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Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous raconte sept sœurs qui le valaient bien. Nées aux États-Unis, entre 1845 et 1865, les Sutherland Sisters deviennent de véritables stars grâce… À la longueur de leurs cheveux: onze mètres à elles sept !

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Transcription
00:00 Europain, historiquement vôtre avec Stéphane Berne.
00:04 Tous les jours, vous le savez, historiquement vôtre,
00:06 je vous raconte l'histoire sans se la raconter avec Jean-Luc Lemoyne
00:08 qui vient tout juste de mettre le point d'interrogation finale,
00:11 Zangouiz.
00:11 Oui, je vous l'avoue, pour l'indice musical,
00:13 je ne me suis pas trop cassé la tête.
00:15 Blue Jean.
00:18 Oh, jean.
00:20 Blue Jean.
00:21 Oui, la chanson, c'est Blue Jean.
00:22 Donc, on va parler de Blue Jean.
00:24 Oui, on va parler de Jean, voilà.
00:25 Même si dans la chanson, il parle d'une jeune fille,
00:27 je trouvais que c'était assez explicite pour parler de Jean.
00:29 Blue Jean, exactement.
00:31 Mais avant de nous affronter dans le quiz,
00:34 eh bien, je vais laisser Clémentine Portier-Keselbach
00:36 nous raconter des histoires dont elle seule a le secret.
00:39 Et aujourd'hui, Clémentine,
00:43 vous avez presque pris le thème du crêpage de chignon au pied de la lettre
00:47 puisque vous nous racontez les Sixerland Sisters,
00:49 sept sœurs qui le valent bien et qui avaient 11 m de cheveux à l'école.
00:54 Oui, Victoria, Sarah, Isabella, Naomi, Dora,
00:58 Grace et Mary.
01:00 Elles sont nées entre 1845 et 1865.
01:04 En 20 ans, leurs parents n'ont pas chômé,
01:07 d'autant que c'était une famille tout à fait misérable
01:10 qui vivait de l'élevage des dindes à Cambria,
01:13 dans le comté de Niagara, New York.
01:16 Et leur mère faisait une fixette sur leurs cheveux.
01:20 Elle leur interdisait de les couper
01:23 et surtout, elle les badigeonnait d'une sorte d'ongan
01:26 dégageant une odeur absolument infecte
01:28 mais qui, selon elle, les rendait épais et forts.
01:32 Alors, les pauvres filles, les Sixerland Sisters,
01:35 à l'école, tout le monde se fit chez elles.
01:36 Elles étaient complètement ostracisées
01:38 parce qu'avec leurs longs cheveux et l'odeur dégoûtante...
01:43 - Elles tuaient des cheveux.
01:44 - Leur mère s'en fichait complètement.
01:45 Mais leur père élevait des dindes,
01:48 pas seulement ses filles, mais des dindes aussi.
01:50 Et en plus d'être fermier, il était révérend.
01:53 Il avait compris que ça avait quand même beaucoup d'allure,
01:57 cette fratrie des sept sœurs avec leurs grands cheveux.
02:00 Il leur a fait apprendre des instruments de musique,
02:01 il les faisait chanter à l'église ou dans des fêtes villageoises.
02:05 Et puis, ça rapportait quelques sous
02:07 pour rajouter des légumes dans la dinde dominicale.
02:11 Mais bien vite, il se rend compte qu'en fait,
02:12 ce qui fascine les spectateurs quand ces filles se produisent,
02:16 ce ne sont pas tellement leurs performances musicales,
02:19 c'est surtout leurs cheveux.
02:22 Et du coup, quand elles meurent en 1867,
02:25 son mari Fletcher, le père des filles,
02:27 décide d'exposer ses filles au public pour se faire un peu d'argent.
02:30 Donc, ça vous allez le retenir, sept sœurs, onze mètres de cheveux.
02:35 La sœur aînée, dont les cheveux sont les plus courts de la fratrie,
02:37 a quand même un mètre de cheveux ondulé,
02:40 plus de deux mètres de long pour Victoria,
02:42 dont les cheveux traînent au sol comme elle marche.
02:45 C'est d'ailleurs pas très beau.
02:46 Pour les séances photo,
02:47 comme il faut vraiment donner l'impression que les cheveux sont très très longs.
02:50 Alors, celles qui ont les cheveux les plus gros reposent assises,
02:52 et puis les autres, imperceptiblement,
02:55 elles penchent un peu la tête en arrière, comme ça.
02:57 En tout cas, le but, c'est que les cheveux touchent le sol.
03:00 En tout cas, Fletcher avait raison, ça marche.
03:03 Elles sont présentées comme les sept merveilles les plus agréables au monde,
03:07 de quasi déesses.
03:09 Nous, ça ne nous dit plus rien aujourd'hui,
03:10 mais elles ont été des stars, ces femmes.
03:12 Alors, quand on pénètre dans la pièce où elles sont présentées,
03:16 le lieu est décoré avec soin.
03:18 C'est un salon très raffiné.
03:20 Elles portent de magnifiques robes,
03:21 et on raconte leur histoire.
03:23 Oh, c'est ce qu'on fera pour vous, Stéphane.
03:25 On raconte leur histoire sur fond de musique religieuse.
03:30 Ah, ça marche très bien.
03:32 Et comme leur père a compris que leur chevelure est une mine d'or,
03:36 il repense à l'espèce d'ongan que produisait sa femme,
03:39 et il décide de commercialiser une sorte de tonique favorisant la pousse des cheveux.
03:43 Il s'associe à un homme d'affaires avec lequel il fonde la Susserland Sisters Corporation,
03:49 et il dépose le brevet de l'activateur de Pousse Seven Susserland Sisters.
03:54 C'est un tournant majeur dans l'histoire familiale,
03:57 car les Susserland Sisters deviennent richissimes.
04:00 Elles font la une des journaux.
04:02 Au milieu des années 1880,
04:04 elles sont de véritables stars,
04:05 et les gens les arrêtent dans la rue comme on vous arrête vous.
04:08 Ah, montrez-moi vos beaux cheveux, je vous ai fait dans le journal.
04:11 Bon...
04:13 On vous arrête pas pour vous caresser.
04:14 Non, mais on vous dit des choses gentilles, en tout cas.
04:17 Elles, on va leur proposer des milliers de dollars pour se couper les cheveux.
04:22 Bien entendu, elles refusent.
04:24 Leur tonique activateur, c'est très malin, est vendu assez cher,
04:28 de un demi-dollar à un dollar cinquante.
04:30 Le pot, ce qui équivaut à l'époque au salaire hebdomadaire moyen d'un Américain,
04:35 dans les années 1880.
04:36 Donc c'est un très bon positionnement.
04:39 Elles visent les femmes les plus aisées, donc elles deviennent très riches.
04:42 Ce sont de véritables businesswomen,
04:44 et quand leur père meurt en 88, elles continuent à gérer l'entreprise.
04:48 Elles enrichissent la gamme de produits,
04:49 elles créent des articles de coiffure, de coloration.
04:52 Elles voyagent dans tous les États-Unis.
04:54 Évidemment, elles sont une publicité vivante pour leurs produits.
04:56 Elles partent à 7 là et tout le monde...
04:58 Oh, les beaux cheveux, il me faut leur lotion.
05:00 Bon, alors elles ont adoré des foules richissimes, tout va bien.
05:03 On estime qu'en 1890, leur fortune s'élève à 3 millions de dollars.
05:09 Elles commencent à dépenser un peu n'importe comment.
05:11 Elles ont un nouveau train de vie luxueux à New York.
05:13 Elles organisent des bains, des soirées de gala.
05:16 Chacune d'elles a une femme de chambre personnelle
05:19 qui est payée pour la peigner et démêler ses cheveux,
05:22 et non pas les créper.
05:24 Elles se font construire dans leur région natale un manoir de 14 pièces,
05:28 une sorte de petit château à tourelle avec des coupoles,
05:31 des lus, des salles de bain de marbre, etc.
05:34 Mais enfin, le problème, c'est que, vous voyez, ça, par contre, ça ne vous concerne pas.
05:37 Mais elles, elles sont devenues tellement riches et oisives
05:39 avec leur chien à laquelle elles sont ennuies.
05:42 Et certaines d'entre elles se mettent à fumer de l'opium et à consommer de la cocaïne.
05:45 Alors, bon, pour ne rien arranger, dans les années 1910,
05:48 c'est la Vogue des coupes à la garçonne.
05:50 Bon, alors, tout ça, les ventes d'activateurs de pouces, ça commence à s'essouffler.
05:55 L'entreprise familiale met la clé sous la porte.
05:57 Leur manoir prend feu.
05:58 Les documents, les brevets, les recettes, tout part en fumée.
06:01 Et bon, la dernière des sept sœurs, elle est morte en 1946 dans la pauvreté.
06:05 Elle avait 92 ans.
06:08 Il nous reste les spectaculaires photos du temps de leur gloire.
06:11 Les Sussurland Sisters et leurs 11 mètres de cheveux.
06:15 Je me demande si on les a gardés, leurs tignasses, peut-être, dans un reliquaire.
06:19 - Ce serait bien. Merci Clémentine. - Ce serait très bien, vous avez raison.

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