Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 09/05/2023
Julia Vignali reçoit Marie Drucker et Alain Bauer à l'occasion de la parution de l'ouvrage qu'ils ont co-écrit « Au bout de l'enquête » publié aux éditions First. Un livre qui revient sur ces affaires classées qu'ils abordent régulièrement dans leur émission. 

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00 invité la journaliste Marie Drucker, qu'on connaît bien à France Télévisions, et Alain Bauer, professeur de criminologie pour leur livre "Au bout de l'enquête" chez First Edition.
00:07 Bonjour Marie Drucker, bonjour Alain Bauer, merci d'avoir accepté l'invitation de Télé Matins.
00:12 Alors on va parler de votre livre "Au bout de l'enquête", livre adapté de votre émission, qui connaît un franc succès
00:17 tous les samedis à 14h sur France 2. Alors dans ce livre vous revenez sur 20 "call case"
00:23 que vous traitez également dans l'émission.
00:25 Alors déjà Marie, je voudrais que vous nous rappeliez ce qu'est un "call case" et qu'est-ce qui vous a donné envie de vous y intéresser spécialement ?
00:32 Un "call case" c'est une affaire non résolue. Je pars sous le contrôle de mon camarade parce que
00:36 c'est une affaire non résolue. Alors dans l'émission on traite des affaires non résolues
00:41 et aussi d'affaires qui ont été résolues au bout de parfois 10, 20, 30 ans
00:47 d'enquête, de rebondissement. On s'intéresse à des crimes aussi plus récents. Maintenant on a un peu élargi notre
00:54 spectre. Et à votre avis Marie, pourquoi cet engouement des français pour les faits divers, que ce soit les "call case" ou les autres d'ailleurs ?
01:00 On est très nombreux à vous regarder, je pense aussi
01:03 aux émissions mythiques comme "Perdue de vue", "Faites entrer l'accusé", ça fait très longtemps. L'audiovisuel a toujours été
01:09 rempli d'émissions au sujet des faits divers. Qu'est-ce qui nous porte à regarder
01:14 ces faits-là ? En fait, parce que je suis comme vous, je suis fan, je sais que vous adorez ça. J'adore ça.
01:20 Et puis on voit aussi le succès sur les plateformes, sur France Télévisions aussi, de toutes les fictions autour des affaires criminelles.
01:27 Parce que ça raconte quelque chose de nous en fait. C'est-à-dire qu'à un moment, on peut tous, en tout cas le croit-on,
01:33 et c'est juste sans doute, on peut tous être témoins, victimes, bourreaux, volontaires ou involontaires.
01:39 Ça raconte quelque chose de nous, de notre
01:42 société. Regardez les films de Claude Chabrol, qui était vraiment le maître en cinéma du fait divers.
01:48 Ça raconte souvent une géographie, une sociologie, une culture et des territoires. Et ça, c'est nous.
01:56 C'est tout à fait nous. Alors on n'est pas tous heureusement des serial killers en puissance, Alain Bauer, mais c'est vrai que
02:02 les progrès de la science, et notamment dans l'affaire Chantal de Chillou que vous évoquez d'ailleurs dans le livre, on voit qu'il y a eu
02:09 de gros avancées scientifiques grâce à l'ADN.
02:11 Par exemple, aux États-Unis, on a retrouvé le meurtrier présumé d'une jeune scout,
02:16 57 ans plus tard, trahi par son ADN. Ça veut dire quoi ? Que là, pour le moment, il y a des affaires classées sans suite
02:21 depuis des années, qui pourraient être élucidées véritablement grâce à l'ADN ?
02:25 Alors quand on a commencé à imaginer l'enquête, parce que cette affaire est vraiment une affaire collective, il y a
02:32 l'équipe qui a
02:35 imaginé, recherché les faits, on en a 300.
02:38 On s'est rendu compte assez rapidement avec la création du pôle Colquez qu'on était entre 300 et 3000, suivant les
02:46 interprétations de ce qu'était à la fois la durée de l'enquête et le nombre de dossiers classés, mal classés, perdus.
02:52 Le procureur d'Aleste avait permis de relancer cette affaire et avec Stéphane Martin, Antoine Gavaud, qui dirige l'équipe
02:59 de recherche et nous qui travaillons sur les contenus, nous écrivons
03:04 et nous essayons d'imaginer, de présenter les choses. C'est un peu un
03:08 "c'est dans l'air du crime". C'est-à-dire qu'il y a une activité qui présente les choses avec le moins
03:13 de mise en scène possible. Nous allons au cœur des victimes, de leurs familles, des enquêteurs, parfois des défenseurs.
03:20 Et puis nous donnons une pédagogie, vous venez de l'indiquer, sur l'ADN, sur les nouvelles technologies.
03:25 On devient nous-mêmes un peu criminologues, si je puis permettre, grâce à vous.
03:28 Et on découvre notamment que l'ADN n'est pas du tout infaillible. J'ai découvert ça dans votre livre avec l'affaire Cattel-Berrehouck.
03:35 Il y a vraiment des limites avec l'ADN ?
03:38 Il n'y a pas de limites parce que de plus en plus on peut retrouver
03:41 des parentels, c'est-à-dire des parentés d'un auteur par un cousin très éloigné.
03:46 Et ça permet de resserrer l'enquête, mais ça n'est pas la reine des preuves.
03:49 La reine des preuves, c'est un mélange de l'enquête, de l'intuition des enquêteurs, de la technologie,
03:55 de la police technique et scientifique, et éventuellement à la fin, mais à la fin seulement, de l'aveu qui est là,
04:01 une sorte d'aboutissement final.
04:03 Même l'aveu, parce que j'ai lu que dans votre livre, toujours, qui m'a véritablement passionnée,
04:07 que l'article 428 du Code pénal précise que l'aveu, comme tout élément de preuve, est laissé à la libre appréciation des juges.
04:14 Ça veut dire quoi ? Que si demain je m'accuse d'un crime, je ne vais pas forcément en prison ?
04:17 Pas forcément, parce qu'il y a beaucoup de gens qui s'accusent d'un crime qu'ils ne l'ont pas commis.
04:21 Dans l'affaire du Dahlia Noir, par exemple, il y a eu des centaines de gens qui ont dit "c'est moi, c'est moi, c'est moi qui l'ai tué".
04:26 C'est une affaire qui a 80 ans à Los Angeles, qui a connu un retentissement fangulat à cause d'un roman et de plusieurs films.
04:33 Et en fait, aucun n'a jamais été poursuivi, parce qu'aucun n'avait eu la possibilité, la capacité, le temps, le moment, la présence de Comet Summers.
04:43 Il y a beaucoup de gens qui s'accusent, et puis il y a des gens qui font des aveux et qui reviennent sur leurs aveux,
04:47 qui expliquent que les aveux ont été extorqués, ou qu'ils ne savaient pas ce qu'ils disaient, ou qu'ils faisaient ça pour fanfaronner.
04:52 Et puis parfois, on a des vrais coupables avec des vrais aveux, mais qui sont au-delà de la prescription.
04:56 Et donc, on raconte aussi ces histoires où il faut aller parfois jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme
05:01 pour qu'elle force le système judiciaire à dire "non, il faut quand même rouvrir l'affaire,
05:05 parce que si vous avez perdu le dossier initial de la première plainte, qui est l'élément qui marque la temporalité de la prescription,
05:13 qui a beaucoup évolué, d'ailleurs, qui a été rallongé au fur et à mesure, il y a tout ça".
05:16 Donc, on essaie d'expliquer à tous ceux qui nous regardent et qui vont pouvoir nous lire comment ça marche.
05:21 Parce qu'on est toujours dans cet espèce de logique où tout le monde connaît le droit pénal, ça n'est pas vrai,
05:25 on ne l'apprend pas en France jusqu'à la fac.
05:28 L'idée, c'est que tout le monde puisse décrypter les choses.
05:30 La prescription qui, d'ailleurs, a été rallongée, qui est passée pour les crimes de 10 à 20 ans.
05:33 Sauf pour, évidemment, les crimes contre l'humanité, puisqu'ils sont imprescriptibles.
05:37 La forme de l'émission permet ça aussi.
05:39 C'est-à-dire qu'au début, vous me disiez pourquoi je voulais m'y intéresser,
05:41 aussi par la forme de l'émission qui est un magazine documentaire.
05:44 C'est-à-dire qu'il y a mes plateaux, il y a nos plateaux ensemble avec l'expertise d'Alain,
05:50 mais il n'y a pas de commentaire.
05:51 Et ça, ça m'a beaucoup plu, parce que ça veut dire que ça laisse aussi les spectateurs de France 2
05:56 faire leur propre chemin et peut-être aussi se forger une conviction au fur et à mesure.
06:02 Vous avez été ébranlé, vous-même, en traitant certains de ces crimes ou faits divers.
06:06 Est-ce que ça vous a personnellement parfois un peu troublé ?
06:10 Parce que je me dis de brasser comme ça toute la journée, quand on n'est pas criminologue, des faits divers.
06:14 Qu'est-ce que ça a suscité en vous, Marie Druecker ?
06:17 Alors, je suis comme vous déjà, j'ai appris beaucoup de choses.
06:20 J'ai été fascinée surtout par quelques affaires.
06:23 L'affaire Méchinault, qui est une des premières que nous avons traitée.
06:26 Noël 1972, une famille, le couple, deux enfants, fête Noël à quelques kilomètres de chez eux.
06:34 Ils prennent la voiture pour rentrer chez eux.
06:36 Ils ne sont jamais arrivés, on ne les a jamais retrouvés.
06:38 Ils sont disparus.
06:39 Donc ça, c'est des affaires, on en connaît, de ce genre, plus récentes.
06:42 Je pense à l'affaire Dupont-de-Ligonnès.
06:45 Il y a des affaires qui sont fascinantes.
06:49 Et ça, évidemment, ça m'intéresse.
06:51 Mais pas de façon voyeuriste.
06:53 Non, je ne pense pas.
06:54 Ce que je vous dis, ce qui m'intéresse beaucoup, c'est ce que ça raconte de nous
06:56 et les progrès, évidemment, de la science.
06:58 On a voulu faire une vraie émission de service public.
07:00 Et un vrai livre pédagogique.
07:02 On a repris la même logique avec Marie, en faisant ce livre,
07:06 en reprenant toutes les affaires, en les présentant de manière les plus accessibles possible.
07:11 Mais en remettant toujours la petite note pédagogique explicative.
07:15 Parce que c'est à la fois un ouvrage sur les affaires,
07:18 mais ceci, ça peut servir pour toutes les autres affaires.
07:20 Exactement.
07:20 Franchement, si vous aimez les tréfonds de l'âme humaine,
07:23 je vous recommande ce livre, au bout de l'enquête,
07:26 tiré, évidemment, adapté en tout cas de l'émission que vous présentez tous les deux,
07:29 tous les samedis à 14h sur France 2.
07:32 Puis Marie Truquer, alors deux salles, deux ambiances, rien à voir.
07:34 Mais on m'a dit que vous étiez en forme.
07:36 Et effectivement, je l'ai vérifié grâce à ce livre.
07:38 Vous voyez, très en forme.
07:40 Un conseil vraiment santé, beauté, qui m'ont beaucoup inspiré,
07:43 que vous venez de sortir ce livre chez Michel Lafond.
07:45 On viendrait nous en parler une prochaine fois.
07:46 Avec plaisir.
07:47 Merci à vous deux. Merci d'avoir accepté l'invitation.

Recommandations