Ca se dispute du 13/05/2023

  • l’année dernière
Un débat entre deux éditorialistes qui analysent l'actualité politique de la semaine dans #CaSeDispute

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00:00 Bonsoir à tous et très heureux de vous retrouver sur C News.
00:03 Nous sommes samedi soir, il est 19h.
00:05 Place au débat dans Sass Dispute et on ne les présente plus.
00:09 Il arrive tout juste Julien Drey.
00:11 Bonsoir, mon cher Julien.
00:13 J'étais en train de regarder le revoir le combat de Teddy Rayner.
00:16 Hommage ce soir à Teddy Rayner, champion du monde pour la 11e fois.
00:19 Extraordinaire. C'est un mec extraordinaire.
00:21 Excusez-moi. C'est un monsieur.
00:23 L'hommage de Julien Drey à Teddy Rayner, effectivement.
00:24 Alexandre de Vécu, bonsoir. Bonsoir.
00:26 Véritoire française ce soir. Oui, très bien.
00:29 On va parler de l'action française qui a donc pu tenir son colloque.
00:32 Cet après-midi, la justice a suspendu l'interdiction prononcée par la préfecture de police.
00:36 Qu'en pense Julien Drey, Alexandre de Vécu ?
00:38 On en débat dans un instant.
00:40 Mais avant, on retrouve Isabelle Piboulot pour le rappel des titres.
00:42 Le projet de loi France Travail prévoit des sanctions pour les bénéficiaires du RSA.
00:50 Elles viseront tout individu qui ne se conformerait pas au parcours d'accompagnement
00:54 ou au retour vers l'emploi.
00:56 La première ministre l'a confirmé lors de son déplacement à la Réunion.
01:00 Elisabeth Borne achève ce soir sa première visite en Outre-mer,
01:03 un an après sa nomination à Matignon.
01:06 Les académies de Créteil, Versailles et de Guyane, en manque d'enseignants.
01:11 Près d'un millier de postes ne seront pas pourvus à la rentrée dans le primaire.
01:15 C'est ce que déplore le syndicat SNIP FSU au lendemain de la publication
01:19 des résultats d'admissibilité au concours.
01:22 L'an dernier, plus de 4 000 postes n'avaient pas été pourvus
01:25 dans le primaire et le secondaire.
01:27 Et puis à l'issue de sa visite au Vatican, Volodymyr Zelensky
01:31 remercie le pape François pour l'attention qu'il porte à la tragédie de millions d'Ukrainiens.
01:36 Le président et le souverain pontife se sont entretenus une quarantaine de minutes,
01:40 l'occasion d'échanger entre autres sur le sort de près de 20 000 enfants
01:44 déportés selon Kiev par la Russie.
01:48 Merci Isabelle. On retrouve Isabelle Piboulot à 19h30 pour un nouveau point sur l'actualité.
01:52 Je vous propose donc de démarrer messieurs avec cette décision
01:55 aujourd'hui du tribunal administratif.
01:57 Le colloque du mouvement royaliste Action française a donc finalement
02:01 pu se tenir cet après-midi.
02:02 La justice a en effet suspendu l'interdiction.
02:05 Elle a été prononcée vendredi par la préfecture de Paris.
02:07 On le rappelle, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait demandé,
02:11 c'était mardi dernier, au préfet d'empêcher toute manifestation
02:15 de l'ultra droite ou de l'extrême droite.
02:17 Cinq rassemblements dans le commilimateur ce week-end à Paris
02:21 après une manifestation, on en a parlé samedi dernier, du groupe d'ultra droite GUD.
02:26 Mais concernant l'Action française, le tribunal administratif a donc suspendu
02:30 l'exécution de l'arrêté du préfet de police.
02:33 Un colloque qui a donc bien eu lieu.
02:34 Deux personnes ont été interpellées à proximité du lieu du colloque
02:39 pour port de cagoule et de gants coqués notamment.
02:42 On écoute le secrétaire national de l'Action française, on en parle ensuite.
02:46 On a apporté un référé ce matin à 9h et en fin de matinée,
02:52 le tribunal a été très efficace, il faut reconnaître,
02:54 moi on tape toujours sur les juges, mais là je veux reconnaître
02:56 qu'ils ont été très corrects, ils ont bien fait leur boulot
03:00 et ils ont regardé que le droit, c'est-à-dire ils n'ont pas voulu entrer
03:03 dans le discours ni idéologique, ni doctrinal, ni quoi que ce soit,
03:06 mais ils ont regardé que le droit.
03:08 Et au regard du droit, c'était n'importe quoi.
03:12 Donc ils ont retoqué l'interdiction du gouvernement.
03:20 C'est vrai, je reviendrais que beaucoup avaient prédit
03:23 cette décision du tribunal administratif.
03:25 Pourquoi multiplier ces arrêtés d'interdiction pour Gérald Darmanin,
03:29 qui ont peu de chances d'aboutir finalement ?
03:32 Est-ce que c'est avant tout un coup politique pour évincer d'autres sujets ?
03:35 Par exemple, montrer que la volonté du gouvernement
03:38 reste de lutter contre l'extrême droite ?
03:41 Il y a certainement un calcul politique, un coup à droite, un coup à gauche,
03:45 que là en même temps, il faut bien trouver de temps en temps
03:47 une manière de l'appliquer.
03:49 Mais je pense surtout qu'il y a une volonté d'effacer l'erreur
03:52 qui a été commise la semaine dernière, c'est-à-dire la sous-estimation
03:55 de ce que représentait ce rassemblement, la forme qu'il a prise,
03:59 les questions qu'il a posées, etc.
04:01 Alors après, si vous voulez, je vais être honnête avec vous,
04:03 il y a des choses, peut-être que sur moi, dans l'actualité,
04:06 mais je ne savais pas qu'il y a des groupes,
04:07 je ne savais même pas qu'ils existaient, je ne sais pas ce qu'ils veulent dire.
04:10 Voilà, bon, d'un coup, il y a des rassemblements.
04:12 En tout cas, ça permet aux Français de les découvrir aujourd'hui.
04:15 Voilà, il y a des choses sur lesquelles il faut être effectivement...
04:19 La renaissance, après on peut discuter, mais il y a une renaissance
04:22 de quelques groupes d'extrême droite dans plusieurs villes de province
04:26 qui se livrent d'ailleurs souvent à des attaques, des choses,
04:29 c'est vrai que c'est inquiétant et qu'il faut faire attention.
04:31 Bon, voilà, les choses, quoi.
04:33 Mais il n'y a pas besoin non plus de monter au pin-up, quoi.
04:36 Alexandre Devecchio.
04:37 Je crois qu'il y a une forme d'instrumentalisation politique
04:41 pour faire croire qu'il y a une menace d'extrême droite très importante
04:45 dans ce pays, ce qui n'est pas le cas, et de pouvoir politiquement
04:49 maintenir ce clivage face à Marine Le Pen en faisant croire
04:53 que Marine Le Pen est une néo-nazie, quoi, en gros.
04:57 Et donc, c'est un manichéisme absolu et une malhonnêteté absolue
05:02 par rapport à ce qui est devenu aujourd'hui le rassemblement national.
05:07 Quant à l'AF, là, on est dans le ridicule.
05:10 Moi, j'étais pour l'interdiction de la manifestation de la semaine dernière,
05:14 même si elle avait lieu chaque année, parce que je pense qu'on était
05:17 dans le domaine du trouble à l'ordre public.
05:19 Là, vous faites une distinction avec l'Action française ?
05:22 Ah oui, ça n'a rien à voir.
05:24 Si vous voulez, ce n'est pas du tout mes idées, l'Action française,
05:26 mais ce sont des monarchistes, plutôt des intellos.
05:29 Ce ne sont pas des gens qui sont pour une forme de...
05:33 Enfin, avec des croix gammées, comme on l'a vu la semaine dernière,
05:36 avec des drapeaux celtes qui se masquent le visage, etc.
05:40 On n'est pas du tout là-dedans.
05:43 Du reste, des monarchistes ont parfois siégé à l'Assemblée nationale.
05:47 Dans l'histoire, c'est la grandeur de la démocratie d'avoir des idées différentes,
05:51 même des idées qui nous dérangent ou qui ne sont pas les nôtres.
05:53 Si on va par là, on va interdire aussi les manifestations d'extrême gauche.
05:58 Il y a des gens avec lesquels je suis radicalement en désaccord à l'extrême gauche,
06:03 mais du moment que ce n'est pas des Black Blocs qui ne cassent pas tout,
06:05 je ne suis pas pour leur interdiction.
06:08 C'est très bien qu'ils manifestent.
06:10 Et là, il peut apparaître une forme de deux poids, deux mesures avec les Black Blocs.
06:14 C'est-à-dire que l'État est totalement impuissant.
06:16 On nous explique qu'on ne peut pas faire d'interpellation préalable
06:19 avec des gens dont on sait pertinemment bien qu'ils ne viennent pas pour manifester,
06:22 mais pour tout casser.
06:23 Mais par contre, on va interdire n'importe quel rassemblement sous prétexte
06:27 qu'il serait d'ultra droite avec une définition totalement floue de l'ultra droite.
06:32 – Julien Drey, c'est vrai que certains dénoncent effectivement ce deux poids, deux mesures
06:36 qu'on vient d'entendre dans la bouche d'Alexandre de Végiot
06:38 concernant l'extrême gauche et l'extrême droite.
06:40 Est-ce que vous le constatez ?
06:41 – Ce n'est pas le problème des deux poids, deux mesures.
06:43 Il y a des principes et il faut s'en tenir à ces principes-là.
06:45 Donc, il n'y a pas besoin d'aller chercher l'extrême gauche
06:47 pour justifier l'extrême droite.
06:49 Il y a des règles.
06:50 La trouble à l'ordre public, il est condamnable.
06:52 Il peut conduire à des interdictions, il peut conduire à des arrestations préventives.
06:56 Quand il n'y a pas de trouble à l'ordre public,
06:57 où il n'y a pas de manifestation de haine raciale ou raciste ou des choses comme ça.
07:03 Voilà, si vous voulez, je crois que la manifestation de samedi dernier,
07:07 Alexandre l'a dit, quand on voit les images, une tournure particulière quand même.
07:12 Y compris quand on les re-regarde, on est un peu surpris.
07:17 Voilà, en plus avec des gens qui disent eux-mêmes d'ailleurs dans le film,
07:22 "Poussez-vous parce que sinon il va y avoir des histoires".
07:25 Et là, il y a une faute de sous-estimation.
07:30 Le préfet Dige, il essaye de se rattraper.
07:32 C'est un préfet sérieux pourtant, mais visiblement, il n'avait pas vu le truc.
07:35 Oui, sauf que moi, je suis plutôt pour parce qu'encore une fois,
07:38 on peut considérer que vu la tournure qu'a prise la manifestation,
07:41 c'était une forme de trouble à l'ordre public.
07:44 Mais en même temps, on sait très bien que pour les renseignements,
07:47 c'est pas mal de savoir qu'il y a 500 personnes qui manifestent,
07:50 qu'ils sont ceux qui le font.
07:52 Et après, il y avait 500 personnes, c'est toujours trop.
07:55 Mais ne faisons pas croire qu'il y a une résurgence de personnes
08:01 qui veulent renverser la République, qui sont fascistes en quelque sorte,
08:05 puisque c'était une manifestation qui, pour le coup, là,
08:08 avait une réelle dimension fasciste.
08:09 Ça rappelle ce que c'est réellement, mais ça concerne très peu de monde.
08:13 Et je vais chercher l'extrême gauche, pas du tout parce que je suis obsédé,
08:15 mais parce que je considère qu'il y a quand même un deux poids, deux mesures.
08:19 L'extrême gauche type Black Bloc est mise en l'héritière en nombre,
08:22 mais elle fait des dégâts, et des dégâts même vis-à-vis de la gauche,
08:25 puisque les gens qui manifestaient contre les retraites étaient plutôt de gauche.
08:29 Et je constate l'impuissance du gouvernement et le deux poids, deux mesures.
08:34 Deux poids, deux mesures, d'ailleurs, pas seulement avec l'extrême gauche.
08:37 Les casserolades, d'ailleurs, je pense que c'est ça qui a voulu rattraper le gouvernement.
08:42 On a quand même eu un 8 mai digne de Vladimir Poutine,
08:45 où il n'y avait pas un Français dans la rue, pardon,
08:48 et où les casserolades ont été assimilées à un trouble à l'ordre public.
08:52 Donc là, il y a aussi un deux poids, deux mesures hallucinant.
08:57 On n'y comprend rien.
08:59 Il y avait effectivement d'autres manifestations qui ont été interdites aujourd'hui,
09:02 dont une des Gilets jaunes, 52 personnes verbalisées
09:05 pour participation à une manifestation interdite.
09:07 Il y a eu aussi cette marche de la fierté française,
09:10 organisée par Place d'Armes.
09:12 Place d'Armes, ça regroupe notamment d'anciens militaires, je viendrai,
09:15 dont ceux, on se souvient, qui avaient publié la lettre des généraux en avril 2021.
09:20 Alors, 21 personnes ont été verbalisées, Place d'Enfer, Roche-Roux,
09:23 pour participation à une manifestation interdite.
09:26 Le tribunal administratif n'a pas rendu sa décision.
09:29 On va écouter l'organisateur, justement, Jean-Pierre Fabre-Bernadex.
09:32 C'est un ancien capitaine de gendarmerie. Écoutez.
09:35 Vous avez vu les interdictions.
09:37 Par exemple, je vais prendre l'interdiction pour l'action française.
09:40 Elle a eu lieu 4 jours avant.
09:42 Nous, l'interdiction qu'on nous a faite, on l'a fait moins de 24 heures avant.
09:46 Donc, on a fait un référé, mais ce référé ne peut pas aboutir,
09:50 étant donné que ça fait moins de 24 heures.
09:51 Donc, je me pose la question et j'y réponds en même temps.
09:54 C'est évident que, de la part du gouvernement, le but était que nous ne puissions pas nous.
09:59 Et je pense que le but était non pas, en premier, d'attaquer l'action française ou non,
10:02 mais nous, en premier. Pourquoi ?
10:04 Parce que vous savez très bien combien la notion militaire, l'armée est sensible,
10:08 et que, d'une certaine manière, il fallait nous détacher,
10:11 il fallait que l'on puisse ne pas pouvoir s'exprimer par rapport à des gens d'actifs qui nous regardent.
10:18 Parce que s'ils ne peuvent pas parler, c'est la grande muette,
10:21 ils nous regardent et ils en ont encore le droit. Je ne sais pas combien de temps.
10:26 Selon vous, il y avait manifestement des troubles à l'ordre public possibles
10:32 avec cette marge de la fierté française organisée par ces anciens militaires ?
10:36 Je ne suis pas un spécialiste de ces choses-là.
10:38 Pour être honnête, je pense qu'il y en a d'autres qui seraient mieux à même.
10:41 Par contre, je me souviens de la tonalité de la tribune libre qu'ils avaient publiée,
10:46 y compris d'un certain nombre de militaires d'actifs qui avaient signé cette tribune.
10:53 Elle posait sur le plan du contenu de ce qu'elle préparait, elle posait des problèmes.
11:00 C'est vrai qu'il y avait une interpellation nécessaire.
11:06 Je ne suis pas pour dramatiser les choses, je ne suis pas pour crier à la montée du fascisme,
11:10 mais c'est vrai qu'il y a aujourd'hui des petites poussées comme ça
11:15 qui, bout à bout, commencent à créer un climat.
11:19 Oui, enfin là je pense que d'ailleurs ça aurait été pareil, ça aurait été cassé
11:23 s'il y avait eu plus de 24 heures, si ça avait pu être examiné par les juges.
11:28 Je ne partage pas nécessairement les idées, mais ce sont des gens qui font des tribunes,
11:32 qui apparemment manifestent pacifiquement.
11:37 Julien Dreyfus peut ne pas aimer leurs idées si vous voulez,
11:40 mais moi je ne suis pas pour interdire toutes les idées qui me déplaisent.
11:43 Il y a une extrême gauche révolutionnaire, si demain elle manifeste pacifiquement,
11:47 on a un Mélenchon qui est élu de la République, qui appelle à l'insurrection,
11:53 je ne suis pas pour lui faire fermer sa bouche.
11:55 La démocratie, c'est tolérer des idées qui nous dérangent.
11:58 Donc là, il y a véritablement un problème démocratique.
12:03 Trou d'interdiction.
12:04 Ce qui est paradoxal quand on veut lutter contre l'extrême droite.
12:06 Non, non, mais moi je ne suis pas en train de...
12:09 Que les choses soient claires, je mets en cause,
12:11 parce que vous m'en avez rappelé et que je l'avais mis au fond de ma mémoire,
12:14 je mets en cause la réalité de cette tribune libre,
12:16 non pas sur les idées qu'elle exprime,
12:18 mais sur le fait que des militaires d'actives l'avaient signé.
12:21 C'est ça qui posait problème.
12:22 Après, que des militaires à la retraite donnent leur avis,
12:25 ils ont le droit de le donner, sentiment que ça fait partie du débat politique, etc.
12:30 Le problème qui est posé, c'est si les militaires d'actives
12:33 viennent dans le débat avec, je dirais, des idées qui étaient,
12:38 pour le moins, discutables sur le plan de l'appréciation de la situation.
12:41 Mais à force de vouloir interdire tous les rassemblements,
12:43 on parlait des casserolades, on parlait des gilets jaunes,
12:45 à Cannes également, toute manifestation sera interdite pendant le festival.
12:50 Est-ce que trop de volonté d'interdiction,
12:52 ça peut être un danger pour la démocratie, je viendrais ?
12:56 Non, mais de toute manière, on est dans un...
12:58 La tension, elle existe dans le pays.
13:00 Elle est très forte.
13:01 Il y a un gouvernement qui essaye de la contenir ou de la relativiser
13:05 ou qui pense que l'orage va passer, mais la tension, elle existe.
13:09 Et c'est vrai que la multiplication des interdits
13:11 fait qu'à un moment donné, il y a un problème de liberté publique qui est posé.
13:14 Voilà, alors il ne faut pas...
13:16 Je dirais, je ne veux pas dramatiser, je l'ai dit, je le redis,
13:20 mais c'est vrai que l'accumulation des interdictions
13:23 va finir par poser un problème de liberté publique.
13:25 En plus, ça s'inscrit, je dirais, dans le cadre idéologique du régime ou du gouvernement,
13:30 qui est un gouvernement qui, dans sa manière de conduire le débat,
13:35 laisse à penser que la seule parole légitime,
13:38 c'est la parole qui va du centre-gauche au centre-droite, si vous voulez.
13:41 C'est le cercle de la raison et les autres sont des cons.
13:44 Donc si vous ajoutez à ça les interdictions,
13:47 on voit que le champ du débat politique, en fait, se réduit.
13:51 C'est ça qui est inquiétant, au-delà des interdictions de manif.
13:55 Moi, je suis pour que le champ du débat politique soit le plus large possible,
13:58 que les gens puissent s'exprimer.
14:00 Et puis du reste, ce sont des groupuscules, si vous voulez,
14:03 du moment qu'ils sont non-violents, c'est très bien qu'ils existent.
14:10 Et ça montre ces manifestations, encore une fois,
14:12 qui sont finalement pas si importantes qu'on veut bien le dire.
14:17 Dernière chose, quand même, si on veut vraiment faire le ménage
14:20 dans ce qu'il y a de dérangeant dans certaines manifs,
14:22 je rappelle les manifs du comité Adama, par exemple,
14:25 avec les indigènes de la République, où on a crié « mort aux Juifs »
14:29 ou « mort aux Blancs » en plein Paris.
14:31 Donc je ne sais pas s'il faut les interdire,
14:33 mais j'aurais aimé que les responsables politiques du gouvernement,
14:36 par exemple, fassent part de leur émotion.
14:39 – Dernière question, allez-y.
14:40 – Je ne connais pas le comité Adama, mais…
14:41 – C'est factuel, on a entendu ça.
14:44 – J'ai entendu des tas de choses, je ne sais pas si je…
14:47 pour parler de mémoire, je ne me souviens pas qu'ils écrivaient « mort aux Juifs ».
14:51 – Ah, on peut retrouver.
14:52 On peut retrouver, on peut parler de la manif, de la manifestation.
14:58 – Contre l'islamophobie, là, contre le Coran.
15:02 – Je vais juste finir, que y ait une montée d'un antisémitisme,
15:05 d'un antisionisme qui en fait n'est qu'un nouvel antisémitisme,
15:08 je n'ai aucun problème là-dessus, à le dénoncer plutôt, évidemment.
15:11 Bon, mais après, je ne veux pas non plus qu'on se laisse emporter dans tous les domaines.
15:16 Mais…
15:17 – Renseignez-vous, c'était après le Covid, pour qu'on se rappelle.
15:20 – Je suis en train de vérifier.
15:22 – J'ai posé la question, je n'ai pas ce souvenir-là.
15:25 Bon, je sais qu'il y a eu des dérapages dans ces manifestations,
15:28 il y en a une qui m'avait posé problème.
15:29 – Pro-palestinienne aussi.
15:30 – Oui, mais c'est pour ça qu'il ne faut pas tout…
15:32 Il y a eu des manifestations pro-palestinienne.
15:34 – Mais c'était une nébuleuse tout ça aussi.
15:35 – D'accord, mais il faut, bon, enfin, moi je ne veux pas…
15:38 Je pense qu'il faut essayer d'être précis dans ces choses-là, voilà.
15:41 Ça, c'est la première chose.
15:43 La deuxième chose, j'insiste quand même sur le fait que, malgré tout,
15:48 c'est vrai qu'il y a plusieurs groupes d'extrême-droite
15:51 qui se sont structurés ces deux dernières années.
15:54 Il y en a un notamment à Lyon, qui…
15:58 Et la renaissance du GUD qui était en manifestation samedi dernier,
16:03 ce ne sont pas des enfants de cœur, voilà.
16:05 Et il y a eu des agressions réelles,
16:06 il y a des images, y compris de sallues nazis, qui sont nettes et précis.
16:11 – On va s'intéresser, je vous propose…
16:13 À présent, on va vérifier effectivement,
16:15 j'ai pas eu le temps de trouver, mais on va vérifier en régie.
16:20 On va s'intéresser à présent à l'université française,
16:22 au cœur de l'actualité ces derniers jours,
16:24 après la conférence sur l'antrisme islamiste suspendue,
16:27 puis reportée, c'était à la Sorbonne.
16:30 On a parlé également de cet examen en écriture inclusive à Lyon 2.
16:35 Et aujourd'hui, ces menaces de mort à l'université de Grenoble,
16:39 des deux étudiants du syndicat UNIS, c'est un syndicat qui est à droite,
16:43 ont été visés par des tags sur la face de l'université.
16:45 En cause, ces deux étudiants s'opposent à la mesure du 10 améliorable
16:50 voulu par d'autres pour valider leur année.
16:52 Yvain Lecauze, l'un des étudiants visés,
16:54 dénonce la violence des groupuscules d'extrême-gauche sur le campus.
16:57 Écoutez-le.
16:58 Forcément, ça a créé de plus en plus de tensions
17:00 avec les associations d'extrême-gauche.
17:04 Et certains militants, forcément, deviennent violents.
17:07 Et aujourd'hui, la violence s'est exprimée à travers ce tag,
17:11 qui est clairement un appel au meurtre,
17:12 à l'encontre de Samuel, Samuel qui est un de nos militants et moi-même.
17:16 Il y a une impunité pour ces militants-là,
17:18 avec à la fois un président qui ne condamne pas
17:21 et qui n'agit pas pour ce qui est des blocages
17:25 et des dégradations, il a très peu agi également.
17:28 Et de l'autre côté, une justice qui, lorsqu'il y a un an,
17:32 par exemple, les antifas ont agressé plusieurs de nos militants,
17:36 une justice qui n'a pas été efficace
17:39 et qui a condamné les antifas à seulement 70 heures de travail d'intérêt général
17:43 et 1 000 euros d'amende.
17:45 On crée un sentiment d'impunité chez ces militants d'extrême-gauche
17:48 et par la suite, ils peuvent se permettre d'aller toujours plus loin
17:52 et aujourd'hui d'appeler au meurtre de membres de l'Uni.
17:56 Alors Alexandre de Véghio, peut-être un petit rectificatif
17:58 avant de parler des universités concernant votre dernière intervention,
18:02 concernant le comité Hadama.
18:04 Oui, alors ils n'avaient pas dit "mort aux Juifs",
18:07 c'était dans une manif pro-palestinienne,
18:09 mais ils avaient dit "mort aux Blancs" et "Cibeth",
18:12 en référence à Cibeth NDI, "traite ratara",
18:14 c'était pendant les manifs contre les violences policières
18:18 qui avaient eu lieu juste après le confinement.
18:21 Voilà, donc le rectificatif a été fait.
18:24 Et je pense que ça aurait mérité que les pouvoirs publics
18:26 fassent preuve, pour le coup, d'émotion et de fermeté.
18:29 On revient à la situation dans les universités,
18:31 notamment à Grenoble, avec ces menaces de mort contre deux étudiants.
18:34 Dans un tweet, l'Université de Grenoble
18:37 condamne avec la plus grande fermeté ces menaces de mort
18:39 et affirme son attachement sans faille aux valeurs républicaines.
18:42 Justement, Julien Drey, ces valeurs républicaines,
18:44 entre la conférence sur l'antrisme islamiste suspendue puis reportée,
18:47 l'examen en écriture inclusive à Lyon, on en parlait,
18:50 et maintenant ces menaces de mort à l'Université de Grenoble,
18:53 est-ce que ces valeurs républicaines,
18:55 elles sont en train de disparaître petit à petit,
18:57 des campus au nom d'idéologies qui s'imposeraient
19:01 ou qui voudraient s'imposer aujourd'hui ?
19:02 Alors, d'abord, ce n'est pas une conférence sur l'antrisme islamiste.
19:06 C'est une conférence faite par une auteure que vous avez reçue,
19:09 qui a écrit un livre très intéressant
19:12 et qui est plutôt pondéré d'ailleurs,
19:13 qui n'est pas un livre à charge, qui essaie de montrer…
19:16 - 30 ans de recherche, je crois.
19:17 - Voilà, oui, donc c'est un livre, c'est une dame sérieuse
19:19 qui n'a pas fait un travail…
19:20 Ce n'est pas un brûlot, ce n'est pas un brûlot islamophobe,
19:24 comme certains le pourraient le dire.
19:25 Elle a fait un travail sérieux sur ce que sont les frères musulmans
19:28 et sur la manière dont ils ont construit progressivement leur influence
19:32 d'abord dans leur lieu de départ,
19:34 c'est-à-dire dans les pays d'Arabie saoudite et aussi d'Égypte,
19:38 et puis après, comment ils s'étendent.
19:40 Donc c'est un travail sérieux qui mérite une vraie discussion.
19:44 Et quand on est, je veux dire, quand on aime la République,
19:49 l'idéal des Lumières,
19:50 quand il y a des gens qui travaillent sérieusement et qui défendent des idées,
19:53 ils doivent pouvoir les défendre.
19:54 C'est le B.A.B. de ce que c'est que l'université française
19:58 et de ce que c'est que les Lumières.
19:59 Et donc c'est à l'université de se donner les moyens
20:02 de faire que des gens qui défendent des idées,
20:04 qui ne sont pas des idées de propagandisme, etc., puissent le faire.
20:08 Et c'est insupportable, je le dis, moi je me suis exprimé là-dessus,
20:12 qu'on dise "ah, il y a une menace, alors on interdit tout", etc.
20:16 On ne peut pas, par ailleurs, excusez-moi, on n'est pas dans des lycées,
20:18 on est dans des universités.
20:20 Donc l'université, c'est un lieu où il y a forcément d'abord des gens
20:23 qui sont des adultes, et il y a forcément des lieux, c'est un lieu de débat,
20:26 forcément, c'est un lieu de confrontation,
20:28 notamment dans tout ce qui sont les matières de sciences humaines, etc.
20:32 Donc on doit l'accepter, on doit même, et c'est insupportable
20:35 qu'il y ait des gens qui disent "on n'a pas le droit", etc.
20:38 Donc cette décision de l'université était pour le moins surprenante,
20:42 d'autant que, il y a des universités où c'est difficile d'organiser la sécurité,
20:45 mais la Sorbonne, par tradition et de ce que je me souviens,
20:48 ce n'est pas très compliqué, d'autant qu'ils ont des vigiles,
20:51 ils ont des entrées, ils peuvent contrôler les cartes d'étudiants, etc.
20:54 Ce n'est pas Nanterre, ou Ville d'Hanneuse, comme quand j'étais étudiant.
20:58 – Donc des idéologies…
20:59 – Ça c'est pas la chose, désolément.
21:00 – Ou Paris 8 quand j'étais moi-même étudiant, Saint-Denis.
21:04 – Effectivement, je suis entièrement d'accord avec ce qu'a dit Julie André,
21:08 elle a bien fait de rappeler qui était Florence Bergeau-Blackler,
21:12 qui a fait un livre remarquable,
21:14 on peut ajouter que c'est une chercheuse au CNRS,
21:17 qui est peu connue pour être un organe d'extrême droite, si vous voulez.
21:21 Donc, et quand bien même elle serait proche de tel ou tel mouvement de droite,
21:27 je pense qu'elle aurait quand même le droit de s'exprimer à l'université,
21:31 mais là ce n'est pas du tout le cas.
21:32 En plus, et donc c'est bien de le préciser,
21:35 de mettre en lumière ce travail qui est assez intéressant et très rigoureux,
21:39 que personne n'a pu démentir,
21:42 montre d'ailleurs que l'Union européenne finance à hauteur de plusieurs millions d'euros
21:47 des associations proches des frères musulmans.
21:51 Donc moi je pense que la sorbonne, la sécurité est un prétexte,
21:55 c'est une forme de soumission, et de soumission pas seulement aux islamistes,
21:59 puisque je crois qu'il y a peut-être une part de peur de la menace islamiste,
22:03 mais il y a une soumission au woukisme, si vous voulez,
22:06 et où il y a une idéologie, je ne sais pas s'il faut l'appeler d'extrême gauche,
22:11 on l'appelle woukiste par commodité,
22:15 mais qui est effectivement une idéologie qui ne veut pas débattre,
22:19 qui flirte avec le communautarisme et qui pratique la culture de l'effacement,
22:24 c'est-à-dire quand quelqu'un a des propos qui leur déplaient,
22:28 il faut l'effacer du débat public, c'est ça la réalité,
22:31 et les universités comme la sorbonne sont soumises,
22:35 non seulement soumises à cela, mais beaucoup de professeurs
22:38 sont dans cette idéologie et dans cette logique-là.
22:40 Julien Deray, c'est ça la réalité, une volonté d'effacement par une idéologie woukiste ?
22:45 Oui, volonté qui n'ait pas de vague, et que sur toutes ces questions-là,
22:50 on cède au nom des menaces ou des choses comme ça,
22:54 vous savez, c'est très simple, vous laissez traîner 5 tracts dans les couloirs,
22:57 la direction de l'université panique et elle interdit,
23:00 et ceux qui mènent ces batailles-là, ils savent très bien comment faire pour faire peur,
23:05 et ils gagnent la bataille de fait idéologique par ce genre de choses,
23:09 et ce n'est pas acceptable, ça c'est un premier aspect.
23:11 La deuxième chose, je voudrais revenir sur l'affaire de Grenoble.
23:14 Oui, sur ces tacts contre ces deux étudiants de l'Université.
23:17 Moi j'étais, dans ma jeunesse, un des militants actifs
23:21 de ce qu'on appelait l'Union nationale des étudiants de France,
23:23 j'ai combattu l'Uni, au sens des élections universitaires.
23:28 Physiquement peut-être ça vous est arrivé ?
23:30 Il est arrivé, mais ça c'était il y a longtemps,
23:34 que l'Uni elle-même nous combatte aussi.
23:36 Oui, je n'ai pas dit le contraire.
23:38 Mais avec le temps, l'Uni, c'était, je ne dirais pas pliée,
23:42 mais elle avait accepté le cadre des élections universitaires,
23:46 de sa présence, et se comportait comme un syndicat de droite,
23:49 parfois des droits durs se dépendaient des noyaux,
23:51 mais personne ne leur a interdit de se présenter aux élections universitaires.
23:55 Et voilà, ce qui s'est passé là est inacceptable,
23:58 du point de vue de ce que j'ai été,
24:00 de ce que sont tous ceux qui défendent le syndicalisme à l'Université.
24:05 On ne dénonce pas des étudiants sur un mur.
24:07 Voilà, ça c'est des méthodes qui n'ont rien à voir avec la gauche,
24:11 qui n'ont rien à voir avec le combat syndical, etc.
24:13 Et franchement, j'espère d'ailleurs que l'UNEF,
24:17 comme tous les autres, parce que l'UNEF en ce moment c'est très compliqué,
24:20 en tous les cas que toutes les organisations syndicales étudiantes
24:23 vont dire "ça c'est pas nos méthodes et c'est pas acceptable".
24:25 Mais est-ce que, en tout cas, Alexandre de Vécuos, un signal d'alerte,
24:28 est-ce que c'est un dossier urgent finalement cette situation aujourd'hui dans les universités,
24:32 un dossier urgent dont devrait se saisir le gouvernement aujourd'hui ?
24:36 Il y a un vrai problème à long terme, si vous voulez.
24:39 Je pense que ces étudiants-là sont minoritaires,
24:41 mais ils sont hyper sectaires et ils sont à l'Université,
24:44 mais ils sont aussi à Sciences Po, dans certaines grandes écoles,
24:49 et ils ont un problème manifestement avec la démocratie.
24:52 Certains vont faire partie des élites de demain.
24:55 Normalement, l'université c'est aussi un lieu...
24:58 Comment ?
24:58 Je ne suis pas certain que ces gens-là vont faire partie des élites.
25:01 Et là, ça Science Po, des élites.
25:02 Alors le mot élite ne veut plus rien dire, je suis d'accord,
25:06 mais le rôle de Science Po, par exemple,
25:08 est censé être formé la future classe dirigeante.
25:11 Donc ça pose quand même un problème si la classe dirigeante
25:16 pratique une forme d'épuration idéologique,
25:18 est incapable de débattre avec qui que ce soit,
25:21 et parfois défend des idées forfelues,
25:23 parce que, outre le sectarisme, le woki,
25:25 c'est quand même des gens qui nous expliquent que deux et deux font cinq.
25:29 Donc tout ça va finir par poser un véritable problème démocratique à la fin.
25:33 Les Français ne s'en rendent pas tellement compte,
25:35 parce que c'est une idéologie qu'ils ne côtoient pas au quotidien
25:39 et qui est effectivement très présente,
25:41 beaucoup dans les grandes entreprises maintenant,
25:44 dans les universités, dans des lieux très précis,
25:47 mais souvent dans des lieux de pouvoir.
25:49 Et c'est pour ça qu'il faut sonner l'alerte,
25:51 parce que ça promet un futur politique très inquiétant.
25:54 Et je viendrai en marquer une cause.
25:56 Non, moi je pense qu'il y a, dans un certain nombre d'universités françaises,
26:01 des petits groupes qui se sont constitués.
26:03 Alors il y a deux choses, il y a des groupes islamistes qui se sont constitués
26:06 et qui font régner une forme de domination.
26:11 Vous savez, il y a des universités que je connais en banlieue,
26:13 où il y a un certain nombre de jeunes filles qui vont en cours,
26:16 se mettre à porter le voile parce qu'elles ne veulent pas être agressées.
26:20 Ça, ce n'est pas acceptable.
26:21 Et on a fermé les yeux, fermé les yeux, fermé les yeux.
26:23 Et à un moment donné, effectivement, on va se retrouver
26:25 dans des situations qui vont être très difficiles à gérer,
26:28 parce qu'on aura fermé les yeux pour pas de problème.
26:32 Et ça, c'est le premier aspect des choses.
26:33 Et il y a deux deuxièmes choses, il y a des petits groupes.
26:36 Parce que tout ça se nourrit l'un de l'autre.
26:38 Je vous ai dit, il y a renaissance des groupes d'extrême droite,
26:41 mais qui vont dire, bah oui, nous aussi on se met parce que les autres, voilà.
26:45 Donc il faut revenir à ce qu'a été la tradition universitaire,
26:49 c'est-à-dire la tradition de la démocratie, du libre débat,
26:51 des élections et du respect de ceux qui ne sont pas d'accord avec vous.
26:55 Et on va marquer une très courte pause.
26:57 Non mais oublions un peu l'extrême droite, ne jouez pas les Gérald Darmanin.
27:00 Ce n'est pas l'extrême droite qui censure dans les universités.
27:02 On n'a pas le temps, malheureusement.
27:03 On va revenir sur les multiples agressions subies
27:06 par les maires de nos villes et nos communes ces derniers jours.
27:08 On en parle dans un instant.
27:09 Restez avec nous sur CNews.
27:11 On marque une très courte pause.
27:13 A tout de suite.
27:13 (Générique)
27:17 Et de retour sur le plateau de sa dispute,
27:19 bienvenue si vous nous rejoignez toujours avec Julien Dray et Alexandre Devecquieu.
27:22 Dans un instant, on va revenir sur les multiples agressions subies
27:24 par les maires de nos villes, de nos villages ces derniers jours.
27:27 Mais avant, on retrouve Isabelle Piboulot pour le rappel des titres.
27:30 C'est à vous, Isabelle.
27:31 (Générique)
27:34 Dans le 12e arrondissement de Paris,
27:36 le colloque de l'Action française a été maintenu à l'espace Charenton
27:40 en présence d'environ 350 personnes.
27:43 Le tribunal administratif a suspendu l'interdiction
27:46 de l'événement du préfet de police.
27:48 Mardi, Gérald Darmanin avait ordonné au préfet de proscrire
27:51 tout rassemblement de l'ultra-droite ou de l'extrême-droite
27:54 après la polémique de la manifestation du 6 mai dans la capitale.
27:59 A Valence, un homme a été tué par balle ce matin.
28:02 La victime, d'environ 40 ans, était connue de la police et de la justice
28:06 pour des affaires de stupéfiants.
28:07 Depuis mardi, deux autres homicides par arme à feu se sont produits dans la ville
28:12 sur fond de règlement de compte.
28:14 Selon le procureur de Valence, les trois décès ne sont pas liés.
28:17 Une enquête est ouverte.
28:19 Et puis, une bonne nouvelle pour Teddy Riner,
28:22 sacré champion du monde des plus de 100 kg à Doha.
28:25 Un 11e titre mondial pour le judoka de 34 ans,
28:28 à un peu plus d'un an des Jeux olympiques de Paris.
28:31 Le Français a abattu en prolongation le Russe Inal Tassov
28:34 qui concourait sous drapeau neutre.
28:36 Teddy Riner apporte ainsi à la France un deuxième titre
28:39 dans cette édition des Mondiaux et au total, une 7e média médaille.
28:44 - Belle, ta roulade.
28:45 - Voilà, Julien Dress, c'était pour vous, Teddy Riner.
28:47 Un hommage, une nouvelle fois.
28:48 - Belle roulade.
28:49 - Belle roulade à la fin.
28:50 - C'est la première chose qu'on apprend au judo.
28:52 - Vous voulez nous en faire une pour nous montrer ?
28:54 - Je crois que je ne suis pas bon là.
28:55 - Peut-être pas ce soir.
28:57 Allez, on va revenir sur les multiples agressions subies par les maires
29:00 de nos villes et de nos villages ces derniers jours.
29:03 La maison du maire de Saint-Brévin a brûlé,
29:06 ce qui a entraîné sa démission, on en a beaucoup parlé.
29:08 La maire de la commune de Plougrescan, c'est dans les Côtes-d'Armor
29:12 qui a déposé plein de contrixes après avoir constaté le sabotage
29:15 des freins de sa voiture.
29:16 Où encore ? Et cela, on l'a appris aujourd'hui.
29:19 Vous allez le voir sur ces photos.
29:21 La mairie de Longeville-sur-Mer, c'est en Vendée,
29:24 qui a été la cible de tirs de chevrotines lors du week-end prolongé du 8 mai.
29:28 Elle était alors fermée au public.
29:29 Des impacts ont été constatés sur la façade.
29:33 Dans un communiqué publié aujourd'hui, la maire de la ville,
29:37 Annick Pascureau, fait part de son indignation.
29:41 On va rappeler ces chiffres de l'Association des maires de France,
29:43 ces chiffres qui datent de 2022.
29:45 Cette année-là, environ 1 500 élus locaux,
29:47 qu'ils soient maires, adjoints ou conseillers municipaux,
29:50 ont été agressés.
29:51 Un chiffre en hausse de 15 %.
29:53 Pour Dominique Faure, qu'on va écouter tout de suite,
29:55 celle de la ministre chargée des Collectivités territoriales,
29:58 il faut créer ce qu'elle appelle un choc civique.
30:00 Écoutez.
30:01 Bien sûr, de la protection.
30:05 Bien sûr, de la protection policière, de la protection gendarmerie.
30:07 On a déjà travaillé sur le sujet de renforcer les sanctions
30:11 de ceux qui s'en prennent aux élus pour les aligner sur celles
30:14 qui sont appliquées pour les atteintes au personnel en uniforme,
30:18 les policiers, les gendarmes, les pompiers.
30:21 Puis, avec David Lissnard et l'Association des maires de France,
30:25 avec qui je suis en contact régulier,
30:28 on travaille et on va poursuivre nos travaux
30:31 pour voir comment on peut véritablement mettre en place
30:33 ce qu'on appelle un choc civique.
30:35 Notre société a besoin d'un choc civique.
30:39 C'est réussir à faire comprendre aux Français
30:41 qu'il est totalement inconcevable de s'en prendre à un élu.
30:44 Alors, le besoin d'un choc civique,
30:46 nous dit madame la ministre Dominique Faure, Julie André.
30:49 Est-ce que c'est un phénomène qui a été sous-estimé par l'État, finalement ?
30:53 Ce n'est pas la première fois qu'on en parle.
30:56 Je vais vous donner mon sentiment d'abord.
30:58 À force d'avoir tapé sur les élus, un bras raccourci,
31:02 sans faire de distinction et de laisser entendre
31:05 pendant des années et des années que la soupe était bonne,
31:10 je vais le faire compte,
31:12 eh bien on a créé effectivement, on a dévalorisé la fonction des élus
31:16 et donc on a créé ce sentiment que les élus, c'est…
31:22 Voilà, maintenant vous avez deux problèmes.
31:23 Vous avez de plus en plus de gens qui ne veulent plus être élus
31:26 parce qu'ils en ont assez de se faire agresser,
31:30 et notamment dans les petites communes.
31:32 Et deuxièmement, vous avez par ailleurs effectivement des gens
31:35 qui considèrent que tout est permis à l'égard d'un élu.
31:39 Et alors après, je finis.
31:42 Concernant le maire qui a démissionné, dont j'ai oublié le nom…
31:46 Yannick Maures, le maire de Saint-Brévin.
31:48 Moi j'aime bien quand le gouvernement dit il faut protéger, etc.
31:50 Mais lui, il a fait plusieurs… C'est pour ça qu'il en a eu marre.
31:53 Il a fait plusieurs alertes, il attendait quelque chose et il n'y a rien eu.
31:58 Donc à la fin, il a dit j'en ai assez.
32:00 Avant de vous entendre, on va justement voir ce qu'a écrit…
32:03 Il a donné une interview à Ouest France.
32:04 Et vous voyez ce qu'il dit Yannick Maures, le maire de Saint-Brévin.
32:06 Face au projet de transfert du centre d'accueil de demandeurs d'asile
32:09 voulu par l'État, je me suis senti démuni, isolé et laissé sans aide.
32:15 Si ma démission devait servir à une chose,
32:17 je voudrais que ce soit le rapprochement des services de l'État
32:19 avec les élus locaux.
32:21 Aujourd'hui, on a l'impression de vivre dans deux mondes opposés,
32:24 un dégâlage entre la réalité du terrain et la perception de l'État.
32:30 Ça me paraît assez juste ce qu'il raconte,
32:33 surtout si c'est l'État qui a décidé de lui mettre un centre d'accueil
32:37 de migrants sur son territoire.
32:38 Il était d'accord, mais ça doit se faire effectivement,
32:42 si c'est le cas, dans une forme de coopération et de soutien.
32:47 Ça me paraît assez juste.
32:50 Mais moi, par rapport à Julien Dras, j'ai une analyse un peu différente.
32:54 Je ne pense pas que ce soit parce qu'on a jeté en pâture les élus
32:57 qu'on en arrive là.
32:59 Il y a un décalage réel entre parfois les représentants et leurs représentés,
33:04 ce qui peut créer une forme de colère.
33:07 Mais enfin, l'insécurité et l'incivilité,
33:08 ce n'est pas quelque chose qui touche simplement les élus.
33:11 Il y a une crise de l'autorité dans le pays,
33:14 que ce soit les profs qui sont régulièrement victimes d'agressions,
33:18 que ce soit ce qu'on appelle les agressions du quotidien,
33:21 que chaque Français qui habite dans le mauvais quartier
33:24 peut subir plusieurs fois dans sa vie.
33:28 Il suffit de prendre le métro pour le voir.
33:31 Donc, il n'y a pas de raison, si vous voulez,
33:32 que ça ne touche pas les élus non plus.
33:36 En réalité, les élus ne sont pas responsables de tout,
33:40 mais ils ont une part de responsabilité peut-être là-dedans,
33:42 parce qu'à un moment donné,
33:45 la valeur autorité, ça ne les intéressait pas tellement.
33:47 Quand on s'appelle la valeur autorité,
33:49 effectivement, même l'élu n'a plus d'autorité.
33:51 On en est là aujourd'hui.
33:53 Donc, je crois que c'est un constat global
33:56 et qu'il faut restaurer l'autorité partout
33:58 et pas seulement pour les élus.
33:59 Des élus qui ont échappé à la valeur autorité ?
34:01 Il y a certainement une crise d'autorité,
34:02 il y a certainement une montée de la violence, etc.
34:05 Mais je ne suis pas d'accord avec Alexandre.
34:07 Quel que soit le bord politique,
34:09 je pense d'abord qu'il faut défendre les élus
34:12 et défendre la fonction d'élu.
34:13 Et il ne faut pas commencer à dire
34:14 « Oui, mais ils n'ont pas appliqué leur programme,
34:16 alors c'est pour ça que les gens leur en veulent, etc. »
34:18 La plupart des élus sont des gens
34:20 qui donnent du temps de leur vie à la nation
34:24 et qui ont des vies difficiles à cause de ça.
34:26 Notamment dans les petites communes,
34:28 les élus qui ne sont pas là pour profiter,
34:31 pour se servir,
34:32 et ils sont là pour servir la nation.
34:34 Et ils le font avec souvent une énorme générosité.
34:38 Et donc, il faut d'abord défendre.
34:40 Alors qu'après, il y a eu des choses pas acceptables,
34:44 il y a eu des comportements, etc.
34:45 Et d'ailleurs, j'en veux d'autant plus
34:47 parce qu'ils ont sali à partir de là la fonction.
34:50 Mais vraiment, la majorité de nos élus mérite le respect.
34:53 Non mais d'accord, moi je ne suis pas du tout à dire
34:55 « Il l'a bien cherché » ou je ne sais quoi.
34:57 C'est effectivement…
34:59 Il faut être implacable.
35:01 Je distingue simplement peut-être la colère
35:04 qu'on a pu voir se manifester
35:06 pendant la réforme des retraites
35:07 ou pendant les Gilets jaunes,
35:10 quand il n'y avait pas de violence.
35:12 La colère verbale,
35:13 qui me paraît être un réflexe finalement sain,
35:16 d'une certaine manière,
35:17 est ce qui relève de l'incivilité.
35:20 Et je pense que dans beaucoup de ces affaires,
35:22 les vitres cassées, etc.
35:23 Alors, l'histoire du centre d'accueil,
35:25 là, il y a une dimension politique,
35:27 mais il faut qu'une enquête soit menée,
35:28 il faut savoir si c'est vraiment le cas.
35:31 Mais dans la plupart des cas,
35:33 ce n'est pas politique en réalité.
35:34 C'est juste que la société est une société qui s'affaisse,
35:39 où il n'y a plus de repères, plus de valeurs,
35:41 et qu'il y a une montée de la violence générale
35:42 qui touche aussi les élus.
35:44 Donc je pense qu'il ne faut pas confondre la colère politique
35:48 avec ce qui relève de l'incivilité ou de l'insécurité.
35:51 Mais il y a...
35:54 C'est ce qui me gêne dans votre propos,
35:56 compris, je comprends, parce que vous êtes journaliste,
35:59 vous ne comprenez pas que votre fonction,
36:01 comme la nôtre, quand moi j'étais élu,
36:04 vous devez défendre les élus.
36:05 La fonction d'élu, pas tel ou tel individu,
36:08 mais expliquer, parce que c'est aussi votre travail de pédagogie,
36:11 de dire, celui-là a fait une faute,
36:13 peut-être il va être sanctionné ou il n'a pas été assez sanctionné.
36:16 Ça, je suis d'accord.
36:17 Mais dire, attention, il y a derrière des tas de gens...
36:20 – Je crois que les médias l'ont fait très largement.
36:23 – Non, non, excusez-moi.
36:24 – Beaucoup de médias ont dénoncé le populisme,
36:27 et le populisme a torré à travers.
36:29 – Allez voir, allez voir.
36:30 – Donc voilà, par ailleurs, les journalistes sont considérés
36:33 comme des élites aussi et victimes de cette même colère.
36:35 – 30 secondes, si vous me permettez,
36:37 allez faire, puisque vous avez un journal reconnu d'autorité,
36:41 allez faire l'enquête auprès des élus, des petites communes, etc.
36:44 et vous verrez le ressenti qu'ils ont.
36:47 Et je pense que c'est important que ça soit fait.
36:49 Après, qu'on dise, il y a la violence dans la société,
36:51 il y a, même y compris, il y a des tas de choses.
36:54 Mais si on ne fait pas nous cette pédagogie, qui va le faire alors ?
36:57 – C'est ce que vous appelez le choc civique.
36:59 – Oui, mais j'ai commencé par rappeler qu'effectivement,
37:02 ce genre d'agression était anormale.
37:04 Elle est anormale pour tout le monde, elle est anormale aussi pour les élus.
37:07 Pourquoi pas leur donner le même statut que des policiers ?
37:10 Mais voyez, quand je vous parlais du problème d'autorité,
37:12 j'entendais, je ne sais plus, la femme qui a parlé en dernier dire,
37:18 on va changer la loi et on va donner aux élus le même statut que les policiers.
37:22 Sauf que les policiers ont un statut à part,
37:25 ça ne les empêche pas d'être transformés en torches humaines
37:27 et ça n'empêche pas les juges de relâcher ceux qui pratiquent ce genre d'action.
37:32 Donc si vous voyez, si les règles ne sont plus appliquées dans la société,
37:35 on pourra toujours changer la loi et dire,
37:37 les élus doivent avoir un statut particulier, ça ne changera rien.
37:40 C'est pour ça qu'il faut prendre le problème à la racine.
37:44 Après, c'est pour élargir la discussion.
37:46 Il n'y a pas vraiment d'opposition, je pense, là-dessus, entre Julien Dray et moi.
37:50 Évidemment que ce genre d'action est condamnable et évidemment aussi que j'ai une pensée,
37:54 notamment pour les élus dans les petites villes, les petits villages,
37:57 qui gagnent en plus très, très peu d'argent.
37:59 Ils sont rémunérés au lance-pierre.
38:01 Il faut le rappeler.
38:03 Il n'y a pas une forme de snobisme.
38:04 – Julien Dray a des hautes autorités par rapport à ses élus de communes rurales
38:08 ou de moyennes villes.
38:10 C'est pour ça qu'ils se sentent esselés.
38:11 – Oui, je pense que c'est une réalité.
38:13 C'est-à-dire que le maire de la commune, il dit la vérité.
38:16 C'est-à-dire que les élus de terrain, ils sont souvent méprisés par Paris,
38:21 par la technostructure parisienne, qui souvent, elle, a fait les grandes écoles, etc.
38:25 D'ailleurs, ils sont d'autant plus méprisés qu'ils portent une vérité
38:29 qui est souvent désagréable à entendre pour la technostructure.
38:33 Ils ont un jugement de bon sens que la technostructure ne veut pas entendre
38:37 parce qu'elle, elle pense qu'elle a raison.
38:39 Je vous ai déjà raconté, mais je le raconte sans arrêt,
38:42 la première réunion que vous avez quand vous êtes un élu
38:45 avec des administrations souvent, la première chose qu'on vous dit,
38:47 des administrations parisiennes, la technostructure,
38:50 dès que vous proposez quelque chose, vous dites "Ah, c'est pas possible".
38:53 Franchement, vous pouvez prendre des témoignages,
38:55 on commence par vous dire "C'est pas possible".
38:57 Alors, vous avez deux solutions, soit vous baissez la tête
38:59 parce que vous vous dites "Je ne vais pas aller contre",
39:01 ou alors soit vous vous énervez et l'énervement n'est pas toujours bon conseiller.
39:08 Ça, je rejoins totalement.
39:10 Je viendrai sans opposer les élus parisiens aux autres élus.
39:14 C'est vrai qu'il y a une différence et que le travail est sans doute plus difficile
39:18 dans ces petites communes et qu'il y a un sentiment d'une forme de mépris.
39:22 Et là encore, c'est assez général parce qu'il y a ce mépris aussi
39:25 pour la France périphérique, pas seulement pour les élus de cette France-là,
39:29 mais pour ceux qui y habitent, qui sont parfois traités comme des sous-citoyens.
39:33 – Et on l'a vu notamment à des Gilets jaunes.
39:36 – Si vous me permettez, je reviens.
39:37 Dans la formation de notre haute administration publique,
39:40 qui est utile, je ne la mets pas en cause,
39:44 avant il y avait les stages, vous savez quand vous avez fait l'ENA,
39:46 après vous alliez faire un stage en sous-préfecture ou en préfecture, etc.
39:51 Il y en a de moins en moins, en plus en général ils sont assez protégés.
39:55 Et je pense que, alors après vous avez des bons préfets
39:58 qui savent écouter les maires, qui savent les respecter,
40:01 mais vous en avez aussi beaucoup qui considèrent
40:02 qu'ils sont la parole parisienne et que c'est comme ça, et un point c'est tout.
40:06 – Allez, on en vient à cette information,
40:08 cette information c'est du jamais vu depuis 30 ans en France.
40:12 La natalité est au plus bas depuis 1994, c'est un rapport de l'INSEE qui le dit.
40:18 Le nombre de naissances a atteint son plus faible niveau en mars 2023
40:22 avec 1 816 nouveaux-nés en moyenne chaque jour.
40:25 En comparaison, c'est 7% de moins qu'en mars 2022, avant la pandémie de Covid-19.
40:30 C'est une situation historique.
40:32 En mars 2015, 2073 enfants avaient vu le jour, des naissances en moins,
40:36 qui s'expliquent par la diminution du nombre de femmes de 20 à 40 ans,
40:40 donc en âge de procréé.
40:42 Une baisse surtout due à un taux de fécondité qui a diminué
40:45 pour s'établir à 1,8 enfants par femme l'an dernier, contre 1,84 en 2021.
40:51 Voilà pour les chiffres, pour rentrer dans le détail.
40:54 Cette seconde carte, c'est l'Occitanie qui enregistre la baisse la plus importante.
40:58 10,6% de naissances en moins entre mars 2020 et mars 2023,
41:04 et l'Île-de-France qui arrive à la deuxième position avec 10,2%.
41:09 Bref, cette baisse de la natalité.
41:11 Est-ce que vous y voyez, vous Alexandre de Véghio,
41:14 aujourd'hui un phénomène particulièrement inquiétant,
41:17 avec une politique de la natalité qui aurait été la grande oubliée de ces dernières années ?
41:22 Alors, je pense qu'il y a un phénomène qui est inquiétant, qui touche toute l'Europe.
41:26 Cet hiver démographique, il n'est pas propre à la France, il faut bien le reconnaître.
41:31 Mais il est vrai que la France se défendait plutôt mieux que les autres pays européens,
41:37 avec une politique familiale performante.
41:39 Et là, pour le coup, la gauche et François Hollande ont sans doute une grande part de responsabilité,
41:44 puisqu'ils ont transformé cette politique familiale qui s'adressait à tous en politique sociale,
41:49 en quelque sorte, en la mettant sous condition de ressources.
41:54 Et on constate que ça coïncide avec la baisse de natalité.
41:58 Donc, je pense que ce n'est pas la seule explication,
42:01 qu'on a une crise morale de toute manière dans les sociétés européennes, occidentales,
42:06 une peur de l'avenir qui fait que les gens font moins d'enfants.
42:09 Mais ça y a participé.
42:12 Je pense qu'il faut une politique volontariste en la matière.
42:15 Et là, j'en veux à la droite, elle l'a fait un peu, mais c'était quand même très timide.
42:20 Elle avait une occasion de se distinguer pendant la réforme des retraites,
42:23 en exigeant des contreparties à cette réforme.
42:25 Et l'une des contreparties, ça aurait pu être qu'Emmanuel Macron mette en place
42:29 une politique familiale digne de ce nom.
42:31 Puisque si on veut préserver à tout prix le régime par répartition,
42:34 il faut qu'il y ait effectivement plus d'enfants et une démographie,
42:40 plus de vitalité dans la démographie.
42:45 Donc là, il y avait un vrai débat qu'on n'a malheureusement pas mené.
42:49 Et c'était sans doute à la droite, en particulier à la droite conservatrice,
42:52 qui au Sénat est représentée par Bruno Retailleau,
42:54 de la mener, je trouve, avec plus de vigueur que ça.
42:56 - Julien Dray, dans ce contexte de cette réforme des retraites,
42:59 c'est là où c'est intéressant.
43:01 - Pendant longtemps, la France était le pays leader en termes de taux de natalité.
43:06 - Jusqu'à François Hollande.
43:07 - Hervé Lebrun avait assez bien démontré que, pour une part,
43:10 c'était lié, alors après c'est d'autres débats,
43:12 mais aussi au phénomène migratoire.
43:14 Parce que les familles faisaient plus d'enfants que les familles traditionnelles
43:18 et que donc c'était d'un certain point de vue en effet indirect,
43:20 mais qui permettait à la France d'être très haut en taux de natalité.
43:24 Moi, je dirais après, il y a plusieurs choses.
43:26 D'abord, il faut être honnête, ce n'est pas facile d'élever des enfants aujourd'hui.
43:30 C'est moins facile peut-être qu'avant.
43:32 - Notamment dans les grandes villes.
43:33 - Ce monde dans lequel on vit est particulièrement angoissant.
43:36 Donc je connais beaucoup de gens autour de moi qui me disent,
43:39 moi, je ne sais pas si je vais prendre la responsabilité de mettre au monde des enfants,
43:43 donc je ne sais pas comment ils vont pouvoir s'en sortir,
43:45 comment va être la planète, etc.
43:46 Donc peut-être que le climat anxiogène que les uns et les autres nous contribuons à fabriquer,
43:52 peut-être qu'il faut le calmer un peu pour donner l'envie.
43:55 Parce qu'on ne fait pas des enfants simplement avec des règles à calcul.
44:00 Les enfants, parce qu'on en a envie, mais aussi parce qu'on veut porter avec eux un projet,
44:04 on veut leur donner un espoir, on veut les aimer, etc.
44:07 Donc je pense que cette question-là joue beaucoup.
44:09 - Mais est-ce que la société accompagne finalement cette volonté ?
44:12 - Le phénomène anxiogène de cette société, écoutez, franchement,
44:16 quand vous mettez la radio et la télé ces derniers temps,
44:19 vous vous demandez où vous en êtes et vous avez peur.
44:21 Et vous avez ce réflexe naturel, mais c'est quoi l'avenir pour mes enfants ?
44:26 Voilà. Et donc ça, c'est une première chose.
44:28 Donc je pense qu'il faut repositiver les choses,
44:30 parce que faire des enfants, c'est une belle chose et c'est des plaisirs extraordinaires, etc.
44:36 Bon, ça, c'est un premier aspect des choses.
44:38 Alors après, il y a toute une série de débats idéologiques qui ont lieu aussi dans la société,
44:42 qui remettent en cause tout ça.
44:44 Et après, il y a une politique familiale à mettre en place.
44:47 Et une politique familiale, ce n'est pas simplement donner une gratification comme ça.
44:51 Ce n'est pas à 50 euros que ça se joue, cette affaire-là.
44:53 Mais il faut une politique familiale.
44:55 Donc il y a la question des crèches,
44:56 il y a la question des difficultés qu'ont les mères de famille à pouvoir concilier toute leur vie
45:01 parce qu'il n'y a pas assez de services.
45:02 Donc il faut reconstruire une vraie politique familiale.
45:05 C'est ça qui permettra que les gens se sentent finalement, je dirais, tranquilles,
45:10 rassurés, pas tranquilles, mais rassurés, et qu'ils se lancent dans ces projets.
45:13 On est d'accord avec Julien Dray.
45:14 Alors moi, j'aurais aimé, mais ce n'est pas pour vous mettre face à vos responsabilités.
45:19 Je ne sais pas si vous en avez là-dedans.
45:21 Je suis d'accord avec vous sur le climat anxiogène.
45:24 Sur l'immigration, il y a toujours autant d'immigrations.
45:28 Et on voit bien qu'il y a quelque chose qui a changé.
45:29 Donc c'est effectivement la politique familiale.
45:32 Et ceux qui ont commencé à déconstruire la politique familiale,
45:34 c'est François Hollande.
45:36 D'ailleurs, ça coïncide avec la baisse de la natalité.
45:39 Donc sur ce point, quel était votre point de vue
45:41 quand vous étiez proche de François Hollande ?
45:43 Alors mon point de vue, puisque vous me demandez,
45:44 c'était que j'avais d'ailleurs dit à l'époque,
45:47 moi je n'exerçais aucune responsabilité.
45:49 Donc je pourrais me défausser comme ça en disant,
45:52 il n'y a pas de hasard si je n'exerçais aucune responsabilité.
45:54 Mais j'étais contre.
45:56 Vous pouvez retrouver des propos.
45:57 Par contre, j'étais pour qu'on réfléchisse à une politique familiale
46:01 qui ne soit pas, qui fasse qu'on aide ceux qui ont vraiment besoin
46:05 et pas ceux qui n'en ont pas besoin.
46:06 Donc la mise sous tutelle des allocations,
46:09 puisque c'était ça, en fonction des conditions de revenus,
46:12 pouvait permettre justement un rééquilibrage.
46:14 Mais il ne fallait pas donner le sentiment
46:16 qu'il n'y avait plus de politique familiale.
46:19 C'est bien parce qu'on a un véritable désaccord.
46:21 Moi, je le répète, la politique familiale ne doit pas être une politique sociale.
46:25 C'est une politique nataliste qui doit encourager à faire des enfants
46:29 et donc qui doit encourager tout le monde.
46:31 Alors certains ont plus de difficultés que d'autres,
46:34 mais ce n'est pas son objet, si vous voulez.
46:36 Donc la politique familiale, ce n'est pas une question...
46:38 Vous vous rapprochez à François Hollande.
46:39 François Hollande avait mis la question des allocations sous condition de ressources
46:44 en disant "je préfère donner au milieu modeste plus d'argent
46:47 pour qu'ils puissent bien élever leurs enfants"
46:49 par rapport à ceux qui n'ont pas besoin d'une politique familiale.
46:51 Si vous voulez avoir une vraie politique familiale,
46:53 ce n'est pas simplement...
46:54 En plus, normalement, vous devriez être d'accord avec ça
46:56 parce que vous êtes en général assez rigoureux
46:58 pour qu'on ne donne pas de l'argent n'importe comment.
46:59 C'est un environnement qu'il faut créer.
47:01 Quand vous n'avez pas de crèche,
47:02 quand il n'y a pas de possibilité de garderie,
47:04 quand c'est très difficile de trouver des nounous, etc.,
47:06 ben oui, c'est compliqué de faire des enfants.
47:08 Ils en avoient beaucoup.
47:08 Alors je vous coupe, messieurs.
47:09 On va revenir au thème avec lequel nous avons débuté cette émission,
47:14 ce thème autour de l'action française,
47:15 puisqu'on l'a appris il y a quelques minutes.
47:17 La justice a suspendu l'interdiction d'une manifestation prévue dimanche à Paris.
47:23 Ça veut donc dire, Alexandre de Mecquiaux,
47:24 le biécologue,
47:27 la manifestation finalement autorisée,
47:29 est-ce que ce n'est pas un camouflet pour Gérald Darmanin ce soir ?
47:32 De toute manière, il en prend tellement qu'à la fin...
47:34 Oui, il est dans une stratégie
47:38 où il veut se mettre comme le premier opposant du RN.
47:42 Ces manifestations n'ont rien à voir avec le RN, je le rappelle.
47:46 Et en plus, ce ne sont pas des manifestations qui troublent l'ordre public.
47:49 Donc, il perd sur tous les tableaux.
47:53 Tout le monde voit bien que c'est une posture, que c'est du cinéma.
47:57 Et moi, je préférerais qu'ils mettent hors d'état de mire les Black Blocs
48:02 pour que les gens qui veulent manifester pour la réforme des retraites puissent le faire.
48:06 Mais est-ce qu'il ne va pas trop vite ?
48:07 Est-ce que ce n'est pas une nouvelle fois que le ministre de l'Intérieur a été un peu trop vite ?
48:12 Il y a une agitation, je suis d'accord avec Alexandre,
48:16 il y a une agitation de l'intérieur qui, par ailleurs, pose problème.
48:19 Parce que moi, je n'aime pas quand l'État est mis au banc comme ça,
48:24 c'est-à-dire qu'on parle de l'autorité.
48:26 Mais l'autorité, c'est aussi ça.
48:28 C'est que si à chaque fois qu'il prend une décision, elle est contestée,
48:31 alors certains vont dire c'est parce qu'il y a une politisation de la justice.
48:33 Non, c'est parce que ça ne tient pas debout.
48:35 Et donc, ce n'est pas bien.
48:36 Et ça décrédibilise au fond aussi nos hommes politiques,
48:39 en tout cas Gérald Darmanin sur ce dossier, non ?
48:42 Oui, je crois que c'est le principal problème de Gérald Darmanin.
48:45 Pour être dans une analyse purement politique, politicienne,
48:49 je crois que Gérald Darmanin prend des postures.
48:53 Il veut montrer qu'il est l'homme de droite, l'homme de la fermeté,
48:55 et en même temps, l'homme qui se bat contre le Rassemblement national.
48:58 Le problème, c'est que son bilan est nul.
49:00 C'est-à-dire que vous pouvez faire ça si vous obtenez des résultats.
49:04 Mais si quand l'Océan Viking arrive, les clandestins se barrent dans la nature,
49:08 si vous mettez six mois à expulser l'imam hikousséen,
49:12 et si aujourd'hui vous interdissez des manifestations
49:16 qui n'ont pas lieu d'être interdites,
49:18 vous êtes ridicule et vous avez un bilan ridicule.
49:21 Donc je pense qu'il devrait faire moins d'agitation
49:24 et essayer d'avoir des résultats.
49:25 Et c'est comme ça qu'il pourrait convaincre les Français.
49:27 Moi, je pense qu'il faut faire très attention à la surcommunication
49:31 et aux coups médiatiques qui sont...
49:34 Vous savez, il y a toujours un conseiller qui dit "il faut faire ça",
49:36 alors le ministre dit "ah oui, on fait".
49:38 Bon, c'est à lui de prendre en main les choses,
49:40 et pas se laisser entraîner par une surcommunication médiatique
49:43 en fonction d'une actualité qui est mouvante.
49:46 Moi, je suis en colère parce que je pense que ce qu'il a fait
49:51 par rapport à l'Italie est une faute grave.
49:54 Parce qu'il y avait la possibilité,
49:55 compris parce que Mme Méleny était confrontée à une réalité,
49:58 de pouvoir poser la question de la gestion commune des flux migratoires
50:02 de manière coordonnée entre tous les pays de la Méditerranée,
50:06 et donc de pouvoir avoir un dialogue avec les pays
50:08 de l'autre côté de la Méditerranée.
50:10 Il a fragilisé ce dialogue.
50:11 Il va falloir... Vous savez, des incidents comme ça,
50:13 ça ne se répare pas en 24 heures.
50:15 C'est des mois de travail pour la diplomatie.
50:17 Voilà, alors que la question centrale,
50:19 on verra peut-être au moment des élections européennes,
50:21 d'après moi, c'est qu'il y ait une politique euro-méditerranéenne.
50:23 Sinon, on ne s'en sortira pas.
50:25 En tout cas, cet après-midi, on parle de l'action française,
50:28 on parle, donc on le rappelle, de la justice qui a suspendu
50:30 l'interdiction de la manifestation prévue demain,
50:33 et on ne parle pas de la réforme des retraites.
50:36 Il semble que c'est une priorité aussi pour le gouvernement,
50:38 le chef de l'État.
50:39 Surtout, je pense, la date du 8 juin est une priorité pour le gouvernement.
50:42 Et voilà, parce qu'on sait, il s'est donné 100 jours,
50:44 le chef de l'État, pour lancer de nouveaux sujets,
50:45 l'éducation ou encore la santé.
50:48 Et concernant la réforme des retraites,
50:49 cette échéance importante, celle du 8 juin,
50:51 la proposition du groupe Lyot pour la brogation de la réforme des retraites.
50:55 Le chef de l'État, qui a multiplié ses déplacements,
50:57 on va le voir sur une carte qui va nous rappeler tous ses déplacements,
51:00 Barin, Rhone et Rhone, Nord, Charente-Maritime, Loire-et-Cher, Doubs.
51:04 Bref, est-ce que petit à petit, il est en train de faire oublier,
51:06 tout de même, cette réforme des retraites, selon vous ?
51:09 Non, je ne crois pas qu'il l'a fait oublier,
51:11 parce que la colère, elle est là.
51:12 Et personne n'est dupe de ce qui est en train de se passer.
51:14 L'échéance terrible pour le gouvernement,
51:17 ils sont en train de compter, recompter, décompter, surcompter.
51:20 C'est le 8 juin.
51:22 C'est-à-dire de savoir si la loi proposée par le groupe Lyot
51:26 d'abrogation, de modification de l'âge de la retraite, passe ou pas.
51:30 Et il est clair, moi, c'est mon sentiment,
51:32 que la situation est en train de se décomposer politiquement dans le pays.
51:35 On le voit bien.
51:36 C'est une sorte de décomposition qui est assez visible maintenant un peu partout.
51:41 Et que l'échéance du 8 juin, si la loi est votée,
51:44 ouvrira une crise politique.
51:47 Peut-être que d'un certain point de vue,
51:48 vous aurez mieux qu'elle l'ouvre tout de suite.
51:49 Parce que de toute manière, la crise politique, elle est latente maintenant.
51:52 Voilà, par la manière dont ils se sont comportés, elle est latente.
51:55 Et que ça ne durera pas comme ça pendant des mois et des mois et des mois.
51:58 Il n'y a pas de possibilité pour le chef de l'État, pour le gouvernement,
52:02 finalement, de recoller les morceaux avec ces déplacements,
52:05 de faire un peu oublier la réforme des retraites,
52:06 avec toutes ces annonces qui sont faites ces derniers jours.
52:08 Non, mais la vraie question, Julien Drab,
52:10 parle de crise politique latente.
52:12 Ça fait des années et des années que ça dure,
52:15 qu'il y a un mauvais climat,
52:16 que les gouvernements successifs sont obligés de gouverner
52:20 sans l'assentiment de la majorité du peuple français.
52:23 La question, c'est vraiment jusqu'à quand ça va durer
52:26 et quand est-ce que ça va craquer ?
52:28 Peut-être qu'ils vont encore pouvoir passer en force.
52:30 Je ne suis pas persuadé que le 8 juin, la proposition de Lyott fonctionne.
52:37 Et je pense que le gouvernement doit pouvoir passer en force sur les retraites.
52:42 Mais il y aura un malaise qui subsistera dans le pays.
52:44 À un moment ou un autre, il y aura un retour du refoulé,
52:47 comme on a pu le voir pendant la crise des Gilets jaunes.
52:51 Donc, il faut un dénouement.
52:52 Il faut un dénouement politique.
52:53 Assez rapide.
52:54 Oui, et je pense qu'il faut...
52:55 Si vous voulez, depuis l'élection législative,
52:58 il y a eu l'élection présidentielle avec tout ce qu'on peut dire,
53:00 mais depuis l'élection législative,
53:02 le gouvernement n'a pas trouvé la manière de répondre à la situation ouverte
53:06 par cette élection législative.
53:07 Il ne l'a pas notamment trouvé
53:09 parce que la composition même du gouvernement
53:10 n'a pas répondu à cette situation.
53:12 Et donc, on est dans une situation qui se dégrade.
53:15 Et on arrive au terme de cette émission.
53:16 Un grand merci Julien Drain.
53:17 Un grand merci Alexandre de Vécu.
53:19 On vous retrouve demain soir, tous les deux, même heure, même place, 19h.
53:23 En attendant, vous pouvez retrouver cette émission
53:25 sur notre site internet en replay, www.cnews.fr.
53:28 Tout de suite, face à Boccote, avec bien évidemment
53:31 Mathieu Boccote et Arthur de Vatrigan,
53:32 le tout orchestré par Eliott Deval.
53:34 Excellente soirée sur notre antenne.
53:36 ...

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