le président de France Nature environnement dans le Languedoc Roussillon répond aux attaques des agriculteurs
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00:00 En attendant la sécheresse dans les Pyrénées-Orientales et les tensions dans le département, tensions notamment très vives entre
00:06 certains agriculteurs et les défenseurs de l'environnement autour de la gestion de l'eau, la gestion des fleuves,
00:11 on en parle avec votre invité Tanguy Bocconi et nous recevons ce matin le président de France Nature Environnement en langue d'ocre ou sillon.
00:17 Et bonjour Simon Poupy.
00:19 Bonjour.
00:19 Alors on vous a en croire, il ne fait pas bon se déclarer
00:22 militant chez France Nature Environnement en ce moment dans les P.O. à tel point que vous leur recommandez bien de ne pas s'exposer
00:29 en raison donc de fortes tensions avec les agriculteurs. On en est à ce point ?
00:34 Oui tout à fait. Les mensonges de Fabienne Bonnet et d'autres porte-paroles de l'agriculture
00:39 et puis la manifestation de janvier en fait tout ça nous a
00:43 fait de nous la cible de tous les nœuds du coin et ça s'est pas mal amplifié en mode boule de neige depuis.
00:50 Donc on reçoit beaucoup d'insultes et de messages très agressifs.
00:53 Pour voir à quel stade on en est arrivé il suffit de lire l'article de la grille
00:58 d'il y a cinq jours qui cite le discours de Marc Parran,
01:00 président des GIA de Salanque à la fête de l'artichaut. Il cible clairement les associations environnementales
01:06 qui seraient responsables de tous les maux de l'agriculture en mode Jean-Paul Pelleras.
01:10 Bon je passe les bordées d'insultes mais ce qui suit ressemble quand même beaucoup à une menace je cite
01:16 "la colère monte dans les campagnes, les paysans pourraient ressortir les fourches et les piques
01:21 n'ayant aucun doute de ce qu'il se trouvera à leur extrémité".
01:25 C'est une menace claire pour vous ?
01:27 Donc oui on se sent menacé par cette profusion d'acides francs à la haine.
01:30 Alors ici personne non même n'a été santévisé quoi en tout cas.
01:32 Oui clairement et donc voilà
01:34 je souhaitais réagir
01:37 notamment parce qu'on entend partout que si on est dans cette situation
01:40 c'est parce que VINSA a été vidé cet hiver et que ça serait la faute d'une décision de justice obtenue
01:45 en novembre par France Nature Environnement.
01:48 C'était sur le débile la tête on en a beaucoup parlé à la France Bleue.
01:50 C'est ça et donc à force de répétition sans vérification des faits tout le monde a l'air de croire que c'est nous les coupables.
01:56 Or la décision de justice en question elle ne s'appliquait qu'à partir du 1er avril 2023
02:02 et avec les nouvelles dérogations
02:04 elle s'applique toujours pas.
02:06 En définitive on rappelle c'était pour
02:08 autoriser un débit minimal pour la tête.
02:10 C'est ça, en année normale.
02:12 On va résumer ça comme ça et en fait vous vous avez l'impression que vous êtes un bouc émissaire parce qu'au final cette mesure
02:17 dans les faits elle s'est quasiment jamais appliquée c'est ça ?
02:19 Elle ne s'est pas appliquée et donc il est strictement impossible qu'elle ait impacté le stockage de l'eau dans le barrage cet hiver.
02:25 Les vraies raisons du non remplissage de Vinsa c'est d'abord évidemment l'absence de pluie et si on cherche des responsables
02:31 c'est d'abord une conséquence de l'inaction climatique donc ce serait incomble d'en rendre responsable
02:36 les gens qui alertent là-dessus depuis des décennies.
02:40 Ensuite il faut rappeler que Vinsa c'est un barrage écruteur de crues et donc il doit être vidé d'octobre à décembre pour pouvoir stocker
02:47 les crues éventuelles. Donc s'il était plein en fait il ne pourrait pas jouer ce rôle là ?
02:51 Exactement voilà donc c'est pour préserver l'urbanisation en zone inondable.
02:55 Une autre raison qui n'est pas anodine qu'on a appris récemment c'est qu'en janvier les gestionnaires des canaux ont demandé des lâchers d'eau
03:02 pour faire du rechargement artificiel de nappes et réalimenter des forages sachant que ce système un peu chadoc
03:08 a un rendement de seulement 5% ça veut dire que 95% de l'eau est gaspillée.
03:14 Et donc là il y a une dernière raison quand même qu'il faut évoquer c'est que cet hiver
03:18 concernant les débits réservés de la tête
03:20 c'était encore l'arrêté préfectoral qu'on a attaqué qui s'appliquait.
03:24 Or cet arrêté d'un côté il a baissé le débit de la tête en été en dessous de son niveau de survie et c'est bien pour ça
03:30 qu'on l'a attaqué mais en hiver pour compenser il l'augmentait au delà du nécessaire.
03:35 Pour traduire en fait c'était que effectivement vous vous demandiez est-ce qu'on
03:40 augmente ce débit l'été pour sauver le fleuve mais en compensation
03:43 on pouvait le baisser l'hiver et donc mieux recharger le barrage c'est tout le paradoxe pour vous c'est au final
03:49 en attaquant cet arrêté on permet de moins bien recharger finalement le barrage l'hiver c'est ça ?
03:54 C'est ça en fait non en fait la décision de justice qu'on a obtenue elle ouvrait la possibilité
03:58 d'un abaissement du débit réservé de la tête en hiver ce qui permettait de mieux remplir le barrage.
04:03 Mais comme vous le savez la chambre d'agriculture et l'état ont fait appel de cette décision ce qui veut dire
04:08 qu'ils défendent l'ancien arrêté qui implique de lâcher plus d'eau dans la tête en hiver.
04:13 Donc si le barrage a été vidé cet hiver ça n'a rien à voir avec FNE
04:17 malgré tout ça fait six mois qu'on nous désigne comme les coupables donc pour nous évidemment c'est ce qu'on appelle une diversion
04:23 et ça commence...
04:24 Vous avez l'impression d'être des boucs émissaires en fait c'est ça ?
04:27 Ça commence à m'inquiéter parce que effectivement ça met nos membres en danger localement étant donné qu'il y a un contexte
04:32 extrêmement agressif suite à ça.
04:35 On parle gestion de l'eau dans les P.O. sur France Bleu Russie avec notre invité la suite dans un petit instant.
04:41 France Bleu France 3 matins revient dans un instant.
04:47 Chaque semaine le magazine Méditerranée O explore les rives du bassin méditerranéen
04:56 centre de tous les changements conflits et évolutions de notre siècle à travers des regards des portraits des histoires.
05:03 Méditerranée O vous invite à découvrir les réalités complexes de cette mosaïque carrefour des civilisations.
05:09 Méditerranée O c'est samedi à 9h35 sur France 3 Occitanie.
05:15 7h53 sur France Bleu Russie on notre invité Simon Popy avec vous Tanguy Bocconi.
05:25 Simon Popy de France Nature Environnement Languedoc-Roussillon.
05:28 Alors Simon Popy vous avez tenu à faire de la pédagogie pour expliquer que c'était pas France Nature Environnement qui était responsable de la sécheresse on a bien compris.
05:35 Notamment avec cet arrêté emblématique au niveau de la tête qui voilà vous avez un petit peu décrypté tout ça.
05:41 Maintenant vous dénoncez également l'action de la Chambre d'Agriculture et de certains politiques qui visent à vous couper vos subsides c'est ça ?
05:48 Oui effectivement
05:50 ça a été
05:51 il y a eu une très forte pression de la part de la Chambre d'Agriculture et de la FDSEA
05:56 sur nos financeurs pour qu'on nous supprime nos subventions ça a été relayé aussi par Anaïs Sabatini
06:03 député RN au Parlement
06:06 français voilà qui a mis en évidence qui a confondu d'ailleurs les financements de FNE au niveau national
06:14 avec les financements de FNE au niveau Languedoc-Roussillon il faut savoir pour avoir un
06:20 ordre de grandeur que les financements FNE Languedoc-Roussillon à l'échelle des Pyrénées-Orientales
06:26 c'est à peu près 10 000 euros de la région alors que la région donne quand même 23 millions d'euros
06:32 au monde agricole donc voilà il faudrait comparer ce qui est comparable.
06:38 En gros vous avez l'impression que vous avez vraiment le dos large
06:41 on vous met un petit peu tout sur le dos et vous rappelez que d'ailleurs le barrage de Vinsa en définitive
06:48 il contribue encore plus aujourd'hui à l'irrigation qu'avant ?
06:51 Alors il contribue encore plus oui effectivement l'irrigation aujourd'hui on constate que elle a été
06:59 elle a été elle prend la grosse part de
07:02 c'est la majeure partie en fait de l'eau qui est consommée et aujourd'hui si on regarde un peu dans
07:08 si on se projette un peu dans la situation de crise dans laquelle on est on voit que la préfecture a pris des restrictions pour
07:14 tout le monde et franchement il était temps mais bon on fait ça dans l'urgence
07:18 alors que ça fait 30 ans qu'on aurait pu commencer à s'y préparer étant donné que le GIEC alerte depuis longtemps
07:25 voilà donc à court terme là l'objectif c'est de passer l'été avec le moins de dégâts possible
07:31 et donc concernant cette arrêtée sécheresse nous on pense que le préfet il a accordé encore trop de dérogations
07:37 pour le coup ça risque de mettre en danger les usages prioritaires et les milieux naturels cet été
07:42 voilà notamment parce qu'il y a
07:44 de très fortes dérogations pour l'irrigation agricole normalement il y a un arrêté cadre qui prévoit qu'il y ait un arrêt total de l'irrigation
07:52 en niveau crise et là et là aujourd'hui on se rend compte que
07:57 tous ceux qui
07:58 qui pourraient et qui peuvent irriguer peuvent irriguer
08:01 Simon Poupy avec tout ce que vous nous avez raconté précédemment tous ces incidents toutes
08:06 ces tensions ces propos menaçants sur les réseaux sociaux
08:09 aujourd'hui il y a un dialogue qui est encore possible avec la chambre d'agriculture ou la ligne est totalement coupée ?
08:14 là ça paraît difficile étant donné le niveau de tension qu'il y a
08:19 ça paraît difficile de discuter
08:22 maintenant moi je voudrais quand même avoir une pensée pour tous les habitants des Pyrénées orientales qui sont affectés par la sécheresse
08:27 en particulier les agriculteurs et pas seulement ceux qui dépendent des systèmes d'irrigation je pense aussi à tous les autres
08:34 y compris les éleveurs les viticulteurs non irrigués les apiculteurs les forestiers et puis tous les gens qui sont
08:39 pas raccordés au réseau et qui maintenant ont des problèmes d'eau potable
08:42 donc voilà nous on est plutôt sur un discours d'apaisement et on est parfaitement conscient de la nature catastrophique de la situation et encore une fois
08:51 on n'a strictement aucune responsabilité
08:53 dans la gestion de l'eau cet hiver. Simon Poupy président de France Nature Environnement
08:59 un dernier mot quand même il n'y a pas que des agriculteurs
09:03 intentionnés à votre égard vous avez aussi des soutiens je pense dans le monde agricole. Tout à fait je vous remercie de le dire
09:09 la FDSEA ne représente pas la totalité de l'agriculture
09:13 dans les Pyrénées orientales il y a des gens qui voient les choses différemment et puis par ailleurs il faut préciser que nous aussi nous sommes
09:20 des ruraux et nous aussi nous avons des agriculteurs y compris des viticulteurs dans nos rangs.
09:25 Donc il n'y a pas que des bobos à trottinette.
09:27 Exactement il n'y a pas que des bobos à trottinette il y a aussi des gens qui comprennent et moi même je suis ingénieur forestier.
09:32 Merci beaucoup en tout cas Simon Poupy de l'association France Nature Environnement d'être venu donner vos explications en studio et donc prenez
09:40 l'apaisement et de la pédagogie vous n'êtes pas responsable de la sécheresse dans les Pays-Bas. Merci. Je vous remercie.