Comment lutter contre la pollution plastique ? Le zoom écogeste de Céline Pitelet

  • l’année dernière
Comme chaque semaine dans "À l'épreuve des faits", notre journaliste Céline Pitelet vous présente notre "zoom écogeste".

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Transcription
00:00 Dans huit jours, la France va recevoir les représentants de plus de 170 Etats pour avancer sur un traité international
00:04 destiné à lutter contre cette pollution.
00:06 À notre petite échelle, nous pouvons également agir.
00:09 Comment ? Avec un hashtag.
00:10 Oui, alors c'est en ce moment le No Plastic Challenge, sixième édition.
00:14 Concrètement, pendant un mois, les citoyens, les entreprises, les écoles, les ONG volontaires,
00:19 s'engagent à réduire leur consommation de plastique avec un éco-geste différent chaque jour.
00:23 Pour prendre l'ampleur, un petit peu de l'enjeu, deux choses.
00:27 D'abord, évidemment, le plastique, il est partout dans nos vies,
00:30 essentiellement dans les emballages des produits que nous consommons,
00:33 dans les objets que nous utilisons, dans les bâtiments dans lesquels nous travaillons et vivons,
00:37 dans les fibres de nos vêtements.
00:39 Un chiffre impressionnant, plus de 350 millions de déchets plastiques sont produits dans le monde,
00:45 chiffre de l'OCDE pour l'année 2019.
00:47 C'est deux fois plus qu'il y a 20 ans.
00:50 Et une toute petite part de ces déchets plastiques sont recyclables et recyclés.
00:55 C'est ce que nous dit la chercheuse Sandrine Hoppe.
00:58 Dans le monde, en fait, c'est à peu près 10% qui est recyclé,
01:02 ce qui est vraiment très peu.
01:04 Et le reste, c'est soit incinérés, une douzaine de pourcents,
01:08 et 80% qui finissent soit dans l'environnement, en décharge, en enfuitement.
01:13 En France, en Europe, c'est un peu plus important le taux de recyclage,
01:18 parce que c'est trop des moyennes.
01:19 Donc en France, on est plutôt dans les 20-25%.
01:22 Et malheureusement, de nombreux déchets plastiques finissent dans la nature.
01:25 Oui, on disait tout à l'heure, donc 350 millions de tonnes de déchets plastiques
01:28 par an dans le monde, selon l'OCDE.
01:30 Eh bien, 20% de ces déchets sont abandonnés,
01:33 donc dans des décharges sauvages ou alors dans la nature,
01:36 dans la forêt, dans la mer ou alors brûlés à ciel ouvert.
01:39 Ça fait 70 millions de tonnes de plastique abandonnés dans la nature,
01:43 avec des impacts sur l'environnement.
01:45 Par exemple, on pense aux sacs plastiques dans l'océan qui mettent des centaines d'années.
01:49 Plonger un petit peu, c'est impressionnant.
01:50 Voilà, des centaines d'années pour se dégrader,
01:52 qui peuvent être confondues par certains animaux avec des méduses.
01:55 C'est le cas des tortues qui meurent après avoir ingéré des sacs plastiques.
01:58 Et cette pollution, elle remonte même jusqu'à l'homme.
02:02 C'est ce que nous dit Sandrine Hoppe.
02:05 En fait, imaginez qu'une petite sardine, elle va manger du microplankton
02:09 qui, elle-même, aurait ingéré du plastique.
02:11 Après, la sardine, elle va être mangée par un thon, par exemple.
02:14 Et donc, c'est un effet d'accumulation de ces micro-déchets
02:19 qui auront été pris au départ par les animaux.
02:21 Et ça remonte comme ça à la chaîne alimentaire.
02:23 Ça va s'accumuler dans les animaux de plus en plus gros.
02:26 Et ensuite, quand on va pêcher des gros animaux,
02:29 reprenons l'exemple du thon, par exemple,
02:31 on va manger une concentration plus grande de plastique
02:35 que ce qu'il y avait au départ dans l'océan.
02:37 Ça impacte sur plusieurs choses, par exemple sur le système endocrinien.
02:41 Là, on parlait depuis Sénéla, c'est un perturbateur endocrinien.
02:45 Ça va avoir un impact sur notre microbiote, sur notre système immunitaire.
02:50 - On est dans le 7e continent, dans l'océan Pacifique.
02:52 Comment on fait, nous, pour réduire notre consommation ?
02:55 - Il y a des éco-gestes très simples.
02:56 À la machine à café, par exemple,
02:58 remplacer les gobelets par une tasse personnalisée réutilisable.
03:02 Il y a certaines entreprises qui en mettent à disposition de leurs salariés.
03:05 C'est le cas à BFM, ici.
03:06 On a effectivement des tasses,
03:07 parce que dans les gobelets en carton des machines à café,
03:09 il y a une pellicule plastique.
03:11 Ensuite, préférer la gourde plutôt que de multiplier les bouteilles en plastique.
03:15 Aujourd'hui, la gourde, dans certaines écoles,
03:18 c'est sur la liste des fournitures scolaires.
03:20 Donc, ça commence à changer.
03:21 Ensuite, le vrac.
03:23 Aujourd'hui, on a des fruits et légumes, vous l'avez vu,
03:25 mais qui sont emballés dans des barquettes en plastique.
03:27 C'est quand même fou, alors qu'on peut les acheter à l'unité.
03:31 Et puis, il y a aussi des alternatives aux emballages plastiques.
03:34 Et ça, c'est Enzo Mutini, qui est cofondateur du blog
03:37 "Monsieur et Madame Recyclage", qui nous l'explique.
03:39 Il nous donne trois exemples.
03:40 Comment se passaient des tubes de dentifrice en plastique ?
03:43 Comment se passaient des capsules de café en plastique ?
03:45 Et des emballages de charcuterie.
03:48 Dans le cas du dentifrice,
03:49 une des alternatives, c'est d'aller chercher du dentifrice solide.
03:52 Ça, c'est super simple.
03:53 C'est super cool à essayer.
03:54 Donc, si vous ne l'avez jamais fait, il ne faut pas hésiter.
03:56 Et du coup, j'achète un petit dentifrice.
03:58 En fait, ça va me durer un an.
03:59 Et donc, je réduis la quantité d'emballage
04:01 que je vais devoir jeter, que j'achète tous les ans.
04:04 Si on prend la capsule de café en plastique,
04:07 et bien, une façon simple, c'est plutôt de passer sur une machine
04:11 qui prend du café en grains.
04:13 Déjà, en termes de coût, on s'y retrouve
04:15 parce que la machine, elle est plus chère.
04:16 Mais le prix au kilo du café en grains est beaucoup moins cher.
04:19 Et du coup, après, on a plus besoin de cet emballage plastique.
04:21 Je tâte de ce petit pod qu'on va utiliser à chaque fois.
04:24 Et dans le cas de la barquette de jambon, par exemple,
04:28 là, je ramène mon propre contenant.
04:30 Donc, ça peut être n'importe quoi, mais une petite barquette en aluminium
04:34 que je réutilise et que je lave moi-même au supermarché
04:37 pour demander du jambon à la coupe.
04:40 Voilà, et puis en bord de mer, notamment sur les plages
04:41 et avec les beaux jours qui arrivent,
04:43 vous avez des opérations de ramassage des déchets,
04:46 notamment pendant cette période du No Plastic Challenge.
04:48 C'est jusqu'au 15 juin.
04:50 Anne-Charline et Christophe, en quelques mots,
04:52 c'est vrai que c'est louable, c'est nécessaire, c'est indispensable,
04:54 mais c'est compliqué quand on voit la multiplication de ces petits gestes.
04:56 Oui, alors un point, c'est vrai que c'est bien
04:58 que ce soit une initiative internationale,
04:59 parce que jusqu'à présent, l'Union européenne a essayé,
05:01 la France aussi, de manière assez isolée.
05:03 Et l'initiative internationale, spontanée, ça, il faut le dire,
05:07 ça fait partie du sommet sur l'environnement de l'ONU.
05:09 Mais c'est 35 pays qui ont vraiment décidé de passer
05:11 en quelque sorte une vitesse supérieure.
05:13 Ça prouve qu'on est en train d'évoluer sur cette question,
05:15 peut-être aussi avec des moyens, peut-être un peu plus forts
05:18 qu'ils soient donnés.
05:19 On peut penser notamment à une coercition ou un contrôle,
05:21 parce que jusqu'à présent, il y avait eu des résolutions,
05:23 mais qui n'avaient pas tellement d'effets contraignants.
05:25 Donc, ce qui nous manque, c'est vraiment ça,
05:26 c'est une, on va dire plus ou moins une police
05:28 ou en tout cas une prise de conscience.
05:30 Voilà. Pourquoi pas ? Pourquoi pas ?
05:31 En tout cas, c'est ce que le droit international essaye de faire.
05:34 Ce qui fonctionne, c'est de frapper au portefeuille.
05:35 Le jour où il y aura des consignes sur les bouteilles plastiques,
05:37 les gens les rapporteront pour recyclage,
05:39 parce que ça leur coûtera cher s'ils les jettent un peu dans la nature.
05:42 Il faut aller dans le golfe de Guinée, voir les amoncellements de plastique
05:46 sur des centaines et des centaines de kilomètres de berges.
05:49 Ça tourne en rond, ça brasse.
05:50 C'est le septième continent que vous évoquiez.
05:52 On est en train d'asphyxier la mer.
05:53 Totalement. On est en train d'asphyxier la planète, tout court.
05:55 Merci beaucoup à tous les trois. Merci Céline.

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