Benoît Serre, vice-président de l'ANDRH, est l'invité du 90 minutes Business ce vendredi.
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00:00 On va commencer par cette actualité, ces syndicats, tous qui ont été reçus cette semaine par Elisabeth Borne,
00:04 après la réforme des retraites, tous considèrent que c'est désormais aux entreprises de mettre la main à la poche.
00:10 Qu'en pensez-vous de ces discussions de cette semaine, Benoît Serre ?
00:13 Le premier avantage de ces discussions, c'est qu'elles ont repris.
00:17 Donc ça, c'est un point positif.
00:18 La deuxième chose, j'ai cru voir qu'il y avait notamment des discussions autour d'une évolution,
00:24 vous savez, de la réforme de l'assurance chômage, relatif à la dégressivité pour les plus de 57 ans.
00:31 J'ai vu que la première ministre n'avait pas fermé la porte à reconsidérer ce qui avait été décidé,
00:36 puisque ce qui a été décidé, qui était une dégressivité assez rapide, n'était que en test jusqu'à la fin de l'année.
00:42 Donc on va voir. Donc on voit en tout cas que le dialogue reprend,
00:45 que les organisations syndicales se tournent vers les entreprises,
00:49 puisque notamment sur les questions de rémunération, j'ai vu que certaines parlaient de ça,
00:54 c'est assez classique finalement.
00:56 Oui, effectivement, il y a eu la question de la pénibilité, évidemment, la question des salaires.
01:01 C'est quoi la priorité aujourd'hui ?
01:03 Elisabeth Borne doit rencontrer le patronat en début de semaine.
01:07 Sur quoi faut agir le plus vite ?
01:09 Les deux sujets sont importants.
01:12 Après, comme toujours, ce n'est pas l'État ni les pouvoirs publics qui augmentent les salaires dans les entreprises.
01:18 C'est les chefs d'entreprises, dans le cadre d'un dialogue social local.
01:22 Donc je pense que ce qui est surtout important, c'est de préserver un dialogue social de terrain
01:27 et d'éviter d'avoir des espèces de grandes déclarations transversales
01:31 qui finalement ont peu d'impact, puisque c'est dans l'entreprise que ça se décide,
01:35 en fonction de ses capacités, en fonction de sa situation, en fonction de son marché, etc.
01:40 Il faut noter que sur l'année 2023, ce qu'on appelle les NAO, c'est-à-dire les négociations annuelles obligatoires,
01:45 elles ont plutôt été assez fortes et c'était légitime, elles tournent de 4 à 6, on va dire,
01:52 ce qui sont des taux qu'on n'a pas connus, Jean-Marc Daniel connaît ça par cœur, depuis de nombreuses années.
01:58 Donc ça s'adapte, mais le sujet des surcoûts de production
02:05 pèse nécessairement sur les charges fixes de l'entreprise et par conséquent,
02:09 c'est une sorte d'équilibre à trouver que pour le moment, les entreprises arrivent à trouver.
02:13 Jean-Marc ?
02:13 Oui, j'aurais deux petites questions.
02:15 La première, c'est que vous nous avez dit au début que c'était important que la Première Ministre vous reçoive et tout ça,
02:22 puis vous venez de nous dire que finalement, c'était au niveau local que ça se jouait.
02:26 Donc, est-ce qu'il n'y a pas une contradiction dans ces deux insertions,
02:29 sachant que je pense que c'est plutôt au niveau local et que la rencontre avec la Première Ministre,
02:33 c'est pour fixer la date de la prochaine réunion ?
02:35 Et la deuxième question que je vous poserai, on parle beaucoup de France Travail,
02:41 j'ai du mal à cerner quel est le projet qu'il y a derrière tout ça.
02:44 Est-ce que vous êtes associé à la redéfinition de ce que va être Pôle emploi en France Travail ?
02:48 Qu'est-ce que le monde de l'entreprise peut dire aux pouvoirs publics concernant ce projet de réforme ?
02:57 Alors, je vais prendre les questions dans l'ordre.
02:59 Sur le premier point, c'est pour ça que j'ai évoqué l'utilité du dialogue social avec le gouvernement
03:05 qui était un petit peu entamé quand même depuis quelques mois,
03:07 notamment sur l'affaire de l'assurance chômage.
03:09 Et puis, il semblerait qu'il y ait quand même un projet de loi qui devrait sortir,
03:13 on ne sait pas très bien quand, qui s'appelle le pacte de la vie au travail.
03:18 Vous êtes très honnête avec vous, pour le moment, c'est un espèce de mélange de choses qui réunit deux choses.
03:22 Des choses sur lesquelles l'État a effectivement un rôle à jouer, ça peut être la pénibilité par exemple,
03:28 ou certains éléments de conditions de travail.
03:30 Et puis un autre, c'est plutôt aux entreprises de le faire, notamment les questions de rémunération, etc.
03:36 Donc ce que je veux dire par là, c'est que c'est toujours utile que les pouvoirs publics discutent avec les partenaires sociaux,
03:41 patronaux et syndicaux d'ailleurs, mais qu'il y a un certain nombre de sujets, et ça, nous, on le dit depuis le début,
03:48 qui doivent absolument le plus possible rester dans un dialogue social de terrain correspondant à la réalité de l'entreprise.
03:55 Donc voilà, c'est pour ça que ces rencontres sont certes utiles,
03:58 mais il ne faut pas non plus penser que ça va se régler comme ça
04:01 parce qu'il y a une négociation entre les pouvoirs publics et les organisations syndicales.
04:07 Ça, c'est le premier point.
04:08 Sur le second point, France Travail, c'est l'objectif en tout cas qui a été affiché,
04:13 c'est une meilleure efficacité de pôle emploi, ce qui est une manière de reconnaître en creux qu'il y avait un problème d'efficacité,
04:19 et surtout de fusionner, parce que vous savez qu'il y a énormément de services selon la situation dans laquelle vous êtes,
04:26 et donc l'ambition de France Travail, auxquelles on a partiellement été associés,
04:31 on a eu des échanges avec le gouvernement pour le préparer,
04:34 et même avec celui qui préparait, qui était le préfigurateur,
04:38 pour justement essayer de construire un dispositif plus localisé,
04:42 notamment avec une logique de bassin de territoire, et plus efficace.
04:45 On verra ce que ça donne dans le temps, si vous voulez, dans les acteurs publics de l'emploi,
04:50 vous avez Pôle emploi d'un côté, qui gère un petit peu tout ce qui passe,
04:54 et puis on sait qu'il y a une difficulté d'adaptation,
04:57 donc si France Travail permet d'aller former beaucoup plus vite les gens qui perdent leur emploi
05:02 plutôt qu'attendre un ou deux ans où là, du coup, leur distance à l'emploi sera trop importante,
05:07 alors ce sera positif, mais pour le moment, il faut reconnaître qu'il n'y a pas énormément de précisions,
05:11 j'imagine que France Travail, comme le pacte d'avis au travail, va reprendre certains éléments des assises du travail.