« B.R.I », la nouvelle série de Canal Plus digne de « Braquo » et « Engrenages »

  • l’année dernière
Jérémie Guez
Créateur de la série « B.R.I »
Son créateur Jérémie Guez explore avec brio le quotidien de la brigade d’élite de Versailles

Ce n’est pas une énième série policière, non, « B.R.I » renouvelle le genre avec une mise en scène nerveuse, rythmée et captivante. Dans la nouvelle création originale de Canal +, qui sera lancée lundi 24 avril, on suit le quotidien des membres de la Brigade de Recherche et d’Intervention, entre séances d’entraînement, planques dans des voitures et interpellations musclées. Le tout sur fond de menaces de guerre des gangs à Paris. Le créateur, scénariste et réalisateur Jérémie Guez (à qui l’on doit le scénario du film « Boîte noire » avec Pierre Niney) a aussi voulu illustrer le passage de témoin entre l’ancienne et la nouvelle génération de flics. Le monde change, les méthodes de la B.R.I aussi. Jérémie Guez est l’invité médias de Célyne Baÿt-Darcourt

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Transcript
00:00 Bonjour Jérémy Guiz.
00:01 Bonjour.
00:02 Alors vous êtes non seulement le créateur mais aussi le scénariste et le réalisateur
00:04 de cette série sur la brigade de recherche et d'intervention.
00:07 C'est elle qui a été intervenue au Bataclan par exemple.
00:09 BRI nous embarque dans une équipe de jeunes flics d'élite dont le chef Patrick prend
00:13 sa retraite et c'est Saïd qui lui succède.
00:15 Alors pas facile de trouver sa place au sein d'une brigade qui vaut une sorte de culte
00:19 à son ancien patron qui est un homme qui entretient des liens assez troubles avec le
00:24 banditisme.
00:25 On écoute la bande-annonce.
00:26 Eric, je te présente Saïd qui a pris ma place à la BRI.
00:31 Vous avez parmi les meilleurs éléments de la région parisienne.
00:33 Police !
00:34 Vous pouvez vous respecter d'eux, comme Patrick.
00:37 C'était un bon Patrick.
00:41 Je travaille à l'ancienne.
00:42 Je peux pas avec Patrick, je sais pas combien...
00:43 Ah mais s'il vous plaît, arrêtez de vous "Patrick", arrêtez.
00:44 Il a la retraite et moi je suis pas Patrick.
00:45 La dernière chose dont j'ai envie c'est que des fous furieux déclenchent une guerre
00:51 des gangs en plein Paris.
00:52 Police !
00:53 T'as accepté le boulot ? Tu te démerdes.
01:00 Alors une série sur des flics, encore une j'ai envie de dire, mais alors celle-ci renouvelle
01:04 totalement le genre, c'est très moderne.
01:07 Si je vous dis que c'est du niveau d'engrenage ou de braco, ça vous fait plaisir cette comparaison
01:11 ?
01:12 C'est sûr que ça me fait très plaisir.
01:13 C'est des séries vraiment charnières, à la fois pour Canal+ qui a accompagné et
01:22 renouvelé le genre maintes et maintes fois, et puis c'est des séries charnières aussi
01:25 pour l'histoire de la série en France, qu'ont trouvé leur public, qui renouvelait les codes
01:32 à un moment très spécifique et qui ont quand même duré dans le temps.
01:37 Donc je me souhaite...
01:38 Vous prenez ce qu'on te dit.
01:39 Ah oui, je prendrais même la moitié de ça, je le prends largement.
01:43 Pourquoi ce focus sur la BRI ? Elle vous fascine ?
01:46 Alors non, j'avais pas de fascination.
01:49 Je connaissais pas du tout de policier dans ma vie.
01:53 J'en avais jamais rencontré, même dans le cadre de mon travail.
01:55 Alors il y a eu ce coup de projecteur lié malheureusement aux événements du Bataclan.
02:05 En l'occurrence, c'était la BRI de Paris, celle du 36.
02:10 Et quand j'ai vu que c'était la BRI qui intervenait, dans ma tête, la BRI, c'était
02:14 vraiment historiquement l'anti-gang.
02:17 Donc tout le monde a en tête MESRIN et tout ça.
02:20 Et je me suis dit qu'est-ce qui, à un moment, fait que ces gens-là peuvent aussi intervenir
02:25 sur ce genre de dispositifs qui sont normalement les prérogatives, et le reste encore, du
02:30 GIGN côté gendarmerie ou du RED côté police.
02:33 Et c'est vrai que je me suis reposé la notion d'anti-gang, qui était quelque chose en
02:39 fiction de très orienté pour moi, René Château et Belmondo, et des films que je pouvais voir
02:46 avec mon père plus jeune.
02:47 Et je me suis dit qu'est-ce que c'est l'évolution naturelle de ça, adaptée au Paris d'aujourd'hui,
02:52 à la France d'aujourd'hui, qu'est-ce que je pourrais en faire et est-ce que je peux
02:54 m'en emparer pour essayer de proposer autre chose qu'à l'arrivée, le genre, ça reste
02:59 des nuances de gris.
03:01 Et on doit avoir plaisir à jouer avec ces codes-là, s'en emparer, c'est ce qui rend
03:07 la tâche ardue, mais c'est tout le challenge aussi.
03:09 Alors rentrons un petit peu dans le scénario.
03:11 Paris est sous la menace d'une guerre des gangs.
03:13 On découvre le travail des hommes et des femmes de la BRI.
03:15 Et vous avez voulu aussi illustrer le passage de témoins entre l'ancienne et la nouvelle
03:21 génération.
03:22 D'un côté des policiers qui flirtent parfois dangereusement avec les voyous et de l'autre,
03:26 des jeunes qui ne veulent plus de ces méthodes.
03:28 C'est cette histoire de transmission qui vous intéressait, de choc des générations ?
03:32 - Oui, ça m'intéressait, la transmission et la différence de valeur entre les générations,
03:38 parce que pour le coup, c'était le thème qui dépassait l'institution police ou ce
03:42 petit groupe et qui, pour moi, était sociétal et assez actuel.
03:45 Et moi, c'est quelque chose avec lequel j'ai beaucoup joué.
03:51 La fin des idoles, la démystification.
03:55 Est-ce que les gens en sortent grandis ? Est-ce que les gens sont plus heureux ? Est-ce que
03:59 la société avance mieux ? Et c'était aussi une manière de ne pas faire juste une œuvre
04:07 bêtement nostalgique.
04:08 C'est un peu le risque avec le genre et la fiction de flics.
04:12 Ce que je trouvais chouette à la BRI, parce qu'avant de me lancer, j'ai quand même
04:16 été les voir pour essayer de confirmer s'il y avait un désir et s'il y avait matière.
04:21 - S'il y avait un désir de votre part ?
04:23 - Oui, de ma part, bien sûr.
04:25 Pour être sûr que, parce qu'une fois qu'on a l'idée, si on va se confronter et qu'on
04:27 se rend compte qu'on ne peut rien en tirer ou que finalement, c'était une vue de l'esprit,
04:31 moi, je n'ai pas de problème à lâcher les projets.
04:34 Mais ce que je trouve intéressant, c'est qu'ils avaient déjà à peu près mon âge
04:38 et ils étaient passionnés.
04:40 Ils parlaient d'affaires comme moi, je peux parler de cinéma.
04:43 Et d'un coup, ça me cassait peut-être le préjugé que j'avais sur...
04:48 Qui est un préjugé sans doute beaucoup lié à la fiction, qui est d'avoir des types très
04:57 sérieux, presque désabusés parce qu'ils chassent des gens déterminés et dangereux.
05:04 Et là, j'ai vu complètement autre chose et je me suis dit, c'est ça qui est plaisant.
05:09 C'est qu'on va pouvoir vraiment jouer avec les codes du genre et raconter ce que c'est
05:13 cette nouvelle génération.
05:14 Et dès l'arrivée des jeunes fonctionnaires très capables, il n'y avait aussi pas de
05:19 discours de nostalgie sur le "c'était mieux avant".
05:22 Je pense que le volume de travail de l'Antiguan, on va dire maintenant de la BRI, mais anciennement
05:27 des unités qui s'occupaient de ça, il est à peu près le même.
05:30 Et je pense qu'il y a moins de délinquance violente qu'il y avait dans les années 70,
05:38 80, 90 avec les attaques de banques et tout ça.
05:40 Donc, ils n'ont pas du tout, eux, ce discours décliniste.
05:43 Ils ont un discours de "aujourd'hui, le type de délinquant, c'est ça.
05:47 Et ce gars là, il est hyper intelligent et on admire sa manière de bosser.
05:51 Donc, on va redoubler d'efforts pour essayer de l'attraper".
05:54 D'un coup, c'était complètement un peu décorrélé de ce qu'on peut entendre ou
05:59 des clichés.
06:00 Et c'est là que ça s'est mis à vraiment m'intéresser.
06:02 Et même dans le casting, Jérémy Guez, il y a ce mélange de jeunes comédiens et d'acteurs
06:07 confirmés comme Vincent Elbaz, Bruno Todeschini, Emmanuel Deveau, ce qui joue aux côtés de
06:10 - je ne vais pas tous les citer - Sophiane Kames ou Ophélie Beau.
06:15 Pourquoi avez-vous mélangé des connus et des pas ou des peu connus ?
06:18 Moi, je voulais que les connus apparaissent vraiment plus en gueste et viennent encadrer
06:23 la série et viennent un peu symboliser ce passage de témoin.
06:29 Mais sinon, je voulais faire émerger des gens qui venaient plutôt du cinéma et qui
06:33 sont plutôt sur tous des débuts de carrière très prometteurs et que ça devienne les
06:36 visages de la série.
06:37 Et pour ça, je trouve que Canal a été d'un assez grand courage.
06:42 Ça se concentre beaucoup les valeurs refuge dans le cinéma et en télé.
06:50 C'est toujours les mêmes têtes qu'on convoque parce qu'on se rend compte que ça plaira
06:54 plus aux spectateurs.
06:55 Et après, c'est une sorte de prophétie un peu autoréalisatrice qu'on fait rentrer.
06:58 On ne fait plus rentrer de nouveaux et de sans frais.
07:01 Et on se rend compte que les gens n'en veulent pas et que eux perçoivent ça tout de suite
07:06 et me disent vas-y à fond et avance ensemble sur un casting et essayons de les faire émerger.
07:14 Moi, ça m'a vraiment donné encore plus envie.
07:16 C'est très audacieux.
07:17 C'est une série vraiment réaliste.
07:19 Il y a des scènes d'action particulièrement captivantes, ultra rythmées.
07:22 C'est presque un reportage.
07:23 Vous avez voulu tourner au plus près des comédiens.
07:26 J'ai tourné au plus près des comédiens.
07:28 C'est sûr. Après, ça me fait très plaisir ce que vous dites parce qu'en même temps,
07:32 il y a beaucoup de fiction et de chorégraphie sans qu'on le voit.
07:36 Mais je pense qu'on a tellement été au contact du réel, on a tellement mal axé et
07:41 moi et même les comédiens au fil de leur formation et de leur préparation physique
07:47 que je pense qu'il y a un effet immersif immédiat.
07:51 Ça me fait plaisir quand on me le dit.
07:52 C'était vraiment le but.
07:54 Préparation physique et aussi dans le maniement des armes, je crois.
07:58 Ils ont été formés par des spécialistes.
08:00 Ils ont été formés par un ancien militaire des Forces spéciales du Premier Pays.
08:05 Evidemment, le maniement des armes a beaucoup changé.
08:08 Ça me frappait qu'aux États-Unis, ils ont fait la mise à jour il y a longtemps.
08:13 On va dire peut être dans la.
08:17 En suivant les pas de Michael Mann, qui faisait appel à Mick Gould, qui est un ancien
08:20 SAS pour chorégraphier ces scènes d'action.
08:23 Et donc voilà, moi, ça m'intéressait de voir un peu comment ces gens-là évoluaient
08:29 avec ce qui est leur outil de travail et en démystifiant aussi ce que c'est l'arme
08:35 à feu au cinéma et que ça devienne des outils, juste comme un bistouri dans la main
08:43 d'un chirurgien qu'on ne l'investisse pas d'autre chose que de ce qu'il est réellement
08:49 pour ces policiers.
08:50 C'est-à-dire jouer juste un outil de travail.
08:52 Vous aviez travaillé pour le cinéma jusqu'à présent, réalisateur de Boîte Noire avec
08:56 Pierre Ninet ou de Sons of Philadelphia.
08:58 Béhari, je crois que c'est votre première série.
09:00 Alors, j'ai juste participé à l'écriture de Boîte Noire.
09:02 C'est déjà pas mal.
09:03 C'est Yann Gauvelant.
09:04 Mais c'est bien votre première série.
09:06 C'est bien ma première série, tout à fait.
09:07 C'est un travail très différent par rapport à un film.
09:10 Je pense que c'est un travail très différent par rapport à un film.
09:13 C'est un travail, bizarrement, je ne m'y attendais pas, mais que j'ai trouvé assez
09:17 proche du travail de romancier.
09:20 Que vous êtes aussi.
09:22 Oui, oui.
09:23 Et en plus, j'ai commencé par ça et j'avais l'habitude de pouvoir développer beaucoup,
09:28 beaucoup, beaucoup de personnages.
09:29 Et c'est quelque chose qu'on a moins l'occasion de faire au cinéma.
09:33 Pas parce que historiquement, ce n'est pas une tradition du cinéma, mais parce que les
09:35 films ont tendance à se ramasser aujourd'hui et en durée et autour de personnages clés.
09:40 Et là, il y avait le côté romanesque qui ressurgissait.
09:43 Donc, c'est très différent du cinéma.
09:45 Et en même temps, j'ai retrouvé quelque chose que j'avais perdu avec le cinéma.
09:49 Donc, c'était assez plaisant.
09:50 Et alors, ce qui n'est pas mal, c'est que l'on ne va évidemment pas dire ce qui se
09:53 passe à la fin de cette saison, mais dans une série, il faut que chaque épisode termine
09:59 sur ce qu'on appelle un cliffhanger, c'est à dire un suspense.
10:03 Et ça, on ne l'a pas au cinéma.
10:04 Non, c'est sûr.
10:05 Et puis, on ne peut pas avoir ce qui était aussi très jubilatoire pour nous, c'est d'essayer
10:10 de construire une série qui soit, qui n'aille que crescendo.
10:14 Oui.
10:15 Et ça participe de ce principe là.
10:18 Et ce qui aussi, je pense, récompense les gens quand ils voient le 8, c'est que la
10:24 fin du 8, émotionnellement, c'est...
10:26 Du huitième épisode.
10:27 Oui, exactement.
10:28 C'est une machine à laver et on ressort vraiment rincé de ce visionnage.
10:34 Donc, c'est aussi normal de récompenser les gens et de leur en donner plus à chaque épisode.
10:39 C'est moi, une logique que j'aime bien en tant que spectateur.
10:42 Et tout laisse penser qu'il y aura une saison 2.
10:44 J'espère.
10:45 Il faut demander à Canal+.
10:46 Vous en avez envie ?
10:47 Non, j'aimerais beaucoup.
10:48 Vous avez des choses à dire encore là dessus.
10:49 Oui, bien sûr.
10:50 Merci beaucoup d'être venu.
10:51 Merci à vous.

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