SMART IMPACT - L'invité de SMART IMPACT : François Perret (Pacte PME)

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Lundi 28 août 2023, SMART IMPACT reçoit François Perret (Directeur général, Pacte PME)
Transcript
00:00 [Musique]
00:06 Bonjour François Perret, bienvenue.
00:07 Bonjour Thomas Hugues.
00:08 Vous êtes donc le directeur général de Pacte PME
00:11 qui lance cette alliance dont on va parler longuement ensemble.
00:13 Mais d'abord d'un mot, c'est une association, c'est ça,
00:16 né il y a une douzaine d'années, Pacte PME ?
00:17 Oui, Pacte PME a été créé à l'origine par Henri Lachman
00:21 qui était à l'époque président de Schneider Electric,
00:24 les pouvoirs publics et les grands groupes privés
00:26 qui se sont associés autour de l'idée
00:28 qu'il fallait responsabiliser les uns et les autres
00:31 dans le devenir des PME, les faire grandir
00:33 et donc développer la coopération entre les grands groupes et les PME.
00:36 Et donc le 13 juillet dernier, il y a cette alliance Pacte PME
00:40 qui a été lancée.
00:41 Alors il faut décrire cet objet hybride en quelque sorte.
00:44 C'est quoi cette alliance ?
00:46 Donc une alliance proclamée par Olivia Grégoire,
00:48 la ministre en charge des PME
00:50 et qui vise finalement à créer un dispositif
00:54 qui va embarquer les PME sous-traitantes des grands comptes
00:57 dans la décarbonation et la transition énergétique.
00:59 Alors pourquoi est-ce qu'on en a véritablement besoin ?
01:02 C'est parce qu'aujourd'hui, à la fois l'ambition nationale
01:05 en matière de décarbonation est élevée
01:07 mais on y va un petit peu en ordre dispersé.
01:11 Il y a des obstacles financiers pour les PME.
01:13 Comment est-ce qu'elles arrivent ?
01:14 Ça coûte cher de lancer la transformation ?
01:16 Financer en effet la décarbonation et la transition énergétique,
01:19 ce n'est pas rien. Il y a un bilan carbone à faire,
01:21 il y a un plan d'action mais il y a surtout des solutions technologiques
01:24 pour gagner en efficacité énergétique
01:26 sur lesquelles il faut investir.
01:28 Et donc on s'est dit qu'on n'allait pas laisser les PME
01:31 y aller toutes seules et qu'elles pourraient profiter
01:34 de la force d'entraînement des grands groupes.
01:36 Les grands groupes, eux, je vous rappelle qu'ils ont
01:39 un plan décarbonation mais ils ont l'enjeu de ce qu'on appelle
01:42 le scope 3 pour les émissions.
01:44 Les émissions indirectes sont celles finalement de leurs fournisseurs.
01:46 Donc ils sont intéressés à cette démarche d'embarquement des PME.
01:50 Alors on va entrer dans le détail en voyant la liste
01:53 de ces 7 grands comptes, ces 7 premiers grands groupes engagés.
01:57 Aéroports de Paris, Bouygues Construction, EDF, ENGIE, Sanofi,
02:01 Schneider Electric et Thales.
02:04 Il y a d'autres grands groupes ou d'autres grands comptes
02:06 qui pourraient rejoindre cette alliance ?
02:08 On est en discussion évidemment avec d'autres grands groupes.
02:11 Il y a effectivement cet effet de 13 juillet de lancement.
02:14 Il faut qu'on mette en place maintenant le dispositif.
02:17 On est en train de choisir les opérateurs qui vont assurer
02:22 l'accompagnement des PME.
02:24 On a bâti des parcours qui tiennent compte du niveau de maturité des PME.
02:29 On a celles qui n'ont vraiment rien fait,
02:31 qui ont déjà un peu pris conscience,
02:33 mais qui n'ont pas fait de bilan carbone.
02:35 On a celles qui ont déjà fait un bilan carbone,
02:37 mais qui n'ont pas encore de feuille de route.
02:39 Et puis on a celles qui sont beaucoup plus avancées
02:41 et pour lesquelles il va falloir proposer des solutions
02:43 d'accompagnement sur les choix technologiques.
02:45 Donc évidemment, on construit ces parcours.
02:48 Et derrière, évidemment, on discute avec l'ensemble
02:51 des grands groupes de la place.
02:51 Mais ça veut dire, là je me place du côté des PME,
02:54 ça veut dire qu'il ne faut pas forcément être déjà engagé
02:57 dans une transition ou à maturité pour pouvoir bénéficier de cette alliance ?
03:02 Il faut qu'on soit évidemment très pragmatique.
03:04 La situation sur le marché, c'est quoi ?
03:07 On a à peu près 8 entreprises sur 10 qui n'ont pas engagé de démarche.
03:13 Disons 7,5 sur 10 qui n'ont pas engagé de démarche.
03:15 Rien du tout.
03:16 Rien du tout.
03:16 Donc elles sont dans la prise de conscience
03:18 et elles sont en train de se dire comment je vais faire,
03:20 quels moyens il faut que je consacre,
03:22 comment j'embarque mes équipes,
03:23 comment j'avance en termes de méthode.
03:25 On a celles qui ont déjà accompli un bilan carbone,
03:28 on ne va pas leur redemander de le faire.
03:30 On va s'appuyer sur ce bilan carbone
03:31 et on va les accompagner vers le plan d'action.
03:34 Et puis enfin, on a celles qui sont vraiment les plus matures
03:36 et qui elles ont plutôt besoin d'être accompagnées
03:38 pour l'identification des solutions technologiques.
03:40 Mais il y a à peu près 150 000, 146 000 PME en France aujourd'hui.
03:45 Pour démarrer, évidemment, vous n'allez pas accompagner
03:47 146 000 PME d'un coup.
03:49 Il y en a combien qui sont concernés d'ores et déjà ?
03:51 Alors, notre priorité c'est l'industrie.
03:53 L'industrie c'est 18 % des émissions de gaz à effet de serre.
03:58 L'industrie c'est donc à peu près 33 000 PME.
04:02 C'est ces 33 000 PME qu'on vise en complément
04:05 des efforts accomplis par ailleurs par les pouvoirs publics.
04:08 Je rappelle qu'il y a le dispositif ADEME,
04:10 il y a le dispositif BPI France
04:11 et en termes de plus de sensibilisation,
04:13 le dispositif des chambres de commerce.
04:15 Donc nous, on ne va pas repartir d'une page blanche,
04:18 on va plutôt compléter ces dispositifs
04:20 en s'appuyant sur l'effet de levier des grands comptes.
04:22 Ce sont les grands comptes qui déterminent
04:25 quels PME industriels sont éligibles à notre dispositif.
04:28 Et effectivement, vous avez raison,
04:29 on ne va pas accompagner d'emblée 33 000 PME industriels.
04:32 On a un objectif qui nous a été fixé par l'État
04:34 d'accompagner 3 500 entreprises d'ici 2025.
04:38 On va sans doute pour cela embarquer
04:40 une quinzaine de grands comptes, peut-être 20,
04:42 qui vont chacun du coup nous proposer
04:45 une centaine de boîtes à accompagner.
04:46 Ça représente quoi ? C'est quel budget
04:48 pour créer cette alliance et qui met quoi en quelque sorte ?
04:51 Oui, il y a d'une part l'investissement de l'État
04:55 pour faire fonctionner l'alliance,
04:56 parce que l'alliance c'est finalement
04:58 l'animation de cette communauté de grands groupes
05:00 et de PME qui vont s'engager.
05:02 Donc là, pour être assez transparent avec vous,
05:04 sur trois ans, on va solliciter
05:08 environ 1,7 million d'euros de budget,
05:11 dont 600 et quelques milles qui sont d'ores et déjà octroyés
05:13 pour l'année 2023.
05:15 Ça c'est le financement du fonctionnement.
05:18 Après ça, les PME évidemment devront être contributrices
05:21 et tout notre objectif à travers l'alliance,
05:23 puisqu'il y a du volume en termes d'accompagnement,
05:26 c'est de négocier des prix plus favorables
05:28 avec les opérateurs et d'offrir également aux PME
05:32 de mettre à leur disposition
05:33 des dispositifs de subvention publique,
05:36 donc de porter à leur connaissance
05:37 tout ce qui existe en termes de prévers
05:39 pour réduire la facture.
05:41 Et côté grands groupes, côté grands comptes,
05:43 il y a une participation qui peut être, je ne sais pas,
05:46 financière, budgétaire ou alors c'est du mécénat de compétences,
05:48 par exemple, comment ça va fonctionner ?
05:49 Il y a une participation humaine,
05:51 c'est-à-dire que chacun des sept grands comptes
05:53 a un interlocuteur privilégié
05:56 qui est présent dans ce projet,
05:57 mais en réalité embarque derrière
05:59 la direction des achats généralement,
06:00 la direction RSE,
06:02 plusieurs ressources qui s'investissent directement
06:05 dans l'accompagnement des entreprises,
06:06 dans des conseils, dans des mises à disposition d'informations,
06:09 dans des kits de formation.
06:10 Donc il y a ces sept grands groupes
06:12 qui réellement se prennent en charge
06:14 pour accompagner leurs fournisseurs dans le travail.
06:16 Donc c'est de l'accompagnement humain,
06:17 ce n'est peut-être pas du mécénat de compétences,
06:18 mais on est dans cette logique-là.
06:19 Vous parliez des opérateurs,
06:21 la sélection des opérateurs, on parle de qui ?
06:23 On parle d'opérateurs privés principalement,
06:25 puisqu'on ne va pas aller chasser,
06:28 j'allais dire, sur le terrain
06:29 des opérateurs publics qui ont déjà
06:31 leur public à aller chercher.
06:32 Nous, on va compléter le dispositif
06:34 et vous savez, aujourd'hui, les opérateurs privés,
06:36 c'est dans une cartographie qu'on a commencé à réaliser,
06:39 c'est entre 400 et 500 opérateurs.
06:41 Autant dire qu'aujourd'hui...
06:42 Mais qu'est-ce qu'elles font ?
06:43 C'est quoi ? C'est du conseil en transformation environnementale ?
06:45 Elles ne sont pas toutes exactement
06:47 sur la même profondeur d'intervention,
06:49 mais globalement, vous avez celles
06:51 qui en effet accompagnent au bilan carbone
06:52 et au plan d'action,
06:53 puis vous avez celles qui font ça,
06:55 mais qui sont également plus en aval
06:57 dans la détection des solutions technologiques.
06:59 Alors je regarde, on parle de stratégie bas carbone,
07:02 en préparant l'émission, je me suis dit
07:03 "Mais au fait, on emploie cette terminologie tout le temps,
07:05 c'est quoi exactement ?"
07:07 L'objectif, c'est de réduire les émissions françaises
07:09 de 55% entre le point de départ
07:11 qu'on s'est donné, c'est 90%,
07:13 et 2030%.
07:15 Pour ça, il faut embarquer les PME,
07:17 on a bien compris, vu ce qu'elles représentent
07:18 dans le tissu économique français.
07:23 Est-ce que le dispositif est opérationnel
07:26 dès maintenant, dès cette rentrée ?
07:27 Puisqu'il a été officiellement lancé le 13 juillet,
07:29 on vous met un peu la pression,
07:30 mais est-ce que ça démarre déjà ?
07:31 Oui, il l'est, parce qu'il y a déjà 1 500 entreprises
07:34 qui ont été identifiées, sourcées,
07:36 comme disent les acheteurs, par grand groupe.
07:40 1 500 entreprises, c'est à partir de ces 1 500 entreprises,
07:44 de ce vivier-là, qu'on commence la communication
07:47 auprès de ces entreprises.
07:49 On leur fait rédiger, remplir
07:51 ce qu'on appelle une enquête de maturité
07:53 pour savoir d'où elles partent,
07:55 est-ce qu'elles ont réalisé ou pas un bilan carbone,
07:57 à quel secteur elles appartiennent,
07:59 quelle est leur taille, en fonction des spécificités
08:01 également sectorielles ou géographiques.
08:03 On ne va pas adopter exactement le même parcours.
08:05 Donc oui, elles réalisent une enquête de maturité,
08:07 elles vont signer une charte d'engagement
08:09 dans le dispositif,
08:10 et dès le début de l'automne,
08:12 on va pouvoir leur proposer
08:14 un ou plusieurs opérateurs pour les accompagner
08:17 en fonction de la consultation, de l'appel d'offres
08:19 qu'on va réaliser dans les prochaines semaines.
08:20 Alors là, je me place du côté des patrons
08:23 ou des cadres de PME qui sont sans doute
08:25 en train de nous regarder,
08:26 on a beaucoup de téléspectateurs
08:27 qui viennent de cet univers.
08:29 Est-ce qu'ils peuvent candidater
08:30 ou est-ce que ça ne marche pas comme ça ?
08:31 Vous nous avez dit, c'est plutôt les grands groupes
08:33 qui identifient dans leur scope 3
08:35 des PME industriels avec lesquels elles travaillent.
08:38 Est-ce que malgré tout, certains peuvent candidater ?
08:40 Comment ça ?
08:40 Je dirais qu'il y a trois leviers
08:41 pour entrer dans le dispositif.
08:42 Le premier, vous l'avez évidemment signalé,
08:44 c'est le sourcing grand compte.
08:45 Donc ça, je dirais que ce sera probablement
08:47 entre 70 et 80 % des flux.
08:50 Le deuxième levier, ça va être
08:52 des fédérations professionnelles,
08:54 des collectivités locales
08:56 qui, dans une filière ou un territoire,
08:58 vont vouloir embarquer des PME dans le dispositif.
09:01 Et enfin, le troisième levier,
09:03 c'est la candidature directe.
09:04 On ne va pas empêcher à une PME
09:06 qui a envie d'entrer dans un parcours
09:08 d'écarbonation de le faire.
09:10 Mais elle a de vraies chances d'y entrer ?
09:12 Oui, parce qu'en réalité,
09:13 on doit tous devenir plus verts.
09:16 Donc en réalité, on ne va pas faire de sélection
09:18 sur des critères qu'on ne peut même pas imaginer.
09:21 Si je vous titille un peu,
09:22 c'est quand même d'abord un outil
09:24 créé pour les grands groupes
09:25 pour améliorer leur scope 3.
09:27 D'ailleurs, vous êtes transparent là-dessus.
09:28 C'est évidemment le point de départ.
09:30 Mais pourquoi ?
09:31 Parce que finalement, c'est ça qui va peser le plus
09:33 en termes d'impact sur le résultat obtenu
09:37 en termes d'évitabilité finalement de tonnes de CO2.
09:40 Donc on s'intéresse d'abord
09:41 à la population industrielle d'une certaine taille
09:45 qui va effectivement être responsable
09:47 d'une partie des émissions,
09:49 qui va devoir changer ses process industriels.
09:51 Et c'est cette révolution qu'on veut amorcer
09:53 à partir des entreprises les plus importantes.
09:55 Un dernier mot, il nous reste un peu plus d'une minute.
09:57 Donc on l'a bien compris,
09:58 on va se focaliser avec cette alliance Pacte PME
10:00 sur le tissu industriel.
10:02 Le bâtiment, c'est un gros émetteur de gaz à effet de serre
10:05 en France et dans le monde.
10:07 Et c'est peut-être le secteur d'activité
10:10 où il y a le plus de PME, justement.
10:11 Ça, elle représente, je ne sais pas, 90, 95 %
10:14 sans doute des entreprises.
10:16 C'est la cible suivante ?
10:18 Il y a d'autres leviers pour que le bâtiment se transporte ?
10:20 Le bâtiment fait partie aussi de notre dispositif.
10:23 C'est la raison pour laquelle on a embarqué
10:25 Bouygues Construction avec nous.
10:27 Et donc il y a évidemment un énorme enjeu
10:29 de baisse des émissions de CO2
10:31 associées à la construction des nouveaux bâtiments.
10:34 Et je crois que, effectivement,
10:35 que ce soit Bouygues Construction, Vinci, Eiffage,
10:38 on voit qu'il y a un effort, là aussi,
10:40 pour embarquer les fournisseurs.
10:42 Et vous l'avez dit, c'est un milieu,
10:43 c'est un écosystème extrêmement décentralisé,
10:45 extrêmement émietté, le bâtiment.
10:47 Donc là, il y a énormément de PME et de TPE à toucher.
10:50 Il faut qu'on les embarque également dans le dispositif.
10:52 Merci beaucoup, François Perret.
10:53 C'était passionnant, bon vent à cette alliance Pacte PME.
10:56 On passe tout de suite à notre débat.
10:58 Le photovoltaïque est-il victime de son succès ?

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