Élisabeth Borne continuait de recevoir les principaux leaders syndicaux ce mercredi à Matignon. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, affirme avoir refusé une "proposition" de réunion multilatérale avec le président de la République ou avec la Première ministre sur le calendrier social, n'y voyant "pas l'utilité s'il n'y avait pas d'annonces concrètes sur la question du retrait de la réforme des retraites ou de la hausse des salaires".
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00:00 vous donnez un certain nombre de revendications, pourquoi ne pas aller les donner à Emmanuel Macron ?
00:03 Puisque visiblement, il y a une proposition de rencontre entre les syndicats et le président de la République.
00:09 Qu'est-ce que vous répondez à ça ? Vous refusez d'aller voir le président ?
00:11 Non, mais c'est vrai que la seule proposition concrète que nous a faite Elisabeth Borne,
00:16 c'est cette photo de classe avec le professeur Macron avant 8 juin si possible.
00:20 Bon, la ficelle est un peu grosse.
00:22 Mais vous réclamiez cette rencontre ? Pendant des semaines, vous avez réclamé cette rencontre ?
00:25 Oui, tout à fait. Mais sur quel contenu ? Sur le retrait de la loi.
00:28 Donc nous l'avons réclamée en plein mouvement social en espérant que le président de la République joue son rôle,
00:33 à savoir un rôle de médiation qui est le rôle institutionnel qui est celui du président de la République.
00:37 Nous l'avons réclamée une deuxième fois au soir de la censure partielle de la loi par le Conseil constitutionnel
00:43 en appelant le président à ne pas promulguer, à renvoyer devant l'Assemblée nationale et à tirer les leçons.
00:48 Ces deux fois, il nous l'a refusée et il nous l'a acceptée au lendemain de la promulgation
00:52 en nous disant "maintenant, je veux bien vous recevoir". C'est quand même un peu gros.
00:54 Et donc là, moi, ce que j'ai dit à la Première ministre, c'est que à ce stade,
00:58 je ne voyais pas l'utilité d'une grande messe avec Emmanuel Macron, sauf si c'était pour nous annoncer
01:03 le retrait de la réforme des retraites ou des mesures d'augmentation des salaires.
01:06 Mais est-ce qu'il y avait des aspects positifs à cette rencontre avec Elisabeth Borne ?
01:09 Elle vous a reçues assez longuement. Est-ce que vous avez quand même senti que c'était nécessaire de s'asseoir,
01:14 de parler, de se voir ? Une tentative d'apaisement, en fait ?
01:19 Écoutez, j'ai senti qu'elle avait envie qu'on reste longtemps dans son bureau. Bon, d'accord.
01:23 Elle ne voulait pas que vous partiez au bout de cinq minutes.
01:25 C'est ça, mais ce n'était pas ce que j'avais prévu de faire. J'ai poussé les arguments jusqu'au bout
01:30 et surtout, j'avais une longue liste de propositions et de demandes.
01:33 Donc, c'est pour ça que ce rendez-vous a duré longtemps. Le problème, c'est que sur 90%,
01:37 la quasi-totalité de mes demandes, j'ai eu un non ferme ou alors elle a pris note et je n'ai pas eu de réponse.
01:43 Et donc, ça, c'est un problème. C'est-à-dire que moi, encore une fois, je n'ai pas besoin de la Première ministre
01:50 pour discuter. Ce que j'attends d'une Première ministre, c'est de négocier sur la base de nos demandes
01:55 avec des réponses à nos demandes.
01:57 Et alors, par exemple ?
01:58 C'est une rencontre pour rien aujourd'hui.
02:00 J'attends de voir quelles seront les leçons qu'elle en tirera. Elle nous a dit, voilà, elle a bien pris note.
02:05 On attend un retour de sa part. Ce qui est très inquiétant, c'est que je lui ai fait part également
02:09 d'un certain nombre de lignes rouges, à savoir notamment sur la question de l'assurance chômage,
02:13 le fait que l'ensemble des organisations syndicales contestaient la stigmatisation des personnes privées
02:19 d'emploi et des personnes qui touchent le RSA. Nous avons rappelé qu'il y a aujourd'hui 5 millions de personnes
02:25 en France qui sont privées d'emploi, qu'on ne peut pas dire que si on est au RSA, c'est qu'on l'a choisi
02:30 et qu'on ne fait pas d'effort, et que sa mesure de conditionnalité du RSA est scandaleuse.
02:35 Nous l'avons également interpellé sur la réforme du lycée professionnel, qui est combattue très largement
02:40 par les enseignants, les élèves, et qui consiste à baisser le volume d'heures d'enseignement
02:44 des élèves les plus en difficulté. Là-dessus, aucune réponse.