Ils apportent du matériel médical et des ambulances en Ukraine. Les bénévoles de l'association iséroise "Pompiers Humanitaires Solidaires" (PHS) ont déjà effectué quatre voyages pour aider les Ukrainiens, soit à la frontière roumaine, soit dans les zones de guerre. Ils en préparent un cinquième. Ces initiatives ne sont pas neutres en émotions pour les Isérois qui se rendent dans ces lieux meurtris par la guerre.
Reportage : Gérard Fourgeaud
Reportage : Gérard Fourgeaud
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00:00 apportent du matériel médical et des ambulances en Ukraine. Bonjour et bienvenue dans le Grand
00:05 Format de France Bleu Isère, le reportage en longueur de la rédaction consacré aujourd'hui
00:11 à l'association iséroise Pompiers Humanitaires Solidaires. Ces bénévoles ont déjà effectué quatre
00:17 voyages pour aider les Ukrainiens, soit à la frontière roumaine, soit dans les zones de guerre.
00:22 Ils en préparent un cinquième. Gérard Fourgeau, bonjour. Bonjour, Sotikpélé. Pour la dernière
00:32 mission humanitaire en mars, ils étaient dix à bord de cinq véhicules et Gérard, ils sont allés
00:38 jusqu'à Kersonne, à moins d'un kilomètre du front. On est à 800 mètres de la ligne de front et puis
00:44 on entendait le bombardement. Tous les quinze minutes, ça bombardait. Fred Vigneux est le
00:51 président de PHS, donc Pompiers Humanitaires Solidaires. Il ne risque pas d'oublier Kersonne.
00:56 Pourtant, ce n'était pas sa première mission en zone de guerre. Oui, c'est dangereux, mais on est
01:01 risque calculé avec les militaires, comme je dis, et les gens de l'hôpital. Et c'est une mission...
01:08 Alors la différence entre l'Ukraine et le Kosovo, par exemple, parce qu'on est allé au Kosovo à
01:14 cette époque. Au Kosovo, on était quand même protégé par l'ONU, on était protégé par les
01:19 militaires français, les marsois, la Légion. Tandis que là, on n'a rien pour nous protéger. La
01:25 seule protection qu'on a, c'est nos contacts qu'on a en Ukraine. Kersonne, sur la rive droite du
01:29 Dniepr, a été prise par les Russes le 2 mars dernier, une semaine après le début de l'attaque.
01:35 La deuxième bataille de Kersonne s'est déroulée du 29 août au 11 novembre, quand l'armée russe a
01:40 cédé puis finalement s'est retirée sur la rive droite du plus grand fleuve ukrainien. Fleuve
01:46 d'ailleurs dont la source est située à l'ouest de Moscou en Russie. Mais les bombardements n'ont
01:50 jamais cessé. Parmi les dix bénévoles, il y avait Antoine Jouri, 50 ans, commerçant à Poisa,
01:55 dans la banlieue de Grenoble. Kersonne, c'était la deuxième mission humanitaire de sa vie,
01:59 mais la première en zone de guerre. A Kersonne, on n'est pas resté longtemps parce que, comme l'a
02:04 dit Frédéric, ça bombardait pendant qu'on déchargeait le matériel. Donc il était prévu
02:09 initialement de faire des formations, de passer une journée ou deux sur place et on a passé trois
02:16 heures. On a déchargé, on a honoré un moment de convivialité où ils nous ont invité à partager
02:24 un peu de... enfin une soupe, une restauration, voilà. Et on est reparti sous escorte avec
02:33 l'administration militaire locale parce qu'il fallait pas rester. L'escorte militaire,
02:39 entre Mykolaïev et Kersonne, c'est sur des routes désertes. Il y a des traces de chars sur la route
02:44 et quand on arrive à Kersonne, les immeubles sont éventrés, les encadrements de fenêtres dans les
02:49 arbres. Moi, j'avais jamais vécu ce type de situation et la notion de guerre, de conflit
02:55 armé est vraiment omniprésente. Et tout ça pour livrer 30 tonnes de matériel médical et de
03:00 première nécessité. Quand on a ouvert le camion à Kersonne, donc on était dans la cour de l'hôpital,
03:05 il y avait le personnel qui venait donner la main pour vider le camion. On a vu, on a vu la... je
03:14 sais pas comment dire, la joie, le soulagement de voir arriver ce matériel. Et c'est très,
03:21 très concret. Et ça, c'est vraiment une force de PHS d'aller vraiment au plus près pour donner du
03:28 sens jusqu'au bout de l'action. Et ça, c'est vraiment quelque chose de... En tout cas, ça,
03:31 moi, ça résonne dans mon engagement avec Pompiers Humanitaires Solidaires. Antoine conduisait son
03:36 propre camion, celui de son entreprise. Effectivement, il avait cette possibilité de
03:41 partir avec le camion dans lequel il travaillait dans son entreprise. Si les dix bénévoles ont
03:45 poussé jusqu'à Kersonne cette fois, c'est parce qu'ils avaient fait trois missions avant et acquis
03:50 de l'expérience. On retrouve Fred Vigneux. Nous, sur la première mission, on a fait ça,
03:54 on s'est arrêté à la frontière. On a toutes les ONG, plus de 90% s'arrêtent à la frontière parce
03:59 qu'ils ne veulent pas s'engager dans un pays en guerre vu qu'il n'y a aucune protection. Nous,
04:04 Pompiers Humanitaires Solidaires, on a décidé de prendre ce risque, parce que bien sûr qu'il y a
04:11 des risques, mais des risques calculés. On était en collaboration, en étroite collaboration,
04:16 non seulement avec des acteurs de l'Ukraine, notamment le logisticien à Odessa, et aussi
04:24 avec d'autres acteurs qui organisent des drops. Ce qu'on appelle des drops, c'est des points assez
04:31 cachés où on peut amener de la santé, où on peut amener de l'alimentaire, parce qu'eux,
04:35 ils vont le redistribuer au néant, à des gens qui en ont besoin et qui n'ont pas été évacués,
04:40 notamment les personnes âgées, voire les personnes qui sont à mobilité réduite. Donc,
04:46 Pompiers Humanitaires Solidaires a décidé de s'engager là-bas. Alors, on a fait une deuxième
04:51 mission à Odessa. À Odessa, on a pu justement livrer à peu près 40 m3 de matériel et on a pu
05:01 donner une ambulance. Voilà, la première ambulance de pompiers, ce qu'on appelle un VSAB,
05:06 parce que c'est des ambulances, qu'on a pu nous se procurer, réhabiliter et faire acheminer par la
05:13 route de Grenoble jusqu'à Odessa. Donc, ça fait un petit bout de chemin et on a pu donner ça à
05:22 l'hôpital de Tchernomosk, qui se trouve dans la banlieue d'Odessa. Et vous pouvez voir ce don
05:29 qui a été filmé par les journalistes d'Odessa. Vous allez sur YouTube, vous faites "Pompiers
05:35 Humanitaires Solidaires", il y a un lien là-dessus, vous verrez cette livraison de
05:39 première ambulance qui a eu lieu au mois de mai 2022. Cette ambulance Gérard a été offerte il y
05:52 a un an par le CEA de Grenoble. Effectivement, quant aux trois ambulances de la dernière mission
05:57 de Kerson, elles viennent des services d'incendie, mais pas directement. On retrouve Fred Vigneux,
06:02 le président de PHS. Les ambulances, on les a achetées grâce aux dons de sociétés qui ne
06:08 veulent pas être cités, parce que lui ne fait pas ça, il fait ça anonymement. Mais enfin,
06:12 bon bref, dans le sens, on a pu acheter ces véhicules parce que, comme je vous ai dit tout
06:16 à l'heure, les S10, c'est difficile de se fournir en véhicules. Les véhicules sont achetés aux
06:21 enchères, donc ils sont donnés aux enchères par les S10. Et donc, on est obligé d'aller voir une
06:27 société pour récupérer des véhicules pour les acheter. Bien sûr, ce n'est pas le même coût.
06:30 A peu près 30 000 euros les trois véhicules. Le matériel médical, il provient notamment du
06:37 CHU de Grenoble, en don, du CHU de Chambéry, du CHU d'Annecy. Il y a des sociétés comme Agir.com
06:48 qui nous donnent du matériel, comme PHI, les pharmaciens humanitaires internationaux. On a
06:55 pu récupérer du matériel. J'ai peut-être en oublié, mais il y a aussi les infirmières libérales.
07:03 Voilà, il y a eu une solidarité là-dessus. Il y a eu un engouement d'aide de l'Asio. On a pu
07:09 récupérer du matériel et aussi grâce à la mairie de Champagny et la mairie de Montbonneau, on a pu
07:14 stocker ces matériels et des aides par la mairie de Montbonneau, par ces mairies, par tout ce qui est
07:18 institutionnel nous ont aidé pour avoir des fonds notamment. Voilà, ça c'est sur le plan matériel.
07:23 Mais il y a le côté émotion. Une telle mission n'est pas neutre. On retrouve ce qu'en pense
07:29 Antoine Jury, le commerçant de Poisa. Le retour n'est pas facile parce que moi j'avais jamais été
07:35 confronté comme ça à une situation de guerre et de détresse humaine ultime. Bon, Fred est allé
07:42 lors du tremblement de terre en Turquie donc c'est des choses qu'il appréhende de manière différente.
07:46 Mais pour autant il ne faut pas mélanger les choses. Nos problèmes ici ont leur importance
07:55 et donc il faut remettre les choses bien en place. Mais humainement, oui, ça fait découvrir
08:03 des territoires, même personnels, qui sont consoupçonnés, peut-être pas forcément.
08:06 Alors oui, il faut gérer les émotions. Je comprends tout à fait Antoine ce qu'il ressent
08:12 parce que je suis passé par là mais il y a quelques années en arrière parce que ce n'est pas
08:16 ma première mission de guerre aussi, mais aussi de pays difficiles comme Sumatra, enfin bref,
08:24 le tsunami, où il y a les séparatistes, etc. Mais de toute façon, on s'est expliqué avant en disant
08:30 on prendra pas de risques, même si je suis quelqu'un à tendance à aller près du chaud,
08:36 mais du chaud calculé comme je l'ai dit tout à l'heure. Mais c'est quelque chose en tout cas
08:42 qui est facilité par l'ONG parce qu'il y a cet esprit famille, cet esprit solidarité, cet esprit,
08:48 comme dit Fred, on prend des risques mais comme on sait qu'il y a une base arrière avec des gens
08:54 qui sont en capacité de nous trouver une solution, de nous proposer quelque chose,
08:59 en fait cette inquiétude n'est pas si présente que ça sur place et ça permet d'avoir un engagement
09:04 total grâce à cette base arrière qui est restée à Grenoble notamment.
09:10 On est dit à être allé là-bas mais ça c'est une partie de l'iceberg. Tous les autres adhérents,
09:16 tous les bénévoles se sont vraiment mobilisés. Il y a eu six mois de préparation pour faire ce
09:21 qu'on voit et franchement je tiens à remercier tous nos bénévoles parce qu'après le boulot,
09:26 sur les vacances, il faut être très généreux et avoir un cœur gros. Quand on met 10 euros pour
09:33 l'association, il y a 9,80 euros qui vont au bout parce qu'on est tous des bénévoles.
09:36 Et la famille de ces bénévoles, Gérard, elle reste en France ?
09:40 Effectivement, on sent bien que ces humanitaires, comme Antoine Joury,
09:44 ont le soutien de leurs proches malgré les risques.
09:46 Mes enfants, ma famille, ont l'habitude un peu. Notre fonctionnement a toujours été comme ça,
09:54 on se tient au courant dès qu'on peut, de passer des messages.
09:59 Mes trois filles et ma femme savent que j'ai cette volonté de m'engager et d'aller jusqu'au bout pour
10:06 oeuvrer dans ce type de domaine. Elles ont des mots d'encouragement, elles ont des mots de soutien
10:12 et elles ont aussi quelque part, pour me l'avoir dit, un peu de fierté d'assister à ça.
10:18 Vous aviez déjà des engagements de solidarité aux humanitaires en France avant ?
10:23 Hormis l'année dernière, ce que j'ai fait avec Pompiers Humanitaires Solidaires,
10:27 je n'avais jamais été dans ce type d'action. Je suis engagé dans le milieu associatif,
10:31 mais là, pour le coup, c'est vraiment une dimension, en tout cas humaine, extraordinaire,
10:36 parce qu'au-delà du soutien, il y a un état d'esprit dans Pompiers Humanitaires Solidaires
10:40 qui est formidable. C'est la fin de ce Grand Format sur l'association Pompiers Humanitaires
10:45 Solidaires et sa quatrième mission en Ukraine. Ses bénévoles en préparent une cinquième dans
10:51 les prochains mois. Merci Gérard Fourgeau et merci à Simon Berthier pour la réalisation.
10:57 Pour prolonger votre écoute, découvrez des contenus exclusifs du Grand Format de la rédaction
11:02 sur notre site francebleu.fr, page Isère.
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