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La nouvelle création policière de Canal+ dégomme tout, et Jérémie Guez en est le créateur.
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00:00 Originals, découvrez en avant-première nos interviews sur les séries qui font l'actu.
00:07 Dans cet épisode d'Originals, on est avec Jérémy Guez, le créateur, scénariste,
00:13 réalisateur de BRI, la nouvelle production Canal+ qui arrive bientôt sur nos écrans en fin d'avril.
00:19 Bonjour Jérémy. Bonjour.
00:24 Première question assez classique, est-ce que vous pouvez nous pitcher ? Vous êtes dans un
00:28 ascenseur avec Olivier Bibès, comment vous pitcheriez BRI ?
00:33 Comment je pitcherais BRI ? Je pense que je pitcherais très simplement si je croisais
00:40 quelqu'un de Canal, c'est un peu la proposition avec laquelle j'ai été les voir, c'est un peu
00:47 de redynamiser la série policière et d'en faire une sur un groupe d'élite composé
00:54 uniquement de jeunes éléments. Vous pouvez nous raconter un petit peu la jeunesse, qu'est-ce
01:00 qui vous a intéressé dans les brigades, justement dans les BRI ? Pourquoi la BRI de Versailles ?
01:06 Ce que vous avez évoqué un peu plus tôt. Ce qui m'intéressait, des unités comme les BRI,
01:13 donc en France, historiquement déjà il y a ce spectre d'anti-gang qui leur est accolé,
01:24 donc c'est évident qu'il y a une tradition qui va avec ça au cinéma, donc déjà ça m'intéressait
01:30 de réexploiter ce patrimoine. La versatilité de l'unité m'intéressait beaucoup, c'est-à-dire
01:37 ces unités qui peuvent faire de l'intervention en lourd, plus type raid ou GIGN de manière très
01:44 spontanée, très rare, ils n'ont pas du tout le même niveau dans cet exercice, et à la fois de
01:50 la police judiciaire plus dynamique, en civil, des filatures, des arrestations au volant, des
01:59 blocages de voiture, et c'est un peu leur savoir-faire. Donc il y avait déjà, de par cette
02:06 versatilité, une possibilité d'intrigue et de sous-intrigue absolument incroyable, et je trouvais
02:14 intéressant d'avoir des chasseurs qui soient très proches dans l'apparence, dans le quotidien,
02:22 dans la manière de parler, de s'habiller des gens qui y chassent. Pour être tout à fait honnête,
02:26 étant une âme sensible, je craignais de ne pas aimer Béharré justement, parce qu'il y aurait
02:31 une insurplus de violence, etc. Mais au final, je trouve que la violence est assez internalisée,
02:35 et on n'en voit pas tant que ça, bien sûr il y a des bagarres, etc. Mais donc est-ce que ça a
02:40 été un sujet, avec peut-être la prod, d'infuser plus de "gore", de visuel, dans la violence ou pas ?
02:48 Non, non, pas du tout. Je pense qu'on voulait rester assez proche du type d'intervention que
02:56 ce genre de brigade est susceptible d'effectuer, avec des curseurs poussés un peu plus loin juste
03:03 sur le final. Mais sinon c'est des opérations assez proches de ce qui se fait en vrai. L'idée,
03:09 non, c'était pas du tout d'être dans une surenchère ni de violence, ni de faire tomber les corps de
03:15 manière un peu machinale, comme dans une série d'action ou un film. C'était d'essayer de rester
03:21 mesuré, de tendre cet élastique pour qu'il explose lors de l'épisode 8. D'ailleurs,
03:28 enfin, violence, il y a quand même des meurtres à bout portant dans la série. Est-ce que c'est
03:31 quelque chose qui arrive récemment ? On en entend peu parler quand même dans les infos ou quoi que
03:36 ce soit. Si, les règlements de compte, je pense qu'il y en a toujours eu et ils suivent à peu
03:41 près tous le même modus operandi. Donc, pour le coup, c'est quelque chose qui arrive dans la
03:48 vraie vie. Le personnage de Saïd, je le trouve assez intéressant. Malgré son rôle de chef,
03:55 il a une bienveillance en lui. Pas paternaliste comme pouvait être un peu le bon vieux Patoche
04:00 avant, mais vraiment enversé son équipe. Une vraie bienveillance, ce qui change beaucoup des
04:05 séries policières d'aujourd'hui. Donc, comment vous avez construit ce personnage ? Quelle était
04:10 l'idée ? Enfin, sa figure ? L'idée du personnage de Saïd, elle est assez complexe parce que c'est
04:17 un équilibre assez précaire. C'était à la fois d'essayer de faire émerger quelqu'un qui ait une
04:24 légitimité du leadership en tant que chef, mais qui a du mal avec cette position, ou du moins
04:29 qu'il n'envisage pas comme on l'envisagerait traditionnellement dans un groupe de police de
04:34 cet Acabi. Donc, ça s'est beaucoup incarné en travaillant avec Sofiane. C'est peut-être lui,
04:40 à l'arrivée, qui a peut-être plus la clé que moi. Pour moi, il y a vraiment une très grande mise
04:53 en danger sur ce personnage-là en termes de performance, et jusqu'où on allait pouvoir
04:57 aller pour qu'on ait à la fois de l'empathie, qu'on n'ait pas l'impression que le personnage
05:00 soit dépassé. C'est très compliqué d'incarner le renouveau et l'autorité sans crier, sans être
05:09 spécialement respecté de ses hommes. Donc, c'était vraiment un équilibre très fin. Et on voit des
05:13 nuances qu'on passe de quelqu'un qui est écouté, mais pas respecté, à quelqu'un qui est respecté
05:18 parce que les faits lui donnent raison. Et je pense que c'est Sofiane qui l'a incroyablement
05:25 bien incarné, et qui s'est vraiment mis en danger en acceptant d'interpréter ce personnage-là de
05:30 la manière dont il l'interprétait. Pour continuer dans le côté réaliste de toute cette série,
05:37 on dirait presque qu'ils manquent de budget partout, parce que dans les séries américaines,
05:41 on est habitué à des petits gadgets, le côté hyper technologique, etc. Alors que là,
05:47 ils sont dans leur bureau avec des vieux Windows, j'ai envie de dire. Donc, ça, c'était pareil,
05:51 donc pour rester dans le réalisme, où en fait, au final, on se fait des idées sur la grande
05:57 technologie, mais au final, il n'y a pas grand chose derrière. - Oui, après, c'est un truc que
06:00 j'ai toujours bien aimé, que ce soit la police ou l'armée, la manière qu'ont les Français de faire
06:07 en termes de productivité. Il y a un côté plus caméléon, et pas des bouches de budget et
06:18 d'équipement, et d'essayer d'arrêter les gens sans effusion de sang, sans faire parler les armes.
06:26 Il y a vraiment une recherche, moi, qui m'intéressait, mais qui est un truc très français,
06:31 du geste parfait, où ça tire pas. Il me disait tout le temps, quand ça tire pour nous, c'est un
06:41 échec. Et je pense que les Américains ne diraient jamais ça. Ils diraient, tant qu'il n'y a pas de
06:49 mort chez nous, c'est une réussite, ou quelque chose comme ça. Et après, au-delà du jugement
06:56 moral, c'est vraiment un truc culturel, que nous, on supporte pas ça. Et dans notre société,
07:02 c'est tant mieux. Mais que ce soit internalisé, je pense que c'est un peu pareil dans l'armée,
07:08 même si, de ce que j'en entends, je connais pas ça très bien, mais qu'on a une manière
07:12 plus à l'ancienne, plus humaine, peut-être plus en s'adaptant au terrain, plutôt qu'en arrivant
07:21 avec la cavalerie et des bouches de moyens technologiques, et comme vous dites, des
07:29 gadgets et tout ça. Donc le côté rudimentaire, un peu rusé, moi c'est quelque chose qui m'intéressait
07:34 de retranscrire. Donc vous êtes quand même écrivain à la base. Est-ce que dans votre
07:39 processus d'écriture, quand vous écrivez des mots, les images vous viennent tout de suite à l'esprit,
07:43 et c'est aussi comme ça que vous êtes passé à l'étape de réalisateur ? Alors oui, sur l'écriture,
07:48 mais moi j'ai toujours voulu être réalisateur, donc ça a toujours été mon processus d'écriture,
07:51 la visualisation. Après c'est quand même pas pareil l'écriture romanesque. Enfin pour moi,
08:00 mon processus est un peu différent, mais avec les années, il est devenu quasiment de manière
08:05 marginale. C'est vrai qu'il y a eu une superposition presque des deux pratiques,
08:09 et oui c'est vrai que la visualisation c'est devenu l'élément clé et moteur de l'écriture.
08:18 Vous avez d'ailleurs adapté un autre roman en tant que réalisateur, "Bluebird", c'était un roman à la
08:25 base. Qu'est-ce que ça fait d'adapter les mots de quelqu'un d'autre par rapport aux mots qu'on a
08:30 soi-même écrits ? C'est très étrange, ça procure une forme de liberté, et en même temps derrière
08:42 il y a de la contrainte, c'est que c'est très compliqué en adaptant de retrouver sa voix,
08:48 et en même temps c'est ce qui fait que c'est plaisant au départ, c'est qu'on ne se retrouve
08:54 pas systématiquement dans les mots, et qu'on jongle avec le talent de quelqu'un d'autre,
09:02 et je pense que Danny Martin ou Pete Dexter sont des meilleurs romanciers que moi, donc ça c'est
09:08 plutôt agréable. Après on perd la musicalité, c'est à dire ce qui au début je trouvais très
09:15 plaisant, c'est à dire de ne pas être bloqué par son écriture, devient après quelque chose de
09:22 compliqué qui est, c'est compliqué de remettre en musique les accords de quelqu'un d'autre,
09:28 donc il y a des avantages et des inconvénients, tout dépend du... je pense tout dépend de là
09:34 où on en est dans son rapport à l'écriture et à la mise en scène, c'est des étapes de ma vie où
09:40 ça m'a beaucoup aidé de pouvoir avoir, de pouvoir utiliser le canevas d'un autre que je trouvais
09:48 très fort. Je sais pas aujourd'hui si je dirais la même chose. Demain qu'est ce qu'on peut attendre
09:55 de Jeremy Gage, encore en réalisation, une nouvelle série, un film ? Franchement demain je sais pas
10:02 de quoi demain sera fait, je sais pas du tout, y a rien de prévu, on verra bien. J'ai pas de plan
10:12 de carrière, demain je vais m'occuper de mes enfants. Si le public devait retenir une seule
10:20 chose de BRI, qu'est ce que vous voudriez que ce soit ? Les acteurs, franchement les acteurs,
10:24 ils sont tous incroyables et je pense que ça fait longtemps qu'il n'y a pas eu une série où vraiment,
10:28 y a au delà du groupe de policiers, y a peut-être 20 personnages avec des trajectoires, des looks,
10:34 des façons de s'exprimer, une intériorité propre et que forcément il y en a qu'on va adorer,
10:39 détester et que chacun puisse se faire son idée de ce qu'on aime, ce qu'on déteste. Moi je trouve
10:47 que c'est un luxe de spectateurs inouïs et puis ils ont vraiment fait ça très bien, donc ouais,
10:51 les acteurs, si on devait retenir qu'une chose ce serait ça. Et pour clôturer tout ça,
10:55 quelle est la dernière série que vous avez vraiment adoré ou que vous avez peut-être bingé ? C'est
11:04 un peu facile mais c'est la vérité, White Lotus, la deuxième saison, je trouvais ça vraiment très
11:07 réussi. Merci beaucoup. Merci. Originals, découvrez en avant-première nos interviews
11:15 sur les séries qui font l'actu.
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