• l’année dernière
Adèle Exarchopoulos était présente au Festival de Cannes pour défendre dans la sélection "Un certain regard", le film "Le Règne Animal" de Thomas Cailley où, aux côtés de Romain Duris, elle évolue dans une sorte de X-Men version cinéma français. Entretien.

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Transcription
00:00 Le scénario. C'est un des plus beaux scénarios que j'ai lu, où tout de suite je sentais
00:09 cette frontière entre le réel et le surnaturel, le fantastique, et en même temps cette grande
00:14 pudeur. Je lisais un film sur la mutation, sur comment l'homme peut devenir animal et
00:19 qu'est-ce que la différence crée chez l'autre. Et j'ai trouvé que ce film c'était vraiment
00:25 une ode à la différence et tout de suite j'ai eu envie de participer au point où
00:27 j'ai un peu harcelé Thomas en lui disant "je t'en supplie, est-ce que je peux passer
00:31 le casting pour Fix, l'homme oiseau ?" et il m'a dit "non, je préfère que ce soit
00:37 un homme pour telle et telle raison" et il a très bien défendu, il a raison, parce
00:40 que c'est Tom Mercier qui le joue et qui est exceptionnel. Mais tout de suite j'ai
00:45 eu envie d'en être.
00:46 Je pense que mon personnage c'est quelqu'un qui avait foi en son métier, qui pour une
00:52 fois il se passe quelque chose dans la région et finalement elle se rend compte qu'elle
00:56 ne va absolument pas participer et en même temps elle se pose même la question de se
01:01 dire "participer à quoi finalement ? À parquer les gens dans des hôpitaux à cause
01:04 de cette mystérieuse maladie où finalement c'est juste, même si c'est bizarre de dire
01:09 juste, mais des humains qui se transforment en animaux et que la société ne s'adapte
01:12 pas du tout aux autres ?" Et donc dans ce non-sens forcément elle a des sorties de
01:19 phrases qui sont assez maladroites et drôles.
01:24 Thomas je le décrirais comme quelqu'un d'extrêmement intelligent, de doux et de fantaisiste mais
01:35 tout en pudeur.
01:36 Paul Kircher, moi je me rappelle que sur le tournage j'avais appelé, on a le même
01:44 agent et je lui avais dit "mais c'est une star, c'est fou ce qu'il fait, il me fait
01:48 penser à" - très bizarre la comparaison - "à Valéria Brunetti-Deschi dans toute
01:54 la générosité et en même temps la singularité de jeu.
01:57 Il a quelque chose d'unique Paul.
01:59 Je pense que c'est aussi le monde, c'est le cinéma qui évolue avec son monde.
02:08 Le cinéma évolue en même temps que la nature, que l'intelligence artificielle, que tout
02:14 ce qui se développe donc forcément la créativité est cultivée et il y a comme un envie, presque
02:25 un besoin d'originalité.
02:26 Si je devais être incarné en animal, je pense soit un loup, parce que ça vit en meute,
02:36 comme ça je serais avec ma famille, soit un paresseux.
02:41 J'aimerais bien des fois me dire "ah tiens, ça mange, ça dort, ça mange, ça dort".
02:45 Mon meilleur souvenir de Cannes, c'est toutes mes premières fois je pense, parce qu'il
02:55 y a l'insouciance qui va avec, donc la vie d'Adele.
02:58 Mon pire, j'ai pas de pire souvenir, forcément je pense les polémiques, le fait de devoir
03:04 très vite choisir un camp, d'être questionné sur des choses où quand t'es jeune tu ne
03:09 sais pas forcément les réponses, mais de ne pas avoir le droit à cette incertitude,
03:13 l'hypocrisie parfois.
03:16 Moi forcément je me situe dans le juste, je me situe dans le juste maintenant.
03:29 En fait je remarque qu'à chaque fois que je viens à Cannes finalement, c'est peut-être
03:37 même ça qui est réducteur, c'est qu'on parle beaucoup aux femmes que de ça en fait.
03:42 Et elles ne viennent plus exister en tant qu'actrices ou de défendre un rôle, etc.
03:48 Il y a quelque chose presque de réducteur.
03:49 Et pareil de devoir choisir comme un camp, alors que pour moi il n'y en a absolument
03:55 pas.
03:56 Évidemment que je suis contre toute forme d'injustice, que je suis pour l'égalité
04:00 des sexes, etc. et pour la parole surtout, pour le soutien, pour qu'on s'écoute,
04:04 et même plus généralement.
04:05 Mais quand ça devient quelque chose d'un camp et quand les mêmes personnes qui me
04:08 demandent d'être dans des comités, c'est des gens qui finalement n'ont pas forcément
04:14 un bon comportement quand tu les croises au quotidien.
04:16 Pareil pour moi, il ne faut pas que ce combat soit réducteur ou hypocrite.
04:22 Maintenant je pense que le combat #MeToo a bien fait d'exister, qu'il continuera d'être
04:26 développé.
04:27 Et voilà.

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