Le photo-journaliste toulousain Fred Marie, rédacteur en chef du magazine "Défense Zone" https://defense-zone.com/ et directeur du "Collectif DR" - Destination reportage - est parti 10 jours en reportage en Ukraine en mars dernier. Il y a rencontré des soldats qui tiennent des tranchées entre Zaporijia (à l'est de lUkraine) et le Donbass (région du sud est) en face des positions russes
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00:00 8h10 ce matin on passe trois minutes avec le photojournaliste toulousain Fred Marie, rédacteur en chef du magazine
00:05 Défense Zone et directeur du collectif DR Destination Reportage.
00:10 Bonjour Fred Marie.
00:11 Je le montre ce magazine, on vous mettra aussi les infos sur francebleu.fr.
00:16 Vous revenez de dix jours en Ukraine, c'était en mars précisément,
00:20 vous êtes rendu sur les lignes de front au sud, à l'est, les photos elles sont dans ce magazine.
00:26 Donc qu'est-ce qui vous a frappé le plus ? On est très très loin de notre quotidien quand même, ici en France.
00:33 Ce qui est toujours très surprenant c'est le décalage entre l'image qu'on a d'un endroit et quand on y est réellement, forcément.
00:43 Et c'est ce qu'on recherche quand on est journaliste, de toute façon.
00:46 Pour le coup on est servi en Ukraine.
00:48 C'est violent ?
00:50 Oui, parce que se balader dans une rue avec des maisons complètement détruites, c'est un truc qu'on voit à la télé.
00:58 Le voir en vrai c'est impressionnant.
01:02 C'est violent aussi pour nous qui n'avons pas l'habitude.
01:05 Vous avez été frappé par la motivation, le courage des combattants ukrainiens.
01:10 Oui, on a pu se rendre avec un autre photojournaliste, qui s'appelle Patrick Chouelle.
01:17 On a pu se rendre sur différentes lignes de front, notamment les tranchées.
01:20 On a pu vivre pendant quelques temps le quotidien de ces gens qui se battent là depuis plusieurs mois, certains.
01:26 Avec des moyens vraiment très réduits.
01:30 Avec une pression continue.
01:33 Les bombardements, les risques d'attaque aussi des russes qui peuvent faire des petites virées dans les tranchées adverses.
01:40 Et ce qui est choquant c'est quand on arrive on voit des gens souriants.
01:43 Des gens qui nous proposent un café, des gens qui parfois nous prennent en photo parce qu'ils sont surpris de voir un journaliste qui vient de France ou qui vient d'un autre pays.
01:52 Parce que ça a été très couvert.
01:54 Donc c'est assez surprenant.
01:56 On voit le côté moderne aussi, des gens avec leur smartphone, avec des drones.
02:00 Mais qui ont besoin d'aide, matériel notamment.
02:02 On sait que le président Zelensky, le président ukrainien a fait toute une tournée en Europe pour venir chercher de l'aide.
02:06 Vous l'avez constaté sur le terrain.
02:08 C'est primordial aujourd'hui si on le souhaite d'aider les ukrainiens dans leur victoire.
02:14 J'ai pas pu voir de matériel étranger, français en tout cas, chercher.
02:23 Mais c'était très compliqué.
02:25 Il y a du matériel américain, du matériel soviétique beaucoup.
02:28 C'est sûr qu'il y a des choses qui sont très vétustes.
02:31 Mais on voit que de l'autre côté c'est pareil.
02:34 Il y a toujours plus de chars détruits russes qui sont des chars soviétiques et pas vraiment russes.
02:38 Donc ça montre qu'on va chercher dans le stock.
02:40 Donc oui c'est évident qu'ils ont besoin d'aide.
02:46 Après c'est toujours une situation très compliquée.
02:49 Nous en tant que journaliste on ne prend pas partie de base, par principe.
02:52 Donc on observe, on regarde.
02:54 Mais c'est clair que quand on discute avec des gens dans des bars, dans une tranchée ou dans une rue,
03:01 les gens disent à la française "merci pour le matériel, donnez-en plus".
03:05 - Vous y retournerez en juillet en Ukraine en tant que journaliste.
03:09 C'est important. On rappelle qu'il y a un journaliste français qui est décédé il y a quelques jours, Armand Soldin.
03:13 32 ans, sans vous demander votre âge. Vous allez y retourner.
03:18 - J'ai 32 ans.
03:20 Et puis on s'est croisés en plus sur Chassiviar quelques minutes.
03:24 Parce qu'il était avec son équipe de l'AFP.
03:28 Dans cette ville de Chassiviar qui est à peu près 10 km de Barkhout.
03:32 On s'est croisés parce qu'en gros on passe notre temps à tourner en voiture avec notre fixeur
03:37 pour guetter quand il se passe quelque chose, un bombardement.
03:40 On reste pas trop au même endroit au même moment.
03:43 Enfin trop longtemps justement à cause de ces bombardements.
03:45 Et c'est vrai que c'est...
03:48 C'est dur d'imaginer, de voir ça quand on a croisé la personne juste derrière.
03:55 Et j'ai oublié la question.
03:59 - Mais vous y retournerez malgré tout parce que c'est votre métier.
04:02 - Exact. Après voilà, c'est très compliqué de travailler sur place.
04:05 L'armée ukrainienne bride beaucoup les journalistes.
04:09 On n'a pas accès à tout.
04:11 Justement Chassiviar est assez loin de Barkhout.
04:13 Mais c'est très compliqué d'aller dans des zones où...
04:16 Sur les premières lignes très actives.
04:19 Nous on a pu aller sur des premières lignes au sud de Zapohejia qui sont
04:23 moins actives que Barkhout parce que tout se cristallise autour de ça.
04:26 Mais c'est très compliqué.
04:28 - Merci beaucoup en tout cas d'être venu témoigner ce matin sur France Bleu et France 3 Occitanie.
04:32 Fred Mary, rédacteur en chef du magazine Défense Zone.
04:35 Je le remontre à la caméra où on retrouve notamment des photos de vos reportages et notamment en Ukraine.