• l’année dernière
- La responsabilité de l’État dans la gestion de l’eau, bien commun
- La démesure des moyens déployés par les forces de l’ordre
- Le rôle des observateurs de la LDH
- Les atteintes à la liberté associative
- L’inquiétante mise en cause de la LDH

Un mois après la manifestation contre les « méga bassines » organisée à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, retour sur ce nouvel épisode de violences policières.

Depuis le Parlement européen, voici quelques éléments de réponse avec le député européen Vert Benoît Biteau, présent au rassemblement, et Marie-Christine Vergiat, vice-présidente de la LDH. 

En quoi le ministre de l'Intérieur Darmanin a-t-il franchi une ligne rouge dans les violences policières contre les manifestants de Sainte Soline venus contester l'installation de bassines qui détournent l'eau publique vers l'agriculture intensive ?

En quoi en a-t-il franchit une autre en s'attaquant à la Ligue des droits de l'homme ? Et maintenant ?

Entretien réalisé par Jean-Jacques Régibier, journaliste

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Transcription
00:00 Bonjour et bienvenue dans cette rencontre depuis le Parlement européen de Strasbourg.
00:04 Nous allons reparler de ce qui s'est passé à Saint-Solim dans les Deux-Sèvres le samedi 25 mars
00:10 lors du rassemblement, vous vous en souvenez, autour de l'une des méga-bassines en chantier dans cette commune
00:15 et de la façon dont ce rassemblement a été réprimé par les forces de police,
00:19 des conséquences et des suites de cette affaire. On en parle avec vous, Benoît Bitton.
00:23 Bonjour, merci d'être autour de ce plateau.
00:26 Vous êtes, je le rappelle, député européen des Verts
00:28 et je rappelle aussi que vous êtes paysan agronome et que vous avez été conseiller régional en Nouelle-Aquitaine
00:34 et que donc Saint-Solim, c'est votre région en plus, c'est une région que vous connaissez bien.
00:39 Et on a avec nous en direct de Paris Marie-Christine Vergia qui est la vice-présidente de la Ligue des Droits de l'Homme.
00:46 Bonjour Marie-Christine Vergia.
00:48 Vous êtes à Paris, vous êtes en direct avec nous, vous intervenez les uns les autres quand vous venez.
00:54 Merci aussi à vous d'être sur ce plateau.
00:57 Le 25 mars, je le disais, Benoît Bitton, vous étiez au rassemblement de Saint-Solim.
01:02 Vous avez commenté à plusieurs reprises ce qui s'est passé ce jour-là.
01:07 Rappelons peut-être en deux mots les raisons de ce rassemblement.
01:10 Un gigantesque réservoir d'eau retenu pour l'agriculture intensive, tout simplement,
01:16 qui prive les usagers d'une ressource publique.
01:19 L'eau, rappelons-le une fois encore, est un bien public dans notre pays.
01:24 Et ça s'est mal passé. J'allais dire, qu'est-ce qui vous en reste de très important ?
01:30 On parlera tout à l'heure aussi et avec Marie-Christine Vergia du côté changement,
01:35 du côté changement de rapport entre tout ce qui est le monde politique,
01:42 le monde des militants, le monde des associations et l'État, ses forces de police, y compris ses forces de justice.
01:49 Je ne suis pas sûr de l'avoir dit, mais Marie-Christine Vergia est une ancienne députée européenne également.
01:55 Excusez-moi Marie-Christine si je ne l'ai pas dit.
01:58 Qu'est-ce qui vous en reste aujourd'hui ?
01:59 Comment, parce que vous avez travaillé sur cet épisode que vous avez vécu,
02:05 qu'est-ce qui vous reste d'important à communiquer aujourd'hui ?
02:08 Pour compléter, moi j'étais aussi vice-président de la région Poitou-Charentes à l'époque,
02:13 où on travaillait déjà sur ce qu'on appelle des règlements d'intervention
02:17 pour essayer de préfigurer ou d'organiser la façon dont on pouvait engager de l'argent public
02:24 sur ces grands réservoirs de stockage de l'eau qu'on appelle des mégabassines.
02:30 Donc le chemin à suivre on le connaît.
02:32 Et ce qui me reste de cette situation, c'est que la responsabilité de l'État est colossale dans la putréfaction de ce sujet.
02:40 C'est-à-dire qu'en vérité, on sait comment on doit construire une bonne gestion de l'eau.
02:48 Ce qui se fait à Sainte-Sauline, ce qui se fait sur le Marais-Poitvin au travers de ce projet des 16 bassines
02:54 n'est pas conforme avec ce que nous disent les scientifiques,
02:57 avec ce que nous disent les tribunaux qui ont jugé les recours
03:03 déposés par les associations de protection de la nature, et n'est pas conforme.
03:06 Et c'est très important l'acceptation citoyenne et sociétale sur des projets comme ça.
03:10 N'est pas conforme avec ce que demandent les sociétés, la société et les citoyens sur ce territoire-là.
03:16 Beaucoup, beaucoup d'argent public pour mobiliser une ressource qui s'appelle un commun.
03:21 C'est dans la loi, c'est dans la directive cadre européenne sur l'eau, c'est dans la loi sur l'eau et les milieux aquatiques.
03:27 Et par ces procédés de mégabassines, on privatise, on s'accapare l'eau pour une minorité d'agriculteurs.
03:34 Et ça, c'est fondamental.
03:35 Quand j'entends des ministres de l'agriculture, quand j'entends le président de la République,
03:39 quand j'entends la Première ministre ou même le président de ma région dire
03:42 "il n'y a pas d'agriculture sans irrigation", c'est absolument insultant, absolument méprisant
03:48 pour les 94% d'agriculteurs qui n'ont pas accès à l'eau.
03:51 C'est-à-dire que ces mégabassines qui mobilisent beaucoup d'argent public
03:55 ne s'adressent qu'à 6% des agriculteurs.
03:57 Et quand on regarde, quand on fait la typologie de ces 6% d'agriculteurs,
04:01 on se rend compte qu'ils appartiennent à ces 20% d'agriculteurs
04:04 qui collectent les 80% de l'enveloppe publique de la politique agricole commune.
04:09 Donc c'est déjà des gens qui se sont engraissés avec l'argent public de la PAC,
04:13 qui continuent de s'engraisser avec l'argent public d'investissement sur ces mégabassines
04:17 pour surtout ne pas les accompagner dans les changements de pratiques,
04:22 dans la bifurcation et dans un modèle agricole qui doit absolument se réinventer.
04:27 Donc c'est normal que l'acceptation sociétale ne soit pas là au rendez-vous.
04:31 Et ce que je me rappelle, moi, de Sainte-Sauline,
04:33 c'est que les 30 000 personnes qui étaient là sont des personnes qui se sont documentées,
04:37 qui sont cultivées, qui sont informées sur ce sujet-là,
04:40 qui ont écouté les scientifiques, qui leur expliquent à quel point
04:43 cette stratégie basée sur les mégabassines n'est pas la bonne,
04:47 et qui donc viennent en famille.
04:49 Moi, j'ai vu des parents avec leurs gamins en poussette,
04:52 j'ai vu des grands-parents qui accompagnaient leurs enfants et leurs petits-enfants,
04:55 j'ai vu des fanfares très bon enfant.
04:58 30 000 personnes qui étaient là dans un objectif extrêmement pacifique
05:04 et qui, dès qu'ils ont été à portée de tir, j'ai envie de dire,
05:07 se sont fait canarder au rythme d'une grenade toutes les deux secondes,
05:11 avec même l'esquadron de Quad qui a repoussé les manifestants
05:17 qui souhaitaient s'éloigner de ce tir de grenade,
05:19 qui les a remis dans le champ de tir des forces de l'ordre.
05:23 C'est criminel, c'est criminel ce qui s'est passé, c'était un piège.
05:26 Alors peut-être on aurait dû chercher à ne pas tomber dedans,
05:29 toujours est-il que ce piège est absolument choquant.
05:33 Moi, psychologiquement, je reconnais avoir été extrêmement perturbé
05:37 par ce que j'ai vécu là-bas, parce que j'ai vu des jeunes
05:40 qui étaient sévèrement blessés, très sévèrement blessés,
05:43 et c'était pas des gens qui étaient habillés en noir,
05:46 c'était des gens qui étaient là juste pour réclamer
05:49 qu'on protège un commun qui s'appelle l'eau,
05:51 et qui le réclament par les recours possibles
05:55 que nous propose la justice par l'expertise des scientifiques,
05:59 et qui malgré ça, voient cet État qui avance au rouleau compresseur.
06:03 Et donc, d'ailleurs je vais finir là-dessus,
06:06 beaucoup d'élus nous disent "mais qu'est-ce que vous foutiez-vous là,
06:09 des élus, sur un rassemblement qui était interdit ?"
06:12 Alors déjà dans la République, une manifestation interdite,
06:15 je vois pas trop ce que ça veut dire, mais en plus,
06:19 non seulement je dis qu'on était à notre place,
06:21 mais tous les élus qui sont attachés à la démocratie,
06:24 qui sont attachés à l'État de droit,
06:25 quand on a épuisé tous les recours que nous proposent
06:28 les juridictions nationales et européennes,
06:30 quand on a la communauté scientifique qui nous dit
06:33 c'est n'importe quoi ce qu'on fait avec ces méga-bassines,
06:36 c'est le devoir des élus qui sont les garants de l'intérêt commun,
06:39 qui sont les garants des politiques publiques
06:42 qui servent l'intérêt commun, d'être avec ces citoyens.
06:44 Ce qui est incohérent, c'est qu'on soit si peu d'élus
06:50 à soutenir ces citoyens.
06:52 Donc c'était la place de tous les élus
06:54 qui sont attachés à la démocratie, à l'État de droit,
06:58 que d'être à Sainte-Soline.
07:00 - Marie-Cassine Vergia, la Ligue des droits de l'homme
07:03 dont vous êtes la vice-présidente était aussi présente à Sainte-Soline.
07:08 - Je les ai vues.
07:09 - Alors qu'est-ce qui vous en reste ?
07:12 Même question, qu'est-ce qui vous en reste maintenant ?
07:13 - Précision, ce n'est pas la Ligue des droits de l'homme
07:17 qui était présente, mais ses observateurs.
07:19 - Les observateurs des droits de l'homme.
07:21 - Ses observateurs qui sont des observateurs de la Ligue,
07:24 mais aussi d'autres organisations,
07:26 qui sont des observatoires régionaux, on va dire.
07:31 Et on avait mobilisé plusieurs observatoires
07:36 pour aller voir ce qui se passait.
07:38 Bien mal nous en a pris d'ailleurs,
07:40 parce que c'est à cause de ça que nous sommes attaqués
07:44 tous à l'invite par le gouvernement
07:46 dans des conditions qui sont assez inadmissibles.
07:49 Mais je vais revenir quand même sur Sainte-Soline.
07:51 Les moyens déployés pour maintenir l'ordre
07:55 dans cette manifestation sont assez…
08:00 je n'ai même plus de mots là.
08:03 C'est de la démesure totale.
08:06 Et peut-être faut-il rappeler
08:07 qu'il n'y avait pas d'installation à défendre.
08:10 C'était encore un trou dans la terre.
08:13 - Un trou vide.
08:14 - Un trou vide.
08:16 Un trou dans lequel il n'y avait absolument rien.
08:20 Qu'est-ce que sont venus faire les forces de l'ordre ?
08:23 Et en plus, ils font du maintien de l'ordre
08:30 préventif de plus en plus.
08:32 Donc ils agressent les militants
08:34 avant même qu'il se soit passé quelque chose.
08:38 Et on a vu notamment dans une émission télévisuelle
08:43 très bien faite sur ces questions-là
08:47 qu'il y avait même un responsable des forces de l'ordre
08:50 qui hurlait parce que les forces de l'ordre
08:53 tiraient sur le mauvais cortège.
08:55 - C'est ça.
08:56 - D'abord, le fait qu'il y ait des bons et des mauvais cortèges,
08:58 c'est déjà assez hallucinant.
09:00 Mais le fait qu'ils se trompent de cortège
09:05 est encore plus hallucinant.
09:07 Donc nous, nous étions sur place.
09:09 Nous avons fait le constat,
09:12 nos observateurs ont fait le constat
09:14 qu'il y avait effectivement des grenades non autorisées sur place
09:20 et surtout étaient à proximité d'une des personnes
09:24 les plus grievement blessées
09:26 puisque c'est celle qui est toujours dans le coma aujourd'hui.
09:29 Donc nos observateurs ont fait un enregistrement à ce moment-là,
09:35 enregistrement que nous avons dû publier rapidement,
09:39 ce qui n'était pas notre intention au départ,
09:42 parce que les déclarations de nos observateurs étaient mises en cause.
09:47 Et donc cet enregistrement démontre qu'il y a vraiment eu un problème
09:53 entre les forces de l'ordre et l'arrivée des secours
09:57 malgré les dénégations qui ont été faites après.
10:02 Et nous avons bientôt un rapport
10:06 qui sera publié par nos observateurs
10:09 pour décrire ce qu'ils ont vu sur place
10:12 et qui prendra sa part dans toute l'enquête qui est faite sur ce sujet.
10:18 Je précise une dernière chose,
10:20 c'est qu'en matière d'observation,
10:22 nous respectons le droit international,
10:26 parce qu'il y a une législation internationale sur les observateurs
10:32 et que notre rôle a été reconnu par le Conseil d'État.
10:36 Donc je pense que nous avons quelques garanties
10:39 par rapport à notre façon de faire les choses.
10:42 – On se rend bien compte, vous écoutez tous les deux,
10:46 je cherchais le mot tout à l'heure,
10:47 qu'il y ait un point de rupture entre l'État et ses forces de police,
10:52 bien sûr, et les citoyens tout simplement,
10:53 les citoyens qui veulent dire quelque chose à un moment donné,
10:56 qui veulent se réunir, manifester, etc.
10:59 Et c'est ce qui fait sans doute qu'on parle tellement aujourd'hui de Sainte-Soline,
11:02 parce qu'il y a des manifestations, il y en a eu d'autres,
11:05 des manifestations sur des projets en dehors des villes, etc.
11:08 Et à l'intérieur des villes, il y en a eu d'autres,
11:10 elles sont aujourd'hui très durement aussi réprimées en ville, bien sûr,
11:14 mais là on est avec Sainte-Soline dans un événement un peu symbolique,
11:18 un peu symptomatique de ce point de rupture
11:21 dont tout le monde vous parle quand même aujourd'hui,
11:24 c'est-à-dire que là, juste une confidence,
11:27 j'étais il y a quelques minutes dans le village de Muttersholz
11:31 où le président de la République fait sa première visite en Alsace
11:35 après son discours de lundi,
11:38 puis petit village tranquille,
11:40 le village est complètement occupé par la gendarmerie, par les gendarmes.
11:44 Les militants, les quelques militants sont tenus à l'écart,
11:47 sont repoussés, etc.
11:49 Et les gens du village, ce sont tous des gens du coin, disent
11:53 "mais on vit plus chez nous", enfin il y a un phénomène que les gens comprennent,
11:57 même s'ils ne sont pas des militants ou des élus que ça,
12:01 ils comprennent qu'il y a un truc qui ne va pas dans ce pays à l'heure actuelle.
12:04 Et c'est ce point peut-être un peu de rupture qu'a manifesté Sainte-Seline
12:08 parce qu'il y a eu un climat de sympathie envers Sainte-Seline,
12:12 des gens en France et de toutes les associations, des partis politiques.
12:16 - Internationales même, on avait des gens qui venaient du monde entier,
12:21 du continent américain, du continent européen, du continent asiatique,
12:25 il y avait des gens du monde entier.
12:26 Moi je reviens quand même sur ce qui a été dit,
12:29 sur le fait que les forces, les secours ont été empêchés,
12:34 c'est quelque chose d'assez symptomatique quand même.
12:37 Déjà sur les forces de l'ordre qui tirent sur le mauvais cortège,
12:41 le fameux mauvais cortège sur lequel il ne fallait pas tirer,
12:43 c'est celui où il y avait une majorité d'élus.
12:45 Donc c'était quand même le cortège où j'étais et où de nombreux élus étaient là.
12:51 Et c'est dans ce cortège-là où on a vu effectivement très vite
12:54 de nombreux blessés très graves.
12:56 Ce que nous avons fait, parce que c'était le cortège où il y avait des élus,
12:59 j'ai organisé la mobilisation des élus qui avaient le signe distinctif de la République,
13:03 une écharpe qui montrait qu'ils étaient élus,
13:06 pour faire un cordon de sécurité pour protéger les blessés graves
13:09 qu'on avait installés sur une infirmerie de fortune,
13:12 sur le bord d'une petite route qui permettait aux secours,
13:14 parce que c'était une petite route goudronnée,
13:16 de pouvoir avoir accès très vite à ces blessés.
13:20 Et au moment où on forme ce cordon de sécurité pour montrer,
13:25 là c'est une zone qu'on doit absolument protéger
13:27 parce que derrière on a des blessés très graves.
13:30 On s'est fait charger par les squadrons de quad,
13:33 dont je parlais tout à l'heure qu'on repoussait la foule dans la zone de tir,
13:36 mais qui ont également tiré sur les élus avec des grenades,
13:41 avec des lacrymogènes pour les disperser,
13:43 alors qu'on était là en protection des blessés.
13:45 Et on a dû quitter cette zone qui était parfaitement irrespirable.
13:49 Moi j'étais pendant 10 minutes en grave détresse respiratoire à cause de ça.
13:54 Et on a dû laisser des blessés graves dans cette atmosphère parfaitement irrespirable
13:59 pendant une bonne dizaine de minutes, le temps que les gaz se dispersent.
14:02 Donc on a rajouté de la difficulté à des gens qui étaient gravement en difficulté.
14:06 Et il a fallu que Marine Tondelier appelle le cabinet de la Première ministre
14:12 pour que les secours arrivent.
14:13 Et je vous donne juste un indice qui doit nous interpeller.
14:17 C'est que alors que nous étions sur le département des Deux-Sèvres,
14:20 le premier camion d'urgence qui est arrivé sur le site
14:23 où on avait des blessés graves venait du département voisin.
14:28 Donc le rôle qu'a pu jouer la préfète là-dedans, je ne le connais pas.
14:32 Mais je suis très inquiet sur tout ça.
14:35 Et ça c'est le premier point sur lequel je voulais revenir.
14:38 Le second point est sur l'État.
14:41 L'État annonce suite à Sainte-Sauline,
14:43 je ne sais pas si vous voulez en parler Monsieur Régimier,
14:46 mais annonce la volonté de disperser et de dissoudre les soulèvements de la terre.
14:52 Mais quelle indécence, quel cynisme même.
14:58 Parce que dans le moins qui a précédé le rassemblement de ces citoyens à Sainte-Sauline,
15:05 ceux qui ont organisé des réunions publiques pour tenter de restaurer le dialogue
15:09 entre les anti et les pro, parce que c'est comme ça que les médias veulent nous présenter,
15:13 veulent caricaturer des pro et des anti-bacille,
15:16 en vérité c'est beaucoup plus compliqué que ça,
15:18 parce que la vérité c'est que moi je ne connais pas
15:20 de personne fondamentalement contre l'irrigation et contre les bacilles.
15:24 Les gens qui s'opposent à la construction des bacilles comme celle de Sainte-Sauline
15:28 sont des gens qui ne veulent pas qu'elle se fasse de la manière dont elles se font,
15:32 parce qu'on est sur l'accaparement de l'eau,
15:34 parce que les règles du partage de l'eau ne sont pas respectées.
15:38 Mais ceux qui ont organisé le début de tentatives de discussion,
15:44 de consultation, de concertation, voire de médiation
15:47 entre ceux qui sont contre et ceux qui sont pour,
15:49 c'est précisément ce que le gouvernement veut tenter de dissoudre.
15:53 C'est absolument incroyable qu'ils veulent dissoudre
15:57 ceux qui sont en train de faire ce que l'État n'a pas fait,
16:02 les sujets sur lesquels l'État est parfaitement défaillant.
16:06 Donc on voit bien à quel point ils sont hors sol,
16:09 moi je ne trouve pas d'autres mots,
16:10 ils sont hors sol et en plus ils sont violents.
16:13 – Si je peux me permettre d'intervenir ?
16:15 – Oui Marie-Christine Bergé.
16:17 – On constate de plus en plus des atteintes à la liberté associative.
16:24 Le premier grand pas, même si on pouvait en avoir avant,
16:28 c'est la loi sur les principes républicains,
16:31 avec l'obligation pour les associations qui reçoivent des subventions
16:38 de signer un contrat d'engagement républicain
16:41 qui d'une certaine façon les met dans la main
16:44 des pouvoirs publics.
16:46 Les associations ne sont pas faites pour ça,
16:48 ce n'est pas pour répondre aux demandes des pouvoirs publics.
16:51 Les associations sont faites pour répondre aux demandes d'intérêt général,
16:55 elles se placent sur le terrain de l'intérêt général
16:57 qui n'appartient pas qu'à l'État.
16:59 Or dans le monde d'aujourd'hui on a l'impression,
17:01 et ça a été dit d'ailleurs, que l'intérêt général c'est l'État.
17:06 Donc non, l'intérêt général c'est la contribution des citoyens,
17:13 des citoyens organisés dans les associations,
17:17 des organisations syndicales, des élus.
17:20 Il n'y a pas que l'État et surtout pas que le gouvernement
17:24 qui participent à la définition de l'intérêt général.
17:27 Et par rapport à la question générale sur le maintien de l'ordre,
17:31 il faudrait peut-être rappeler que les forces de l'ordre
17:34 normalement sont là pour défendre le droit de manifester et les manifestants.
17:39 Or aujourd'hui on est dans une inversion totale
17:42 qui est digne de dérives autoritaires graves
17:47 et que d'habitude on ne constate que dans les régimes autoritaires,
17:53 où les forces de l'ordre sont là pour, j'allais dire,
17:57 tenir en laisse les manifestants et les obliger à circuler.
18:01 J'étais à la dernière manifestation la semaine dernière,
18:05 à Paris sur la question des retraites.
18:09 Il y avait un nombre de CRS qui étaient hallucinants
18:18 et qui ont coupé le cortège en trois morceaux.
18:21 De quoi je me mêle ?
18:23 Qu'est-ce que c'est que ce pays où on n'a pas besoin d'être encadré
18:27 en permanence par des forces de l'ordre qui sont prêtes à tirer ?
18:34 Ce qui a été le cas d'ailleurs, on s'est pris une grenade de gaz lacrymogène
18:39 à un mètre de notre stand et il ne se passait rien.
18:46 Donc c'est eux qui créent le désordre.
18:48 Ils sont là pour le maintien de l'ordre et ils créent le désordre.
18:51 – Et là-dessus, j'ai une anecdote intéressante.
18:55 On connaît tous la façon dont la FNSEA,
18:58 Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles,
19:00 manifeste avec souvent du lisier, du fumier
19:04 épandu devant les bâtiments publics.
19:07 Les préfectures par exemple, ils aiment bien.
19:09 Systématiquement, quand on a une manifestation de la FNSEA,
19:13 ils sont escortés par les forces de l'ordre.
19:14 C'est-à-dire que c'est les forces de l'ordre
19:16 qui escortent les convois de tracteurs où il y a des tonalisiers,
19:19 des épandeurs à fumier qui vont finir devant des bâtiments publics.
19:23 Et là, à Seine-Solide, la Confédération Paysanne
19:26 avait souhaité faire converger 70 tracteurs
19:29 qui venaient d'un peu partout en France sur le site
19:32 sur lequel on devait se rassembler, qui était un site de rassemblement
19:35 qui n'était pas parmi les communes interdites de rassemblement
19:38 dans la réalité préfectorale.
19:40 Et les forces de l'ordre ont tout mis en œuvre
19:43 pour non pas escorter ce cortège de tracteurs,
19:46 comme ils l'auraient fait si ça avait été un cortège de la FNSEA,
19:49 mais pour empêcher ces tracteurs de pouvoir d'abord se constituer en cortège
19:53 et ensuite rejoindre le point de rassemblement qui était prévu.
19:58 Donc on voit bien qu'il y a quand même deux poids, deux mesures
20:02 dans la façon d'effectivement conduire l'ordre dans ce pays.
20:08 – Alors vous êtes tous les deux députés européens.
20:10 – J'ai oublié de dire que c'était la Confédération Paysanne,
20:12 je ne sais pas si je l'ai précisé, mais…
20:13 – La Confédération Paysanne.
20:14 – C'était la Confédération Paysanne qui avait organisé ce cortège de tracteurs.
20:17 – Je l'ai été Jean-Jacques, mais je ne le suis plus.
20:21 – Oui bien sûr, vous l'avez été, vous l'êtes puisque vous l'avez été
20:26 à un moment donné, mais on l'a dit tout à l'heure que vous étiez
20:29 dans la précédente mandature du Parlement européen.
20:35 Vous disiez tout à l'heure Benoît Bitton, on en a parlé parce qu'il y avait
20:40 des représentants étrangers qui sont venus à Saint-Sauline,
20:43 j'imagine que vous en parlez également avec vos collègues députés
20:48 ici au Parlement européen qui viennent de tous les pays, bien sûr de l'UE.
20:53 Qu'est-ce qu'ils en disent, quel regard ils portent sur ce dont on est
20:56 en train de parler là en ce moment ?
20:58 Et je vous poserai la même question tout à l'heure Marie-Christine
21:01 puisque vous aussi vous devez avoir des retours qui viennent de l'étranger.
21:05 Benoît Bitton.
21:06 – Le choix qui a été fait à la fois par ce gouvernement de vouloir effectivement
21:10 en découdre avec les gens qui manifestaient à Saint-Sauline
21:15 et desquels il ressort, enfin manifestations de laquelle il ressort
21:21 des images extrêmement violentes, extrêmement perturbantes,
21:25 fait que le regard étranger est extrêmement critique sur la façon effectivement
21:30 dont ce gouvernement applique des méthodes de… je ne sais pas comment on peut dire…
21:39 – C'est ça, on est humain.
21:42 – De respect de l'humain, de respect…
21:43 – Les droits de l'homme a plusieurs droits.
21:45 – Absolument et donc ils appellent ça du maintien de l'ordre,
21:50 moi je trouve que ce n'est pas du tout du maintien de l'ordre,
21:52 c'est même eux qui créent le désordre.
21:53 – Il s'appelle de la répression policière.
21:55 – Voilà et je pense qu'il faut qu'on… c'est là où je voulais en venir,
21:58 c'est que le mot qui revient c'est qu'on assiste à une dérive autoritaire
22:03 en France de ce gouvernement qui conduit effectivement
22:07 à des maltraitances policières, à des violences policières,
22:11 je pense qu'il ne faut pas avoir peur de dire le mot,
22:13 en tout cas moi c'est ce que j'ai vécu à Saint-Sauline
22:16 et quand je regarde les médias, mais j'écoute aussi mes collègues élus
22:21 qui viennent d'autres pays, c'est d'abord de l'inquiétude qui s'installe
22:25 parce que cette France qui est présentée comme le pays des droits de l'homme
22:29 est en train de dériver dans un comportement autoritaire.
22:34 – Avant de vous en…
22:35 – Dans les bagarres, les insultes que nous recevons actuellement,
22:40 puisque nous avons été mis en cause pour nos actions par le ministre de l'Intérieur
22:45 et pire encore par la première ministre,
22:48 il y a le fait qu'on ne défendrait pas…
22:55 ah pardon, je recommence, je rembobine,
22:59 on mettrait en cause les violences faites par les policiers
23:02 et pas celles par les manifestants.
23:05 Nous ce qui nous intéresse c'est l'État de droit,
23:09 on est basé, on est une association qui défend l'État de droit,
23:12 la démocratie, les droits de l'homme.
23:16 Quand un manifestant est violent, il est réprimé
23:20 et il y a suffisamment de forces de l'ordre pour arrêter le manifestant en question.
23:25 Par contre, quand il s'agit de violences policières,
23:29 non que nous utilisons et qui nous vaut des attaques
23:32 parce que nous utilisons ce terme, ça n'est pas la même chose.
23:36 Les forces de l'ordre elles sont là pour encadrer les choses
23:41 et elles ont pour cela ce qu'on appelle l'usage légitime de la force.
23:53 Donc cet usage légitime de la force répond à un certain nombre de règles
23:59 qui sont notamment le principe de nécessité et le principe de proportionnalité.
24:04 La nécessité n'était pas là, elle n'est pas là la plupart du temps
24:09 et la proportionnalité non plus.
24:11 Et c'est ce qui fait que la France est régulièrement condamnée
24:16 par la Cour européenne des droits de l'homme, par le Conseil de l'Europe
24:20 et notamment par sa commissaire aux droits de l'homme
24:23 et par un certain nombre de rapporteurs de l'ONU.
24:26 Et nous travaillons avec d'autres associations au niveau international
24:31 pour que les choses soient mieux respectées.
24:34 Il suffit d'ailleurs de faire des comparaisons avec nos pays voisins.
24:37 Je ne parle pas de la Pologne et de la Hongrie,
24:39 mais tous nos pays voisins ne se comportent pas de cette façon,
24:45 n'ont pas la même façon de faire du maintien de l'ordre,
24:49 à commencer par les Allemands ou les Britanniques
24:51 qui connaissent aussi des manifestants qui peuvent être violents
24:59 et qui ne réagissent pas du tout de la même façon.
25:01 Pour compléter ce que vous dites Marie-Christine Vergier,
25:05 rappelons que la commissaire aux droits de l'homme,
25:07 on voit ici le Conseil de l'Europe, c'est juste ici,
25:11 la commissaire aux droits de l'homme a mis en garde la France
25:15 dans le cadre d'une manifestation qui se déroule maintenant
25:17 depuis plusieurs semaines, plusieurs mois même,
25:19 contre la réforme des retraites.
25:22 Elle a mis en garde la France pour les violences exercées par la police
25:26 contre les citoyens et les manifestants.
25:28 Il faut qu'on se le dise parce que tout le monde est dans son pays,
25:33 on ne voit pas actuellement ce qui se passe à l'extérieur.
25:35 Heureusement, grâce à vous, on en parle,
25:37 mais la France est à l'heure actuelle montrée du doigt quand même en Europe.
25:42 - Dans le monde, Michel Forst qui est le rapporteur à l'ONU spéciale
25:48 sur la maltraitance, les agressions faites aux militants écologistes,
25:54 a fait un rapport très critique sur la façon dont se comportent
25:58 les forces de l'ordre en France par rapport notamment à Sainte-Solide,
26:01 mais pas seulement.
26:02 Donc on a également une répression injustifiée à l'endroit des militants écologistes
26:08 qui réclament qu'on préserve la biodiversité, le climat, notre santé.
26:12 C'est quand même des militants qui ont parlé d'intérêt commun tout à l'heure,
26:17 s'engagent dans la défense de l'intérêt commun et ils sont réprimés,
26:22 voire menacés et sans être parfois maltraités,
26:29 pourtant à Sainte-Solide ils l'ont été, ne sont pas protégés.
26:33 On voit le cas de Paul François où une agression peut avoir lieu
26:36 sur son lieu de travail, à son domicile et rien ne se passe.
26:41 Et c'est la fameuse cellule déméter.
26:43 Encore une fois, on a une cellule déméter qui a été créée pour protéger les agriculteurs
26:48 qui peuvent être victimes d'intrusions dans leur lieu de travail.
26:52 Et quand nous, les écologistes, on demande la protection de la cellule déméter
26:58 parce qu'on est aussi victime d'agressions de personnes qui veulent faire taire les écologistes,
27:04 on nous répond "mais la cellule déméter, ce n'est pas pour vous, vous êtes écologiste".
27:09 Donc c'est quoi cette façon de gérer la protection des citoyens à géométrie variable ?
27:18 Parce que c'est ça qu'on est en train de constater.
27:21 – Je veux rappeler d'ailleurs, et dans la prolongation de ça,
27:27 le contrôle des frontières intérieures, puisqu'on est au Parlement européen
27:32 et que la liberté de circulation est quelque chose d'essentiel,
27:36 que le contrôle aux frontières intérieures de la France,
27:40 notamment avec l'Italie et l'Espagne, a été rétabli en France
27:44 et est toujours reconduit depuis, par période de 6 mois, à l'occasion de la COP 21.
27:51 Et qu'au moment des premières lois sur l'état d'urgence en 2015,
27:57 les militants écologistes ont payé le prix fort des nouvelles politiques du gouvernement
28:03 et c'est assez hallucinant.
28:08 On voit des choses qui sont tout à fait insupportables
28:13 dans la façon de faire du gouvernement vis-à-vis du respect de la société civile.
28:20 – La question, ça va être la dernière parce que nous sommes limités dans le temps,
28:24 qui découle de ce que vous dites l'un et l'autre, l'une et l'autre.
28:28 Comment entrevoyez-vous la suite du militantisme aujourd'hui,
28:32 que ce soit le militantisme pour les droits de l'homme
28:34 ou que ce soit le militantisme pour l'environnement,
28:36 dans des conditions qui sont celles qu'on a là aujourd'hui,
28:40 tout de suite en ce moment en France ? Benoît Bitaud.
28:44 – Ce qui est clair, c'est qu'il ne faut plus qu'on soit les otages,
28:49 j'appelle ça comme ça, les otages de ces scènes de violence
28:54 qui sont instrumentalisées par l'État, parce que la violence à Sainte-Sauline
28:57 a été complètement préparée par l'État.
28:59 D'ailleurs, M. Darmanin avait dit la veille du rassemblement
29:02 qu'on allait assister à des scènes violentes et des images insoutenables.
29:06 Donc il avait annoncé la couleur.
29:07 Alors peut-être on aurait dû entendre le message et anticiper.
29:13 On peut essayer de faire l'introspection de notre façon de militer.
29:16 Mais ce qui est sûr, c'est qu'on ne doit plus être pris en otage,
29:20 parce que moi je pense qu'on a été pris en otage de ces scènes de violence.
29:23 Et donc il faut qu'on essaie de réinventer des moyens d'action
29:28 qui soient probablement différents.
29:30 Et moi, parce que beaucoup de combats ont été gagnés comme ça,
29:34 moi je pense qu'aujourd'hui il faut qu'on construise des moyens d'action
29:37 qui font référence à la désobéissance civile.
29:39 Parce que l'état de nécessité est là, sur le climat, sur la biodiversité,
29:44 sur la santé, sur l'accaparement de commun, comme l'eau dans ces méga-bassines.
29:49 Donc aujourd'hui je crois qu'on doit essayer d'être créatif.
29:53 Et les soulèvements de la Terre ont cette qualité-là,
29:54 ils sont d'une créativité surprenante, incroyable.
29:58 C'est une rencontre formidable, les militants des citoyens de la Terre.
30:02 Et je pense que dans cette créativité-là dont ils font preuve,
30:05 il faut qu'on invente des moyens qui font référence à la désobéissance civile
30:10 pour continuer de conduire les luttes qui font référence aux luttes écologiques,
30:14 sans forcément être pris en otage de ces scènes de violence
30:17 qu'instrumentalise ce gouvernement.
30:20 – Même question pour vous Marie-Christine Bergia, en tant que défenseur des droits de l'homme.
30:25 – La première chose que je voudrais dire, c'est qu'il y a une phrase qui a été peu reprise.
30:33 Le lendemain, M. Macron était en déplacement, je ne sais plus où, dans les Alpes.
30:39 Il a osé dire qu'il y avait des milliers de personnes qui étaient parties en guerre à Saint-Solid.
30:45 Les mots n'ont plus de sens, vraiment plus de sens.
30:49 Concernant la liberté associative, nous on est très inquiets.
30:57 Mon collègue député, si je puis dire des choses comme ça,
31:02 faisait référence au principe de désobéissance civile.
31:06 Je voudrais rappeler qu'il y a eu une affaire en cours à Poitiers,
31:11 par laquelle la maire de Poitiers a été stommée de retirer ses subventions
31:16 à une association, Alternativa pour ne pas la nommer,
31:20 encore une association écologiste d'ailleurs,
31:22 parce qu'elle osait organiser des ateliers de désobéissance civile.
31:27 Donc, il y a quand même des choses un peu hallucinantes qui se passent.
31:33 La question des dissolutions et de la façon dont elles se passent pose aussi problème.
31:39 Nous, on n'est pas contre les dissolutions,
31:42 mais encore faut-il qu'elles se fassent dans des conditions
31:46 qui se réfèrent à une situation de dangerosité, je dirais.
31:52 Et à ce moment-là, ça doit être une dissolution judiciaire.
31:56 En ce moment, qu'est-ce qui se développe ?
31:57 Des dissolutions administratives.
31:59 C'est-à-dire que c'est le bon vouloir du ministre de l'Intérieur
32:03 qui met en cause telle ou telle personne,
32:05 qui organise d'ailleurs la mise en cause de telle ou telle association,
32:11 et qui laisse l'opinion publique un peu couate par rapport à ça.
32:16 Et je pense par ailleurs que l'attaque en règle,
32:20 dont vient de subir la Ligue des droits de l'homme,
32:24 est aussi très symbolique de ça.
32:27 On est un peu des empêcheurs de tourner en rond.
32:31 On est tout le temps en train de mettre en cause l'État dès qu'il dérape.
32:35 On mène des actions en justice, on fait des campagnes,
32:42 notamment une grosse campagne en cours sur la question des violences policières.
32:48 Et cette menace qui pèse sur nous de nous priver de subventions,
32:54 qui est quand même assez hallucinante.
33:02 Et nous, on est conforté par la réaction que cela a provoqué.
33:08 Mais tout le monde n'a pas la même force, d'une certaine façon,
33:12 la même visibilité que la Ligue des droits de l'homme.
33:15 Et donc, ce qui nous arrive à nous, et on ne sait pas jusqu'où ça va aller,
33:20 parce que quand M. Darmanin a eu ses propos sur le contrôle de nos subventions,
33:25 on s'était dit que visiblement le gouvernement était gêné aux entournures,
33:29 et on s'attendait à ce que Mme Borne finisse par le recadrer.
33:33 Or, non seulement elle ne l'a pas recadré, mais pire,
33:37 elle en a rajouté trois couches, si je puis dire,
33:40 en osant nous accuser d'ambiguïté vis-à-vis de l'islamisme radical.
33:48 C'est quand même assez hallucinant, notre histoire est le contraire de ça.
33:55 Mais, nous avons des principes, et nous considérons que tout être humain a des droits,
34:01 fut-il un islamiste, et notamment qu'il a droit à un procès équitable.
34:06 Donc, on ne défend pas les islamistes, on défend des principes du droit,
34:13 quelles que soient les victimes de ces mises en cause des principes du droit.
34:18 Et ça, visiblement, c'est insupportable. Pourquoi on défend ces principes ?
34:22 Parce qu'on considère qu'à partir du moment où ils sont mis en cause,
34:26 pour certaines personnes, et je dirais qui pourraient se justifier,
34:33 on met le doigt dans un engrenage.
34:35 Et c'est ce qu'on a vu notamment avec les lois sur l'état d'urgence.
34:39 Parce qu'au nom de l'état d'urgence, on met en œuvre des dispositions
34:43 qui sont contraires à l'état de droit.
34:46 Admettons que cela se justifie, elles n'étaient pas toutes justifiées,
34:50 notamment il y avait des arsenales juridiques qui pernaissaient déjà d'intervenir.
34:55 Mais admettons, le problème derrière, c'est que la plupart de ces dispositions
35:00 prises dans le cadre de l'état d'urgence, tant par rapport au terrorisme
35:03 que par rapport à l'urgence sanitaire, sont rentrées aujourd'hui dans le droit commun.
35:08 Et à chaque fois, c'est de la dégradation des droits et des libertés publiques.
35:15 C'est une dégradation de l'état de droit.
35:17 Merci à vous deux. Grand merci pour toute la précision des informations
35:22 et la richesse de vos interventions et des informations que vous nous apportez là.
35:27 Bien sûr, avec vous, on continuera à suivre ce moment crucial quand même,
35:31 pour le pays, pour l'Europe également, bien sûr, parce que vous l'avez dit l'un et l'autre,
35:34 ce sont des questions européennes qui se posent aujourd'hui en France,
35:38 dans le village d'à côté, j'allais dire. Merci Benoît Bittaud.
35:41 Merci, un petit mot.
35:43 Juste un petit mot. Moi, quand je parle de ce week-end à Mêle et à Saint-Sauline,
35:48 j'ai toujours une pensée pour les victimes qui sont encore en grande souffrance.
35:53 Et je n'aurai pas l'indécence, alors que je suis élu, de me comporter
35:57 comme le président de la République qui, quand il parle de ces événements-là,
36:01 n'a pas un mot en direction des victimes, en direction des familles des victimes.
36:05 Je ne veux pas qu'on se quitte sans avoir une pensée pour les victimes
36:09 qui sont victimes de ces violences policières à Saint-Sauline.
36:11 Bien sûr, merci à vous Marie-Christine Vergia, merci à vous Benoît Bittaud.
36:15 On continue à être avec vous, à être ensemble pour parler de toutes ces questions graves du moment.
36:20 Merci à vous, à bientôt.
36:21 Un petit aparté final.
36:23 Merci à l'humanité pour son soutien dans le cadre de ce que la Ligue des droits de l'homme est en train de vivre.
36:30 Merci beaucoup à vous.
36:31 Et merci à vous tous qui nous avez suivis.
36:33 A très bientôt. Au revoir. Merci.
36:35 [Générique de fin]
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