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Chroniqueur : Thomas Sotto 




Ce matin, Thomas Sotto reçoit François Ruffin, député LFI-NUPES de la Somme, dans les 4 vérités. 

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Transcription
00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, François Ruffin.
00:04 Bonjour.
00:05 Un membre de la famille de Brigitte Macron, son petit-neveu a donc été agressé violemment
00:09 devant la chocolaterie familiale à Amiens, chez vous dans la Somme.
00:12 Le jeune homme a été attaqué par plusieurs personnes qui voulaient s'en prendre indirectement
00:15 au président de la République.
00:16 Qu'est-ce que cela vous inspire François Ruffin ?
00:18 Ce sont évidemment des faits graves et inadmissibles.
00:20 Et moi déjà pendant la crise des Gilets jaunes, j'étais allé voir la famille Tromieux,
00:25 le chocolatier, pour lui dire que je lui apportais mon soutien, même si j'apportais mon soutien
00:28 aussi aux Gilets jaunes parce qu'on ne défend pas la démocratie, on ne défend pas la République
00:32 en s'en prenant à un chocolatier futile de la famille de Madame Tromieux.
00:36 Donc il faut être très clair là-dessus.
00:37 Et puis on ne répond pas à la violence politique, quelque part sociale du président de la République
00:45 par de la violence physique.
00:46 Tes maires sont aussi pris pour cible, des députés sont pris pour cible.
00:50 Les dicts de violence semblent céder les unes après les autres.
00:53 Est-ce que vous condamnez sans ambiguïté, sans nuance, sans oui mais, toutes ces formes
00:57 de violence physique ?
00:58 Je condamne sans ambiguïté toutes ces formes de violence physique mais je veux que ça
01:02 se fasse sans hémiplégie, sans avoir une moitié de…
01:05 Ça veut dire quoi ?
01:06 Ça veut dire que hier par exemple, le délégué CGT de Verbaudet a été agressé devant chez
01:11 lui, molesté, gazé par des gens qui se sont prétendus de la police et que…
01:15 J'en ai pas entendu parler dans les médias et donc la violence qui se passe sur les uns
01:20 ou sur les autres doit être condamnée de la même manière.
01:23 Maintenant, la question est, on voit une montée de la violence en politique, la question
01:28 c'est comment on en sort ?
01:29 Vous aviez un invité…
01:30 La première question, pardon, c'est qui l'alimente ?
01:32 Qui l'alimente ?
01:33 Parce que c'est souvent reproché à Jean-Luc Mélenchon d'être un peu ambigu sur les
01:36 violences.
01:37 C'est un député LFI de chez vous, Thomas Porte, qui a joué au foot, le pied sur un
01:39 ballon à l'effigie du ministre du Travail Olivier Dussopt.
01:42 Il y a dix jours, un conseiller régional apparenté LFI, Christophe Prudhomme, a chanté dans
01:46 une manif "Louis XVI, on l'a décapité, Macron peut recommencer".
01:50 Vous ne pensez pas que ça peut armer, que ça peut déverrouiller des cinglés, ça,
01:52 à un moment ?
01:53 Non, je ne crois pas.
01:54 Vous savez, par exemple, le comportement ici et maintenant, aujourd'hui, du choix des
01:59 macronistes, du président de la République, de dire que sur les retraites, sur le report
02:03 de 62 à 64 ans de l'âge légal des retraites, il n'y aura pas de débat à l'Assemblée,
02:07 on ne pourra pas voter, de tout faire pour que le 8 juin, il n'y ait pas ce débat
02:11 et ce vote, je pense que ça participe à ne pas proposer d'issue démocratique à
02:15 une crise sociale.
02:16 Ça veut dire quoi ?
02:17 Ça légitime la violence ?
02:18 Non, ça ne la légitime pas, mais moi, je cherche le chemin pour sortir de cette montée
02:22 de la violence.
02:23 Qu'est-ce qui se passe ?
02:24 Qu'est-ce que la démocratie ?
02:25 C'est l'organisation du conflit, c'est sa verbalisation, c'est son institutionalisation.
02:30 Quand la voie démocratique apparaît bouchée, eh bien, on en vient de la violence physique
02:35 que je condamne, d'accord ?
02:36 Pour que les choses soient claires.
02:37 Maintenant, l'histoire du 19e siècle, vous avez eu un invité qui en a parlé tout à
02:41 l'heure, mais c'est un lien entre la violence et la politique.
02:46 C'était les émates de 1830, 1834, 1848, 1871.
02:50 Comment on en est sorti ?
02:51 On en est sorti en offrant une issue démocratique à ça.
02:55 Ça a été le suffrage universel qui est venu apaiser les tensions de la société
02:59 française.
03:00 Eh bien, je pense qu'aujourd'hui…
03:01 Vous dites quoi à mon couvert ?
03:02 Qu'Emmanuel Macron a une responsabilité dans l'effet de violence que connaît le
03:04 pays ?
03:05 Il est évident qu'Emmanuel Macron a une responsabilité parce qu'on a aujourd'hui
03:08 une crise sociale, une crise politique, une crise démocratique et il n'y apporte qu'une
03:12 réponse policière.
03:13 Ecoutez ce qu'il disait.
03:14 Non, non, je veux aller jusqu'au bout de mon raisonnement, M.
03:16 Macron.
03:17 Aujourd'hui, il faut apporter à la France un nouvel outil démocratique de manière
03:21 à permettre qu'il y ait une issue à ça.
03:23 Quelle est cette nouvelle issue ?
03:24 C'était déjà réclamé dans la crise des gilets jaunes.
03:27 C'est le référendum d'initiative citoyenne.
03:29 Il faut aujourd'hui permettre aux citoyens d'être entendus en politique, de pouvoir
03:33 porter des initiatives et d'avoir un débouché démocratique à une crise profonde.
03:37 Et si on n'offre pas ça, je crains qu'on s'enlise dans des débouchés individuels,
03:45 de coups musculaires, de violences et il ne nous faut pas ça pour le pays.
03:48 Venons-en à la politique, la vraie, celle qui permet le débat sans se mettre sur la
03:52 figure comme on dit.
03:53 La première ministre et les syndicats ont recommencé à se parler.
03:56 Est-ce que vous estimez que finalement la bataille des retraites maintenant, elle est
04:00 perdue, que c'est terminé, que ce match-là, il est plié ?
04:02 Comment vous voulez que je vous dise ça alors qu'il doit y avoir le 6 juin une manifestation
04:07 dans la rue, mais surtout le 8 juin, qu'enfin on puisse voter sur ce report de l'âge
04:13 légal de la retraite ?
04:14 La proposition de loi du groupe Lyott, mais qui au fond ne changera pas grand-chose.
04:17 Oui mais d'accord, mais quand même, vous voyez comment il y a un renoncement démocratique,
04:22 compris dans le propos que vous tenez M. Soto.
04:23 Ça fait six mois qu'on parle des retraites tous les jours, on ne peut pas dire qu'on
04:26 n'est pas…
04:27 Ce n'est pas une accusation, mais se dire que possiblement on a là une loi qui va passer
04:32 sans avoir la majorité à l'Assemblée, même en perdant la majorité, en faisant
04:37 tout pour que ça ne soit pas débattu dans l'hémicycle, qu'on a des millions de
04:41 Français qui sont sortis dans la rue à plusieurs reprises, qu'on a tous les syndicats
04:44 unis qui disent non à ce report de l'âge légal de la retraite, on a deux tiers des
04:49 Français, 4/5ème des salariés qui disent non, on ne veut pas de ça.
04:52 Il vous restera une imme, c'est de déposer une nouvelle motion de censure, est-ce que
04:54 ce sera le cas ?
04:55 On verra, mais il y a d'autres armes, vous savez je pense que dans la durée cette loi
04:59 sera défaite.
05:00 Elle sera défaite parce que quand il y a un vice démocratique qui est tel que celui-là,
05:04 il est évident que la prochaine majorité qui s'insèlera à Matignon et à l'Élysée
05:08 viendra défaire ce report de l'âge légal de la retraite.
05:11 Vous savez il y a de la violence derrière ça, parce que très concrètement pour les
05:15 gens, je le vois, je l'entends dans les usines, ils se demandent comment vous faire
05:19 pour tenir trois mois, six mois, un an de plus.
05:21 François Ruffin, est-ce que vous nous confirmez que la France Insoumise, votre groupe à l'Assemblée,
05:24 va déposer une contre-proposition de loi sur les salaires et sur le partage de la
05:27 richesse ?
05:28 Ça va de soi.
05:29 Oui il y aura une contre-proposition de loi sur le partage de la valeur ajoutée.
05:32 Il y aura quoi dedans alors ?
05:33 Il y aura quoi ? Il y aura déjà un meilleur partage des dividendes, il y aura une indexation
05:37 des salaires sur l'inflation, il y aura un certain nombre de choses comme ça qui seront
05:39 présentes.
05:40 Et les dividendes, ça sera comment ?
05:41 Aujourd'hui, vous savez même Nicolas Sarkozy avait dit un tiers, un tiers, un tiers.
05:46 Aujourd'hui on en est très loin, puisque dans les bénéfices des entreprises du CAC 40,
05:50 c'est plus de la moitié qui vont aujourd'hui aux actionnaires.
05:53 Donc il est nécessaire d'avoir une meilleure répartition de ça.
05:55 Je veux dire à quel point on nous vend du vent.
05:58 Vous savez, pendant tout l'été dernier, on nous a vanté la prime Macron et à la
06:02 télévision, Emmanuel Macron a dit voilà, je l'ai triplée, elle est à 3 000 euros
06:05 par mois.
06:06 Le fait est que c'est que dans ce pays, 80% des salariés, 20 millions de salariés
06:11 sur 25 n'ont rien touché, zéro euro.
06:14 Et ceux qui ont touché, la moitié ont touché 400 euros.
06:17 Donc vous voyez, on nous vend du vent et derrière il y a très très peu de choses.
06:22 Et de la même manière, eux parlent de partage de la valeur ajoutée, ça va arriver au 1er
06:26 janvier 2025.
06:27 Je veux dire les gens, ils ont besoin de se nourrir, de se vêtir, d'avoir de quoi partir
06:32 en vacances, non pas au 1er janvier 2025, mais maintenant.
06:34 - Vous voulez aussi plafonner les écarts de salaire, c'est ça ?
06:38 - Oui, tout à fait.
06:39 Mais par ailleurs, je pense que ce que les gens attendent aujourd'hui, moi je viens avec
06:43 un principe simple, les Français doivent pouvoir vivre de leur travail.
06:47 Les Français doivent pouvoir vivre de leur travail.
06:49 Et donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le salaire, il doit être relevé en même
06:52 temps que l'inflation, il nous faut une indexation des salaires sur l'inflation.
06:55 Et surtout dans ce partage de la valeur ajoutée, il ne faut pas oublier tous les gens qui sont
06:58 dans la sous-traitance, tous les gens qui sont à deuxième ligne, tous les gens qui
07:01 sont défranchisés, c'est-à-dire que dans les grands groupes du CAC 40, il y a une accumulation
07:05 de profit, mais il faut que ça ruisselle aussi vers la sous-traitance et vers les franchisés.
07:10 - Vous allez déposer quand cette proposition de loi ?
07:11 - Là, dans la semaine qui vient, je pense.
07:13 - Dans la semaine qui vient.
07:14 Emmanuel Macron veut manifestement renouer le lien avec les Français quand il promet
07:17 2 milliards d'euros de baisse d'impôt pour les classes moyennes.
07:19 Est-ce que là, vous lui donnez crédit ?
07:20 - Je calcule combien ça fait, 2 milliards d'euros, et je vois, d'après ce qui sort,
07:26 que ça va faire aux alentours de 10 euros par mois.
07:28 10 euros par mois.
07:30 On ne sait pas encore comment ça sera réparti.
07:32 - En gros, vous imaginez que c'est une aumône si on vous donne 10 euros par mois.
07:36 Donc, il ne s'agit pas d'être dans ça.
07:37 Se dire que l'inflation, aujourd'hui, elle coûte, au même ménage, entre 100 et 200
07:42 euros par mois.
07:43 Donc, on voit très bien que c'est ridicule.
07:45 Mais même, la TVA rapporte à l'État 15 milliards d'euros en plus grâce à l'inflation.
07:49 Et on va en redonner 2 milliards aux Français.
07:51 Donc, ça ne va pas.
07:52 Donc, il faut, un, l'indexation des salaires sur inflation, mais deux, les Français sont
07:57 bien conscients que tout ça ne fait pas un projet de société.
07:59 C'est-à-dire que si on dit que pour la transition écologique, pour affronter le choc climatique,
08:04 et on le voit en Italie là, il nous faut des moyens pour qu'on ait une école qui
08:09 forme des citoyens.
08:10 - Mais il propose, il baisse les impôts pour les casse-monnaie.
08:12 Sans doute pas suffisamment, c'est ce que vous dites.
08:13 Le gouvernement s'attaque à la fraude fiscale aussi avec un plan dévoilé par Gabriel
08:17 Attal.
08:18 Ça ne vous va pas non plus ?
08:19 Ça pourrait être du ruffin d'attaquer la fraude fiscale.
08:21 - D'abord, je vous dis, tout ça ne fait pas un projet de société.
08:24 Les Français sont bien conscients qu'il ne s'agit pas seulement de baisser les impôts,
08:27 baisser les impôts sur les entreprises, sur les salariés, sur tout le monde, mais il
08:31 s'agit aussi de se demander qu'est-ce qu'on met en commun, qu'est-ce qu'on fait ensemble.
08:34 Et là, le président de la République n'apporte rien, ne porte aucune réponse.
08:37 Ensuite, Attal, c'est vraiment de la fumisterie.
08:40 - Pourquoi ?
08:41 - D'abord parce que M. Darmanin avait dit la même chose il y a deux ans en disant "voilà,
08:45 on va pouvoir priver de droits civiques".
08:47 C'est déjà dans le cadre général des impôts et personne n'y a, qu'on me dise qui du coup
08:51 a été condamné à la privation de droits civiques depuis, qu'on me dise qui a été
08:55 inscrit dans…
08:56 - Le compte fiscal c'est 14,6 milliards récupérés en 2022.
08:59 - Très bien, mais d'abord s'il veut appliquer ce qu'il a dit en privant de droits de vote,
09:06 il peut ouvrir son carnet d'adresse, il y a un certain nombre de choses.
09:08 Est-ce que l'État va cesser de passer des contrats avec McKinsey qui paye zéro d'impôt
09:13 sur les sociétés en France ? Est-ce que Amazon ne sera plus réussi à l'Élysée
09:18 en la personne de son patron Jeff Bezos puisqu'il ne paye pas d'impôts ni en France ni en
09:22 Europe ? Vous voyez, on a un Gabriel Attal qui vient dire "on va faire des choses merveilleuses
09:26 sur la France fiscale" quand dans la réalité aujourd'hui, ils ne font rien.
09:29 - Quelques mots sur vous quand même François Ruffin, vous situez où aujourd'hui ? Vous
09:33 aviez une image plutôt radicale, aujourd'hui vous parlez de social-démocratie, vous êtes
09:37 passé de Mélenchon à François Hollande ?
09:38 - Non, pas du tout, non, non, moi je suis dans la continuité d'une histoire de la
09:44 gauche…
09:45 - Vous citez du Sarkozy.
09:46 - Oui, je cite du Sarkozy, je peux même vous dire que par exemple le commissariat
09:48 au plan a fait du bon travail avec François Béroud, là sur les questions de réindustrialisation,
09:52 il n'y a pas de problème à les reconnaître puisqu'il peut être fait, mais moi je
09:56 suis dans la continuité de l'histoire de la gauche, l'histoire de la gauche elle
09:58 naît de la révolution française, elle embrasse Jaurès, elle passe par le Front
10:03 populaire, 1945, mai 80 et elle est portée par Jean-Luc Mélenchon à trois reprises
10:07 et on est aujourd'hui, et aujourd'hui il faut embrasser toute la société française.
10:12 - Quand Jacques Attali dit "Ruffin est un espoir, celui d'une gauche à la fois
10:15 radicale, populaire, pragmatique et enthousiasmante", il vous définit bien, ça vous rassure de
10:19 plaire à Jacques Attali ?
10:20 - Non, ça m'inquiète quelque part.
10:22 - Il vous manque le soutien de la main, que vous avez porté de l'exécution verte.
10:25 - Jacques Attali qui a quand même mis sur les rails avec sa commission Emmanuel Macron,
10:30 ce n'est pas ce qui me rassure le plus.
10:31 Maintenant, il y a à se demander comment on fait pour rassurer la société française.
10:38 Vous savez, vous parliez de ce climat de violence, on a une France qui a vraiment besoin d'apaisement
10:42 et qui a besoin d'être rassurée, qui a besoin d'être protégée, moi c'est ce
10:45 que je ressens profondément avec les gens.
10:47 - Vous serez tête de liste aux européennes ou pas l'année prochaine ?
10:49 - Aucun risque.
10:50 D'abord parce que déjà quand on est ici à l'Assemblée à Paris, on a du mal à
10:53 être entendu par l'Elysée, donc c'est même malgré mon affection pour les Belges,
10:57 les frites et Magritte, je ne vais pas partir là-haut.
10:59 Et ensuite parce que je pense que la question elle est surtout comment on fait pour avoir
11:05 une gauche au-delà de la personne, mais une gauche rassemblée qui vient porter des projets
11:09 en Europe, par exemple un projet d'impôt sur les grandes firmes et les grandes fortunes
11:13 qui soient européens, ou un projet pour la présomption du salariat chez les auto-entrepreneurs
11:18 que refuse aujourd'hui Emmanuel Macron.
11:20 Merci François Ruffin de la présidente des 4V.
11:21 Bonne journée.

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