Renaud Rahard, directeur des programmes du groupe Warner et Léna, qui a participé à l'expérience, sont les invités de Célyne Bayt-Darcourt dans Info médias, lundi 19 février sur franceinfo.
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00:00 Céline Baédercourt, vos invités médias puisqu'il y en a plusieurs aujourd'hui nous proposent un
00:04 voyage dans le passé. M6 lance ce soir l'école à remonter le temps, une immersion dans les classes
00:09 de 1880, 1930, 1950 et 1980. Vous recevez ce matin le producteur du programme et l'une des participants.
00:17 Je commence par Léna, bonjour à toi. Bonjour. Tu as 14 ans, tu es l'une des 15 collégiennes et
00:22 collégiens téléportés dans l'école d'antan. Bonjour à vous également Renaud Rahr, directeur
00:27 des programmes de Warner qui produit ce format, c'est donc vous qui l'avez fabriqué. Alors des
00:31 élèves de 5e et 4e mais aussi trois professeurs et un chef d'établissement participent à cette
00:36 expérience. Ils sont alors vêtus comme à l'époque, ils prennent les cours de l'époque, ils jouent
00:40 dans la cour de récréation comme à l'époque, ils vivent tous le quotidien scolaire des années.
00:45 Ils mangent comme à l'époque. Exactement, le tout avec la voix off de Laurent Deutsch pour remettre dans le
00:50 contexte historique. Quel est le but de cette émission Renaud Rahr ? C'est pédagogique, c'est
00:54 sociologique, c'est nostalgique ? Nostalgique j'espère pas, l'idée c'était de faire découvrir
00:59 100 ans d'école. On part de 1880, l'école devient obligatoire, c'est Jules Ferry. 100 ans après on
01:05 est en 1980 donc après 68, une grande transformation à l'école. On a retenu deux autres décennies,
01:11 1930-1950, parce que c'est des moments de véritable évolution de la société, en se disant à chaque
01:16 fois l'école est un reflet de la société. Et ce qui nous intéressait c'était quelle va être la
01:21 réaction des élèves d'aujourd'hui, des professeurs d'aujourd'hui, quand on va les plonger dans ce
01:26 bain là, sans petite bouée, et qu'ils vont devoir nager dans ces époques là, effectivement comme
01:32 vous l'avez dit, avec le programme scolaire et avec tout ce qui va avec. Après je laisse la parole à Léna.
01:36 Qu'est-ce qui t'a intéressée dans ce projet Léna ? Beaucoup de choses, déjà les tenues,
01:41 les tenues, moi je ne m'y attendais pas, les jupons, les robes, les chapeaux, etc.
01:49 Ça m'a beaucoup plu, tout ce qui était tenue. C'est vrai, ça t'a plu les tenues ?
01:54 Pas du tout à la mode. Pas toutes, certaines, par exemple celle de 1880, j'ai trop aimé,
02:01 elle était trop, comment expliquer, c'était chic, un peu chic je trouve. On était chic,
02:08 j'ai moins aimé 1950, un peu trop de couleurs pour ma tenue, mais sinon les années 80, trop bien.
02:14 Tu connaissais les autres élèves ? Non, pas du tout, c'était comme une vraie rentrée scolaire en fait.
02:19 On ne connaissait personne. Comment vous les avez choisis les enfants, Honorat ?
02:24 Comme on fait un casting d'habitude, en essayant d'être le plus représentatif de ce qu'est la France et la société aujourd'hui.
02:30 Autant de garçons que de filles, venant d'horizons différents, ne se connaissant pas pour qu'ils soient tous sur la même ligne de départ quand on commence le programme.
02:38 Et ensuite que ça fasse, comme tu le dis très bien, comme une rentrée scolaire, où il faut chercher des gens avec qui on s'entend,
02:45 ceux qui vous exaspèrent, créer ces bandes pour que ça provoque un maximum de réaction.
02:49 Et j'ajoute, c'était important pour nous qu'ils soient très réactifs, donc on les a choisis réactifs, sachant exprimer leurs pensées.
02:56 Parce que continuellement dans le programme, on a besoin et on leur demande leur réaction par rapport à tout ce qu'ils vivent,
03:01 après chaque leçon, après chaque moment, après chaque journée d'école, parce que chaque décennie est symbolisée par une journée d'école
03:07 dans chaque épisode. Et donc il nous fallait leur réaction perpétuelle pour avoir ce contraste et cet avis sur hier vu aujourd'hui.
03:15 Mais justement, dans ces moments-là, moi je les trouve extrêmement matures et responsables. Est-ce que vous avez été surpris par ça ?
03:21 Ben non, parce qu'on les avait bien choisis. Non, honnêtement, on a été très contents. On n'a pas été surpris, parce que c'est vrai qu'on avait choisi
03:27 des gens qui savent articuler leurs pensées et dire exactement ce qu'ils ou elles pensent.
03:32 Mais on a été très très heureux de la manière d'approcher les choses, de regarder le monde, de regarder hier, de pouvoir parler d'aujourd'hui.
03:41 Oui, c'était ça, c'était un vrai bonheur.
03:42 Il y a peut-être un moment traumatisant pour toi, Léna, parce que tu es gauchère.
03:46 Oui.
03:46 Et à l'école de 1880, on n'a pas le droit d'être gauchère. Donc explique-nous ce que le professeur t'a fait.
03:52 Eh ben le professeur, il m'a attachée la main. Donc j'ai été un peu choquée sur le moment. En fait, je ne comprenais pas.
03:57 J'étais "hein ? Qu'est-ce qui se passe ? Attendez, on m'attache là ?" Et je ne comprenais pas. Et ça m'a un peu choquée.
04:03 Je me suis dit, à l'époque, les gauchers, les pauvres, ils étaient obligés d'écrire avec la main droite.
04:06 Déjà, quand on est gaucher, ce n'est pas facile. Et puis en plus, être attachée, c'est un peu humiliant.
04:10 Ça, c'est ton pire moment ? Ou il y en a d'autres ?
04:13 Non, non, non, ce n'est pas le pire.
04:15 C'est lequel ?
04:15 Le cours d'histoire sur les races. C'était choquant. En fait, on ne s'y attendait pas.
04:21 On n'était pas préparée parce qu'on vit dans un monde actuel où le racisme est moins présent, tout simplement.
04:28 Et donc là, on était confrontés à du racisme pur et dur. Et on était complètement tétanisés.
04:33 On ne savait pas comment réagir. On était comme ça.
04:35 Il y a eu un gros malaise dans la classe.
04:36 Oui, il y a eu un gros malaise.
04:37 Ça aussi, ça vous a surpris, Renora ? Ou pas du tout ?
04:39 Non, ça ne m'a pas surpris. Et là aussi, j'en suis heureux.
04:42 Après, il y a eu plein de moments où les enfants n'ont pas réagi comme on imaginait.
04:49 Lequel ? Un exemple ?
04:51 Par exemple, on était à peu près sûr d'avoir une réaction sur cette leçon des années 30
04:56 et la manière dont on regardait les humains et dont on les classait.
05:00 Mais par exemple, on avait prévu une leçon sur la guerre et on s'était dit qu'il y aurait un certain nombre de réactions
05:05 compte tenu de la guerre en Ukraine quand on a tourné.
05:09 Les autres événements n'étaient pas arrivés à ce moment-là et on n'a pas eu vraiment de réaction.
05:13 Donc, on n'a pas eu toujours les réactions là où on les attendait,
05:16 ce qui n'a pas empêché qu'on ait gardé les moments où ils ont eu les meilleures réactions.
05:20 Et quel a été ton moment préféré, à l'inverse, Léna ?
05:22 Mon moment préféré, je dirais que c'était le cours de dactylographie.
05:28 Pourquoi ?
05:29 Parce que, déjà, moi j'aime beaucoup la littérature, j'aime beaucoup écrire
05:33 et je trouvais ça super intéressant d'écrire sur une machine à écrire.
05:36 C'était super, hyper intéressant et très amusant.
05:40 Ce qui m'a étonnée, c'est que vous, les filles, vous avez pris des cours de couture qui étaient obligatoires,
05:45 mais vous avez aimé ça.
05:46 Oui, pas toutes, mais la plupart ont aimé parce qu'on n'avait jamais fait ça.
05:52 Ce n'est pas quelque chose qu'on fait actuellement à l'école.
05:54 Et donc, on a...
05:54 Et tu aimerais avoir des cours de couture ?
05:56 Moi, j'aimerais en option, pas obligatoire, mais en option,
05:59 et que tout le monde puisse y participer.
06:00 Mais ouvert aux garçons aussi.
06:01 Exactement.
06:02 Voilà, c'était...
06:03 Et puis, il y a le discours aussi où, à l'époque, les professeurs disaient
06:07 "Comment être une bonne femme au foyer, une bonne épouse, ça, ça vous révolte, vous les filles."
06:10 Ah ! Voilà !
06:14 Il y a des historiens qui ont participé au programme, Renora.
06:16 Alors, il y a...
06:18 Notre mini-rédaction a beaucoup travaillé en allant au Musée de l'Éducation Nationale à Rouen
06:23 pour faire les recherches.
06:24 Et il y a un historien qui a relu tout ce qu'on avait fait pour être sûr,
06:28 pour dire par exemple, pour coller un peu à l'actualité,
06:30 que non, il n'y a jamais eu d'uniforme à l'école.
06:32 Il n'y a donc pas d'éventuel retour à l'uniforme.
06:35 Il y a peut-être un désir, un fantasme d'uniforme, mais ça n'a pas existé.
06:39 Il n'y avait pas de politique de ce point de vue-là.
06:40 Léna, tu aimerais l'uniforme à l'école ?
06:43 Oh, je n'ai pas forcément d'avis.
06:44 On va dire que s'il y en a un, ça ne me dérange pas.
06:47 Puis, s'il n'y en a pas, c'est cool, je peux m'habiller comme je veux.
06:50 Tout lui va, Léna.
06:52 En tout cas, c'était vraiment un très, très bon programme que je conseille à tout le monde.
06:56 Il est drôle, il est pédago, il est instructif.
06:58 Bravo à tous les deux et merci d'être venus nous voir.
07:00 Et merci à Céline Baillet d'Aircourt.
07:02 L'école a remonté le temps, c'est ce soir à 21h10 sur M6.
07:06 [Musique]