Philippe de Villiers : «La défaite de l'Ukraine est la défaite de l'Europe, et l'Europe va payer. [...] Qu'est-ce qu'on a fait comme d'habitude ? On a suivi les Anglo-saxons. On s'est lancé à corps perdu dans cette guerre qui n'est pas la notre. [...] Ce soir, l'Europe est sortie de l'histoire.»
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00:00Trump ne veut pas, Biden non plus d'ailleurs, son prédécesseur,
00:05l'Amérique ne veut pas que l'Ukraine entre dans l'OTAN.
00:11Et donc Trump dit aux Européens,
00:14si vous voulez protéger l'Ukraine, faites-le vous-même,
00:17avec vos troupes, avec votre armée.
00:22Voilà pour l'Ukraine.
00:24Alors maintenant pour l'Europe, c'est très simple.
00:29La défaite de l'Ukraine est la défaite de l'Europe, c'est clair.
00:36Et l'Europe, elle va payer.
00:39Je m'entretenais au téléphone hier avec mon ami Pierre Lelouch,
00:43qui est un excellent connaisseur,
00:44qui a fait un livre remarquable sur cette question de l'Ukraine,
00:47remarquable, et qui me disait 700 milliards,
00:50ça va nous coûter l'Europe, on va payer.
00:54Vous imaginez l'agriculture, vous imaginez avec quel argent
00:58on va payer pour relever les ruines.
01:01Ce n'est pas les Américains qui vont payer.
01:03Les Américains, ils vont partir.
01:05Ce n'est plus leur problème.
01:08Et ce n'est pas les Russes non plus qui vont payer.
01:10Alors moi, je voudrais dire quelque chose que je n'ai jamais dit jusqu'à présent,
01:18mais il est temps de le dire puisque je vois que les deux chefs s'accordent entre eux,
01:22Poutine et Trump.
01:27Il y avait un homme qui s'appelait Brzezinski,
01:30qui était un Polonais devenu Américain,
01:33qui était un grand géostratège et qui a écrit un livre qui s'appelait Le Grand Échiquier,
01:40et qui disait, nous l'Amérique, pour qu'on soit une grande puissance,
01:44il faut couper l'Europe en deux.
01:45Il ne faut pas que l'Europe s'entende avec les Russes.
01:51Et il a bien réussi.
01:55Seulement aujourd'hui, Trump dit, moi, je veux m'entendre avec les Russes
02:02pour affaiblir la Chine.
02:05Et donc, la doctrine Brzezinski est aujourd'hui périmée.
02:14La diplomatie américaine a changé.
02:18Et ensuite, la chose que je voudrais dire,
02:22c'est que moi, j'ai eu l'occasion de rencontrer les plus hautes personnalités
02:31qui connaissent cette histoire et qui m'en disent aussi.
02:36Vous verrez que les historiens diront ce que je vais vous dire maintenant.
02:40Les responsabilités sont partagées, mais il ne faut pas oublier quand même ce qui s'est passé.
02:45Quand il y a eu la chute du maire de Berlin,
02:50la Russie a demandé aux Américains de ne pas étendre l'OTAN
02:58au-delà des nouveaux pays de l'Est, la Pologne, etc.
03:03Et la Russie a dit, si jamais vous étendez un jour votre volonté de faire entrer dans l'OTAN l'Ukraine,
03:12de détacher l'Ukraine de la Russie, de la zone d'influence de la Russie,
03:17alors vous aurez la guerre.
03:21Et moi, Poutine me l'a dit à moi, il y a longtemps.
03:26Donc, en fait, il y a eu une erreur d'appréciation très grave des Anglo-Saxons.
03:31Et nous, qu'est-ce qu'on a fait ?
03:32Comme d'habitude, on a suivi les Anglo-Saxons.
03:35On s'est lancé à corps perdu dans cette guerre qui n'est pas la nôtre.
03:39Cette guerre entre deux peuples slaves,
03:42en ignorant d'ailleurs au passage qu'ils ont une histoire commune.
03:46Le baptême de la Russie, c'est Karzenes, c'est en Crimée.
03:52Et c'est Fkiev, c'est en Ukraine.
03:56Donc, il faut comprendre que l'histoire est plus complexe qu'on ne l'a dit.
04:02Et moi, ce soir, je pense à Macron.
04:06Je pense à Scholz.
04:07Je pense à tous ces chefs d'État qui ont fait payer à leur peuple
04:12le prix d'une guerre inutile.
04:16Ils sont responsables, devant l'histoire, d'une grave défaite, d'un grave échec.
04:22Et je vais vous dire quelque chose, Éliott, Geoffroy.
04:25Ce soir, l'Europe est sortie de l'histoire.