« Macron, Louis XVI » : la LFI va-t-elle trop loin ?

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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent du slogan violant scandé par l'élu de la France Insoumise Christophe Prudhomme à l'encontre du président de la République.
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Transcription
00:00 *Générique*
00:14 Un peu plus de 18h15 sur CNews et Europe 1, toujours avec Georges Fenech, consultant CNews,
00:19 Louis Dragnen, chef du service politique Europe 1, Nathan Devers, agrégé de philosophie,
00:22 Gilles Maintre, adjoint au maire du 16e arrondissement de Paris,
00:26 Laurent Jacobelli, député du Rassemblement National de la Moselle.
00:30 Dans un instant, on sera en direct avec Louis Marguerite, député Renaissance de Saône et Loire.
00:36 Avant de revenir sur les temps forts et l'hommage du 8 mai avec cette question qu'on va se poser,
00:42 est-ce que le président est seul à l'image de ses champs-Elysées déserts ce matin ?
00:48 Avant cela, je voulais qu'on revienne sur le climat politique et social
00:52 parce qu'il y a une radicalisation d'une partie de la classe politique,
00:56 la France Insoumise entre autres, et une radicalisation syndicale avec la CGT
01:00 qui a multiplié les manifestations sauvages et les actions coup de poing.
01:04 Hier, vous avez une mobilisation qui est crépusculaire.
01:10 Une dizaine de personnes qui lancent une action en face du bâtiment Renaissance,
01:16 au pied du bâtiment Renaissance à Paris.
01:19 Il n'y avait quasiment personne, sauf que dans ces dizaines d'individus,
01:24 vous aviez le député Thomas Porte-Eleffy et vous aviez également Christophe Prud'homme.
01:30 Christophe Prud'homme est conseiller régional Eleffy.
01:33 Une caméra filme la scène et ces individus vont chanter.
01:39 Tendez bien l'oreille, bien sûr.
01:40 Je le dis aux auditeurs, Louis XVI, on t'a décapité, Macron, on va recommencer.
01:47 On voit vraiment Christophe Prud'homme scanner ce chant-là.
01:52 On écoute.
01:53 Macron, on peut recommencer.
01:56 Louis XVI, on t'a décapité.
01:59 Macron, on peut recommencer.
02:03 Louis XVI, on t'a décapité.
02:06 Macron, on peut recommencer.
02:09 Louis XVI, on t'a décapité.
02:11 Macron, on peut, on va, on peut recommencer.
02:15 Lorsqu'on est élu responsable politique, là je me tourne vers vous,
02:19 Laurent Jacobelli, député du Rassemblement National de la Moselle,
02:24 qu'est-ce qu'on risque quand on dit ça ?
02:26 Je crois qu'on risque pas grand-chose, mais en termes pénales,
02:30 en revanche, on risque effectivement d'exciter des olibrius comme ceux qu'on a vus tout à l'heure
02:35 et de leur donner un blanc-seing, de leur signer un blanc-seing pour des actions violentes
02:38 quand on évoque la décapitation du chef de l'État
02:41 ou quand Thomas Porte, député, mime la décapitation d'Olivier Dussopt,
02:46 le ministre du Travail, avec un ballon de football.
02:48 Quand des députés citent Robespierre et parlent de décapitation au cœur de l'Assemblée nationale,
02:54 il y a un climat qui est terrible.
02:56 S'opposer à Emmanuel Macron quand on est de l'opposition, c'est normal, je m'y oppose.
02:59 Le Rassemblement National s'y oppose.
03:01 Mais appeler à la violence de manière directe ou indirecte, c'est pas innocent.
03:07 C'est pas innocent, c'est pas comme si un kidam passait dans la rue
03:09 et se faisait énerver parce que l'inflation, parce que le prix de l'essence,
03:13 parce que le chômage...
03:14 Quand on est élu, on ne peut pas dire ça, même quand on est manifestant, c'est ça que vous dites ?
03:17 Évidemment, parce qu'on a une responsabilité.
03:19 Élu, élu, adjoint à la mairie du 16ème arrondi,
03:23 pense le contraire.
03:24 Pourquoi ? Si vous avez dit, on a le droit de chanter ce qu'on veut.
03:27 Le citoyen a le droit de chanter ce qu'il veut, bien sûr.
03:30 Ça, c'est la liberté d'expression, à nouveau.
03:32 Et c'est heureusement pour ça, une fois de plus,
03:34 que Jean Boulin est mort pendant la secondaire mondiale.
03:37 En revanche, quand on est un élu de la République,
03:39 bien sûr qu'on respecte les institutions qu'on représente.
03:42 Quand on est un élu, on représente ces institutions.
03:45 Et quand Thomas Porte, comme vient de le rappeler M. Giacomelli,
03:49 se prend en photo avec la tête d'Olivier Dussopt,
03:52 il est condamné par l'Assemblée nationale.
03:53 Et c'est normal, et c'est normal.
03:55 Et quand là, on voit un élu du Conseil régional qui dit
03:58 "Macron, on peut te décapiter",
04:00 on s'attend à ce que le Conseil régional puisse prendre le même type de sanctions.
04:03 Et vous avez entièrement raison, puisque Vincent Jeanbret,
04:06 qui a dit "Christophe Prudhomme est conseiller régional LFI",
04:10 à notre prochaine séance, je demanderais que notre Assemblée
04:13 puisse prendre une sanction à son égard.
04:15 En Ile-de-France, nous combattons les violences
04:17 et nous respectons tous les élus.
04:19 La France insoumise est dangereuse pour la République.
04:23 Vincent Jeanbret a absolument raison, mais cette sanction doit être prise.
04:24 Il sera vice-président du groupe LR à la région Ile-de-France.
04:29 Mais c'est un peu perturbant, pardonnez-moi M. Mentret.
04:31 Vous dites "les élus n'ont pas le droit",
04:34 mais en revanche, les citoyens qui veulent menacer le président de la République
04:38 dans un champ de décapitation, pourquoi pas ?
04:40 C'est bien sûr, c'est ça la liberté d'expression.
04:42 De la même façon qu'il y a un devoir de réserve pour les fonctionnaires,
04:44 un citoyen normal peut dire des choses et un fonctionnaire ne peut pas le dire
04:47 parce qu'il est fonctionnaire de l'État.
04:49 C'est comme ça qu'est construit l'État de droit et c'est très bien.
04:52 En fait, la France insoumise joue parfaitement là-dessus,
04:56 parce que c'est la différence entre ce qui est légal et ce qui est moral.
04:59 Il y a ce que permet la loi et ils vont jusqu'au bout en jouant
05:02 jusqu'à la dernière ambiguïté possible.
05:06 Vous pouvez voir ça de deux manières différentes.
05:08 C'est pour ça que je me situe plutôt dans la morale.
05:10 C'est assez rare que je le fasse, mais là-dessus, j'assume totalement.
05:13 Ça dépasse clairement la question de la liberté d'expression,
05:18 puisque pour moi, c'est de l'incitation au meurtre.
05:20 On a le droit de tout dire, mais oui et non.
05:25 Parce que typiquement, ça peut entraîner, ça peut avoir des conséquences extrêmement graves.
05:29 Et si vous avez quelqu'un qui ne se dit pas que c'est métaphorique,
05:33 qui ne se dit pas que c'est simplement de l'oral
05:36 et que l'idée, c'est d'utiliser des images,
05:39 et quelqu'un qui passe à l'action,
05:40 eh bien, je ne sais pas comment sera qualifié le député de la France insoumise juridiquement.
05:45 Parce que s'il dit, j'ai entendu cet appel à décapiter Emmanuel Macron,
05:50 comme ça a été fait contre Louis XVI, et du coup, je suis passé à l'action.
05:53 Là, je pense que la responsabilité du député de la France insoumise sera engagée.
05:56 Ils avaient fait la même chose avec Marine Le Pen,
05:58 qui était avec une corde autour du cou dans une manifestation il y a quelques années,
06:02 sans que ça émeuve qui que ce soit d'ailleurs à l'époque.
06:04 Mais on peut se demander pourquoi ils sont violents à ce point aujourd'hui, les élus de LFI.
06:08 C'est parce qu'ils ont deux péchés originaux à se faire pardonner.
06:10 Le premier, d'avoir appelé à voter Emmanuel Macron,
06:12 et le deuxième, de cette carapathée à l'Assemblée nationale,
06:14 quand il a fallu étudier le texte de la réforme des retraites,
06:17 où ils ont fait de l'obstruction et où on n'a pas travaillé sur le fond.
06:19 Et donc, aujourd'hui, pour montrer qu'ils existent,
06:21 ils sont obligés de faire une surenchère.
06:22 Malheureusement, le prix de cette surenchère peut être terrible.
06:24 J'entends, mais on ne va pas rester trop longtemps sur cette séquence-là,
06:28 et je le dis aux téléspectateurs, aux auditeurs également,
06:30 c'est que, à l'image, ça peut paraître impressionnant
06:32 parce qu'il y a un zoom sur 10 personnes.
06:35 On a un point haut, c'est-à-dire qu'on voit qu'il y a, à tout casser, 30 manifestants.
06:41 Mais l'action est symbolique.
06:43 Ce qui est inquiétant, c'est de voir que ces chants-là,
06:46 il y a une sorte de folklore, de banalisation de la violence dans les mots.
06:52 Et peut-être que ces clins font le relais, ou en tous les cas se disent,
06:55 il y a une passerelle entre la banalisation de la violence dans les chants,
06:59 dans les pancartes, dans les symboles,
07:02 quand on brûle par exemple l'effigie d'un responsable politique,
07:07 et ensuite la violence sur le terrain.
07:08 Nathan Devers, ce sera un cours de philosophie, mais en une minute.
07:12 Oui, que ce soit métaphorique ou pas.
07:14 Je trouve ça très problématique quand on est de gauche,
07:16 même si c'était juste du folklore ou de l'humour ou une sorte de métaphore,
07:20 de faire référence de cette manière à la peine de mort.
07:23 Quand on sait que justement, toute l'histoire de la gauche,
07:25 enfin de la gauche des années 80,
07:27 ça a été précisément de savoir qu'à l'époque,
07:30 une majorité importante de la population était pour la peine de mort,
07:34 que la gauche a réussi à la faire abolir alors que ça allait à l'encontre du vœu général.
07:38 On sait qu'aujourd'hui, les études de sondage montrent
07:40 qu'il y a encore une majorité de la population
07:42 qui est favorable à la peine de mort.
07:44 Donc dans cette mesure-là, ou sur cette question,
07:47 on n'a pas progressé par rapport aux années 80.
07:49 Je pense que quand on est un élu de la République,
07:51 quelle que soit la cause, on ne devrait pas relativiser,
07:54 même de manière allusive, même de manière symbolique,
07:56 même de manière "rigolote", entre guillemets, sur cette question.
07:59 Louis Marcuri, qui est avec nous, député Renaissance de Saône-et-Loire,
08:01 merci d'être en direct pour CNews et Europe 1 dans Punchline.
08:06 Peut-être un mot d'ailleurs sur cette séquence
08:10 qui fait grand bruit depuis maintenant 24 heures.
08:13 C'est cet élu, la France insoumise, M. Prud'homme,
08:16 qui a pu scander lors d'une manifestation surprise,
08:20 une mobilisation surprise, puisqu'il y en a été 30.
08:22 Ce n'est pas une manifestation.
08:24 Louis XVI en a décapité.
08:25 Macron, on peut recommencer.
08:27 Quelle réponse vous lui apportez ?
08:29 D'abord, de préciser qu'effectivement, comme vous l'avez mentionné,
08:34 cette manifestation a été interdite et non déclarée,
08:37 en tout cas, elle a été non déclarée.
08:38 Et par ailleurs, malheureusement, on commence à être habitué
08:41 de certains élus de la France insoumise
08:43 qui se permettent ce type de déclaration absolument scandaleuse.
08:47 Et je le dirais de n'importe quel représentant public,
08:49 en tout cas, l'insulte vers qui elle est tournée,
08:52 en l'occurrence le président de la République.
08:53 Quand on est élu de la République, déjà, d'une manière générale,
08:56 on ne menace pas personne de mort.
08:58 Et à force surrie, lorsqu'on est un élu de la République,
08:59 on se doit d'être un minimum exemplaire.
09:02 Et on ne peut pas dire tout ou n'importe quoi,
09:04 on ne peut pas faire tout ou n'importe quoi.
09:06 Et évidemment, je suis scandalisé,
09:08 et je m'assoucie évidemment à toutes les critiques
09:11 qui ont été formulées à l'encontre de ce type de France insoumise.

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