Lya Bavoil, la championne du monde en force athlétique, raconte son parcours dans "La force des maux" (Marabout). Elle est l'invitée de 9H10.
Retrouvez "L'invité de Mathilde Serrel" sur
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10
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00:00 Mathilde Serrel, votre invitée est à la fois une athlète d'exception et une ancienne
00:03 professeure des écoles.
00:05 De son parcours atypique, parfois chaotique, elle tire une force littéralement colossale.
00:10 Oui, bonjour Lia Bavoile.
00:12 Bonjour.
00:13 La dernière fois on vous attendait ici au 9h10 d'Inter et une heure avant l'émission,
00:16 on sonne à la porte.
00:17 Qu'est-ce qui se passe ? Scénariste hollywoodien, attention.
00:20 Racontez-nous.
00:21 J'étais invitée donc du coup et oui, j'ai eu un contrôle anti-dopage à 6h du matin
00:27 chez moi.
00:28 Et ça s'est bien passé visiblement puisque vous êtes ensuite repartie dans la compétition.
00:33 Vous avez même battu à nouveau un record du monde, vous êtes comme ça.
00:35 C'était en mars dernier, 211 kg en squat.
00:39 C'était à Sheffield.
00:40 Est-ce que vous pourriez décrire en quoi consiste cette épreuve et la discipline en
00:44 général de la force athlétique ? Alors la force athlétique est un sport de force,
00:48 comme son nom l'indique, et il est composé de trois mouvements.
00:51 Le squat, c'est une flexion de jambe avec la barre sur le dos.
00:55 Le bench, le développé couché, donc on est allongé et on soulève la barre de la
01:00 poitrine jusqu'en haut.
01:01 Et le soulevé de terre, c'est la barre est au sol et on doit l'élever, on fait une
01:05 extension de hanche.
01:06 Ça c'est l'ambiance, la bavoile, quand vous réussissez un soulevé de terre de 230
01:21 kg, votre record.
01:22 C'est l'exultation autour de vous.
01:24 Qu'est-ce que vous ressentez intérieurement ?
01:26 Beaucoup de bonheur, beaucoup de bonheur.
01:29 J'ai de la chance de m'entraîner avec d'autres athlètes de haut niveau et ce que
01:34 j'appelle mon équipe, ma team.
01:35 Et c'est vrai qu'on est tous là pour se soutenir dans chaque barre, dans chaque épreuve.
01:41 Et est-ce qu'il y a à ce moment-là quelque chose de l'ordre de la dopamine, de l'endorphine,
01:46 quelque chose qui monte à la tête, qu'on recherche ensuite à chaque fois ?
01:49 Beaucoup d'adrénaline.
01:50 De l'adrénaline ?
01:51 Beaucoup, beaucoup d'adrénaline.
01:52 Et c'est ça finalement qui vous propulse aussi, l'envie de ressentir à nouveau le
01:59 pic d'adrénaline quand on arrive à avoir le soulevé.
02:03 J'adore cette sensation.
02:05 C'est comme quand, entre guillemets, vous avez peur et vous avez ce pic d'adrénaline
02:12 où il faut y aller quand même.
02:13 Et j'adore cette sensation.
02:14 Je vais essayer.
02:15 Il faut savoir que malgré votre palmarès exceptionnel, qu'un triple championne de
02:19 France, double championne d'Europe et championne du monde en 2021.
02:22 J'espère que je n'oublie rien.
02:23 Le sport n'a jamais été votre passion ?
02:25 Absolument pas.
02:26 J'étais absolument pas sportive.
02:28 En fait, j'ai un parcours atypique puisque je suis devenue athlète de haut niveau.
02:32 J'avais déjà plus de la vingtaine.
02:33 Alors que généralement, on devient athlète de haut niveau déjà quand on est petit.
02:37 Ce n'était pas du tout mon parcours.
02:40 Vous préférez les livres ? Vous vous dévoriez ?
02:42 Oui, les livres.
02:43 Vous étiez à combien ? Je crois deux ou trois en même temps ?
02:45 Oui, je lisais deux ou trois livres en même temps.
02:47 Et c'est toujours le cas ? Et ce n'est toujours pas le sport votre passion ?
02:50 Je me suis remise à la lecture depuis peu.
02:52 C'est vrai que ça m'avait beaucoup manqué parce que le sport aujourd'hui prend tout
02:55 mon temps.
02:56 Mais c'est quelque chose que je fais toujours.
02:58 Qu'est-ce que vous lisez par exemple ?
03:00 Là, je me suis remise à lire les tomes d'Harry Potter.
03:03 Ok, c'est bien.
03:04 En tout cas, vous avez quand même un petit peu de temps parce que là, il y a quand même
03:10 certains volumes à lire.
03:11 Il faudra dégager du temps pour Harry Potter.
03:14 Un jour, votre livre a vous apparu.
03:16 Ça s'appelle La Force des mots.
03:18 C'est l'histoire d'une gamine atypique qui décide de devenir la femme la plus forte
03:23 du monde.
03:24 Tout simplement.
03:25 Un pari réussi huit ans plus tard.
03:26 Vous ramenez des tonnes de coupes à la maison comme on dit et ça continue.
03:29 Vous revenez de très très loin en même temps.
03:31 Avant d'être Lya, finalement, vous êtes Précilia.
03:34 Une enfant surdouée qui va vivre un enfer en entrant au collège sans ce trauma.
03:38 Lya n'existerait pas ?
03:40 Non, Lya n'existerait pas si Précilia n'avait pas vécu tout ce qu'elle a vécu.
03:47 Je pense que je ne serais sûrement jamais devenue athlète même si je n'avais pas vécu
03:51 tout ce que j'ai vécu puisque c'est en rencontrant la force et en trouvant ce sport-là
03:56 que j'ai été sauvée.
03:57 Au collège, on peut le raconter puisque vous en parlez dans votre livre, vous y êtes à
04:02 neuf ans.
04:03 Oui, je suis rentrée en sixième à neuf ans au lieu de onze ans.
04:06 Deux ans plus tôt, vous êtes victime de harcèlement scolaire même si à l'époque,
04:10 au début des années 2000, vous n'en avez pas encore entendu parler.
04:13 D'ailleurs, on n'en parle pas autant qu'aujourd'hui.
04:15 Vous croyez bien sûr que c'est de votre faute si les élèves appellent le soir chez
04:18 vous pour insulter vos parents, s'ils vous poussent dans les escaliers, s'ils vous
04:22 jettent des trucs à la cantine.
04:23 A quel moment vous avez pris conscience que ce qui vous arrivait n'était pas normal ?
04:27 Ou ce qui vous était arrivé peut-être ?
04:29 Extrêmement tard.
04:30 En vérité, j'en ai pris conscience en écrivant de bouquins, que j'avais subi du
04:35 harcèlement scolaire.
04:36 Et c'est vrai qu'à mon époque, dans les années 2000, on n'en parlait pas.
04:39 Il n'y avait pas de campagne de prévention, il n'y avait pas de publicité.
04:42 Je pense même que le mot n'existait pas à cette époque-là et qu'il n'a été
04:46 créé peut-être que récemment.
04:47 Et c'est vraiment en écrivant le bouquin que je me suis dit "en fait, c'est ce que
04:51 j'ai vécu".
04:52 Et finalement, ce moment-là, la Précilia que vous êtes, qu'est-ce qu'elle ressent
04:58 quand vous vous connectez à ces émotions de cette époque-là quand vous avez 9 ans ?
05:02 Beaucoup de tristesse.
05:04 Et d'incompréhension, j'imagine.
05:06 Vous avez ensuite, à l'adolescence, eu… Pardon de vous faire revivre ces moments-là,
05:12 mais ce qui est beau, c'est que c'est une histoire de reconstruction.
05:15 Parce qu'ensuite, ça ne s'arrange pas.
05:18 Vous allez partir dans un moment de destruction à l'adolescence.
05:23 Vous retournez tout contre vous.
05:25 Et du coup, contre votre corps.
05:27 C'est là qu'il y a une rupture avec votre corps ?
05:29 En fait, quand les autres passent leur temps à vous dire, à vous faire comprendre que
05:40 vous ne valez rien, ça a été vraiment la chose la plus compliquée.
05:44 L'adolescence, c'est déjà une période qui est difficile.
05:48 Qui est difficile pour la plupart des gens, pour tout le monde.
05:51 Mais en plus, quand vous vivez dans cette sensation de rejet, et que vous n'êtes
05:57 pas accepté tel que vous êtes, c'est encore plus difficile de se construire et de construire
06:02 son identité autour de ça.
06:04 Et du coup, vous n'avez juste pas envie d'être qui vous êtes.
06:08 Donc j'étais vraiment dans la destruction.
06:11 Et c'est allé loin, puisque je suis allée jusqu'à la scarification, je suis allée
06:13 jusqu'aux tentatives de suicide, où je ne voulais plus vivre, je ne voulais plus
06:17 exister, parce que je ne voyais pas d'intérêt à vivre, si c'est pour qu'on ne m'aime
06:22 pas, pour qu'on ne m'accepte pas, et pour vivre juste un enfer au quotidien.
06:25 - C'est votre mère qui, à 19 ans, va vous dire quelque chose qui finalement vous déclenche
06:31 et vous fait remonter.
06:32 Qu'est-ce qu'elle vous dit ?
06:33 - J'avais fait ma dernière tentative de suicide, puisque je n'en ai pas refait depuis.
06:39 J'étais sur le lit d'hôpital, et ma maman m'a appris qu'elle avait vraiment galéré
06:49 pour m'avoir, puisqu'elle était atteinte d'endométriose, et qu'après m'avoir
06:55 vue, on a dû lui enlever l'utérus, etc.
06:58 Donc c'était pas rien.
07:00 Et en fait, elle m'a appris que j'avais été fait en fécondation in vitro.
07:05 Et en fait, je n'avais pas du tout conscience à cette époque ce que représentait une
07:09 fécondation in vitro, et le parcours du combattant que c'est pour une femme.
07:13 Parce qu'elle m'a dit que je prenais des piqûres tous les jours, plusieurs fois,
07:17 le soir, le matin, etc. pour pouvoir que les ovocytes, etc.
07:21 C'est vraiment un processus très compliqué.
07:24 Et en fait, elle m'a dit "j'ai pas galéré pour t'avoir, pour te voir mourir aujourd'hui,
07:30 c'est juste pas possible".
07:31 Et depuis, je lui ai fait la promesse de ne plus jamais recommencer de me battre coûte
07:36 que coûte.
07:37 - Une promesse que vous avez inscrite sur votre corps, non ?
07:38 - Oui, j'ai un tatouage, du coup, ça a été mon premier tatouage.
07:41 "Ne jamais abandonner, je promets M pour ma maman".
07:45 - Au moment où vous avez écrit ce livre témoignage, vous étiez déjà championne,
07:49 mais encore professeure des écoles.
07:50 - Oui.
07:51 - Comment est-ce que vous avez vécu ce métier de prof et de prof d'être dans des quartiers
07:54 difficiles en tant qu'ex-victime de harcèlement scolaire, ayant traversé ce que vous aviez
07:58 traversé à l'adolescence ?
07:59 - Je garde beaucoup de bons souvenirs en tant que professeure avec mes élèves, parce
08:06 que les enfants, ils sont purs.
08:09 Il n'y a pas de filtre.
08:10 Et c'est juste un plaisir de travailler et d'échanger avec eux.
08:15 J'en garde un peu moins, des bons souvenirs, avec l'éducation nationale, où c'est un
08:19 peu plus compliqué.
08:20 - Pourquoi ? Dans l'organisation ?
08:22 - Dans l'organisation, la hiérarchie, je pense qu'il y a beaucoup de choses qui ne vont
08:26 pas, qui devraient changer.
08:27 Mais bon, ça, c'est un autre sujet.
08:30 Mais j'en garde quand même des bons souvenirs.
08:34 - Vous avez reconstruit votre vie à travers votre corps.
08:39 Et à 22 ans, vous allez avoir une deuxième révélation.
08:41 Vous parlez de ces phrases de votre mère.
08:44 Il y a aussi ce diagnostic.
08:45 On vous diagnostique des troubles autistiques.
08:47 Vous êtes Asperger.
08:48 C'est le jour où vous comprenez que vous n'êtes pas folle.
08:50 - Oui.
08:51 En fait, quand j'étais gamine, je ne comprenais pas pourquoi j'avais été harcelée et pourquoi
08:56 on me traitait tout le temps de bizarre, de chelou, etc.
09:00 Et je l'ai compris bien plus tard que oui, j'étais différente.
09:04 Et cette différence, c'est que j'ai un trouble autistique.
09:06 Donc, mon comportement, mes réactions, etc. peuvent être différentes de la norme et poser
09:14 question du coup.
09:15 - Et en quoi c'est plus difficile pour les femmes d'être diagnostiquées ?
09:17 - Alors, le souci, c'est que toutes les études sont basées sur des hommes et surtout des
09:22 enfants.
09:23 Donc, on a très peu de recherches sur les femmes et surtout à l'âge adulte.
09:26 Et en fait, on s'est rendu compte, enfin, les scientifiques se sont rendus compte que
09:30 le trouble autistique chez un homme et chez une femme, même s'il y a des critères semblables,
09:35 elles ne se caractérisent pas de la même manière.
09:37 Donc, les femmes, par exemple, ont beaucoup plus la capacité de s'adapter, de cacher,
09:41 de masquer leur trouble autistique que les hommes.
09:44 Et donc, du coup, elles passent souvent au travers des diagnostics.
09:47 - Vous allez devenir la championne que vous vous étiez promis il y a bavoile.
09:51 Quand vous commencez le Power Live, vous vous êtes fixé un objectif, être la numéro
09:55 1 en France en un an.
09:57 Non seulement c'est arrivé, mais en plus, vous êtes la numéro 1 mondiale.
09:59 Le premier confinement y est d'ailleurs pour quelque chose.
10:02 On en reparle dans quelques minutes.
10:03 Il est 9h18 sur France Inter.
10:05 Qui va la tristesse ? Vous ne m'aurez pas ce soir.
10:09 J'ai enfin trouvé la sagesse et désormais elle est pleine de pouvoir.
10:13 Quelle audace de me faire croire que je ne suis qu'un pauvre pentin manipulé par vos
10:20 mains dégueulasses de désespoir.
10:23 Marinitis je suis et sûrement pas l'inverse.
10:26 Les émotions sont des couleurs.
10:28 Je suis le peintre qui les renverse.
10:31 Et sûrement pas l'inverse.
10:36 Qui va la tristesse ? Vous ne m'aurez pas ce soir.
10:44 J'ai enfin trouvé la sagesse et désormais elle est pleine de pouvoir.
10:49 Quelle audace de me faire croire que je ne suis qu'un pauvre pentin manipulé par vos
10:55 mains dégoulinantes de désespoir.
10:58 Marinitis je suis et sûrement pas l'inverse.
11:01 Les émotions sont des couleurs.
11:03 Je suis le peintre qui les renverse.
11:08 Qui va la ? Qui va la ? Qui va la ? Ca, ca, ca c'est pas moi.
11:16 Mais qui va la ? Mais, mais, mais, mais, mais, mais qui va la ? Qui va la tristesse ? Dégage de là.
11:25 Marinitis je suis et sûrement pas l'inverse.
11:29 Contrôle total des sentiments.
11:31 La tristesse me déteste.
11:34 Marinitis je suis et sûrement pas l'inverse.
11:38 A part mes pulsions de création, je contrôle tout le reste.
11:44 Je contrôle, je contrôle, je contrôle, je contrôle tout le reste.
11:55 Pour tout vous dire, il arrive des fois que, qu'elle arrive et que j'ai beau tout faire,
12:03 tout dire pour la faire partir, elle, elle reste là.
12:08 Et en fin de compte, je me demande même si elle serait pas là un peu tout le temps.
12:14 Tristesse.
12:16 Marinitis on est et on le reste.
12:20 Marinitis on est, ah je déteste.
12:25 Je déteste.
12:32 Ah je déteste.
12:36 Ah je déteste.
12:41 Je déteste.
12:43 Une surdouée de la pop française reprend le contrôle de ses démons sur France Inter.
12:48 Zao des sagasants, ses tristesses.
12:50 Za-sagasants.
12:52 Et joie d'avoir préparé ces émissions toute cette semaine avec la formidable équipe
12:57 du 9-10, Redouane Tella, Grégoire Nicollet et Elisabeth Rouvet.
13:00 Lucie Lemarchand à la réalisation, Jean-Baptiste Audiberre à la programmation musicale.
13:05 * Extrait de la vidéo *
13:11 Lia Bavoile, après avoir vaincu ou apprivoisé vos démons, vous aussi vous êtes aujourd'hui
13:17 championne et record woman du monde de force athlétique, donc discipline qui consiste
13:23 à soulever des poids de trois manières différentes qu'on a un peu décrites déjà tout à l'heure.
13:28 Je peux vous demander, puisqu'on parlait tatouage, ce qu'il y a de tatoué maintenant
13:31 sur votre cuisse droite ?
13:32 Ah j'ai souvent la question.
13:34 Je suis fan de Disney.
13:36 C'est le miroir de la Belle et la Bête et une phrase de Mulan.
13:41 Voilà, une citation dans Mulan.
13:44 Alors le fitness, la perte de poids au départ avant la force athlétique, c'est ce qui
13:49 va vous déclencher.
13:50 Vous allez non seulement en perdre mais vous mettre à en soulever des poids.
13:55 Est-ce que sur le plan psychanalytique, vous ne soyez pas entrée dans une phase où vous
13:59 avez arrêté de vous plomber ?
14:01 Alors à la base, je suis allée à la salle de sport vraiment pour dans un but de remise
14:06 en forme, de perdre du poids, etc.
14:08 Et au final, oui, ce n'est plus du tout mon objectif aujourd'hui et c'est de soulever
14:12 des poids.
14:13 Vous connaissez la formule "le premier jour du reste de ma vie".
14:16 Pour vous, c'est le 16 mars 2020, la déclaration de confinement suite à l'épidémie de Covid-19.
14:22 Pourquoi ?
14:23 Le Covid a été vraiment un tournant dans ma vie où j'ai pu me poser et me demander
14:29 réellement ce que je voulais faire.
14:30 Et en fait, j'ai remarqué que j'allais au boulot tous les matins, la boule au ventre,
14:36 et qu'en fait, ce n'était pas du tout ce que j'avais envie de faire jusqu'à la fin
14:38 de ma vie.
14:39 Et donc du coup, j'ai dit, c'est le moment d'arrêter.
14:42 Donc j'ai attendu jusqu'en 2022 pour me mettre à dispo et me lancer à 100% dans
14:48 le sport.
14:49 Et ça a été une renaissance.
14:51 C'est comme ça que vous l'appelez dans le livre.
14:52 C'est sympa pour Emmanuel Macron.
14:53 Ça va lui faire plaisir.
14:54 En tout cas, vous allez à ce moment-là, à la levée du confinement, avoir aussi une
15:00 sorte de rechute d'anxiété.
15:02 Mais vous revenez donc au top niveau en 2021, à 25 ans, après deux ans sans compète.
15:07 Vous devenez première au championnat du monde de Suède.
15:10 Comment est-ce que vous accomplissez ça, deux ans sans compète ?
15:14 Et vous devenez championne du monde ?
15:16 C'était très, très compliqué parce que je sors de 2019 où je fais mon premier record
15:21 du monde au total.
15:23 Donc je suis la meilleure 63 en titre et je gagne les championnats d'Europe.
15:29 Mais confinement et pendant deux ans, je n'ai pas la chance de pouvoir refaire une compète,
15:34 de pouvoir refaire des records du monde et gagner mon premier titre mondial.
15:37 Et j'ai dû attendre deux ans du coup.
15:39 C'était long, mais ça en valait la peine.
15:43 Ça tient à quoi selon vous ce moment de grâce, en tout cas à ce moment-là en 2021
15:49 en Suède ?
15:50 Beaucoup de sacrifices.
15:51 Et peut-être les paroles de cet homme, on l'écoute.
15:53 Ça ne change rien, il n'y a zéro doute.
15:55 Là, c'est aujourd'hui.
15:56 Tu es très, très bien.
15:57 Allez, chauffons, je ne t'ai jamais vu comme ça.
15:59 C'est toi qui décides, d'accord ? Tu sais ce qu'on s'est dit.
16:04 On est venu, tu as bossé pour ça.
16:05 Toujours et encore.
16:06 C'est à toi, cette plateforme-là, elle est à toi.
16:09 Elle a toujours été à toi et elle y reste.
16:11 C'est votre cri, Elia Bavoile.
16:13 On vous voit aussi crier sur la couverture du livre.
16:16 Cyril Vaillant, à l'instant, il vous remet un peu dans la balance les sacrifices d'avant.
16:21 C'est le moment de jouer.
16:22 Il vous encourage, Elia Bavoile, avant les épreuves du championnat du monde en 2021
16:25 que vous remportez.
16:26 Vous vous souvenez de ça ? C'est Mola ?
16:28 Oui.
16:29 Cyril Vaillant, j'ai vraiment une relation particulière avec lui parce que ça a été
16:32 l'un des premiers à savoir que j'étais autiste et à un peu m'avoir pris sous son aile.
16:38 Il a toujours été super bienveillant et dès que j'ai rejoint l'équipe de France,
16:42 c'est l'un des coachs de l'équipe de France, il m'a toujours poussée dans mes retranchements,
16:49 toujours poussée à mes limites pour vraiment sortir le meilleur de moi-même.
16:52 Il trouve toujours les bons mots en compétition pour nous remettre dans le contexte et ne
16:57 pas oublier pourquoi on est là.
16:58 Il y en a une qui sait vous parler aussi, c'est Céline.
17:00 On a envie d'écouter.
17:13 Céline Dion dans les écouteurs, c'est votre meilleure coach ?
17:18 J'adore.
17:19 On me connaît dans le milieu pour deux choses, pour mon cri "Allez" parce que c'est toujours
17:25 ce que je crie sur la plateforme.
17:26 C'est ce qu'on a entendu là.
17:27 Allez !
17:28 Et Céline Dion.
17:29 J'écoute tout le temps Céline Dion quand je m'entraîne.
17:33 C'est ma musique, j'adore, je l'écoute depuis que je suis petite, je suis fan d'elle.
17:39 Et en fait, j'adore ses musiques parce que ses textes, ils me parlent.
17:43 Ils me parlent et je vais puiser vraiment à l'intérieur de moi en l'écoutant pour
17:48 sortir toutes ces émotions dont j'ai besoin pour pouvoir lifter le plus lourd possible.
17:52 Vous partagez alors un peu toutes vos coupes, tous vos grands prix de championne avec Céline.
17:58 Il faudrait la rencontrer quand même.
18:00 Dans cette victoire au championnat du monde, il est record que vous continuez à accumuler.
18:04 Vous avez progressivement assumé votre trouble autistique.
18:07 Vous en parliez avec le coach de l'équipe de France.
18:09 Vous en parliez aussi à ce moment-là sur les réseaux sociaux.
18:12 Vous êtes réconciliée aussi, on peut le dire, à ce moment-là avec votre corps.
18:15 Mais il reste toujours une ombre au tableau.
18:16 C'est ce sexisme bienveillant dont vous faites l'objet en ligne et dans votre milieu sportif.
18:22 Ça se traduit comment ?
18:24 Beaucoup, beaucoup de sexisme dans le milieu du sport en général quand on est une femme.
18:30 Donc ça va être des petits commentaires de "C'est pas possible que tu soulèves aussi
18:36 lourd parce que t'es une femme, t'es forcément dopée".
18:38 "C'est pas possible que tu soulèves plus lourd que moi parce que moi je suis un homme
18:41 et que je suis pas capable de faire ça".
18:43 Voilà, c'est toujours cette mise en rivalité entre ce que je suis capable de faire en tant
18:47 que femme et ce que certains hommes ne sont pas capables de faire.
18:50 Parce que vraiment, la force, je pense qu'on peut le dire, ça a toujours une connotation
18:55 très masculine et c'est pas quelque chose qu'on conjugue encore au féminin aujourd'hui.
18:58 Dès les années 30, les sportifs font l'objet d'un procès de virilisation en raison de
19:02 morphologie jugée trop masculine.
19:04 Ça dure encore un siècle plus tard.
19:06 Heureusement, il y aura eu Séréna Williams sur votre route.
19:09 Elle vous a inspirée ?
19:10 Oui, beaucoup.
19:11 Séréna Williams, c'est un de mes modèles dans le sport parce qu'elle a toujours assumé
19:16 ses formes très athlétiques et elle a toujours...
19:18 Excusez-moi, Luther, mais on voyait Petr quand on l'a critiqué là-dessus.
19:23 Et elle en a fait un critère de beauté à sa manière.
19:28 Un mot sur ce phénomène du fitness et de la force, aujourd'hui ce phénomène du muscle
19:33 qui touche les hommes, les femmes et les plus jeunes.
19:35 Fitness Park, chaîne YouTube, il y a 40% d'adhérents de 16 à 25 ans.
19:39 Comment vous le voyez évoluer ?
19:41 Alors moi-même, je vois l'évolution dans mon sport en force athlétique où, par exemple,
19:47 avant les championnats junior, sub junior, c'est entre 16 et 23 ans, c'était sur un
19:53 week-end, ça représentait 200 athlètes.
19:54 Aujourd'hui, ça a été fait sur presque une semaine.
19:57 Donc ça représente le double, le triple d'athlètes.
19:59 De plus en plus de jeunes s'intéressent à ce sport-là.
20:03 Donc ça fait vraiment plaisir.
20:04 Et beaucoup plus de femmes aussi.
20:05 Et qui du coup, grâce à Séréna Williams, grâce à vous, elles y vont.
20:10 Le muscle au 21e siècle.
20:11 Oui, c'est ça, on disait, ce sera religieux.
20:14 Non, ce sera musclé.
20:15 Le 21e siècle.
20:16 Le 21e siècle.
20:17 Merci infiniment, Lia Bavoile.
20:18 On est très heureux que vous ayez pu venir ce matin.
20:20 La force des mots, c'est sorti chez Marabout.
20:22 On suit vos aventures sur Instagram, @lia-dubaspowerlift.
20:26 Merci à toutes les deux.
20:28 Merci Mathilde Séré.