La puissance de la devise américaine est de plus en plus remise en question à l'échelle mondiale. Dans certaines régions, on pousse de plus en plus vers une dédollarisation de l'économie, en utilisant d'autres monnaies pour les échanges commerciaux.
Peut-on parler aujourd'hui d'un déclin de la monnaie américaine ?
Invités : MM Hicham El Bayed, professeur d'économie internationale; Taib Aisse, économiste.
Peut-on parler aujourd'hui d'un déclin de la monnaie américaine ?
Invités : MM Hicham El Bayed, professeur d'économie internationale; Taib Aisse, économiste.
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00:00 (Musique)
00:07 Et je suis ravi d'accueillir ce matin, ce mardi 25 avril, mes deux décodeurs du jour,
00:14 Hicham Labied, à ma droite, professeur d'économie internationale.
00:17 Bonjour Hicham.
00:18 - Bonjour Abdelaziz.
00:18 - Comment ça va ?
00:19 - Ça va tranquille.
00:20 - Ravi également d'accueillir Taïb Aïss, à ma gauche, économiste, expert comptable.
00:24 Bonjour c'est Taïb.
00:25 - Bonjour c'est Adi. Bonjour c'est Hachir, Hicham.
00:28 - Comment s'est passé cette période de fête de Réit le Fêteur ?
00:30 - Excellent, très très bien.
00:32 - Taïb Aïss qui a gardé les habits du jour de Réit.
00:35 Ça vous va ravir, je vous l'ai dit la dernière fois, je maintiens ce que j'ai dit.
00:40 Bon alors, ce matin nous allons faire un focus sur le dollar, le billet vert,
00:45 qui est, comme j'ai dit en introduction, l'une des armes les plus puissantes
00:51 de la géopolitique américaine à l'échelle mondiale.
00:55 Et on sent, depuis pas mal d'années, mais ça s'est accentué au cours des derniers mois,
01:00 une réelle volonté à l'échelle mondiale, dans certains pays en particulier,
01:04 la Chine, la Russie, mais pas que, de s'émanciper petit à petit de ce dollar
01:09 qui fait sa loi à l'échelle mondiale.
01:12 Est-ce que vous diriez que nous sommes en train d'assister au déclin du billet vert
01:17 comme monnaie d'échange de référence à l'échelle planétaire ?
01:21 Taïb Aïss.
01:22 Le déclin c'est un peu...
01:24 C'est fort.
01:25 C'est très fort, oui.
01:26 En fait, c'est un début, mais vous savez, le dollar a encore de l'avenir devant lui,
01:30 parce qu'en fait, le dollar comme monnaie internationale,
01:36 dans un système financier international, date de la deuxième guerre mondiale.
01:42 Et donc ça s'est renforcé avec les accords de Brunhild,
01:46 ce qui a concrétisé le dollar comme une monnaie d'échange internationale.
01:51 Pourquoi justement le dollar ?
01:53 Parce qu'il y a deux choses en fait.
01:55 Il y a la puissance économique et militaire des États-Unis,
01:58 mais il y a aussi une deuxième chose qui est importante,
02:00 c'est la confiance qu'on a dans le système américain et dans l'État américain.
02:05 Donc on fait confiance à cet État qui est, entre parenthèses, juste.
02:09 Et donc quand vous avez...
02:12 Pour avoir une monnaie qui va servir justement d'échange au niveau international,
02:16 il faut faire confiance à cette nation, cette grande nation.
02:20 Or, ce qui s'est passé dernièrement, c'est que de moins en moins,
02:24 on fait confiance à cette superpuissance,
02:28 qui est d'ailleurs causée par les Américains eux-mêmes,
02:34 avec les sanctions, avec la militarisation du dollar, on va dire.
02:39 Donc de plus en plus, les gens se disent "attention, finalement,
02:42 cet État-là, il n'est pas si sérieux que ça".
02:45 Enfin si, il est sérieux, mais pour ses intérêts.
02:47 Mais ça nous convient ?
02:49 Il est sérieux dans le sens de la justesse.
02:52 Est-ce que c'est un État juste ou pas ?
02:54 Quand vous utilisez le dollar comme une arme,
02:57 les autres pays vont faire attention.
02:59 Ça a été appliqué contre plusieurs pays,
03:02 contre la Corée du Nord, contre l'Iran...
03:07 Avec des résultats mitigés d'ailleurs.
03:10 Justement le dernier exemple que vous alliez prononcer, la Russie,
03:14 montre bel et bien que cette surpuissance du dollar,
03:17 qui avait fait ses preuves auparavant avec des sanctions
03:20 qui touchaient le cœur de l'économie des pays visés,
03:23 cette méthode n'est plus aussi efficace,
03:26 parce que l'économie russe a résisté aux sanctions.
03:29 Ce qui s'est passé, c'est qu'on l'a appliqué à des petits pays.
03:32 On a appliqué des sanctions à des petits pays.
03:34 On les a appliquées à l'Iran, l'Afghanistan, la Corée du Nord, Cuba...
03:38 C'est des petits pays.
03:40 Mais quand on a essayé de l'appliquer à de grands pays,
03:42 comme la Russie ou la Chine, là évidemment ça change.
03:46 Parce que la Russie, c'est une superpuissance,
03:49 c'est une grande nation, c'est le quart en termes géographiques de la Terre.
03:54 Donc c'est très compliqué.
03:56 Quand vous vous attaquez à la Russie,
03:59 la Russie s'est directement alliée à la Chine,
04:01 donc ça fait déjà le quart du PIB mondial.
04:06 Avec le BRICS maintenant, ça fait pratiquement le quart du PIB,
04:10 et ça fait 40% de la population mondiale.
04:14 Donc là ça change la donne.
04:16 Et puis le dollar, effectivement, on a perdu confiance dans cette monnaie,
04:22 mais ça reste toujours la monnaie prépondérante,
04:25 et le monde a encore besoin du dollar,
04:28 parce qu'il n'y a pas justement d'alternative.
04:30 Avant il y avait l'euro qui commençait à prendre sa place,
04:33 mais justement l'euro a été cassé par cette guerre qui a été provoquée en Ukraine,
04:39 et ça a fait que l'euro, qui pouvait être une monnaie alternative, a été cassé.
04:45 Maintenant il y a la monnaie chinoise, le rouble russe, ou le yuan chinois,
04:51 mais ça reste encore difficile.
04:53 Est-ce qu'on va faire confiance à un Etat comme la Russie, comme la Chine ?
04:57 Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
04:59 Donc le dollar a encore de l'avenir, mais c'est un début de la fin.
05:03 - Hicham El Biad ?
05:04 - Oui absolument, je verse dans le même sens que C.I.S.
05:08 Le dollar maintient son leadership par rapport au système monétaire international.
05:15 Le flottement dont il a été l'objet depuis la décision de Nixon de 1971,
05:26 mais le régime de change flottant à partir de 1973,
05:31 donc ceci a fait que le dollar est devenu pratiquement une monnaie refuge.
05:36 Comme disait John Connelly, l'ancien secrétaire au trésor américain,
05:41 "As good as gold".
05:43 C'est un jeu de mots qui était très pertinent,
05:46 qui faisait qu'on a toujours vu dans le dollar une espèce de confiance,
05:50 une monnaie refuge, un havre de confiance par rapport aux fluctuations à l'international.
05:56 Aujourd'hui les dons sont différents, diamétralement différents.
06:00 L'hégémonie américaine en termes géoéconomique est en train d'être contestée.
06:05 Les chinois ont tracé leur carte mondiale par rapport à la route de la soie.
06:11 En Afrique c'est en train de se dessiner, vers l'Amérique latine c'est pareil.
06:16 Et l'extension de la zone Wuhan est en train de prendre de l'ampleur.
06:23 D'autant plus le rapprochement avec la Russie, avec l'Iran.
06:27 Ce qu'on est en train de constater aussi,
06:29 qu'on voyait l'Arabie Saoudite qui tend la main à l'Iran,
06:33 qui est en train de tisser de nouveaux liens, c'est de l'insolite, c'est du jamais vu.
06:39 L'Arabie Saoudite avec l'Iran, ou les Amis Arabes Unis avec l'Iran, c'est du jamais vu.
06:45 On se rappelle bien la création du CCG au lendemain de la révolution islamique,
06:51 pour contrer l'Iran alors que là les choses sont en train de changer.
06:55 - Et la Chine est en train, pardon je vous coupe, mais juste pour poursuivre la discussion,
06:57 la Chine est en train également de copier le modèle américain.
07:00 Vous savez on parlait du pétrodollar, là ils sont en train de faire exactement la même chose avec le pétro-yarn,
07:05 avec des accords conclus notamment avec l'Arabie Saoudite pour échanger le pétrole en monnaie chinoise.
07:10 - C'est pour ça que je disais, les Chinois, c'est les grands bénéficiaires effectivement de ce rendement
07:15 qui est en train de s'opérer à l'international d'un point de vue monétaire.
07:18 Et donc leur vision de 2035, certains parlent de 2049,
07:22 et ça peut être à long terme, mais à moyen terme,
07:27 en 2035, les Chinois persistent et signent leur ambition de devenir le numéro 1 mondial
07:34 pour des raisons diverses et variées.
07:37 La même mise sur les matières premières à l'échelle internationale,
07:41 vous savez maintenant pour la batterie électrique,
07:43 90% des composants d'une batterie électrique,
07:47 qui constitue au jour d'aujourd'hui la transition vers un nouveau modèle effectivement de production,
07:53 c'est la Chine qui en déclenche effectivement les ficelles, que ce soit le Cobalt, etc.
07:58 Donc tout ceci fait que nous sommes en train de passer vers un nouveau système monétaire international
08:04 où la Chine cherche effectivement par tous les moyens à casser effectivement les leaderships américains.
08:12 L'inflation qui sévit un peu partout dans le monde n'est pas pour arranger les choses.
08:18 La politique de la Fed américaine est de plus en plus restrictive,
08:23 avec des hausses d'autodirecteurs comme on l'a vu chez nous et ailleurs.
08:27 Tout ceci fait qu'il y a effectivement un chamboulement qui se fait par rapport à la dimension confiance dans le dollar.
08:34 L'euro ne peut pas faire concurrence parce que la zone euro est déjà déstabilisée.
08:39 Il y a une surchauffe.
08:41 Effectivement, on s'attendait à ce que ce soit 2023, l'année de récession,
08:45 pour justement contrer cette inflation galopante, etc.
08:49 Les prévisions ne sont pas effectivement aussi, j'allais dire, alléchantes par rapport à ce que disaient Christie Lagarde et d'autres.
08:59 Donc tout ceci fait que la Chine est en train de profiter de l'occasion, profiter effectivement de ce rebond, profiter de sa reprise.
09:07 Parce qu'à un moment donné, on se disait la Chine un géant au pied d'argile.
09:11 Post-Covid, etc. On se disait la Chine, est-ce qu'elle va se réveiller ou pas ?
09:16 Alors que là, la Chine est toujours présente.
09:18 Elle est toujours effectivement dans la cour des grands.
09:21 Et ça va encore se manifester de temps en plus.
09:25 Et je crois que le mot clé, encore une fois, c'est la confiance.
09:28 Quand vous avez le droit militaire, le droit unilatéral de geler les avoirs de la Russie, ce matin même avant de venir, j'ai vu ça.
09:38 L'administration américaine a décidé de geler les avoirs de certains grands de l'armée de l'armée de l'évolution en Iran.
09:45 - Oui mais ils l'ont fait par le passé contre les oligarques. - Et ils vont continuer à le faire.
09:48 - Ça n'a rien changé. - De temps en plus que le système de planche à billets.
09:53 Donc juste appuyez sur un bouton, vous avez effectivement tout ce qu'il vous faut en termes de...
09:58 - C'est l'un des segments de la surpuissance du dollar américain.
10:01 C'est cette extraterritorialité du droit américain.
10:05 En somme, les américains estiment, étant donné que c'est une réalité que le dollar est une monnaie d'échange internationale,
10:11 que le droit américain s'applique partout dans le monde.
10:14 D'où les décisions de geler, par exemple, des actifs d'oligarques russes ou de responsables iraniens à l'étranger.
10:20 Nous allons poursuivre le débat, je vous donne la parole Taïba Isse dans quelques instants, puisqu'il est 9h31.
10:26 On attend Karine Drenet d'un instant à l'autre pour le Flash Info.
10:30 Et on se retrouve nous juste après pour la suite du débat tout de suite.
10:33 - 9h35 sur les ondes atlantiques radio, deuxième partie de votre émission "Les Décodeurs" ce matin avec Taïba Isse et Hicham El-Bied.
10:41 On parle du dollar américain, du billet vert, sommes-nous en train d'assister à la chute ou au déclin de la monnaie de référence à l'échelle planétaire.
10:51 Il y a un terme que vous avez employé tout à l'heure, qui me paraît assez juste, quand vous parlez de militarisation du dollar.
11:00 C'est une réalité aujourd'hui qui a fait ses preuves par le passé.
11:04 On a cité les exemples de plusieurs pays qui ont été sanctionnés par les Américains grâce au dollar.
11:11 Mais cette militarisation du dollar a démontré ses limites.
11:15 Bon, après, on a expliqué que c'est en fonction des pays, l'impact n'est pas le même.
11:21 Mais le fait qu'au niveau mondial, soit au niveau des pays émergents ou même de certains pays en voie de développement,
11:29 on constate que l'épée de Damoclès peut tomber à n'importe quel moment,
11:33 est-ce que ça pousse, selon vous, les pays à envisager une autre alternative ?
11:38 Mais surtout, est-ce que ces pays ont le choix de s'émanciper du dollar américain ? Est-ce qu'ils le peuvent déjà ?
11:45 - Vous savez, quand on veut, on peut.
11:49 Donc le problème, c'est que quand vous avez un problème avec le dollar,
11:52 quand vous avez ces sanctions qui peuvent tomber à n'importe quel moment,
11:57 ces sanctions qui ont été utilisées, pas forcément dans un cadre légal international,
12:05 mais unilatéralement par un État qui est les États-Unis,
12:09 les pays ont peur de tomber dans le même piège.
12:15 Et donc ce qui s'est passé, c'est que de plus en plus de pays sont sanctionnés par les Américains.
12:20 Donc on a vu des petits pays, et puis par la suite des grands pays.
12:23 Et donc ce qui se passe actuellement, c'est que ces différents pays se sont réunis dans une organisation internationale qui est le BRICS.
12:31 Et cette organisation a décidé justement de... Ils ont créé une banque de développement récemment
12:39 qui serait une alternative à la Banque mondiale, qui serait d'obédience américaine.
12:49 Et donc c'est ce BRICS qui représente...
12:53 Est-ce que c'est le cas, ça, aujourd'hui, Justin, parce qu'on entend souvent que la Banque mondiale,
12:56 mais pas que, le FMI également, les institutions de Bretton Woods, sont à la solde des Américains.
13:02 Est-ce que c'est une réalité ?
13:04 Oui, c'est une réalité, bien sûr, c'est une réalité.
13:06 Donc ils appliquent les orientations américaines, les directives américaines, le libéralisme à fond,
13:11 contre tout ce qui est social au niveau des pays du tiers monde.
13:14 Ils ont créé énormément de problèmes au niveau des pays du tiers monde.
13:19 On l'a testé au Maroc durant les années 80, avec le PAS,
13:27 qui a fait beaucoup de dégâts dans l'éducation marocaine, dans la santé publique marocaine.
13:32 On continue encore à souffrir des séquelles de ce PAS jusqu'à aujourd'hui,
13:37 puisqu'en fait nous avons une bonne partie de la population qui n'est pas scolarisée,
13:41 une bonne partie de la population qui est en dehors de toute couverture sociale et médicale.
13:49 Donc tout cela, c'est justement à cause...
13:51 Mais sans ce PAS qui est tant décrié, puisque le sujet a été évoqué la semaine dernière
13:55 lors d'une émission où le débat était très vif sur cette question,
13:59 sans le PAS, est-ce que le Maroc aurait pu survivre aux difficultés économiques qui prévalaient à l'époque ?
14:04 Bien sûr, il y a d'autres alternatives. On aurait pu sauver l'économie marocaine
14:07 sans casser la société marocaine, sans casser la santé et l'éducation.
14:11 Mais comment ? Il nous fallait de l'argent.
14:13 Quand vous cassez l'éducation, vous cassez l'avenir d'un pays.
14:16 Tout le monde est d'accord là-dessus, mais on était endetté, il nous fallait de l'argent.
14:20 On fait comment ? Très simple.
14:22 Très simple, en fait. Il ne faut pas justement se tourner vers ce qui est fragile.
14:28 Ce qui est fragile, c'est le social, c'est l'éducation, c'est la santé publique.
14:33 Et ça, en fait, ça résout peut-être un problème macroéconomique de comptabilité nationale,
14:41 mais ça crée des problèmes irréversibles dans le futur.
14:45 Quand on casse l'éducation d'une nation, c'est tout. On a tout cassé.
14:52 Après, quand vous empruntez de l'argent, c'est celui qui prête, qui dicte sa loi.
14:55 Il ne faut pas s'en plaindre.
14:57 Justement, c'est le libéralisme sauvage.
14:59 Quand on applique les règles du libéralisme sauvage, évidemment, on s'en fout de la population,
15:05 on s'en fout de l'avenir de la population.
15:07 On sauve une élite qui aura justement, par la suite, tous les moyens économiques, d'intelligence, intellectuel, etc.
15:21 pour prospérer toute seule.
15:24 Et donc, vous avez un pays à deux vitesses, une petite élite qui a tous les moyens
15:29 et la grande majorité de la masse qui n'a rien.
15:32 Et ça, c'est dangereux pour la stabilité d'un pays.
15:35 - Alors, venons-en au Maroc.
15:36 - Et ça, en fait, on l'a appliqué sur tous les pays du tiers-monde.
15:39 - Venons-en au Maroc par rapport à cette question du dollar.
15:43 Aujourd'hui, que pensez-vous du positionnement du Maroc ?
15:47 D'abord, par rapport à sa monnaie locale,
15:49 donc le diram qui est pondéré par le dollar et l'euro à hauteur, il me semble, de 60 et 40 %.
15:57 - 60 et 40.
15:58 - Est-ce qu'il y a d'autres alternatives pour le Maroc ?
16:01 Est-ce que la question, par exemple, à chaque fois où on entend parler des réserves de change en dollars ou en euros,
16:06 en devise en tout cas, comme un moyen de sécurisation pour les achats de biens sur le moyen court terme,
16:15 est-ce que le Maroc n'a pas le choix que de suivre cette politique-là ?
16:21 Ou est-ce qu'il y a d'autres alternatives ?
16:23 Est-ce qu'il devrait se tourner peut-être davantage vers d'autres pays ?
16:26 Ce qui se passe du côté de la Chine, du côté des pays émergents ?
16:29 Ou est-ce que le choix de la raison, c'est de rester dans le système préétabli qui a fait ses preuves jusqu'à aujourd'hui ?
16:35 - Alors, un petit mot peut-être pour revenir sur l'histoire du programme d'ajustement structurel.
16:39 Si on met les choses dans leur contexte, on est dans les années 70
16:43 et on sait très bien pendant cette période, il y avait deux grands événements à l'échelle internationale
16:48 qui ont marqué sur du marbre, effectivement, l'histoire économique du Maroc.
16:54 Le fameux, en 73, le fameux choc pétrolier, le premier, et puis en 78-79, l'économie marocaine était très fragile.
17:06 Elle arrivait à peine, effectivement, à se remettre.
17:10 On est en train de constituer, effectivement, les ombrions d'une économie souveraine après les années, effectivement, de protectora.
17:17 Rajouter à cela, effectivement, la suite de la récupération de nos provinces sahariennes.
17:24 Il fallait s'engager dans un effort d'armement.
17:27 Le Maroc s'est lourdement endetté pour ça.
17:30 Trop de dépenses.
17:32 Rajouter aussi à cela une période de sécheresse.
17:35 Une baisse des cours des fausses-fois à l'international.
17:39 Tout faisait, effectivement, que nous étions face à, si je prends votre expression,
17:46 une épée de Damoclès, effectivement, de la dette extérieure.
17:51 La seule issue, c'était de frapper à la porte de la Banque mondiale les fonds interinternational.
17:56 Et pour cela, il y avait un prix à payer.
17:59 C'est d'adopter une politique d'austérité en réduction des dépenses publiques,
18:04 de gêne de l'emploi dans la fonction publique, privatisation, etc.
18:09 Et donc, on a fini par constater que, économiquement, les agrégats macroéconomiques
18:13 ont été plus ou moins ajustés.
18:15 Mais d'un point de vue social, c'était le parent pauvre.
18:17 Je crois que les diagnostics et les résultats sont connus.
18:20 Alors, depuis, on traîne, effectivement, cette crise d'endettement.
18:24 Au fur et à mesure qu'on avançait dans l'histoire économique du Maroc,
18:27 on voulait, effectivement, aller vers plus de souveraineté,
18:31 plus de compétitivité, s'ouvrir à l'international.
18:34 Oublions que, depuis, effectivement, le Maroc ne fait que signer les accords à l'international,
18:37 avec l'Union européenne, le statut de partenaire privilégié, etc.
18:42 Donc, tout ceci fait que nous étions totalement exposés à l'international.
18:45 Et quand on dit "exposés", ça veut dire d'un point de vue économique,
18:48 mais aussi d'un point de vue financier et monétaire.
18:50 L'État marocain, Banque le Méridien, en l'occurrence,
18:54 a tout fait, effectivement, pour stabiliser la politique monétaire,
18:57 pour éviter, effectivement, à ce que le Maroc ne soit, justement,
19:00 à travers cette exposition, vulnérable.
19:03 Ce qui justifie, d'ailleurs, que nous étions, effectivement, dans un régime fixe.
19:08 Et depuis 2010, 2015, 2018, on va assister, effectivement,
19:15 à une fluctuation, effectivement, d'Iram, dans une espèce de corridor.
19:20 Plus ou moins 0,3%, plus ou moins 0,8%,
19:23 au jour d'aujourd'hui, on est à plus ou moins 5%.
19:26 Donc, ce qui fait que la politique, effectivement, de change du Maroc
19:30 suivait l'évolution internationale, mais suivait aussi la cartographie
19:33 des marchés du Maroc à l'international.
19:35 Nous avons toujours été liés à l'Europe, à la zone euro,
19:40 pour des raisons que nous connaissons tous.
19:42 Notre premier client, il est européen,
19:44 notre premier fournisseur, il est européen,
19:46 notre premier investisseur, il est européen.
19:48 Peut-être que ça a changé.
19:50 Une dernière statistique, il me semble, c'est qu'il est américain.
19:53 Et donc, tout ceci fait qu'on se devient de diversifier
19:57 nos marchés à l'import, mais aussi diversifier nos marchés à l'export,
20:01 tout en gardant en tête que la variable change
20:05 est fondamentale dans cette quête, effectivement,
20:08 de marché à l'international.
20:09 Du coup, quand on voit ce qui s'est passé
20:15 par rapport à nos concurrents, parce qu'on ne l'a pas dit,
20:17 ils ont tous, à des dates décalées, joué la carte de la dévaluation.
20:23 Donc, tout le monde, particulièrement des pays qui étaient
20:27 au niveau de développement comme le nôtre,
20:30 cherchent effectivement à pratiquer la dévaluation
20:32 pour améliorer leurs exportations à l'international.
20:37 Le problème, c'est que ces dévaluations sont devenues tellement compétitives.
20:41 On les appelle compétitives, ça veut dire que tu dévalues,
20:43 moi, le lendemain, je fais pareil, mon voisin va faire pareil,
20:45 et effectivement, on est entré dans une surenchère de dévaluations
20:48 qui neutralise tout, effectivement, de cette dévaluation.
20:51 C'est pour ça qu'au Maroc, à un certain temps,
20:53 il y avait trop de débats sur ça, parce qu'on a dévalué
20:55 et on posait la question du temps même, de voilà,
20:57 il me semble, sur la nécessité, l'opportunité de dévaluer encore et encore.
21:00 Au jour d'aujourd'hui, le dollar, si je prends les statistiques
21:04 de la semaine dernière, s'est apprécié par rapport au dollar,
21:08 ce qui est bon pour les importateurs.
21:09 - Le dirham s'est apprécié par rapport au dollar.
21:10 - Voilà, le dirham s'est apprécié par rapport au dollar,
21:12 ce qui est bon pour les importateurs.
21:13 - Pour répondre à la question, la parité euro/dollar,
21:16 elle vous semble cohérente avec justement la politique ?
21:18 - C'est en fonction de ce que nous avons qu'au marché.
21:20 Donc on a conçu un panier de devises à partir desquelles
21:23 on va référencer notre monnaie.
21:25 Et donc, on a basculé pendant des années, entre 40-60, 20-80.
21:32 Donc 80%, à un certain temps, c'était de l'euro.
21:36 Puis, effectivement, on a changé en fonction de ce corridor,
21:40 plus ou moins, monté, descendu,
21:42 en fonction, effectivement, de cet intervalle.
21:44 Il me semble que la politique de changement,
21:46 qui est assez prudente,
21:48 parce qu'on a compris que les marchés internationaux,
21:51 dans un contexte, vu qu'on l'appelle,
21:54 volatil, incertain, etc.
21:56 Donc tout ceci fait que nous, nous devons rester vigilants.
22:00 Et d'autant plus, et je crois que l'ethnomotive,
22:03 encore une fois, c'est qu'il faut fortifier l'économie marocaine.
22:07 Quand vous avez une économie forte,
22:09 vous avez, effectivement, une visibilité par rapport à vos exportations,
22:12 vous avez une visibilité par rapport au marché et à l'importation.
22:15 Vous anticipez, vous êtes dans la proactivité par rapport à l'évolution.
22:19 Donc on est dans la prospective.
22:21 Et on est en train de...
22:23 Et pour rejoindre ce que je disais tout à l'heure...
22:25 - Le remède, le temps passe vite. - Rapidement.
22:27 Euro, dollar, oui.
22:28 Mais il faut aussi penser à l'Yuan,
22:30 parce que la Chine, elle va pas la chimer dessus.
22:32 - Je demande votre avis là-dessus, Taïbéry,
22:34 sur la pondération du dirain par rapport aux devises internationales.
22:36 - Oui, ça dépend de la structure des échanges économiques marocains.
22:39 Il faut savoir que le Maroc, elle exporte son phosphate en dollars
22:43 et importe le pétrole en dollars.
22:45 Donc le dollar est encore prépondérant dans l'économie nationale.
22:49 Et puis nous avons quand même 70% de nos activités avec l'Europe occidentale.
22:53 Et donc l'euro... - L'euro s'impose.
22:56 - Et s'impose. Donc nous avons les deux monnaies,
22:58 Valor aujourd'hui, cette structure va encore continuer
23:01 jusqu'à ce que, justement, l'économie marocaine
23:04 change par rapport à la diversification des partenaires étrangers
23:09 en allant justement vers l'Asie, vers la Chine, vers l'Inde, etc.
23:15 Développer avec l'Afrique, etc.
23:17 Là, à partir de ce moment-là, mais ça sera dans des années,
23:20 c'est pas pour demain.
23:21 Donc c'est à ce moment-là que ça va changer.
23:23 Par contre, au niveau justement du dollar,
23:26 il y a une monnaie, enfin, un étalent refus, c'est l'or.
23:32 L'or qui, au niveau international, qui pourrait justement
23:35 être un étalent d'échange comme ça a toujours été auparavant.
23:38 - C'est toujours le cas, les pays où on sait qu'au niveau des banques centrales,
23:41 on veille à ce que les réserves en or soient toujours à un niveau...
23:45 - Oui, mais justement, en fait, l'idée c'est de revenir à l'or
23:49 comme étalent d'échange. Au lieu d'avoir le dollar, on va avoir l'or.
23:53 Et donc on va faire des échanges en or, en équivalent or.
23:56 - Vous parlez de troc. - Non, non, c'est pas de troc.
23:59 Non, non, c'est de la monnaie. L'or, c'est de la monnaie.
24:02 Et bien, il vaut mieux avoir l'or qu'avoir du papier qui s'appelle dollar.
24:05 - Oui, d'accord. La monnaie, c'est une convention sociale.
24:08 - Ce retour vers l'or est une option intéressante
24:12 parce qu'en fait, tout le monde fait confiance à l'or.
24:15 On peut ne pas faire confiance à l'économie russe
24:18 ou à l'économie chinoise ou à l'État chinois, etc.
24:21 Mais l'or, tout le monde fait confiance et ça peut être une valeur,
24:24 un étalent sérieux d'échange au niveau international.
24:28 - Bon, oui. - Si vous permettez, rapidement.
24:31 - Quelques secondes. - Oui, quelques secondes.
24:33 Les banques centrales n'ont cessé de racheter de l'or ces derniers taux.
24:37 Ça, c'est d'une. Deuxième, j'avance deux, trois chiffres.
24:40 51% des réserves des banques centrales à travers le monde
24:43 en 2022, selon le FMI, c'est du dollar.
24:46 88% des transactions internationales, c'est du dollar.
24:49 Et 31%, c'est de l'or. Donc le dollar reste.
24:52 - Le dollar est parti pour bien du monde.
24:55 - La réponse initiale, sommes-nous en train d'assister à la destitution du roi de la harle?
24:59 La réponse est clairement non.
25:01 - C'est un début. - Oui, c'est un début.
25:03 On verra comment ça va se découpier tout cela.
25:07 Alors, la tomate marocaine dans le top 3 des...
25:10 Eh oui, eh oui, eh oui, on exporte. Nous, monsieur, on exporte de la tomate.
25:14 La Marocque est la troisième exportateur mondial de tomates en 2022.
25:18 Il y a un dernier classement qui vient de paraître.
25:21 Et c'est vrai que la tomate marocaine est très, très, très demandée à l'échelle mondiale.
25:24 Cela prouve bel et bien que les exportations marocaines de produits agricoles
25:28 ont fortement augmenté ces dernières années.
25:31 Et pourquoi j'en parle? Parce que le deuxième sujet programmé aujourd'hui,
25:35 c'est une question que nous avons abordée à plusieurs reprises dans cette émission,
25:39 à savoir la politique agricole du Maroc et le fait que le Maroc exporte,
25:43 quand il exporte des fruits et légumes, et c'est tout à fait naturel, de l'eau avant tout.
25:48 Il y a une étude qui vient de paraître et qui vient un petit peu nuancer
25:53 le débat sur cette question, parce qu'à chaque fois qu'on évoque ce sujet,
25:57 on pointe du doigt la politique agricole du Maroc comme étant une politique inconsciente,
26:02 qui ne consomme pas la ressource hydrique avec beaucoup de raisons, justement.
26:08 Une étude vient démontrer le contraire.
26:11 Tout est relatif, mais ça reste une étude scientifique qui prouve,
26:15 sur la période 2000-2017, que le Maroc a importé plus de produits
26:21 contenant virtuellement de l'eau qu'il en a exporté.
26:25 La balance est largement à la faveur des importations.
26:29 Est-ce que ça nuance un petit peu le propos qui est le vôtre
26:33 sur cette question de la politique agricole du Maroc, Taïba Haïss,
26:36 ou est-ce que cette étude ne change en rien votre avis sur la politique agricole,
26:45 à l'export du Maroc, le fait que les productions ont augmenté ces dernières années,
26:51 ça permet au Maroc d'exporter plus, d'avoir des devises,
26:55 parce que ça génère des devises, les tomates, ça paraît simple,
26:59 mais ça génère des devises pour le Maroc.
27:01 Quel est le juste milieu entre booster les exportations,
27:04 mais en même temps veiller à consommer raisonnablement la ressource hydrique ?
27:08 Cette étude conforte la position que j'ai toujours défendue,
27:13 qu'on exporte, mais on importe aussi.
27:17 C'est ça en fait ce qu'il faut comprendre,
27:19 c'est que le Maroc exporte de l'agriculture, mais il importe encore beaucoup.
27:22 Et donc toute l'intelligence serait de s'orienter vers ce que nous consommons.
27:28 - Oui, mais l'étude, c'est pas... comment dire...
27:31 La conclusion principale de l'étude, c'est pas ça, ça c'est vrai,
27:34 mais vous prenez que ce qui vous arrange.
27:36 La principale... - Ah oui ?
27:38 - Oui, vous êtes intelligent, mais la principale conclusion de l'étude,
27:41 c'est pour dire que le Maroc, malgré les exportations de produits agricoles
27:46 qui contiennent de l'eau, les tomates, etc.,
27:48 il en importe beaucoup plus.
27:50 Donc tout ce qui a été importé, si on venait à le produire localement,
27:55 ça nous coûterait encore plus cher.
27:57 Donc la balance, elle est positive pour le Maroc.
27:59 Mais ça, la principale conclusion. On ne perd pas au change.
28:02 - Si, justement, on perd en termes de change.
28:05 Parce qu'en fait, vous savez ce qu'il se passe.
28:07 C'est que le Maroc doit produire ce qu'il consomme.
28:12 En priorité, premièrement.
28:14 Deuxièmement, le Maroc doit fabriquer et créer de la valeur ajoutée locale.
28:19 Au lieu d'exporter de la tomate,
28:21 qu'il exporte du concentré de la tomate, qu'il exporte du jus de tomate, qu'il produit...
28:24 - Mais c'est le cas aussi, c'est le cas, elle n'empêche pas l'autre.
28:26 - Mais justement, il va falloir concentrer tout l'effort
28:32 sur l'industrialisation du pays.
28:34 C'est ça ce qui est important.
28:35 - Mais vous savez très bien qu'on doit répondre aussi à la demande du marché.
28:39 Si on demande de la tomate dans certains marchés,
28:42 il faut produire de la tomate et l'exporter.
28:44 - Oui, mais tout est demandé.
28:46 Vous savez, la demande, on la crée.
28:48 Tout est demandé.
28:49 L'agroalimentaire est demandé au niveau international.
28:52 C'est beaucoup plus demandé que d'exporter justement la tomate
28:57 ou tout ce qui est brut.
28:59 Quand vous exportez des produits agricoles bruts,
29:03 quand vous exportez des produits mini-bruts,
29:05 vous ne gagnez rien.
29:06 Vous exportez à prix bas et vous importez de la valeur ajoutée.
29:10 Et ça, c'est dangereux.
29:11 Et donc, l'idée c'est quoi ?
29:13 C'est de revoir notre modèle économique.
29:15 C'est très simple.
29:16 Et c'est aussi intelligent de penser de temps en temps à notre modèle.
29:21 Est-ce qu'il est bon ou est-ce qu'il n'est pas bon ?
29:22 S'il est bon, on continue, mais s'il n'est pas bon, on le révise, on l'améliore.
29:27 C'est dans le sens de l'amélioration continue.
29:29 Et un pays intelligent doit améliorer continuellement son modèle.
29:34 Et quand ça ne va pas, il faut l'améliorer.
29:36 Il faut l'améliorer au fur et à mesure.
29:38 Et justement, c'est ça l'intelligence d'un pays qui se développe,
29:42 qui s'améliore au fur et à mesure et au fil des années.
29:46 Et donc, pour le Maroc, au lieu d'exporter ce que veulent les Européens,
29:50 ce que veut la France essentiellement,
29:53 ce sera intelligent de produire ce que veulent les Marocains,
29:57 pour les Marocains, et exporter ce qui est...
30:02 l'excédent.
30:04 Quand on a un excédent, on exporte.
30:06 Mais déjà, on se concentre sur ce qui est besoin des Marocains.
30:11 Et c'est un respect pour les citoyens marocains.
30:14 Et puis, cette crise de Corona a démontré
30:19 que les pays doivent s'intéresser aux besoins de leur population en priorité.
30:25 Et quand on satisfait les besoins de notre population,
30:28 on peut exporter par la suite. C'est ça en fait l'intelligence.
30:31 On ne peut pas exporter alors que nous avons un besoin en interne.
30:34 Ça n'a pas de sens. On n'est pas le jardin des Européens ou de la France.
30:40 Donc c'est ça en fait, c'est ce paradigme qu'il faut changer.
30:43 On l'a été, on l'a été après la décolonisation.
30:46 - Mais ça dépend où on se positionne.
30:48 - Il faut changer de paradigme.
30:50 - Allez dire ça aux producteurs de tomates dans la région du Sousse,
30:54 dont la plupart ont commencé à changer même de culture
30:59 en se dirigeant vers les fruits rouges.
31:01 - Je parle au niveau macro, pas au niveau micro.
31:05 - Mais vous êtes lié. - Non, non, ce n'est pas lié.
31:08 Quand on pense stratégie, on pense macroéconomique.
31:11 Quand on pense macroéconomique, les entreprises, les entrepreneurs,
31:15 les investisseurs rentrent dans ce qui est macroéconomique,
31:18 dans la stratégie nationale.
31:19 Donc quand nous avons une stratégie nationale,
31:21 évidemment la stratégie nationale permet justement à tout le monde
31:24 de rentrer dans cette direction, cette directive,
31:27 cette orientation stratégique.
31:29 C'est l'État qui décide, c'est l'État qui a la vision stratégique globale.
31:34 On ne va pas laisser à chacun de faire ce qu'il veut.
31:37 Évidemment chacun fait ce qu'il veut.
31:39 - Oui, mais les gens ont la liberté d'entreprendre.
31:41 Vous leur dites "Produisez des produits pour le marché local et n'exportez rien,
31:46 personne ne va le faire".
31:47 - Mais justement, c'est que l'État encourage l'exportation de la tomate.
31:52 Finance, subventionne même.
31:54 - Parce que c'est une activité génératrice de devise.
31:58 Il faut trouver un juste milieu.
31:59 Mais vous, vous voulez...
32:00 - Mais non, mais non, ce que je veux, c'est que...
32:03 - Vous voulez réduire à néant les exportations agricoles morocaines.
32:06 - Mais non, mais non, c'est pas ce que j'ai dit.
32:07 Il ne faut pas déformer ce que j'ai dit.
32:09 C'est pas ce que j'ai dit.
32:10 J'ai dit tout simplement que l'État doit mettre en place une stratégie.
32:15 Et c'est l'État aussi qui oriente cette stratégie,
32:20 par les subventions, par la fiscalité, par les encouragements, etc.
32:25 - Réjean Mobile, vous avez une minute, pas plus.
32:27 - Alors, dans cette équation, nous avons trois variables.
32:30 Tout d'abord, comme vous l'avez dit, la question de l'eau,
32:34 la question de la rentrée de devise,
32:37 et puis la troisième, c'est la question de la souveraineté.
32:39 Donc comment, effectivement, marier ces trois variables
32:42 de façon à ce qu'on sorte la tête haute, effectivement, à travers ce deal.
32:46 La question de la réaffection d'eau, effectivement, l'étude est intéressante,
32:50 parce que je l'ai examinée, il n'y a pas que ça, effectivement, comme conclusion.
32:54 Ils ont conclu aussi que l'État doit aussi retirer les subventions
32:57 des secteurs, effectivement, exportateurs d'eau, etc.
33:02 Mais l'étude dit aussi que vous avez des exportateurs
33:05 qui font fi de la subvention, qui, en termes d'analyse coût-bénéfice,
33:09 ils se rendent compte qu'ils sont gagnants.
33:11 - Il n'y a pas de problème.
33:12 - C'est-à-dire, d'un point de vue budgétaire, effectivement,
33:14 si on retire subventions, c'est déjà, effectivement,
33:17 une bonne chose pour l'État.
33:19 - Ça veut dire qu'ils vont continuer, même s'il n'y a pas de subvention.
33:22 - Absolument.
33:23 - Donc c'est des subventions qui n'ont pas d'objet.
33:26 - Oui, maintenant, pour ce qui est des importations,
33:28 c'est essentiellement des céréales.
33:29 Mais la question fondamentale, me semble-t-il, c'est est-ce qu'on a le choix ?
33:33 Parce que ce n'est pas simple de dire oui.
33:35 - On n'a pas le choix.
33:36 - On n'a pas le choix.
33:37 - On a toujours eu le choix.
33:38 - Mais par rapport aux céréales, est-ce qu'on a le choix pour pouvoir le faire localement ?
33:41 Et on s'est dit non, on ne va pas le faire localement,
33:43 on ne va pas se contenter de ce qu'on fait, on va aller à l'importation.
33:46 - Parce que d'abord, c'est des cultures qui consomment beaucoup d'eau,
33:48 contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, et les chiffres le prouvent.
33:51 Et deuxièmement, est-ce que le Maroc a la capacité d'être autosuffisant ?
33:54 - Et là où je rejoins le CIS, effectivement,
33:56 c'est qu'il va falloir faire un travail en profondeur
33:59 sur cette agriculture, comme on veut, moins consommatrice d'eau,
34:04 plus intelligente, plus rentable, plus résiliente, inclusive.
34:09 Parce que tout, effectivement, fait partie des impératifs de l'agriculture moderne.
34:12 Et le blanc-maroc vert, effectivement, il a eu des vertus,
34:16 mais il me semble qu'il a pêché par un certain nombre de carences et de déficiences
34:20 qu'il va s'agir de rectifier.
34:22 - Et nous allons conclure là-dessus.
34:24 Merci beaucoup, Hicham Le Biad, merci beaucoup, Taïb Haï.
34:27 - Merci à vous.
34:28 - C'est un plaisir de vous retrouver prochainement pour d'autres émissions et d'autres sujets à débattre.
34:32 Toujours un plaisir d'échanger, de se chamailler, verbalement avec vous.
34:36 - Virtuellement.
34:37 - Virtuellement, non, réellement, mais gentiment.
34:40 Taïb Haï, c'est Hicham Le Biad.
34:42 Au plaisir de vous retrouver prochainement pour d'autres émissions, bientôt sur Atlantique.
34:46 Tout de suite, vous retrouverez Mourad Baba pour Le Flash Info en langue arabe.
34:49 Excellente fin de matinée.
34:51 ...