BE SMART - L'interview de Marc Lhermitte (EY) par Stéphane Soumier

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Jeudi 11 mai 2023, BE SMART reçoit Marc Lhermitte (Associé EY Consulting, Responsable du programme Attractivité, France, EY)

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00:00 [Générique]
00:05 Donc on démarre avec Marc Lhermitte. Salut Marc.
00:07 Bonjour Stéphane.
00:08 Merci EY, l'attractivité de la France.
00:12 On va voir le titre que tu as choisi parce que, évidemment, la titraille est là.
00:17 La France devant malgré tout.
00:19 Oui, la France en tête.
00:20 Alors vas-y, qu'est-ce que ça veut dire ?
00:21 La France en tête d'abord parce qu'on compte chaque année, Stéphane,
00:24 et depuis plus de 20 ans, les résultats de la France, sa capacité à attirer des investissements étrangers,
00:31 c'est-à-dire nouvelles implantations d'usines, de centres de recherche, parfois de sièges sociaux.
00:35 Et cette année, pour la quatrième année consécutive,
00:38 la France est en tête de cette course à l'échalote européenne sur qui va,
00:43 dans un monde très troublé, on va sans doute en reparler,
00:46 attirer le plus d'investissements, les plus beaux investissements.
00:50 1259 pour la France en 2022, c'est assez considérable.
00:54 C'est la dynamique qu'on a observée ces dernières années,
00:57 transformation de la France assez remarquée, assez remarquable, qui a permis de trouver...
01:02 1259, attention, ce n'est pas des ouvertures d'usines.
01:06 Ça peut être des extensions et c'est d'ailleurs majoritairement des extensions.
01:09 C'est majoritairement des extensions, au deux tiers même des extensions.
01:12 C'est un sujet qui est préoccupant.
01:16 Finalement, c'est comme si des industriels, des entreprises qui avaient un peu abandonné la France entre 2000 et 2015,
01:22 rallumaient la lumière dans des usines, faisaient un peu de rattrapage de leurs investissements.
01:26 Ils sont assez prudents aussi sur leurs investissements en France.
01:29 Donc deux tiers d'extension, un tiers de toutes nouvelles implantations.
01:32 Et c'est un très bon résultat qui...
01:36 C'est un très bon résultat, tu nous dis malgré tout.
01:39 Malgré le contexte de 2022 et celui qui a ouvert l'année 2023.
01:43 Mais malgré tout en France, pas malgré tout dans l'instabilité géopolitique qui nous entoure.
01:48 Malgré tout d'abord en Europe et dans le monde, puisque l'année 2022 a connu une cassure au printemps-été.
01:54 Beaucoup d'entreprises, petites et grandes, ont vu arriver, se sont heurtées à un mur, celui d'abord de l'énergie.
02:02 Et puis des conséquences économiques de cette crise géopolitique.
02:06 Donc ça a été une vraie cassure, puisque dans notre enquête, près de 50% des entreprises nous disent avoir revisité
02:12 leurs plans, leurs projets d'investissement.
02:14 Certaines ont complètement annulé, d'autres ont reporté.
02:17 Beaucoup ont réduit la voilure pour s'adapter, se mettre un peu en position de tempête en 2022 et début 2023.
02:23 2023, évidemment, quand on regarde notre petit cloche merle français, on a un climat politique et social
02:28 qui a sans doute également inquiété, préoccupé, alerté les dirigeants.
02:34 On va en reparler, Marc, mais est-ce que ce que tu fais, le mi-2022, printemps 2022,
02:39 il y a évidemment l'offensive russe sur l'Ukraine, mais il y a aussi les annonces de Joe Biden autour de son plan de réindustrialisation ?
02:46 C'est majeur, c'est vraiment une arme d'attractivité massive.
02:49 C'est du marketing à l'américaine, très bourrin, très fort.
02:55 50% des investissements finançables dans un certain nombre de catégories industrielles liées à l'énergie verte,
03:01 Par crédit d'impôt, automatiques.
03:04 Dans lesquels les États américains, qui sont très, très, très dispendieux et très généreux,
03:10 des États du sud des États-Unis, de nouveaux États qui cherchent à être dans la course,
03:14 de la Californie, du Texas, qui ont déjà fait presque le plein d'investissements étrangers,
03:18 l'Oklahoma, le Kansas.
03:20 Il faut regarder, nos équipes le font, et moi j'y interviens de temps en temps,
03:24 ce que font les États américains, c'est ce que faisait l'Europe en restructuration industrielle dans les années 80,
03:29 c'est-à-dire des investissements, des aides publiques cash, qu'on n'a plus le droit de faire dans beaucoup de pays européens,
03:35 et qu'on n'a absolument pas le droit de faire en France, qu'on ne fait pas d'ailleurs.
03:38 Donc ça c'est évidemment dans un moment où les entreprises recherchent des marges,
03:42 recherchent à financer des activités industrielles innovantes autour de la transition écologique,
03:47 autour de l'énergie, autour de la santé.
03:49 Il y a eu des annonces très fortes de grands groupes industriels, plutôt allemands pour l'instant,
03:53 Volkswagen, Wiesmann, qui ont dit "moi je mets mes prochains investissements, je les mets aux États-Unis, parce que c'est imbattable".
04:01 Oui mais c'est phénoménal.
04:02 C'est phénoménal.
04:03 Quand c'est Volkswagen qui le dit, enfin...
04:06 C'est phénoménal.
04:07 On tombe de sa chaise quand même.
04:08 Le Volkswagen français ne l'a pas encore dit, il ne l'a pas dit, il n'y a pas de raison qu'il...
04:11 Non mais juste parce que je le précise d'un mot, Volkswagen, pourquoi j'insiste sur Volkswagen,
04:15 Volkswagen c'est une entreprise quasiment para-publique, enfin...
04:18 C'est une entreprise publique.
04:19 Voilà, enfin c'est une entreprise publique, à travers le land, à travers les Landesbanken, enfin...
04:24 Et donc on se rend compte du tremblement de terre.
04:27 Mais est-ce que tu confirmes, parce que vos équipes le savent ça, moi je lis des études qui disent que c'est presque 70% des projets d'investissement internationaux
04:35 qui sont revisités, pas qui partiront aux États-Unis alors qu'ils auraient dû être en Europe, mais en tout cas qui sont revisités, ralentis, mis sur pause.
04:44 Je pense que beaucoup s'interrogent, beaucoup d'entreprises, pas seulement les industriels s'interrogent.
04:49 Mais d'abord il y a une réponse européenne, réponse européenne qui était là précédemment, qui est complexe, qui est celle du Green Deal, qui est celle de ce qui reste du plan de relance.
04:58 Des pièges, des projets d'investissement, d'initiatives européennes, deux ans d'instruction face au crédit d'impôt américain.
05:06 Il ne nous échappe pas aujourd'hui précisément que le gouvernement français essaie de faire sa part du job en répondant, je pense que c'est une réponse à l'ARS qui se passe aujourd'hui.
05:18 Tu veux dire le plan industrie verte de Bruno Le Maire ?
05:21 Le projet de loi industrie verte porté par Bruno Le Maire, avec une forme de volume supplémentaire que lui donne le président Macron en invitant des centaines de chefs d'entreprise à l'Élysée aujourd'hui et à Tchouss-France.
05:33 Donc les investisseurs étrangers à Tchouss-France lundi 15 mai.
05:37 C'est une réponse française qui est la réponse nationale auxquelles s'ajoutent les efforts des régions qui sont moins monétaires que tout simplement en gestion de projet.
05:45 Donc on n'est pas perdu ou perdant.
05:48 Simplement il y a une vraie interrogation.
05:50 Il y a beaucoup d'entreprises, et pas seulement en France, qui s'interrogent sur leurs arbitrages industriels.
05:54 C'est plutôt des grands groupes.
05:56 Donc ça serait déjà assez catastrophique que trop de grands groupes aillent créer des emplois, mettre de la valeur, faire de la fiscalité aux États-Unis quand elles le font déjà ailleurs.
06:07 Le problème c'est aussi pour les PME, les ETI qui sont sous-traitantes de ces groupes dans les chaînes industrielles.
06:12 Donc il faut être très très vigilant, pas s'alarmer pour l'instant, mais être très vigilant et constater qu'il y a une vraie arme marketing et financière très très puissante
06:25 qui est répétée en ce moment dans un salon qui s'appelle Select USA aux États-Unis, qui est vendu à toutes les entreprises.
06:34 Et donc il faut qu'on fasse la même chose en Europe, il faut qu'on fasse la même chose en France.
06:38 On va le faire.
06:39 Dreaming my friend, la logique des appels d'offres si tu veux par exemple.
06:43 C'est ça qui est fou, ce qu'on comprend bien, c'est à partir du moment où vous décarbonez et où c'est fait aux États-Unis, vous avez droit au crédit d'impôt.
06:51 Emballé c'est pesé.
06:52 En France, on est principalement sur les activités industrielles.
06:57 C'est ça qui nous intéresse, c'est quand même le gros sujet du moment.
07:01 Le président a dit hier, la mère de toutes les batailles, c'est assez juste.
07:05 On fait remonter notre PIB industriel, mais très, par dixième de pourcentage en ce moment.
07:12 Donc il faut continuer parce que sans cet appareil de production de petites ou de grosses usines, on n'arrivera pas à redresser la balance commerciale.
07:20 Beaucoup de choses en dépendent et l'emploi, on est dans un pays où le taux de chômage reste élevé.
07:24 On va en reparler de l'emploi, ça c'est un autre sujet l'emploi à mon avis.
07:27 Je ne perds pas espoir parce que je pense que la France, l'Europe en ont vu d'autres.
07:34 On a eu les formidables capacités d'attraction et d'attractivité de l'Asie pendant longtemps, du Maghreb qui reste important,
07:44 même s'il est un peu moins sous les feux des projecteurs.
07:46 Tous les pays de l'Est aussi à certains moments ont sorti de très gros moyens pour rattirer les investissements industriels.
07:52 On voit d'ailleurs que ça marche encore et finalement nos pays d'Europe de l'Ouest mature se défendent probablement en disant
08:01 on veut les investissements qui comptent pour les 10 ans qui viennent, les investissements de valeur, les investissements dans les secteurs stratégiques,
08:07 moins de volume, plus de valeur, c'est probablement comme ça qu'il faut se battre tout en reconnaissant,
08:12 en étant assez pragmatique en France avec 7% de chômage, on a besoin aussi que ces investissements apportent de l'emploi.
08:17 Oui mais non. C'est l'image que je prenais pour essayer de l'expliquer.
08:23 Il y a malheureusement bien davantage d'emplois dans les usines Fiat en faillite rachetées par Stellantis que chez Tesla.
08:31 Donc je ne comprends pas Marc, très sérieusement, on avait peut-être déjà parlé les années précédentes.
08:36 Parce que le problème, malheureusement les médias sont ainsi faits, que je ne sais pas si c'est la poule et l'œuf,
08:43 parce que vous vous mettez en avant les emplois, parce que vous savez que c'est ce qui plaira aux médias,
08:47 mais les médias reprennent cette histoire d'emploi qui n'est pas un bon critère pour l'investissement industriel.
08:51 C'est un des critères, et pour être tout à fait honnête, parce qu'on en a déjà parlé Stéphane,
08:55 l'emploi n'est pas la force ou le bon résultat de la France, c'est le contraire.
08:59 Mais ce n'est pas forcément…
09:01 Ce n'est pas le bon critère, ce n'est pas le seul critère.
09:04 Ce n'est pas forcément un obstacle.
09:06 Il faut être honnête que dans un pays qui a un peu plus de 7% de chômage et à certains endroits, dans certains bassins d'emploi,
09:10 on est encore à deux chiffres, donc on a un gros problème de chômage encore en 2023 en France.
09:14 On va reconnaître qu'aller chercher de l'emploi, des investissements créateurs d'emploi,
09:18 retenir des entreprises françaises nées en France, ETI, PME ou grands groupes,
09:22 qui recrutent et qui vont recruter dans les années à venir, qui d'ailleurs ne trouvent pas facilement à recruter,
09:28 les retenir, et avoir quand même l'emploi dans le viseur,
09:32 mais c'est aussi les raisons pour lesquelles ils le font, elles le font ces entreprises,
09:38 et pourquoi on regarde ça et pourquoi on se passionne pour ce sujet,
09:41 c'est parce qu'il y a d'autres valeurs à aller chercher avec ces investissements, des valeurs technologiques,
09:45 il y a toute une transformation ESG qui est en cours.
09:48 - C'est ça, c'est ce que tu appelles, raconte-moi le nouvel ADN de l'attractivité hexagonale.
09:52 Parce que, on va le voir, on verra après les doutes à moyen terme,
09:57 mais on va voir ce que tu en vois sur l'innovation et sur la France Économie Innovante.
10:02 Il suffit de voir le graphique, même en le voyant de loin, c'est assez spectaculaire.
10:07 C'est la France qui est totalement à gauche là.
10:10 - Totalement en tête du classement.
10:13 - Nettement en tête du classement.
10:14 - Le CIR, 15 ans de crédit impôt recherché, moi je fais pas très court.
10:17 - Donc c'est 7 milliards.
10:18 - 7 milliards par an, qui sont critiqués à peu près chaque année pour des raisons qu'on peut comprendre,
10:23 il y a probablement des améliorations, mais c'est un totem.
10:26 Le CIR et l'innovation en France, la French Tech en général,
10:29 j'emballe quelque chose qui est beaucoup plus complexe et divers que ça, mais ça fonctionne.
10:33 En tout cas, les investisseurs internationaux dans plein de secteurs d'activité,
10:37 dans la santé, dans l'énergie, dans la motorisation électrique ou hybride,
10:42 viennent en France pour faire de la recherche.
10:44 Intel, 1000 emplois promis à sa clé pour les 10 années qui viennent, c'est son hub européen de R&D.
10:51 On n'attrape pas des mouches avec du vinaigre, c'est assez trivial,
10:55 mais le CIR et beaucoup d'autres qualités et compétences à Paris Universitaire d'enseignement supérieur
11:00 font qu'on est champion d'Europe de l'innovation, ça n'étonne presque plus personne.
11:04 Il faut quand même garder l'avantage en évitant que le CIR soit affaibli.
11:08 Il est beau l'avantage.
11:10 Ça c'est une partie de l'ADN.
11:11 Tu écris que 30% des projets manufacturiers dans l'automobile aujourd'hui
11:14 sont destinés à la production de véhicules électriques.
11:16 C'est trois fois plus qu'il y a quatre ans, ce n'est pas anormal,
11:19 parce que c'est une grosse priorité de la France et de l'Europe.
11:21 Et l'autre aspect de l'ADN, c'est, et ça il faudrait le marteler,
11:26 la disponibilité d'énergie décarbonée, c'est nucléaire.
11:29 C'est l'énorme étonnement de beaucoup,
11:32 et peut-être d'ailleurs des équipes EY qui m'ont aidé à réaliser ce baromètre,
11:36 en France et dans une vingtaine d'autres pays,
11:38 c'est que la France a un atout reconnu d'ailleurs.
11:40 On n'est pas en train de parler de Davy, de Paris-Centre, même de Lyon.
11:44 Oui, parce qu'on n'a pas donné la méthodologie,
11:46 mais c'est plusieurs centaines de chefs d'entreprise internationaux
11:49 qui ont été interrogés.
11:50 Les neutres de la France, et qui ont retrouvé un peu confiance dans la France,
11:55 mais qui surtout nous disent que le premier atout industriel de la France,
11:59 c'est sa disponibilité en énergie décarbonée.
12:03 Et nous pensons et nous voyons, parce que ce baromètre sort en Allemagne,
12:07 sort dans d'autres pays, mais en Allemagne notamment,
12:09 il y a une énorme menace sur justement l'industrie allemande,
12:14 pas seulement par l'IRA dont on vient de parler,
12:16 mais aussi parce que ce qui est produit d'énergie
12:20 et qui vient faire fonctionner les usines, les centres de recherche
12:25 et d'ailleurs l'ensemble des villes allemandes et de la population,
12:30 c'est une énergie très carbonée.
12:32 C'est le charbon.
12:33 Donc notre avantage qui peut se trouver un peu resserré au détour de l'hiver
12:37 parce qu'on a un problème d'énergie,
12:39 pour l'instant, à court terme, nos spécialistes le disent,
12:42 c'est un avantage majeur, c'est un avantage dont il faut qu'on fasse beaucoup plus.
12:46 Deuxième atout industriel, les compétences.
12:48 Mais nos compétences ne sont pas plus excellentes que celles des Italiens,
12:52 des Espagnols ou des Allemands,
12:54 mais on a probablement un bon mix qui fait que 40% des projets
12:58 qu'on a recensés en 2022 sont des projets industriels,
13:01 plutôt de petites usines, des petites usines,
13:04 plutôt des extensions, mais qui vont dans des villes moyennes et des petites villes.
13:10 Donc on va s'en réjouir quelques secondes quand même, Stéphane.
13:13 Non, non, mais je me réjouis.
13:15 Je me réjouis, j'ai juste, mais ça aussi on en a parlé,
13:18 nous sommes, oui, un marché de consommation dynamique.
13:21 C'est-à-dire qu'on a quand même, heureux comme Dieu en France,
13:25 on est quand même au milieu de l'Europe la plus développée
13:29 avec un marché de consommation dynamique
13:31 et un accroissement démographique encore très relatif, mais encore réel.
13:35 Et des grands donneurs d'or dans beaucoup de secteurs d'activité.
13:38 Donc rien que ça, ça donnerait de toute façon une dynamique.
13:40 C'est la première qualité fondamentale, structurelle de la France,
13:44 deuxième économie européenne.
13:46 Si elle était plus exportatrice, ça permettrait d'attirer plus d'entreprises
13:49 qui viennent aussi pour nos capacités d'exportation.
13:51 Pas tant aujourd'hui qu'il le faudrait demain.
13:54 Bon, ça c'est les bonnes nouvelles.
13:56 Mais attends, attends, parce qu'il y a un élément qui m'a beaucoup surpris, moi,
13:59 qui est peut-être aussi quand même une petite bonne nouvelle.
14:02 En panne d'emplois logistiques, la France.
14:04 Mais ça veut dire qu'on en a construit tellement qu'à un moment ça s'arrête ?
14:07 Non, mais tu crois qu'il y a... Parce que ça j'ai du mal à comprendre.
14:10 Tu dis en panne d'emplois logistiques et tertiaires.
14:12 Alors, sur le tertiaire, c'est-à-dire les emplois de bureau, back-office, siège, etc.
14:16 Il y a une transformation très lourde en ce moment, travail hybride,
14:19 donc les entreprises s'adaptent, donc il n'y a pas anormal qu'on fasse un peu moins,
14:23 qu'on décide un peu moins d'aller ouvrir un nouveau centre d'appel
14:26 ou un nouveau centre de traitement IT par exemple,
14:29 notamment en France où les coûts restent élevés.
14:32 Sur la logistique, on a un autre sujet,
14:34 qui est un sujet qui commence, qui est très lourd pour la logistique,
14:36 qui commence à devenir un problème pour l'industrie, particulièrement en France.
14:39 C'est presque le refus de vente.
14:41 C'est qu'on a dans beaucoup de territoires,
14:44 beaucoup de grandes agglomérations singulièrement,
14:46 j'en nomme pas particulièrement, mais je pense qu'on peut les imaginer,
14:50 des formes de barrières à l'entrée,
14:52 "not in my backyard",
14:54 "mon foncier est rare", ce qui n'est pas faux.
14:56 Et puis il y a une réglementation,
14:58 le zéro artificialisation net qui va venir tendre
15:01 et finalement probablement donner ou exiger des élus
15:05 qui y privilégient le logement, qui reste aussi un lourd problème.
15:09 Et donc l'activité économique est en premier l'activité logistique,
15:12 assez consommatrice de fonciers, avec beaucoup de camions qui circulent,
15:15 des réserves d'emplois qui se raréfient aussi.
15:18 - Vous diriez des villes comme Lyon et Bordeaux par exemple ?
15:20 - Des grandes agglomérations qui disent "moi je gère la rareté,
15:23 je voudrais des projets de valeur,
15:25 vos emplois m'intéressent moins parce que je suis à 4% de chômage,
15:28 et donc allez voir le voisin".
15:30 Et le voisin c'est la grande ville d'à côté
15:32 qui ne peut pas plus ou ne veut pas plus.
15:34 C'est pas seulement un réflexe politique activiste.
15:38 - Je l'ai compris.
15:40 - Mais c'est une petite musique qui commence à devenir un peu symphonique,
15:44 qui est assez troublante parce que toutes ces précautions sont légitimes.
15:50 Les précautions de l'environnement, précautions pour la protection de la population,
15:54 gestion du foncier rare, éventuellement de bassins d'emploi
15:58 qui sont un peu moins disponibles, c'est tout à fait légitime.
16:02 En face il faut être assez pragmatique,
16:04 et puis on a beaucoup d'entreprises qui toquent à la porte de la France,
16:07 qui disent "moi la France nous intéresse".
16:09 C'est un pays qui fonctionne à peu près,
16:11 mieux vu de l'extérieur que ce qu'on pense de l'intérieur,
16:14 qui a un marché qui est assez dynamique,
16:18 qui met beaucoup d'argent public.
16:20 Les entreprises s'en inquiètent, on en parlera sans doute,
16:22 il y a quand même des inquiétudes à moyen terme,
16:24 mais pour l'instant on a beaucoup de clients qui viennent à la porte du magasin,
16:27 et on est en train de leur mettre pas mal de barrières à l'entrée,
16:30 sauf dans les petites villes, les petits bassins d'emploi,
16:32 ou dans des régions comme les Hauts-de-France par exemple,
16:34 qui ont vraiment besoin de restructurer,
16:36 de revitaliser leurs tissus économiques et leurs bassins d'emploi.
16:39 Voilà, mais non parce que je voulais finir justement avec une note positive,
16:42 donc on ne va pas en parler des inquiétudes à moyen terme,
16:44 on en reparlera.
16:46 On en reparlera, je reviendrai avec plaisir.
16:48 Non, non, non, moi je veux finir,
16:50 puisque dans la minute qui nous reste sur ce que tu viens de dire là,
16:53 ce pays est bien mieux perçu finalement.
16:56 En plus on a même sur le prisme,
16:58 sur la façon dont les étrangers nous perçoivent,
17:01 une grande partie de nos médias vont aller chercher le pire,
17:05 on va te mettre la une du son,
17:07 bien évidemment que le son nous défonce,
17:09 mais enfin ça aussi, un autre aspect de ton enquête,
17:11 le cancer qui ronge la Grande-Bretagne,
17:14 il est pas prêt de s'arrêter.
17:16 Mais la perception extérieure est en fait bien meilleure que la perception.
17:19 Moi je pilote des équipes européennes,
17:21 on parle à nos clients qui sont un peu partout en Europe,
17:23 honnêtement, ils voient à la France quelques défauts,
17:27 ils sont un peu inquiets,
17:29 ils voient les images que nous vivons nous, voisins des manifestations,
17:32 ça c'est clair.
17:34 Mais honnêtement, le miracle de la grande économie européenne,
17:37 c'est le miracle français.
17:39 Ils sont quand même assez étonnés de cette France qui continue à avancer,
17:43 qui a des bons résultats au plan de l'investissement international,
17:46 qui est regardé par les Irlandais, les Néerlandais, les Anglais,
17:49 les Allemands, les Espagnols, tout le monde en veut de ces entreprises,
17:52 dans la tech, dans la santé, dans l'énergie, dans beaucoup de secteurs,
17:56 et finalement ils trouvent que la France se débrouille très bien,
17:59 ils sont très curieux, ils nous appellent pour savoir comment ça se passe en France,
18:02 et les recettes ont été assez simples,
18:05 de la fiscalité, un droit du travail amélioré, un peu de marketing,
18:08 et puis on redonne confiance, on est constant sur les engagements,
18:12 on tient les promesses, 5 ans après ça se voit,
18:15 et quand on est effectivement dans notre petite marmite,
18:18 on est un peu plus remué,
18:21 mais je pense qu'il faut parfois aller nous regarder,
18:23 se regarder soi-même de l'extérieur,
18:25 sortir de son corps Stéphane !
18:28 - Oui, mais tu comprends la frustration de l'exécutif ?
18:32 Parce que la perception intérieure, c'est quand même ce qu'il comprend en démocratie,
18:37 et ta phrase là, ce que tu viens de dire,
18:41 je pense que Macron voudrait pouvoir le graver dans le marbre de l'ensemble des mérites de France.
18:46 - Celle de l'exécutif, ça doit être aussi la nôtre,
18:49 parce qu'en fait ce pessimisme misérabiliste,
18:51 avec de très lourds problèmes en France,
18:53 des problèmes de santé, sur l'appareil de santé,
18:56 sur l'éducation, des populations qui ne ressentent pas,
19:00 en tout cas, la joie et la dynamique économique,
19:03 qui n'est pas partout, et il y a des restructurations,
19:05 il y a des crises dans certains secteurs,
19:07 mais on doit tous ressentir qu'on a probablement encore quelques années de progression,
19:13 de transformation,
19:15 et qu'il faut qu'on écoute un peu, qu'on ait les oreilles tendues à l'extérieur,
19:18 pour voir revenir ces musiques un peu plus harmonieuses !
19:21 - Yes, absolument ! Merci Marc !
19:23 - Merci Stéphane !
19:24 - Marc Lhermitte donc, qui nous accompagnait, on continue Bismarck !
19:28 [BIP]

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