oui, ça touche évidemment,
19:45 je pense, tous les corps de métier
19:47 autour de l'art. Moi, en tant que comédien,
19:49 on m'a donné l'opportunité de faire
19:51 une première partie de Zenith, et d'un coup,
19:53 je me retrouve à plus rien faire.
19:55 Et bien, en fait, c'était top, j'ai touché, pour moi, le Graal.
19:57 Et revenir après sur quelque chose, je me dis,
19:59 bon, maintenant, il faut écrire sa propre histoire,
20:01 maintenant qu'on a vu. Je pense que quand on bosse
20:03 sincèrement avec beaucoup d'amorce,
20:05 pour ça, je dis "amour" tout à l'heure,
20:07 parce qu'il y a de la patience, il y a de la rigueur,
20:09 et je pense que tout ça, c'est un peu lié aux intérêts.
20:11 - On a un peu de lumière dans la région centre,
20:13 avec Ben l'oncle Soul, aussi.
20:15 C'est pas de la musique urbaine, c'est de la musique Soul,
20:17 mais il nous a apporté un peu de lumière.
20:19 Pareil, on a Biga Ranks aussi.
20:21 - Que j'allais citer aussi, bien sûr.
20:23 - Biga Ranks pour le reggae, c'est vraiment pas mal.
20:25 - Ça va, c'est pas mal à Tours, alors.
20:27 - Il y a de la lumière, mais les gens, ils veulent la lumière
20:29 sur un rappeur. Donc, on va voir
20:31 quand est-ce qu'il y aura la lumière
20:33 sur le rappeur à Tours. - En tout cas, la lumière
20:35 est très belle pour vous, en ce moment, sur ce beau plateau.
20:37 Donc, tant mieux, je sais pas si vous êtes rappeur ou pas.
20:39 Mais la lumière est très belle sur vous, Abdel.
20:41 En tout cas, merci pour les conseils avisés,
20:43 parce que vous avez beaucoup d'expérience dans le domaine.
20:45 Vous avez produit plein d'artistes,
20:47 en tout cas, enregistré des albums d'artistes importants.
20:49 - Oui, j'ai travaillé avec des réalisateurs
20:51 qui m'ont beaucoup appris.
20:53 Et on a travaillé longtemps avec un artiste
20:55 de la région,
20:57 qui est Cordeone.
20:59 On a produit deux albums.
21:01 Voilà, ça demande énormément de travail,
21:03 énormément de patience,
21:05 énormément d'amour.
21:07 - L'amour, moi, je retiens ce mot.
21:09 "Amen ben jamour". L'amour, la lumière,
21:11 le plateau, les couleurs. - Comme ça, ben jamour.
21:13 - Je crois qu'on a tout ce qu'il faut, en tout cas, ici.
21:15 J'espère que les conseils ont été intéressants pour vous.
21:17 On passe à un tout autre sujet.
21:19 On va parler d'un produit de consommation
21:21 très populaire. Je pense que vous en avez peut-être
21:23 mangé aujourd'hui, hier, ou pendant les fêtes.
21:25 Je vous parle de la baguette.
21:27 La baguette. - Eh oui, la baguette.
21:29 - Ah, Amine, vous l'avez pas apportée, votre baguette, aujourd'hui ?
21:31 - Non, pas celle d'Harry Potter. - D'accord.
21:33 Non, je parle du pain. - Du pain.
21:35 C'est la blague du jour.
21:37 Eh oui, la baguette.
21:39 Alors, c'est vrai qu'on s'est penchés
21:41 sur la question de l'inflation.
21:43 Évidemment, avec l'équipe Panté TV,
21:45 on s'est intéressés notamment
21:47 à la situation des boulangers.
21:49 Nous sommes allés voir du côté de Jouet-les-Tours
21:51 au quartier de la Rabière,
21:53 comment ce commerce de proximité fait face
21:55 à ces augmentations, comment s'en sortent-ils,
21:57 quelles sont leurs solutions. Je vous propose de regarder
21:59 "La détresse des boulangers". On se retrouve juste après.
22:01 (musique)
22:13 Je suis en compagnie avec...
22:15 - Monsieur Bilalime Hicham,
22:17 artisan pâtissier-boulanger à la Rabière,
22:19 à Jouet-les-Tours. - Est-ce que pour vous,
22:21 vous pensez que le fait de monter les prix
22:23 des produits que vous vendez, ça permet
22:25 de compenser la marge d'inflation
22:27 qu'il y a actuellement ? - Tout est remonté
22:29 pour l'électricité, pour
22:31 le matériel premier aussi. On a essayé de remonter
22:33 un peu les prix nous aussi, mais
22:35 ça fait quoi de remonter ?
22:37 On ne peut pas vendre une baguette à 2 euros ou 3 euros,
22:39 ce n'est pas possible. - Qu'est-ce que vous souhaiteriez en termes
22:41 d'aide ou de réforme
22:43 vis-à-vis de ça ? - J'espère que ça va
22:45 s'arranger pour nos collègues, tous les artisans
22:47 de France, parce que là, c'est
22:49 une catastrophe là-dessus. C'est vraiment
22:51 une catastrophe. Le prix de la farine, il s'est remonté,
22:53 le prix du beurre, il s'est enflammé,
22:55 et en plus, l'énergie. - Vous connaissez
22:57 à peu près le coût d'une baguette aujourd'hui au coût réel.
22:59 Pour vous, ça dépasserait le prix symbolique
23:01 d'un euro ? - Non, mais d'ici
23:03 quelques temps que ça commence encore à
23:05 remonter, ça ne va pas le faire. - Et les gens
23:07 du quartier, ils viennent quand même ?
23:09 - Ils viennent parce qu'ils essayent de comprendre tout ce qui est remonté.
23:11 - La baguette dans un supermarché, par exemple,
23:13 elle est à 30-40 centimes,
23:15 et dans une blancherie, la baguette est autour
23:17 d'un euro. Est-ce que vous n'avez pas
23:19 peur que les gens se tournent plutôt vers
23:21 de l'industriel plutôt que
23:23 de l'artisanat ? - Non, du tout,
23:25 parce qu'il y a des gens qui savent très bien
23:27 c'est quoi une baguette d'un boulanger artisan,
23:29 un boulanger pâtissier. Donc, il y a une grande
23:31 différence entre l'industriel et puis
23:33 une baguette qui est faite
23:35 avec amour, et puis l'artisanat.
23:37 - Donc, on peut inviter vraiment les gens à consommer
23:39 l'artisanat plutôt qu'l'industriel ? - Il faut,
23:41 franchement, il faut nous aider, il faut
23:43 y aller. - Merci beaucoup. - Merci à vous,
23:45 merci bien.
23:47 [Musique]
23:51 - Alors, évidemment, c'est pas nouveau.
23:53 L'inflation pèse sur la
23:55 consommation des Français. On arrive maintenant sur
23:57 un an à 6%. Il y a des aides,
23:59 évidemment, mis en place, un tarif...
24:01 un bouclier, pardon, tarifaire.
24:05 Évidemment, ça dépend de la taille de l'entreprise
24:07 et
24:09 du chiffre d'affaires. Mais en tout cas,
24:11 avec Pantene TV, on soutient tous les
24:13 artisans boulangers et ceux qui
24:15 font face à l'inflation.
24:17 - On les soutient, on les encourage.
24:19 Et s'ils nous ont suivis, merci de nous avoir
24:21 suivis. Et oui, c'est la phrase de conclusion
24:23 que j'enchaîne là, présentement.
24:25 Merci à tous. On remercie
24:27 toute l'équipe du 13, Espaces Passerelles,
24:29 la Mission Locale de Touraine, le Bureau
24:31 d'Information, Genesse,
24:33 des Tours Sport, la Radio RFL
24:35 et l'Association Intergénérationnelle
24:37 de la Rabière, aux jeunes mobilisés et
24:39 impliqués depuis le projet. Merci,
24:41 merci, merci à tous pour
24:43 votre engagement. - On tient également à
24:45 remercier l'équipe TV Tours,
24:47 aux financeurs du projet Monté TV,
24:49 la Tour Métropole, la DRAC Centre-Val-de-Loire,
24:51 la région Centre-Val-de-Loire-Fongep,
24:53 et Touraine Départemental de la
24:55 Préfecture d'Indre-et-Loire. - Merci bien sûr
24:57 à l'équipe de Proxité, à notre amie Pépiang
24:59 qui est là depuis des années, c'est son projet
25:01 Pépé, on t'embrasse. Tu veux jamais te montrer
25:03 mais on t'embrasse. On se dit
25:05 à très vite pour un prochain numéro
25:07 que vous allez découvrir sur TV Tours.
25:09 D'ici là, prenez soin de vous et n'hésitez
25:11 pas à vous connecter sur les réseaux sociaux pour nous retrouver
25:13 @wantitvémission.
25:15 On a aussi un site Internet,
25:17 www.montetv.émission, c'est simple la vie.
25:19 - Monté TV, c'est bien tout.
25:21 - Allez, bisous !
25:23 À très vite, on se retrouve.
25:25 - Au revoir.
25:27 (Générique)
25:29 ---
25:31 ---
25:33 ---
25:35 ---
25:37 ---
25:39 ---
25:41 ---
25:43 ---

Recommandations