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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 C'est Emmanuelle Ducrot d'abord, du journal L'Opinion, qui est avec nous pour une fois à distance, mais elle est là quand même. Bonjour Emmanuelle !
00:06 - Eh oui, elle est là, bonjour. Je regrette de ne pas être dans vos sphères ce matin.
00:11 - C'est pas grave, on est toujours bien sur Europe avec vous Emmanuelle.
00:13 Vous nous parlez immobilier ce matin, on se rappelle le 28 novembre dernier, Emmanuel Macron avait lancé un Conseil National de la Réformation,
00:21 consacré précisément à la pierre, au logement. Il faut dire que c'est quand même le sujet numéro un en matière de pouvoir d'achat pour les Français.
00:27 Alors, les conclusions de ce CNR Logement devaient être rendues le 9 mai. Affaire finalement remise au 5 juin, officiellement pour des problèmes d'agenda gouvernemental.
00:36 Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:37 - Les professionnels du secteur qui travaillent depuis des mois ont été prévenus quelques jours avant le report des conclusions du CNR.
00:44 Pas vraiment de raison autre que ces problèmes d'agenda. Alors la légèreté les a rendus absolument furieux, parce qu'il y a urgence.
00:51 Ils alertent depuis des mois sur la situation désastreuse du logement en France. En un an, on a enregistré 100 000 mal logés de plus,
00:58 100 000 demandeurs de logements sociaux en plus. Ça, ce sont les chiffres d'un professionnel du secteur. Le marché classique est à l'arrêt.
01:06 Il faudrait construire entre 250 et 500 000 logements neufs par an pour répondre aux besoins, selon le rythme des rénovations.
01:13 - Et quand on regarde les indicateurs, malheureusement, tout est au rouge, autant du côté de l'offre que de la demande. On ne construit pas assez.
01:21 - L'offre, d'abord, oui, effectivement, totalement grippée. En 2022, les ventes de logements neufs aux investisseurs particuliers ont reculé de 26%
01:28 et même de 40% au dernier trimestre. Les autorisations pour de nouveaux logements sont en chute. Tout se conjuque pour freiner les travaux.
01:36 La flambée des coûts de l'énergie, celle des matières premières, les pénuries de matériaux, de main-d'œuvre, le tout dans un environnement
01:42 de haute pression réglementaire avec des normes environnementales qui rendent toujours plus compliqué la libération du foncier.
01:48 La loi zéro artificialisation nette, par exemple, qui doit éviter l'étalement urbain. Le problème, c'est que dans les villes, les maires rechignent aussi à densifier le logement.
01:58 À la location, tout est également gelé, il n'y a rien qui va.
02:02 - Et du côté de la demande aussi, une bérésina s'annonce.
02:05 - Oui, parce que la hausse brutale des taux d'intérêt, au-dessus de 3% pour la première fois depuis 2014, plombe le pouvoir d'achat.
02:11 Le nombre de prêts a brusquement chuté de 40% en quelques mois. L'accès au marché devient de plus en plus difficile,
02:17 aussi bien pour les emprunteurs faiblement dotés que pour les ménages les plus aisés.
02:22 - Est-ce que c'est une catastrophe qui se profile à Emmanuel ?
02:24 - On peut même parler d'une bombe à fragmentation. La Fédération française du bâtiment prévoit 100 000 suppressions de postes d'ici à 2025,
02:31 si rien ne change. Ça, c'est le premier effet qui se coule. Le deuxième, c'est que le marché de la vente grippé, celui de la location,
02:40 qu'il est tout autant, on a les ingrédients d'une crise sociale type gilet jaune. Le logement, c'est la première préoccupation des Français.
02:48 - Oui, vous dites ce matin, Emmanuel, que le report des mesures par le gouvernement, en fait, c'est une faute politique.
02:53 - Oui, parce que tout retard dans le secteur du bâtiment et du logement se répercute pendant des mois.
02:58 C'est une crise qui s'enquiste quand on procrastine. Il faudrait des mesures choc de libération du foncier, une sécurisation des financements,
03:05 un assouplissement urgent de l'accès au crédit. Et ça, il en est question, par exemple, d'être plus souple sur le taux d'endettement.
03:11 Mais on n'a toujours pas d'accord sur ce point. Trouver un nouveau mécanisme d'incitation pour remplacer le dispositif Pinel, qui s'agébrera en 2024.
03:19 Il n'y a rien qui est prévu pour l'instant. Alors, toutes ces propositions étaient attendues dans le sillage des conclusions du Conseil national
03:25 de la refondation du logement. Eh bien, il va donc falloir attendre. Le gouvernement s'est mis tout seul un mois dans la vue pour des questions d'agenda.
03:33 Ça en dit long sur le degré de priorité accordé à un sujet aussi crucial que le logement.
03:38 Merci beaucoup Emmanuel Ducrox du journal l'Opinion.

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