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00:00 Le patron du restaurant "Jules Poussin" va passer la main.
00:03 C'est une institution à Périgueux, une cuisine économique, mais avec des produits frais.
00:08 Il est lui aussi touché par l'inflation et il est en direction France Bleu Périgueux.
00:12 Il répond à vos questions Louis Debergevin.
00:14 Bonjour Gérard Caillé.
00:16 Bonjour France Bleu, bonjour Louis, bonjour tout le monde.
00:19 Des menus pas chers, bons, consistants et cuisinés, c'est un combat quotidien pour faire tenir tout ça ?
00:26 Quotidien depuis 2008, effectivement.
00:29 Comment vous faites par exemple pour proposer de la bonne cuisine pas trop chère ?
00:34 On passe son temps avec la calculette et puis chez les fournisseurs, acheter des produits.
00:42 C'est pareil, ils peuvent rentrer dans la formule, le moins de la qualité mais au moins cher possible.
00:48 Vous privilégiez certains produits, il y en a d'autres que vous éliminez parce que c'est trop cher, ça ne va pas marcher ?
00:54 Tout a augmenté et le choix se rétrécit mais après il faut varier tout ça et puis c'est pas très compliqué.
01:04 14,90€, ça c'est le menu aujourd'hui, entrée, plat, dessert, à volonté.
01:10 Mais vous avez été obligé vous aussi d'augmenter les prix récemment avec l'inflation ?
01:15 Tout à fait, on est obligé d'augmenter le prix.
01:17 Après c'est normal, il y a eu la hausse des salaires aussi, la hausse des salaires qui est tout à fait normale.
01:22 Et puis l'inflation bien sûr, le sucre a pris 250%, ça c'est un détail, mais tout a augmenté à vitesse grand V.
01:33 Les légumes, la viande, même l'épicerie et tout.
01:36 Il y a des produits récemment ou desquels vous vous êtes séparés, que vous avez retiré de la carte ?
01:42 On peut moins travailler le veau par exemple, la viande, mais il n'y a pas que ça.
01:49 Il y a plein d'autres produits, ils sont trop nombreux à citer, mais après on ne travaille pas de la même façon.
01:58 On s'organise différemment.
02:00 Quand on est du métier, on arrive toujours à jongler.
02:03 Pourquoi vous avez décidé ce concept il y a un peu plus de 10 ans ?
02:08 En 2008, quand il y a eu la première crise économique, l'idée m'est venue de lancer un buffet,
02:15 de manger des sandwichs sur les bancs, j'avais dit qu'on allait lancer une formule à moins de 10 balles.
02:20 A l'époque on était à 8,50.
02:22 Il y avait beaucoup moins de choix.
02:25 Au fil des jours, ça a augmenté.
02:30 On faisait jusqu'à 200 repas après le midi.
02:33 On a tout modifié notre façon de travailler, on a aménagé les buffets, tout.
02:38 C'est parti de là en 2008, lors de la première crise économique.
02:43 Est-ce qu'aujourd'hui, avec l'inflation, vous sentez que c'est d'autant plus important d'essayer de proposer une bonne cuisine, pas trop chère ?
02:50 C'est capital.
02:52 C'est capital d'autant plus que les gens reviennent au naturel, reviennent à l'authentique.
02:59 Ça c'est très important.
03:01 Ils préfèrent payer un peu plus cher et manger du frais.
03:04 Gérard Caillé, patron du restaurant Jaune Poussin à Périgueux, ça fait d'ailleurs 3 ans que votre restaurant est en vente.
03:11 Vous allez prendre votre retraite en attendant, c'est votre fille qui reprend.
03:15 Mais pour trouver un acheteur en ce moment, ça aussi c'est compliqué.
03:19 Depuis le début du Covid, nous avions mis l'affaire en vente, il n'y en a eu personne.
03:24 Et puis comme c'est une très bonne affaire, on a décidé de la conserver.
03:28 C'est Alexandra, ma fille, qui va prendre le relais.
03:31 Parce qu'on ne peut pas laisser cette affaire...
03:35 Moi je dois partir à la retraite, je dois prendre la retraite, je suis fatigué.
03:38 Je passe la main à ma fille, qui connaît très bien l'affaire.
03:41 Ça fait 27 ans qu'elle bosse avec moi, donc elle n'est pas en peine.
03:45 Et puis les conditions de travail sont avantageuses, on ne travaille pas le soir ni les week-ends.
03:50 C'est tentant quand même.
03:52 Vous allez prendre votre retraite en juillet à 65 ans.
03:57 Alors forcément c'est d'actualité.
03:59 J'ai envie de vous poser la question à vous.
04:01 Vous pensez quoi de cette réforme des retraites qui pousse à 64 ans l'âge de départ,
04:06 notamment dans des métiers comme la restauration, où c'est un gros rythme tous les jours ?
04:12 C'est fort dommage pour tous ces gens qui ont leur trimestre.
04:16 Et qu'on va pénaliser parce que...
04:19 On va les pénaliser sur le...
04:22 On va leur faire des décotes en fait, c'est pas normal.
04:26 Parce qu'ils ont les trimestres, ils avaient l'âge,
04:29 et là on leur dit "non non, maintenant c'est plus 62, c'est 64, c'est pas normal".
04:33 Vous vous dites qu'à 65 ans en tout cas c'est bon pour vous, c'est terminé ?
04:37 Ah mais moi je peux plus avancer, ça fait 50 ans que je bosse.
04:41 Depuis mon apprentissage, depuis l'âge de 15 ans,
04:43 je suis usé, j'ai les hanches qui sont usées, je suis fatigué quoi.
04:47 Surtout dans nos métiers là, on force quand même un petit peu.
04:51 On porte du poids, on bouge beaucoup.
04:54 Non, je suis fatigué à 65 ans.
04:56 Regardez, c'est comme les mecs dans le bâtiment.
04:58 C'est des gens qui sont usés par le travail.
05:01 Et vous êtes quand même toujours attaché à votre restaurant Jaune Poussin à Périgueux.
05:06 Gérard Caillé, vous partez en juillet.
05:10 Merci beaucoup en tout cas d'être venu ce matin sur France Bleu Périgord.