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Chaque année, de nouveaux mots apparaissent dans nos dictionnaires. Les directrices du Robert et du Larousse nous racontent les coulisses de cette sélection annuelle, qui constitue une "photographie de la langue française à un instant T"

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Transcription
00:00 [Musique]
00:10 Alors cette année, on a une petite tendance gastronomique,
00:12 ça c'est très français, donc on se retrouve bien dans cette tendance,
00:17 mais on a surtout beaucoup de mots qui viennent de l'environnement.
00:20 Cette année, on va avoir par exemple les microplastiques,
00:24 la dette climatique, dont on a beaucoup parlé à la dernière COP,
00:27 les nouvelles technologies évidemment, donc on pourrait parler d'intelligence artificielle générative,
00:33 dont on fait partie de la GPT, on va parler de minage de crypto-monnaies,
00:38 crypto-monnaies étaient déjà dans le dictionnaire, mais pas minage,
00:40 de crypto-arts, de métavers.
00:43 La catégorie de mots assez intéressante aussi, c'est les mots de société,
00:48 les mots qui disent un peu notre manière de vivre, par exemple le travail hybride,
00:53 on va retrouver aussi par exemple nasser, la nasse qu'on peut trouver dans les manifestations,
00:58 on retrouve les préoccupations de l'époque, en tout cas les grands sujets,
01:02 on retrouve les problèmes, les inquiétudes, les ébauches de solutions.
01:06 [Musique]
01:10 Fréquence, diffusion et pérennité, ça c'est vraiment les trois critères principaux et absolus.
01:14 À la permanence, il y a des nouveaux mots, des nouveaux sens qui se créent,
01:17 on en collecte environ 3 à 5 000 par an, ensuite on va se réunir,
01:22 on va faire plusieurs réunions pour éliminer et choisir les mots qui vont rester dans le dictionnaire.
01:27 Certains mots peuvent rester en observation pendant 2-3 ans
01:30 parce qu'on a le sentiment qu'ils sont liés à l'actualité, un peu trop à l'actualité
01:34 et que peut-être ils peuvent faire l'objet d'effets de mode.
01:36 On m'a beaucoup interrogée sur Kwaku B,
01:38 voilà, Kwaku B c'est vrai qu'on le rencontre beaucoup, il est fréquent,
01:41 il se diffuse pas mal, en revanche il n'est pas la pérennité où on peut s'interroger dessus.
01:46 [Musique]
01:50 Ça dépend, donc le mot se crée parce qu'il y a un besoin,
01:53 il y a un besoin d'un mot nouveau, d'un mot pour désigner quelque chose.
01:56 On voit beaucoup de mots-valises,
01:58 c'est dans les créations de mots, c'est vrai qu'il y a beaucoup de mots-valises qui apparaissent,
02:02 il y a beaucoup de nouveaux sens en fait, on parle toujours des nouveaux mots,
02:05 mais en fait il y a quasiment 50% de nouveaux sens qui apparaissent chaque année.
02:10 Il y a aussi beaucoup de sens figurés,
02:12 il y a aussi beaucoup de préfixes et de suffixes qui s'ajoutent
02:15 et ce qu'on voit énormément, il y a beaucoup d'abréviations.
02:18 Alors on nous dit toujours "oui, il y a beaucoup d'anglicismes dans le dictionnaire,
02:21 pourquoi faire entrer autant de mots anglais ?"
02:22 Parce que c'est une des manières de créer de nouveaux mots,
02:26 c'est d'emprunter des mots à d'autres langues, ça a toujours été le cas,
02:29 les autres langues empruntent aussi à l'anglais,
02:31 l'anglais a lui-même beaucoup emprunté au français.
02:32 Après il faut voir les anglicismes comme en même temps un certain dynamisme de notre langue.
02:39 Si notre langue n'était pas vivante, elle n'emprunterait pas et elle ne substituerait pas.
02:43 Donc il ne faut pas toujours juger les anglicismes comme une perte d'identité de la langue française.
02:50 Il y a des va-et-vient dans les langues et c'est ce qui fait leur vitalité
02:55 et le fait qu'elles existent toujours.
02:57 Le latin n'emprunte plus du tout, plus personne ne parle le latin.
03:02 Le verbe "to crush" en anglais est emprunté à l'ancien français,
03:05 et c'était un verbe, le verbe "croisir", qui signifiait "éclater, faire craquer".
03:10 D'où l'anglicisme "le langlais to crush" qui est devenu "le crush" qu'on a ensuite réemprunté.
03:15 Et c'est drôle puisqu'on dit d'ailleurs "craquer" pour quelqu'un.
03:17 Pourquoi avoir un dictionnaire à l'ère de Chachi Piti par exemple ?
03:23 Pour savoir s'exprimer par soi-même, tout simplement.
03:26 Ça c'est quelque chose d'important, de ne pas tout laisser à la machine
03:29 et de pouvoir se dire "je connais, je maîtrise mon langage".
03:33 Le dictionnaire est une photographie de la langue française à un instant T.
03:37 Et c'est complètement rétrospectif, ça c'est passionnant.
03:40 C'est que quand on se penche sur les mots qui sont rentrés les 10 ou les 20 dernières années,
03:44 en fait on a une lecture vraiment des évolutions, de ce que l'on a vécu.
03:48 C'est à la fois une photographie, mais aussi un sismographe
03:52 qui va parfois dessiner un peu en avance des tendances qui vont se dessiner dans les années futures.
03:57 [Musique]

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