La Chine a un rôle à jouer "pour la paix" dans le monde, estime la cheffe de la diplomatie française

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Transcription
00:00 Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères française qui accueillait hier soir son homologue chinois.
00:06 Bilal Tarabey, bonjour. On décrypte ensemble évidemment les enjeux de cette rencontre.
00:10 Du côté des Européens d'abord, les demandes se font de plus en plus pressantes pour que Pékin, évidemment, et Moscou
00:16 en viennent mettre fin à cette guerre en Ukraine. Catherine Colonna l'a répété encore hier.
00:22 Oui absolument, ça fait consensus chez les Européens le fait que s'il y a bien un pays qui peut faire pression sur la Russie
00:29 pour qu'éventuellement elle cesse sa guerre en Ukraine, c'est la Chine.
00:34 Et je vous propose d'ailleurs d'écouter ce qu'a dit Catherine Colonna hier.
00:39 Nous savons l'importance du rôle de la Chine sur la scène mondiale et l'importance aussi du rôle qu'elle peut jouer pour la paix et la stabilité mondiale.
00:51 Je pense évidemment en disant cela à la guerre d'agression russe contre l'Ukraine.
00:58 Il faut parvenir à convaincre la Russie de revenir à un plein respect de la charte.
01:05 Voilà Catherine Colonna qui a à la fois évoqué la Corée du Nord, l'Iran, mais pas Taïwan. Comment peut-on l'interpréter ?
01:10 Non, mais pas Taïwan. Et c'est quand même extrêmement étonnant quand on se rappelle des propos d'Emmanuel Macron
01:18 qui avaient suscité incompréhension et polémique à son retour de Pékin.
01:23 Alors, comment on peut l'expliquer ? Ça ne veut pas dire qu'elle n'en a pas parlé avec son homologue chinois, mais elle n'a pas communiqué dessus.
01:31 En revanche, ce qu'on peut dire, c'est que le fait d'abord de parler de la Corée du Nord,
01:36 eh bien mine de rien, ça reste un signal amical et concerné envoyé aux Américains,
01:43 puisqu'on sait que la Corée du Nord, c'est leur deuxième souci sécuritaire, voire dépendamment des périodes, le premier, sur la zone Asie-Pacifique.
01:53 Quant à l'Iran, c'est assez intéressant parce que c'est acté, la France acte le fait que,
01:59 finalement, la grande puissance étrangère qui détient les clés diplomatiques dans la région Moyen-Orient, c'est la Chine.
02:07 Et ça, ça a été officialisé de manière très spectaculaire. On s'en souvient, il y a un mois, lorsque à Pékin,
02:13 les deux puissances régionales au Moyen-Orient, l'Iran et l'Arabie saoudite, ont rétabli leurs relations diplomatiques.
02:21 Si vous voulez, la Chine, elle a la main sur... Voilà, on le voit ici sur cette carte,
02:26 les pays sur lesquels la France a demandé à la Chine de se servir de son influence.
02:33 La Russie, on l'a dit. La Corée du Nord, ici. Et l'Iran, dans cette région Moyen-Orient.
02:39 La Chine, elle a la main sur la Corée du Nord et Taïwan, qui sont deux préoccupations immédiates des Américains,
02:46 mais aussi le Moyen-Orient et, par extension, l'Afrique, qui sont les préoccupations immédiates de l'Europe.
02:52 Voilà. Cette escale parisienne n'est qu'une étape, parce que le chef de la diplomatie chinoise s'est engagé dans une mini-tournée européenne.
03:00 Bilal, qu'est-ce qu'il faut comprendre ? Que Pékin cherche à se rapprocher de l'Europe,
03:05 dans le contexte extrêmement tendu que l'on connaît, avec les Américains notamment ?
03:08 Absolument. Si vous voulez, il y a un triangle géopolitique qui s'est formé entre, d'un côté, les États-Unis,
03:16 à l'autre bout, la Chine, et, entre les deux, l'Europe. Voilà. C'est exactement ce qu'on voit ici.
03:22 L'Europe, bien évidemment, est alliée avec les États-Unis, ça va sans dire,
03:27 mais la Chine essaye quand même d'attirer l'Europe dans son orbite, autant que faire se peut.
03:33 Et c'est pourquoi, hier, typiquement, il y a eu des gestes de la part du ministre des Affaires étrangères chinois vis-à-vis de la France.
03:41 D'abord, Xinjiang a annoncé la participation de la Chine à haut niveau, je le cite, à un sommet international
03:49 qu'organise Emmanuel Macron en France fin juin, qui s'appelle le sommet international pour un nouveau pacte financier mondial,
03:57 et qui vise à réfléchir à une nouvelle forme d'aide au développement pour les pays qui en ont besoin.
04:04 Et on se doute que la participation de la Chine à un sommet, un tel sommet, ça lui donne quand même une toute autre envergure.
04:10 Mais aussi, Xinjiang, hier, a répété que la Chine soutenait totalement l'Europe dans le renforcement de son autonomie stratégique
04:18 et ça, c'est exactement la reprise mot pour mot de la doctrine prônée par la France et Emmanuel Macron concernant l'Europe.
04:26 Il ne faut pas être naïf, la Chine sait très bien qu'une partie des Européens ne souhaite pas être entraînée dans une guerre directe contre elle, entraînée par les Etats-Unis.
04:35 Merci beaucoup Bilal, donc cette tournée qui va se poursuivre, donc mini-tournée européenne, merci pour le décryptage.

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