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En une semaine, à Grenoble, une attaque à la grenade dans un bar a fait quinze blessés, dont six graves, un incendie à la voiture-bélier a détruit la bibliothèque Chantal-Mauduit. Ce jeudi matin, le maire de la ville, Éric Piolle, est l'invité d'"ici Isère".

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Transcription
00:00Nous sommes écoeurés par cet incendie volontaire.
00:03J'ai entendu madame la préfète qui disait que c'était des représailles suite aux actions de la police dans le quartier Mistral.
00:09C'est une bibliothèque qui est au croisement du quartier Mistral et du quartier des Eauclair.
00:13Et c'est une bibliothèque qui est aussi un lieu sportif.
00:17C'était un objet unique en France, extraordinaire.
00:20Et j'ai une pensée ce matin pour la communauté éducative de l'école Anatole France, qui est juste en face,
00:24pour la communauté de tous les habitants du quartier des Eauclair et de Mistral qui fréquentaient cette bibliothèque,
00:30qui fréquentaient pour des activités sportives, pour des activités culturelles,
00:33s'attaquer ainsi à la culture, à la pratique, à l'émancipation.
00:38C'est absolument inqualifiable.
00:40Et évidemment que le service public ne reculera pas.
00:44Vous avez pu échanger avec justement la vingtaine de personnes qui se retrouvent au chômage technique,
00:48avec les personnes directement impliquées, concernées par cet incendie malheureusement.
00:53Ils ne sont pas au chômage technique.
00:55Au chômage technique, c'est quand vous êtes au chômage dans une entreprise privée,
00:58sans possibilité de travailler bien sûr.
01:00Là, c'est des fonctionnaires pour qui j'ai une pensée d'ailleurs,
01:03parce que, évidemment, ce projet était un projet qui demandait de l'engagement.
01:08Et je sais qu'ils en avaient.
01:10Donc je sais qu'ils sont très choqués aussi ce matin,
01:12toute l'équipe des bibliothécaires, mais aussi les acteurs sportifs qui étaient là,
01:17les clubs sportifs qui fréquentaient ce lieu.
01:19J'y suis passé hier après-midi.
01:22C'est effectivement totalement écœurant.
01:25C'est un lieu qu'on est d'ouvrir, mais un lieu qui est vraiment unique en France.
01:29Et d'ailleurs, on a des témoignages extraordinaires de gens qui disent
01:31que c'était la première fois que dans une bibliothèque,
01:33je voyais autant de diversité sociale, autant de diversité de génération.
01:37Et ce caractère hybride fonctionnait.
01:41Donc voilà, mais on n'est pas à terre.
01:43On va remonter tout de suite à cheval.
01:47Et puis voilà, regarder les solutions à court terme pour proposer des activités
01:51aux enfants, aux adultes, culturelles et sportives.
01:55Et puis ensuite, nous travaillerons sur le moyen terme et le long terme.
01:58Justement, le moyen terme, le long terme, qu'est-ce qu'on peut imaginer pour ce site ?
02:02C'est trop tôt peut-être pour voir ?
02:03Nous allons voir, oui.
02:04Nous allons voir déjà l'étendue des dégâts.
02:07Je suis passé hier, la salle qui est au-dessus.
02:09Les livres sont encore là.
02:11On voit les tables.
02:12Ça n'a pas l'air d'avoir brûlé gravement.
02:15Je sais que les pompiers ont été extraordinaires et ont mis de côté les collections dans
02:19la salle où il y a également le mur d'escalade, donc les collections de livres.
02:22Donc nous verrons l'étendue des dégâts.
02:24Mais ce qui est sûr, c'est que nous reviendrons.
02:26La préfète l'a dit, j'ai aussi une pensée pour les policiers aujourd'hui.
02:30Ils sont engagés dans une lutte de terrain et il est important, la préfète l'a dit
02:37mais je le redis, il est important qu'ils ne lâchent pas de terrain.
02:40Je sais que c'est compliqué mais les dealers qui font ça, on voit bien que c'était une
02:46lutte contre un projet de société aussi.
02:49On a du monde au standard Mathieu.
02:50Oui, justement, on vous a posé cette question, l'incendie de cette bibliothèque.
02:54Est-ce que vous êtes choqué qu'on s'en prenne à une bibliothèque, qu'on s'en prenne
02:56aux services publics ?
02:57Michel nous appelle de Montbonneau-Saint-Martin dans le Grésil-Vaudan.
02:59Bonjour Michel.
03:00Bonjour.
03:01Michel, vous êtes là ?
03:03Oui.
03:04Dites-moi Michel, justement, est-ce que vous êtes choqué vous de ce qui s'est passé ?
03:08Ah ben moi oui, j'habite Montbonneau, on a une bibliothèque magnifique, voilà, moi
03:14j'y vais souvent et là, pour ces enfants, franchement, c'est honteux.
03:19Moi je pense qu'il faut aller à l'essentiel et voilà, par rapport à la police et tout
03:26ça, c'est délinquant et je voulais savoir si, par exemple, ils avaient besoin d'aide
03:37Si on peut venir apporter, si on peut venir faire un coup de main, on va poser la question.
03:40Voilà, se montrer un peu solidaire finalement avec la commune voisine de Grenoble, c'est
03:45vrai que j'imagine que ça fait aussi du bien d'entendre qu'il y a des gens qui ont envie
03:49d'aider, peut-être.
03:50Tous ces messages qu'on reçoit, ça fait chaud au cœur, je le dis, donc merci beaucoup
03:54à cette dame de proposer son aide, peut-être qu'on en aura besoin effectivement.
03:58Quand la salle du conseil municipal avait été incendiée, nous avions d'ailleurs mobilisé
04:04des gens qui étaient venus nettoyer notamment les lustres magnifiques de Murano, de l'hôtel
04:08de ville.
04:09Donc effectivement, il y a des moments où la solidarité s'impose et si cette solidarité
04:13est autour de la culture et du sport, elle est autour des enfants, je trouve ça une
04:17belle réaction de société, on en a besoin en ce moment.
04:19Monsieur le maire, vous avez parlé de ce lieu unique, vous le dites, qui est devenu
04:23cette bibliothèque Chantal Mauduit avec un dojo, avec plein de choses.
04:26Avant ça, il y avait le plateau qui a été fermé.
04:29Écoutez, ces habitants, parce que ça avait fait un petit peu polémique au moment où
04:32on ferme le plateau, qui a duré très longtemps.
04:34Écoutez cet habitant du quartier.
04:36On nous a donné une mauvaise réputation, mais je pense qu'il faut vivre dans les quartiers
04:39pour savoir comment ça se passe.
04:41La seule chose qui marchait très très bien, c'était le plateau.
04:43Et là, ça a fonctionné vraiment à merveille.
04:45Comme je vous ai dit, il n'y avait même pas une seule ville de cassée en 15 ans.
04:48J'essaie de voir ce qui se passe, je dirais, par la mairie.
04:50Et le résultat, voilà, on en est.
04:52Est-ce qu'on regrette d'avoir fermé le plateau ? Est-ce que ça aurait changé quelque chose ?
04:56On entend encore une fois ça.
04:58Non, d'abord, il se passe plein de choses extraordinaires dans ce quartier.
05:00Le prunier sauvage est un lieu culturel extraordinaire.
05:03La maison des habitants y est très active.
05:05La maison de l'enfance, le projet éducatif de l'école aussi.
05:09Donc, il y a plein de choses extraordinaires.
05:10Si nous avons décidé d'arrêter nos subventions au plateau,
05:14c'est aussi en concertation avec la préfecture et le procureur.
05:17Donc, nous avons assumé cette décision.
05:20Et d'ailleurs, ça avait été, finalement, ça avait créé peu de remous.
05:24Évidemment, les gens qui étaient dedans, ça fait toujours quelque chose.
05:27Quand on voit une mutation de le lieu que vous fréquentiez,
05:30mais de fait, vous voyez, c'était il y a deux ans, il n'y avait pas eu de problème.
05:34Et là, la préfète l'a dit, c'est en représailles.
05:36Il y a eu des actions de police très fortes et nécessaires.
05:40Détention dans ce quartier Mistral.
05:4274, oui, qui est aujourd'hui très complexe à gérer pour le bailleur social.
05:47C'est invivable pour les locataires.
05:49Évidemment, il faut agir.
05:51Ce quartier Mistral, vous vous êtes avisé régulièrement,
05:54c'est un des points un peu sensibles de la ville.
05:56C'est compliqué.
05:57Ça a été le point le plus dur, assurément, de l'agglomération.
06:01Vous savez, avant que je sois maire, il y avait là des salles de torture
06:05qui avaient été découvertes en 2013, l'année avant que j'arrive,
06:08notamment grâce à l'installation des zones de sécurité prioritaires.
06:10Donc, c'est un quartier qui, effectivement, a défrayé la chronique,
06:15mais dans lequel il y a aussi 3000 habitants qui sont là,
06:18qui portent des projets, une histoire.
06:19Nous avons travaillé avec eux, avec mon ex-première adjointe Elisa Martin,
06:23aujourd'hui députée, tout au long du mandat dernier.
06:26Nous continuons dans ce mandat.
06:27Nous y sommes extrêmement actifs.
06:29Nous avions travaillé avec les habitants sur leur histoire
06:31qui était extrêmement riche et émouvante.
06:33Donc, il y a plein de choses belles,
06:35malgré, effectivement, une emprise du deal qui est dramatique
06:40et qui nuit à l'ensemble des habitants.
06:42Je reviens à ma première question.
06:43Si on sort un petit peu de ce quartier Mistral,
06:45qu'est-ce qui ne va pas à Grenoble ces derniers mois ?
06:48Alors, ces derniers mois, il y a effectivement un épisode très chaud,
06:52notamment parce qu'il y a peut-être des gens qui sont sortis de prison
06:55après avoir purgé des peines sur les épisodes de 2007-2008
06:59qui avaient été sanglants dans l'agglomération.
07:01Il y a des luttes entre gangs.
07:03On le voit partout en France.
07:05Nous parlons beaucoup de Grenoble parce qu'il y a un focus médiatique.
07:07Mais les morts, là, de ces dernières semaines,
07:10c'est à Nice, c'est à Montpellier, c'est à Clermont-Ferrand, c'est à Toulouse.
07:14C'est une attaque d'un poste de douane à Montpellier
07:17pour des dealers qui voulaient reprendre la drogue qu'ils avaient faite prendre.
07:20Il faut voir l'État, je vous l'ai dit,
07:23finalement, aujourd'hui, c'est un lieu de drame,
07:24mais c'est l'État d'échec de la stratégie ultra-répressive française.
07:30En plus, une stratégie ultra-répressive qui ne met pas les moyens.
07:33Monsieur Retaillou est venu vendredi annoncer 16 effectifs.
07:35Mais après, on découvre que sur les 16,
07:37il y en a 13 qui sont pour la police des frontières.
07:40Donc, sa réponse, c'est de dire qu'on va mettre plus de policiers,
07:44un tout petit peu plus, parce que je rappelle qu'il s'est engagé à donner les chiffres.
07:47Quels sont les chiffres théoriques de policiers à Grenoble ?
07:49Combien il y en a réellement ?
07:50Les informations que nous avons montrent qu'il y a un déficit énorme.
07:54Et donc, voilà, son focus, ça reste l'immigration.
07:57C'est bien triste. Nous devons travailler sur l'émancipation,
08:00un projet de société et surtout un truc qui marche depuis la prévention
08:04jusqu'à la lutte contre la récidive.
08:05C'était ma dernière question.
08:06Vous avez connu, reçu beaucoup de ministres de l'Intérieur.
08:10Il y avait Gérald Darmanin sur votre mandature.
08:12Il y avait Gérald Darmanin il y a un an, Bruno Retaillou la semaine dernière.
08:16Vous dites qu'il faut un vrai changement de pied.
08:18Il faut faire quoi concrètement ?
08:20Il y a toujours les débats qui reviennent,
08:22l'armement de la police, etc., la vidéosurveillance.
08:24Mais concrètement, changer de pied, c'est faire quoi pour améliorer les choses
08:28et ne pas être dans le tout répressif ?
08:29Ces débats sur l'armement de la police municipale,
08:32je rappelle qu'elle est armée d'armements adaptés à ses missions.
08:36Sur la vidéosurveillance, je rappelle que nous en avons six par kilomètre carré,
08:39ce qui est plus que dans beaucoup d'autres villes.
08:41Nous voyons aussi que les endroits qui ont été couverts de vidéosurveillance
08:45et couverts de policiers municipaux armés comme à Nice,
08:49en fait, ça ne va pas mieux.
08:50Toulouse, ça ne va pas mieux.
08:52Donc des villes de gauche, de droite,
08:54ce n'est pas une question de couleur politique.
08:55Il faut prendre le problème complètement à l'envers.
08:57Je pense effectivement que reporter un projet d'éducation populaire,
09:01de prévention pour proposer autre chose à cette jeunesse,
09:04il y en a très peu qui basculent dans la drogue.
09:06Très peu en pourcentage.
09:08Mais ceux qui basculent, même si nous les identifions,
09:10nous avons des cellules jeunes majeures, nous travaillons sur les décrochés.
09:13Ils sont identifiés, souvent pris en charge.
09:15Le jeune qui est mort à Auche cet automne,
09:18il était pris en charge par la police de la jeunesse.
09:21Donc, ce n'est pas un défaut d'identification.
09:24C'est juste qu'on est en échec.
09:25Et puis, 50% de récidive.
09:27Le but, c'est quoi ?
09:28C'est de ne mettre jamais autant de personnes dans les prisons en France.
09:31Mais en fait, ils ressortent plus dangereux qu'ils n'y sont rentrés.
09:33Est-ce que vraiment, c'est bien malin ?
09:35En plus, évidemment, de l'hypocrisie sur les moyens
09:39puisque les chiffres sont cachés.
09:41Les chiffres de policiers en France sont cachés.
09:43On ne sait pas combien il y en a.
09:44Et comme tous les maires de France,
09:46je me roule par terre pour obtenir des policiers supplémentaires.
09:48Mais je ne sais pas si je ne les prends pas à un collègue.
09:51Donc, cette dimension-là est très désagréable
09:54parce qu'on fait tous le mieux que l'on peut pour nos habitantes et les habitants.
09:57La sécurité est essentielle.

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