Le Nouveau Passé-Présent : La tentation fasciste des républicains irlandais

  • l’année dernière
Tragique, héroïque, romantique, la lutte des nationalistes irlandais a suscité en France et dans le monde entier bien des soutiens et des adhésions. Mais à y regarder de plus près, une fois enlevée la cagoule des paramilitaires, la réalité de ce nationalisme irlandais apparaît bien plus clivante que ne le laisse supposer la légende romanesque. Ses références idéologiques sont bien davantage Marx et Guevara que Barrès, Maurras ou Perón. Ses modèles politiques se nomment Mandela ou Castro, ses alliés sont à rechercher du côté de l’ETA ou du PKK… Cette cause irlandaise n’a décidément plus rien à voir, aujourd’hui, avec un nationalisme enraciné, identitaire, social, attaché à une réalité historique. Mais il fut une période où les combattants nationalistes irlandais ont clairement cherché des appuis du côté de l’Allemagne nationale-socialiste, de l’Italie de Mussolini ou encore auprès de Salazar et Franco… C’est ce pan de 20 années d’une histoire oubliée que nous allons vous faire découvrir en compagnie de Sylvain Roussillon, auteur de l’étude "La tentation fasciste des républicains irlandais" parue aux éditions Ars Magna.
Transcript
00:00 *Musique épique*
00:02 *Musique épique*
00:04 *Musique épique*
00:32 Chers amis, téléspectateurs de TV Liberté, bonjour et bienvenue dans Passé-présent,
00:37 votre émission historique présentée en partenariat avec la Revue d'Histoire Européenne.
00:43 Revue d'Histoire Européenne dont le numéro 15 vient de sortir,
00:47 avec un gros dossier consacré à la guerre d'Indochine,
00:51 premier grand affrontement armé de la guerre froide opposant le monde libre à la poussée communiste.
00:57 Une guerre dont le déroulement sur le terrain fut dès le départ fragilisé par l'instabilité de la 4ème République,
01:04 l'absence de but clairement affichée, les hésitations de nos responsables politiques,
01:09 mais aussi par le poids électoral et l'agitation menée en France même par le Parti communiste.
01:15 Sans compter nos "alliés américains" qui menertent au bas mot vis-à-vis de la France une politique ambigüe.
01:22 Dans ce dossier, vous trouverez les articles des meilleurs spécialistes de ce conflit,
01:26 comme Charlie Porte, Ivan Kado, François Cochet, Marie-Danielle de Mélas,
01:30 ou encore Paul Villatou, Jean-Louis Tremblay et Marc Broussky.
01:33 Dans nos prochaines émissions, nous ne manquerons pas bien sûr d'évoquer cette guerre d'Indochine.
01:39 Mais en attendant, c'est en Irlande que nous allons nous rendre pour aborder un sujet peu connu,
01:44 à savoir la tentation fasciste des républicains irlandais.
01:48 Si toute une génération de militants de la droite nationale a été bercée par le geste romantique
01:53 de la lutte militaire des nationalistes irlandais, il faut bien avouer que leurs références idéologiques
01:58 penchent plus vers Che Guevara, Castro ou Nelson Mandela, l'OLP, le PKK ou le TA.
02:04 Il suffit pour s'en rendre compte de fréquenter quelques bars dans les quartiers populaires de Dublin
02:08 ou de se promener le long des murals, ces grandes fresques des quartiers catholiques de Belfast.
02:14 Mais il fut une période où les combattants nationalistes irlandais ont clairement cherché
02:18 des appuis du côté de l'Allemagne nationale socialiste, de l'Italie de Mussolini
02:22 ou encore auprès de Salazar et Franco.
02:25 Cette tentation fasciste est le sujet d'une très intéressante étude conduite par Sylvain Roussillon
02:32 et publiée aux éditions Ars Magna.
02:35 Sylvain Roussillon avec lequel nous allons nous entretenir aujourd'hui.
02:39 [Générique]
02:48 Sylvain Roussillon, bonjour.
02:50 Bonjour.
02:51 Nos téléspectateurs vous connaissent.
02:53 Vous étiez venu sur ce plateau nous parler il y a quelques mois
02:56 de la guerre américano-britannique de 1812.
02:59 Et là vous êtes en duplex de Saint-Etienne.
03:02 Merci de vous prêter à l'exercice.
03:05 C'est moins confortable qu'autour de cette table.
03:08 Alors l'Irlande, tout d'abord je vais vous demander un court rappel historique
03:12 sur les origines de l'Ira, du Sinn Féin.
03:15 C'est une histoire un peu compliquée, faite de scissions, de recissions, de séparations.
03:20 Est-ce que vous pourriez déjà, pour nos téléspectateurs,
03:23 nous remettre dans le contexte de l'Irlande des années 20-30 ?
03:28 Alors c'est une histoire effectivement un petit peu compliquée,
03:32 ne serait-ce que parce que la présence anglaise sur le sol irlandais est très ancienne.
03:38 Elle date de 1167 avec le roi Henry II d'Angleterre
03:44 qui est proclamé seigneur d'Irlande.
03:47 Vous voyez, ça remonte assez loin.
03:51 Et tout au long des siècles, l'histoire de l'Irlande est émaillée
03:55 d'un certain nombre de soulèvements, de protestations.
03:59 Mais le nationalisme irlandais qu'on peut qualifier de moderne, en fait,
04:04 prend sa source réellement dans les années 1880
04:09 avec la création d'un parti parlementaire irlandais
04:13 qui, dans un premier temps, d'ailleurs, ne réclame pas l'indépendance,
04:17 réclame simplement ce qu'on appelle le "home rule",
04:19 c'est-à-dire en fait une large autonomie de l'île d'Irlande
04:23 par rapport au Royaume-Uni.
04:25 Et puis ce courant finalement autonomiste, nationaliste modéré
04:33 est dépassé en 1905 par la création d'un mouvement qui s'appelle le "Schienfein",
04:40 ce qui veut dire, alors c'est du gaélique, ça veut dire "nous-mêmes".
04:44 Alors "nous-mêmes" pourquoi ? Parce que l'indépendance, nous la frontes nous-mêmes.
04:48 Voilà, c'est un petit peu le résumé.
04:50 Et le Schienfein est créé en 1905 par les ultras, on va dire,
04:55 de la cause nationaliste irlandaise, qui, eux, ne veulent pas entendre parler
04:59 d'autonomie arrangée, d'étape ou de transition,
05:04 ils veulent l'indépendance immédiate et complète.
05:07 Petite parenthèse d'ailleurs, c'est qu'à l'époque, le Schienfein,
05:12 c'est quelque chose que j'ai découvert en travaillant sur le sujet,
05:17 est en partie influencé par le nationalisme français,
05:21 notamment par Barès, par Grumont et dans une moindre mesure par Maurras.
05:28 C'est à souligner parce que c'est quelque chose qui ensuite a complètement disparu
05:35 pendant la première guerre mondiale.
05:37 Le Schienfein s'est détaché d'une certaine manière de ce modèle français-là,
05:41 mais à l'origine, dans la construction d'une idéologie nationaliste
05:46 et d'un modèle nationaliste, un certain nombre de penseurs français
05:49 ont joué leur rôle et ont parté leur pierre à l'édifice.
05:52 – Bien, alors pour eux, ensuite il y a la création de l'Irak,
05:57 qui est l'armée républicaine.
06:00 – Oui, alors là, je reviens à nouveau à tout ce qu'on a à dire.
06:03 – On va faire rapide, mais il faut arriver jusque dans les années…
06:06 – … qui prennent bien.
06:08 En fait, dès 1912-1913, un certain nombre d'organisations paramilitaires
06:16 voient le jour en Irlande, menées par les nationalistes,
06:20 des organisations paramilitaires légales.
06:23 La législation britannique autorise un certain nombre de groupes nationalistes
06:30 à générer leur propre organisation paramilitaire.
06:34 Il y a par exemple les riches volontaires force,
06:37 il y a les citoyens volontaires de l'Uster,
06:41 il y a les "Ibernian Rifle", c'est-à-dire les tirailleurs iberniens,
06:48 et l'ensemble de ces organisations participent au soulèvement de la PAC 1916,
06:54 qui est vraiment l'acte fondateur du militantisme armé
07:00 du côté des nationalistes irlandais.
07:03 Pour rappel, lors de la PAC 1916, ces différentes organisations
07:08 à l'initiative du Schienfein se soulèvent, notamment à Dublin, surtout à Dublin.
07:14 Il y a une semaine de combats désespérés contre les forces britanniques,
07:19 à l'issue desquelles les insurgés sont vacus,
07:23 c'est le fameux épisode de la grande poste centrale de Dublin,
07:27 où est proclamée la première république moderne d'Irlande.
07:31 À l'issue de ce soulèvement, qui à l'époque est largement incompris
07:37 par les masses irlandaises, qui estiment qu'en pleine guerre mondiale,
07:42 c'est une sorte de trahison de se soulever contre les britanniques.
07:47 Mais les britanniques réagissent de manière tellement maladroite
07:51 en frappant tout azimut le milieu nationaliste,
07:54 y compris les nationalistes modérés,
07:57 que les britanniques vont réussir l'exploit de retourner contre eux
08:01 l'opinion publique irlandaise.
08:04 En 1919, lors du début de la guerre d'indépendance irlandaise,
08:20 l'ensemble des organisations paramilitaires qui avaient participé
08:24 au soulèvement de la PAPE 1916 vont s'unir et constituer l'IRA,
08:30 l'armée républicaine irlandaise.
08:31 Donc l'armée républicaine irlandaise naît en 1919,
08:34 mais elle est le fruit de la fusion d'un certain nombre de groupes paramilitaires
08:38 qui ont été créés en 1912, 1913, 1914.
08:42 – Bien, alors pour en venir à notre sujet,
08:44 cette tentation fasciste comme vous l'écrivez,
08:47 ce n'est pas franchement dans les gènes de l'IRA,
08:50 qui à ses débuts est plutôt marxiste,
08:53 ou bien c'est un marxisme de circonstance
08:55 pour obtenir le soutien de la jeune république soviétique qui vient de naître ?
09:02 – Alors le nationalisme irlandais est influencé dès le début des années 1920
09:10 par un certain nombre de ses participants, de ses composantes,
09:15 qui sont plutôt issus des milieux syndicalistes,
09:18 des milieux socialistes irlandais, etc.
09:22 Donc c'est vrai que le nationalisme irlandais prend assez vite le pli
09:26 et effectivement l'orgue d'un regard intéressé, si je puis dire,
09:33 en direction de la jeune Union soviétique,
09:36 qui à l'époque, je le rappelle, tient un double discours,
09:40 à la fois internationaliste,
09:43 en expliquant que "prenez les terres de tous les pays, unissez-vous",
09:47 mais en même temps en défendant un certain nombre d'accès
09:51 à l'indépendance, de soutien au peuple.
09:54 Et d'une certaine manière, effectivement,
09:57 les nationalistes irlandais de l'époque se sentent assez proches
10:01 de cette conception de libération des peuples
10:06 telle qu'elle l'aurait présentée par l'Union soviétique.
10:09 Donc le nationalisme irlandais des années 1920,
10:13 dire qu'il est marxiste est peut-être un bien grand mot,
10:16 même s'il y a des marxistes à l'intérieur,
10:19 il est, on va dire, marxisant, soviétisant,
10:23 mais tout ça relève un peu plus, à mon avis, du vernis
10:28 que du réel enracinement idéologique.
10:32 À l'époque, l'Union soviétique apparaît davantage comme un allié potentiel
10:36 que comme un modèle idéologique.
10:38 Il est également catholique, ce qui nous paraît incompatible à l'époque.
10:43 Alors voilà, c'est-à-dire qu'il y a cette dichotomie,
10:47 mais toujours maintenant, je ne sais plus quel écrivain disait
10:51 en parlant des Irlandais et des Irlandais,
10:54 qu'on pouvait être athée tout en étant catholique,
10:56 parce qu'en fait, il y a une espèce d'enracinement culturel
11:02 qui fait que, tout en étant athée,
11:05 quand on est dans une famille catholique, on est culturellement catholique,
11:08 quand on est dans une famille protestante, on est culturellement protestant.
11:11 Voilà.
11:12 – Alors, on ne va pas refaire l'histoire de l'Irlande,
11:15 on va arriver rapidement dans les années, fin des années 30,
11:18 où l'Irak, qui est sous le commandement de Sean Russell,
11:22 déclare officiellement la guerre à l'Angleterre.
11:26 Ça se traduit par des campagnes d'attentats.
11:28 Quelle est la forme de cette guerre ?
11:31 – Alors, oui, c'est une guerre d'attentats.
11:35 À l'époque, l'Irak a, d'une certaine manière,
11:39 touché un peu le fond à la fin des années 30.
11:42 Ses effectifs sont extrêmement réduits.
11:45 On les estime aujourd'hui, c'est toujours compliqué,
11:47 quand on parle d'une armée clandestine,
11:49 on estime aujourd'hui que l'Irak compte à peu près, à l'époque,
11:53 2000 combattants clandestins, dont d'ailleurs la moitié est en prison.
11:59 Et Sean Russell estime que l'Irak,
12:04 alors là aussi on ne va pas refaire l'histoire du mouvement clandestin
12:07 et du nationalisme irlandais, mais il estime, avec une certaine raison,
12:12 que l'Irak est le seul représentant légal de la République irlandaise
12:16 proclamé lors de l'insurrection de la PAC 1916 à la grande poste de Dublin.
12:22 Fort de cette certitude, et un certain nombre de chefs nationalistes historiques
12:27 lui apportent son soutien dans cette démonstration,
12:30 fort de cette certitude, il estime que l'Irak est le seul gouvernement légal de l'Irlande.
12:37 Et à ce titre, effectivement, en 1939, il déclare la guerre,
12:41 en tant que gouvernement légal armé clandestin,
12:46 il déclare la guerre au Royaume-Uni.
12:49 Et c'est ce qui va s'appeler dans l'histoire militaire de l'Irak,
12:53 le plan S, qui est une stratégie de déstabilisation du Royaume-Uni
13:00 par une vague d'attentats commis sur son sol, dans les grandes villes,
13:04 notamment Londres, donc des attentats commis dans le métro,
13:08 des attentats commis dans la rue.
13:10 On est dans une vraie guerre terroriste, pour le coup.
13:15 – Alors cela intéresse bien sûr les Allemands,
13:17 qui rentrent en guerre eux aussi, contre la Grande-Bretagne.
13:21 Alors, on sait qu'il y avait déjà eu des contacts
13:23 pendant la Première Guerre mondiale,
13:25 mais avec les Allemands, avec l'Allemagne nationale socialiste,
13:27 est-ce que c'est une alliance objective, pragmatique ?
13:30 C'est-à-dire, en gros, les ennemis de mes ennemis sont mes amis,
13:33 ou bien c'est déjà idéologique ?
13:36 – Alors, c'est un peu des deux.
13:38 Alors, effectivement, vous faites bien de le rappeler,
13:40 il y avait déjà eu des contacts pendant la Première Guerre mondiale,
13:44 et notamment l'Allemagne avait livré quelques armes,
13:47 ou avait tenté de livrer quelques armes aux nationalistes irlandais,
13:51 notamment dans la perspective du soulèvement de 1916.
13:54 Là, des contacts sont pris par l'état-major de l'IRA,
13:58 dès 1937, avec les Allemands.
14:01 Des contacts un peu lâches, pas forcément suivis,
14:05 mais il y a quand même des échanges, de correspondances,
14:09 des rencontres discrètes qui se déroulent
14:12 entre les nationalistes irlandais de l'IRA et l'état-major allemand.
14:17 Et effectivement, les Allemands voient tout le parti qu'ils peuvent tirer
14:22 d'une organisation militaire clandestine,
14:24 décider d'y coudre avec le Royaume-Uni.
14:27 De la même manière, les nationalistes irlandais,
14:30 sous l'influence de Sean Russell, voient aussi tout l'intérêt qu'ils ont
14:34 à travailler avec un pays, avec une puissance continentale,
14:39 qui est à même de leur fournir des armes,
14:42 qui est à même de les accueillir dans des centres d'entraînement,
14:45 qui peut leur fournir, le cas échéant, des bases de repli.
14:50 Et je dirais que, dans un premier temps, c'est vrai qu'on peut dire
14:56 que cette alliance est un simple accord militaire
14:59 entre l'Allemagne Nationale Socialiste et l'IRA.
15:03 Mais Sean Russell est aussi, dans l'histoire des officiers supérieurs de l'IRA
15:11 et des commandants de l'IRA, il a une place un peu particulière
15:14 parce que c'est le premier, manifestement, qui fait montre,
15:19 dans ses écrits, dans un certain nombre de déclarations,
15:22 qui affiche très clairement un nationalisme, on va dire, un petit peu à l'ancienne,
15:26 c'est-à-dire qui rejette jamais complètement,
15:31 mais qui met quand même de côté un certain nombre d'oripos,
15:35 syndicalistes, révolutionnaires, socialistes, socialisants,
15:39 qui étaient l'apanage du nationalisme irlandais à l'époque.
15:42 Sean Russell peut apparaître comme le premier chef d'état-major de l'IRA
15:47 qu'on peut légitimement considérer comme étant, entre guillemets, de droite.
15:51 – Il a quand même des déclarations fortes.
15:54 Si les forces allemandes devaient atterrir en Irlande,
15:57 elles atterriraient comme amies et libératrices du peuple irlandais.
16:00 Ou bien si ça fait l'affaire de l'Allemagne de nous aider à obtenir la dépendance,
16:04 je suis prêt à l'accepter. Il s'engage quand même…
16:07 – Voilà, il s'engage assez fortement.
16:09 Alors, on ne peut décidément pas dire que Sean Russell soit un national socialiste
16:14 ou un nazi, mais Sean Russell n'est clairement pas un homme de gauche.
16:19 Et je pense que le choix qui est fait par Russell de se rapprocher de l'Allemagne
16:24 est un choix tactique, militaire, mais c'est aussi d'une certaine manière
16:28 un choix idéologique.
16:30 – On avait discuté lors de l'entretien pour préparer cette interview.
16:37 Il y a un point important que je voudrais soulever,
16:40 on va venir quelques années en arrière, c'est la présence en Espagne
16:45 d'un contingent irlandais auprès des forces franquistes.
16:50 Donc là il y a déjà une rencontre, si on veut, avec le nationalisme…
16:56 – Oui, alors effectivement, en fait, lorsqu'éclate la guerre civile en Espagne en 1936,
17:05 très rapidement, du côté des républicains, avec l'appui du Comintern,
17:12 se met en place une stratégie d'envoi de volontaires étrangers
17:15 pour défendre la République espagnole.
17:18 Et on va avoir un petit peu la même chose qui va se mettre en place
17:21 de manière beaucoup moins organisée, beaucoup moins structurée,
17:24 beaucoup plus artisanale, du côté des nationalistes espagnols et du général Franco.
17:29 Et une des stratégies ou une des initiatives en tout cas la plus organisée
17:35 vient d'Irlande, sous l'impulsion notamment du cardinal Macrory,
17:40 qui est primat d'Irlande, et qui demande à un ancien général de l'Ira
17:45 et à une Odefi de constituer une légion de volontaires irlandais
17:50 pour les défendre, ce qu'il considère comme étant la tradition catholique
17:55 attaquée par la République espagnole, de tradition plus libertaire, plus athée.
18:03 Et il y a environ 600 à 700 volontaires irlandais qui partiront,
18:10 notamment de Galway, et qui constitueront une bandera irlandaise
18:14 au sein du tercio espagnol, de la Légion étrangère espagnole,
18:18 au service de Franco.
18:20 Et donc effectivement il y a déjà ce premier contact,
18:24 mais je le rappelle, les premiers contacts entre l'advers allemande et l'Ira,
18:28 date de 1937, et là cette initiative d'envoyer des volontaires,
18:31 c'est à la fin de l'année 1936, donc on voit que, effectivement,
18:35 il n'y a pas de coïncidence dans les dates, l'un après l'autre.
18:40 – Alors il faut rappeler que pendant la seconde guerre mondiale,
18:43 l'Irlande est neutre, et quelle est l'opinion publique irlandaise ?
18:48 Est-elle neutre ? Elle soutient les alliés ? Elle soutient plutôt l'Axe ?
18:53 – Alors effectivement l'Irlande, ce qui constitue aujourd'hui
18:57 la République d'Irlande, donc la partie sud, est neutre,
19:01 c'est-à-dire ne prend pas part au conflit, tandis que la partie nord,
19:06 l'actuelle Ulster, l'Irlande du Nord, est partie intégrante du Royaume-Uni
19:11 et elle est concernée par le conflit. Mais dans la partie sud,
19:14 l'opinion publique irlandaise, elle n'est pas neutre,
19:18 et elle est majoritairement, très majoritairement,
19:22 le chef de l'État irlandais le reconnaîtra lui-même,
19:25 elle est très majoritairement pro-allemande.
19:28 Elle est pro-allemande tout simplement parce qu'elle est anti-britannique.
19:32 Et il y a un certain nombre de témoignages d'époque qui sont assez saisissants,
19:36 notamment ceux d'un journaliste américain qui se promène dans Dublin
19:42 et raconte ce qu'il voit dans Dublin, c'est-à-dire en fait,
19:46 les palissades qui sont recouvertes de croix gammées
19:50 et de slogans hostiles à la Grande-Bretagne.
19:53 J'ai aussi relevé dans ma brochure le témoignage de témoins de l'époque
19:59 en Irlande du Nord, qui signalent que chaque victoire allemande
20:03 est saluée dans les quartiers catholiques par des démonstrations
20:07 extrêmement bruyantes de joie, et que, très clairement,
20:13 la population catholique majoritaire au Sud et minoritaire au Nord
20:17 suit avec beaucoup d'intérêt la progression des armées allemandes,
20:21 pas tellement d'ailleurs par adhésion à l'idéologie nationale-socialiste,
20:24 mais parce que l'Allemagne lutte contre l'ennemi séculaire
20:28 qui est l'Angleterre, que sont les Anglais et les Britanniques.
20:32 – Alors, en février 40, on assiste à la création d'un nouveau parti,
20:37 le "Koranopoblachta", alors est-ce que c'est une dissidence de l'Ira
20:43 qui se fait déborder sous sa droite ?
20:45 Parce que, en gros, c'est un parti qui veut détruire
20:49 les institutions maçonniques, instaurer un gouvernement
20:52 sur une base corporatiste et fasciste, annonce-t-il ?
20:55 – Voilà, alors, l'Ira est une branche militaire du nationalisme.
21:01 Le "Koranopoblachta" pourrait davantage être présenté
21:05 comme une espèce de dissidence de droite de la mouvance du Schienfein,
21:10 de la mouvance républicaine politique.
21:13 Et effectivement, là, on est très clairement sur un mouvement politique
21:18 qui revendique sa proximité avec un certain nombre de régimes totalitaires
21:25 ou autoritaires européens de l'époque, notamment l'Italie musulinienne,
21:31 l'Espagne franquiste et le Portugal de Salazar,
21:35 et dans une certaine mesure aussi, l'Allemagne nationale-socialiste.
21:39 Donc, c'est un mouvement qui veut régénérer le nationalisme irlandais,
21:47 considérant que le nationalisme irlandais, d'une certaine manière,
21:51 depuis une vingtaine d'années, s'est abîmé dans des alliances
21:54 qui sont jugées contre nature.
21:56 Et ces alliances jugées contre nature, ce sont les alliances à gauche.
21:59 Donc voilà, le "Koranopoblachta" prend un virage nationaliste
22:04 bien différent de celui qui était pratiqué par les nationalistes irlandais
22:08 depuis une vingtaine d'années.
22:10 – Bien, alors, ce parti dispose d'un mouvement de jeunesse.
22:14 Alors là, le nom est parfaitement imprononçable,
22:17 je ne vais pas imposer ça à nos téléspectateurs.
22:19 Donc, ce mouvement de jeunesse fait très vite de la surenchère,
22:23 ce qui entraîne une scission et la création d'un nouveau mouvement,
22:26 dont je vous laisse dire le nom.
22:28 En français, ce sont les "Architectes de la Résurrection".
22:32 – Oui, alors, je ne suis pas…
22:34 Je vais demander à vos téléspectateurs gaélicophones de me pardonner aussi,
22:38 parce que je ne suis pas non plus… je ne pratique pas beaucoup le gaélique.
22:43 – On se refile la patate chaude, là, je suis désolé.
22:45 – Voilà, c'est des "Altyris na azerge", donc les "Architectes de la Résurrection".
22:50 – On va les appeler les "Altyris" pour…
22:52 – Les partis politiques irlandais sont toujours plein de poésie, encore maintenant.
22:57 Donc, voilà, c'est un mouvement qui, effectivement,
23:01 est encore plus radicalisé que le mouvement dont il est issu,
23:06 et qui, là, pour le coup, ne se sent pas…
23:11 c'est-à-dire, ne se sent pas proche des mouvements autoritaires,
23:16 ou il se sent frère de ces mouvements.
23:18 C'est plus simplement de la proximité, c'est vraiment de l'adhésion.
23:23 C'est un mouvement qui est très mal connu, y compris en Irlande, à l'heure actuelle.
23:29 Il y a très peu de textes le concernant.
23:32 C'est un mouvement sur lequel l'histoire irlandaise a fait, d'une certaine manière, un peu l'impasse.
23:37 Mais c'est un mouvement qui est passionnant, parce que, là, pour le coup,
23:43 les altiris cherchent à nouer des liens privilégiés avec l'Ira,
23:50 et l'Ira n'est pas insensible à l'approche des altiris les concernant.
23:56 On a notamment… il existe quelques rapports de police de l'époque
24:00 qui montrent que les altiris ont une stratégie de pénétration des milieux,
24:05 des prisonniers politiques de l'Ira, dans les différentes prisons
24:08 dans lesquelles ils sont incarcérés en Irlande,
24:11 en leur fournissant des colis, de la presse, etc.
24:15 Tout cela est très bien perçu par les prisonniers politiques irlandais,
24:19 mais c'est aussi très bien perçu par l'état-major de l'Ira.
24:23 Il y a un moment où l'Ira va songer, d'ailleurs, très sérieusement,
24:28 à se défaire complètement de son ancienne branche politique,
24:31 qu'est le Schinsfein, qui ne lui sert plus à grand-chose,
24:35 pour dire qu'aujourd'hui, le mouvement dynamique du nationalisme irlandais
24:38 sur le plan politique, ce sont les altiris, les architectes de la résurrection,
24:42 et c'est sur eux que nous allons nous appuyer.
24:45 Et il faut noter que, d'ailleurs, ce mouvement qui revendique
24:50 une filiation assez forte avec le fascisme italien
24:54 et le nationalisme socialiste allemand, va attirer en son sein
24:58 un certain nombre de personnalités nationalistes de la gauche irlandaise
25:04 qui ne vont pas hésiter à franchir le pas et à se rapprocher des altiris.
25:09 Il convient notamment de citer une femme, Kathleen Clark,
25:14 qui est une ancienne militante historique de l'Ira,
25:18 qui a appartenu à l'aile gauche du Schinsfein,
25:22 qui a milité dans cette aile gauche, qui a même occupé des fonctions électives,
25:26 qui a été députée, qui est la première femme à être maire de Dublin
25:31 jusqu'en 1941, et qui, après son mandat de maire de Dublin,
25:36 annonce son ralliement aux altiris.
25:39 On voit qu'il y a quand même un certain nombre de personnalités
25:43 de la scène politique irlandaise qui ne sont pas insensibles
25:47 à cette orientation du nationalisme irlandais
25:50 qui est incarnée par les altiris.
25:55 – La ligne politique, ce sont des nationaux catholiques,
25:58 un peu à la Franco ou à la Salazar ?
26:01 – Alors pas uniquement, on a aussi des nationaux catholiques,
26:06 effectivement on vous le dit bien, à la Salazar ou à la Franco,
26:10 qui restent les deux grands modèles nationals catholiques
26:13 sur le continent à cette époque, mais on a aussi des personnalités
26:17 dont le passage est beaucoup plus étonnant à comprendre,
26:24 parce que ce sont des personnalités qui viennent réellement
26:26 de la gauche irlandaise, de la gauche nationaliste irlandaise,
26:29 et qui n'hésitent pas à franchir le pas, on va dire,
26:32 parce que les altiris représentent aussi une forme de radicalité
26:35 dans le nationalisme qui, à l'époque, a été abandonné
26:38 par le Sinn Féin et par les autres mouvements.
26:40 Et pour ces personnalités de la gauche nationaliste
26:43 qui sont sur des positions nationalistes radicales,
26:47 c'est-à-dire qui veulent l'indépendance, la réunification de l'île,
26:50 ici et maintenant, sans négociation, y compris par la violence,
26:54 les altiris représentent le discours politique
26:59 qu'ils attendent de la part de nationalistes conséquents.
27:03 – Bien, et les Allemands dans tout ça, est-ce qu'ils continuent
27:06 à avoir des contacts ? Je sais qu'il y a des envoyés de l'Apver,
27:10 notamment un certain Hermann Goertz, vous allez nous en parler,
27:15 mais est-ce qu'il y a des projets militaires,
27:17 voire des projets de débarquement ?
27:19 – Oui, alors effectivement, Sean Russell, le chef d'état-major de l'Irak,
27:25 qui finalement a mis en place et accompagné ces stratégies,
27:29 meurt dans des conditions non élucidées en août 1940,
27:35 alors qu'il aborde un sous-marin allemand au large des côtes de l'Irlande,
27:40 il rentre d'un camp d'entraînement en Allemagne,
27:44 un camp d'entraînement de l'Apver,
27:46 il meurt dans des circonstances peu claires,
27:50 mais on pense qu'on peut dire aujourd'hui, sans tellement de risque de se tromper,
27:54 qu'en fait, il semblerait que les causes de son décès, c'est tout à fait naturel,
27:58 et là, pendant un temps, il y a un petit flottement au sein de l'Irak,
28:02 qui vient de perdre son chef d'état-major,
28:04 mais qui est remplacé par un certain Stephen Hayes en 1941,
28:09 et Hayes lance ce qu'on appelle, avec l'aide des Allemands,
28:13 un plan intitulé le plan Kettling,
28:16 qui vise à mobiliser en République d'Irlande et dans la partie nord de l'île,
28:21 c'est-à-dire en Ulster,
28:23 quelques milliers de combattants de l'Irak,
28:26 à l'époque, les effectifs de l'Irak ont considérablement pris du poil de la bête,
28:32 et l'Irak à l'époque estime pouvoir mobiliser entre 15 et 20 000 combattants,
28:38 qui prendraient les armes en appui d'un débarquement allemand
28:43 aux alentours de London Derry,
28:48 pour marcher sur Belfast,
28:50 et neutraliser à Belfast deux points stratégiques,
28:54 le port de Belfast bien sûr,
28:56 et puis l'aéroport militaire de Long Kesh,
28:58 Long Kesh pour la petite histoire, c'est là où plus tard, dans les années 70,
29:02 les autorités britanniques installeront la fameuse prison
29:06 où seront détenus la plupart des républicains nationalistes irlandais,
29:10 c'est là où Bobbysand trouvera la mort après sa grève de la faim,
29:14 et à l'époque c'est une base militaire de la Royal Air Force,
29:17 qui est suffisamment éloignée de l'Allemagne
29:22 pour être relativement à l'abri, relativement débombardement allemand,
29:27 et donc l'idée lancée par la nationaliste irlandais,
29:32 c'est d'avoir une action combinée d'une force de débarquement allemande,
29:37 et d'une mobilisation de l'Ira,
29:39 pour finalement s'emparer de la partie nord,
29:42 et démontrer des infrastructures militaires britanniques.
29:45 Alors évidemment cette opération n'aura jamais lieu,
29:48 mais elle est jugée quand même suffisamment intéressante pour les allemands,
29:51 pour qu'ils envoient sur place un certain nombre d'officiers traitants,
29:55 pour se mettre en rapport avec les autorités clandestines de l'Ira,
30:01 et voir avec elles de quelle manière on peut mettre en place ce fameux plan Kettlin.
30:10 Et le fameux Goertz, pour revenir à lui,
30:14 puisque c'était l'objet de votre question,
30:16 effectivement sera emprisonné en 1945,
30:22 emprisonné par les autorités irlandaises et remis aux autorités britanniques,
30:28 il fera quelques mois de prison et décèdera sur le sol irlandais en 1947.
30:36 Et ses obsèques sont pris en charge par l'Ira et par le courant nationaliste irlandais,
30:42 qui donne lieu à des manifestations populaires assez importantes à Dublin,
30:48 et assez improbables,
30:50 puisque son cercueil est recouvert d'un grand drapeau à croix gammée,
30:54 et qu'on voit sur les photos d'époque toute une foule d'irlandais
31:00 qui s'agenouille au passage du cercueil,
31:03 assez surprenant pour des images, je le répète, prises en 1947 en Europe.
31:08 Effectivement, parce que, je le rappelle, le 3ème Reich a capitulé en mai 1945.
31:13 Alors, quelles sont les conséquences en Irlande,
31:17 notamment dans les élections qui suivent cette capitulation ?
31:21 Alors, il y a deux faits que je voudrais citer par rapport à la capitulation allemande,
31:26 parce que ça illustre bien l'état d'esprit aussi, d'une certaine manière,
31:30 d'une partie de la population irlandaise à l'égard de l'Allemagne,
31:34 et par contre-coup, entre eux, à l'égard du Royaume-Uni.
31:38 D'une part, le 8 mai 1945, lorsque l'annonce de la capitulation allemande
31:44 est connue partout dans le monde, et notamment à Dublin,
31:48 eh bien à Dublin, il n'y a pas que des scènes de liesse,
31:54 et il y a une nuit d'émeute dans Dublin,
31:58 parce que les étudiants, pour beaucoup, protestants et anglophones du Trinity College,
32:08 célèbrent la défaite de l'Allemagne en arborant des grandes rapports britanniques,
32:13 et ça génère par contre-coup une réaction des milieux nationalistes à Dublin
32:19 qui attaquent Trinity College, qui brûlent les drapeaux britanniques.
32:24 L'émeute se propage à un certain nombre de quartiers nationalistes dans Dublin,
32:29 et on a là finalement une protestation anti-alliée en plein cœur de l'Europe en 1945.
32:39 Des émeutes moins graves se reproduiront à l'annonce de la capitulation du Japon, à Dublin.
32:46 Et puis ce qui se passe, c'est qu'il y a effectivement des élections locales partielles
32:52 qui se déroulent en juin 1945 en Irlande,
32:59 et alors que partout dans le monde, surtout en Europe,
33:02 l'ensemble des mouvements fascistes, fascisants, etc.
33:06 disparaissent complètement pour un certain nombre d'années,
33:09 on a un peu le phénomène inverse en Irlande,
33:12 où les Altairis, le mouvement dont on a précédemment parlé,
33:17 réalisent une mini-percée électorale en obtenant un score non négligeable pour l'époque,
33:24 compte tenu de la situation de voix, et en décrochant leurs premiers élus locaux,
33:30 notamment dans des villes comme Cork ou comme Drogheba dans le nord.
33:35 À Drogheba d'ailleurs, pour la petite histoire,
33:38 l'élu des Altairis qui voit sa victoire dans cette importante commune du nord de l'Irlande
33:48 se fera remarquer lors de l'installation du conseil municipal
33:54 en réclamant une minute de silence à la mémoire de Mussolini.
33:57 Voilà l'ambiance du moment.
34:00 – Oui donc effectivement, c'est surprenant par rapport à tout ce qui se passe dans le reste de l'Europe.
34:04 Mais alors on se rend compte que finalement,
34:06 ce mouvement des Altairis se désagrège assez rapidement.
34:10 Est-ce qu'on a une explication ?
34:12 – Il se désagrège très rapidement en quelques semaines,
34:15 tout simplement parce qu'ils ont réussi un petit coup électoral
34:19 et se pose alors la question en interne de "que faire",
34:23 la fameuse grande question que tous les politiques se posent depuis Lénine,
34:29 le fameux "que faire".
34:31 Et là il y a deux stratégies qui s'opposent,
34:34 une stratégie visant à s'allier avec la droite nationale irlandaise
34:39 et finalement à devenir une composante ultra-nationaliste de cette droite nationale
34:45 où, et c'est la solution qui a été choisie par le leader des Altairis à l'époque,
34:51 finalement devenir de manière officielle la façade politique de l'Ira.
34:57 Et le mouvement va se déplacer très rapidement sur ces deux options.
35:01 Et une grande partie des militants et des cadres choisissant finalement
35:09 la solution électoraliste en intégrant les milieux de la droite nationale irlandaise.
35:16 Donc le mouvement va survivre et vivoter jusqu'à la fin des années 40, début 50.
35:25 Le journal va subsister lui jusque dans les années 70,
35:28 mais en tout cas c'en est fini de la grande époque ou de la semi-grande époque des Altairis.
35:34 – Donc est-ce qu'on peut dire qu'à ce moment-là l'Ira reprend la main du combat nationaliste ?
35:40 – Alors l'Ira reprend la main effectivement du combat nationaliste,
35:44 d'autant plus qu'elle intègre en son sens un certain nombre d'anciens des Altairis.
35:49 Et puis en 1949 sous l'impulsion de son nouveau chef d'état-major,
35:52 un dénommé Tony Magan qui est un agriculteur qui a vendu sa ferme
35:59 et qui a fait don de la somme d'arbre à l'organisation militaire
36:03 pour lui permettre d'exister, d'acheter des armes et de redémarrer une stratégie armée.
36:08 Tony Magan qui est très anticommuniste, il a des déclarations à l'époque
36:12 qui sont assez fermes sur le sujet.
36:15 Donc Tony Magan intègre des Altairis au sein de l'organisation, au sein de l'Ira.
36:19 Et on peut dire qu'à ce moment-là, oui, le nationalisme radical irlandais
36:24 est repris complètement par l'Ira.
36:27 Alors Tony Magan est véritablement celui qui permet à l'Ira de ressusciter
36:35 après les années difficiles, après les années 40
36:38 qui ont été un peu complexes pour l'organisation.
36:41 Il va lui se rapprocher du Schindlein et faire du Schindlein finalement
36:50 une espèce d'outil politique au service de l'Ira.
36:53 Donc en 1956, sous l'impulsion de Tony Magan, l'Ira lance une nouvelle campagne militaire,
36:58 la Border Campaign, la campagne de la frontière,
37:02 qui vise à introduire grosso modo 4 commandos de 50 combattants chacun
37:08 pour se livrer à des attentats et à des attaques armées
37:11 sur un certain nombre de cibles de l'armée britannique ou de la police nord-irlandaise.
37:16 Et voilà, donc cette campagne ne se soldera pas par une victoire de l'Ira,
37:26 ça se serait su, mais en tout cas, elle permet à l'organisation militaire
37:30 de revenir un petit peu sur le devant de la scène.
37:33 Mais paradoxalement, Tony Magan, qui a nettoyé un certain nombre de...
37:41 qui a coupé beaucoup de têtes au sein de l'organisation militaire,
37:44 de vieux cadres qu'il jugeait trop socialisants, trop proches de la gauche,
37:48 n'a pas vu que parmi les jeunes officiers de l'Ira,
37:52 il y avait une montée en puissance de jeunes officiers
37:55 qui étaient littéralement fascinés par les luttes anticoloniales,
37:59 les luttes de décolonisation, les luttes de libération des peuples,
38:02 qui démarrent un peu partout dans le monde à la fin des années 50 et dans les années 60,
38:07 et qui, non seulement, vont adopter les méthodes militaires de ces groupes de libération un peu partout,
38:14 mais qui vont aussi adopter l'idéologie de ces groupes.
38:19 Et Magan sera à son tour débarqué par ces jeunes officiers en 1961,
38:27 et le nouveau virage à gauche, pour le coup, voir à l'extrême gauche,
38:32 du nationalisme irlandais via l'Ira se produit au début des années 60
38:38 sous l'impulsion de ces jeunes officiers, de cette génération de jeunes officiers révolutionnaires
38:44 que Magan a suscité, mais qu'il n'a pas su maîtriser.
38:47 – Donc finalement, les idoles de Vienne, c'est plus Franco ou Salazar,
38:51 mais c'est Che Guevara, Kadhafi ou Rafat.
38:54 – Exactement, ce qui est d'ailleurs très visible aujourd'hui encore,
38:59 on se rend dans un certain nombre de secteurs et de quartiers nationalistes en Irlande du Nord,
39:05 le Boksaïd à Adéry ou les Fols à Belfast,
39:10 où on voit bien que les références aujourd'hui du mouvement nationaliste irlandais
39:15 sont des références tirées des luttes contemporaines ou modernes,
39:22 Che Guevara, Ocellan du PKK, etc.
39:27 – Déjà, ça va être effectivement la question de la fin, qu'en est-il aujourd'hui ?
39:33 Est-ce que c'est toujours Che Guevara, Ocellan,
39:36 parce que là ça commence à être un peu daté aussi Che Guevara,
39:39 qu'en est-il aujourd'hui de la vision politique de l'Ira et du Sinn Féin,
39:44 qui je rappelle a gagné les élections en 2022 en Irlande du Nord ?
39:50 – C'est ça, alors le Sinn Féin aujourd'hui est le principal parti
39:57 qui véhicule l'idéologie progressiste et l'idéologie houthiste en Irlande,
40:01 que ce soit au Nord comme au Sud.
40:04 Quant à l'Ira, à la suite des accords de paix du vendredi saint en 1998,
40:11 elle a formellement déposé les armes,
40:14 même si un certain nombre de groupes républicains dissidents
40:17 continuent de manière assez périodique,
40:20 et encore maintenant, à se livrer à des actions violentes,
40:25 à des actions terroristes.
40:27 On peut citer pelle-mêle la réelle Ira, la continuité Ira, etc.
40:33 Aujourd'hui, on peut dire que d'une certaine manière,
40:38 la résistance au wauquisme, la résistance à toute cette idéologie
40:42 Black Lives Matter en Irlande du Nord n'est malheureusement plus le fruit
40:47 ni du Sinn Féin ni de l'Ira, mais davantage des groupes protestants
40:52 et de petits groupes catholiques qui sont marginaux
40:56 par rapport au Sinn Féin et à l'Ira, mais qui méritent d'être mentionnés,
41:00 notamment le principal d'entre eux, le groupe Ahuntu,
41:04 qui veut dire "unité", qui est une dissidence du Sinn Féin,
41:08 qui est un petit mouvement qui dispose quand même de quelques élus
41:12 au Nord comme au Sud, et qui, à mon sens, mérite d'être suivi
41:17 avec intérêt par les observateurs de la vie politique irlandaise,
41:21 parce que là, on a véritablement une alternative très minoritaire encore,
41:26 mais en tout cas une vraie alternative nationaliste irlandaise
41:30 à un Sinn Féin et à une Ira qui sont complètement bouffés de l'intérieur
41:35 par le progressisme et l'idéologie woke.
41:38 – Bien, Sylvain Houssillon, merci infiniment, c'était très très intéressant.
41:42 Je rappelle la liste de vos ouvrages, donc il y avait "L'autre 1812",
41:46 la seconde guerre d'indépendance américaine
41:49 pour laquelle vous étiez venu sur ce plateau.
41:52 Vous avez écrit également "Les Brigades internationales de Franco"
41:55 chez Via Romana en 2012, "L'épopée coloniale allemande"
42:00 chez Via Romana en 2021, il faudra qu'on en parle d'ailleurs,
42:03 vous reviendrez sur ce sujet.
42:05 Et puis "Les fascismes russes entre 1922 et 1945",
42:09 "Vie et mort d'une mouvance en exil".
42:13 Et donc je remonte la petite brochure, l'étude que vous avez faite
42:17 sur la tentation fasciste des républicains irlandais aux éditions Ars Magna.
42:22 On peut la trouver en la commandant sur le site d'Ars Magna, je suppose ?
42:26 – Oui, oui, tout à fait.
42:28 – Sylvain, merci infiniment et à une prochaine fois.
42:31 – Merci à vous, au revoir.
42:33 – Au revoir.
42:34 Donc merci à Sylvain Roussillon, nous allons maintenant retrouver
42:38 Christopher Lanne et "La Petite Histoire", en attendant n'oubliez pas de cliquer
42:42 sur le pouce levé sous la vidéo et de vous abonner à notre chaîne YouTube.
42:46 Merci et à bientôt.
42:48 [Générique]
42:58 C'est un épisode méconnu de notre histoire. En même temps, au rythme où vont les choses,
43:01 bientôt c'est notre histoire toute entière qui sera un fait méconnu de notre histoire.
43:05 Mais bref, en 1796 puis 1798, des Français ont débarqué en Irlande
43:10 pour aider les insurgés et tenter de libérer le pays de l'occupation britannique.
43:15 Oui, dès qu'il est question d'emmerder un peu les Anglais, nous on a toujours été inspirés.
43:19 Si la première tentative a été un désastre, la seconde, bien qu'insuffisante,
43:22 aura tout de même permis d'infliger quelques sueurs froides aux buveurs de thé.
43:26 Aujourd'hui encore, cette expédition reste très présente dans le souvenir des Irlandais.
43:30 C'est pour eux et pour nous un épisode ô combien symbolique des liens d'amitié
43:34 qui unissent nos deux nations.
43:36 [Générique]
43:51 L'expédition d'Irlande se passe en deux temps.
43:53 Le premier en 1796, qui est un désastre, je l'ai dit,
43:56 et le second, deux ans plus tard, en 1798.
43:59 Et je m'excuse par avance, pour cet épisode, je suis un peu malade et je pense que ça se voit.
44:02 Et que ça s'entend aussi.
44:03 Nous sommes alors après la Révolution, sous le Directoire,
44:06 et l'objectif de la Première République, c'est d'assister la Société des Irlandais Unis,
44:11 qui est une organisation révolutionnaire, inspirée du modèle français contre le pouvoir britannique.
44:17 Alors, durant l'hiver 1796, on organise une grande flotte qui transporte 15 000 hommes,
44:22 commandés par le général Hoch en personne,
44:25 en vue d'un débarquement en Irlande, dans la baie de Bantry.
44:28 Sauf que, comme je l'ai dit, l'opération est lancée pendant l'hiver,
44:31 et cet hiver 1796-1797 présente les plus fortes tempêtes de tout le XVIIIe siècle.
44:38 Du coup, la flotte française, qui en plus est mal préparée et mal dirigée,
44:41 se retrouve rapidement dans une situation critique.
44:44 Un navire fait naufrage dès le début de l'opération, causant de nombreux morts,
44:49 et beaucoup d'autres se perdent et se dispersent.
44:51 Quant au reste de la flotte, il arrive bien à atteindre les côtes irlandaises,
44:55 mais les conditions météorologiques sont catastrophiques, impossibles de débarquer.
45:00 Et après plusieurs jours d'incertitude, la flotte se disperse.
45:04 Certains navires rentrent à Brest, d'autres sont capturés par les Anglais.
45:08 Bilan de cette première expédition d'Irlande, enfin tentative d'expédition,
45:12 12 navires perdus, des prisonniers de guerre, et surtout la mort de 2000 hommes.
45:17 Quand je vous disais que c'était un désastre, je ne plaisantais pas,
45:20 et ce n'est même pas les Anglais qui nous ont tenus en échec,
45:23 ce sont uniquement les conditions météo.
45:25 Mais les Français n'ont pas dit leur dernier mot sur les insistances du chef irlandais
45:30 Theobald Wollstone, le directoire va organiser une seconde expédition en 1798,
45:37 plus petite celle-là.
45:38 Mais ce n'est pas la taille qui compte, enfin ça dépend pourquoi,
45:41 le 6 août 1798, trois frégates embarquent un peu plus de 1000 hommes
45:46 et quittent Rochefort, direction l'Irlande.
45:49 Ils échappent à la flotte britannique, et ensuite la petite escadre parvient sans encombre
45:55 à débarquer dans le nord-ouest de l'Irlande le 22 août.
45:59 Les Irlandais sont en joie, les Français sont enfin là.
46:02 Sur place, le capitaine français Jobby relate dans son journal
46:06 la vie misérable des populations locales, il écrit, je cite,
46:10 "Les hommes, les femmes, les enfants, presque nus, n'ont d'autre asile qu'une étroite
46:14 et pauvre chaumière qui ne les met pas à couvert des rigueurs des saisons.
46:18 Leurs aliments sont des pommes de terre, du lait aigre, presque jamais de pain
46:22 et rarement de la viande.
46:24 Cette classe du peuple irlandais qui est la plus nombreuse offre un contraste révoltant
46:29 avec la vie douce des protestants anglais qui presque tous possèdent de grandes richesses."
46:35 Quelle surprise.
46:36 Enfin bref, les opérations terrestres peuvent commencer, alors je l'ai dit,
46:39 1000 hommes plus quelques centaines puis milliers d'insurgés irlandais,
46:43 eh bien c'est pas grand chose, mais ils vont quand même pas mal se débrouiller, vous allez voir.
46:47 Le site sur lequel ils débarquent est plutôt isolé, donc ça se passe sans encombre le débarquement.
46:52 Ensuite, qui l'a là, la première petite ville sur leur chemin est rapidement prise
46:56 puisqu'elle n'est gardée que par 200 soldats anglais.
46:59 Ensuite, c'est au tour de la petite ville de Balina de tomber malgré la présence de cavaleries.
47:05 Suite à ces petits succès consécutifs, les volontaires irlandais vont rejoindre de plus en plus l'armée française
47:11 et face à cela, le Lord Cornwallis, donc l'anglais, commence à s'inquiéter et réclame des renforts à Londres.
47:18 Mais en attendant, il va devoir faire avec ce qu'il a alors que 2000 français et irlandais
47:22 se dirigent désormais vers la ville de Castelbach.
47:26 Et là, même sans renforts, les britanniques sont plutôt confiants
47:30 puisque à Castelbach, ils ont 6000 hommes avec une douzaine de canons et un très bon approvisionnement.
47:37 Alors forcément, ils attendent les français de pied ferme.
47:40 Et pourtant, c'est là que ça va devenir drôle.
47:42 Quand les franco-irlandais arrivent à Castelbach, ce n'est pas du tout par là où les anglais les attendaient.
47:48 Sur les conseils des irlandais, qui connaissent évidemment très bien la région,
47:52 les français sont passés par un chemin jugé impraticable, surtout avec de l'artillerie.
47:58 Mais impossible n'est pas français.
47:59 Nous sommes le 26 août 1798 et la bataille de Castelbach commence.
48:04 Dans les rangs anglais, c'est déjà la consternation.
48:07 Comment les français ont-ils fait pour arriver par l'ouest ?
48:10 Bref, il faut vite déplacer les canons.
48:13 Il y a 6h du matin, le combat commence.
48:15 Face à l'artillerie, les grenadiers français du général Sarrazin font des miracles
48:19 tandis que 43 hommes commandés par le capitaine Louis de Crestou
48:23 prennent les anglais à revers et capturent tout un régiment.
48:27 Les anglais s'effondrent rapidement et les tuniques rouges s'enfuient dans un désordre total,
48:32 abandonnant tous leurs fusils, leurs canons et même les bagages de leur général.
48:37 La panique était telle dans les rangs que les anglais, qui n'étaient même pas poursuivis,
48:41 n'ont pas arrêté de courir avant d'atteindre la ville de Tuam, située à plusieurs kilomètres.
48:47 Et c'est pourquoi, grâce à cette fuite ridicule,
48:50 les irlandais surnomment la bataille de Castelbach la "Course de Castelbach".
48:56 Je vous avais dit que ça allait être marrant.
48:57 D'ailleurs, il faudra l'arrivée du Lord Cornwallis en personne avec son armée et ses renforts
49:02 pour que les anglais s'arrêtent de courir, c'est pour vous dire.
49:04 Et oui, c'est fini les irlandais avec des fourches, maintenant tu as des français face à toi, mon gars !
49:08 Bref, après ce succès spectaculaire, les franco-irlandais poursuivent leur route
49:13 et enchaînent avec une autre victoire à la bataille de Colounais.
49:17 Malheureusement, cette débandade générale chez les anglais a assez duré
49:21 et les renforts britanniques sont maintenant arrivés.
49:24 A la bataille de Ballynamook, les français font face à près de 30 000 britanniques.
49:30 Et ce qu'on peut dire encore, c'est que ici, malgré la disproportion totale entre les forces,
49:36 je l'ai dit, près de 30 000 anglais font face à 2 à 3 000 franco-irlandais,
49:41 eh bien les français ne se laissent pas impressionner le moins du monde.
49:44 Un parlementaire britannique est envoyé, il s'adresse en ces termes aux français,
49:49 "Vous nous avez battus plusieurs fois, vous avez fait de grandes marches en présence de notre armée,
49:53 vous avez fait assez pour votre gloire.
49:56 Et Lord Cornwallis, qui vous rend justice, vous traitera avec tous les honneurs dus à des braves comme vous,
50:02 si vous voulez vous en remettre à sa foi."
50:05 Donc voilà, vous pouvez vous rendre avec les honneurs, c'est très bien, il n'y a pas de honte.
50:09 Mais si, monsieur, il y aura toujours une honte, même à 1 contre 1 000, à se rendre contre des anglais.
50:15 Bon, ça, c'est moi qui l'ai ajouté.
50:16 Mais c'est un peu ça quand même dans la réponse du général Sarrazin.
50:19 Je vous lis sa réponse. "Monsieur, dites à Lord Cornwallis que nous n'avons point encore rempli la tâche
50:24 que notre gouvernement nous a imposée, que nous sommes jaloux de continuer de mériter son estime
50:30 et de fixer les regards de l'Europe sur notre entreprise, ainsi que nous ne pouvons, sans nous déshonorer,
50:37 accepter ses offres."
50:38 Voilà une réponse de français.
50:40 Enfin, finalement, après une défense acharnée, les britanniques finissent logiquement par l'emporter
50:45 et les français sont faits prisonniers.
50:48 Seulement les français, car là aussi, c'est très caractéristique.
50:51 Les français sont très bien traités avec les honneurs et tout et tout,
50:55 tandis que les irlandais, ils sont massacrés jusqu'au dernier à même le champ de bataille.
51:00 Voilà comment les anglais traitent les irlandais, et après, on se demande pourquoi ils les détestent autant.
51:04 Et pour les français, preuve que le traitement a été totalement différent,
51:07 écoutez ce qu'écrit le général Fontaine.
51:10 "Nous reçûmes tous de sa part les marques du plus grand intérêt,
51:13 40 hommes qu'on nous donna pour escorte avaient plutôt l'air d'une garde d'honneur
51:17 que d'un détachement qui conduisait des prisonniers.
51:20 Arrivé dans cette ville, nous y fûmes traités avec distinction,
51:23 il y avait une illumination générale, un repas magnifique était préparé,
51:27 plusieurs personnages de la plus haute importance y assistèrent."
51:30 Les mecs, on dirait qu'ils sont tout heureux d'avoir enfin eu des adversaires face à eux.
51:34 Dernière anecdote marquante, après la bataille de Balinamook et donc la défaite des français,
51:40 le général anglais s'adresse au général Imbert et lui demande "Où est votre armée ?"
51:46 Le général Imbert se tourne vers la poignée de soldats qui lui reste,
51:50 et il rétorque à l'anglais "La voici toute entière."
51:53 L'anglais lui demande "Et que comptiez-vous faire ?"
51:56 Et là, le général Imbert, tout en sérénité, lui répond "Aller à Dublin
52:01 et briser les fers d'une nation qui souffre sous votre joue."
52:04 Alors l'anglais rétorque "Voilà bien une idée qui ne pouvait sortir que d'une cervelle française."
52:10 Et c'est tout l'intérêt de cet épisode historique, je pense.
52:13 C'est une guerre perdue d'avance, mais ô combien symbolique.
52:17 Une guerre pour l'honneur, une guerre pour emmerder les anglais, bref, une guerre à la française.
52:23 Aujourd'hui encore, l'intervention française est célébrée en Irlande.
52:26 D'ailleurs, dans leur histoire, l'année 1798 s'appelle tout simplement "année des français".
52:32 C'est pas beau, ça ? Finalement, ça aura été un échec.
52:34 Oui, c'est évident.
52:35 A cette époque, le directoire et un certain général Bonaparte étaient bien plus intéressés
52:40 par la campagne d'Egypte que par celle d'Irlande.
52:44 Donc aucun renfort n'est arrivé, même si le général Imbert en a beaucoup demandé.
52:48 Mais néanmoins, ça a marqué l'imaginaire irlandais, ça a renforcé l'amitié entre nos deux nations.
52:54 Ça a montré à quel point la France pouvait faire preuve de panache,
52:58 même sans aucun moyen ou avec peu de moyens.
53:01 Et ça a montré aussi combien le soldat français était craint et respecté.
53:05 Moi, j'aime bien cette histoire.
53:07 Sous-titrage Société Radio-Canada
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