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Lundi 15 mai 2023, SMART IMPACT reçoit Romain Lacroix (Président directeur général, MAPED)

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Transcription
00:00 L'invité de ce Smart Impact est avec nous en duplex en visio conférence.
00:10 Bonjour Romain Lacroix, bienvenue.
00:12 Vous êtes le président de MAPED, marque française indépendante familiale créée
00:17 en 1947 à Annecy.
00:20 J'ai envie de dire, votre métier c'est les fournitures scolaires mais pas que, c'est
00:24 un peu ça ?
00:25 Oui, en tout cas, historiquement c'est la fourniture scolaire.
00:29 On a commencé par le compas et puis ensuite on s'est diversifié avec des ciseaux, des
00:34 tacrayons, enfin tous ces accessoires qui équipent la trousse de l'enfant.
00:38 Et puis pas que, effectivement, parce qu'on a décidé de donner une tournure un peu différente
00:42 à ce que nous faisions et à faire de notre offre une offre participant à un bien commun
00:48 ou à une cause supérieure.
00:50 Et cette cause supérieure c'est celle de l'éducation, donc favorisant que nous devenions
00:54 société à mission.
00:55 Et ça on va évidemment en parler.
00:57 Quelques chiffres clés concernant MAPED, chiffre d'affaires 2021, près de 200 millions
01:03 d'euros, 1800 collaborateurs, 17 filiales dans le monde et 3 sites de production, France,
01:08 Chine et Mexique.
01:09 Un mot de votre activité et du contexte quand même difficile depuis plusieurs années,
01:16 notamment sur les matières premières.
01:17 Est-ce que, un, votre activité est en croissance et deux, est-ce que vous avez souffert de
01:22 ces ruptures de fournitures, c'est le cas de le dire, et d'approvisionnement ?
01:26 Oui, alors bien sûr, je ne parle pas du Covid parce que le Covid nous a fortement impacté
01:32 en 2020 et à travers le reste du monde, aussi bien qu'en France que le reste du monde.
01:38 2021-2022, on souffre principalement de trois effets.
01:42 Un, c'est la hausse des matières premières.
01:43 Ça, ça a été très impactant.
01:45 La deuxième, c'est évidemment le transport international.
01:47 On passe d'un coût de conteneur 40 pieds puisqu'on importe de nombreux produits, on
01:53 passe d'un coût de conteneur de 2000 dollars à peu près en 2019 à 10 ou 12 000 en 2022.
01:58 Je vous laisse faire les calculs quand on importe à peu près un millier ou deux milliers
02:01 d'ailleurs au niveau du groupe.
02:02 Et puis troisièmement, c'est la hausse du coût de la main-d'œuvre, notamment industrielle,
02:08 dans le monde, pas qu'en France, dans le monde, du fait des problématiques d'inflation,
02:12 donc 2023, un petit peu 2022, mais surtout 2023 et attendu pour 2024.
02:17 Donc effectivement, une conjoncture qui n'est pas évidente.
02:19 Effectivement, et ça, c'est ce qu'on ressent chez beaucoup de chefs d'entreprise aujourd'hui
02:24 et donc depuis le mois de septembre dernier.
02:26 Et on va consacrer l'essentiel de cette interview à ça.
02:30 MAPED est devenu une société à mission.
02:32 Déjà, pourquoi ce choix ? C'est un processus en général.
02:35 Pourquoi ce choix ? Ce choix, parce qu'il nous semble que l'entreprise
02:40 que nous animons aujourd'hui, mon frère Antoine et moi-même et puis l'ensemble des
02:44 équipes parce qu'on est très loin de prendre les décisions seules, on pense que l'entreprise
02:49 que nous animons a changé de statut de fournisseur industriel et distributeur d'accessoires
02:57 scolaires.
02:58 Nous sommes devenus donc toujours cet industriel et ce distributeur de fourniture scolaire,
03:04 mais pour servir une cause un peu supérieure, en l'occurrence celle de l'éducation des
03:10 enfants, de nos enfants, partout dans le monde.
03:13 Et il se trouve que le cadre de la loi, et notamment la loi Pacte en France, le permet
03:19 comme il le permet en Italie ou aux États-Unis.
03:21 Et donc on a sauté sur l'occasion quand, avec les équipes, nous nous sommes accordés
03:27 sur cette mission, cette mission chez MAPED déployée en 2021, elle est de donner aux
03:32 enfants le pouvoir de changer le monde avec leurs mains.
03:34 Eh bien, nous nous sommes dit « chiche, nous devenons entreprise à mission parce que le
03:39 cadre de la loi nous l'autorise.
03:41 » Et c'est assez rare de mettre l'ensemble de ses collaborateurs et collaboratrices d'accord
03:47 sur une promesse.
03:48 Il se trouve que cette promesse, cette mission, qui est un peu notre raison d'être, eh bien
03:53 elle fait l'unanimité chez nous.
03:55 Mais d'une certaine façon, c'est votre métier de produire des fournitures scolaires.
04:02 Donc qu'est-ce qu'il y a ? Je comprends bien l'engagement que ça représente, puis
04:05 on parlera de l'éco-conception des produits dans un instant, mais rendre l'éducation
04:10 accessible à tous.
04:11 Qu'est-ce que ça veut dire pour vous au-delà de la production et de la distribution de
04:15 vos produits ?
04:16 Alors société à mission, nous sommes société à mission depuis le mois de septembre 2022
04:24 et cela vient avec un certain nombre d'engagement.
04:27 Mais avant cet engagement, c'est une forme de philosophie.
04:30 Cette philosophie, c'est l'idée de dire qu'une entreprise privée doit être profitable
04:35 et elle doit l'être de manière structurelle à long terme, puisque sinon elle passe par
04:39 un moment un peu délicat qui est de ne plus être libre, voire jusqu'à mourir.
04:44 Donc ça, c'est le postulat de base qui n'est absolument pas remis en question.
04:49 Par contre, société à mission vient favoriser que l'on ajoute l'idée selon laquelle cette
04:54 entreprise profitable économiquement peut aussi, voire doit aussi servir une cause
05:01 qui elle-même est favorable d'un point de vue social, sociétal, environnemental.
05:04 Ça, c'est la philosophie que nous suivons.
05:06 Et cette philosophie, elle s'accompagne donc de quatre objectifs statutaires qui sont des
05:12 engagements.
05:13 Et ce sont des engagements autour desquels nous répondons face à un comité de mission
05:19 que nous avons nous-mêmes nommé, mais qui lui-même est constitué d'intervenants, notamment
05:23 externes.
05:24 Et pour prendre la question de l'objectif statutaire qui consiste à rendre nos produits
05:29 accessibles, notre offre d'accessoires scolaires, l'idée de dire qu'aujourd'hui elle est très
05:35 peu présente, très peu impactante du côté de pays pauvres, je pense aux pays d'Afrique,
05:41 je pense à l'Inde, je pense à un certain nombre de pays d'Amérique centrale, nous-mêmes
05:45 développons un certain nombre de produits plus frugaux, tout aussi durables et de la
05:51 même ou du même niveau de qualité, avec des niveaux de rémunération pour l'entreprise
05:55 Mappet moindre, mais qui favorisent que ces enfants-là, qui vivent dans des conditions
05:59 qui ne sont absolument pas les conditions dans lesquelles nos enfants vivent, puissent
06:03 avoir d'une certaine manière les mêmes chances.
06:05 Alors le deuxième objectif, on va dire prioritaire, c'est l'éco-conception de vos produits.
06:10 Alors il y a un objectif de réduction de vos émissions de CO2 et ça passe évidemment
06:17 par un bilan carbone.
06:18 Qu'est-ce qui ressort de ce bilan carbone ? C'est quoi les postes qui émettent le plus
06:22 de gaz à effet de serre en fait ?
06:24 Alors, exact, très bonne question.
06:28 Ce bilan carbone, nous avons commencé à le mettre en place et le rendre disponible
06:34 pour information bien évidemment en 2019 à partir de nos données bilan carbone 2018.
06:40 La première conclusion que l'on tire de cela en 2019, c'est que notre groupe, qui
06:44 est un groupe industriel, il génère à peu près 100 000 tonnes de CO2 ou d'équivalent
06:53 CO2 par an au regard de l'ensemble de ses processus et notamment de son processus industriel.
06:59 Parce que c'est le processus industriel qui est le processus le plus consommateur, notamment
07:03 de mise à disposition d'énergie ou d'allocation d'énergie pour transformer la matière et
07:08 générer les produits que nous développons ici en interne.
07:11 Ça c'est le premier poste.
07:12 Et puis le deuxième poste, c'est le transport.
07:15 Nous avons à partir de cette information d'à peu près 100 000 tonnes de CO2 par an,
07:22 nous avons mis en place un objectif qui est un objectif ambitieux qui est de réduire
07:27 de l'ordre de 30% nos émissions carbone entre 2018 et 2026.
07:33 Et j'ajoute une chose parce que cela me semble important, c'est que cette réduction de 30%
07:39 à peu près des équivalents de tonnes de CO2 ou d'équivalent de CO2 générés, nous
07:49 l'abordons sans compensation.
07:51 C'est-à-dire que cette baisse de 30% sur 8 à 9 ans, nous l'abordons par une refonte
07:58 complète de nos modes opératoires, de nos modes industriels, de nos modes de transport
08:04 sans compensation.
08:06 Nous compensons, mais nous décidons de ne pas communiquer sur notre compensation parce
08:10 que le fait de dire que, comme d'ailleurs un certain nombre d'entreprises le font, le
08:14 fait de dire que telle ou telle entreprise est neutre en termes de génération d'émissions
08:20 carbone nous semble un peu scandaleux puisque c'est impossible.
08:24 Donc nous pensons et nous travaillons avec notamment nos équipes R&D industrielles
08:28 à cette baisse de 30% par intermédiaire d'une refonte de nos processus industriels et logistiques.
08:35 On peut prendre peut-être un exemple autour de l'énergie parce que ça a été un enjeu
08:40 et c'est encore un enjeu majeur en termes de coûts même si elle est en train de baisser
08:43 depuis quelques semaines.
08:45 Vous avez fait des choix d'électricité verte, d'énergie verte, racontez-nous.
08:49 L'ensemble du site, merci parce que ça c'est… on n'en parle pas suffisamment, l'ensemble
08:55 de notre site ici qui est à Pringy en Haute-Savoie et depuis lequel je me suis connecté à
09:02 vous, eh bien il est alimenté à 100% par de l'énergie verte.
09:06 Ce n'est pas suffisant, ce n'est jamais suffisant, cela nous semble être une première
09:11 initiative forte, bien menée par nos équipes, qui est un peu plus coûteuse naturellement,
09:17 mais qui nous semble être une partie de notre responsabilité.
09:21 L'énergie pour produire désormais est verte en tout cas en France parce que nous
09:28 avons un petit site industriel.
09:29 La question de l'énergie est une question évidemment essentielle puisque toute action
09:35 industrielle, toute action logistique, toute action commerciale part au départ par une
09:39 allocation d'énergie.
09:40 Voilà la réponse que nous avons apportée sur notre site français qui emploie ici entre
09:44 220 et 230 personnes.
09:45 Merci beaucoup Romain Lacroix.
09:48 Il y a évidemment beaucoup d'autres exemples à donner mais c'était passionnant de voir
09:52 toute la démarche d'entreprise à mission de MAPED.
09:57 A bientôt sur vsmart.
09:58 On passe tout de suite à notre débat, un binôme d'entrepreneuses pour la planète.

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