Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous emmène à Fontainebleau, aux côtés de la reine Christine de Suède (1626-1689). En 1657, alors qu’elle séjourne en France après avoir abdiqué, la reine est trahie par son grand écuyer et ancien amant, Giovanni Monaldeschi. Malgré les supplications de ce dernier, elle ordonne son assassinat.
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00:00 - Dans l'intimité de l'histoire. - Et aujourd'hui Clémentine, vous revenez sur le destin de la reine Christine de Suède.
00:07 Un destin entaché à cause de deux gentils hommes qui pourtant en pinçaient pour elle. - Bah oui c'est justement ce passage
00:14 tragique, vraiment c'est une tâche sur son drapeau qui s'est déroulée pendant qu'elle séjournait en France. Elle était entourée de deux hommes
00:21 qui avaient été ou étaient encore ses amants, deux italiens.
00:26 Le premier est le marquis Reynaldo Monaldeschi, elle l'a rencontré justement en Italie en 1652
00:32 et c'est sans doute le premier homme qu'elle a aimé, dont elle est vraiment tombée amoureuse.
00:37 De sorte que quand ses sentiments se sont un peu attiédis, quand le monsieur a cessé de l'intéresser,
00:43 et ben elle en a fait son grand écuyer et elle l'a affecté à des missions diplomatiques.
00:48 Et évidemment elle a trouvé plus jeune et plus beau, plus à son goût, le jeune comte
00:53 Martinelli, son chambelan et capitaine des gardes. Donc elle est avec ces deux messieurs,
00:58 son ancienne amant et son nouvel amant à Fontainebleau, les deux bien sûr sont rivaux et se haïssent cordialement.
01:05 Alors que le Monaldeschi se dit "mais comment pourrais-je
01:09 revenir dans la faveur de la reine ?" et il fait circuler des lettres
01:14 infamantes à propos d'elle, en fait ce sont des lettres dont il est l'auteur, mais il les attribue à son rival.
01:22 Or ces lettres parviennent à Christine, en fait elles lui parviennent par une ancienne maîtresse de Monaldeschi,
01:28 il l'a laissé tomber donc elle n'est pas contente, donc elle va prendre les lettres, elle va les faire parvenir à la reine.
01:34 Et la reine une fois qu'elle a ses lettres absolument abjectes entre ses mains, elle reconnaît parfaitement
01:39 l'écriture de son ancienne amant, elle le convoque, elle lui tend ses lettres et elle la câble devant témoin.
01:47 "Traître lui a sentella, c'est presque aussi puissant que maudit, soyez vous dit,
01:51 traître lui a sentella." Alors Monaldeschi lui commence par nier l'évidence "mais non c'est pas moi, pas du tout mais
01:58 voyons qu'il ne fait que s'enfermer", il tombe à genoux au pied de sa maîtresse et la supplie de le
02:04 pardonner, mais elle n'est pas du tout d'humeur à ça, elle est furieuse et on le comprend. Et pendant qu'elle est en train de
02:10 mettre son ancienne amant devant le fait accompli de sa forfaiture,
02:15 Antinelli, le jeune amant et deux de ses hommes assis à toute la scène,
02:19 eux ont déjà tiré leur épée du fourreau, ils attendent un signe de leur souveraine pour frapper.
02:24 Monaldeschi lui se relève, il suit Christine dans la galerie, il ne la suit pas d'un pouce, il est quasiment en train de
02:31 s'accrocher à ses jupons, il la presse, il la conjure de l'entendre, d'accepter ses
02:37 excuses et ça va durer cette scène quasiment une heure, c'est bien long une heure à essayer de se justifier, de se disculper
02:45 et ses vertus à l'attendreire, mais rien n'y fait, car écrira Voltaire,
02:49 ce n'était pas une reine qui punissait un sujet, c'était une femme qui terminait une galanterie par un meurtre.
02:57 Finalement,
02:59 profitant d'un instant où son ancienne amant reprend haleine, la reine se tourne vers le père Lebel, le père Lebel c'est le prêtre qui a
03:05 raconté en détail toute cette histoire et elle lui dit "je me retire et vous laisse cet homme,
03:11 disposez-le à la mort et ayez soin de son âme" et comme le prêtre veut intercéder, elle ajoute "je ne puis lui pardonner,
03:18 je lui ai communiqué comme un fidèle sujet mes affaires les plus importantes et mes plus secrètes pensées, je le considérais comme un frère,
03:25 sa conscience doit lui servir de bourreau" puis regardant pour la dernière fois son amant, elle lui lance "allons Marquis,
03:32 songez à votre âme, il faut mourir"
03:36 Oula ! Alors, on va suivre,
03:38 d'interminables, c'est affreux cette histoire,
03:42 d'interminables allées-venues entre la pièce où se trouvent les assassins, la victime, le prêtre,
03:47 la pièce où se trouve la reine Christine, c'est d'ailleurs très théâtral comme épisode,
03:52 tous vont intercéder pour Monaldéchy, ils essaient de calmer un peu Christine,
03:57 aussi bien d'ailleurs le prêtre, bon là lui il est plutôt dans son rôle, mais même le jeune amant
04:02 Inélie essaie quand même de se dire "là c'est quand même un peu fort de café d'aller le trucider pour cette histoire de lettres" alors que l'autre est son rival.
04:09 En larmes, le père Lebel se jette au pied de Christine, mais elle lui répond "je suis bien fâché de ne pouvoir accorder votre demande,
04:16 après la perfidie et la cruauté que le malheureux m'a faite, il ne peut espérer ni rémission ni grâce".
04:22 On a envoyé plusieurs scélérats périr sur la roue qui ne l'ont pas tant mérité que ce traître, elle est vraiment très haut perché la Christine,
04:30 Lebel rassemble son courage et hausse le ton "mais madame, vous êtes ici dans la maison du roi de France,
04:34 prenez garde de ce que vous allez faire" et très courroussée,
04:38 elle lui rétorque "le droit de justice m'appartient" parce qu'elle n'est plus reine, vous savez à ce moment-là elle a niqué,
04:43 elle est plus reine, alors est-ce que n'étant plus reine, elle a encore le droit de se faire justice elle-même et à la cour d'un autre roi ?
04:49 "Le droit de justice m'appartient, il m'est loisir de l'exercer en tout temps et en tout lieu,
04:54 le roi de France ne me tient pas captive, je reste ici maîtresse de mes volontés et je ne dois qu'à Dieu compte de mes actions"
05:00 et puis ce que je fais ici n'est pas sans exemple, alors là évidemment ça l'affiche mal parce qu'elle fait allusion
05:06 à l'assassinat du duc de Guise par Henri III, à l'assassinat de Conchini par Louis XIII sous leur propre toit, si vous voulez tout ça donc
05:14 elle connaît bien l'histoire de France, la reine Christine, donc elle dit "attendez, je suis encore reine" et puis ici l'assassinat
05:20 politique comme ça, ça est tout à fait
05:23 injuste, ça se pratique, alors on laisse quand même à Monaldéchy le temps de se confesser.
05:27 "De sa longue épée,
05:29 Sentinelli vise alors son cœur, en tentant d'écarter l'arme, Monaldéchy se coupe trois doigts"
05:34 et oui, mais alors il est déjà en sang, mais l'épée ne pénètre pas, elle se tord parce que Monaldéchy porte une
05:41 côte de mâle, il appaffole la guêpe et c'est donc à la gorge ou à la tête qu'il faudrait le frapper, les trois tueurs s'y mettent,
05:47 frappent et refrappent, lardent la tête de coup d'épée dont hélas aucun n'est mortel,
05:52 ce n'est plus un assassinat, c'est une boucherie et le malheureux se traîne dans toute la galerie tout en recevant des coups, il crie,
05:59 demande grâce, il supplie qu'on lui tranche la gorge une fois pour toutes.
06:03 Finalement,
06:04 Sentinelli parvient à lui percer la gorge d'un coup d'une fine épée longue et étroite, il s'effondre sans un mot,
06:11 mais il va demeurer plus d'un quart d'heure à respirer encore la parterre gisant dans son sang.
06:17 "Pourtant votre majesté l'aimait", demande le père Lebel à la reine Christine, "je peux l'aimer maintenant car la mort efface tout".
06:25 La cour va être quand même extrêmement gênée par ce crime, on va raconter que Monaldechi complotait avec l'Espagne, ce qui était évidemment
06:32 totalement faux, et on va donc beaucoup discuter de cette question de savoir si un roi ayant abdiqué avait encore le droit d'agir comme
06:38 Christine l'avait fait. En tout cas, quoi qu'il en soit,
06:42 Mazarin fit porter à la terrible reine Christine un conseil qui ressemblait à un ordre,
06:47 quitter la France sur le champ, ce qu'elle dut faire toute reine qu'elle était.
06:50 Merci beaucoup