L'interview de Gabriel Attal en intégralité

  • l’année dernière
Gabriel Attal, ministre délégué chargé des Comptes publics, était l'invité de BFMTV, après avoir annoncé un plan de lutte contre la fraude fiscale. Parmi les mesures principales : augmenter de 25% les contrôles fiscaux "des plus gros patrimoines", renforcer les sanctions pour les fraudes les plus graves ou contrôler tous les deux ans les cent plus grandes capitalisations boursières.

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Transcription
00:00 C'est Gabriel Attal, le ministre délégué aux comptes publics en plateau avec nous.
00:04 Il arrive dans une seconde le temps de vous dire que Gabriel Attal lance aujourd'hui son plan de lutte contre la fraude fiscale.
00:09 Écoutez bien, je le cite, il veut faire payer les ultra-riches, les multinationales, les puissants et en même temps alléger la pression sur les classes moyennes.
00:18 Gabriel Attal qui veut un plan Marshall pour ces classes moyennes.
00:22 C'est-à-dire, c'est toute la question ce soir.
00:23 Bonsoir, monsieur le ministre.
00:24 - Bonsoir.
00:25 - Merci d'être avec nous en direct ce soir, interrogé ce soir par Antoine André, par Pauline Simonnet, par Nora Mali qui nous rejoint dans un instant.
00:32 Le temps de l'installer, elle aussi.
00:33 Juste un mot, on en parle à l'instant d'Armand Soldin, notre confrère journaliste tué, troisième journaliste français tué.
00:39 C'est le onzième collaborateur de presse tué depuis le début de cette guerre en Ukraine.
00:44 Armand Soldin, 32 ans.
00:46 Ça montre encore à quel point cette guerre est meurtrière, évidemment pour les Ukrainiens, mais aussi pour les journalistes internationaux et notamment les journalistes français.
00:55 C'est profondément bouleversant et je veux adresser mes condoléances à la famille de ce journaliste, à ses collègues, à ses amis.
01:02 Ça montre, comme vous l'avez dit, à quel point cette guerre est meurtrière.
01:06 À quelques heures de vol de Paris et de la France, ça montre aussi combien des journalistes qui sont envoyés sur des théâtres d'opération risquent leur vie pour nous informer.
01:16 Et moi, j'ai encore le souvenir de votre collègue Frédéric Leclerc-Himoff, journaliste à BFMTV, qui, il y a quelques mois, a perdu la vie, lui aussi, en Ukraine.
01:25 On ne l'oublie pas, de la même manière qu'on n'oubliera pas le journaliste de l'AFP qui a perdu la vie.
01:30 Évidemment, il y en a une pensée ce soir pour leurs proches, bien sûr.
01:33 Je le disais, vous êtes là pour notamment lancer votre plan aujourd'hui de lutte contre la fraude fiscale, faire payer les ultra-riches, les multinationales.
01:42 Ce sont vos mots, des multinationales, des ultra-riches, qui ont à leur disposition, Gabriel Attal, des armées d'avocats fiscalistes.
01:48 Comment est-ce que vous allez vous y prendre face à ces avocats-là ? Redoutable.
01:53 Moi, j'essaye d'abord d'être pragmatique. Aujourd'hui, 80 % des droits qui sont notifiés viennent de 10 à 15 % des dossiers qui sont les dossiers au montant les plus importants.
02:03 Je ne suis pas là en train de stigmatiser certains à dire qu'ils sont tous des fraudeurs.
02:07 Je dis, moi, je veux pourchasser ceux qui fraudent, recouvrer ceux qui sont dus aux finances publiques.
02:13 Et il est vrai que sur un certain nombre de dossiers du haut du spectre, comme on dit, notamment dans les multinationales, ce sont des montants qui sont souvent très importants.
02:20 Donc, vous allez chercher l'argent là où il est ? Exactement. Et là où il doit être versé, surtout.
02:25 Comment est-ce qu'on fait ? C'est la question que vous avez posée. Il y a plusieurs leviers.
02:28 D'abord, on renforce les moyens. J'ai annoncé 1 500 effectifs supplémentaires pour le contrôle fiscal à la Direction générale des finances publiques.
02:36 Le doublement des effectifs d'officiers judiciaires des finances du SEJF et également des moyens supplémentaires avec la création d'un service de renseignement fiscal
02:47 qui va nous permettre d'aller collecter de l'information, notamment sur des territoires.
02:51 On parle parfois de paradis fiscaux, d'États non coopératifs pour lesquels il n'y a pas de transparence et il n'y a pas d'information.
02:57 Vous avez parfois, vous pouvez avoir des contribuables très riches qui hébergent dans des trusts qui sont installés, hébergés dans des États
03:06 qui ne nous transmettent pas d'informations, des fonds qui échappent à la solidarité nationale et à l'impôt qui est dû.
03:11 Mais pardon, sur votre bureau de ministre des Comptes publics, quel dossier concret vous avez en tête ?
03:15 Vous, évidemment, sans donner de nom, bien sûr, mais d'ultra-riches qui échappent, qui tentent d'échapper à l'impôt.
03:22 Par quels moyens est-ce qu'ils tentent d'y échapper ?
03:24 Écoutez, ce matin, par exemple, j'étais d'ailleurs avec certains de vos confrères au service d'enquête judiciaire des finances.
03:29 Ils nous ont présenté un certain nombre de cas sur lesquels ils sont en train de travailler.
03:32 Il y avait un contribuable français qui hébergait plusieurs millions d'euros dans un pays étranger,
03:38 qui a d'ailleurs bougé les fonds à mesure qu'on signait des conventions fiscales bilatérales avec ces pays
03:43 pour échapper à l'impôt qu'ils devaient payer en France sur ce patrimoine, ces actifs financiers qu'ils hébergaient à l'étranger.
03:48 Autre exemple que je peux vous donner, on n'est pas là nécessairement dans la fraude, mais dans l'optimisation fiscale.
03:54 Des grandes multinationales qui utilisent ce qu'on appelle les prix de transfert pour échapper à l'impôt qu'elles doivent payer en France.
04:00 C'est un sujet qui est assez technique.
04:01 C'est-à-dire qu'en gros, pour faire simple, les bénéfices que l'on fait en France, que ces entreprises font en France,
04:05 elles les envoient à l'étranger à la maison mère, qui évidemment se trouve dans un pays où elles payent moins l'impôt.
04:09 Exactement.
04:10 Donc il y a certaines multinationales pour lesquelles on a pu identifier ces montages et pour lesquelles on a mis des amendes importantes.
04:16 L'été dernier, une amende d'un milliard 300 millions d'euros pour une multinationale, une amende qui a été payée en France.
04:22 Mais je veux renforcer...
04:23 C'est McDo, la multinationale.
04:24 Oui, et je veux renforcer les modalités de déclaration de la manière dont ces sociétés construisent leur prix de transfert,
04:30 de contrôle aussi pour nos services.
04:32 Il y a juste une chose, avant de passer la parole à mes camarades, évidemment, et je salue Nora Amadi qui vient d'arriver.
04:36 Bonsoir Nora.
04:36 Bonsoir.
04:37 Vous allez recruter, vous dites on va recruter 1500 postes supplémentaires pour le contrôle fiscal.
04:41 On en a supprimé 3000 ces dernières années.
04:43 Dans le contrôle fiscal, c'est le chiffre donné par le syndicat Solidaire.
04:46 Ceux qui nous regardent se disent "c'est absurde, on a appauvri le service public".
04:50 Vous vous en rendez compte aujourd'hui, donc vous recrutez à nouveau.
04:52 Il y a eu des suppressions de postes à la Direction générale des finances publiques ces dernières années,
04:56 mais qui sont pour l'essentiel dues à la numérisation, la dématérialisation.
05:01 On a fait le prélèvement à la source.
05:03 Vous avez maintenant des déclarations qui sont préremplies sur Internet.
05:05 On a supprimé un certain nombre de taxes et d'impôts, la taxe d'habitation, la redevance télé notamment.
05:10 Donc vous avez des postes essentiellement administratifs, de recouvrement et de calcul de l'impôt qui ont été supprimés.
05:15 Mais l'effort a beaucoup moins pesé sur le contrôle fiscal.
05:18 Vous avez aujourd'hui un peu plus de 10 000 agents du contrôle fiscal en France.
05:23 Ils seront 11 500 à la fin du quinquennat avec le renforcement que j'ai annoncé.
05:27 Vous parlez des ultra riches, d'achats sur les ultra riches, aux plus gros patrimoines.
05:30 À ceux qui fraudent encore une fois.
05:32 Aux ceux qui fraudent, évidemment.
05:33 Je ne stigmatise pas une catégorie de contribuables.
05:37 Moi, ce qui m'intéresse, c'est ceux qui fraudent, les identifier et faire en sorte qu'ils payent leur juste dû à la solidarité nationale.
05:45 Parce que vous avez des Français qui travaillent, des classes moyennes, qui paient leurs impôts,
05:49 qui attendent d'avoir des services publics qui fonctionnent mieux.
05:51 Pour ça, il faut des moyens.
05:52 Donc, on ne peut pas accepter que certains échappent à l'impôt.
05:54 De la même manière que vous avez des patrons de PME, de petites entreprises qui payent tous les impôts qu'ils doivent.
05:59 Eux, ils n'ont pas de filiale ou de maison mère dans d'autres pays où rapatrier leurs bénéfices.
06:03 Vous avez mis 6 milliers, très exactement, avant de prononcer classe moyenne.
06:05 On en parle dans un instant parce que vous n'avez que ce mot-là à la bouche en ce moment.
06:09 Et j'aurais savoir comprendre pourquoi ce soir.
06:11 Justement, vous vouliez poser une question ?
06:14 Vous parlez des ultra riches et des gros patrimoines.
06:16 En même temps, quand on parle de plus gros manque à gagner, là où il y a la plus grosse fraude,
06:20 vous évoquez vous-même d'ailleurs la fraude à la TVA.
06:22 Et là, on ne pense pas forcément aux grosses multinationales, etc.
06:25 Donc, finalement, ce n'est pas forcément les multinationales et les plus riches qui vont être visées.
06:30 Effectivement, la fraude à la TVA, c'est un manque à gagner très important pour les finances publiques.
06:35 Ça peut aussi être des grandes entreprises avec des systèmes qu'on appelle de carousel de TVA qui sont très élaborés.
06:40 Pour ça, on a une réforme qui est très importante, qui va entrer en vigueur à partir du mois de juillet 2024.
06:45 C'est la facturation électronique entre les entreprises.
06:48 C'est une réforme d'ampleur, c'est l'équivalent du prélèvement à la source appliqué aux entreprises.
06:51 Ça va se mettre en place progressivement, mais c'est une réforme qui doit nous permettre d'être beaucoup plus efficace
06:55 dans la lutte contre la fraude à la TVA.
06:57 Il y a un pays qui l'a mis en place pour l'instant autour de nous, c'est l'Italie.
07:01 Et dès l'année suivante, ils ont recouvré 2 milliards d'euros de plus de TVA qui avait été fraudé.
07:06 Et on ne parle pas des ultra riches, là.
07:08 On parle d'entreprises qui peuvent être de tailles différentes, effectivement.
07:11 Mais effectivement, c'est une fraude importante.
07:13 L'INSEE l'a évalué à 20 milliards d'euros par an, la fraude à la TVA.
07:16 - Anthony. - Oui, Gabriel Attal.
07:18 On se réjouit d'une certaine façon qu'on s'attaque à la fraude fiscale, notamment des ultra riches.
07:22 Et c'est vrai qu'on se demande tous, quand on est citoyen,
07:24 pourquoi est-ce que d'ailleurs ça n'a pas été un effort plus massif avant ?
07:28 Parce que c'est vrai que ça représente des milliards.
07:29 Mais dans votre présentation, dans la présentation que vous en faites, notamment dans le journal Le Monde,
07:34 vous avez des mots qui sont assez durs, qui sont assez véhéments.
07:36 C'est-à-dire, on parle de travaux d'intérêt général pour des patrons qui viendraient repeindre les murs de Bercy.
07:41 On parle d'indignité civique.
07:43 On parle de faute impardonnable pour la fraude des riches,
07:47 comme si elle était encore plus inacceptable que la fraude des classes moyennes.
07:51 Dans vos propos, je trouve qu'il y a quelque chose qui est un peu français,
07:54 qui revient un peu à désigner à la vindicte une catégorie de population très privilégiée,
08:00 en prenant en témoin les classes moyennes qui se sentent effectivement souvent pénalisées par l'impôt
08:04 et qui se sentent souvent plus pressurisées et moins privilégiées que les plus riches.
08:08 Et d'une certaine façon, pour calmer leur colère, vous désignez à la vindicte une autre classe.
08:12 Et on fait le lapsus tout de même en disant, vous ne faites pas la chasse aux riches,
08:15 mais à la fraude des très riches.
08:17 Mais vous voyez bien qu'il y a une espèce...
08:19 Moi, je la fais pas.
08:21 Vous voyez bien qu'il y a une sorte d'amalgame, je trouve, qui est une ficelle politique assez grosse
08:26 et qui de toute façon n'apaise pas la société.
08:28 C'est pour ça qu'il faut s'exprimer et répondre aux questions.
08:30 Si vous lisez l'interview que j'ai donnée au Monde, je parle de ceux qui fraudent.
08:34 Moi, je ne jetterai jamais à la vindicte, et j'ai commencé l'échange comme ça,
08:37 où je ne stigmatiserai jamais une catégorie de contribuables en tant que telle.
08:41 Maintenant, oui, je considère que quand vous êtes riche, très riche,
08:45 que vous dissimulez plusieurs millions d'euros à l'étranger,
08:47 c'est évidemment pas la majorité des contribuables concernés.
08:49 Les trazantes majorités d'entre eux font les choses parfaitement dans les règles,
08:52 ou parfois il peut y avoir une erreur, et à ce moment-là, on la corrige.
08:55 De la même manière que pour les entreprises,
08:57 l'écrasante majorité d'entre elles fait les choses dans les règles,
08:59 elles peuvent faire des erreurs, on les corrige.
09:01 Mais vous avez une minorité qui peut frauder,
09:04 et dans ces cas-là, je considère que quand on dissimule à l'étranger
09:07 des avoirs de plusieurs millions d'euros, on sort de la citoyenneté.
09:10 Et oui, j'assume de dire que dans ces cas-là,
09:12 il faut qu'on arrive à créer une sanction d'indignité fiscale et civique,
09:16 où dans ces situations-là, encore une fois,
09:18 de fraudes les plus importantes,
09:19 souvent avec dissimulation d'avoirs à l'étranger,
09:22 il y a la privation pendant une certaine durée
09:24 de tout accès au crédit d'impôt, aux réductions d'impôt,
09:27 et du droit de vote sur une certaine durée.
09:29 On y travaille avec mon collègue Éric Dupond-Moretti.
09:31 On va saisir le Conseil d'État pour examiner la constitutionnalité.
09:34 - Une chose, Gabriel Attal, et je donne la parole à Nora dans un instant,
09:36 qui veut réagir, mais pourquoi est-ce que vous tournez autour Dupond
09:38 par rapport à ce que dit Antoine André ?
09:40 Pourquoi parler d'indignité civique ?
09:41 Pourquoi parler de travaux d'intérêt général,
09:45 d'aller repeindre, comme on le disait, le centre des impôts ?
09:47 Pourquoi tourner autour Dupond ?
09:48 Pourquoi ne pas dire, on a l'air dit, les peines de prison ?
09:50 - Tout simplement.
09:51 - Je suis... Alors, il y a des peines de prison qui sont déjà prévues par...
09:54 - Oui, mais on a l'impression qu'en France,
09:55 c'est difficile d'aller sanctionner de peines de prison,
09:58 je veux dire, les voyous en col blanc.
09:59 - Il y a un côté un peu humiliant aussi,
10:02 en travaux d'intérêt général.
10:03 L'image du patron qui va repeindre les murs de Bercy,
10:05 ou qui est déçu sur son droit d'oeuvre,
10:07 il y a un côté un peu humiliant.
10:08 - Je suis très surpris de cette...
10:10 - Pardon, je me fais l'avocat du diable,
10:12 mais vous voyez ce que je veux dire.
10:13 - J'ai entendu plusieurs fois depuis ce matin.
10:14 Pourquoi est-ce que ce serait plus normal
10:16 que le petit délinquant, il fasse des travaux d'intérêt général,
10:19 et pas le contribuable qui a fraudé sur les impôts ?
10:21 - Souvent, ça se substitue à une peine de prison,
10:23 et c'est une peine qu'on inflige pour éviter à quelqu'un d'avoir une sanction.
10:27 Et là, vous dites, non seulement il paiera des pénalités,
10:29 il sera condamné, mais en plus, il viendra repeindre les murs de Bercy.
10:32 - Oui, mais je pense que ça peut être un moyen d'alternative à la prison, de réinsertion.
10:36 Ça peut aussi être un moyen, symboliquement, de montrer qu'on retourne dans la citoyenneté.
10:40 Et finalement, ils sont dus à la citoyenneté aussi comme ça.
10:43 Et j'avoue que j'étais assez étonné aujourd'hui d'entendre certains dire,
10:45 finalement c'est trop bizarre d'avoir quelqu'un en col blanc
10:47 qui mettrait le bleu de travail pour aller faire des travaux d'intérêt général.
10:50 Personne n'est surpris quand on demande à des petits délinquants de le faire.
10:54 - Ce que je vous disais, Gabriel Artel, c'était dire,
10:56 la peine de prison, plus fort, plus sévère.
10:57 - Mais alors, aujourd'hui, pour répondre à votre question,
10:59 vous avez autour de 500, 600 condamnations par an pour fraude fiscale.
11:03 Dans 20% des cas, vous avez de la prison et de la prison ferme.
11:06 C'est vrai qu'on ne le dit pas suffisamment.
11:07 C'est vrai qu'on ne le sait pas suffisamment.
11:09 Et on a beaucoup travaillé aussi avec Eric Dupond-Moretti
11:11 pour faire remonter les chiffres et pour en bénéficier.
11:13 Maintenant, quand je parle des travaux d'intérêt général,
11:16 je parle, pour les élargir, je parle de situations
11:19 dans lesquelles il n'y a pas de peine de privation de liberté
11:21 et où ça viendrait en accompagnement d'une amende décidée par le juge.
11:25 - Alors, ce qui est intéressant, c'est qu'on pourrait très bien se dire
11:28 qu'à la faveur de ce qu'on avait dû commenter il y a quelques jours
11:31 avec Bruno Le Maire qui nous parlait de la fraude sociale
11:34 et de ces Maghrébins qui envoyaient quelques euros, semble-t-il,
11:38 au bled, pardon pour cette expression, mais c'est quand même comme ça
11:41 qu'il avait fallu percevoir les choses.
11:42 On a le sentiment d'être peut-être dans une forme de...
11:44 En même temps, il faut maintenant envoyer effectivement un signal
11:47 aux classes moyennes, mais on y reviendra,
11:49 à ceux qui voient ce déclin de la France, notamment,
11:52 et de ses services publics, qui ont le sentiment d'être des vaches à lait
11:55 et de se dire, et vous l'avez dit vous-même,
11:57 "Où va mon argent ? Où vont mes impôts ?"
11:59 Premièrement. Deuxièmement, on se dirait, "Enfin, il était peut-être temps,
12:02 "effectivement, après six années au pouvoir, de se dire
12:05 "il va falloir s'attaquer à cette question."
12:07 La preuve, on n'est même pas capable de la chiffrer.
12:09 Enfin, surtout quand, pour le coup, vous, moi,
12:12 quand on fait un excès de vitesse, on sait très bien être récupéré
12:15 par le fisc qui est en capacité d'aller saisir
12:17 chez nos patrons, sur nos comptes bancaires, etc.
12:20 Donc là, on se dit, "Tiens, il était temps.
12:23 "Pourquoi avoir mis tant de temps ?"
12:24 Deuxièmement, est-ce que, véritablement, vous aurez les moyens
12:27 de ces ambitions ? Je m'explique. On se souvient
12:30 des attermoiements qu'il avait fallu régler
12:33 quand il s'était sagi de taxer les GAFA.
12:35 Les GAFA, non. Et il avait fallu en passer par l'OCDE,
12:38 puis l'Union Européenne... - On est un des premiers pays
12:40 européens à avoir mis en place une taxe sur les GAFA.
12:42 - Il avait fallu aussi, sur la taxe sur l'assiette
12:45 des impôts sur les sociétés, on ne va pas rentrer dans le détail,
12:48 en passer par l'Union Européenne. Là-dessus, puisque vous nous parlez
12:50 d'évasion fiscale, de fraude, à un moment, comment vous allez pouvoir
12:53 faire sans vos voisins européens ? Des voisins qui sont eux-mêmes
12:57 parfois pas très coopératifs avec le fisc.
13:00 À un moment, est-ce que vous n'allez pas juste créer
13:03 une nouvelle forme d'évasion et être dans l'incapacité
13:06 d'aller au-delà de ce moment, aller un peu viril
13:11 dans votre interview d'hier dans Le Monde, en disant
13:14 "Bon, allez, hop, maintenant, on va repeindre le centre des impôts,
13:17 c'est sympa, mais bon." - Gabriel Attal.
13:20 - Alors, il y a beaucoup de questions dans votre crise.
13:22 - On va faire un "tour avec Nora". - J'essaie de prendre les choses
13:24 méthodiquement. D'abord, en même temps, comme vous l'avez dit,
13:27 entre fraude fiscale et fraude sociale. Moi, j'assume.
13:30 Vous avez aujourd'hui, si vous écoutez l'extrême gauche,
13:32 vous avez l'impression qu'il n'y a que de la fraude fiscale.
13:34 Si vous écoutez l'extrême droite, vous avez l'impression
13:36 qu'il n'y a que de la fraude sociale. Moi, je considère, et nous considérons,
13:39 qu'il y a de la fraude fiscale, il y a de la fraude sociale,
13:41 il y a même de la fraude douanière, dont on ne parle pas suffisamment,
13:43 et qu'on doit s'attaquer à toutes les fraudes sans instrumentalisation,
13:46 sans stigmatisation. Et quand Bruno Le Maire s'exprime, il répond à une question
13:49 de votre consoeur Apolline de Malherbe, précisément sur ce sujet
13:52 des allocations sociales versées à l'étranger.
13:54 - Sur le Maghreb, il y va tout seul. - J'ai pris une décision,
13:57 nous avons pris une décision, à partir du 1er juillet prochain,
13:59 il n'y aura plus d'allocations sociales qui seront versées
14:01 sur des comptes bancaires étrangers. Ça a été adopté dans le projet
14:04 de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023,
14:07 ça sera en vigueur à partir de juillet prochain.
14:09 Ça, c'est sur la première question. Deuxième question, vous dites,
14:11 pourquoi on a attendu tant de temps ? On n'a pas attendu tant de temps.
14:14 Dès le début du précédent quinquennat, le président de la République
14:17 a demandé qu'il y ait une mobilisation sur ce sujet de la fraude fiscale
14:20 et mon prédécesseur Gérald Darmanin, qui occupait mes fonctions à l'époque,
14:23 a porté une loi sur la fraude fiscale en 2018, qui a notamment permis
14:27 un progrès majeur, c'est la levée de ce qu'on appelle le verrou de Bercy.
14:31 Pendant des années, on entendait des critiques, notamment d'ONG,
14:34 de partis politiques, qui disaient qu'il faut faire sauter
14:36 le fameux verrou de Bercy. On l'a fait en 2018.
14:38 - Il faut expliquer ce que c'est le verrou de Bercy.
14:40 - Le verrou de Bercy... - Et ce qu'il empêchait.
14:42 - Le verrou de Bercy, c'est ce qui empêchait qu'il y ait
14:44 une transmission systématique à la justice de dossiers de fraude fiscale,
14:47 y compris importants, où Bercy finalement pouvait décider...
14:49 - Négocier et régler lui-même le dégâché.
14:52 - Voire mettre des dossiers sous le tapis.
14:55 - Maintenant, vous avez près de 2000 dossiers qui sont transmis
14:57 à la justice chaque année. Je crois que c'est 1800 l'année dernière.
15:00 Et ça, on le doit à la loi de 2018, de la même manière que l'utilisation
15:03 de l'intelligence artificielle pour renforcer les contrôles,
15:06 c'était aussi dans cette loi. Et ça fait que l'an dernier,
15:09 on a eu une année record avec 14,6 milliards d'euros de droits notifiés,
15:13 record grâce à l'intervention de la loi.
15:16 - Ça veut dire que c'est l'argent que vous récupérez.
15:18 - C'est un des apports de la loi. Et la troisième question
15:20 que vous avez évoquée sur l'évasion fiscale.
15:22 D'abord, je rappelle que la France a été le premier pays
15:24 à mettre en œuvre une taxe GAFA, justement parce qu'on considérait
15:26 que ça n'avançait pas assez vite à l'international.
15:28 - Elle rapporte combien ? - C'est-à-dire sur les grosses boîtes,
15:30 Google, etc. - Oui. Et ensuite, on a eu des discussions
15:32 au niveau de l'OCDE, et c'est la France, c'est le président
15:34 de la République Emmanuel Macron et Bruno Le Maire qui ont porté
15:36 cette mobilisation à l'OCDE pour qu'on arrive à un accord
15:40 sur la question des GAFA, mais aussi sur la question
15:42 d'un impôt minimal pour les multinationales dans le monde à 15%.
15:46 On nous disait que c'était impossible. On a eu un accord à l'OCDE.
15:48 Ensuite, on nous disait que vous n'arriveriez pas à avoir d'accord
15:50 au niveau européen. On a eu un accord l'an dernier
15:52 au niveau européen. On va le transposer dans le droit national
15:54 dès cette année, et on aura dans les années à venir
15:57 les premières recettes de cet impôt minimal.
15:59 Maintenant, là où je vous rejoins, c'est que si on veut vraiment
16:01 porter un coup d'arrêt à l'évasion fiscale, il faut une mobilisation
16:03 de l'ensemble des États. On ne peut pas décider nous tous seuls
16:05 de mettre fin à l'évasion fiscale dès lors qu'il y aura encore
16:08 des pays qui ne nous transmettront pas suffisamment d'informations.
16:10 Mais, pardon, Grégory Bélatal, mais comme le disait Nora,
16:12 il y a un certain nombre d'États qui accueillent à bras ouverts
16:14 l'évasion fiscale en réalité.
16:16 Et des États européens.
16:18 Je pense qu'il y a deux choses importantes.
16:20 La première, c'est qu'il faut une mobilisation internationale
16:22 sur le sujet. C'est pour ça.
16:24 D'où l'idée d'une COP, c'est ça.
16:25 D'où l'idée d'une COP fiscale.
16:26 Ça, c'est réaliste parce qu'on se dit vraiment,
16:29 la fiscalité, c'est quand même un levier de concurrence
16:31 entre les différents États dont chacun joue dans son coin.
16:34 Vous pensez vraiment que c'est réaliste ?
16:36 Et même quand il n'y a pas de compétition, c'est-à-dire la COP climat,
16:38 ça ne marche pas.
16:39 Il y a quand même eu des accords importants notamment.
16:41 Vous voyez bien que sur beaucoup de choses, on arrive pas à avancer.
16:43 Est-ce que vous pensez qu'une COP, ça peut avoir lieu ?
16:45 Il y a une volonté aujourd'hui internationale ?
16:47 Je pense que s'il n'y a pas un pays,
16:49 et je me réjouis que ce soit la France qui prend l'initiative là-dessus,
16:51 ça ne verra jamais le jour.
16:52 Donc, je pense qu'il faut le tenter, lancer la mobilisation.
16:55 Ça a été beaucoup porté par des élus.
16:57 Vous savez que mon plan sur la fraude fiscale,
16:59 je l'ai travaillé avec des représentants de tous les groupes politiques.
17:01 Et en l'occurrence, un sénateur communiste, Éric Boquet,
17:04 une sénatrice centriste, Nathalie Goulet,
17:06 portaient depuis des années cette idée d'une COP fiscale
17:08 pour arriver à ce qu'on appelle un cadastre financier international,
17:12 porté par des groupes comme la France Insoumise,
17:14 mais aussi le groupe Renaissance.
17:15 C'est-à-dire que l'on sache qui détient quoi partout dans le monde.
17:18 Exactement.
17:19 Aujourd'hui, on a fait beaucoup de progrès sur la connaissance
17:22 de ce qu'il y a sur les comptes bancaires.
17:23 Mais il n'y a pas que les comptes bancaires.
17:25 Vous pouvez avoir des parts dans des sociétés,
17:27 vous pouvez avoir des parts dans des fonds d'investissement,
17:29 vous pouvez avoir du patrimoine immobilier.
17:30 Regardez comme ça a été difficile,
17:32 et ils ont été exceptionnels pour nos services,
17:34 d'identifier au moment des sanctions contre les oligarques russes
17:37 qui détenaient quoi en termes de villas, de yachts, etc.
17:40 Justement, on parlera de la classe moyenne dans une seconde,
17:42 mais vous dites que vous allez recruter des sortes de James Bond de la fiscalité.
17:46 Vous allez créer un service de renseignement à Bercy
17:49 qui pourra posséder à des écoutes, poser des balises sur les voitures, etc.
17:52 En quoi est-ce que ça va vous aider concrètement
17:54 par rapport au problème dont on vient de parler ?
17:56 Aujourd'hui, quand vous avez des fonds qui sont hébergés dans des trusts,
17:59 dans des pays pour lesquels on n'a pas de transmission d'informations,
18:02 pour un exemple, je n'essaie jamais de ne pas trop stigmatiser,
18:05 mais vous avez les Iles Vierges britanniques, Jersey, etc.
18:08 On n'a pas d'informations.
18:10 Donc, il faut bien aller chercher l'information.
18:11 Ces dernières années, on a bénéficié d'informations
18:13 grâce à des lanceurs d'alerte et des consortiums de journalistes.
18:16 C'est les fameux "papers", les Panama Papers, les Pandora Papers,
18:19 les Paradise Papers, les Dubai Papers.
18:21 Moi, je veux que la France produise ses propres "papers"
18:24 en allant chercher de l'information.
18:25 Donc, effectivement, on va créer un service de renseignement fiscal à Bercy.
18:29 Vous aurez des agents de renseignement
18:31 qui auront accès aux techniques de renseignement
18:33 qui existent aujourd'hui dans d'autres services
18:35 type DGSE, DGSI,
18:37 et qui pourront recruter des sources humaines
18:39 dans des institutions financières.
18:41 Recruter, ça veut dire payer, Gabriel Attal ?
18:43 Oui, les rémunérer pour qu'elles nous donnent des informations sur...
18:45 Des indics.
18:46 Oui, sur des avoirs financiers.
18:49 On parle de délations.
18:51 Ça n'a pas par contre qu'on a entendu des dénonces,
18:53 la délation finalement, vous appelez.
18:54 Encore une fois, il s'agit de dire que vous avez des personnes qui fraudent
18:58 et qu'on veut aller chercher l'argent qui est fraudé.
19:00 Et donc, moi, j'assume qu'on prenne cette mesure.
19:02 Ça existe dans plusieurs pays européens,
19:04 notamment en Italie et au Royaume-Uni,
19:06 qui sont les plus avancés.
19:07 Aux États-Unis, ils ont un dispositif aussi que je suis allé voir,
19:10 mais qui est pour le coup, je pense,
19:11 beaucoup trop intrusif par rapport à ce qu'on veut faire.
19:14 Mais donc, ils pourront recruter des sources humaines,
19:16 les rémunérer contre des informations.
19:18 Ils pourront aussi procéder à des écoutes,
19:19 à de la captation de données, à de la pose de balises,
19:22 pour récupérer des informations qui nous permettront ensuite
19:24 d'ouvrir des procédures d'enquête et des procédures judiciaires.
19:27 Effectivement, ça sera, je pense, un progrès important
19:30 dans notre capacité à aller chercher des avoirs financiers
19:33 qui aujourd'hui ne peuvent pas être concernés par notre action
19:37 puisqu'on n'a pas l'information.
19:38 Après avoir parlé des ultra-riches, je veux qu'on revienne un peu sur Terre.
19:41 Vous dites que vous allez, en parallèle de vouloir faire payer les ultra-riches,
19:46 alléger la pression sur les petits contribuables, les petits patrons.
19:49 Pourquoi est-ce que vous envoyez ce message-là ?
19:51 Une fraude, c'est une fraude.
19:53 Oui, encore une fois, je parle d'alléger la pression dans plusieurs cas.
19:57 D'abord, il peut y avoir des erreurs.
20:00 Ce que je souhaite, c'est qu'on massifie,
20:02 notamment pour les classes moyennes, les patrons de PME,
20:05 ce qu'on appelle la régularisation à la place du contrôle.
20:07 Parce que quand vous êtes un contribuable moyen,
20:10 quand vous êtes un patron d'une petite entreprise,
20:12 un contrôle fiscal, ça peut être, même si beaucoup de progrès ont été faits
20:15 sur la relation de confiance par mes agents à la DGFIP,
20:17 mais ça peut être quelque chose d'assez lourd et d'assez angoissant.
20:20 Et donc, on a développé ces dernières années des initiatives de régularisation,
20:24 c'est-à-dire, on envoie un courrier, on dit voilà, on a détecté ça,
20:27 on vous propose de régulariser, plutôt que d'ouvrir un contrôle
20:30 et de regarder partout dans le détail.
20:32 Je veux qu'on massifie ça.
20:33 Donc, on va recruter 200 agents qui seront dédiés à ces régularisations,
20:37 que je veux vraiment massives pour les classes moyennes et les patrons de PME.
20:40 Ça, c'est la première chose.
20:41 Ensuite, pour les erreurs, le président de la République a souhaité,
20:44 dans le précédent quinquennat, ce qu'on appelle le droit à l'erreur.
20:47 Moi, je veux pousser cette logique jusqu'au bout, et donc, à la première erreur,
20:50 zéro pénalité, en faire un principe automatique.
20:53 Et troisième chose, je veux que, quand il y a une erreur de l'administration,
20:57 ça peut arriver, l'administration se trompe, c'est rare, évidemment,
21:00 parce que nos agents sont très bons, mais ça peut arriver,
21:03 quand il y a une erreur de l'administration, qu'on vous prélève une somme
21:06 trop importante par rapport à ce qu'on devait vous prélever,
21:08 en plus de vous retourner cette somme, il y a une majoration,
21:11 de la même manière que, quand vous versez trop tard une somme,
21:14 on vous prend une pénalité.
21:15 Voilà, c'est des mesures, je trouve, de bon sens, en tout cas,
21:18 qui permettent de redonner un peu d'oxygène, d'alléger la pression
21:21 sur une catégorie de...
21:22 - Mais là, je me mets à la peine de ceux qui nous regardent.
21:24 Ça concerne qui, quand vous dites "les classes moyennes et les petits patrons",
21:26 ça concerne qui, concrètement ?
21:27 - Les classes moyennes, c'est ceux, pour moi, si je devais donner une définition,
21:31 c'est ceux qui vivent essentiellement de leur travail,
21:33 et qui ne peuvent compter ni sur des aides sociales,
21:36 ni sur une rente liée à un patrimoine qu'ils auraient hérité ou accumulé.
21:40 Ils sont d'ailleurs parfois propriétaires, mais en général,
21:43 ils se sont endettrés avec un crédit sur plusieurs années.
21:45 C'est des personnes qui vivent principalement de leur travail,
21:47 pas des aides sociales, ni d'une rente et d'un patrimoine très important.
21:50 - Gabriel Attal, c'est finalement la France des BTS de Jordan Bardella ?
21:55 - Ah non, c'est la France...
21:57 - Est-ce que ce n'est pas une réponse, justement, à cette formule
22:01 qui a beaucoup marqué, et qui est assez claire pour ceux qui l'aperçoivent,
22:04 de voir sur ces Français, effectivement, qui ne sont pas les 1% ou 10%
22:09 qui auraient fait le plus d'études, pas les urbains,
22:11 plutôt la France issue, qu'on a pu voir sur les ronds-points,
22:15 et que votre camp aussi a pu parfois mépriser,
22:18 tout du moins c'est comme ça que c'est perçu, ça a été perçu aussi à l'époque.
22:21 Est-ce que ce n'est pas ce signal-là qu'il faut envoyer d'une forme de pacification,
22:24 d'une nécessaire reprise de dialogue,
22:27 de sortir aussi de cette idée d'un profond mépris,
22:30 qui s'est enraciné, au-delà même du président des riches ?
22:33 Est-ce que ce n'est pas ça aussi la nécessité ? Recréer un lien de confiance ?
22:37 D'abord, je fais totalement la part des choses avec le RN, et je vais vous dire pourquoi.
22:41 Parce que le RN, à chaque fois qu'il en a l'occasion,
22:44 il prend position contre les intérêts des classes moyennes.
22:46 Qu'est-ce qu'elles vous disent, les classes moyennes ?
22:48 Elles vous disent "on peut, quand c'est possible, payer moins d'impôts".
22:50 On a supprimé la taxe d'habitation, la redevance télée,
22:53 baissé l'impôt sur le revenu pour les premières tranches,
22:56 défiscalisé les heures supplémentaires, permis de monétiser ces RTT.
22:59 Est-ce que le RN a été là pour voter ces mesures ? Non, ici est opposé.
23:02 Qu'est-ce qu'elles vous disent ensuite, les classes moyennes ?
23:04 Elles vous disent "on a parfois l'impression avec nos impôts
23:07 de financer un modèle qui permet à certains de ne pas travailler".
23:10 Et donc on a assumé de prendre des mesures difficiles,
23:12 et notamment la réforme de l'assurance chômage, pour dire
23:15 "quand l'économie va mieux et qu'il y a des perspectives d'emploi,
23:17 on réduit la durée d'indemnisation du chômage pour inciter à la reprise d'emploi".
23:20 Ça, je pense que c'est aussi attendu par une grande partie des classes moyennes.
23:23 Qu'a fait le RN sur cette réforme ? Ils ont voté contre, ils ont cherché à s'y opposer.
23:28 Donc, qu'ils disent "on veut soutenir la France des classes moyennes, des BTS ou autres",
23:32 c'est des déclarations, mais quand vous regardez dans les actes,
23:34 ils prennent systématiquement des positions qui sont diamétralement opposées
23:37 à ce que ces Français attendent.
23:39 Mais il y a un côté grosse ficelle politique, de nous dire "on va aller chercher les riches,
23:44 les ultra-riches, les gros entreprises, etc. et dans le même temps,
23:47 on va arrêter d'emmerder les classes moyennes".
23:49 Il y a une grosse ficelle politique.
23:51 Il y a des annonces extrêmement concrètes et des mesures qui sont claires.
23:54 Encore une fois, j'essaye d'être pragmatique et d'avoir du bon sens.
23:57 Quels sont les cas qui aujourd'hui "rapportent le plus" aux finances publiques
24:02 quand on lutte contre la fraude ?
24:03 C'est une partie de dossier qu'on appelle du haut du spectre,
24:06 où sur un dossier, vous avez des montants beaucoup plus importants.
24:09 Maintenant, est-ce qu'il s'agit de dire qu'il y aura un permis de frauder
24:11 pour une catégorie contribuable ? Evidemment non.
24:14 Ce que je dis simplement, c'est que quand on est un contribuable moyen,
24:17 quand on est à la tête d'une PME, on est quand même moins armé et entouré
24:20 pour faire face à des procédures qui sont parfois lourdes que quand on est un...
24:25 Je comprends de votre plan marché à l'instant.
24:27 Pour aller dans votre sens, je pense que la notion de consentement à l'impôt,
24:32 en réalité, est quelque chose qu'on a quand même perdu en France
24:34 et qu'effectivement, il est urgent de le restaurer.
24:36 Parce que le consentement à l'impôt, c'est d'une certaine façon
24:38 ce qui fait aussi la cohésion nationale et ce qui fait effectivement
24:41 le financement de nos services publics.
24:42 Et donc, le consentement à l'impôt, d'une certaine façon,
24:45 oui, c'est lutter contre le rassemblement national,
24:46 mais c'est lutter contre la colère en général.
24:48 Et c'est important, à mon avis, pour restaurer un peu l'image de l'État.
24:51 Donc, de ce point de vue-là, je trouve que la lutte contre les fraudes
24:53 et l'explication de la transparence sur le sujet, je trouve, est plutôt louable.
24:57 Mais j'ai une question sur, encore une fois, le sens politique de tout ça.
25:00 C'est-à-dire que depuis 7 ans qu'il y a Emmanuel Macron
25:03 et président de la République, il assume une politique très trop business,
25:07 très renouveler l'attractivité de la France,
25:10 attirer les investisseurs étrangers, les multinationales, à juste titre,
25:13 d'ailleurs, pour créer de l'emploi, pour...
25:15 Voilà, et c'est une image qu'on a mis du temps à restaurer.
25:17 Et d'une certaine façon, on peut être pour, on peut être contre.
25:19 Il y a eu les lois de travail, il y a eu la baisse de l'impôt sur les sociétés.
25:22 Mais qu'on soit pour ou contre, c'est son credo.
25:25 Vous ne craignez pas que cette sortie aussi véhémente et massive,
25:29 et ce volontarisme affiché à l'endroit des grandes fortunes et des grands groupes,
25:33 ternisse ou amende un peu cette ligne politique que vous portez
25:37 avec des résultats et qui, d'un coup, effraierait ces investisseurs étrangers ?
25:41 Mais non, je ne crois pas du tout, parce que ceux qu'on poursuit,
25:44 ceux contre qui on veut lutter, c'est ceux qui fraudent.
25:46 Encore une fois, c'est une minorité d'entre eux.
25:49 C'est des montants importants, mais c'est une minorité.
25:51 Ensuite, effectivement, on a beaucoup agi sous l'impulsion du président depuis 2017
25:55 pour restaurer l'attractivité de la France.
25:57 Ça fait, je crois, trois ou quatre ans maintenant que la France est classée
25:59 dans les baromètres indépendants internationaux,
26:01 pays le plus attractif d'Europe pour les investissements étrangers.
26:04 Parce qu'on a fait des réformes qui étaient parfois difficiles,
26:07 mais on les fait pour qui ? On ne les fait pas pour le business,
26:10 on les fait pour les Français, pour qu'ils aient du travail.
26:13 Cette politique, elle a quand même permis de créer plus d'un million 500 000 emplois
26:17 depuis cinq ans. Un million 500 000 emplois en net.
26:20 Vous prenez les suppressions d'emplois et les créations d'emplois.
26:23 C'est un million 500 000 Français qui ont pu retrouver un travail.
26:25 On ouvre plus d'usines aujourd'hui en France qu'on enferme.
26:28 Ce n'était pas arrivé depuis des décennies.
26:29 Vous ne craignez pas que votre volontarisme contre la fraude soit perçu comme une menace ?
26:32 Que ça renforce la timidité d'investir sur l'étranger ?
26:35 Qu'ils se disent "ouh là là, si j'investis en France,
26:38 que j'ai un contrôle tous les deux ans, qu'on va embaucher des agents secrets
26:43 pour venir fouiller dans mes comptes et dans mes banques".
26:45 Ça, c'est plutôt à l'étranger, pour le coup.
26:47 C'est plutôt dans des états non coopératifs.
26:49 Vous ne craignez pas d'envoyer…
26:50 Plutôt pour des fonds qui a priori créent assez peu d'emplois.
26:53 Un message négatif, d'envoyer un message négatif au monde des affaires.
26:56 Non, je ne crois pas du tout parce que ça sous-entendrait
26:57 qu'il y ait une majorité de fraudeurs parmi eux.
26:59 Et je ne le crois pas du tout.
27:00 Je pense que c'est une minorité.
27:01 Donc quand je suis très clair sur les cibles qui sont les miennes,
27:04 je pense qu'on est capable de rassurer.
27:05 Je pense que ce qui peut les inquiéter, c'est plutôt le programme politique
27:08 qui est porté par les extrêmes aujourd'hui sur la sortie de l'Union européenne
27:11 et donc toutes les perspectives en moins pour notre secteur économique.
27:14 Ce n'est plus leur position.
27:16 Ils ont un programme, je prends le Rassemblement national,
27:19 ils ne veulent plus sortir de l'Union européenne,
27:21 mais on veut arrêter de payer la contribution à l'Union européenne.
27:23 En fait, si vous ne payez plus la contribution à l'Union européenne,
27:25 vous sortez de l'Union européenne.
27:26 Donc c'est très hypocrite.
27:27 Gabriel Attal pourrait être concret.
27:28 Ils veulent par ailleurs augmenter les impôts sur les entreprises,
27:30 ce qui n'est pas notre cas.
27:31 Donc je pense que c'est plus sécurisant pour les entreprises
27:34 et ceux qui créent de l'emploi que ce qui est proposé par les oppositions.
27:36 Vous aviez dit que vous vouliez mettre en place un plan Marshall
27:38 pour les classes moyennes.
27:39 Qu'est-ce que ça veut dire ?
27:40 Ce que j'ai dit, c'est qu'on va continuer à bâtir ce plan Marshall.
27:42 Et quand je rappelle les mesures qui ont été prises sur la fiscalité,
27:45 suppression de la taxe d'habitation, de la redevance télé,
27:47 baisse de l'impôt sur le revenu…
27:48 Ça, c'est pour dire qu'il n'y aura pas d'autres mesures ?
27:50 Non, la première ministre s'est engagée dans sa feuille de route
27:52 qu'elle a présentée il y a une dizaine de jours, je crois maintenant,
27:55 à des baisses d'impôts supplémentaires pour les classes moyennes
27:57 dans le quinquennat.
27:58 Au corps.
27:59 Dans le quinquennat, c'est ce qu'elle a dit.
28:00 Ensuite, il va y avoir un travail avec les parlementaires
28:03 pour regarder quelles sont les meilleures modalités.
28:05 Il y aura un choix à faire sur le calendrier.
28:07 Vous savez qu'on rétablit les finances publiques,
28:09 que chaque année, on cherche à avoir un déficit moins important
28:12 que l'année précédente.
28:14 On veut revenir sous les 3% d'ici à 2027.
28:16 Donc, il y aura des arbitrages à faire.
28:18 Mais comment vous pouvez vous payer ce luxe-là de baisser les impôts
28:20 alors que vous-même, Bruno Le Maire à Bercy,
28:24 disiez il y a quelques jours que l'argent MAGIC, etc.
28:27 c'était terminé, qu'il n'y en avait plus,
28:29 qu'il n'y avait plus un sou en caisse, si je puis me dire ?
28:31 Alors, d'abord, quand vous baissez certains impôts,
28:33 parfois, vous avez plus de recettes.
28:35 Je vous donne un exemple.
28:36 On a baissé l'impôt sur les sociétés ces dernières années.
28:38 Il était de 33% en 2017.
28:40 Il est de 25% aujourd'hui.
28:42 On collecte plus d'impôts sur les sociétés
28:44 depuis que le taux est à 25% qu'à l'époque où il était à 33%.
28:47 Pourquoi ?
28:48 Parce que quand vous baissez des impôts qui pèsent
28:50 sur l'activité économique et sur le travail,
28:52 vous suscitez un développement de l'activité économique
28:56 et donc l'assiette, sans vouloir être technique,
28:58 de ce que vous taxez est plus importante.
29:00 Bref, vous recevez plus en taxant moins un gâteau qui grossit
29:03 qu'en surtaxant un gâteau qui rétrécit parce que vous le surtaxez.
29:06 Donc, la corrélation n'est pas aussi évidente que ça.
29:08 Et deuxième chose, on fait des économies
29:10 et on va continuer à faire des économies.
29:12 On a engagé un exercice de revue de dépenses.
29:14 On a tous les ministères qui ont reçu un courrier
29:16 de la première ministre pour identifier 5% de marge de manœuvre
29:19 au sein du budget de leur ministère.
29:21 Tout ça nous permettant de continuer à réduire le déficit.
29:23 Mais concrètement, où est-ce qu'on va aller chercher cet argent ?
29:26 Je vais vous dire.
29:27 Rendez-vous au moment de la présentation du budget 2024
29:29 où, avec Bruno Le Maire, on présentera les économies.
29:32 On va par ailleurs tenir des assises des finances publiques
29:34 qui se tiendront d'ici à la fin du mois à Bercy,
29:36 qui seront aussi l'aboutissement de ce travail.
29:38 Parce que concrètement, ça veut dire des services publics en moins, en réalité ?
29:40 Non, ça veut dire des choix politiques.
29:42 Oui, mais les choix politiques peuvent amener des services publics en moins.
29:44 À l'heure où, justement, si vous parlez de plan Marshall
29:47 vis-à-vis de cette population des classes moyennes,
29:51 à un moment, la question des services publics, elle est centrale.
29:53 On en parle régulièrement.
29:54 Ce sentiment, qui n'est pas qu'un sentiment désormais, de déclin,
29:57 on l'a vu pendant le Covid sur la santé et encore aujourd'hui.
29:59 On le voit sur l'école, on le voit sur la justice, sur la police.
30:02 Malheureusement, on le voit partout.
30:03 Ça, c'est clair.
30:04 Donc, cette demande-là des Français, elle est absolument claire,
30:06 cette nécessité de remettre des services publics au plus près d'eux.
30:08 Premièrement.
30:09 Deuxièmement, cette question du financement, elle est absolument centrale.
30:12 Vous évoquiez à l'instant les critères de stabilité européens,
30:15 donc revenir dans les 3 % et 60 % de l'autre côté.
30:18 Honnêtement, quand on voit la masse de dettes qu'on a accumulées,
30:22 est-ce que, véritablement, vous allez pouvoir,
30:24 dans cette espèce de "en même temps",
30:26 qu'il y ait plutôt un exercice d'équilibriste y arriver ?
30:29 Et, de fait, est-ce qu'il ne va pas falloir se poser aussi la question
30:32 de comment l'État dépense ?
30:34 Beaucoup vous dirait qu'aujourd'hui, on est face à, parfois, un État obèse,
30:38 pardon pour cette image,
30:39 mais entre une structure où vous avez des régions,
30:44 des communautés d'agglomération, des départements, des communes,
30:47 à un moment, est-ce qu'il ne va pas falloir,
30:49 cette Revue Générale des Dépenses Publiques,
30:51 est-ce qu'il ne va pas falloir, à un moment,
30:52 faire une cure d'amégrissement sur la structure même de l'État ?
30:55 Là, vous avez cité aussi des collectivités locales,
30:57 mais c'est un vrai sujet.
30:58 D'ailleurs, le président s'est engagé pendant sa campagne
31:00 à proposer la mise en œuvre du conseiller territorial
31:02 pour fusionner les élus départements et régions.
31:05 Donc là, on est dans des réformes de structure.
31:06 Très populaires.
31:07 Oui, mais je pense que si on parle du "mille-feuille" administratif,
31:11 ça fait partie des pistes.
31:12 À un moment, quand vous proposez, de toute façon, des économies,
31:15 il y a toujours une forme d'impopularité de certains qui vont les critiquer.
31:18 Maintenant, pour répondre à votre question sur les déficits,
31:21 en 2020, on était au pic du "quoi qu'il en coûte".
31:24 Il y avait 9% de déficit.
31:25 On a dit l'année prochaine, on va le baisser à 6,5%.
31:28 Tout le monde a dit "vous n'y arriverez pas".
31:30 On était à 6,5% en 2021.
31:32 Ensuite, on a dit en 2021, on veut le ramener sous les 5% en 2022.
31:35 Tout le monde a dit "vous n'y arriverez pas".
31:36 On est sous les 5% l'an dernier en 2022.
31:38 On est à 4,7%.
31:40 On dit aujourd'hui qu'on veut revenir sous les 3% d'ici à 2027.
31:43 J'entends certains nous dire "vous n'y arriverez pas".
31:45 Permettez-moi de dire qu'il y a une volonté politique au plus haut niveau,
31:48 qu'il y a un exercice de revue de dépenses qui a été engagé,
31:52 c'est-à-dire un travail mené par tous les ministères et les inspections de l'État
31:56 pour identifier des marges.
31:57 Et le troisième point sur lequel je vous rejoins,
31:59 c'est que la question c'est aussi la qualité de la dépense publique.
32:01 Je vous donne un exemple.
32:02 On n'a jamais dépensé autant pour l'hôpital public dans l'histoire de notre pays.
32:05 Le budget de l'hôpital public, cette année, dépasse les 100 milliards d'euros.
32:09 Beaucoup de choses ont été faites avec le Ségur de la santé
32:11 sur des revalorisations salariales.
32:13 Je pense que les agents hospitaliers ont vu que ça avait été revalorisé.
32:17 Il y a aussi des enjeux d'organisation.
32:19 Évidemment, d'où le discours du président de la République au début de l'année
32:22 sur l'organisation à l'hôpital pour que ça puisse fonctionner mieux
32:25 et que les Français puissent avoir plus de résultats concrets.
32:29 Deuxième exemple sur la santé.
32:30 Moi, j'ai proposé une mesure qui me semble aussi de bon sens,
32:33 le président de la République l'a portée,
32:36 c'est la lutte contre les lapins, on appelle ça les lapins médicaux,
32:40 c'est-à-dire des rendez-vous chez le médecin où les personnes ne se présentent pas.
32:44 Selon les estimations, c'est en fait…
32:45 Vous vous dites qu'il faut payer.
32:47 Non, mais selon les estimations, c'est entre 9 millions et 23 millions
32:50 de rendez-vous chez le médecin où les personnes ne se présentent pas
32:53 au moment du rendez-vous.
32:54 Moi, j'y vois 9 à 23 millions de rendez-vous qui auraient pu servir
32:57 à des Français qui galèrent à trouver un rendez-vous.
33:00 Et donc oui, je pense qu'il faut prendre des mesures,
33:01 ça ne sera pas forcément très possible.
33:03 Ce n'est pas l'amaigrissement de l'État, là, vous remettez la responsabilité
33:05 sur les patients, sur les…
33:07 Non, là, on est fait en sorte, avec l'argent qu'on dépense…
33:09 La plupart des Français, ce qu'ils demandent, c'est d'avoir un rendez-vous,
33:10 tout simplement, et ils ne l'ont pas en milieu rural, notamment.
33:12 Mais bien sûr, mais si vous avez…
33:13 Ça, ce n'est pas une réponse pour les Français du milieu rural.
33:15 Mais si vous avez entre 9 et 23 millions de rendez-vous qui sautent
33:17 parce que les personnes ne se présentent pas, ça peut exister
33:19 dans tous les territoires.
33:20 Donc moi, là, ce que je suis en train de vous dire…
33:21 Ce n'est pas une manière un peu facile de rejeter la faute
33:23 sur les individus et leur incapacité à gérer,
33:25 plutôt qu'à la capacité de l'État à organiser une offre de soins
33:28 qui soit de qualité.
33:29 Non, je pense que c'est les deux.
33:31 Le sujet, c'est qu'on n'a pas assez de médecins.
33:33 On a pris une mesure très forte en 2018 aussi,
33:35 avec le numerus clausus qu'on a fait sauter,
33:37 qu'on a transformé en numerus apertus,
33:39 ce qui fait qu'on forme 15 % de médecins en plus.
33:41 Ils vont mettre un peu de temps à arriver.
33:43 Donc la question, c'est comment, d'ici là,
33:44 on arrive à gérer les choses.
33:45 Il y a plein d'initiatives qui sont prises.
33:47 Mon collègue François Braune anime le CNR Santé
33:49 avec des initiatives territoriales extrêmement fortes.
33:51 Moi, je considère, encore une fois, que sur ce sujet-là,
33:54 à dépense publique constante, on peut avoir des millions
33:58 de rendez-vous qui sont libérés pour des Français
33:59 qui, aujourd'hui, galèrent à trouver un rendez-vous.
34:01 Ce ne sera pas forcément très populaire.
34:03 Et encore une fois, je pense que quand...
34:05 Parce que vous dites des Français qui ont du mal à gérer,
34:08 prévenir 24 heures à l'avance qu'on ne peut pas venir
34:10 à un rendez-vous, on sait que ça existe,
34:12 que c'est possible.
34:13 Après, ce qu'on a proposé avec François Braune,
34:15 puisqu'on s'est parlé, c'est peut-être d'avoir un système
34:17 où, dans un premier temps, on démarre par la deuxième absence
34:20 non justifiée, pour mesurer déjà si ça a un impact.
34:23 Mais je donne ça comme exemple sur le fait qu'en dépensant
34:26 autant, on peut peut-être avoir des mesures d'organisation
34:28 qui améliorent l'accès à des services publics
34:30 pour les Français.
34:31 - Marie-Alain Tann, on a parlé de fraude fiscale aujourd'hui.
34:33 Dans 15 jours, vous présenterez vos mesures de fraude sociale.
34:35 Qu'est-ce qui doit vous rapporter le plus ?
34:37 Lutte contre la fraude fiscale ou lutte contre la fraude sociale ?
34:39 - La question de l'évaluation, elle est très complexe.
34:41 Selon les experts, et vous en avez eu toute la journée
34:43 sur vos plateaux, ça va de 30 milliards d'euros
34:46 sur la fraude fiscale à 100 ou 150 milliards d'euros.
34:48 - Et sur la fraude sociale ?
34:49 - Déjà, moi, ce que j'ai annoncé, c'est qu'on allait mettre
34:51 en place un conseil d'évaluation de la fraude fiscale
34:53 où tous ces experts, on va les mettre ensemble
34:55 dans la même pièce avec des parlementaires,
34:57 des personnalités qualifiées.
34:58 - Vous ne dites pas à l'avance, je veux que ça nous rapporte autant ?
35:00 - Non, et c'est un choix que je fais.
35:02 Je veux évidemment que ça nous rapporte le plus possible,
35:04 ce qui est dû.
35:05 Mais je me suis dit que si je fixais un objectif chiffré annuel,
35:08 mes agents sur le terrain allaient le prendre
35:10 comme un objectif personnel et que ça allait peut-être
35:14 les mettre dans une situation où ils se sentiraient obligés
35:16 de "saler la facture" pour atteindre les chiffres.
35:19 - Et vous aussi, d'une certaine manière ?
35:20 - Et moi, je n'ai pas envie de ça.
35:21 - Ça aurait pu être un échec aussi pour vous ?
35:22 - Je n'ai pas envie qu'on se retrouve, moi je ne crois pas trop
35:24 à la course aux chiffres pour faire du chiffre.
35:26 Moi, ce que je veux, c'est qu'on soit efficace
35:27 et qu'on aille chercher l'argent où il faut aller le chercher.
35:29 - Mais vous mettez sur le même pied la fraude fiscale
35:31 et la fraude sociale, parce que c'est ça qui avait beaucoup choqué
35:33 au départ lors de la présentation du plan.
35:35 Là, aujourd'hui, on ne parle que de la fraude fiscale.
35:37 Mais au départ, on avait l'impression que les deux étaient sur le même pied.
35:39 Or, d'après les chiffres qu'on peut avoir des économistes,
35:42 on n'est quand même pas du tout sur le même ordre de grandeur.
35:44 Qu'est-ce que vous nous dites ?
35:45 - Ce que je dis, c'est qu'un euro soustrait à la solidarité nationale.
35:48 Que ce soit un euro d'impôt que vous ne payez pas,
35:50 ou un euro de prestations que vous recevez alors que vous ne devriez pas le recevoir,
35:54 c'est un euro soustrait à la solidarité nationale.
35:56 - Les prestations parmi les 100 milliards d'euros du côté de la fraude fiscale,
35:59 c'est des chiffres qui ont été donnés.
36:00 Et si on parle de 2 milliards, notamment,
36:02 pour les appôts aux prestations sociales,
36:04 on n'est pas du tout sur le même ordre de grandeur.
36:06 - Oui, et sur la fraude sociale, par ailleurs, je me permets de dire
36:09 qu'il n'y a pas que les prestations sociales,
36:10 il y a aussi les cotisations sociales versées par les entreprises.
36:13 - Oui. - Elles sont estimées par les URSAF
36:15 autour de 8 milliards d'euros.
36:17 - Mais pour ça, il faut des inspecteurs du travail.
36:19 - Oui, il faut des agents de l'URSAF, des URSAF de la CAUSE,
36:22 qui travaillent très bien.
36:23 On est en train de travailler à leur convention d'objectifs et de moyens
36:26 pour les années à venir.
36:27 Je peux vous dire que je fais très attention à ce sujet.
36:29 Sur les prestations sociales, l'évaluation la plus fine dont on dispose,
36:33 c'est celle de la Caisse nationale des allocations familiales,
36:35 donc qui verse les allocations familiales, les APL, le RSA,
36:40 qui estiment la fraude aux prestations autour de 2,8 milliards d'euros par an.
36:46 On en recouvre beaucoup moins aujourd'hui, donc on voit qu'on peut être plus efficace.
36:49 - Mais on voit que vous n'avez pas vu dans le document.
36:51 - Comment vous allez faire ?
36:52 Il y avait une chose très concrète que vous aviez donnée il y a quelques semaines,
36:55 mais sans donner vraiment de précision, c'était de dire, par exemple,
36:58 que vous alliez voir dans les fichiers des compagnies aériennes
37:02 pour aller voir si tel ou tel a réellement résidé en France
37:05 pendant au moins 6 mois, 9 mois, en fonction de ce qui lui est demandé,
37:08 pour pouvoir toucher ce qu'il devait toucher.
37:11 Est-ce que vous pouvez nous en dire plus là-dessus ?
37:13 Concrètement, comment ça va marcher ?
37:14 - C'est une des mesures. Je présenterai, je l'ai dit, mon plan sur la fraude fiscale.
37:17 - Dans 15 jours, mais j'essaie d'avancer un peu la présentation du plan.
37:19 - À la fin du mois, je comprends que vous essayez de grappiller des mesures,
37:20 mais je vais vous dire quelque chose, puisque ça, je ne l'ai pas annoncé aujourd'hui
37:22 dans le cadre du plan sur la fraude fiscale,
37:24 c'est que ce fichier des passagers de compagnies aériennes,
37:27 je veux aussi qu'on puisse le mobiliser sur la question de la fraude fiscale.
37:30 - Quel rapport avec la fraude fiscale ?
37:31 - Vérifier pour des personnes qui disent qu'elles ne sont pas résidentes en France
37:35 et qui, du coup, ne payent pas leurs impôts en France,
37:37 vérifier le temps qu'elles passent sur le territoire national.
37:40 Moi, je veux, et ça fait partie des mesures de mon plan,
37:42 que la Direction générale des finances publiques,
37:44 quand il y a un doute sur un contribuable qui déclare ne pas être résident en France
37:48 et donc qui ne paye pas ses impôts en France,
37:50 qu'on puisse interroger le fichier des passagers de compagnies aériennes
37:53 pour vérifier quand la personne a pris un avion à destination de la France.
37:56 - Vous avez le droit de le faire, ça, dans le groupe ?
37:58 - On va saisir la CNIL.
38:00 Vous savez que pour ces questions de fichiers,
38:02 il faut qu'on puisse avoir un accord de la CNIL.
38:04 Et donc, on va avancer dans ces questions.
38:07 - Il y a quand même un aspect dans ce que vous nous décrivez là,
38:09 le flicage des compagnies aériennes.
38:10 Je ne sais pas si vous regardez aussi les comptes Instagram des uns et des autres
38:13 pour voir si un tel est parti au Bahamas.
38:15 - Ça fait longtemps.
38:16 - Ce que je veux dire, c'est qu'il y a aussi,
38:18 on a l'impression avec votre discours qui est très volontariste,
38:21 et encore une fois, c'est l'argent public, donc ça peut se comprendre.
38:24 Il y a quand même un aspect surveillant généralisé.
38:27 - Flicage, vous avez dit flicage.
38:29 - J'ai dit flicage.
38:30 Mais si vous voulez, il faut faire attention, je trouve,
38:32 parce que vous donnez aussi des arguments à ceux qui vous disent
38:34 et qui vous reprochent sur d'autres sujets d'être liberticide,
38:37 d'être dans le contrôle permanent, d'être…
38:39 Où se place le curseur de la bascule entre la surveillance
38:43 et la lutte contre la fraude, et la surveillance généralisée
38:45 qui est un peu liberticide ?
38:47 - Vous avez raison, c'est une question très importante.
38:48 En général, ceux qui nous critiquent sont les mêmes
38:50 que ceux qui nous demandent d'être plus efficaces dans la lutte contre la fraude.
38:52 Je ferme la parenthèse.
38:54 Et vous avez raison, il ne faut pas basculer dans la surveillance généralisée,
38:57 et ce n'est pas mon souhait.
38:58 Ce serait la surveillance généralisée,
39:00 c'est si je vous annonçais ce soir par exemple,
39:02 désormais on va croiser de manière automatique le fichier des compagnies aériennes
39:05 avec le fichier des impôts en France, et on va tout croiser automatiquement.
39:09 Non, ce que j'ai dit…
39:10 - C'est sûr que ça n'arrivera pas.
39:11 - Non, ce que j'ai dit, et la CNIL est là pour le vérifier,
39:14 dans des cas où l'administration fiscale se pose des questions,
39:17 a des doutes sur un contribuable qui dit
39:19 « je ne réside pas en France, donc je n'ai pas à payer mes impôts en France »,
39:22 qu'elle puisse interroger, c'est ce qu'on appelle un droit de communication,
39:25 on peut le faire aussi sur les comptes bancaires,
39:27 on peut interroger le fichier des passagers de compagnies aériennes
39:29 et vérifier quand la personne a pris l'avion en destination ou au départ de la France.
39:33 - Est-ce que vous seriez prêt aussi à aller vérifier la clientèle des avocats fiscalistes,
39:38 des grands cabinets de conseil qui ont parfois dans l'actualité
39:41 pu faire aussi grandement débat ces dernières semaines,
39:44 parce qu'ils ont été très sollicités, notamment par votre gouvernement,
39:47 on sait que certains sont en capacité d'être dans une forme à minima d'optimisation fiscale,
39:54 voire plus, est-ce que là-dessus vous seriez prêt aussi à aller taper ces espaces-là ?
39:59 - D'abord, moi je ne remettrai pas en cause le secret professionnel des avocats,
40:02 par exemple, évidemment, ils ont leur rôle de conseil,
40:05 il y a une mesure qui est importante, c'est que vous avez parfois des cabinets de défiscalisation
40:10 qui ne sont pas les cabinets de conseil qui ont pignon sur rue, dont on parle souvent,
40:13 qui proposent des vrais kits sur comment frauder,
40:17 des kits qui permettent des schémas frauduleux pour échapper à l'impôt.
40:21 Aujourd'hui, c'est très difficile de les sanctionner,
40:24 on peut les sanctionner pour complicité de fraude fiscale,
40:26 mais dans ces cas-là, il faut qu'on trouve une personne qui a effectivement fraudé
40:30 en se servant de leur kit, c'est très difficile à prouver.
40:32 Donc on va créer, et là aussi on y a travaillé avec Eric Dupond-Moretti,
40:35 un nouveau délit d'incitation à la fraude fiscale,
40:38 ou de mise à disposition de schémas frauduleux par ces intermédiaires
40:42 et ces cabinets de défiscalisation qui proposent,
40:45 alors ça n'a pas forcément pignon sur rue,
40:47 mais en creusant un peu et en cherchant un peu, on y a accès,
40:50 et d'ailleurs avec le service de renseignement fiscal,
40:52 je pense qu'on pourra aussi avoir des données,
40:54 qui proposent des vrais kits pour dire à des contribuables, à des entreprises,
40:58 voici comment on va vous aider à échapper à l'impôt en France,
41:01 notamment en utilisant des vecteurs à l'international.
41:03 Là, on sera beaucoup plus fort.
41:05 En Suisse ou dans d'autres pays limitrophes, il y a des cabinets qui agissent comme ça.
41:08 Ce qu'on prévoit, c'est une peine qui peut aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement
41:11 avec une sanction pétunière.
41:12 Vous êtes allé aux Etats-Unis récemment, est-ce que vous comptez vous inspirer
41:15 de ce que font les services fisco-américains,
41:17 qui peuvent être redoutables et très efficaces,
41:19 notamment pour la fraude fiscale des très grosses fortunes ?
41:23 Oui, j'ai beaucoup échangé avec mes homologues américains.
41:25 C'est toujours pareil, je pense qu'il y a des choses dont on peut s'inspirer,
41:28 et puis il y a des choses dont on se dit, ce n'est pas forcément dans notre modèle.
41:31 Ils ont un système, eux par exemple, sur la lutte contre la fraude fiscale,
41:35 où ils ciblent quand il y a des divorces de contribuables importants,
41:39 les ex-épouses, en leur proposant un pourcentage du montant de fraude
41:42 qui a été recouvré.
41:44 Je ne souhaite pas qu'on se lance...
41:47 Vous nous parliez d'indics tout à l'heure.
41:49 Ça existe, le signalement ou la délation.
41:52 Il y a un dispositif d'aviseurs fiscaux qui existe,
41:55 mais moi ce que je veux cibler, c'est les grandes fraudes internationales,
42:00 les grands schémas de fraude internationales qui utilisent des intermédiaires financiers.
42:03 Je sens l'œil de Nora Amadi qui pétille. Il faut qu'on avance.
42:05 Je tire juste ce fil, c'est-à-dire que, est-ce que vous appelez aussi les Français
42:09 à reprendre cette vieille habitude aussi de la délation, parfois du courrier ?
42:14 Vous voulez qu'on aille voir dans les cabinets de l'avocat ?
42:17 Qu'est-ce qui vous arrive, Nora Amadi ?
42:19 Moi, pour le coup, je veux qu'on récupère le plus d'argent possible
42:22 pour que l'hôpital aille mieux. J'ai pas de problème avec ce sujet.
42:25 Je suis pas pour la délation, je suis pour qu'on aille chercher cet argent.
42:29 Il n'y a pas de question taboue.
42:31 Moi je le dis, je suis pas pour une société de la délation généralisée.
42:34 C'est bien, évidemment. Mais sauf qu'en fait, la petite musique,
42:38 c'est qu'effectivement, il ne faudrait pas finir par être dans un système
42:42 où les voisins finiraient par aller envoyer des messages au centre des impôts
42:47 pour avoir le plaisir de voir quelqu'un de la rue repeindre ce même centre des impôts.
42:52 Bon, une question qui sort un peu de votre domaine de compétences,
42:56 mais par solidarité gouvernementale, vous allez être obligés de répondre ce soir,
42:59 Gabriel Attal. Une question qui concerne ces images que l'on a vues ce week-end
43:03 sur le défilé dans les rues de Paris. 600 personnes pour beaucoup cagoulées.
43:07 Manif autorisée d'ultra droite, avec un certain nombre d'emblèmes
43:11 qui rappellent les emblèmes néo-nazis, avec encore une fois un certain nombre
43:15 de personnes cagoulées. Depuis 24-48 heures maintenant, le préfet de police,
43:19 la première ministre, ont expliqué que c'était impossible d'interdire ce défilé,
43:22 qu'il n'y avait pas de menace de trouble à l'ordre public.
43:24 Et ce soir, Gérald Darmanin lui-même, le ministre de l'Intérieur,
43:28 demande dorénavant à interdire toutes les manifs d'ultra droite.
43:31 Est-ce que ça veut dire que c'était une erreur d'autoriser cette manifestation-là,
43:35 qui a beaucoup choqué ce week-end ?
43:37 D'abord, vous avez dit que ce n'est pas dans votre domaine de compétence,
43:40 effectivement ce n'est pas le cas, mais en tant que citoyen, d'abord,
43:42 ce que je peux vous dire, c'est que j'ai été très choqué par ces images.
43:45 Ces images cagoulées, ces groupuscules d'ultra droite ou d'extrême droite.
43:50 Je rappelle qu'il y a des responsables du GUDE, du fameux GUDE,
43:53 qui il n'y a encore pas si longtemps ont été condamnés pour des propos
43:55 absolument immondes, racistes ou antisémites.
43:59 Ce qu'a dit le gouvernement, c'est quoi ?
44:01 Si j'essaye de résumer les choses.
44:03 C'est qu'il y a quelques mois, pour une précédente manifestation,
44:07 un arrêté avait été pris par la préfecture pour interdire la manifestation
44:12 et que le tribunal avait cassé cet arrêté en disant
44:15 qu'il n'y a pas eu de débordement particulier dans les précédentes manifestations
44:18 et donc on autorise la manifestation.
44:20 Et ce qu'a dit le préfet de police de Paris, c'est qu'honnêtement,
44:23 il n'y a rien de pire que quand la justice administrative
44:25 donne raison à ces groupuscules, encore une fois, d'ultra droite.
44:28 Mais Gérald Darmanin prend ce risque-là aujourd'hui,
44:30 de dire qu'on interdit toutes les manifs et on verra après ce que dira la justice.
44:34 Ce qu'il a dit aux questions au gouvernement, j'étais là tout à l'heure,
44:36 ce qu'il dit c'est voilà, aujourd'hui on se retrouve, nous, critiqués
44:39 parce qu'il n'y a pas eu d'arrêté, et bien désormais, ce qu'il a dit,
44:42 c'est qu'il y aura des arrêtés et que la justice se prononcera
44:45 systématiquement sur le sujet.
44:46 Je peux vous dire autre chose, c'est que je pense aussi qu'il y a un levier, moi,
44:49 c'est celui de la dissolution de ces groupuscules,
44:51 de ces associations d'extrême droite, quand on a suffisamment d'éléments
44:54 qui nous permettent de le faire.
44:55 Moi j'étais très fier d'être à la table du Conseil des ministres,
44:57 quand on a dit sous Génération Identitaire,
44:59 quand on a dit sous le Bastion Social,
45:01 quand on a dit sous Blood and Honor Examé,
45:03 des groupuscules néo-nazis ou d'extrême droite.
45:05 - Oui mais vous dissolez d'un côté, mais de l'autre côté,
45:07 il n'y a véritablement pas de contrôle, on l'a vu,
45:09 vous étiez certainement aux affaires ce soir-là,
45:12 le 14 décembre dernier, France-Maroc,
45:14 et on a vu un groupe d'une quarantaine de personnes
45:16 qui a été arrêtée in extremis avant d'aller faire des ratonnades
45:18 sur les Champs-Elysées, ça a été la Ligue du Sud, Place de la Comédie,
45:22 - Ce revendicant de Génération Identitaire en plus.
45:24 - Ce revendicant effectivement de ces groupuscules,
45:26 la Ligue du Sud, Place de la Comédie à Montpellier,
45:28 dans les rues de Lyon, dans les rues d'Angers,
45:30 à un moment on voit bien, sans parler de Saint-Brévin,
45:33 qui depuis quelques semaines vit à l'aune de ces manifestations,
45:37 on voit bien qu'il y a une prise de l'espace public,
45:39 il ne suffit pas de dissoudre.
45:41 - D'abord je pense qu'on fait des progrès quand on dissout ses groupuscules,
45:44 ceux qui nous font la leçon régulièrement sur le sujet,
45:46 notamment à gauche, ils ont été au pouvoir dans le quinquennat 2012-2017,
45:50 est-ce qu'ils ont dissout Génération Identitaire ?
45:52 Est-ce qu'ils ont dissout Blood and Honor Hexagone,
45:54 le Bastion Social, les Oives de Paris, les Oives de Lyon ?
45:57 Non, nous on l'a fait, en Conseil des ministres,
45:59 même si parfois en plus il y a un risque juridique,
46:01 donc on assume de le faire.
46:03 Maintenant il y a aussi une action qui est menée par le ministère de l'Intérieur,
46:05 par les services de renseignement sur ces groupuscules,
46:08 il faut un travail remarquable, mais ce qui est certain,
46:10 et je vous rejoins, c'est qu'il y a une forme de revendication
46:12 de l'espace public qui moi me choque profondément.
46:14 Une dernière question, après il faut qu'on la reçoive,
46:16 je suis désolé Pauline, mais quand Marine Le Pen vous dit
46:18 que ces provocations-là que l'on vient de voir
46:20 ne peuvent pas être tolérées en France, comment vous réagissez ?
46:24 J'ai vu dans la presse qu'un de ses proches faisait partie de la manifestation.
46:30 L'ancien proche, Lusto.
46:32 Donc bon, qu'elle soit, qu'elle ait une forme de cohérence,
46:35 on sait qu'il y a une proximité entre un certain nombre de ces groupuscules
46:39 et le Rassemblement national ou Front national depuis très longtemps maintenant,
46:43 et que souvent les deux convergent,
46:45 qu'il y a des proches de l'un auprès de l'autre et inversement.
46:48 Elle nie.
46:50 Comment ?
46:51 Elle nie.
46:52 Je ne crois pas qu'elle ait nié qu'il y avait un de ses proches.
46:53 Elle dit "ce ne sont pas mes proches".
46:54 Ah bon ?
46:55 Ou "ce ne sont plus mes proches".
46:56 Ils ont financé, ils étaient à la tête d'une organisation.
46:58 J'ai confiance au travail des journalistes qui permettent de faire
47:01 la vérité des faits sur ce sujet-là.
47:03 Merci beaucoup, Gabriel Attal, d'être venu ce soir en direct sur BFM TV.
47:06 Il faut qu'on vous libère, vous vous levez tôt demain matin.
47:08 D'avoir présenté votre plan ce soir contre la lutte,
47:11 la faute fiscale, la lutte contre la faute fiscale, j'ai arrivé.
47:14 Et on reparlera de la fraude sociale dans une quinzaine de jours.
47:17 Merci à vous d'avoir été avec nous.

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