Les Entreprises contre le Cancer : un soutien indispensable pour la recherche

  • l’année dernière
Depuis plus de 55 ans, les Entreprises contre le Cancer soutiennent de jeunes équipes de recherche émergentes porteuses de projets innovants dans la lutte contre la maladie. En octobre dernier, l'association engagée remettait ainsi le prix de l'innovation en cancérologie de l’année 2022. Un événement qui a rassemblé les 12 équipes de recherche primées pour leurs travaux. Parmi les lauréats, Virginie Firlej, Maîtresse de conférence à l’UPEC et au sein de l’UR TRePCa pour son projet sur le : « Rôle des vésicules extracellulaires dans la plasticité tumorale à travers des modifications épigénétiques ».

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:09 Depuis plus de 55 ans, les entreprises contre le cancer soutiennent des équipes de recherche
00:14 porteuses de projets innovants dans la lutte contre la maladie.
00:18 En octobre dernier, l'association Engagée remettait ainsi le prix de l'innovation en cancérologie de l'année 2022,
00:24 un événement qui a rassemblé les 12 équipes de recherche primées pour leurs travaux.
00:29 Parmi les lauréats, Virginie Firleige, maîtresse de conférence à l'UPEC et au sein du laboratoire TREPCA,
00:35 pour son projet sur le rôle des vésicules extracellulaires dans la plasticité tumorale
00:40 à travers des modifications épigénétiques, tout un programme.
00:45 Bonjour Virginie, merci d'être avec nous.
00:47 Bonjour.
00:48 Alors Virginie, tout d'abord, vous faites partie d'une équipe de recherche au sein d'un laboratoire.
00:53 Pouvez-vous nous dire comment est financée globalement la recherche en France ?
00:56 Parce que je crois savoir que la recherche de budget d'enveloppe pour financer vos projets,
01:02 c'est une grosse partie de votre travail également.
01:04 Effectivement, puisqu'on reçoit une partie de l'argent des tutelles,
01:07 mais qui représente une toute petite partie de notre budget annuel.
01:10 D'accord.
01:10 Et le reste, c'est par des demandes de financement auprès des financeurs publics,
01:16 des associations, des associations de patients, de fondations ou des financements privés
01:22 comme celui des entreprises contre le cancer.
01:24 Est-ce que quand on démarre un projet, justement, c'est encore plus compliqué d'obtenir des enveloppes ?
01:31 Effectivement, des fois c'est un peu plus dur puisque tous nos projets vont être évalués par nos pairs,
01:36 par des comités scientifiques.
01:37 D'accord.
01:38 Et pour cela, il faut qu'on décrive des résultats déjà obtenus.
01:43 Donc au départ, il faut avoir un peu d'argent pour commencer, pour ensuite avoir les résultats.
01:48 Pour montrer ces fameux résultats et obtenir la suite, évidemment.
01:52 Alors, vous le disiez, les financements privés sont complètement essentiels finalement
01:57 parce que malgré l'engagement public, il en faut toujours plus pour avancer.
02:02 Comment vous avez rencontré justement les entreprises contre le cancer
02:05 qui vous aident et qui vous ont remis ce prix l'année dernière ?
02:09 J'ai eu un appel d'offre.
02:10 Alors, il faut savoir que déjà lors de mon doctorat,
02:13 j'avais des collègues qui avaient été financés par les entreprises contre le cancer.
02:16 Vous connaissiez un petit peu.
02:17 C'est ça.
02:18 Il y a trois ans, j'ai un collègue qui l'a eu.
02:20 Et donc cette année, j'ai tenté ma chance et j'ai eu la chance d'être sélectionnée lauréate de ce prix.
02:26 Alors, on a parlé évidemment, vous le disiez, des entreprises contre le cancer qui financent également.
02:31 C'est un facteur aussi pour favoriser la prise de risque sur certains projets comme le VOD,
02:36 des projets innovants, on va le dire.
02:38 Alors le VOD, en quoi consiste-t-il Virginie ?
02:40 Et comment se démarque-t-il ?
02:42 Effectivement, nous travaillons sur le cancer de la prostate.
02:45 Donc le cancer de la prostate, c'est le premier cas de cancer chez l'homme.
02:49 Et la troisième cause de mortalité.
02:51 En effet, le cancer de la prostate, une fois qu'il est diagnostiqué,
02:56 il va être traité ou en surveillance active.
02:59 Et à partir de là, pour 80% des patients, il ne se passera plus jamais rien.
03:03 Malheureusement, pour le reste des cas, donc 20% des patients,
03:07 ces cancers vont un jour récidiver dans un temps plus ou moins long.
03:11 D'accord.
03:12 Puis à ce moment-là, on va leur donner un traitement de castration chimique.
03:16 D'accord.
03:16 Mais là, inéluctablement, dans un temps d'à peu près 2-3 ans,
03:21 parfois heureusement pour les patients beaucoup plus longs,
03:23 ce cancer va reprendre et alors on va lui donner des traitements de chimiothérapie
03:28 auxquels un jour, tous les patients seront résistants dans un temps plus ou moins long.
03:32 D'accord.
03:33 Donc aujourd'hui, moi ce que je recherche, c'est de savoir
03:37 comment se mettent en place ces résistances au traitement.
03:40 Donc les résistances, on le sait, elles sont liées à l'hétérogénéité tumorale.
03:44 L'hétérogénéité tumorale, c'est le fait qu'au sein de la tumeur,
03:47 on a plusieurs types de cellules qui répondent plus ou moins au traitement.
03:51 D'accord.
03:51 Le fait que les cellules répondent plus ou moins au traitement,
03:55 c'est parce que ces cellules se sont un jour transformées,
03:58 parce qu'elles ont subi ce qu'on appelle la plasticité cellulaire.
04:01 Donc la plasticité cellulaire, c'est la capacité pour une cellule
04:05 de se transformer en une autre cellule.
04:07 Et ces autres cellules vont être moins sensibles au traitement
04:10 et vont devenir plutôt résistantes.
04:12 Donc aujourd'hui, moi j'étudie des petites sphères
04:15 qui s'appellent les vésicules extracellulaires,
04:17 qui sont utilisées dans les communications intercellulaires
04:20 qui vont servir à transformer les cellules.
04:23 Donc aujourd'hui, je cherche comment ces vésicules
04:26 vont modifier le destin de mes cellules et engendrer une résistance.
04:31 Et donc éventuellement, modifier le destin de ces patients
04:34 qui pourront vivre plus longtemps.
04:36 C'est ça.
04:38 Alors vous dites, et pourquoi pas dans l'avenir ?
04:40 Et alors c'est toujours ça, il y a cette question du temps.
04:42 J'ai envie de vous demander justement, quand a commencé ce projet ?
04:45 Depuis combien de temps vous travaillez là-dessus ?
04:49 Alors sur les résistances au traitement et les mécanismes,
04:52 ça fait à peu près 3-4 ans.
04:54 Puisqu'avant, je travaillais plutôt sur l'aspect diagnostic
04:57 et des marqueurs de diagnostic.
04:59 Et depuis 3-4 ans, on travaille un peu plus sur ce phénomène
05:03 de résistance à la castration et de mécanistique
05:05 et surtout de vésicules extracellulaires.
05:06 Et alors là, avec l'argent que vous avez eu par exemple,
05:09 est-ce que vous allez pouvoir aller plus loin ?
05:10 Et c'est quoi la prochaine étape ?
05:12 Alors grâce à l'argent que m'ont donné les anthropistes cancers,
05:15 et donc déjà je les remercie beaucoup pour ça, mais nous aussi,
05:19 je vais pouvoir développer de nouvelles techniques
05:22 et surtout des techniques qui coûtent un peu d'argent,
05:25 comme le séquençage pour comprendre ce qu'il y a dans mes vésicules
05:29 et surtout quelles modifications moléculaires,
05:32 c'est-à-dire quelles modifications je fais au niveau de la cellule,
05:35 au niveau de ce qu'on entend souvent, l'ADN, la RNA,
05:38 est-ce que j'engendre des modifications qui vont expliquer ces résistances ?
05:42 Première question de nos internautes Virginie,
05:44 est-ce que, je me doute un petit peu de la réponse,
05:46 mais est-ce que la recherche est suffisamment financée, soutenue en France ?
05:51 Alors malheureusement, je dirais qu'on manque toujours un peu d'argent,
05:56 c'est-à-dire qu'on est obligé toujours d'aller demander de l'argent
05:59 auprès, comme je vous l'ai dit, des financeurs publics, des financeurs privés,
06:03 donc ça demande un peu de temps d'investissement
06:06 puisqu'il faut à chaque fois écrire le projet.
06:08 Donc on aimerait en avoir plus, néanmoins pour l'instant,
06:11 nous dans notre équipe, on a la chance d'avoir eu plusieurs projets acceptés,
06:15 donc avoir de l'argent pour avancer.
06:17 Mais effectivement, si on avait plus d'argent, ce serait parfois plus simple.
06:21 Ce serait mieux, ça irait plus vite aussi.
06:24 Intéressante comme question,
06:25 comment un chercheur trouve-t-il son sujet de recherche ?
06:29 C'est vrai qu'on se demande comment on fait les arbitrages,
06:32 comment ça se passe dans la sphère, dans cette espèce de bulle,
06:36 comme on imagine les chercheurs.
06:37 Il n'y a jamais de certitude, j'imagine, quand on démarre quelque chose.
06:41 Comment ?
06:42 Alors souvent, ça va être lié,
06:44 nous, comme on travaille en recherche transnationnelle,
06:46 ça va être lié à quel est le besoin du patient, qu'est-ce qu'on a besoin ?
06:49 D'accord.
06:49 Donc aujourd'hui, c'est de savoir répondre à comment régler ce problème de résistance.
06:55 Et ensuite, la recherche, ça va se faire selon les avancées de notre laboratoire
06:59 et les avancées de nos collègues.
07:01 Et selon les publications qui sont sorties dans la communauté scientifique,
07:06 dans les publications, on va avancer peu à peu.
07:09 On va voir que des hypothèses sont vraies, d'autres sont fausses,
07:12 et comme ça, on va évoluer peu à peu.
07:15 Et il y a de la transversalité, j'imagine, entre différentes équipes aussi.
07:19 C'est ça.
07:19 C'est pas chacun dans sa bulle, ce n'est plus ça la recherche, maintenant.
07:22 Déjà, au sein de l'équipe, je ne travaille pas toute seule.
07:25 Déjà, j'ai une autorante qui fait la plupart des expériences
07:27 et j'ai des collègues qui m'aident.
07:29 Mais en plus, si à un moment donné, j'ai besoin de technologie que je n'ai pas,
07:34 je fais appel à des collaborations.
07:35 Et donc, aujourd'hui, souvent, un projet, ce n'est pas une personne,
07:38 c'est une équipe et des collaborateurs.
07:40 Alors évidemment, il y a toujours le temps de la recherche, Virginie.
07:43 On a besoin d'argent pour aller plus vite, vous le disiez.
07:45 Mais effectivement, on peut se poser la question,
07:47 en tout cas, un internaute nous la pose,
07:49 quand est-ce que les patients pourront bénéficier des résultats,
07:52 des avancées de vos travaux actuels ?
07:54 Nous, on espère toujours le plus vite possible.
07:56 Alors, comme je vous l'ai dit, on essaye de mieux comprendre les résistances
07:59 de manière à avoir, à jour, une thérapeutique.
08:01 Donc, si on a la chance qu'on décrypte quelque chose
08:07 où on a déjà des médicaments existants,
08:10 potentiellement, on pourra faire un replacement thérapeutique.
08:13 Sinon, effectivement, s'il faut faire un développement,
08:16 ce sera un peu plus long, puisqu'on passera par les essais thérapeutiques.
08:19 Évidemment. Les femmes, merci infiniment, Virginie.
08:22 De rien, merci à vous.
08:23 Merci à vous tous de nous avoir suivis.
08:25 Je vous dis à très vite pour de nouvelles expertises santé.
08:28 [Musique]

Recommandations