Élection présidentielle : «Une victoire de Marine Le Pen ne doit plus être écartée d'un revers de main», assure Jérôme Fourquet

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Transcript
00:00 à la croisée des chemins où chacun espère capter les voix de ses citoyens,
00:03 électeurs en colère.
00:05 Marine Le Pen, tout le monde semble avoir intégré qu'elle peut l'emporter en 2027,
00:09 y compris le président de la République qui en a parlé dans son interview aux Parisiens.
00:14 C'est encore une question, un doute ou c'est presque, non pas une...
00:18 C'est une hypothèse qui devient tout à fait plausible aujourd'hui.
00:20 Écoutez, nous, sur la base des enquêtes qu'on peut mener à l'IFOP,
00:24 et puis encore plus certainement sur la base des résultats électoraux,
00:29 notamment de la dernière élection présidentielle et des dernières élections législatives,
00:34 nous considérons que l'hypothèse d'une victoire de Marine Le Pen
00:39 lors de la prochaine élection présidentielle
00:43 est aujourd'hui une hypothèse sur laquelle il faut plancher,
00:46 sur laquelle il faut travailler, et qu'on ne doit plus, comme par le passé,
00:50 l'écarter par construction d'un revers de main.
00:53 On considérait que la marche était beaucoup trop haute à franchir jusqu'en 2022,
00:58 mais quand elle a atteint 41,5% des voix au deuxième tour,
01:02 ce qui de notre point de vue est colossal,
01:04 quand quelques semaines plus tard,
01:06 89 députés du Rassemblement national ont fait leur entrée au Parlement,
01:12 et bien, raisonnablement, et j'allais dire professionnellement,
01:16 on ne peut plus écarter l'hypothèse d'une victoire.
01:21 Donc il y a un bascule même dans votre travail en tant que politologue,
01:24 plus largement en secondaire.
01:26 Alors le fait qu'on ne doive plus l'écarter ne veut pas dire que ça va se produire,
01:30 mais ça veut dire que ça rentre dans le champ des possibles
01:34 et qu'il va falloir regarder comment les choses évoluent.
01:37 Jérôme Fourquet, que pensez-vous de l'analyse de Patrick Buisson,
01:40 l'ancien conseiller politique de Nicolas Sarkozy,
01:42 qui dit que tous les commentateurs se trompent,
01:44 que Marine Le Pen n'y arrivera jamais, qu'elle n'aura jamais le vote d'idiot préféré ?
01:50 Parce qu'elle n'écoute pas ses conseils, c'est ça ?
01:53 Écoutez, à 41,5% des voix au deuxième tour,
01:58 on pense que la dernière marche à franchir n'est plus inatteignable.
02:04 Il n'y a plus de plafond de verre, c'est ça que vous voulez dire ?
02:05 Il n'y a plus de plafond de verre.
02:06 J'ai l'impression d'entendre ça depuis très longtemps, si je peux me permettre.
02:08 On nous dit « entre deux élections présidentielles »,
02:11 on entend toujours « maintenant c'est la possibilité que Marine Le Pen l'emporte ».
02:14 Depuis 15 ans, j'ai l'impression que c'est un discours qui tourne en boucle.
02:16 Nous, à l'IFOP, on n'a jamais dit ça.
02:18 D'accord.
02:19 Jusqu'à 2022, c'est une hypothèse nouvelle dans votre cas.
02:21 Dans notre cas.
02:22 Mais vous entendez, réellement, cette petite proposition de votre public.
02:24 Oui, bien sûr. Ça participe aussi aux toxins
02:28 de ceux qui voulaient sonner la mobilisation antifasciste,
02:31 en disant « attention, la menace est à nos portes », etc.
02:35 Nous, en essayant de regarder froidement et objectivement les chiffres,
02:38 on considérait que tout ça n'était pas sérieux.
02:40 Elle n'a pas un déficit de crédibilité dans vos enquêtes.
02:43 Alors, il y a toujours bien évidemment des choses qui demeurent perfectibles
02:48 sur l'image de Marine Le Pen.
02:51 Mais vous savez qu'une élection, c'est à la fois
02:55 quelqu'un qui se présente au français, mais également une comparaison.
02:59 Et ce qui se passe, c'est pas forcément, on le voit en termes d'image,
03:03 une Marine Le Pen qui gagnerait très fortement en présidentialité,
03:08 en crédibilité, même si nos enquêtes indiquent qu'il y a un mouvement dans ce sens.
03:12 Mais c'est l'autre phénomène concomitant, c'est-à-dire que le reste de la concurrence,
03:17 quelque part, sur le papier, pour beaucoup de français, ne la surclasse plus.
03:23 Et donc le handicap structurel qui était le sien en termes de présidentialité,
03:27 petit à petit s'efface.
03:28 Ça, c'est si on se polarise uniquement sur la question des images personnelles.
03:32 Et puis il y a toute la toile de fond dont on a parlé précédemment,
03:35 sécurité, immigration, pouvoir d'achat, qui sont des ressorts puissants
03:40 qui ont contribué à la dynamique que nous connaissons aujourd'hui.
03:43 – Mais est-ce qu'il y a un basculement de la logique du cordon sanitaire ?
03:45 Parce que pendant un temps, on parlait de l'extrême droite,
03:47 ensuite, ces derniers temps, on parlait des extrêmes.
03:51 Et là, depuis un temps, dans le débat sur les retraites,
03:55 le projecteur était placé vers la France insoumise, vers Jean-Luc Mélenchon.
03:59 Est-ce que finalement, le visage de la peur a changé, passe de Le Pen à Mélenchon ?
04:04 – Il y a toujours toute une partie de français qui serait totalement horrifiée
04:10 de la perspective d'une victoire de Marine Le Pen.
04:12 Mais encore une fois, le paysage s'est archipélisé, s'est fragmenté.
04:17 Et le statut de paria dont souffrait le Rassemblement national
04:24 ne lui est plus uniquement attribué à elle,
04:28 mais on a également aujourd'hui une gauche de la gauche
04:32 qui, par le spectacle qui est donné à l'Assemblée nationale,
04:35 qui, par un certain nombre d'actions qui sont menées sur le terrain,
04:39 peut également susciter la réprobation.
04:42 Donc encore une fois, Marine Le Pen avait mis en place une stratégie de dédiabolisation.
04:49 Donc maintenant, on a l'impression qu'on est en saison 2,
04:51 c'est une phase de respectabilisation, de banalisation,
04:58 ce qu'elle peut se permettre dans la mesure où toute une partie
05:02 du monde politico-médiatique contribue de lui conférer un statut à part.
05:06 C'est-à-dire qu'elle, quelque part, se respectabilise,
05:09 mais pour l'électorat qui est très remonté, entre guillemets,
05:13 contre le système, de manière subliminale, quasiment en permanence,
05:18 il ressent, consciemment ou inconsciemment, que si on veut faire mal au système,
05:25 c'est plus en votant pour elle que pour Mélenchon.
05:28 Je vous donne juste un ou deux exemples.
05:31 On n'a aucun, à ma connaissance, aucun artiste qui refuse de jouer un concert
05:38 dans une ville dirigée par une majorité de gauche ou insoumise.
05:43 Ça se passe pour les villes du Rassemblement national.
05:46 Vous avez très régulièrement des registres sémantiques qui sont employés,
05:52 quand on parle de Marine Le Pen ou du Rassemblement national,
05:55 sur le péril, le danger, la menace, etc.
05:59 Et donc tout ça infuse dans une partie de l'opinion publique
06:04 et contribue à donner à Marine Le Pen ce statut toujours un peu à part.
06:08 Donc si j'essaie de me résumer, le handicap structurel qui était le sien
06:13 en termes de crédibilité, vu l'affaissement au niveau général,
06:21 se résorbe et en même temps, elle continue et son parti continue
06:26 d'avoir un statut un peu à part, qui est celui du parti des outsiders.

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