EnAvoirPourMesImpots est un nouveau site du gouvernement qui permet de savoir comment nos impôts sont utilisés, mais l'outil est loin d'être parfait.
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00:00 internet a été mise en ligne cette semaine, ça s'appelle "En avoir pour mes impôts".
00:04 Tiens, tiens, parlez-nous de cela.
00:05 Oui, ils auraient pu appeler ça "Combien ça coûte les services publics", ça marchait
00:08 aussi.
00:09 En fait, l'idée c'est de donner le prix de ce qu'on ne paye pas directement.
00:13 Par exemple, on sait tous que l'enseignement public est gratuit, sauf que ce que ça coûte
00:18 à l'État c'est par exemple 8 206 euros par an par élève au collège, ou encore
00:25 on apprend aussi sur le site le coût moyen d'un passage aux urgences, je vous le donne,
00:29 c'est 227 euros et c'est pris en charge à 80% par l'assurance maladie, c'est ça
00:34 qu'on retrouve sur ce site-là notamment.
00:36 Donc c'est une bonne idée, ça permet de savoir comment nos impôts sont dépensés.
00:39 Oui, c'est une bonne idée, mais c'est incomplet, c'est en tout cas ce que disent un certain
00:43 nombre de spécialistes.
00:45 Avec Léonie Outhier, on a montré le site à un économiste, il s'appelle Brice Fabre,
00:49 c'est un peu le monsieur fiscalité de l'Institut des politiques publiques, et pour lui il y
00:53 a notamment des confusions sur le site entre impôts, taxes et cotisations sociales, mais
00:58 surtout, il manque des infos sur qui paie quoi.
01:00 Sur ces thématiques-là, on peut avancer beaucoup plus de choses.
01:05 Une des questions centrales que se pose l'ensemble de la population, c'est qui paie les impôts
01:14 et pour quel montant, et qui reçoit les dépenses ou qui bénéficie des dépenses publiques.
01:20 Ça c'est pas dedans.
01:21 Voilà, ça c'est pas dedans, je pense que ça pourrait l'être.
01:23 Il est important de mettre, de rendre transparent des ordres de grandeur sur ce qu'on dépense,
01:32 ce qu'on prélève, dans quoi, en agrégé, et donc ça apporte des éléments, mais ça
01:37 nous va assez très loin de répondre à toutes les questions et à tous les enjeux que ces
01:42 questions soulèvent.
01:43 On peut beaucoup mieux faire quoi.
01:44 J'étais assez explicite sur mes explications précédentes.
01:49 Là où c'est quand même un poil simpliste, c'est qu'il n'y a aucune indication de l'accès
01:55 aux services publics en fonction des territoires.
01:57 Si on reprend l'exemple du coût de l'année au collège que je vous ai donné tout à l'heure,
02:01 le site donne l'info brute, mais ne prend pas en compte la qualité de l'enseignement,
02:05 le taux d'insertion des collégiens au lycée ou encore le nombre d'élèves par classe.
02:09 Pareil pour la santé, l'accès aux soins n'est pas le même si on est dans un désert
02:13 médical.
02:14 Exactement.
02:15 Certains diront qu'ils sont contents de connaître la prise en charge d'une consultation chez
02:17 un généraliste, mais s'ils n'y vont pas parce que c'est trop loin, ça ne sert pas
02:21 à grand-chose.
02:22 On a été voir une start-up spécialisée dans la fiscalité.
02:24 Eux, ils publient chaque année un baromètre qui permet de mesurer l'accès aux services
02:28 publics région par région.
02:29 On a pris quatre grands domaines, quatre grandes fonctions publiques, l'éducation, le logement,
02:36 la santé, l'accès à la fonction publique.
02:38 Et en fait, on va aller regarder, par exemple pour l'éducation, combien il y a d'établissements
02:43 scolaires en Occitanie.
02:45 Et on va le ramener au nombre d'habitants.
02:47 Et on va savoir combien il y a de collèges, combien il y a d'établissements publics par
02:50 habitant.
02:51 Et la région qui aura le meilleur score, donc le plus grand nombre de services publics par
02:55 habitant, va avoir un score de 100.
02:57 Et après, par pondération, on va pouvoir noter les autres régions.
03:02 Là, c'est vraiment sûr d'un point de vue national.
03:05 Il n'y a pas de distinction sur la région.
03:07 C'est un élément qui pourrait être approfondi.
03:08 Celui qui est à l'origine de ce site, de cette initiative en avoir pour mes impôts,
03:14 c'est Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics.
03:15 Il était partout cette semaine pour en parler.
03:18 Et ce dont il était très fier, c'était la mise en place des contributions en ligne
03:21 qui sont aussi sur le site.
03:22 En gros, c'est un questionnaire où on vous demande si vous êtes content de payer des
03:25 impôts et pourquoi.
03:27 Mais surtout, si vous avez des idées d'amélioration pour les services publics.
03:31 Ça, c'est en ligne.
03:32 Mais le ministre prévoit également d'organiser des rencontres entre contribuables.
03:35 L'objectif, c'est de pouvoir recueillir le plus possible la parole des contribuables,
03:41 des contribuables de l'impôt sur le revenu.
03:42 Je le précise.
03:43 C'est vraiment vers eux que cette opération est dirigée.
03:47 Il y aura à la fois des moments de réunion publique, physique, mais aussi potentiellement
03:51 visio.
03:52 Tout le monde n'a pas forcément le temps de se déplacer.
03:55 En fait, c'est comme si Gabriel Attal considérait que seuls ceux qui paient l'impôt sur le
04:01 revenu participent aux recettes de l'État.
04:03 Sauf que cet impôt ne représente que 10% des prélèvements obligatoires en France.
04:07 Et l'autre problème, c'est qu'il n'y a que 44% des ménages qui paient l'impôt
04:11 sur le revenu.
04:12 Ça veut dire que plus de la moitié des Français ne seront pas invités aux réunions avec
04:16 Gabriel Attal.
04:17 Eh bien non, tant pis pour eux.
04:18 L'autre annonce de cette semaine du ministre des Comptes publics, c'est la baisse des
04:21 prélèvements obligatoires et notamment de l'impôt sur le revenu.
04:24 Mais Brice Fab, quand il entend ça, ça lui rappelle qu'un impôt supprimé, ça peut
04:28 être un service public dégradé.
04:30 Le discours que l'on entend quand même depuis plusieurs années, qui souvent associe les
04:36 impôts au pouvoir d'achat.
04:38 Donc on baisse les impôts en disant que ça va relancer le pouvoir d'achat, ou du moins
04:42 le niveau de vie de la population.
04:45 Mais sans que soient explicités les choix en termes de dépenses qui sont faits en contrepartie.
04:50 On a supprimé la taxe d'habitation mais on n'a pas ajusté vraiment grand chose.
04:53 Alors qu'en fait, ça veut dire implicitement qu'il y a des dépenses en moins.
04:56 Bercy revendique déjà 100 000 vues en deux jours sur le site En avoir pour mes impôts.
05:01 Gabriel Attal s'en est félicité ce matin.
05:02 Une façon de dire que face au bruit des casseroles, le gouvernement ne reste pas sourd comme impôt.
05:07 L'idée était plutôt bonne, c'est ce qu'on comprend.
05:11 Mais peut mieux faire.
05:12 Je suis fatiguée avec vos blagues à chaque fois.
05:15 Il ne peut pas s'en empêcher.