« La Seria » est la première fiction entièrement produite en région Occitanie
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00:00 Bonjour Fabrice Valéry, vous êtes le responsable des programmes de France 3 Occitanie et bonjour
00:05 Amik Bédel, vous êtes le co-scénariste et le réalisateur de cette série en 5 épisodes
00:10 qui est un ovni.
00:11 C'est l'histoire de deux trentenaires qui tentent de créer une série en Occitan, ça
00:15 va les emmener dans un road trip assez improbable.
00:17 On écoute un extrait.
00:18 Alors si vous n'avez pas tout compris, c'est normal, c'est moitié en français, moitié
00:45 en occitan, il y a parfois aussi du serbo-croate et du catalan, je vous rassure c'est sous-titré.
00:50 Racontez-nous la naissance de ce projet Amik.
00:53 Ça partait de l'idée que moi je fais des films en occitan, des documentaires, des choses
00:58 comme ça, je me suis beaucoup intéressé à la matière, à la littérature orale occitane,
01:03 je fais beaucoup de collectage et puis enfin je me suis toujours dit pourquoi cette langue
01:07 qui est dans mon environnement n'a pas plus de visibilité, pourquoi il n'y a pas plus
01:11 de fiction et en fait si on compte sur les quarante dernières années, il y en a très
01:14 peu, il y a très peu de films non-métrages, il y en a quatre peut-être sur quarante ans.
01:18 Et donc pourquoi il n'y a pas cette visibilité et si nous on essayait de la donner cette
01:23 visibilité, de faire de la fiction en occitan.
01:25 Parce que vous militez pour que cette langue occitane ne disparaisse pas ?
01:28 Oui, moi ça me ferait mal au cœur parce que c'est une langue de famille.
01:34 Vous la parlez cette langue ?
01:35 Oui, j'ai eu la chance qu'on me la transmette, ce qui est assez rare finalement aujourd'hui.
01:39 Mais oui, c'est une langue que j'aimerais pas voir disparaître mais qui est très mal
01:44 en point.
01:45 C'est-à-dire que oui, comme d'autres langues, elle est en danger.
01:50 Donc c'est une série clairement militante ?
01:52 Oui, c'est une série qui a un fond militant, c'est sûr, qui a un fond politique, on peut
01:56 le dire aussi, mais qui aussi, l'idée c'était pas du tout de parler aux militants, c'est
02:01 de parler à plus large et de faire une série qui se regarde, qui soit divertissante mais
02:06 en même temps qui a un fond culturel.
02:08 Comment France 3 Occitanie est arrivé dans ce projet Fabrice Valéry ?
02:11 On travaille avec Amik sur d'autres programmes depuis longtemps, on se connaît et puis il
02:16 y avait eu des premiers contacts parce que l'histoire est ancienne, de plusieurs années,
02:20 il y avait eu des premiers contacts avec mes prédécesseurs.
02:23 Mais à l'époque, les programmes régionaux de France 3 n'allaient pas sur ce terrain-là,
02:28 celui de la fiction, encore moins celui de la série.
02:31 Oui parce que vous avez des programmes en Occitan mais pas de série encore ?
02:35 Non, c'est une nouveauté, pas de série du tout d'ailleurs, Occitan ou pas, et l'idée
02:40 c'était de se dire que de toute façon aujourd'hui le monde a changé, les programmes télé et
02:46 les programmes de plateforme, les gens sont beaucoup aujourd'hui clients de séries et
02:53 que là il y avait quelque chose de très moderne.
02:56 Parce que moi ce que je veux dire c'est qu'on n'a pas fait Jacques Houle Croquant, j'ai
02:59 beaucoup de respect pour Jacques Houle Croquant ou d'autres.
03:01 Vous ne parlez pas aux jeunes auditeurs là, en citant Jacques Houle Croquant.
03:04 Mais justement la série elle parle à tous les publics et c'est ça qui est intéressant
03:08 et cette mise en abyme qu'il y a du monde des séries et de la production, alors là
03:13 évidemment avec deux pieds nickelés, mais de la façon dont on peut galérer pour produire
03:20 une série tout en produisant cette série et en la faisant avec ce côté multilinguiste,
03:27 c'était très moderne.
03:30 Et la façon d'écrire et de réaliser de Amix, c'est ça qui nous a aussi séduit
03:34 dès le début.
03:35 Parce que vous pensez qu'un breton, un alsacien, un parisien peut aimer cette série qui ne
03:40 lui parle pas ?
03:41 Non mais Céline ne me dites pas qu'on n'avait jamais regardé une série romantique coréenne
03:45 en VO sous-titrée ?
03:46 Alors coréenne non, mais d'autres langues oui.
03:48 Donc voilà, on trouve aujourd'hui sur toutes les plateformes payantes, je rappelle que
03:52 France.tv est une plateforme du service public, une plateforme gratuite, accessible à tous.
03:56 On trouve des séries en VO sous-titrées de partout.
04:00 Pourquoi l'Occitan aujourd'hui ne serait pas une langue qui aurait sa place dans ce
04:05 domaine-là ?
04:06 Et je pense que ce qui peut surprendre justement les gens qui vont regarder cette série, c'est
04:11 que c'est pas ringard, c'est pas...
04:14 Même s'il y a des débats avec les comédiens dans le scénario sur l'usage de l'Occitan,
04:20 du patois ou des langues régionales, sur leur vivacité, c'est vraiment une série
04:25 qui est très moderne.
04:26 Je le dis, elle est très contemporaine.
04:27 Je le confirme.
04:28 Il s'est passé six ans, je crois, Amik, entre le tournage du premier et du deuxième épisode.
04:33 Qu'est-ce qui s'est passé ?
04:35 C'est le lot souvent des séries.
04:37 C'est difficile à monter, c'est difficile à financer.
04:39 C'est notre histoire.
04:40 Il y avait beaucoup de producteurs qui n'y croyaient pas.
04:43 Et puis il a fallu le temps.
04:45 Peut-être que les mentalités évoluent.
04:47 Aussi que la diversité au cinéma en général fasse son chemin.
04:52 Et nous on fait partie de ce chemin-là, de diversité.
04:55 Donc les gens sont plus enclins à écouter d'autres langues, à voir d'autres histoires
04:59 et à opter pour un cinéma aussi un peu plus décentralisé.
05:02 Il y a un esprit complètement burlesque dans la série.
05:06 Quelles ont été vos sources d'inspiration ?
05:08 Avec Julien Campredon qui est le co-auteur, on partage un goût pour un humour un peu
05:14 acidulé.
05:15 On pourrait parler des Monty Python, on pourrait parler de Dupontel, on pourrait parler en
05:21 littérature BD des requins-marteaux qui est une maison d'édition qui était à Albi
05:26 et qui est à Bordeaux, qui nous a beaucoup inspiré aussi.
05:28 En tout cas qui fait partie du domaine d'inspiration.
05:30 C'est à la fois très ancré dans le réel, dans l'écriture, dans la mise en scène,
05:34 et caricatural.
05:35 Êtes-vous d'accord ? Les personnages sont complètement déjantés.
05:38 Oui, c'est une volonté.
05:40 Nous on a joué le burlesque en disant que le burlesque servait la réalité.
05:44 On pouvait parler du réel.
05:45 Et donc nos personnages, on peut les considérer tous comme des caricatures.
05:48 Ils ont tous des gros défauts.
05:49 Et en même temps, ils nous ressemblent pas mal.
05:52 Fabrice Valéry, ces séries produites par France 3 Occitanie, vous avez cassé votre
05:56 tirelire ?
05:57 Non, parce qu'on sait aussi travailler en région avec des façons de faire différentes.
06:03 Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions, ou Philippe Martignetti qui dirige le réseau
06:09 régional nous impulse aussi une volonté d'aller chercher tous les publics.
06:14 Et donc en utilisant nos moyens, on fait aussi des choix, forcément.
06:18 Et quand on fait le choix de produire cette série, on fait pas autre chose à côté.
06:22 Mais au moins, on se dit qu'on peut aller toucher un public.
06:25 Celui de la télé, il est très fidèle.
06:27 Il est un peu âgé.
06:28 On ne le dénigre pas pour ça.
06:30 C'est pas péjoratif.
06:31 Cette fidélité-là est importante pour France Télévisions, y compris en région.
06:34 Mais il faut qu'on aille aussi, en tant que service public, chercher tous les publics.
06:37 Et donc, c'est non pas un sacrifice, mais c'est un choix.
06:41 Et que France Télé décide de mettre cette série sur sa plateforme, France.tv, donc
06:45 au niveau national, ça, ça révèle quelque chose.
06:48 Sur la home même, la une de France.tv, c'est très bien parce que ça montre qu'en région,
06:54 et pas seulement en Occitanie, dans toutes les régions de France 3, mes collègues,
06:58 on essaye de se bouger, de faire des choses qui sont créatives et d'avoir un esprit
07:02 un peu moderne, un peu rock'n'roll, burlesque là pour la série, ou parfois qui sort un
07:07 petit peu du quotidien des programmes régionaux.
07:10 Et pour ceux qui ne vont pas sur la plateforme, on pourra le voir sur France 3 Occitanie ?
07:13 On pourra le voir, sans doute à la rentrée de septembre, sur France 3 Occitanie.
07:17 Merci beaucoup d'avoir fait le déplacement, Amik Bédel et vous Fabrice Valéry, depuis Toulouse.