Vous connaissez le boomerang, ce petit objet symbole du peuple aborigène et par extension de l'Australie. C'est une arme de chasse destiné à assommer la proie visée et qui a la particularité, si on la rate de revenir dans la main de son propriétaire. Dans la main si on est habile, dans la figure si on n'a pas bien anticipé la trajectoire ! [...]
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00:00 Vous connaissez le boomerang, ce petit objet symbole du peuple aborigène et par extension
00:14 de l'Australie.
00:15 C'est une arme de chasse destinée à assommer la proie visée et qui a la particularité,
00:21 si on la rate, de revenir dans la main de son propriétaire.
00:25 Dans la main si on est habile, dans la figure si on n'a pas bien anticipé la trajectoire.
00:31 Cela vous semble bien éloigné des questions de management.
00:34 Vous avez tort.
00:35 Les entreprises sont remplies de mesures boomerang, c'est-à-dire des décisions, des règles
00:41 qui sont prises et qui se retournent contre ceux qui les ont conçues.
00:45 Au départ c'est une bonne idée, fondée sur la bienveillance.
00:49 A l'arrivée tout se dérègle et on récolte le contraire de ce qu'on avait envisagé.
00:55 Un exemple ? Imaginons une entreprise qui souhaite améliorer la conciliation vie privée
01:01 vie professionnelle de ses salariés.
01:02 Une mesure s'impose, proposer de pouvoir travailler à 80% sur 4 jours dans la semaine
01:08 en choisissant le jour off.
01:10 Qui va s'emparer de cette possibilité ? Évidemment les femmes, mères de famille,
01:16 qui vont massivement choisir de ne pas travailler le mercredi.
01:20 Et c'est là que le boomerang revient dans la figure.
01:23 Non seulement les services vont être désorganisés les mercredis, ce qui peut rester gérable,
01:29 mais surtout cette mesure bienveillante va conduire à une mise en retrait des femmes
01:34 pour les questions d'avancement, de carrière et de promotion.
01:38 Leur choix du 80% est souvent vécu comme un moindre engagement dans l'entreprise.
01:45 Leur absence d'une journée par semaine fait qu'elles vont être moins présentes
01:50 dans les réseaux informels d'information et de socialisation.
01:54 La fameuse conciliation va engendrer une mise à l'écart de celles qui auront fait ce choix.
02:00 Un autre exemple ? Pousser les personnes dotées d'un handicap invisible à révéler
02:06 leur handicap afin de bénéficier d'aménagements de postes de travail.
02:11 Le risque existe que la personne ayant franchi le pas de la révélation se retrouve le ou
02:17 la handicapée, avec toutes les préventions qui peuvent exister sur sa capacité à avoir
02:23 des responsabilités plus importantes.
02:26 Les exemples sont légions.
02:28 Au départ, une mesure qui part d'un bon sentiment ou d'un projet positif et dont
02:34 au final les impacts sont contraires à ceux attendus.
02:36 Alors comment éviter le problème ?
02:38 Comme toujours, en stratégie, anticiper, ce qui oblige à réfléchir au but servi
02:45 et non pas à l'opérationnalité de la mesure envisagée.
02:49 Le fameux « si, alors ». Si nous mettons en place cette nouvelle règle, alors que
02:56 va-t-il se passer ?
02:57 Mais il ne s'agit pas de se limiter aux résultats attendus et prévisibles.
03:02 Il faut sortir de cette paresse intellectuelle si tentante en pensant contre.
03:08 Et si toutes les femmes de l'entreprise choisissent de ne pas travailler le mercredi
03:12 ? Et si un tel se déclare RQTH, travailleur
03:15 handicapé ? Que va-t-il se passer ?
03:17 Comment éviter les impacts négatifs pour bien rester sur les objectifs attendus ?
03:23 L'exercice exige de pousser la réflexion au maximum, sans chercher la lumière seulement
03:29 sous le réverbère, ce qui est toujours tentant et rassurant.
03:32 Le management stratégique exige de toujours chasser dans les zones d'ombre, non pas
03:39 par pessimisme, mais pour éviter de se retrouver un matin assommé par un choix qu'on avait
03:45 fait, sans bien en évaluer la trajectoire et qui nous revient en pleine figure.
03:52 [Musique]
03:56 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org